Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/771-780

Fascicules du tome 2
pages 761 à 770

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 771 à 780

pages 781 à 790


☞ Corneille a employé ce mot comme synonyme à effectuer, dans Cinna. Conclure des desseins généreux. Le mot dessein, dit Voltaire, ne convient point à conclure. On conclut une affaire, un traité, un marché. On consomme un dessein, on l’exécute, on l’effectue. Peut-être que dans le vers de Corneille, le verbe remplir eût été plus juste & plus poëtique, que conclure.

Conclure signifie encore, convenir d’une chose, en arrêter les conditions ; arrêter une chose, la résoudre. Statuere, constituere, decernere. Ce mariage a été conclu, mais il ne sera exécuté que dans un an. Le traité fut conclu. Ablanc.

Conclure, en termes de Philosophie, est tirer une conséquence des propositions qu’on a avancées ; inférer une chose d’une autre. Concludere, colligere, referre. C’est un argument en forme, qui conclut bien. Que concluez-vous de-là ; On ne peut rien conclure sur une vaine présomption. Son exemple aujourd’hui ne conclut rien pour moi. Capistron.

Conclure, en termes du Palais, signifie, proposer sa demande, dire en quoi consiste sa prétention. Proponere, exponere. La plus grande difficulté d’une requête est de bien conclure. Il faut conclure, établir sa demande dès les commencement d’un plaidoyer, ou des écritures.

Conclure signifie aussi, passer un appointement au Greffe sur des procès par écrit, pour savoir s’il a été bien ou mal jugé. Definire, statuere. On oblige les Procureurs des Appelans à conclure aux Greffes, sinon on fait confirmer la dernière sentence par défaut.

Conclure signifie aussi, juger, déterminer, donner avis. Judicare, definire, judicium serre. Les Médecins qui ont vu ce malade, ont tous conclu à la mort. Plusieurs Juges ont conclu à la question, en voyant ce procès. Après avoir examiné les divers récits qu’on m’a faits de cette avanture, je conclus qu’il n’en est rien. Vous voilà attrapé, il conclut tout le contraire. Pasc.

CONCLU, UE. part. & adj. Conclusus, absolutus, terminatus, ou statutus, decretus, constitutus. Un procès conclu est un procès par écrit, sur lequel on a passé l’arrêt de conclusion, & qui est en état d’être mis à la distribution. On dit aussi, qu’une affaire est conclue ; pour dire, qu’elle est arrêtée & résolue, & qu’on tenteroit en vain d’en empêcher l’exécution.

Conclu. Vieux part. du verbe conclure, dans le sens de renfermer, asservir, soumettre. Conclu, asservi, soumis. C’est une version trop littérale de ce mot de S. Paul : Omnia conclusit sub peccato.

☞ CONCLUSION. fin, ce qui termine quelque chose. Clausula, conclusio. La conclusion d’une affaire, d’un traité, d’un mariage.

☞ CONCLUSION, dans l’art oratoire, est la dernière partie du discours, dans laquelle l’Orateur fait une courte récapitulation des principales preuves, & cherche à exciter dans l’ame des Auditeurs les sentimens qui peuvent conduire à la persuasion. Peroratio, orationis conclusio. Voyez Péroraison. La conclusion d’un sermon doit être vive & animée, pleine de grandes & belles figures, qui tendent à émouvir des passions chrétiennes. Cl.

Conclusion est aussi la dernière partie d’un argument, la conséquence qu’on tire d’un raisonnement de ce qu’on a prouvé auparavant. Conclusio. Conclusion nécessaire. Conclusion sophistique. On appelle en ce sens les thèses qu’on soûtient au collège, des Conclusions de Philosophie, Théologie, Médecine, &c. La conclusion d’un argument renferme deux parties : le conséquent, qui est la matière ; & la conséquence, qui est la forme, & qui fait que de proposition simple & absolue, la conclusion est relative aux prémisses d’où elle est tirée, & considérée sous ce rapport qu’elle a avec elles. Voyez Conséquent, Conséquence.

Conclusions signifie les fins ☞ que l’on prend dans un exploit ou dans une requête contre le Défendeur ou la Partie adverse. On prend encore des conclusions dans d’autres écritures, dans les remontrances, avertissemens, inventions, causes d’appel, griefs, réponses, &c.

☞ Il est très-important de renfermer dans des conclusions bien rédigées toutes les demandes, & de les séparer du fait & des moyens. Car le Juge ne donne attention qu’à celles qui en sont distinctes, séparées. Ferrière. On lui a adjugé ses fins & conclusions. Les conclusions civiles aux procès criminels, sont les demandes des Parties pour leurs intérêts civils.

Conclusions du parquet des Gens du Roi, sont les demandes que font les Avocats & Procureurs Généraux, pour l’intérêt public ; qui concluent à peine afflictive en matière de crime, en l’amande en affaire civile ; & qui donnent leurs avis, leurs réquisitoires aux affaires du Roi, des mineurs, des communautés, Eglises, Hôpitaux, & autres causes qui regardent le public. Les Gens du Roi ont pris des conclusions, ont fait un requisitoire contre ce Procureur.

☞ Les conclusions des Gens du Roi, en matière criminelle, sont préparatoires ou définitives.

☞ Les préparatoires sont celles qui ne tendent qu’à un interlocutoire, ou à faire ordonner quelque instruction ou procédure.

☞ Les définitives, sont celles qui concernent la décision du fond de l’affaire. Celles-ci sont données par écrit, & cachetées.

Conclusion. (Arrêt de) Arrêt qui se passe au Greffe, entre les Procureurs sur les Procès par écrit, qui est un appointement à fournir griefs & réponses, & qui sert à les mettre en état.

Conclusion. Il se prend quelquefois adverbialement dans le discours familier ; pour dire, enfin, bref, &c. Conclusion, je n’en ferai rien. Acad. Franc.

On dit aussi adverbialement, pour conclusion ; enfin, bref, somme toute. Denique.

On dit, en termes familiers, qu’un homme est ennemi de la conclusion ; pour dire, qu’on ne peut finir, terminer une affaire avec lui ; & à l’égard des femmes ; pour dire, qu’elles savent conserver leur honneur jusqu’à la fin.

Conclusion se dit aussi dans quelques compagnies, des arrêtés & décisions de l’assemblée.

Conclusion, terme d’Eglise. Ainsi se nommoit autrefois l’Oraison de la Messe, que nous appelons aujourd’hui Postcommunion, comme on le peut voir dans le Sacramentaire de Saint Grégoire, où l’on trouve, sous le nom de conclusions, toutes les mêmes Postcommunions que nous disons encore à chaque Messe.

CONCLUSUM. s. m. terme Latin, qui est en usage en parlant des diètes de Pologne, de Suède. C’est un décret de la diète sur quelque point. Il se dit aussi des arrêtés du Conseil Aulique, par un Conclusum du Conseil Aulique, &c.

CONCOCTION. s. f. terme de Médecine, qui se dit des alimens qui reçoivent une altération utile à l’économie animale, & se digèrent dans l’estomac. Concoctio. Il y a une première concoction qui se fait dans l’estomac, par le moyen d’un ferment salé & volatile ; & une seconde qui se fait dans les intestins grêles par le mélange de la bile & du suc pancréatique. Coction.

CONCOMBRE. s. m. Cucumis. Plante cucurbitacée, qui se distingue par ses fruits qui sont plus petits que ceux des citrouilles, des melons, des potirons & des courges. Plantes cependant qui lui sont congénères : l’intérieur de ses fruits est divisé en trois ou quatre loges remplies de semences, petites, plates, oblongues & étroites. Il y a plusieurs espèces de concombre, les unes sont bonnes à manger, & quelques autres ne le sont point du tout. Le concombre ordinaire qu’on mange, Cucumis sativus, se cultive dans les jardins. Il pousse plusieurs tiges rampantes sur terre, rudes au toucher, pleines de suc, & de la grosseur du doigt. Ses feuilles sont rudes, alternes, pareilles à celles du melon, mais plus ruded, plus anguleuses, & un peu plus amples. Des aisselles de plusieurs de ces feuilles naissent les vrilles & les fleurs. Ces fleurs sont jaunatres, évasées, découpées en cinq, & de demi-pouce environ de diamètre. De ces fleurs, quelques-unes sont stériles, & d’autres nouent. Ses fruits sont verts d’abord, fermes, comme épineux, un peu alongés & un peu courbes. On les confit au vinaigre, & dans cet état on les nomme cornichons. Dans sur maturité ils sont longs de plus d’un demi-pié, épais de trois à quatre pouces, couverts d’une écorce jaunâtre ou blanchâtre, & fort inégale, & remplis d’une chair blanchâtre, aqueuse, douceâtre, divisée dans son milieu en trois ou quatre loges, remplies de semences ovales pointues. Ces semences sont du nombre des semences froides majeures. On mange les concombres en Eté, & on les sert dans le potage, ou en fricassée. Ils sont rafraîchissans.

Ce qu’on nomme concombre serpent, cucumis flexuosus, ou cucumus anguinus, ne différe du précédent que par ses fruits, qui sont longs, menus, verdâtres, & pliés de manière qu’on diroit que c’est le corps de quelque serpent. Sa chair est blanche & douce.

Le concombre sauvage, cucumis silvestris, sive asinius, se fait assez reconnoître par ses tiges qui sont courtes : par ses feuilles qui sont plus pointues, plus velues, plus charnues, & blanchâtres : par les fleurs qui naissent par bouquets ; & par ses fruits qui ne sont guère plus gros que le pouce ; ovales, verdâtres, chargés d’un poil rude qui les rend velus. Ces fruits dans leur maturité se détachent de leur pédicule, avec une élasticité surprenante. Ses semences en même temps sont chassées avec impétuosité hors du fruit. Ce fruit est très-amer au goût, d’une odeur vireuse, assez désagréable. Ces semences sont aplaties, arrondies, plus petites que celles de la coloquinte, & noirâtres dans leur parfaite maturité. Cette plante vient auprès des masures, & le long des chemins. L’extrait de ses fruits se nomme claterium ; c’est un des plus violens & des plus puissans purgatifs que nous ayons dans les végétaux. Un ou deux grains de cet extrait purge & fait vomir. Sa racine est émolliente & fort résolutive.

Jean Struys parle dans ses voyages d’un concombre velu qui croît vers la partie Occidentale du Volga, & qui semble ronger toutes les herbes qui sont autour de sa tige : il dit que ce fruit a la figure d’un agneau avec les piés, la tête & la queue de cet animal distinctement formés, d’où on l’appelle en Moscovie Bonnaret ou Bonarez, c’est-à-dire, petit agneau ; que sa peau est couverte d’une laine, ou d’un duvet fort blanc, & aussi délié que de la soie ; que les Tartares & les Moscovites en font grand état, & qu’il en a vû plusieurs dans leurs maisons qu’ils conservoient ; qu’il croît sur une tige d’environ trois piés de haut ; que l’endroit par où il tient est une espèce de nombril sur lequel il se tourne & se baisse vers les herbes qui lui servent de nourriture, se séchant & se flétrissant aussi-tôt que ces herbes lui manquent ; que les loups l’aiment & le dévorent avec avidité, parce qu’il ressemble à un agneau ; qu’on l’a assuré que ce fruit a effectivement des os, du sang, de la chair, d’où vient qu’on l’appelle dans le pays Zoophite, c’est-à-dire, plante animale. Voyez Agneau.

Cucumis, selon Varron, a été dit à curvore. Cucumeres, dit-il, quasi curvimeres. L’éthymologie de Scaliger a plus de vraisemblance, quand il tire ce mot du grec κυκυμίς.

Les Turcs ont à Constantinople de petits concombres, qui se mangent cruds avec du sel durant cinq mois de l’année, & dont la quantité ne fait point de préjudice à la santé comme en France. Du Loir, pag. 84.

Concombre. Sorte d’insecte marin, qui a du rapport au concombre de terre. Rond. ☞ C’est un petit poisson de la longueur & de la grosseur du doigt, charg de quelques tubercules, qui a la couleur & l’odeur du concombre.

CONCOMITANCE. s. f. terme de Théologie, qui signifie accompagnement. Il se dit d’une chose qui va de compagnie avec une autre, qui est la principale. Concomitantia, societas, communio. Selon la doctrine de l’Eglise, le sang de Jesus-Christ est sous les accidens du pain, comme le corps se trouve sous les accidens du vin par concomitance. La charité entraîne toutes les autres vertus par concomitance.

CONCOMITANT, ANTE. adj. terme de Théologie. Qui accompagne. Concomitans. La grâce concomitante, celle que Dieu nous donne durant le cours de nos actions, pour les faire, & les rendre méritoires. La grace concomitante est différente, du moins par rapport à l’effet, de la grace prévenante : la grace prévenante prévient l’action, & nous est donnée pour nous porter à la faire, la grace concomitante accompagne l’action.

Concomitant se dit quelquefois en général de tout ce qui accompagne. Il n’y a rien dans la nature qui n’ait son commencement, son milieu & sa fin ; même des avant-coureurs & des suites, & en quelque sorte, un cortége d’accidens préliminaires, Concomitans & subséquens. Mém. de Trév.

☞ On le dit dans le même sens en Médecine.

CONCORDANCE. s. f. terme de Grammaire. C’est la construction régulière qui se fait des noms en même genre, cas & nombre, & des verbes selon leurs temps & leurs personnes. Manière d’accorder tous les mots les uns avec les autres, selon les règles de la langue. Legitima verborum structura, constructio. Cet enfant n’en est encore qu’à la Concordance.

Concordances, au pl. se dit des Livres où les premières règles de la Syntaxe sont enseignées. Il faut lui acheter des Concordances. Acad. Fr.

Concordance signifie aussi rapport, Convenance. Convenientia. Il y a une merveilleuse concordance entre les Evangélistes. La matière, la suite & la concordance du discours reclament contre cette leçon. Critiq. du Dict. de Bayle.

☞ On le dit en ce sens, des Livres qui sont faits pour montrer la concordance des Écritures, des loix, des coutumes. La concordance des Evangiles.

Concordance de la Bible, est un grand Dictionnaire de la Bible, où l’on a mis par ordre alphabétique tous les mots de la Bible, afin de les pouvoir conférer ensemble, & de voir par ce moyen s’ils ont la même signification par-tout où ils sont employés ; Bibliorum concordantia. Ces sortes de Concordances ont encore un autre usage, qui est d’indiquer les passages dont on a besoin, lorsqu’on ne les fait qu’on partie, ou que l’on veut s’assurer du livre & du chapitre où ils se trouvent : ce qui est d’un très-grand secours pour les Théologiens & pour les Prédicateurs. Le Cardinal Hugues employa 500 Religieux pour faire la Concordance de la Bible. Les grandes Concordances, qu’on appelle d’Angleterre, ont été faites par les soins & le travail de Jean Derlington, de l’Ordre des Frères Prêcheurs. La Concordance de Zamora, pour être faite avec plus d’art encore & plus de soin, n’en est pas plus utile ; mais elle est plus complète.

Outre ces Concordances qui sont latines, il y en a d’Hébraïques, faites par le R. Mardochaï Nathan, imprimées à Bâle en 1541. C’est chaque racine hébraïque, partagée en ses différentes significations, & sous chaque signification tous les endroits de l’Ecriture, où elle se trouve selon l’ordre des livres. Les meilleures Concordances hébraïques, sont celles de Buxtorf, ouvrage véritablement utile. Il n’y a de Concordances grecques que sur le Nouveau Testament. Nous avons sur l’Ancien les Concordances de Kirker, ouvrage très-utile, mais qui n’est pas proprement une concordance, mais un Dictionnaire concordantiel, s’il est permis de parler ainsi, c’est-à-dire, que ce sont les dictions hébraïques par ordre alphabétique, & dessous toutes les interprétations, ou tous les sens que les Septante y donnent, & sur chaque interprétation, tous les endroits où elle se trouve dans leur version. Ce livre est devenu rare & cher. Les Concordances de Celasio, Cordelier Italien, sont des Concordances hébraïques, latines & grecques à deux colonnes. La première, qui est hébraïque, n’est autre chose que les Concordances de R. Mardochaï Nathan, mot pour mot, & selon l’ordre des livres & des chapitres. Sur l’autre colonne à côté est une interprétation latine de chaque endroit de l’Ecriture, cité par R. Mardochaï. Cette interprétation est de la façon de Calasius ; mais à la marge il marque celle des Septante & de la Vulgate, quand elles différent de la sienne. Cet ouvrage est de quatre volumes in-fol. imprimé à Rome en 1621, & est rare & cher.

Il y a aussi une Concordance des Ordonnances, des Coutumes.

CONCORDANT. s. m. terme de Musique. C’est une des six parties dans lesquelles on divise en général la voix humaine. C’est une espèce de voix qui est entre la taille & la basse taille. Quelques-uns comprennent le concordant sous la basse-taille ; ainsi, il est immédiatement au dessus de la basse-contre. Vox gravior, ou vox soni gravioris. Le concordant va haut & bas. Ceux qui peuvent chanter cette partie peuvent servir de taille & de basse en un besoin. Brossard.

CONCORDANT, ANTE. adj. m. & f. Ce mot-là mériteroit quelque faveur, pour marquer l’union, la concorde : ☞ on le dit au Palais, surtout d’un mariage, d’un ménage où règne la bonne intelligence. Un mariage, un ménage concordant. Rien n’est plus ordinaire que de confier l’exécution de ses dernières volontés à son épouse. Cette dernière marque de confiance est le tribut de l’Amour, dans lequel un mari & une femme ont vécu pendant un mariage bien concordant. M. Chauvelin, Avoc. Gén.

Concordant, ante, se trouve dans Marot, pour convenable, propre. Conveniens, decens.

Concordans. (Vers) Versus symphonici, ce sont des vers qui ont plusieurs mots communs, & qui renferment un sens opposé ou différent, à cause des autres mots.

canis venatur servat.
Et in silvis & omnia
lupus nutritur vastat.

On trouve dans les Opéra, quantité de vers concordans.

mon ardeur.
Je m’abandone à
ma fureur.


ma surprise
Quel trouble me saisit ? est extrême !
ma fureur


Chantez
tant de vertus
Chantons


mourir
Il faut pour satisfaire
partir
A cette loi sévère.

CONCORDANTIEL, ELLE. adj. Qui comprend des Concordances, qui est fait à la manière des Concordances. On se sert quelquefois de ce mot, pour désigner certains Ouvrages de Grammaire, qui comprennent des Concordances, c’est-à-dire, toutes les significations des mots, & tous les endroits où ces mots se trouvent. Guillaume Robertson a fait un Trésor de la Langue Sainte, qu’il intitule aussi Lexicon concordantiel de la Bible, hébreu & latin, Thesaurus linguæ sanctaæ, &c. sive concordantiale Lexicon hebræo-latino-Biblicum. Le Dictionnaire Syriaque de Martin Trostius, est aussi un Dictionnaire concordantiel ; car il y marque tous les endroits, au moins tous les principaux, où un mot se trouve dans le Nouveau Testament syriaque. Ces Lexiques ou Dictionnaires concordantiels sont bons & utiles.

CONCORDAT. s. m. Convention qui se fait en matière bénéficiale sur quelque résignation ou permutation, & généralement sur toutes les matières Ecclésiastiques, contentieuses ou obligatoires. Pactum, pactio, conventum. ☞ Ces Conventions à l’amiable, en matière bénéficiale, sont permises, pourvu qu’elles soient gratuites.

Il y a une espèce de conduite de Concordat, ou convention, que les Abbés Commandataires, & les Moines, font entr’eux pour la partition des biens. Ces Concordats se rompent facilement, s’ils ne sont homologués en Cour de Rome, & dans les Cours supérieures du Royaume. Leurs successeurs y peuvent déroger, parce qu’un Abbé n’a pas le pouvoir de lier la volonté de son successeur ; & aujourd’hui même ces sortes de Concordats se rompent facilement, quoiqu’ils aient été homologués. Le Concile de Trente, Sess. 6, de Ref. c. 4, parlant des concordats qui ont été faits sous l’autorité & l’approbation des Papes, les appelle concordias quæ tantùm suos obligent autores, non successores. De même la Congrégation des Cardinaux, qui a expliqué ce Décret du Concile, déclare qu’un Concordat ne peut être réel, & passer aux Successeurs, si le Pape, après en avoir été pleinement informé, n’y donne son consentement, ce qui est conforme à la décision d’Alexandre III, qui dit, tit. de Transact. c. 8, que toute transaction touchant ce qui regarde l’Église, n’oblige point les successeurs, si le consentement du successeur n’y intervient. Cela est aussi confirmé par la Note de Charles du Moulin ; & on lit dans la Glose sur ce chapitre, que, quand même la transaction seroit réelle dans l’intention de ceux qui transigent, elle ne laisseroit pas d’être personnelle à leur égard. La raison est que les transactions, lorsqu’elles sont réelles & perpétuelles, sont des aliénations qui ne peuvent être valables, si elles ne sont confirmées par les Supérieurs.

Tous Concordats, transactions ou pactions, en matières bénéficiales, doivent être homologués en Cour de Rome, parce qu’il peut y avoir une espèce de simonie, n’étant point permis aux particuliers à disposer de leurs Bénéfices avec de certaines rétentions, ou promesses. Le Pape n’a aucun pouvoir en France sur le temporel des Bénéfices, mais seulement sur le spirituel, pour lequel on a recours à lui, comme au Supérieur, afin d’autoriser les Concordats ou transactions que les particuliers font entre eux. Il y a même des cas où les Abbés peuvent rompre les Concordats de leurs prédécesseurs, quoiqu’ils aient été homologués en Cour de Rome : ce qui arrive quand ils voient qu’ils ont été lésés notablement. Nous avons en France plusieurs exemples de cet usage ; il y a raison de le faire, parce que les Abbés peuvent s’accommoder secrètement avec les Moines. Alors les Abbés sont en droit de rompre les Concordats, faits par leurs prédécesseurs.

Concordat se dit absolument en France, du Traité qui a été fait en 1516 à Bologne, entre le Pape Léon X & le Roi François I, qui sert de règlement pour les nominations aux Bénéfices, & qui est observé maintenant en sa plus grand e partie. Pacta inter Summum Pontificem & Galliarum Reges transacta. Concordata, orum. Il tient lieu de la Pragmatique Sanction. Le Concordat abolit la liberté des élections qui appartenoit au Clergé, sans la participation du Pape, ni du Roi ; il porte, entr’autres choses, que le Roi nommera dans les six mois à tous les Evêchés ou Archevêchés vacans, à toutes les Abbayes, & à tous les Prieurés conventuels, une personne âgée de vingt-sept ans, pour en être pourvue indispensablement par le Pape. Ainsi, dans ce partage entre le Pape & le Roi, la nomination appartient au Roi, & la provision au Pape, qui s’est réservé le droit d’expédier les Bulles. Le Parlement de Paris ne consentit à vérifier le Concordat, qu’après les ordres réïtérés du Roi : persévérant cependant dans la résolution de juger conformément à la Pragmatique Sanction. C’est pourquoi François I attribua la connoissance des Bénéfices Consistoriaux au Grand Conseil, par une Déclaration de 1517. Rebuffe a fait de grands Commentaires sur le Concordat. Génébrard & M. Dupuys en ont fait un Traité. Divers Auteurs ont écrit fortement contre le Concordat, & contre le Chancelier Duprat, qui l’avoit conclu, comme ayant ruiné la discipline Apostolique, & soumis l’Eglise de France, à une déplorable servitude, parce qu’il avoit aboli les élections Canoniques. On a même long temps fait des prières publiques pour demander à Dieu l’abolition du Concordat, & le rétablissement des élections. L’Assemblée du Clergé en fit de graves remontrances en 1519 à Henri IV, qui répondit simplement, qu’il n’étoit pas l’Auteur de cet abus. Port. R. D’autres ont soûtenu que le Concordat qui donne la nomination au Roi, apporte moins d’inconvéniens que la brigue des élections Voyez Brantôme là-dessus, Tom. I.

Comme le Concordat fut fait pour abolir la Pragmatique Sanction, & pour en prendre la place, le Roi ne nomme point en vertu du Concordat, aux Evêchés qui sont dans les pays qui n’étoient pas soumis à la domination françoise, lorsque la Pragmatique Sanction fut faite, comme les Evêchés de Provence & de Bretagne, ceux des nouvelles conquêtes, comme Perpignan, Bellay, Besançon, Strasbourg, Metz, Toul, Verdun, Arras, Cambrai, Saint-Omer, Tournai, Ypres ; ceux qui sont érigés depuis la Pragmatique Sanction, dans les pays où elle n’étoit point en usage, comme Québec : le Roi nomme à tous ces Evêchés, en vertu de quelques Indults généraux ou particuliers obtenus par lui ou par ses prédécesseurs.

Il y a aussi le Concordat Germanique, fait entre le Pape Nicolas V, & l’Empereur Frédéric III, & les Princes d’Allemagne, le 16 Mars 1448 qui regarde aussi les matières bénéficiales. Par ce Concordat, 1o le Pape se réserve la collation des bénéfices séculiers & réguliers, vacans en Cour de Rome, ou dans l’étendue de deux journées de la ville de Rome sans excepter les Bénéfices, où l’on étoit accoutumé de pourvoir par élection. 2o. Le Pape se réserve la confirmation à l’égard des Eglises Métropolitaines & Cathédrales, qui ont droit d’élection. 3o. A l’égard des Bénéfices collatifs, le Pape en retient la collation, alternativement avec les Collateurs ordinaires pendant six mois de l’année ; c’est-à-dire, qu’il confère les Bénéfices vacans pendant le mois de Janvier, & le Collateur ordinaire pendant le mois de Février, &c. 4o. Le Pape règle les annates par les Bulles. Maximilien I ordonna en 1618 que le Concordat Germanique fût reçû à Liége. On appelle aussi Concordats tous les Traités qui ont été faits avec les Papes, & non pas ceux qui se sont faits entre des Princes séculiers.

☞ Il y a encore d’autres concordats, qui sont tous un accord fait avec le Pape & un Souverain, pour la nomination des principaux Bénéfices de ses États.

☞ On donne aussi le nom de Concordat, dans les Troupes Françoises, à certains arrangemens clandestins entre un Officier qui veut quitter le Service, & celui qui doit le remplacer, moyennant une certaine somme qui lui est payée, partie par celui qui doit prendre sa place, partie par les Officiers qui montent par sa retraite. Le Roi a proscrit ces sortes de concordats, sous la même peine que la vénalité des emplois.

☞ CONCORDE. s. f. Bonne intelligence, union de cœurs & de volontés. Ils vivent dans une grande, dans une parfaite concorde. Concordia ; voluntatum, studiorumque summa consensio.

☞ Dans un sens plus étendu, il est synonyme à concordance, rapport, convenance. M. Huet, Evêque d’Avranche, a fait un Traité de la Concorde entre la raison & la foi. Il y a un Livre fameux parmi les Luthériens, intitulé, le Livre de la Concorde. C’est, un recueil publié en 1579 de différentes professions de foi que les Luthériens ont publiées pour se réunir ensemble, mais inutilement.

Quelques-uns ont cru que ce mot venoit de corde. C’est une ignorance grossière. Il vient de cum avec, & cor, cœur, d’où s’est fait Concors, concordis, qui n’a qu’un même cœur avec un autre ; & de-là concordia, concorde, la disposition des gens qui n’ont qu’un même cœur, qui ont les mêmes sentimens.

Concorde Évangélique. On a donné le nom de Concorde Evangelique à l’Histoire de l’Evangile, composée du texte des quatre Evangélistes, où l’on marque le nombre de ces saints Historiens qui rapportent les mêmes choses, selon l’ordre qu’elles étoient arrivées, en transposant ce qui n’étoit pas à sa place. L’Hérétique Tatien est celui qui a fait le premier une Concorde sous le titre de Diatessaron. Théophile d’Antioche & Ammonius en firent aussi dans leur temps. Eusèbe de Césarée, S. Jérôme & S. Augustin ont fait des ouvrages où l’on voit l’accord des quatre Évangélistes. Depuis on a vu Gerion, Puyherbaut, Jansénius de Gand, Dubuisson & M. Arnauld, qui ont travaillé à ces sortes de Concordes. Après cela on a vu paroître celles de M. Le Roux, du P. Lamy, & de M. Le Clerc. M. Toinard avoit fait une Concorde Evangélique, qu’il n’a pu faire imprimer de son vivant ; mais après sa mort, ses amis l’ont fait imprimer chez Cramoisy. C’est le texte grec des quatre Evangélistes, qui passe pour très-exact, & pour un chef-d’œuvre d’impression. Ceux qui sont curieux de connoître tous les Auteurs qui ont fait des Concordes Evangéliques, les trouveront dans le III Tom. de la Bibliothèque grecque de M. Fabricius, dans la Bibliothèque Sacrée du P. Le Long, & dans la Bibliothèque Sacrée que le P. Calmera mise à la tête de son Dictionnaire de la Bible.

Concorde, en Mythologie. Elle étoit honorée à Rome comme une Divinité. Concordia. On lui bâtit plusieurs Temples, dont le plus considérable fut celui du Capitole, où les Sénateurs s’assembloient pour délibérer des affaires de la République. On trouve à la descente du Capitole des débris de ce Temple consacré par Camille. Les Prêtres ne permettoient point que le Sénat s’assemblât en aucun Temple, sans avoir été consacré, c’est-à-dire, fait ou bâti en conséquence de quelque vœu ou augure. Cette espèce de Temple se nommoit Curia. Dict. de Peint. & d’Architect. Plutarque dit qu’on lui fit bâtir une Chapelle d’airain de l’argent provenu d’une taxe sur les Publicains. On invoquoit la Concorde pour l’union dans les familles entre les époux, entre les Citoyens : mais son pouvoir étoit renfermé dans la ville & dans les maisons ; ce qui distingue la Concorde de la Paix, dont la Divinité s’étendoit sur tout l’Empire. On représente la Concorde sous la forme d’une jeune fille couronnée de guirlandes, tenant deux cornes d’abondances entrelacées, ou bien on lui met à la main un faisceau de verges. Mais le symbole le plus ordinaire de la Concorde sont deux mains jointes qui tiennent quelquefois un caducée.

Concorde. (Pays de la) Nom qu’on donné à une contrée des Terres Australes, dans la Nouvelle Hollande, sous le Tropique du Capricorne.

CONCORDÉ. ÉE. adj. Accordé. Concessus, a, um. Par la grace concordée. Marot. On ne le dit plus.

☞ CONCORDIA. Ville d’Italie, dans le Duché de la Mirandole, sur la Sechia, à six milles de la Mirande.

CONCORDIAL. s. m. Ancienne Dignité Sacerdotale à Padoue. Sacerdotes Concordiæ. Il y avoit un Temple de la Concorde à Padoue : de-là vient que le chef des Prêtres qui servoient dans ce Temple s’appeloit Concordial.

CONCORDOIS, secte d’hérétiques qui sont les mêmes que les Bagnolois. Voyez ce mot.

☞ CONCOURANTES, (Puissances) terme de Méchanique. Celles qui concourent à produire un effet, par opposition aux puissances opposées, qui tendent à produire des effets contraires.

CONCOURIR. v. n. Agir conjointement avec un autre pour produire quelque chose, joindre & réunir ses forces à celles d’un autre agent, pour produire ensemble un effet qu’elles ne peuvent produire séparément. Concurrere. Nous avons besoin que la grace de Dieu concoure avec nous pour produire de bonnes œuvres. Dieu, outre la première impression, & le mouvement général qu’il a donné à toute la nature concourt immédiatement à toutes nos actions, & à tous les événemens. En faisant concourir Dieu dans tous les événemens particuliers, il ne s’ensuit pas pour cela qu’il soit auteur du péché. Il n’est point incompatible avec la sagesse & la pureté de Dieu, qu’il concoure aux actions mauvaises. S. Evr. ☞ On le dit aussi des choses & des occasions qui semblent s’unir pour tendre à quelque fin. Je n’ai concouru à cela ni directement, ni indirectement. Tous les hommes doivent concourir au bien public.

Concourir se dit aussi des choses, des évenemens, des occasions, &c. qui paroissent se réunir pour tendre à quelque fin. Tout concourt à sa fortune, à sa perte. La sagesse de Dieu fait concourir tous les événemens, & nos passions mêmes, à ses desseins. Il faut que bien des qualités, des dispositions concourent ensemble, pour produire les merveilles que nous fait voir la nature.

Concourir, employé absolument, ou avec la préposition pour, signifie se mettre sur les rangs avec égalité de droit ou de mérite pour disputer quelque chose. Ces deux Auteurs ont concouru pour le prix d’Eloquence, ou simplement ont concouru. Ces deux Poëmes ont concouru pour le prix, ou absolument ont concouru.

☞ En matière bénéficiale, on dit que deux provisions d’un même bénéfice concourent, quand elles sont de même date, datées du même jour. Voyez Date, en matière bénéficiale & Concours.

Concourir, en terme de Géométrie, se dit des lignes & des plans qui se rencontrent. Deux lignes concourent, quand elles se rencontrent & se coupent, ou se rencontreroient, si elles étoient prolongées ; deux lignes qui concourent en un point.

CONCOURME. s. f. Autrement Terra merita. Drogue propre à teindre en jaune.

CONCOURS. s. m. Action réciproque des personnes, ou des choses qui agissent ensemble pour une même fin. Concursus. Le concours du Soleil & des Astres est nécessaire pour la production de toutes les choses sublunaires. Dieu prête son concours immédiat pour tous les événemens. Jur. C’est relever la Majesté de Dieu, que de mettre toutes les opérations des créatures dans une perpétuelle dépendance de son concours immédiat. Id. Si les causes secondes n’avoient pas besoin du concours immédiat de Dieu pour agir, elles auroient une espèce d’indépendance qui seroit injurieuse au Créateur immédiat. Quoique Dieu ait imprimé à toutes les créatures la vertu nécessaire pour la fin à laquelle il les a destinées, elles attendent néanmoins un concours particulier, & une nouvelle influence du Créateur pour chaque événement. Le concours de Dieu pour l’action des causes secondes suffit, sans les secours de la prédétermination. La matière aveugle peut-elle par un concours fortuit produire une machine aussi admirable que le corps humain ? Jacq.

CONCOURS, terme de Grammaire. Rencontre de voyelles. On appelle dans la versification françoise un vicieux concours de voyelles, lorsqu’on place de suite deux mots, dont le premier finit par une voyelle autre que l’e muet, & le second commence par quelque voyelle que ce puisse être. C’est à ce vicieux concours, ou vicieuse rencontre de voyelles, que l’on a donné le nom d’hiatus, parce qu’en effet on ne sauroit passer immédiatement d’une voyelle à l’autre sans une manière de baillement qui rend la mesure extrêmement languissante. Voyez Hyatus. Il faut remarquer que les mots qui commencent par une h douce, sont regardés comme n’ayant à leur tête que la voyelle qui suit cette H. Mourg. Nos anciens Poëtes n’évitoient pas avec soin ce concours des voyelles, qu’on ne peut souffrir aujourd’hui, que la versification est plus exacte. Marot a dit dans une épigramme,

Cy gist qui assez mal prêchoit.

C’est la même faute lorsqu’après une voyelle ou une diphtongue, il suit une h qui n’est point aspirée, comme dans ce vers,

Le vrai honneur n’est plus que bagatelle.

Mais on peut se dispenser de cette exactitude, quand on cite quelque proverbe, ou quand l’expression est heureuse & ingénieuse, comme a fait Ménage dans les vers suivans.

Cy dessous gist Monsieur l’Abbé
Qui ne savoit ni A, ni B.
Dieu nous en doint bientôt un autre,
Qui sache au moins sa patenôtre.

Le concours des voyelles n’est point vicieux aussi, lorsque le second mot connivence par une h aspirée.

Un clerc pour quinze sous sans craindre le hola,
Peut aller au parterre attaquer Attila. Despreaux.

Concours se dit aussi en parlant des Bénéfices, ou Cures, qui se donnent à ceux qui ont le plus de capacité & de mérite, dans les lieux où le Concile de Trente est reçu, conformément à la session 24, ch. 18 de reform. La Cure est exposée à la dispute entre ceux qui y prétendent, & cette dispute se fait devant des Juges préposés par l’Evêque, afin que le Bénéfice soit donné au plus digne. Digniori. Quoique cette coutume ne soit point reçue en France, à cause du Concordat, & parce qu’elle prive les Patrons & les Collateurs de leur droit, elle subsiste néanmoins encore dans les pays conquis par le Roi depuis le Concordat, où le Concile est reçu ; il y a eu néanmoins un Arrêt du Parlement de Paris en 1660, le 12 Janvier, par lequel les Cures de l’Artois, qui dépendent des Abbés Collateurs de plein droit en sont exemptes.

☞ Il n’y a pas long temps que le concours se faisoit à Rome pour les Cures de Bretagne. Depuis Benoît XIV, il se faisoit devant l’Evêque diocèsain & six Examinateurs par lui choisis.

Concours se dit aussi en matière bénéficiale, lorsqu’un Collateur a donné le même Bénéfice à deux personnes, le même jour de vacance, ou lorsque deux Collateurs différens ont pourvu en même temps.

Concours entre gradués, lorsque plusieurs gradués ont requis un même Bénéfice en vertu de leurs grades.

☞ Lorsque le même collateur a donné des provisions le même jour à deux personnes pour le même Bénéfice, sur le même genre de vacance, sans qu’on puisse justifier quelles sont les premières, alors les deux provisions se détruisent mutuellement, parce qu’on ne sait auquel des deux contendans le collateur a entendu donner le Bénéfice. C’est pour cela qu’on retient des dates en Cour de Rome, afin que dans le cas de concours on puisse enfin obtenir des provisions sur une date pour laquelle il n’y ait point de concours.

☞ Quand il y a concours entre le Pape & l’Ordinaire, il est de règle que le pourvu par l’Ordinaire est préféré.

☞ Entre deux pourvus, l’un par l’Evêque, l’autre par son Grand-Vicaire, le premier est aussi préféré.

Concours signifie aussi un amas de plusieurs choses, ou personnes qui sont assemblées. Concursus. Il y a eu un grand concours de peuple à ce sermon, à cette fête. On regarde le concours qui se fait dans les Eglises aux fêtes solennelles, comme des assemblées de cérémonie, plutôt que de dévotion. Fléch. Epicure croyoit que le concours des atômes avoit produit tous les êtres.

☞ Dans le premier cas, concours signifie affluence de monde en quelqu’endroit. Dans le second, choc, rencontre des atomes.

Concours en matière civile. Concurrence entre personnes qui prétendent avoir droit au même objet. Quand il y a concours de privilèges entre créanciers, les privilèges les plus favorables sont préférés. Dans le cas d’égalité, les créanciers viennent par contribution.

CONCRESSAUT. C’étoit autrefois une ville murée, & la nouvelle coutume de Berry la met au nombre des villes Royales de cette Province dans laquelle elle est. Quelques-uns croient qu’elle s’est appelée autrefois Concordiæ saltus, le bois de la Concorde, mais sans nulle raison, ni témoignage d’aucun Auteur ancien. Dans tous les titres Concressaut est appelé Cucurciandium, Concorcellum, Concorcialdum ou Concorzaldum, Concurcallum. C’est une Châtellenie, qui a eu ses Seigneurs particuliers depuis 800 ans, ou environ. Concressaut a une Prévôté & un Bailliage.

☞ CONCRET, ÈTE. adj. terme didactique, d’usage en Grammaire & en Logique. Le terme concret marque la substance même revêtue de ses qualités, telle qu’elle existe dans la nature. L’abstrait désigne quelqu’une de ses qualités considérée en elle même & séparée de son sujet. Concretus, abstractus. Voy. Abstrait dont concret est l’opposé & le corrélatif. Savant, rond, cassé, &c. sont des termes concrets, qui expriment des qualités unies à leurs sujets ; Science, rondeur, &c. sont des termes abstraits, qui expriment des qualités considérées solitairement, comme séparées de leurs sujets.

☞ Ce terme est quelquefois employé substantivement, en terme de Philosophie naturelle, pour signifier un corps composé de différens principes. Dans ce sens c’est à peu-près la même chose que mixte, & l’on distingue des concrets naturels, & des concrets artificiels. L’antimoine est un concret naturel, & le savon un concret artificiel. Harris.

Concret, terme de Chimie dont on se sert pour exprimer une chose fixée, endurcie, épaissie ou coagulée. On appelle sel volatil concret, un sel volatil fixé par quelque acide qui l’empêche de s’élever & de se sublimer à la chaleur, ou de se fondre à l’humidité. Ce mot vient du latin concrescere, se condenser, s’épaissir. Col de Villars.

Les nombres concrets, en termes d’Arithmétique, sont ceux qui sont appliqués à marquer, à exprimer quelque sujet particulier, comme deux hommes, trois livres, demi-écu. Mais s’il n’y a rien qui soit joint au nombre, alors le nombre est abstrait, & pris universellement. Ainsi 3 signifie un composé de trois unités, soit d’hommes, soit de poids, ou de quelque autre chose qu’il plaira. Harris.

CONCRÉTION. s. f. terme didactique, se dit en général de l’action par laquelle les corps mous ou fluides, deviennent durs. Concretio. Il se dit également de l’endurcissement, de l’épaississement, de la coagulation & de la condensation.

Concrétion est encore l’union de plusieurs petites particules d’un corps naturel, dans une masse sensible nommée concret, en sorte que par cette union, ce corps ait telle ou telle figure, telles ou telles propriétés. Harris.

☞ C’est ainsi qu’on dit qu’une concrétion ligneuse forme les louppes & les autres éminences ligneuses qu’on voit sur les arbres.

☞ On appelle de même concrétions, en termes d’histoire naturelle, des substances pierreuses ou terreuses, qui sont formées dans l’eau ou qui ont été charriées par ce fluide dans des cavités souterraines, & s’y sont durcies sous différentes figures. Les Stalactites, les Stalagmites, les congélations, &c. sont des concrétions.

CONCREU. s. m. terme d’Agriculture. Fruges terræ. On trouve ce mot dans quelques Patentes & Ordonnances ; il est expliqué dans une du mois de Janvier 1576. Suivant cette explication par concreu, on entend blé, grains & autres fruits provenans des terres labourées & ensemencées.

Conçu, ue. part. Voyez Concevoir.

CONCUBIN. s. m. Concubinus. Ce mot se trouve dans les Auteurs de Droit. On dit aujourd’hui concubinaire.

CONCUBINAGE. s. m. Ce mot signifie toute conjonction illicite, & comprend les adultères, les incestes & les simples fornications : on restraint quelquefois la signification de ce mot, & parmi nous il signifie le commerce charnel d’un homme & d’une femme libres, c’est-à-dire, qui ne sont point mariés ensemble ni avec un autre. Concubinatus. Le concubinage a été autrefois toléré ; mais chez les Chrétiens il est défendu & scandaleux. Quand cette expression se trouve dans les constitutions des Chrétiens, elle signifie ce que nous appelons aujourd’hui mariage de conscience ; en ce sens, le concubinage a été permis, & l’est encore aujourd’hui. Le concubinage, qui a été toléré chez les Romains du temps de la République & des Empereurs Payens, étoit un concubinage entre deux personnes qui pouvoient contracter mariage ensemble. On ne refusoit pas même l’hérédité paternelle aux enfans sortis de ce commerce toléré. Les Romains regardoient le concubinage entre deux personnes libres comme une espèce de mariage ; c’est pourquoi ils lui ont accordé des privilèges. Mais il falloit que ce concubinage fut réduit à l’unité, parce qu’en le permettant à la fragilité humaine, l’on ne prétendoit pas autoriser cette passion brutale, qui ne se satisfait que dans le nombre des femmes débauchées. Ainsi le concubinage avoit la figure, & l’ombre du mariage. Hotman dit que les loix Romaines permettoient le concubinage long temps avant que Jules César eût fait une loi, qui permettoit à chacun d’épouser autant de femmes qu’il voudroit. L’Empereur Valentinien permir d’en épouser deux, comme disent Socrate, Paul Diacre & Nicéphore. Un Evêque a appelé la pluralité des Bénéfices, un concubinage spirituel.

Concubinage, en parlant de l’antiquité, signifie un mariage fait avec moins de solennités, que celui qu’on appeloit solennel ; mariage avec une femme d’une condition trop basse, & à laquelle le mari ne donne point son rang ; mariage de la main gauche. Matrimonium cum femina inferioris conditionis. Voyez au mot Concubine. Le plus grand Jurisconsulte que la France ait vû (Cujas ad cap. Inhibendum est, de cohabit. Cleric. & mulier. Idem Paratitl. in leg. 5, cod. de concub. Idem L. VII, respons. In commentar. ad leg. 3, cod. de natural. liber. & quib. caus. just. fiant. Leg. si uxor. 13. ff. ad leg. Juliam de adulter.) dit que le concubinage étoit une conjonction si légitime, que la concubine pouvoit être accusée d’adultère, comme la femme ; que les loix permettoient d’épouser à titre de concubine certaines personnes, que l’on considéroit comme inégales, par le défaut de quelques qualités qu’il falloit avoir pour soûtenir le plein honneur du mariage ; & qu’encore que le concubinage fut au dessous du mariage pour la dignité & pour les effets civils, le nom de concubine étoit pourtant un nom d’honneur, bien différent de celui de maîtresse ; mais qu’enfin le Vulgaire en France avoit confondu ces deux noms, faute d’entendre ce que c’étoit que le concubinage, quoiqu’il soit encore fort en usage en quelques endroits, où il s’appelle le demi-mariage, & en d’autres mariage de la main gauche. Cordemoy. C’étoit un vrai mariage ; mais qui se faisoit sans solennités, par lequel la femme portoit le nom de concubine, & non pas celui d’épouse, faute de dot, ou de naissance. P. Dan. T. I, p. 772.

CONCUBINAIRE. s. m. Qui vit avec une concubine. Qui concubinam habet, concubinus. Il y a un titre dans le Droit contre les concubinaires publics, qui les prive de leurs Bénéfices. Le Saint (François Xavier) agissoit avec les concubinaires, à peu près comme faisoit Jesus-Christ avec les Publicains & avec les femmes débauchées. Bouh.

CONCUBINE. s. f. Femme qui vit conjugalement avec un homme, sans qu’il soit marié avec elle. Concubina. La femme est un nom de dignité, la concubine est un nom de volupté, dit la Loi. Les Patriarches avoient plusieurs femmes, qui ne tenoient pas le même rang ; il y en avoir de subalternes, & de subordonnées à la femme principale : c’étoient des concubines ou des demi-femmes, si l’on veut se servir d’un nom plus honorable. S. Evr. Les Romains ont prohibé la pluralité des concubines, & n’ont considéré que les enfans sortis d’une seule & une même concubine, parce qu’elle pouvoit devenir une femme légitime. Autrefois le nom de concubine n’étoit point infamant, sur-tout quand elle n’avoit commerce qu’avec un seul homme. Salomon avoit 700 femmes & 300 concubines, III. Reg. cap. 11. L’Empereur de la Chine a quelquefois jusqu’à deux ou trois milles concubines dans son Palais. Nouv. Rel. Darius se fit suivre à l’armée par 365 concubines, & toutes en équipages de Reines. Vaug. Alexandre eut tant d’affection pour Apelles, qui étoit son Peintre, qu’il lui donna Pancaste, la plus belle & la plus chérie de ses concubines, parce qu’il avoit remarqué qu’Apelles en étoit devenu amoureux. Du Rier.

Concubine, femme véritable, légitime & unique, mais de moindre condition que celui qui l’épouse ; ou d’une condition trop basse pour lui & peu sortable ; & à cause de cela épousée par un de ces mariages, que nous appelons mariages de conscience, lesquels enferment les mêmes obligations que les autres, & n’en diffèrent que par le nom & la qualité de la femme, qu’on ne donne point à la concubine. Concubina. Du Cange dit qu’on peut recueillir en plusieurs endroits des Epitres des Papes, que les concubines ont été autrefois tolérées. Ce qui se doit entendre des mariages de conscience, dont on vient de parler. Le 17e Canon du premier Concile de Tolède, porte que celui qui, avec une femme fidèle, a une concubine, est excommunié ; mais que si la concubine lui tient lieu d’épouse, de sorte qu’il n’ait qu’une seule femme, à titre d’épouse ou de concubine, à son choix, il ne sera point rejeté de la communion. Ce qui montre qu’il y avoit des femmes légitimes & uniques, que l’on nommoit concubines ; & véritablement les Loix Romaines ne permettoient pas à tout homme d’épouser quelque femme que ce fût, il falloit qu’il y eût de la proportion entre les conditions ; mais la femme d’une condition inférieure au mari, qui ne pouvoit être épouse, pouvoit être concubine, & les Loix le permettoient, pourvû que l’on n’eût point d’autre femme que la concubine ; c’est-dire, que quand un homme se vouloit marier, il pouvoit choisir une épouse ou une concubine ; mais il ne pouvoit avoir en même temps une épouse & une concubine. Les enfans des concubines n’étoient réputés ni légitimes, ni bâtards, mais enfans naturels, capables seulement de donations. Ce qui se doit entendre des Loix Romaines, qui n’avoient pas lieu parmi les François.

Clovis avoit eu Thierri d’une femme qu’il n’avoit pas tenu en qualité de Reine, mais seulement pour concubine, suivant la coutume de se temps-là, où ces sortes de sociétés, pour être moins honorables, n’en étoient pas moins légitimes, ni les enfans qui en provenoient moins capables de succéder, quand les pères le vouloient, du moins parmi les Francs ; car encore que les Loix Romaines ne regardassent pas les enfans nés de cette sorte comme bâtards, elles ne leur donnoient pas le droit de succéder. Cordem. Ces mariages étoient ce que nous appelons épouser de la main gauche, usage commun encore aujourd’hui en Allemagne. Le Moine Jonas a écrit, dans la vie de S. Colomban, que les quatre fils de Théodoric n’étoient pas nés d’un mariage légitime ; & il est vrai que Théodoric les avoir eus d’une concubine : mais il est vrai aussi que le concubinage, dont le nom est maintenant odieux, parce qu’on en abuse, étoit alors une espèce de mariage, qui, pour être moins solennel, n’étoit pas moins indissoluble par les loix de l’Eglise que le mariage ordinaire. Id. Si l’on considère que le mot de concubine signifioit une femme mariée avec honneur, & de qui le mariage, quoique fait avec moins de formalités que celui qu’on appeloit solennel, ne laissoit pas d’être valable ; on verra qu’on ne doit pas regarder les concubines de Charlemagne comme des maîtresses. Id. Voyez Concubinage.

Concubine, dans l’Antiquité, se prend aussi souvent dans le mauvais sens qu’il a parmi nous, c’est-à-dire, pour une fille ou une femme avec qui l’on a un mauvais commerce sans mariage. S. Léon dit, dans sa Lettre à Anastase de Thessalonique, qu’il faut distinguer la concubine de la femme légitime ; que celui qui quitte sa concubine pour se marier fait bien ; & que celle qui épouse un homme qui avoit une concubine, ne fait point mal, puisqu’il n’étoit point marié. Il faut distinguer tous ces sens qui se trouvent dans nos Historiens Ecclésiastiques & autres.

Tous ces mots, concubinage, concubinaire, concubine viennent du latin concubina, concubinæ, qui vient de concubare, coucher avec.

Concubine. Terme de Fleuriste. Tulipe colombin & blanc. Morin,

CONCUEILLIR. v. a. On trouve ce mot dans quelques vieux Auteurs, pour dire, diriger, ramasser, conduire à un terme, à une fin.

☞ CONCUPISCENCE. s. f. C’est en général une passion déréglée de posséder quelque chose ; un penchant inhérent à l’homme depuis sa chute qui le porta au mal. Concupiscentia. Il est défendu par le Xe Commandement de la Loi de Dieu, d’avoir de la concupiscence pour le bien de son prochain, ni pour son bœuf, ni pour son âne. Il faut bien remarquer la pente de la concupiscence, pour la diminuer par le retranchement de tout ce qui la peut fortifier. Nicol. Aimer Dieu par rapport à notre félicité propre, c’est l’aimer d’un amour de concupiscence. Fen.

☞ On le dit plus particulièrement du penchant que nous éprouvons pour les plaisirs illicites, qui nous entraîne à l’amour deshonnête, que S. Jean appelle la concupiscence des yeux, la concupiscence de la chair. La concupiscence, qui est l’effet du péché originel, sollicite sans cesse l’ame au péché. Avec quelles pointes & quels aiguillons ne savons nous pas réveiller la concupiscence endormie & languissante ? Balz.

Quoique ce mot se prenne ordinairement au mauvais sens dogmatique, cependant il a un sens plus étendu, & de soi indifférent. La concupiscence, en ce sens & en général est le penchant, l’inclination naturelle vers le bien sensible. Cette inclination de soi n’est point mauvaise : elle est bonne, & a été donnée à l’homme pour la conservation de sa nature. Mais l’objet de cette inclination, le bien sensible auquel elle se porte est quelquefois défendu, & quelquefois permis. Quand elle se porte à un bien permis, elle n’est point mauvaise ; si elle nous porte vers un objet ou un bien sensible défendu, ou l’on consent à ses mouvemens ou l’on n’y consent point. Si l’on y consent, le consentement est un péché & la rend mauvaise. Si l’on n’y consent point, ses mouvemens qui s’appellent premiers mouvemens, ne sont point des péchés, ou ce sont des péchés seulement matériels, & la résistance qu’on y apporte, le refus de consentement est méritoire. Quand Dieu nous défend la concupiscence, il ne nous défend pas de sentir ses mouvemens, mais d’y consentir. Quoique la concupiscence, dans l’état présent, soit une suite du péché, elle est néanmoins naturelle à l’homme, & un apanage de sa nature. Elle lui est donnée, comme on l’a déja dit, pour sa conservation.

CONCUPISCIBLE. adj. terme de Philosophe, qu’on joint, & qu’on oppose à irascible. Il se joint toujours au mot appétit concupiscible, qui nous porte vers un bien sensible, vers un objet qui nous plaît. Appetitus qui concupiscit, concupiscibilis. L’appétit concupiscible nous porte à souhaiter, à nous procurer le bien ; l’irascible à fuir le mal, à nous en défendre.

CONCURÉ. s. m. Prêtre chargé avec d’autres du soin de la conduite des ames d’une paroisse, avec un pouvoir égal, & non pas simplement comme Vicaire. Le Pape Clément VII érigea à Trévoux un Chapitre en 1523. Il est composé d’un Doyen qui est Conseiller-né du Parlement, d’un Sacristain, & de dix Chanoines, tous Concurés de la ville. M. Piganiol de la Forge, Nouv. Desc. de la France, édition de 1722, t. 3, p. 131.

CONCURREMMENT. adv. Par concurrence, d’une manière contraire & opposée au dessein l’un de l’autre. Certatim. Ces deux bourgeois briguent concurremment l’Echevinage.

Concurremment, en termes de Palais, signifie au contraire, conjointement & également, ensemble, faisant de chaque côté la même chose. Pariter, simul & eodem modo. Ces deux créanciers, qui ont même hypothèque & même privilège, recevront concurremment les deniers à proportion de leur somme. Les cohéritiers doivent contribuer également & concurremment au payement des dettes de la succession, eu égard à la portion qu’ils y prétendent.

Quelques recherches qu’ils aient faites concurremment, il ne leur a été possible de rassembler que trois exemples qu’ils puissent hazarder. Normant.

CONCURRENCE. s. f. Prétention réciproque de deux ou de plusieurs personnes à une même charge, dignité ou autre avantage. Æmulatio ; certamen competitorum, rivalium. La concurrence est souvent cause de l’exclusion de l’un & de l’autre des prétendans. Entrer en concurrence, être en concurrence.

Ne sont-ce pas ces fatales concurrences, qui entretiennent entre les familles des défiances, des haines, des animosités éternelles ? Concurrences non-seulement entre maisons & maisons, mais entre particuliers & particuliers, non-seulement entre les grands, mais entre les petits ; non-seulement entre les séculiers, mais encore entre les réguliers. Bourd. Exhort. II, p. 372.

Concurrence se dit aussi pour signifier l’action de deux ou de plusieurs personnes qui concourent, & s’unissent ensemble pour produire un même effet. Concursus. Le Poëte doit prudemment ménager le merveilleux, afin que la concurrence d’un Dieu n’affoiblisse pas celle du Héros. P. le Boss.

Concurrence, en termes de Jurisprudence, est une égalité de droit, d’hypothèque, de privilège que diverses personnes peuvent exercer sur la même chose. Juris æqualitas. Dans les distributions des deniers on ordonne que ceux qui ont même droit seront payés par concurrence au marc la livre.

Concurrence signifie aussi certain payement jusqu’auquel on doit parvenir pour être quitte d’une dette contractée. Certa quædam ac determinata summa ultra, nam non erogetur supra. Les deniers provenans de la vente de ces meubles seront payés au propriétaire jusqu’à la concurrence des loyers qui lui sont dus, c’est-à-dire jusqu’à ce que cette somme soit remplie.

Concurrence d’Offices, en termes de Bréviaire, se dit lors qu’aux secondes Vêpres d’une fête double il se trouve un autre Office de fête de même ordre qui doit se célébrer le jour suivant. Concursus, concurrentia. Il y a diverses rubriques à observer pour bien ordonner son Office ; soit pour les translations, soit pour les commémorations, soit pour les concurrences des fêtes. Pour l’ordinaire quand deux fêtes sont également solennelles, on dit les Vêpres de la première jusqu’au chapitre, & de la seconde depuis le chapitre jusqu’à la fin, avec commémoration de la première : quand il y en a une plus solennelle que l’autre, on dit les Vêpres toutes entières de la plus solennelle, avec ou sans commémoration de la moins solennelle, suivant le degré de solennité de ces fêtes comparées entr’elles. Voyez les Rubriques du Breviaire, Gavantus, &c.

CONCURRENT, ENTE. f. Qui a la même prétention qu’un autre à une même charge, dignité, avantage. Competitor, rivalis. Il ptétend épouser cette riche héritière, mais il aura bien des concurrens. La puissance souveraine ne veut point de concurrent, ni de compagnon. Octavien fut heureux de se délivrer d’un concurrent aussi redoutable que Marc-Antoine. Là se voient les ruines de Carthage, cette fière concurrente de Rome. Port.-R. La plûpart se consoleroient de leur disgrace, si leurs concurrens n’étoient pas plus heureux qu’eux. Bouh.

Concurrent se dit proprement d’un homme qui court avec un autre dans la lice, dans un carrousel, dans un tournois. Il remportoit presque tous les prix des carrousels, où il avoit d’ordinaire l’honneur d’avoir son Prince pour concurrent. P. Veri.

☞ CONCUSSION. s. f. Abus que fait de son pouvoir un homme constitué en charge, en dignité ou en commission, pour exiger au-delà de ce qui lui est dû ; pour extorquer de ceux sur qui sa charge ou son emploi lui donnent quelque autorité, de l’argent ou autre chose au-delà de ce qui lui est dû. Repetundarum crimen. Accuser quelqu’un de concussion. Repetundarum accusare, repetundis postulare. L’accusation pour crime de concussion peut être intentée non-seulement par la partie civile, mais encore par les Gens du Roi, parce que c’est un crime public en France. La concussion est défendue par l’Ordonnance de Moulins, par celles de Blois & d’Orléans, & par divers Règlemens particuliers qui concernent différentes charges, commissions ou offices.

☞ La concussion étoit autrefois punie du dernier supplice : aujourd’hui cette peine est arbitraire. Quand l’affaire se poursuit civilement, la peine est la restitution du quadruple de ce qui a été extorqué par menaces & par autorité. Lorsque la poursuite de ce crime se fait par la voix de la plainte & de l’information, la peine est plus grande, suivant les circonstances.

☞ CONCUSSIONNAIRE. s. m. Officier, Receveur public, en général celui qui fait des concussions, qui exige au-delà de ce qui lui est dû. Repetundarum reus. C’est un concussionnaire, concussionaire public.

CONDAMNABLE. adj. m. & f. Qui mérite d’être condamné. Damnandus, condemnandus. Cette proposition est hérétique, & condamnable.

O d’un si grand service oubli trop condamnable,
Des embarras du trône effet inévitable. Racine.

CONDAMNATION. s. f. Jugement qui condamne. Damnatio. Il croyoit sa cause bonne, & ne croyoit pas qu’il pût intervenir quelque condamnation contre lui. La confirmation d’une sentence doit emporter condamnation de dépens. On entend aussi par condamnation les choses mêmes auxquelles la partie est condamnée, comme une somme d’argent, les intérêts & frais. Payer le montant des condamnations. Au Palais on dit, passer condamnation, subir condamnation ; pour dire, acquiescer à la demande ou à la sentence de la partie.

☞ Passer condamnation, c’est proprement consentir que la partie adverse obtienne jugement à son avantage : & subir condamnation, c’est acquiescer à un jugement dont on pourroit pourtant appeler.

☞ Au figuré, dans le langage ordinaire, passer condamnation, c’est convenir qu’on a eu tort.

Condamnation le dit aussi en matière spirituelle. Celui qui pèche mortellement, qui communie indignement, attire sa condamnation, il perd la grace de Dieu.

CONDAMNATOIRE. adj. Qui porte condamnation. Damnatorius. Suffrage condamnatoire. Ce mot se trouve dans Pomey. Il n’en vaut pas mieux.

CONDAMNER, v. a. Prononcer un arrêt, une sentence ; donner un jugement contre quelqu’un qui porte quelque peine, perte, ou dommage ; soit à l’égard de son honneur, soit à l’égard de sa vie. Damnare, condemnare. On ne doit condamner personne sans l’entendre. Les Ecclésiastiques ne peuvent condamner personne à mort. Il a été condamné à l’amende, & aux dépens, dommages & intérêts. Condamner par défaut, par contumace.

Faites rougir les Dieux qui vous ont condamnée. Rac.

Condamner se dit aussi pour assujettir quelqu’un à quelque loi, le réduire à la nécessite de faire quelque chose. Nous sommes tous condamnés à mourir.

Jésus-Christ en mourant nous a tous condamnés
A l’imiter dans sa souffrance. L’Abbé Tétu.

Que ferez vous, hélas ! d’un cœur infortuné
Qu’à des pleurs éternels vous avez condamné. Rac.

Condamner, signifie, par extension, blâmer, désapprouver. Vituperare, arguere, reprehendere. Il y a des actions indifférentes qu’on ne peut condamner sans injustice. Les gens de bien sont souvent condamnés par les méchans. Les ignorans condamnent tout ce qu’ils n’entendent point. On est bien aise de trouver que les malheureux sont coupables, afin de les abandonner, & de les condamner avec quelque apparence de justice. Port.-R.

Il faut se regarder soi-même un fort long-temps,
Avant que de songer à condamner les gens. Rac.

Condamner se dit aussi de certaines pensées, & de certaines façons de parler, qu’on ne juge pas dignes d’entrer dans les beaux discours, & dans le beau langage. Damnare, reprehendere, proscribere. On ne se sert guère de la raison, quand on condamne un mot sans lequel on ne sauroit raisonner. Vaug. R. N.

Fuis ce soin trop exact,
Qui pour un mauvais mot condamne une pensée.Vill.

Elle a, d’une insolence à nulle autre pareille,
Après trente leçons, insulté mon oreille,
Par l’impropriété d’un mot sauvage & bas,
Qu’en termes décisifs condamne Vaugelas. Mol.

Condamner soi-même, (Se) se dit de ceux qui parlent contre eux-mêmes, qui se contredisent, qui disent quelque chose qui leur est préjudiciable. En avançant cette proposition, vous vous condamnez vous-même. Tuo te mucrone jugulas.

On dit figurement condamner une porte, une fenêtre ; pour dire, la fermer en sorte qu’on ne la puisse plus ouvrir ; en interdire l’usage. Obserare.

On dit proverbialement & figurement, qu’un homme a été condamné aux dépens, quand il a fait quelqu’entreprise qui ne lui a pas réussi.

Condamner un vaisseau, en termes de Marine, c’est le juger incapable de tenir la mer.

Condamné, ée. part.

☞ CONDAPOLI. Ville de la presqu’Île de l’Inde, au deçà du Gange, au Royaume de Golconde.

CONDAT. Condatum. Voyez Condé, c’est la même chose : & ce nom se donne à plusieurs lieux, pour la même raison que celui de Condé. Condatum s’est dit en françois Condat ou Condé en différentes provinces.

La Congrégation de Condat & de Saint Oyan est appelée autrement la Congrégation de Saint Claude. Voyez Claude. Condat, en latin Condate, est la même chose que ce qui s’est dit ailleurs Condé, & signifient l’un & l’autre confluent, jonction de deux rivières ; & en effet, il n’y a point en France de lieu qui porte l’un & l’autre de ces noms, qui ne soit en un endroit où deux rivières ou deux ruisseaux se joignent. L’Abbaye de S. Claude ou de Condat est au confluent des rivières de Bionne & d’Aliere.

☞ CONDAVERA. Ville d’Asie, dans la presqu’Île de l’Inde, sur la côte de Malabar, au Royaume de Carnate.

CONDÉ. Ce mot, en ancien langage, signifioit confluent, & on a donné ce nom à plusieurs lieux situés en des endroits où deux rivières se joignent. Confluentes, Condatum, Condate. Il y a Condé, ville du Hainault dans les Pays-Bas, au confluent de l’Escaut & de la Haisne. Condé sur le Nereau ou Noireau, Condæum ad Norallum, est une petite ville de Normandie dans le Bessin sur le Nereau, qui mêle ses eaux avec l’Orne. Condé, rivière de France dans le Quercy. Condé, rivière de Canada. Il y a aussi une contrée de la Basse Ethiopie nommée Condé, & le Cap Condé à l’est de l’Île de Cayenne.

Condé est aussi le nom d’une branche de la Maison-Royale de France. Le Chef de cette branche est Louis de Bourbon, Prince de Condé, I du nom, fils de Charles de Bourbon, Duc de Vendôme, & frère puîné d’Antoine de Bourbon, Duc de Vendôme & Roi de Navarre. Condæus. On dit, la Maison de Condé, le Prince de Condé, la branche de Condé, l’Hôtel de Condé. Le Vicaire de J. C. sous une telle caution n’appréhenda rien ; sûr de tout, pourvu que le Prince de Condé fût rendu à l’Eglise ; & persuadé que d’assurer à l’Eglise le Prince de Condé, étoit l’épreuve la plus certaine qu’il pouvoit faire des dispositions du Roi, &c. P. Bourdal. Oraison Funèbre du Prince de Condé. De quelle consolation ceux qui avoient le cœur françois & le cœur chrétien ne furent-ils pas pénétrés, voyant cet enfant, que le seul nom de Condé avoit rendu peu auparavant redoutable au S. Siège, rendre lui-même au S. Siège, dans la personne de son Ministre, le devoir de l’obéissance filiale, & le rendre au nom de la France, dont il étoit l’organe & l’interprète ! Id. Le Prince de Condé valoit seul des armées entières à la France. Id. Oraison Funèbre de Louis de Bourbon, Prince de Condé.

Le grand Condé, c’est ce même Louis de Bourbon, Prince de Condé, II du nom, ce Héros si fameux. Bourbon-Condé se dit de la même branche de la famille Royale de France, qui est Bourbon par sa tige, & Condé par cette branche.

Condé. Ville & principauté qui a donné le nom à la branche de Bourbon Condé.

CONDEMNADE. s. f. C’étoit une sorte de jeu de cartes à trois personnes. Notes sur C. Marot.

☞ CONDENSATEUR. s. m. terme de Physique. C’est ainsi que quelques Physiciens appellent une machine qui sert à condenser l’air dans un espace donné, par exemple, dans une arquebuse à vent.

☞ CONDENSATION. s. f. terme de Physique opposé à raréfaction. Action par laquelle un corps est rendu plus dense, plus compact, plus serré : par laquelle un corps, sans rien perdre de sa masse, est réduit à un plus petit volume, occupe un moindre espace. Densatio, condensatio. La condensation de l’air dans une arquebuse à vent.

☞ Ce mot peut être regardé comme synonyme à compression. Il y a pourtant quelques Physiciens qui restreignent l’usage de ce mot à la seule action, & appellent compression tout ce qui se fait par l’application d’une force extérieure. Dans l’usage ordinaire on confond ces deux mots.

CONDENSER, v. a. Rendre plus dur, plus pesant, plus compact ; faire qu’un corps occupe moins de place. Il est aussi réciproque. Condensare. Le froid condense l’air, il se condense avec le piston dans un corps de pompe. L’eau se congèle, mais ne se condense jamais quand elle est entièrement purgée d’air. On a expérimenté à l’Observatoire, pendant le grand hiver de l’année 1670, que les corps les plus durs, comme les métaux, le verre & le marbre, étoient sensiblement condensés par le froid, & qu’ils étoient devenus plus durs & plus cassans qu’auparavant, & qu’après le dégel ils reprirent leur premier état.

Condensé, ée, part.

CONDESCENDANCE. s. f. Déférence aux sentimens & aux volontés d’autrui. Indulgentia, obsequium. Le meilleur moyen de gagner les esprits, c’est d’avoir beaucoup de condescendance pour eux. Si nous souffrons quelque relâche, c’est plutôt par condescendance, que par dessein. Pasc.

☞ Il semble qu’il entre dans l’idée de ce mot un peu de complaisance qui fait qu’on se rend trop facilement aux volontés des autres.

CONDESCENDANT, ANTE. adj. Qui a de la condescendance, qui défère aux sentimens, aux volontés d’autrui. Commodus, aliorum voluntati obsequens. Esprit condescendant.

CONDESCENDRE, v. n. Déférer, se rendre aux sentimens d’autrui, acquiescer à ses volontés. Alicui, alicujus voluntati obsequi, alicui indulgere, morem gerere, morigerari. Il condescend à tout ce qu’on veut de lui. Il faut condescendre aux volontés de ses supérieurs. Arn.

☞ On dit aussi condescendre aux foiblesses de quelqu’un ; pour dire, accorder quelque chose à ses foiblesses. Indulgere.

Condescendre, terme de Pratique. Se décharger sur un autre d’une tutelle à laquelle on est nommé par les parens du mineur. Tutelam in alium rejicere. On peut condescendre sur le parent le plus proche ou le plus intéressé à la succession du mineur.

Ce mot est formé de la préposition com ou con, qui signifie avec & du verbe descendre, & il signifie descendre avec un autre, descendre à lui, s’abaisser jusqu’à lui, pour s’accommoder à lui. Nous avons formé ces mots à l’exemple des Grecs, qui pour exprimer la même chose avoient fait συγκαταβαίνω & συγκαταϐάτις, condescendre & condescendance.

CONDESCENTE. s. f. terme de Pratique. Action par laquelle celui qui est nommé tuteur se décharge sur un parent plus proche, ou plus habile, pour gérer la tutelle en sa place, à tutelâ liberatio.

CONDIGNE. adj. m. & f. terme de Théologie, qui se dit en ces phrases. Satisfaction condigne, mérite condigne, c’est-à-dire, satisfaction parfaitement égale à la faute pour laquelle on satisfait ; mérite parfaitement égal à la récompense méritée. Condignus, a, um. Nulle pure créature ne peut offrir à Dieu une satisfaction condigne pour le péché ; parce que la satisfaction condigne est une satisfaction, qui, par sa bonté morale, égale la malice du péché mortel. Il s’ensuit de-là qu’il n’a pû y avoir de satisfaction condigne pour le péché mortel ; car, que ce soit une créature qui satisfasse, la satisfaction n’égalera point la malice du péché ; que ce soit un homme-Dieu, sa satisfaction sera non-seulement condigne, mais surabondante. Le mérite condigne, pris in concreto, comme on parle dans l’école, est une action bonne, faite pour le service d’un autre, & qui a une telle égalité avec la récompense, que cette récompense lui soit due en quelque sorte par justice, au moins après la promesse de celui qui propose la récompense. Le mérite condigne, pris in abstracto, est la valeur & l’égalité de cette action avec la récompense.

CONDIGNEMENT. adv. D’une manière condigne, avec condignité. Condignè.

CONDIGNITÉ, s. f. terme Dogmatique. Qualité de ce qui est condigne. Condignum, condignitas. En Théologie le mérite de condignité, meritum de condigno, c’est celui d’une action à laquelle la récompense est dûe à titre de Justice, & il est opposé au mérite de congruité. Les Théologiens enseignent que pour mériter par rapport à la vie éternelle d’un mérite de condignité, il faut 1o. que l’action soit exempte non-seulement de contrainte, mais encore de toute sorte de nécessité antécédente, c’est-à-dire, qu’il faut qu’elle soit libre. 2o. Il faut être en état de grace. 3o. Il faut que la promesse de Dieu y soit engagée, c’est-à-dire, qu’il faut que Dieu par un effet de sa bonté ait promis de donner sa gloire pour une action. Un acte de charité surnaturelle mérite le Ciel d’un mérite de condignité. Condignité de satisfaction, condignité de mérite. La condignité de mérite demande différentes conditions, les unes prises du côté de celui qui agit ou qui mérite, les autres prises du côté de son action, & les autres de la part de celui qui récompense le mérite. Car, il faut 1o. que celui qui mérite soit dans la voie. Ecclesiastique XIV, 17. Joan. IX, 4. Galat. VI, 10. 2o. Il doit être en grace, Jean. XV, 4. Concile de Trente, sess. VI, chap. 16, & can. 32.

CONDISCIPLE. s. m. Compagnon d’étude. Ecolier de la même classe, & qui prend les leçons du même maître qu’un autre. Condiscipulus.

CONDISI. s. m. Nom que les Arabes donnent à l’herbe aux Foulons. Voyez Herbe à foulon.

CONDIT. s. m. terme de Pharmacie, qui se dit de toutes sortes de confitures, tant au miel qu’au sucre. Condimentum, conditus. Il y a un condit stomacal, purgatif & corroboratif, qui diffère des opiates, en ce qu’il y a plus de sucre, moins de poudre, & plus de conserve & de syrop.

Ce mot vient du latin condire, assaisonner.

☞ CONDITEUR. s. m. terme de Mythologie, par lequel on désignoit un Dieu champêtre, qui veilloit après les moissons, à la récolte des grains. Conditor.

☞ CONDITION. s. f. Nature, qualité d’une personne ou d’une chose, qui la rend bonne ou mauvaise, parfaite ou imparfaite. Natura, conditio. La condition des choses d’ici-bas, est d’être sujettes à des révolutions continuelles. Cette marchandise n’a pas les conditions qu’elle devroit avoir, elle n’a pas les conditions requises.

Condition signifie aussi le rang d’un homme, considéré par rapport à sa naissance. Conditio, status, vitæ ratio. Alors ce mot peut être regardé comme synonyme d’état : mais la condition, dit M. l’Abbé Girard, a plus de rapport au rang qu’on tient dans les divers ordres qui forment l’économie de la République. L’état en a davantage à l’occupation ou au genre de vie dont on fait profession. Les richesses nous font aisément oublier le degré de notre condition, & nous détournent quelquefois des devoirs de notre état. Il est difficile de décider sur la différence des conditions, & d’accorder là-dessus les prétentions des divers états : il y a beaucoup de gens qui n’en jugent que par le brillant de la dépense.

☞ Nous n’avons qu’à jeter les yeux sur la carte du