Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/671-680

Fascicules du tome 2
pages 661 à 670

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 671 à 680

pages 681 à 690


aux Charpentiers à le tailler dans le chantier. Esope a fait une belle fable de Mercure, & du Paysan qui avoit perdu sa cognée. Il y a de grandes cognées à deux biseaux pour équarrir le bois. Les Charpentiers appellent leurs grandes cognées, épaules de mouton, & les petite hachereaux.

Cognée se dit proverbialement en ces phrases. Il est allé au bois sans cognée ; pour dire, il est allé faire une affaire, & il n’a pas porté les choses nécessaires pour la faire réussir. On dit aussi, jeter le manche après la cognée, abandonner tout dans un malheur au lieu d’y chercher du remède. On dit aussi proverbialement, mettre la cognée à l’arbre ; pour dire, commencer une entreprise.

Cognée, outil de Rubanier fait en forme de couteau, sans tranchant, avec un dos épais, dont il se sert pour frapper les usages forts, chaque fois qu’il a passé la trame.

COGNE-FÉTU. s. m. C’est un nom qu’on donne à celui qui se donne beaucoup de peine inutile. Multa agendo, nihil agens. Il ressemble à cogne-fetu, il se tue, & n’avance rien. Il faut dire de toi, comme l’on faisoit de cogne-fetu, qui se tuoit à ne rien faire. Mascur. Expression populaire.

COGNER. v. a. Frapper fortement avec un marteau, ou autre instrument. Tundere clavum, trudere. A force de cogner, on enfonce des clous dans du bois, un pieu dans la terre. Cogner un clou, une chéville.

Cogner signifie aussi, heurter, faire du bruit. Fores pulsare. Cognez à la porte, on vous ouvrira. Les enfans prennent plaisir à cogner, à faire du bruit.

Cogner signifie aussi, battre ou blesser. Impingere, illidere, caput allidere in aliquid. Il s’est blessé en se cognant contre un volet, contre un mur, il s’est fait une bosse.

On dit, il faudroit se cogner la tête contre un mur ; pour dire, que quelque soin que l’on prenne, on ne réussira point en quelque affaire.

Cogner un chapeau sur le billot. C’est en frapper le dessus de la tête, pour en faire mieux la forme.

Cogner les coins d’un livre, terme d’un Relieur. C’est frapper sur chaque coin du carton d’un livre, pour redresser ces coins, s’ils sont rebroussés.

☞ Ce mot cogner ne peut avoir lieu que dans le discours familier, ou dans les boutiques parmi les ouvriers.

Cogné, ée. part.

Tous ces mots viennent du latin cuneus, un coin. Cogner se dit comme cuneum adigere, faire entrer un coin dans du bois.

Cogner. Voyez Coignassier.

COGNET, s. m. terme de fabrique de marchandises de tabac. On appelle cognets en Guienne, des espèces de rolles de tabac, faites en cônes, dont on se sert pour unir & serrer les rolles quand on en a rempli les futailles, de peur qu’ils ne s’éventent & ne se brisent dans le transport.

☞ COGNEUX, s. m. terme de Fondeurs en sable. Espèce de petit bâton dont ils se servent pour frapper le sable dont ils forment leurs moules.

☞ COGNI. Ville de la Turquie en Asie, capitale de la Caramanie avec un Archevêché sous le Patriarche de Constantinople.

☞ COGNIOL, s. m. sorte de poisson semblable au maquereau, excepté qu’il n’est pas si gros.

COGNOIR. s. m. Instrument de buis, qui sert au Compositeur d’Imprimerie, lorsqu’il veut chasser les coins avec lesquels il serre & arrête la forme dans son chassis.

COGNON, s. m. vieux mot qui paroît signifier ce que nous entendons par cognomen.

Pire es que le cruel Néron,
Néronissime est ton Cognon.

COH.

☞ COHABITATION, s. f. dans le sens propre signifie habitation de plusieurs personnes ensemble ; demeure commune. Contubernium. La cohabitation entre plusieurs personnes fait présumer une société tacite.

☞ Quelquefois il se dit de l’état du mari & de la femme qui ont une demeure commune, qui vivent ensemble ; une cohabitation publique assure la validité du mariage & l’état des enfans.

☞ Quelquefois par cohabitation entre conjoints ; on entend la consommation du mariage. Copulatio.

☞ Entre autres personnes que mari & femme, cohabitation signifie un commerce criminel. Flagitiosum commercium. Commerce charnel entre deux personnes qui vivent ensemble sans être unies par les liens du mariage.

☞ COHABITER. v. n. Il a les mêmes significations que cohabitation.

COHARD. Voyez Guichard.

☞ COHEN. Les Juifs se servent encore aujourd’hui de ce mot qui signifie Sacrificateur, quoiqu’ils n’aient plus de temple ni de sacrifices ; de sorte que c’est plutôt un titre d’honneur & une qualité dont ils se flattent, qu’une dignité effective : outre que dans la misère à laquelle ils sont réduits depuis tant de siècles, ils ne peuvent plus distinguer les tribus, pour se dire Lévites & race de Sacrificateurs.

COHÉRENCE, s. m. terme didactique. ☞ Dans le sens propre, il est synonyme à Cohésion. Voyez ce mot. Dan le sens figuré, il se dit de la liaison, de la convenance que les parties d’un discours ont les unes avec les autres. Cohœrentia in sermone. Tout ce livre n’est composé que de sentences, ou de fragmens qui n’ont aucune cohérence, ni liaison les uns avec les autres. La fin de son discours en contredit le commencement, ils n’ont aucune cohérence, ni conformité.

☞ COHÉRITIER, IÈRE. s. m. & f. Héritier qui partage avec un ou plusieurs autres héritiers la succession d’un défunt. Coheres. Les procès naissent ordinairement entre cohéritiers.

COHÉSION, s. f. adhésion, fonction de deux choses ensemble. Cohæsio. ☞ Ou plutôt c’est la force par laquelle les particules primitives des corps sont attachées les unes aux autres pour former les parties sensibles de ces corps, & par laquelle ces parties sensibles sont unies & composent le corps entier. La cohésion des corps, selon quelques Physiciens, dépend de la quantité du contact de leurs parties élémentaires, & celles-ci sont plus ou moins cohérentes, selon leur figure. La cohérsion n’est jamais plus forte, tout le reste étant égal, que lorsque les parties se touchent par des surfaces planes. Plus la cohésion des parties est grande, plus le corps approche de la dureté. Il y a une loi particulière de la cohésion, que toutes les parcelles ont une force attractive, c’est-à-dire, que si elles sont voisines, elles tendent d’elles-mêmes les unes vers les autres : la cause de ce mouvement nous est inconnue. Elémens Matématiques de Physique de S. Gravesande.

COHI. s. m. Grande mesure de continence ; dont on se sert dans le Royaume de Siam pour mesurer les grains, graines & légumes secs. Le cohi doit peser 5000 livres juste.

COHIER ; s. m. espèce de chêne. Ses feuilles sont plus longues & plus larges ; & son gland est plus court que celui du chêne ordinaire. Les Bucherons disent que c’est la femelle du chêne.

COHOBATION, s. f. terme de Chimie. Distillation plusieurs fois réitérée d’une même matière, avec le suc qui en a été extrait. C’est une espèce de circulation.

La cohobation consiste à verser la matière distillée sur la matière d’où elle est sortie, & à la faire distiller de nouveau : ce qui se pratique pour ouvrir & pour ramollir davantage les corps, & pour rendre plus subtils & plus pénétrans les esprits qu’on en veut tirer. Liquorem denuò percolare, distillare.

COHOBER, v. a. terme de Chimie. ☞ Voyez Cohobation. Distiller à plusieurs reprises une même liqueur en la reversant sur la même substance dont elle a été tirée, ou sur une nouvelle substance semblable à celle-là. Cohober une liqueur.

COHORD, s. m. nom d’homme. Ce mot se dit encore de trois différentes manières : Gohard, Gunhard, Guichard. Il paroît que Gunhard est le véritable nom, & que les autres n’en sont que des corruptions. C’est aussi le sentiment de MM. de Sainte-Marthe. Gunhardus. S. Gohord étoit Evêque de Nantes au IXe siècle. Il fut tué en 843, le jour de S. Jean Baptiste, par les Normands, qui s’emparèrent de la ville. L’Eglise de Nantes & celle d’Angers font la fête de S. Gohord, comme d’un martyr. Voyez sur ce Saint le Gallia Christiana, première édit. T. III, p. 764, 765.

Il paroît, par ce qu’on a dit, que les noms si communs en France, Gohard, Guichard, Guyard, viennent originairement de Gunhardus. Gohord en vient aussi, par le changement de l’u & de l’a en o, & du g en c, changemens qu’on a faits si souvent.

☞ COHORTAL, s. m. terme d’Hist. ancienne. Serviteur du Préfet du Prétoire.

COHORTE, s. f. c’étoit chez les Romains un corps d’infanterie composé de cinq ou six cens hommes. Cohors. Le mot de cohorte répond aujourd’hui à ce que nous appelons un bataillon. Elle étoit divisée en trois manipules, ou compagnies. Le Centurion de la première cohorte s’appeloit Primipilus, & portoit l’Aigle ou l’étendard de la Légion. Une Légion étoit composée de dix cohortes. Il soutint avec quelques cohortes l’effort des ennemis. Du Rier.

Messieurs de Port Royal ont traduit dans leur Version du Nouveau Testament le mot latin cohors par celui de compagnie. Le P. Amelote a fait la même chose : mais les Peres Jésuites de Patis & M. Simon ont conservé le mot cohorte. Et en effet nos Compagnies ne répondent pas à la cohorte Romaine. Les derniers Traducteurs ont aussi gardé dans leurs Versions du Nouveau Testament le mot de Centurion, où il y a dans le latin Centurio, que les premiers ont exprimé par Centenier.

Dans un ordre de bataille, voici comment les cohortes étoient rangées, & les Postes qu’elles occupoient. La première cohorte avoit la droite de la première ligne, comme les Compagnies de Grenadiers de nos régimens ; les autres suivoient dans l’ordre naturel, en sorte que la troisième étoit au centre de la première ligne de la légion, & la cinquième à gauche, la seconde entre la première & la troisième, & la quatrième entre la troisième & la cinquième : les cinq autres cohortes formoient la seconde ligne dans leur ordre naturel, ainsi la sixième étoit derrière la première, & les autres de suite. La première, la troisième & la cinquième cohorte étoient les meilleures ; on en juge par les postes qu’elles occupoient, que les Romains regardoient comme les plus importans : ce n’est pas que les Généraux Romains n’ayent changé cet ordre de bataille, lorsque la situation du lieu, la surprise, la nécessité de faire une évolution par un simple demi-tour les y obligeoient, de même que nos Généraux ne rangent pas toujours les troupes selon l’ordre des régimens. On croit que Marius fut le premier qui divisa la milice Romaine en cohortes. Voyez Modestus & Vegetius. La première cohorte s’appeloit militaire, Cohors militaris.

Cohorte Prétorienne, c’étoit une troupe de soldats choisis qui servoient de garde au Préteur ou au Général. Cohors Prætoria.

☞ En Poësie on se sert du mot de cohorte ; pour dire, les soldats, les gens de guerre. Il avoit avec lui ses vaillantes cohortes.

Ta valeur arrêtant les troupes fugitives,
Rallia d’un regard leurs cohortes craintives. Boil

☞ On se sert encore de ce mot pour désigner une troupe de toutes sortes de gens quels qu’ils puissent être. Turba, turma, caterva. Le Prévôt est venu accompagné de toute sa cohorte. On voyoit accourir le peuple par nombreuses cohortes.

Il brave des Sergens la timide cohorte. Boil.

Que fait autour de votre porte
Cette soupirante cohorte. La Font.

COHUAGE, s. m. terme de Coutumes. Cohuagium. C’est un droit qui se lève & se prend sur les marchandises qu’on porte aux cohues ou marchés.

☞ COHUE, s. f. vieux mot qui paroît avoir signifié primordialement, assemblée. Depuis il s’est dit des assemblées tumultueuses, ou il se faisoit beaucoup de bruit. De-là vient que ce mot se trouve affecté aux halles, aux marchés, aux foires.

☞ On s’en est servi pour signifier l’assemblée des Officiers de Justice, qui se faisoit en certain lieu pour juger les procès ; comme on voit dans les Ordonnances de l’Echiquier de Normandie de l’an 1383. Tribunalia in quibus judicia exercentur. On s’en est servi depuis pour signifier le lieu destiné à tenir la Justice dans des villages par des Juges pédannés : il est ainsi appelé a coeunte multitudine, selon Chopin. Du Cange croit qu’il vaut mieux le dériver du latin chaos. Il vient plutôt de coui, qui est un vieux mot celtique, ou bas-breton, signifiant la même chose. Ménage témoigne que coua a été dit autrefois pour halle. Or c’est dans les halles que se tiennent la plûpart des petites Justices. On appelle encore la halle, & cohue de Quintin en Bretagne, le lieu où se font les publications de Justice. Il y en a encore plusieurs semblables en Poitou. ☞ C’est dans ce sens qu’on dit aller à la cohue. Le Procureur que je cherchois étoit à la cohue.

Cohue, se dit figurément des assemblées tumultueuses, où il n’y a point d’ordre, où tout le monde parle à la fois. Hominum inter se vociferantium tumultus. Il signifie de plus, criallerie, cris de plusieurs personnes à la fois. On tenoit autrefois de belles conférences chez un tel ; mais il est venu tant d’impertinens, que cela est dégénéré en cohue. Vous trouverez là une cohue souvent fort confuse ; mais assez réjouissante. La cohue vaut mieux pour un peu de tems, & le sérieux pour un commerce qui doit avoir de la suite.

COHYNE. s. m. Arbre de l’Amérique dont les feuilles ressemblent à celles du laurier. Son fruit est aussi gros qu’un melon, & de la figure d’un œuf d’Autruche. Les Indiens en font des tasses : il ne vaut rien pour manger, mais on assûre que sa chair étant pilée & appliquée sur la tête, en appaise les douleurs. Dict. de James. Voyez Calebassier.

COI

COI, COIE. adj. Ce mot n’est guère en usage au féminin. Il signifie, qui n’a aucun mouvement, qui est tranquille, en repos. Quietus, tranquillus, pacatus, sedatus. Tandis que tout est en guerre, ce Philosophe se tient coi dans sa maison. Après cet orage la mer devint coie pendant vingt-quatre heures. Il ne fait pas la moindre haleine de vent, le temps est coi.

On le dit figurément. J’ai une raison péremptoire à alléguer qui le fera taire tout coi. Il y avoit bien des ligues autrefois dans la France : maintenant tout est coi, personne ne remue.

Cois & discrets on les voyoit paroître. Boil.

Nonobstant ces exemples & ces autorités, le mot de coi n’entre guère que dans ces façons de parler, se tenir coi, demeurer coi. Acad.

☞ Dans le remontage des rivières, on dit que les chevaux qui tirent les batteaux font coi, quand ils s’arrêtent à cause de la difficulté du chemin.

COIAND, s. m. poids, & tout ensemble mesure de Cambaye, dans les Indes orientales. Cinq coinangs font quatre lasts.

☞ COIAU. Voyez Coyau.

☞ COIEMENT. adv. Vieux mot synonyme de tranquillement.

☞ COIFFE. L’Académie suit cette orthographe, qui paroît assez usitée. Voyez Coeffe.

COIGNASSE. s. f. Coin sauvage, plus petit & moins jaune que l’ordinaire. Cydonea silvestris. L’Académie écrit cognasse.

COIGNASSIER ou COGNASSIER ou COGNIER. s. m. Cydonia, malus cydonia ou cydonea. Arbre d’une moyenne grandeur, & dont le bois est dur, blanchâtre, couvert d’une écorce lisse & brune, ou un peu cendrée. Ses feuilles ressemblent à celles du pommier, mais elles sont blanches & chargées d’un duvet fin en dessous. Ses fleurs sont plus grandes que celles du poirier, de couleur de chair, & naissent alternativement le long des branches. Elles sont à cinq pétales, & leur odeur est douce. Son fruit s’appelle Coin. Voyez Coin.

Quelques Jardiniers disent que le coignier est le mâle, & le coignassier la femelle : ☞ Distinction chimérique. Les Jardiniers appellent coignier une certaine espèce de coignassiers rabougris, chétifs, ayant des branches confuses & menues, la feuille petite, le fruit rond, petit & pierreux, pour le distinguer du coignassier à fruit long, de la forme d’une poire de bon chrétien, moins pierreux, plus gros, & moins âpre. Cette espèce, qui est une des meilleures, & dont on fait le plus d’usage pour la greffe du poirier, a le pié vigoureux, l’écorce unie, noirâtre, & pousse de beaux jets.

☞ Parmi les Botanistes, les coignassiers se distinguent par les fruits plus ou moins gros, plus ou moins âpres. Il y en a plusieurs espèces qui n’ont ni agrément, ni utilité.

☞ Le Coignassier de Portugal est la plus belle espèce & la plus propre à faire réussir la greffe du poirier. On le reconnoît à ses feuilles, qui sont beaucoup plus larges que celles des autres espèces ; ses rameaux sont moins confus & plus droits, ses fruits plus beaux & plus précoces.

☞ Les Coignassiers viennent de bouture, & c’est le meilleur expédient pour se procurer des sujets propres à être greffés. Comme le Coignassier donne peu de bois, les poiriers qu’on greffent dessus, s’élèvent moins, se mettent plus promptement à fruit, & le donnent ordinairement plus beau que s’ils étoient greffés sur des sauvageons.

☞ Le Coignassier demande une terre mêlée de sable, plus grasse que maigre.

Le coignassier a été appelé cidonia malus en latin, de Cydon, ville de Candie, d’où ce fruit fut porté en Grèce. Les meilleurs espèces viennent de Nevers & d’Orléans.

Sur coignassier, terme de Jardinier, c’est-à-dire, enté sur coignassier. Toutes sortes de poires réussissent aussi-bien sur franc que sur coignassier. La Quint. Les poires de bon chrétien d’hiver sur coignassiers acquièrent plus aisément la couleur jaune & incarnate qu’on y souhaite. Id. Les virgoulés & les robines fructifient plutôt sur coignassiers. Id. On sous-entend entés, entées.

COIMBRE. Voyez CONIMBRE.

COIMENT. Voyez COIEMENT. adv.

COIN. s. m. Endroit où se fait la rencontre des deux côtés de quelque chose ; angle formé de deux surfaces inclinées l’une vers l’autre. Angulus. Il se dit, tant de l’angle extérieur, comme le coin de rue, ou de la muraille, que de l’intérieur, comme le coin d’une chambre, le coin de la cheminée.

Ce mot vient de cuneus. Nicod. Ce qui a donné le nom au coin des monnoies, à cudendis monetis. Coin, cuneus : & κῶνος (kônos), sont pris du Celtique Cuen, ou Cyn. Pezron.

Coin se dit aussi des extrémités de quelque chose. Extrema, partes extremæ. Ce voyageur a vu les quatre coins du Monde. J’ai fait les quatre coins de Paris, pour vous chercher. Les Hérétiques ont allumé la guerre aux quatre coins de la France.

☞ On dit les quatre coins & le milieu d’une contrée, d’un pays, &c. pour dire, tout l’espace que renferme ce pays, cette contrée. J’ai couru les quatre coins, & le milieu du bois, pour vous chercher.

☞ On dit, regarder du coin de l’œil, regarder à la dérobée, sans faire semblant de rien, ou de travers. Limis oculis aspectare, aspicere, intueri. Faire signe du coin de l’œil.

Coin se dit aussi de quelque lieu écarté & solitaire. Secessus, recessius, solitudo, extrema pars. Le Prince de Condé fut assassiné au coin d’une haie, après la bataille de Jarnac. Ce Savant est allé fouiller dans tous les coins & recoins de l’Antiquité. Vetera Antiquitatis monumenta. S. Evr. Je vois ces effroyables espaces de l’Univers qui m’enferment, & je me trouve attaché à un coin de cette vaste étendue, sans avoir pourquoi je suis plutôt placé en ce lieu, qu’en un autre. Pasc. Elle mourut de misère au coin d’un buisson. Mlle l’Héritier.

Qu’heureux est le mortel, qui du monde ignoré,
Vit content de soi-même en un coin retiré. Boil.

Coin signifie encore ☞ un petit espace dans une maison, un endroit qui n’est pas exposé à la vue. Angulus, locus abditus. Il est logé dans un coin. Je n’ai besoin que d’un petit coin. Cachez-vous dans un coin. Jetez cela dans un coin.

☞ En termes de jeu de Paume, tenir son coin, se dit, lorsque deux hommes, jouant partie contre deux autres, chacun d’eux défend son côté, sans qu’ils aient la permission de s’aider réciproquement.

☞ Au figuré, tenir son coin dans une Assemblée, c’est parler à son tour, de manière à se faire distinguer : expression familière.

Coin, terme de Trictrac. C’est la onzième case, en comptant depuis celle qui est voisine du tas des dames, & qui est effectivement à l’un des coins du trictrac. On dit, faire son coin ; pour dire, faire la onzième case, y mettre deux dames. Prendre son coin, c’est la même chose que faire son coin. Pour faire son coin, il faut du coup de dé y pouvoir mettre deux dames à la fois ; & pour le prendre plutôt & plus facilement, il faut avoir toujours, s’il est possible, des dames sur les cases de quine & de sanne, sur-tout quand celui contre qui on joue, a le sien. On l’appelle aussi coin de repos. Quand on dit simplement coin de trictrac, on entend toujours parler du coin de repos, qui est, comme on l’a dit, la onzième case. Traité du Trictrac. Battre le coin de son adversaire, c’est comme battre une dame, c’est, du nombre du dé que l’on a amené, tomber sur le coin de son adversaire, quand il n’est pas fait, qu’il est encore vide, qu’il n’y a point de dames.

On dit, les coins de sanne & de quinne, c’est la sixième & la cinquième case, qu’on appelle aussi coin bourgeois. Traité du Trictrac. Sortir son coin, c’est en tirer les dames. Ibid. Il seroit plus régulier de dire sortir de son coin.

Coins Bourgeois, autres termes de Trictrac. Ce sont les deux coins qui sont les plus près de la charnière, par rapport à chaque joueur, ou bien, c’est pour chaque joueur la cinquième & la sixième flèche. Quelle que soit la signification de ces termes, il est certain que dans un commencement de partie, on doit chercher à garnir ces coins bourgeois le plutôt qu’on peut.

Coin arrondi. Il y a plusieurs fruits dont les coins sont arrondis, c’est-à-dire, que leur arête est rabattue & arrondie. Dict. de James.

Coin se dit aussi de plusieurs ornemens qu’on met à diverses choses. Angulos, partes extremas vestire, tegere auro, vel argento. Il a fait mettre des coins d’argent à cette cassette, à cette table, à cette paire d’Heures ; pour dire, des plaques d’argent aux extrémités. Il a fait broder les coins de son bas de soie : c’est l’endroit qui est vers la cheville du pié, ou l’estame & le tissu se divisent.

Coins se dit aussi de petits ouvrages de marqueterie, armoires, ou tablettes qui se placent dans les angles des appartemens.

Coin se dit encore des faux cheveux que les hommes & les femmes ajoutent à leurs cheveux naturels, pour les faire paroître ou plus épais ou plus longs ; mais en ce sens il ne se dit guère qu’au pluriel. Mentiti capilli, falsa coma. Il a été obligé de prendre des coins, à cause que ses cheveux sont trop courts : ce sont des cheveux postiches, que les hommes mettent pour faire paroître leurs cheveux plus longs, & que les femmes portoient autrefois pour retrousser & enfler leurs coëffures. Comme Louis XIII aimoit les cheveux, on lui fit plaisir de les porter longs : ce changement embarrassa les Courtisans ; ceux de la vieille Cour, qui étoient à demi-rasés, furent contraints, pour se mettre à la mode, de prendre des coins ou perruques. Le Gendre.

Coin, en termes de Fauconnerie, se dit des plumes qui forment les deux côtés de la queue de l’oiseau. Latus. Les deux grandes pennes du milieu de la queue sont appelées les couvertes ; les deux premières de chaque côté sont les premières du coin, les suivantes, les deuxièmes du coin, & ainsi des autres.

Coin, terme de Doreur sur tranche. C’est un petit ornement autour des bouquets, qui sont sur le dos des livres reliés. Impressæ librorum teguminis notæ. Pousser les coins se dit aussi du petit fer qui est figuré, & qui ayant un manche de bois, sert à pousser les coins sur le dos des livres. Typus ferreus signandis librorum tegumentis.

Coin, en termes de Maréchallerie, se dit des quatre dents du cheval situées entre les mitoyennes & les crocs, qui poussent lorsque le cheval a quatre ans & demi. Dentes extremi.

Coins se dit aussi, en termes de Manége, des quatre angles, extrémités, ou lignes de la volte, lorsque le cheval travaille en carré. Ce cheval a fait les quatre coins. Anguli.

Coin signifie, dans les Méchaniques, une pièce de bois ou de fer, plate & fort aiguë, qui sert à fendre, presser, ou élever d’autres corps. Cuneus. Le coin est le second principe des Méchaniques, qui a la force de feux leviers inclinés l’un vers l’autre, & qui agissent à droit & à gauche. Les plus gros arbres se fendent avec des coins. Les cognées, couteaux & autres instrumens fendans & tranchans, n’agissent que par la vertu du coin. ☞ La hauteur du coin est toujours représentée par une ligne perpendiculaire tirée du sommet sur la base. Suivant les principes de la Méchanique, la vîtesse de la puissance qui se sert du coin, l’emporte autant sur la vîtesse de résistance, ou des parties qu’il faut diviser, que la hauteur du coin l’emporte sur sa base ; parce que le coin poussé par la puissance ne peut pas s’enfoncer de toute sa hauteur dans un morceau de bois, sans en séparer les parties de toute la longueur de sa base. C’est pour cela, sans doute, que les coins aigus qui ont beaucoup de hauteur & peu de base, augmentent considérablement la vîtesse de la puissance. Les Canonniers ont des coins de mire, qui sont des pièces de bois, minces par un bout, & épaisses par l’autre, qui servent à élever la culasse des canons pour les pointer. Les Menuisiers, les Tonneliers ont des coins pour serrer ou presser les chassis, les cerceaux, & autres ouvrages. Les Imprimeurs chassent des coins dans leurs formes pour les serrer & tenir en état. Les Maçons ont aussi des coins ou cales sur lesquels ils posent leurs pierres. Les Cordonniers en ont aussi, & ce sont de petits morceaux de bois pour hausser le cou du pié des souliers, lorsqu’ils sont sur la forme.

Coin, terme de Facteur d’Orgues. C’est un petit morceau de bois, de figure conique, qui sert à boucher le trou que l’anche & la languette des jeux d’anche laissent dans la noix.

☞ Chez les Jardiniers, le coin est un instrument qui sert, dans la greffe, à ouvrir la fente que le couteau a commencée.

Sur mer, on appelle coins du mât, des coins de bois traversé, des chevilles de fer, qui servent à resserrer le mât, quand il est trop au large dans l’étambraie du pont ; coins d’arimages, des coins qu’on met entre les futailles en les arimant ; coins de chantier, des coins qu’on met entre les tins & la quille, lorsqu’on la pose sur le chantier ; on les enfonce à coups de bolin, lorsqu’on veut lancer le vaisseau à l’eau. Les Serruriers appellent coins leurs tranchoirs à fendre.

On trouve quelquefois en Angleterre, en fouïssant la terre, des instrumens de cuivre, qui ont la forme d’un coin. Ils sont de différentes grandeurs, depuis trois jusqu’à quatre pouces de longueur, & larges d’un pouce & demi. Ils sont affilés par un bout comme une hache, s’élargissant un peu à ce bout-là ; & par l’autre bout, & tout le reste de leur corps, ils sont carrés. Ils sont creux & ouverts par le gros bout opposé à celui qui est tranchant ; à l’un des côtés de ce gros bout est une petite anse. Les côtés ont l’épaisseur d’une ligne environ, quelquefois plus & quelquefois moins. Ce n’est pas seulement en Angleterre qu’on en trouve, il y en a aussi en France. J’en ai vû dans le Cabinet de M. Foucault, qui ont été déterrés en Normandie, & j’en ai un qui en vient aussi. Il a quatre pouces de long, un pouce de large sur chaque face à l’endroit aigu, un pouce & sept lignes dans sa plus grandes largeur. Les Antiquaires sont partagés sur l’origine & l’usage de ces coins. Quelques-uns les ont pris pour des pointes de flèches, ou des haches d’armes des anciens Bretons ; mais, en vérité, ils sont trop gros pour des pointes de flèches, & paroissent bien petits pour des haches d’armes. D’autres ont cru que c’étoient des têtes de Catapultes des Romains. Speed, Historien Anglois, a cru que c’étoient des armes des anciens Bretons. M. Hearne, habile Antiquaire Anglois, n’est pas de ce sentiment, parce que ces coins n’ont aucun rapport à aucunes des armes des anciens Bretons que nous connoissons. De plus, puisqu’on en trouve en France, il ne paroît pas que ce soient des armes des Bretons ; car, de prétendre que les Bretons étant originairement Gaulois, leurs armes & celles des Celtes étoient semblables, & que les coins que l’on trouve en France sont des monumens des anciens Gaulois ; cela ne paroît pas vraisemblable, parce qu’aucune des armes gauloises, que nous connoissons beaucoup mieux que celles des Bretons, n’ont de rapport à ces coins. M. Hearne a cru d’abord que c’étoient des instruments servans aux sacrifices chez les Romains, mais ils ne ressemblent point à toutes les figures que nous en avons. Ainsi il conclut que c’étoient des ciseaux dont les Romains se servoient à tailler & à polir les pierres dont ils faisoient les murailles qui entouroient leurs camps. Le trou qu’on y voit servoit à les emmancher, & la petite anse à les pendre à la ceinture des soldats & ouvriers ; & en effet, les soldats sont ainsi représentés sur la colonne Trajanne. D’ailleurs, rien n’est plus commun parmi les Anciens que les instrumens de cuivre. Tous les Auteurs en parlent ; & Cambden prouve que non seulement les outils, mais aussi les armes des Grecs, des Cimbres & des Bretons, étoient de ce métal, auquel les Anciens savoient donner une trempe qui nous est inconnue. Un curieux Antiquaire, qui depuis quelques années, a trouvé de ces coins dans l’Île de Man, aussi bien qu’un grand nombre d’urnes, avec des inscriptions Rhuniques, conclut de-là que ce sont des monumens ; parce que les Romains, dit-il, n’ont jamais mis le pié dans cette Île. Mais M. Hearne n’est pas de son avis ; car Plutarque assure qu’un nommé Démétrius passa à l’Île de Man sous l’Empereur Adrien.

Un Curieux de France a conjecturé que ces coins, emmanchés d’une manière convenable, pouvoient servir aux soldats pour escalader les murs, ou pour monter par dehors sur des machines de guerre, en les faisant entrer à force dans les joints des pierres, des poutres, ou des ais ; & que la petite boucle servoit à les pendre à la ceinture des soldats. Mais en vérité, ces instrumens sont bien peu propres à entrer dans les joints des pierres, ils sont trop gros. Un autre croit au contraire que ce sont les dents des roues avec lesquelles on bandoit les balistes. Il s’appuie de l’autorité de Vitruve, qui dans le ch. 16 de son Xe Liv. dit en effet, qu’il y avoit des balistes que l’on bandoit avec des roues à dents : d’où cet Antiquaire prétend que les coins en question, creux en dedans, étoient employés à emboîter des morceaux de bois, qui étoient attachés comme des dents à tenons & à mortoises, aux jantes des roues, qui servoient à bander les balistes : ces roues, dit-il, étoient ensuite arrêtées par des crémaillères, & attachées aux deux côtés de la baliste. L’anse ou l’anneau, qui est à côté des coins, servoit, selon lui, à les emboîter ou déboîter plus aisément, en y passant une petite barre de fer pour les frapper. Les grandeurs différentes, ajoute-t’il, font voir qu’ils servoient à des roues de différentes grandeurs. Voyez la Dissertation de M. Hearne sur des Monumens anciens trouvés dans la province d’Yorck, & les Mémoires de Trévoux 1713, pag. 287 & 1534, & 1714, pag. 1777.

Coin, terme de l’Art Militaire chez les Anciens. Cuneus. On donnoit ce nom, selon Végece, à un corps de Troupes rangées en forme de coin, qui va en s’étrécissant par le front : ce triangle servoit à rompre la ligne des Ennemis. Selon M. le Chevalier Folard, le Cuneus des Anciens n’avoit pas la figure d’un coin : c’étoit un corps de Troupes qui avoit beaucoup de profondeur, & peu de front. Il répondoit à nos colonnes.

Coin, en Architecture, est une espèce de dé coupé diagonalement suivant le rampant d’un escalier, qui sert à porter en bas des colonnes de niveaux, & à racheter par en haut la pente de l’entablement qui soûtient un berceau rampant. Lapis in cuneum sectus. Ces coins font aussi le même effet aux balustres ronds qui ne sont point inclinés suivant une rampe.

Coin de Beurre, c’est une pièce de beurre d’une livre, ou demi-livre, qui est de figure plate, & pointue par les deux bouts. Butiri massa cunei in speciem informata.

Coin, en termes de Monnoie, est le morceau de fer trempé & gravé, qui sert à marquer, à frapper les monnoies, les médailles, les jetons. Typus monetalis. On change tous les coins des monnoies. Cet écu est marqué d’un faux coin.

On appelle aussi coin, le poinçon, la marque qu’on met sur la vaisselle d’argent ou d’étain. Typus vasis aut ex argento aut ex plumbo candido signandis. Cette aiguière d’argent est du coin ou du poinçon de Paris. Ce Maître Potier d’étain a un tel coin, une telle marque. Chaque Maître est obligé de porter son coin, de laisser une empreinte de sa marque sur une table au Greffe de la Cour des Monnoies, à l’égard des Orfèvres ; ou au Greffe de la Police, à l’égard des autres ouvriers.

☞ On dit d’une médaille qui s’est très-bien conservée, qu’elle est à fleur de coin.

Coin, pris aux deux derniers sens, se dit figurément des bonnes & des mauvaises qualités ; mais plus ordinairement il ne se dit que des bonnes. Ainsi, l’on dit d’un homme qui a plusieurs bonnes qualités, qu’il est marqué au bon coin. Notâ de meliore. Cela se dit aussi des ouvrages qui ont quelque chose d’excellent. Tout est grand & admirable dans la nature, il ne s’y voit rien qui ne soit marqué au coin de l’ouvrier. La Bruy.

Toi qui sais à quel coin se marquent les bons vers.Boil.

Un Poëte a dit en parlant de la Cour.

Là de dehors trompeurs le crime revêtu,
Est marqué bien souvent au coin de la vertu.

Nouv. choix de vers.

Coin. s. m. Quelques-uns écrivent coing. C’est le fruit du coignassier. Cotoneum, Malum Cidonium ou Cydonium.

Ce fruit naît de la partie postérieure de la fleur & du calice du Coignassier. Voyez ce mot. Il est de la figure d’une poire ou d’un cône renversé, inégal sur sa surface, & couvert d’un coton épais, blanchâtre, qui s’efface à mesure que ce fruit mûrit : pour lors il est d’un jaune d’or & d’une odeur forte. Sa chair est ferme, d’un goût très-austère & très-âpre, & de couleur de miel. Le milieu de ce fruit est partagé en cinq loges, qui renferment quelques semences ou pepins semblables à ceux de la poire, & enduites d’un mucilage qui se fond dans l’eau.

Sa semence est d’usage en Médecine : on recommande son mucilage dans plusieurs occasions, où il faut calmer de grandes inflammations, comme celles des yeux, des hémorrhoïdes, &c. Les Médecins se servent encore du syrop de coin dans les dyssenteries & les cours de ventre. Voyez Cotignac.

Sa couleur jaune, a passé en proverbe, & l’on dit d’un homme qui est devenu jaune, ou qui a la jaunisse, qu’il est jaune comme un coin.

COINDICANS. adj. m. pl. Terme de Médecine. Se dit des signes qui concourent avec les symptômes particuliers à la maladie ; par exemple, l’âge & la force du malade, la saison, la coutume, & autres circonstances semblables. Συνενδειϰνύμενα.

COINDICATION. s. f. Coindicatio. C’est la connoissance de certains signes qui autorisent l’indication qu’on a prise. Ces signes sont appelés coindicans, comme les forces du sujet, son âge, la saison, le pays, la coutume, &c. Col de Villars.

COINE. Voyez Couene.

☞ COÏNCIDENCE, s. f. terme de Géométrie, se dit des lignes, des figures parfaitement égales, qui, posées l’une sur l’autre, se répondroient exactement. Coincidentia.

Coïncidence se dit aussi, en Physique, des corps qui tombent à la fois, & dans le même temps, sur une même surface. La coïncidence des rayons de lumière.

COÏNCIDENT se dit, dans les mêmes sens, que coïncidence. Coincidens. Lignes, figures, &c. coïncidentes ; qui appliquées l’une sur l’autre se répondent parfaitement, se confondent.

☞ Rayons coïncidens qui tombent à la fois sur la même surface.

☞ COÏNCIDER, v. n. terme de Géométrie. Coincidere. Voyez Coïncidence & Coïncident. On le dit des figures, des lignes, des surfaces qui étant appliquées l’une sur l’autre, se répondent parfaitement, s’ajustent l’une sur l’autre. Ces deux surfaces, ces deux lignes coïncident.

Coincy. Ville de France, dans la Brie Champenoise, à deux ou trois lieues de Château-Thierry.

☞ COING. s. m. Voyez Coin.

COINT, INTE, adj. vieux mot. Mignon, bien ajusté, beau, agréable. Pulcher, venustus, bene ornatus, comtus, elegans, formosus, cultus. Il y avoit plusieurs Dames à cette assemblée toutes-cointes & jolies. Il est hors d’usage. On a dit aussi autrefois choint & chointe, pour coint & cointe.

Ce mot venoit de cultus, qui signifioit, beau, galant, ajusté, propre. Du Cange le dérive de comtus, & dit que cointise étoit autrefois un habit propre, galant & léger. Mais il vient plutôt de coant, qui, en langage celtique ou bas-breton, signifie beau & joli.

COINTE, s. f. nom de femme. Quinta. S. Denys d’Alexandrie décrit le Martyre de Sainte Cointe dans sa Lettre à Fabius d’Antioche rapportée par Eusèbe. Elle souffrit à Alexandrie sous l’Empire de Dèce.

Ce nom, qui s’est formé du latin Quinta, nous apprend comme on prononçoit autrefois Qu.

COINTERIE. s. f. Ce mot est hors d’usage, il veut dire affectation, afféterie.

COINTIE, s. f. vieux mot, qui signifie agrément, gentillesse. Elegantia. Et cointise, discernement.

COINTRE, s. m. drogue médicinale, dont il se fait quelque commerce aux Indes Orientales, particulièrement dans les Etats du Grand Mogol.

COÏON. s. m. Lâche, poltron, qui a le cœur bas, l’ame servile, capable de souffrir toutes sortes d’indignités. Ignævus, vecors. Ceux qui font les braves sont souvent de francs coïons.

Ce mot vient du latin quietus, parce que les poltrons n’aiment pas à se donner de la peine. Il est vieux, populaire, & un peu libre.

COÏONNER, v. a. faire souffrir à quelqu’un des indignités, le traiter en coïon. Probris aliquem lacessere. Un homme qui s’amuse à coïonner les autres, est détesté de tout le monde.

Coïonner est aussi neutre, & signifie dire des coïonneries. Cet homme ne fait que coïonner.

Coïonné, ée. part.

COÏONNERIE, s. f. lâcheté, poltronnerie. Ignavia, vecordia. Il a fait cent coïonneries, cent lâchetés, cent bassesses, pour parvenir au poste où il est. Jamais un brave ne fait ni ne souffre de coïonnerie.

Coïonnerie, signifie aussi un discours impertinent, extravagant. Nugæ, ineptiæ. Les Charlatans amassent & amusent le peuple, en leur disant mille coïonneries. Le valet de l’Arioste ne pouvoit concevoir où son maître avoit pris tant de coïonneries qu’il a laissées par écrit. ☞ Tous ces termes coïon, coïonner, coïonneries sont proscrits parmi les honnêtes gens, & seroient à peine tolérés dans le burlesque.

COIRE, autrement CHUR ou COIRA. Curia. Ville capitale des Grisons, qui a un Evêché suffragant de Mayence, quoiqu’elle ait embrassé la prétendue réforme en 1529. Elle est sur la rivière de Plessur, fort près du Rhin, qui commence là à porter bateau. Les Grisons tiennent ordinairement leurs assemblées à Coire. C’est proche de Coire que l’on trouve dans l’estomac des chameaux des boules de la grosseur d’une balle de paume, que les Allemans prétendent avoir les mêmes propriétés que le bézoard. Voyez le voyage d’Italie de Spon, & Heiss. Hist. de l’Empire.

COIREAUS, s. m. vieux mot qui signifie des bœufs sortant de l’engrais, dont il est fait mention dans Rabelais & autres Auteurs. Boves saginati.

COIS ou CONS, adj. vieux mot, du latin conditus, caché.

COÏT. s. m. Faites ce mot de deux syllabes, & prononcez coït, terme de Médecine. Accouplement du mâle avec la femelle pour la génération, & en particulier de l’homme & de la femme. Coïtus. La nature a invité les animaux au coït par le plaisir, afin de conserver l’espèce. Les grenouilles sont 40 jours dans le coït. Les papillons font 130 vibrations d’aîles dans le coït, à ce que disent Bartholin, & le Journal d’Angleterre.

COITE ou COUETTE ou COETE, s. f. lit de plume. Culcita plumea. Ce mot vieillit. On dit lit de plume. Les Anciens l’ont dit tant des lits de plumes que des matelas.

Nicod dérive ce mot du grec κωίτιον, qui signifie un lit. Ménage le dérive de culcita, qui est le véritable mot latin, pour lequel on a dit par corruption culcitra. Postel le fait venir de κοίτη Pline dit que les coites sont de l’invention des Gaulois & habitant de Cahord. Ce mot a aussi signifié autrefois saie ou robe. Vestis talaris.

Coite, s. f. terme de Marine. On appelle coites, deux longues pièces de bois que l’on met parallèles sous un vaisseau, pour le porter lorsqu’on le veut jeter à l’eau de dessus le chantier. Tigna. Coites de guindas, sont des pièces de bordage, de 14 ou 16 pouces, sur lesquelles sont appuyés les bouts du guindas, & sur lesquelles il tourne horisontalement.

☞ CO-JUSTICIER. s. m. Qui a droit de Justice en commun & par indivis avec un autre Seigneur. Deux Seigneurs qui nomment conjointement aux offices d’une Judicature, au nom de qui s’exerce la Justice, & qui en partagent les émolumens, sont Co-Justiciers relativement l’un à l’autre. Le droit en lui même ne peut se partager quant à l’exercice.

☞ COKER. Nom d’une rivière d’Angleterre, dans le Cumberland, qui se jette dans la rivière de Darwen.

☞ COKERMONT. Petite ville d’Angleterre, dans le Cumberland, au confluent des rivières de Coker & de Darwen. Elle envoie des Députés au Parlement.

COL.

☞ COL. s. m. Partie du corps humain qui joint la tête aux épaules. En parlant de cette partie, on dit coû. Voyez ce mot.

☞ On se sert du mot de col dans différentes phrases par analogie au corps humain.

☞ On appelle col de la matrice, col de la vessie, ce qui est comme l’orifice, l’embouchure de ces parties. Dans ce sens on dit col.

Col de chemise, de rabat, &c. c’est la partie supérieure de la chemise, du rabat qui embrasse le coû.

Col, espèce de cravate sans pendant que l’on porte autour du coû. La mode de porter des cols n’est pas ancienne. Dans tous ces exemples, prononcez col.

Col ou dos de la coquille. C’est le dos des Bivalves au dessus de la charnière. On l’appelle en latin cervix.

Col. Terme de Géographie. Lieu étroit, passage serré entre des montagnes. Fauces, angustiæ. Ce mot s’est formé du latin collum, le cou, parce que ces passages qui se rétrécissent, ressemblent en quelque sorte à cette partie du corps qui se retrécit là, & s’élargit dessus & dessous. Mais quoique dans le propre on ait fait & l’on prononce cou, & non pas col ; dans le figuré, & quand on veut signifier ces passages étroits, on écrit & on prononce cols, & cols au pluriel. Il entra dans le col d’Argentière. Nous débouchions dans la plaine par le col de Limon. Il s’engagea mal-à-propos dans le col de Pertus. Ils occupoient tous les cols des montagnes.

Le col d’Argentière est un passage de France en Italie par le mont & le village d’Argentière, entre le Marquisat de Saluce & le Comté de Nice. Le col de Limon est un passage dans les Alpes sur la montagne de Limon au Comté de Nice. Le col de Pertus est un passage de Roussillon en Catalogne par les Pyrénées, joignant la forteresse de Bellegarde, entre le Volo & Junquère. Il y a encore dans les Alpes le col de Barcelonette, le col de Saultern, le col d’Agnelle, le col de Vars, &c. Ce sont des passages étroits par des lieux qui portent ces noms.

Col. Nom d’une Île de l’Océan, l’une des Westernes.

Col. Nom d’une ancienne ville d’Afrique, au Royaume de Tunis. Ce n’est plus aujourd’hui qu’un village.

COLA, s. m. c’est le nom d’un fruit de Guinée, qui croît à un arbre dans le Royaume de Congy. Il est gros comme une pomme de pin, & renferme sous son écorce d’autres fruits semblables à des châtaignes, dans chacun desquels sont encore contenues quatre petites noisettes rouges ou incarnates. On dit que ces noisettes étant écrasées sous les dents & tenues dans la bouche, éteignent la soif, qu’elles donnent un goût agréables à l’eau où on les fait tremper, & qu’elles la rendent propre à fortifier l’estomac & le foie. Lémery.

☞ COLABRISME, s. m. terme d’Antiquité. Nom que les Grecs donnoient à une sorte de danse qu’ils tenoient des Thraces. On n’en dit pas davantage.

COLACHON, s. m. instrument de Musique fort commun en Italie, qui a deux ou trois cordes, qui est long de 4 ou 5 piés, & qui a la figure d’un luth, excepté qu’il a le manche bien plus long. Mersenne.

COLAFANE ou COLOPHONE. Voyez Colophane.

COLAGE. s. m. Quelques-uns écrivent collage, mais mal. Terme de Coutumes. Le colage est un droit que doivent en quelques endroits au Seigneur les habitans qui ont des bœufs dont ils labourent la terre. Le droit de colage est la même chose que le droit de cornage. Colage vient du latin, colere, cultiver ou de colla boum.

COLAO, s. m. terme de Relation. Ministre d’Etat à la Chine, Officier, Mandarin, aussi considérables à la Chine par leur dignité, que le sont ici les Ministres d’Etat, Imperii Sinici administer. On découvrit que trois Colaos avoient pris sous main de l’argent dans l’administration de leur charge. P. Le Comte. L’Empereur de la Chine a deux Conseils Souverains ; l’un extraordinaire & composé des Princes du sang ; l’autre ordinaire, où entrent les Ministres d’Etat, qu’on nomme Colaos. Ce sont eux qui examinent toutes les grandes affaires, qui font le rapport, & qui reçoivent les dernières déterminations de l’Empereur. Id.

COLAPHISER, v. a. terme burlesque. Souffleter, donner des soufflets. Arlequin, venant d’en recevoir un d’Isabelle, s’écrie :

Il a claqué bien fort. Juste ciel, quel outrage !
Me planter un soufflet au milieu du visage !
Colaphiser ainsi mes lèvres de corail ;
Moi qui voulois par elle ébaucher mon sérail.

Théatre Italien, 1696.

T. I, p. 344; Dict. Com.

COLARBASIEN, ENNE, s. m. & f. & nom de secte. Colarbasianus. Les Colarbasiens étoient des Hérétiques du second siècle, dont le Chef fut Colarbase, disciple de Valentin, qui, aussi bien que Marc, autre disciple du même Maître, prétendoit que toute la plénitude & la perfection de la vérité de la Religion étoit renfermée dans l’Alphabeth grec, & que pour cela J. C. étoit nommé Alpha & Omega, Saint Irén. L. I, c. 10 Tert. de Præscript. C. 53. S. August. hér. C. 14 & 15. S. Epiph. hér. 35. Philastrius, Théodoret, Saint Jean Damascène & Baronius. an. 175 en parlent.

COLARIN, s. m. terme d’Architecture. Frise du chapiteau de la colonne Toscane & Dorique. On appelle aussi colarin, le haut du vif de la colonne, & l’endroit le plus étroit, proche du chapiteau.

COLAS, s. m. terme bas & populaire. Nom propre d’homme, fait par abréviation de celui de Nicolas.

Colas, c’est aussi le nom qu’on donne aux corbeaux que l’on nourrit dans les maisons. On appelle les corbeaux Colas, comme on appelle une pie Margot, un mouton Robin & un âne Martin.

COLATURE, s. f. terme de Pharmacie. Séparation d’une liqueur d’avec quelques impuretés ou matières. Purificatio quæ percolando fit.

☞ Le mot de colature ne se dit presque point de l’opération même. On le dit passivement de toute liqueur passée ou filtrée par le moyen d’un tamis, d’une toile, &c. Colature de sirop de chicorée.

☞ COLAURE. Petite ville d’Asie, au Royaume de Tonquin.

COLBERG. Ville du Cercle de la haute Saxe en Allemagne. Colberga. Elle est dans la Cassubie, province de la Poméranie ultérieure, ou Ducale, sur les côtes de la mer Baltique, où elle a un bon port fréquenté. Colberg a aussi des Salines. Par le Traité de Westphalie elle fut cédée à l’Electeur de Brandebourg en 1648.

☞ COLBROCKE. Petite ville d’Angleterre, dans le Comté de Buckingham, sur les frontières de celui de Midlesex.

COLCAQUAHUITL, s. m. plante de l’Amérique, que l’on appelle Johualxoehil, seu flos orbicularis. On prétend que ses feuilles guérissent la syncope quand on les applique sur la poitrine ; qu’elles excitent la sueur quand on les boit dans de l’eau, qu’elles engraissent ceux qui les mangent frites, après en avoir auparavant exprimé le suc, & qu’elles guérissent les ulcères les plus obstinés quand on les en saupoudre. Cette plante est encore estimée pour la paralysie & les maladies utérines. Ray, Hist. Plant.

COLCHE. s. m. & f. Corneille se sert de ce mot, pour dire les habitans de la Colchide. Colchi. Les Colches avoient l’usage de la Circoncision, d’où Hérodote conclut qu’il étoient Egyptiens d’origine. Quelques-uns croient que Sesostris, après avoir couru l’Asie avec une très grosse armée, laissa là une partie de ses troupes.

Nom d’un ancien Royaume de l’Asie. Colchis. La Colchide étoit bornée au nord par la Sarmatie Asiatique, au couchant par le Pont-Euxin, au sud par le Pont de Cappadoce, & l’Arménie, & au levant par le mont Caucase qui la séparoit de l’Ibérie. C’est la partie de la Géorgie que nous appelons Mingrelie. La Colchide étoit fameuse dans l’Antiquité, sur tout par deux endroits ; la Toison d’or, que les Argonautes y allèrent enlever ; & les herbes venimeuses & magiques que les Poetes feignent qu’elle produisoit.

COLCHIQUE, s. m. ou Tue-Chien. s. m. Colchicum. Plante bulbeuse fort commune, & qu’on dit être pernicieuse aux chiens. On croit qu’elle a pris son nom de la Colchide, qu’on nomme aujourd’hui Mingrelie. Sa racine est composée de deux tubercules, dont l’un est charnu, l’autre fibreux, attachés tous les deux par le côté, aplatis dans cet endroit, voûtés au côté opposé, & enveloppés de quelques membranes d’un brun-obscur. Sa fleur, qui vient en automne, part immédiatement de la racine ; c’est un tuyau, qui s’évasant vers son sommet, se divise en six parties à peu près comme la fleur du lis, & un peu plus petites, de couleur purpurine, & qui ne s’élève qu’à quelques pouces au dessus de la terre. Le pistil se termine par quelques filets déliés, & il devient ensuite un fruit qui ne paroît qu’au printemps, & est environné de trois ou quatre grandes feuilles pareilles à celle lis, & d’un vert plus foncé. Ce fruit est arrondi, partagé en trois loges, qui renferment chacune quelques semences presque rondes. La fleur du colchique annonce la fin de l’été & le retour de l’automne. Les Fleuristes estiment la fleur du colchique lorsqu’elle est double. On trouvoit autrefois dans plusieurs jardins un colchique à fleurs tachées comme celles de la fritillaire. Colchium fritillariæ facie.

☞ On ne prend guère cette plante intérieurement. Son usage demande bien de la précaution. C’est un poison très-actif.

COLCOTAR ou COLCOTHAR, s. m. M. Homberg écrit ainsi ; Académie 1702. Mém. p. 10. au lieu de Colcotar. Il y a deux sortes de Colcothar, le naturel & l’artificiel. Le naturel, qu’on appelle autrement Chaleitis, est le vitriol rouge qui vient d’Allemagne. C’est un vitriol vert, calciné naturellement par quelque souterrain. L’artificiel est aussi un vitriol vert, calciné long temps à grand feu, & qui par ce moyen est devenu rouge comme du sang. C’est encore le marc qui reste dans la cornue après la distillation du vitriol.

Prenez trois livres de colcothar, c’est-à-dire, de la tête morte qui reste après la distillation de l’huile de vitriol. Homberg. La lixivation du colcothar de vitriol. Id. p. 52.

☞ COLDING. Ville de Dannemarck dans le Nord Jutland, aux confins du Sleswig. Lat. 55° 29′.

☞ COLDITZ. Petite ville du cercle de la haute Saxe, dans le Territoire de Meissen en Misnie, sur la Mulde, entre les villes de Grim & de Rochlitz.

COLE, vieux mot qui signifie bile. Bilis. On le dit encore en cette phrase. Chaude cole, qui signifie bile émue, fervens bilis, il vient de cholera.

COLÉE, s. f. vieux mot. Coup d’épée sur le cou.

COLÉGATAIRE, s. m. terme de Palais & de droit. Légataire avec un autre. Celui à qui, conjointement avec un ou plusieurs autres, on a fait des legs dans un Testament. Colegatarius. Le Testateur a exempté mon colégataire ou mes colégataires de toutes les charges, & les a toutes mises sur moi.

COLERA-MORBUS. s. f. Epanchement de bile fort subit, qui donne un grand débordement par haut & par bas, qui est si dangereux, qu’on l’appelle autrement un trousse-galand. Cholera repentina, bilis infra supraque effusio, dejectio simul & vomitus. Il procède d’une grande abondance d’humeurs bilieuses & fort âcres, qui picotent les membranes des intestins & de l’estomac, & qui leur font faire des contractions violentes.

Cette maladie est ainsi appelée à cause qu’elle fait sortir la bile, que les grecs nomment χολὴ fort violemment par haut & par bas ; ou parce que la matière est incessamment jetée hors des intestins, qu’on appeloit autrefois cholades. Le remède qu’on employe aux Indes contre le Maudechin ou Colera-morbus, est d’empêcher de boire celui qui en est attaqué, & de lui brûler la plante des piés. Let. Cur. et édif. Tom. IX.

COLÈRE. s. f. C’est, dit M. de la Chambre, une passion mixte, composée de la douleur que l’on souffre pour l’injure reçue & de la hardiesse que l’on a pour la repousser. Ira. S. Evr. dit que c’est le ressentiment d’une injure & le désir de s’en venger. C’est, suivant M. Dac., l’agitation d’un sang bilieux qui se porte au cœur avec rapidité.

☞ Locke définit la colère, cette inquiètude ou ce désordre de l’ame que nous ressentons, après avoir reçu quelqu’injure, & qui est accompagné d’un désir pressant de nous venger. D’après cette définition, on peut regarder le mot de colère comme ayant un caractère commun avec courroux & emportement : mais la colère dit une passion plus intérieure & de plus de durée, qui dissimule quelquefois, & dont il faut alors se défier. Le courroux enferme dans son idée quelque chose qui tient de la supériorité & qui respire hautement la vengeance ou la punition. Il est du style plus ampoulé. L’emportement n’exprime proprement qu’un mouvement intérieur qui éclate & fait beaucoup de bruit, mais qui passe promptement. Syn. Fr. Horace appelle la colère une courte fureur. Ira, furor brevis est.

☞ On peut regarder la colère comme une émotion de l’ame qui la rend capable d’efforts violens, qu’elle n’eut point fait sans être tirée de son assiette. Elle vient de l’extrême sensibilité que nous avons pour tout ce qui nous blesse ; l’orgueil de l’homme ne peut souffrir une injure. Senèque dit que sans la colère l’ame seroit dans une paresseuse indolence ; que c’est un feu qui anime le courage, & que c’est par elle qu’un grand cœur repousse fiérement un outrage.

☞ La colère n’est vertueuse que quand elle prend les armes pour défendre la raison. Elle est juste & raisonnable, lorsqu’on est ému pour procurer un bien ou empêcher un mal. Alors elle s’appelle zéle.

La colère est superbe, & veut des mots altiers. Boil.

☞ On se sert aussi du mot colère pour déguiser certains mouvemens impétueux qu’on observe dans les animaux. La colère du Lion. Un singe en colère.

☞ On dit figurément la colère de Dieu, du ciel : & quoique Dieu soit exempt des passions, quand sa justice l’oblige à punir les pécheurs, on dit qu’il est en colère.

Que les méchans apprennent aujourd’hui
A craindre ta colère. Rac.

Ainsi du Dieu vivant la colère étincelle. Id.

☞ On le dit même des choses inanimées pour exprimer, par exemple, les flots impétueux de la mer. La mer n’est jamais si belle que dans sa colère ; pour dire, lorsqu’elle est émue & agitée, lorsqu’elle s’enfle & qu’elle mugit. Bouh. La colère des vents.

Colère substantif n’admet jamais de pluriel. Corneille l’a pourtant employé dans Andromède. C’est une faute.

☞ Voltaire dans ses, remarques sur le Cid, à propos de ce vers,

Ne peut pour mon supplice avoit trop de colère,


observe que Corneille a abusé de ce mot. On n’a point de colère pour un supplice. C’est un barbarisme. Enfin dans ses remarques sur ce vers de Cinna,

Sans emprunter ta main pour servir ma colère.


il observe que ce mot de colère ne paroît peut-être pas assez juste. On ne sent point, dit-il, de colère pour la mort d’un pere mis au nombre des proscrits il y trente ans. Le mot de ressentiment seroit plus propre ; mais en poësie colère peut signifier indignation, souvenir des injures, désir de vengeance.

☞ Les Anciens avoient fait une divinité de la colère. Voyez Ira.

Colère, adj. m. & f. qui est sujet à se mettre en colère. Iracundus. Les gens colères sont en danger de s’attirer de méchantes affaires. Sans la complaisance que la civilité a introduite, les opiniâtres, les colères, enfin tous les gens de tempéramens violens & contraires, ne pourroient vivre ensemble. M. Scud. Horace veut qu’on représente Achille colère, inexorable, & comme si les loix n’étoient pas faites pour lui. S. Evr.

COLERET, s. m. terme de Marine, est un filet que deux hommes traînent en mer aussi avant qu’ils y peuvent entre, ou mettre pié. On s’en sert sur les côtes de Normandie. Retis genus. Cette pêche est défendue.

☞ COLERETTES, s. f. pl. terme de pêche. Ce sont comme des courtines volantes qui servent à faire un parc ou une enceinte.

COLÉRIQUE, adj. m. & f. qui a tempérament qui le porte à la colère. Iracundus, stomachosus. Il y a des animaux qui sont doux, d’autres naturellement colériques.

Je hais de tout mon cœur les esprits colériques,
Et porte grand amour aux ames pacifiques. Mol.

☞ COLÉRIQUEMENT. Adverbe du vieux temps. Avec colère. Iracundè.

COLERITUM. s. m. C’est une liqueur préparée de la partie corrosive, & la plus nuisible des métaux, qui sert à éprouver l’or, quand on le frotte contre la pierre de touche, & à laquelle il n’y a que l’or qui puisse résister. On connoît aussitôt, par le moyen de cette liqueur, si l’or n’est point mêlé avec quelqu’autre substance ; car il change de couleur, lorsqu’il est allié, au lieu que, lorsqu’il est pur, il ne souffre aucune altération de la part de la liqueur. Dict. de James.

COLÉTANS. Les Freres Mineurs Colétans sont ceux qui ont embrassé la Réforme de la Bienheureuse Colette de Corbie. Ce ne sont pas seulement les Monastères de Religieuses de Sainte-Claire que la Bienheureuse Colette a réformés, comme quelques Ecrivains l’ont avancé ; mais il y a encore un grand nombre de couvents d’hommes de la Réforme qui ont porté pendant plus de deux cens ans le nom de Colétans. Cette Réforme est du commencement du quinzième siècle. Voyez le P. Hélyot, 5. VII, C. 10. Léon X, par sa Bulle de l’an 1517, ayant uni toutes les différentes Réformes de l’Ordre de S. François, la Congrégation des Colétans fut par ce moyen abolie. Id. Cela étant, la Réforme des Colétans n’a pas duré plus de deux cens ans, comme il le dit.

COLETTE, s. f. nom de femme. Il y a de l’apparence que ce nom a été fait par aphérese de Nicolette, femme qui a S. Nicolas pour patron. On appelle Sœurs Colettes, les filles des Couvens de Sainte Claire, qui n’ont point de clôture, demeurent dans l’extérieur de la maison, & vont en divers lieux demander l’aumône pour le Monastere.

Colettes. s. f. pl. Sorte de toile qu’on tire de Hollande & de Hambourg ; elles sont propres pour les Canaries où les Anglois en portent beaucoup.

☞ COLFORD. Petite ville ou bourg d’Angleterre en Glocester-Shire, à trois lieues de Montmouth, vers l’Orient. Il y a marché public.

COLI, s. m. terme de Relation. C’est dans l’Empire de la Chine un Officier qui a l’œil à ce qui se passe dans chaque Tribunal. Quoiqu’il n’en soit point membre, il assiste néanmoins à toutes les assemblées, & on lui en communique les actes. C’est proprement ce que nous appelons un Inspecteur. Il avertit secrettement la Cour, ou même il accuse publiquement les Mandarins des fautes qu’ils commettent, non seulement dans l’administration de leurs charges, mais encore dans leur vie privée. On dit qu’afin de l’obliger à ne ménager personne, on le tient toujours dans le même emploi, sans qu’il puisse espérer une meilleure fortune, par la faveur de ceux qu’il auroit ménagés, ni en craindre une plus mauvaise par la vengeance de ceux qu’il auroit justement accusés. Ces Officiers, qu’on nomme Colis, font trembler jusqu’aux Princes du Sang. P. Le Comte.

COLIADE, adj. f. terme de Mythologie. Nom que Pausanias donne à Vénus, & sous lequel elle avoit un Temple. Il signifie Vénus la danseuse. De χολιάω salto, je danse.

COLIART. s. m. Poisson plat, lisse & cartilagineux. Rondelet l’appelle raia lævis undulata subcinerea. Il y en a qui pésent jusqu’à cens livres & plus. C’est une espèce de raie. Il est marqué de points noirs & de lignes obliques sur la peau. Il est bon à manger, mais sa chair est indigeste. On le sale.

COLIBRI, oiseau des Îles de l’Amérique. Il n’est guère plus gros qu’une mouche. Son plumage est beau, & représente l’arc-en-ciel, tant ses couleurs sont variées. Son bec est noir & poli comme l’ébène, & ses yeux brillent comme le diamant. Selon la description des voyageurs, c’est un chef-d’œuvre de la nature. Ceux qu’on a apportés en France, quoiqu’ils soient forts petits, sont beaucoup plus grands que nos mouches ; du reste, ils ont le bec & les plumes comme disent les voyageurs.

Le colibri est un oiseau d’Amérique qui peut passer pour un petit miracle de la nature pour sa beauté, pour sa façon de vivre, & pour sa petitesse. Son cou & ses aîles représentent l’arc-en-ciel. Il a un rouge si vif sur le cou, qu’on le prendroit pour un rubis. Le ventre & le dessous des aîles sont jaunes comme de l’or ; les cuisses vertes comme une émeraude ; les piés & le bec noirs & polis comme l’ébène ; les deux yeux comme des diamants en ovale & de couleur d’acier bruni ; la tête verte, avec un mêlange d’or d’un éclat surprenant. Les mâles ont une petite hupe sur la tête qui rassemblent toutes les couleurs qui brillent dans le reste du corps. Ces oiseaux volent si brusquement, qu’on les entend toujours plutôt qu’on ne les voit. Ils ne vivent, dit-on, que de la rosée & du suc des fleurs, qu’ils tirent avec leur petite langue, qui est plus longue que leur bec. Spectacle de la nature.

Lorsque le colibri est plumé, il n’est guère plus gros qu’une noisette : je parle du mâle ; car la femelle est encore plus petite. Il ne paroît quelque chose, que quand il est couvert de plumes. Le P. Labat. On prétend qu’il y en a de cinq ou six espèce qui ne différent entr’elles que par la grosseur, & le coloris de leurs plumes. J’ai vu quatre colibris des Indes, deux mâles & deux femelles, d’espèces différentes, perchés sur des branches d’arbrisseaux, & peint sur du papier par M. Aubriet, habile Peintre du Roi, qui avoit accompagné M. de Tournefort dans son voyage du Levant : mais ils ne ressemblent, ni pour la petitesse, ni pour les couleurs, à ceux dont on vient de voir la description. Id. Le P. Labat confond le colibri avec l’oiseau-mouche. Et l’Auteur du spectacle de la Nature, qui paroît aussi les avoir confondus dans le premier tome, les distingue dans le troisième, en disant que c’est de l’oiseau-mouche, & non du colibri, qu’on peut faire des pendans d’oreilles ; & en s’écriant ; Quelle diminution de taille depuis l’autruche jusqu’au colibri ! Quels changemens de becs depuis celui du toucan, jusqu’à celui de l’oiseau-mouche, plut petit encore que le colibri.

☞ On le dit figurément d’un homme de petite taille, qui a la frivolité en partage. Ce petit homme que vous voyez, est un vrai colibri.

☞ COLICOLES, terme d’Architecture. C’est la même chose que Caulicoles. Voyez ce mot.

COLIFICHET. s. m. Petit morceau de papier, de carte, de parchemin, coupé proprement avec des ciseaux, représentant diverses figures ou desseins, qu’on colle ensuite sur du bois, du velours, &c. Cartula incisi operis. Les Religieuses emploient le temps, dont elle peuvent disposer, à faire des colifichets. Ce mot vient de cole & de ficher, appliquer.

Colifichet se dit plus particulièrement de certains ouvrages de broderies faits sur du papier qui leur sert de fond. Opus phrygium papyro intextum. On se sert de soie platte pour les colifichets : on l’applique avec l’aiguille sur le papier, ensorte que l’ouvrage paroisse également des deux côtés : on ne représente ordinairement que des oiseaux & des fleurs sur les colifichets, ce qui fait un fort bel effet, à cause du poli de la soie & de la vivacité de ses couleurs. On estime fort les colifichets de Bourges ; les Religieuses sont ces sortes d’ouvrages. On a porté à la Chine de ces colifichets qui y ont été estimés, à cause que la broderie représente exactement de deux côtés les mêmes figures. Les Chinois avoient peine à comprendre comme cela se pouvoit faire.

Il se dit aussi figurément de certains petits ornemens mis mal à propos dans des ouvrages d’esprit. ☞ des pointes, du précieux, du clinquant ; les minuties, les jolis riens, les colifichets, s’emparent de toutes nos productions. Acad. Fr.

Il ne nous reste plus que des superficies,
Des pointes, du jargon, de tristes facéties,
Tout est colifichet, Pompon & Parodie. Gresset.

Colifichet, en termes de Musique, signifie des passages trop fréquens, qui présentent une trop grande variété de sons différens à l’oreille, comme les colifichets ordinaires présentent aux yeux de petites choses découpées, ciselées. Les traits tendres & bien nourris font plus de plaisir à l’oreille, que ces passages fréquens qui forment les colifichets. Il faut éviter la profusion des passages qui ne font qu’embrasser le chant, & qui en obscurcissent la beauté, & c’est ce qu’on appelle ordinairement faire des colifichets. Rousseau.

Colifichet se dit aussi des petites pièces de peu de valeur qu’on trouve dans les cabinets des curieux. Frivola. Il n’y a point de tableaux, de pièces de prix dans ce cabinet, ce ne sont que des colifichets.

Colifichet se dit aussi des petits ornemens qu’on met dans des ouvrages d’Architecture. Les bâtimens gothiques, à leurs corniches, ne sont chargés que de colifichets, n’ont point de ces grands ornemens à la grecque.

☞ On le dit généralement de tous les ornemens déplacés qui n’ont point de convenance entr’eux, ni de rapport avec les lieux où ils sont mis.

Colifichets, en terme de Monnoie, c’est une petite machine dont se servent les ajusteurs & les tailleresses pour pouvoir écouaner les espèces. Acad. Franç.

COLIGNY. Bourg de France dans la Bresse. Coliniacum. Il est situé aux confins de la Franche-Comté. Coligny est dans un petit pays, dont la Maison de Coligny avoit la souveraineté.

☞ COLIMA. Ville de l’audience du Méxique, dans l’Amérique septentrionale, dans une vallée qui porte son nom.

COLIMAÇON, s. m. terme populaire & assez un usage pour signifier un Limaçon à coquille, ou simplement la coquille du Limaçon. Le P. Joubert, en expliquant le mot de spiral, dit que c’est ce qui va en tournant comme une vis, ou une manière de Colimaçon.

COLIMB, ou COLIMBE, ou COLIN. s. m. Colimbus. C’est un oiseau, dont il y a plusieurs espèces.

Le Colimb de la première espèce a le bec long de deux doigts, & finissant en pointe. Sa tête est petite, son cou assez long & étroit, sa gorge, sa poitrine & son ventre blanchâtres, le reste de son corps d’une couleur de châtain changeante ; car sur le dos elle est obscure, aux aîles fort lavée, un peu moins à la tête & au bec ; sa tête a des taches blanchâtres. Il a trois doigts larges, avec des membranes, qui ne les divisent que jusqu’à un certain endroit. Il a un éperon si court, qu’il ne peut être appelé doigt.

Le Colimb huppé, est la seconde espèce. Colimbus cristatus. Il est semblable au précédent. Il a une huppe proche du sommet de la tête & du haut du cou, formée de plumes élevées, qui sont noires par le haut, & rousses par les côtés, comme des poils de renard. Tous ceux de cette espèce ont les ongles larges, particulièrement celui du doigt du milieu. Ils vont diminuant en pointe. Tous ont aussi les jambes proche du derrière, & s’en servent mieux pour nâger, que pour marcher ; leurs cuisses sont cachées dans le ventre. Ils font un cri qui s’entend de loin. Ils font leurs nids dans les roseaux, & vivent ordinairement de poisson.

La troisième espèce est le grand Colimb huppé, Colimbus cristatus major. Il a le bec jaune proche de la tête ; le sommet en est noir ; plus bas il est de couleur cendrée. Ces deux couleurs viennent aboutir proche des yeux, qui sont jaunes. Ils ont une huppe noire, qui leur tombe du derrière de la tête, qui est aussi noire. Ce qui reste du cou participe à la couleur de rouille, & à la couleur de rose. La poitrine & le ventre sont d’un cendré blanchâtre. Le dos & les aîles sont noires ; mais les côtés & les extrémités des aîles sont blanchâtres. Il n’a point du tout de queue. Le croupion est d’un cendré tirant sur le noir ; les cuisses, les jambes & les aîles, sont comme aux précédens.

Il y a encore une autre espèce de Colimb huppé, plus petit que celui dont nous venons de parler. Colimbus cristatus minor. Son bec est plus gros & long, approchant de la couleur de rouille. Sa tête est semblable à celle de la seconde espèce ; car il est huppé & cornu. Il a des plumes au haut du cou qui sont élevées : au dessus, il en a de noires, & aux côtés de rousses. Outre cela, il a une tache blanche, qui est un peu mêlée de couleur rousse, qui environne les deux yeux. Il n’a pas le cou si long que le précédent. Sa tête est en partie noirâtre avec un peu de roux par devant. Sa poitrine & son ventre sont d’un blanc mêlé de roux. Au dos il a quelques plumes cotonneuses, & couvertes de poil follet, qui sont cendrées & roussâtres, tirant sur le noir. Celui-ci a les aîles plus longues à proportion que le précédent. Il a les côtés & la plûpart des grandes pennes blanchâtres ; le reste d’une couleur enfumée. Au reste il lui est presque semblable.

COLIN, s. m. terme populaire. Nom propre d’homme, que l’on donne à ceux qui se nomment Nicolas. Nicolaus.

COLIN. s. m. Voyez Caniart & Colimb.

☞ COLIN, petite rivière de France dans le Berri, qui a sa source dans les Montagnes d’Auvergne, & se perd dans l’Avrette, près de Bourges.

COLINETTE. s. f. Nom que l’on donne à Lyon à des Religieuses pénitentes du Tiers-Ordre de S. François. Colinetta. Le P. Hélyot parle du Monastère des Colinettes, T. VII, C. 41.

☞ COLINETTE. s. f. Couverture de tête à l’usage des femmes. C’étoit une espèce de cornette avec des barbes dont les femmes se coëffoient de nuit.

COLINHOU. s. f. C’est le nom qu’on donne à un certain vin qui croît en Normandie dans le pays de Cau. Le vin de Colinhou se tire des vignes qui sont attachées à leurs arbres, & ce nom est sans doute le nom propre de celui qui s’avisa le premier de gouverner ainsi ses vignes. C’est ainsi que s’en explique Mosant de Brieux, dans une de ses lettres à M. Turgot.

COLINIL, s. m. plante de l’Amérique, dont le suc étant mêlé avec un peu de miel, est, à ce que l’on dit, un topique excellent pour les pustules de la bouche. Ray. Hist. Plant. qui n’en dit pas davantage.

COLIN-MAILLARD. Jeu d’enfans, où on bande les yeux à l’un de la troupe, qui ☞ poursuit ainsi les autres, jusqu’à ce qu’il en ait attrapé un qu’il est obligé de nommer, & qui alors prend sa place.

Lorsque le feu Roi de Suède, (le Grand Gustave) ce puissant fléau de la Maison d’Autriche, s’egayoit dans son particulier à jouer avec ses Colonels à Colin-maillard, parmi ses plus grands triomphes, cela passoit pour une galanterie admirable. Mascur. Celui qui a les yeux bandés s’appelle Colin-maillard, ☞ ainsi que le jeu, vestigator ; andabata celui qui a les yeux bandés. Andabata vestigatoris ludicrum, le jeu de Colin-maillard.

☞ COLIOURE. Voyez Collioure.

COLIQUE. s. f. Douleur plus ou moins violente qu’on sent dans le bas ventre. Intestini plenioris morbus, intestini dolor, colicus dolor, colerica tormina. Elle a été ainsi appelée, parce qu’on a cru que le siége ordinaire de cette maladie étoit l’intestin colon. On auroit dû par cette raison ne nommer colique que la douleur du colon ; mais l’usage en a décidé autrement. Il y a de trois sortes de coliques : la bilieuse, la venteuse & la néphrétique. La colique bilieuse est causée par des humeurs bilieuses, âcres & mordicantes, qui sont répandues dans les boyaux & qui les picotent. La colique venteuse est vagabonde, & ne s’arrête en aucun lieu : elle est produite par des vents qui étendent violemment l’intestin où ils sont enfermés. La colique néphrétique se sent particulièrement sur les reins, & est ainsi nommée, parce qu’en grec le rein s’appelle νεφρος. Elle procède ordinairement d’une pierre ou gravier qui s’est détachée du rein, & qui est tombée dans le bassinet. Le Pareira brava est un spécifique pour les coliques néphrétiques. Il dissout les glaires qui collent ensemble les sables & les graviers dans les reins. M. Manochi, Médecin Vénitien, qui s’est fait une grande réputation à la Cour du Mogol, où il a demeuré 40 ans, m’a assuré que son remède