Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CALEBASSIER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 169).

CALEBASSIER. s. m. Cucurbitifera arbor Americana. Arbre qui croît à la hauteur de nos pommiers, & à-peu-près de la même grosseur ; son tronc est tortueux, couvert d’une écorce grise & raboteuse, divisé en plusieurs branches composées d’autres plus petites, chargées de feuilles pointues, longues d’un demi-pied sur un pouce de largeur, plus larges dans le milieu que par l’une ou l’autre de leurs extrémités, lisses, glabres, d’un vert clair en dessous, & plus obscur en dessus, & qui naissent comme par bouquets. Ses fleurs, qui sortent du tronc ou des branches, sont d’une seule pièce, blanchâtres, en forme de cloche, irrégulières, longues d’un pouce & demi sur un pouce de largeur, pointillées sur leur surface, & d’une odeur désagréable. Ses étamines sont blanches, & le calice de la fleur est verdâtre, à deux feuilles arrondies, du milieu desquelles s’élève un pistil qui devient un fruit semblable aux calebasses & au potiron, de différente figure & grosseur, composé d’une écorce dure & épaisse, d’une couleur blahchâtre, & de semences pareilles à celles du concombre, mais brunes. On nomme communément ce fruit couit ou calebasse. C’est de ce fruit qu’on extrait le syrop de calebasse. Il y a plusieurs espèces de callebassiers dans nos Iles d’Amérique. Maigr. Du Tertre, Rochefort, Plumier.

Cet Arbre fournit la plus grande partie des petits meubles du ménage des Indiens, & des habitans étrangers, qui font leur demeure en ces Iles. Les Chasseurs des Iles se servent de son fruit pour étancher leur soif, au besoin, & ils disent qu’il a le goût du vin cuit ; mais qu’il resserre trop le ventre. Les Indiens polissent l’écorce & leémaillens si agréablement avec du roucou, de l’indigo & plusieurs autres belles couleurs, que les délicats peuvent manger & boire sans dégoût dans les vaisseaux qu’ils en forment. Il y a aussi des curieux qui ne les estiment pas indignes de tenir place entre les rareté de leurs cabinets.