Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/681-690

Fascicules du tome 2
pages 671 à 680

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 681 à 690

pages 691 à 700


est infaillible contre toutes sortes de coliques. Il faut, dit-il, avoir un anneau de fer d’un pouce & demi, ou environ de diamètre, & gros à proportion ; le faire bien rougir au feu, & faisant étendre le malade sur le dos, lui appliquer l’anneau sur le nombril, ensorte que le nombril serve comme de centre à l’anneau : le malade ne tardera pas à en ressentir l’ardeur, il faut alors le retirer promptement ; la révolution subite qui se fera dans le bas ventre dissipera en peu de tems toutes les douleurs. Il se fait garant du prompt effet de ce remede, & m’assure qu’il s’en est toujours servi aux Indes avec succès. Lettr. édif. Tom. IX.

Colique d’estomac. Stomachi tormina. Ce sont des douleurs aiguës & vives dans les fibres de l’estomac. La colique d’estomac cause des vomissemens, & réduit quelquefois à la mort. Une décoction de fleurs de camomille dans de la bière commune a guéri de la colique d’estomac. Si l’on prend seulement deux fois un bolus composé d’une drachme de rhubarbe & d’autant de l’hiéra de Galien & de miel rosat, il n’y aura point de purgation plus sûre ni plus efficace pour prévenir la colique d’estomac.

Colique de Poitou. Morbus colicus Pictaviensis. Une espèce de colique qui est familière à Amsterdam pendant l’hiver, se manifeste sous les dehors de celle qui a été ci-devant appelée Colique de Poitou. Demours, Acad. d’Ed. I. c. 418, 419.

☞ La Colique de Poitou est une espèce particulière de colique qui provient des exhalaisons, des préparations de plomb, & de l’usage des vins sophistiqués avec des préparations de ce métal. Colica Pictonum. On l’appelle aussi colique des Plombiers, parce que les ouvriers qui travaillent à fondre ou à purifier le plomb, ou qui sont exposés à recevoir les vapeurs qui en sortent, y sont fort sujets ; & colique des Peintres, colica Pictorum, parce que les Peintres qui emploient le blanc de Céruse y sont aussi fort exposés.

☞ COLIQUE, en termes d’Anatomie, est aussi adj. Alors ce terme sert à désigner les artères & les veines qui appartiennent au colon. Il y a quatre artères coliques, les deux droites qui naissent de la mésentérique supérieure ; & les deux gauches qui naissent de la mésentérique inférieure. Les veines coliques vont se rendre à la veine mésaraïque qui porte le sang qu’elle en reçoit dans le tronc de la veine porte.

☞ COLIQUEUX, EUSE, adj. Colicus. Ce mot dans Montaigne signifie, qui est sujet à la colique, ou qui donne la colique.

COLIS, s. m. terme de Négoce, particulièrement en usage à Lyon. Il signifie une balle, ballot, ou caisse. On prétend que les Lyonnois ont emprunté ce mot des Italiens.

COLISÉE. s. m. Amphithéâtre ovale qui fut bâti à Rome par Vespasien. Amphitheatrum Vespasiani. Le colisée fut élevé dans le lieu où étoit l’étang de la maison dorée de Néron. On y voyoit autrefois des statues qui représentoient toutes les Provinces de l’Empire, au milieu desquelles étoit celle de Rome, qui tenoit à la main une pomme d’or, comme témoigne Ugution. On a aussi appelé colisée un autre Amphithéâtre de l’Empereur Sévère. On faisoit dans ces superbes colisées des jeux & des combats & de bêtes farouches. Le tems & les guerres ont ruiné ces colisées. Il y a encore à Argos & à Corinthe des colisées qui sont semblables.

Ce nom s’est dit en général pour Théâtre, Amphithéâtre. Le nom de colisée vient du latin coliseum, formé de Colossæum, à cause du Colosse de Néron qui étoit à Rome proche du colisée, ou, selon Nardini, de l’Italien coliseo.

☞ COLLABORATION, s. f. terme de Jurisprudence. Collaboratio. C’est le travail de deux personnes qui tendent à une même fin. Ce terme s’emploie principalement en parlant de la communauté entre mari & femme ; & c’est dans ce sens qu’on dit que la moitié des biens de la communauté appartient au survivant des conjoints parce qu’elle est le fruit de leur collaboration. Au reste je ne sais si ce terme, qui est d’ailleurs fort expressif, est en usage par tout.

COLLAF ou COLLAPH, s. m. espèce de Saule, qui croît en plusieurs endroits d’Egypte, & principalement dans des lieux humides. Salix Ægyptacia, en Arabe חלאף Hhollaph, quelques-uns disent Calaph, mais mal. Ses feuilles sont larges d’un doigt, & longues de deux. Ses fleurs sont blanches, cotonnées, odoriférantes, & en fort grande quantité. On en fait une eau que les Égyptiens appellent machalaf. Ils l’estiment souveraine contre toute sorte de venin ; & comme elle fortifie le cœur, on tient qu’ils ont donné le nom de calaf à l’arbre, parce que ce mot signifie cœur en Arabe. D’autres disent qu’ils l’ont appelé ainsi à cause que son fruit a la figure d’un cœur, quand il commence à paroître.

☞ COLLAGE, s. m. terme de papeterie. Action de coller le papier, c’est-à-dire, de l’enduire feuille par feuille, quand il est bien sec, d’une espèce de colle, pour le mettre en état de recevoir l’écriture.

☞ On le dit aussi de la matière qui sert à le faire, qui sont des rognures de parchemin, des extrémités qu’on enleve des peaux, &c. Voyez Colle.

☞ COLLAO, Contrée de l’Amérique méridionale au Pérou, dans l’Audience de Los-Charcas.

COLLATAIRE. s. m. C’est celui à qui un bénéfice a été conféré par celui qui a droit de conférer, en qualité de Collateur. On dit le pourvû par le Collateur, mieux que Collataire.

COLLATÉRAL. s. m. Les Collatéraux, les sous-aîles, ou les bas-côtés d’une Eglise, sont tous termes synonymes. Alæ Ecclesiæ. Les Collatéraux de la Cathédrale de Rouen, y compris les Chapelles, ont chacun 28 piés de large, & 42 piés de haut. Descript. Géogr. & Histor. de la Haute-Norm. tom. 2, p. 26.

☞ Les derniers Arrêts ont jugé que les Collatéraux du Chœur, lors même qu’ils sont de même construction que le Chœur, ne sont point à la charge des gros décimateurs, qui sont seulement tenus des réparations du Chœur & Cancel.

COLLATÉRAL, ALE, adj. terme de Géographie. Qui est à côté. On appelle vens Collatéraux ceux qui soufflent à côté de ceux qui sont dans les points cardinaux de l’Horison, comme le Nord-Est, Sud-Est, Nord-Ouest, Sud-Ouest, & de leurs subdivisions. Un vent collatéral, ventus collateralis. Points collatéraux, ceux qui sont au milieu de deux points Cardinaux.

Ce mot vient du latin collateralis.

Collatéral, ale, terme de Droit & de Généalogie, se dit au figuré d’un parent qui sort d’une même souche, & qui n’est point au rang des ascendans, ni descendans ; mais qui est comme à côté, tels que sont les oncles, tantes, neveux, nièces, cousins, cousines. Transversus cognationis gradus, collateralis. On dit au pluriel les collatéraux au substantif. Transverso cognationis gradu juncti. Ils sont appelés collatéraux, parce qu’au lieu que les ascendans & les descendans sont dans une même ligne, qui les lie successivement l’un à l’autre ; les freres & les sœurs & tous les autres plus éloignés, sont entr’eux les uns à côté des autres, chacun dans sa ligne sous les ascendans qui leur sont communs. Ceux qui sont dans un degré supérieur, & plus proche de la souche commune, représentent une espèce de paternité à l’égard de ceux qui sont plus éloignés, au lieu qu’il y a plus d’égalité entre ceux qui sont parens dans le même degré. Quand il s’agit de dispense de mariage, l’on a égard à cette distinction, & à cette espèce de collatéraux ascendans & descendans.

On appelle, en Généalogie, la ligne collatérale ; celle qui est au côté de la directe, où sont les cousins, neveux, oncles, tantes, &c. Linea transversa.

Conseil Collatéral. C’est un Conseil d’Etat du Royaume de Naple. Tant que le Royaume de Naples a fait partie de la Couronne d’Espagne, le Conseil collatéral étoit composé de deux Arragonois & de deux Napolitains, qui avoient pour chef le Viceroi.

COLLATEUR. s. m. Celui qui ☞ confère ou a droit de conférer un bénéfice, de donner des provisions. Le Patron ou Présentateur ne fait que nommer, & sur la nomination il faut obtenir des provisions du Collateur. Beneficii Ecclesiastici collator. Le Collateur ne peut se conférer un Bénéfice à soi-même. Le Pape est le Collateur de tous les Bénéfices, même des électifs, par prévention, excepté les Consistoriaux, & ceux qui sont à la nomination des Patrons Laïques. Les Evêques & les Prélats inférieurs fondés en titre s’appellent les Collateurs ordinaires. Le droit de patronage est une espèce de servitude imposée aux Collateurs, parce qu’ils sont obligés de conférer le Bénéfice à celui qui est présenté par le Patron. Si le Collateur ordinaire & inférieur a négligé d’user de son droit pendant six mois, le supérieur peut conférer par dévolution. Si l’Evêque néglige, le Métropolitain confere, puis le Primat, de degré en degré. Le Roi est Collateur de plein droit des Bénéfices simples dont il est le Patron. Il les confere de plein droit ; mais à l’égard des Bénéfices Consistoriaux, le Roi a seulement la nomination, & le Pape, en vertu du Concordat, est obligé de conférer à celui qui est nommé par le Roi. Pour les Bénéfices dont il est le Collateur direct & absolu, il les peut conférer, parce qu’il y a une espèce de Sacerdoce annexé à la Royauté : les autres Patrons laïques pour l’ordinaire ont simplement la présentation. La collation appartient à l’Evêque.

Quoique la collation appartienne de droit aux Evêques, il y a plusieurs Abbés en France, & des chapitres, qui sont Collateurs de plein droit de certains Bénéfices. Il y a même des Abbesses qui conferent des Cures, sans qu’il soit besoin de recourir aux Ordinaires pour avoir la collation, ou institution. Il n’est pas vrai qu’il n’y ait entre les Laïques que le Roi seul qui soit Collateur des Bénéfices dont il est le Patron. Nous voyons en France, principalement en Normandie, un grand nombre de Seigneurs laïques qui conferent de plein droit plusieurs Bénéfices dont ils sont les Patrons. On n’a donc point d’égard en France à la lettre que Boniface écrivit au Roi Philippe le Bel, où il dit qu’il tenoit pour hérétiques ceux qui prétendoient que la collation des Bénéfices pouvoit appartenir aux Laïques. Jean de Paris, qui écrivit en ce temps-là sur cette matière, prétend que le droit de conférer n’est par proprement spirituel, mais qu’il est seulement attaché au spirituel. Votez Acosta, Hist. des Reven. Eccl.

Ce mot & les suivans, viennent de collator, collatitius, collatio.

COLLATIE. Ville ancienne d’Italie, que quelques-uns placent où est aujourd’hui Cervaro. Collatia. Elle étoit dans la première Région d’Italie sur le Tévérone, Anio, dans le chemin de Rivoli. On croit qu’elle fut bâtie par les Albains, sur les confins de Sabine. Tarquin le Superbe la rétablit, & leva pour cela de l’argent sur le peuple Romain ; ce qui fait croire à Servius sur l’Enéide VI, v. 773. que c’est de-là que lui vient son nom. Collatio en latin signifie un subside, un secours d’argent que le peuple donne. T. Live, L. I, C. 57 & 58, parlant de la bataille de Tarquin contre les Sabins, semble mettre cette ville dans le pays des Sabins ; car il dit que cette bataille se donna à la gauche du Tévérone ; mais il est contredit par Pline, L. III, C. 5, par Servius à l’endroit cité, & par beaucoup d’autres, qui disent que c’étoit une ville du Latium. Collatie subsistoit encore du temps de Cicéron, qui en parle dans sa première Oraison contre Rullus, & même du temps de Strabon, qui en fait aussi mention dans son Ve Livre ; mais qui ne l’appelle plus qu’un bourg, κώμη (kômè). Aujourd’hui il n’en reste que des ruines. C’est cette ville qui donnoit son nom à la porte de Rome qu’on nommoit Collatine.

COLLATIF, IVE. adj. Bénéfice qui est à la disposition seule d’une Collateur. Collatitius. Un Bénéfice purement collatif, dépend du Collateur seul, qui le confere à qui il lui plaît, en cas de vacance, pourvû que la personne ait les qualités requises, comme les Bénéfices vacans en régale, & autres Bénéfices simples, dont le Roi est le Collateur direct & absolu, en la place de l’Ordinaire ou du Pape. La desserte de la Chapelle de ce Château n’est pas un Bénéfice collatif, ce n’est qu’une Prestimonie. Un Bénéfice électif collatif, est un Bénéfice que ceux qui élisent conferent en même temps, sans avoir besoin d’autre provision, ni de confirmation du Supérieur. ☞ Au lieu qu’un Bénéfice électif confirmatif, est celui auquel on pourvoit par élection, qui doit être confirmée par le Supérieur.

COLLATIN, INE. adj. Collatinus, a. Le mont Collatin étoit une des sept Collines de l’ancienne Rome. Collatinus. C’étoit aussi le surnom d’une branche des Tarquins, qui fut donné à Lucius Tarquinus, neveu de Tarquin le Superbe, parce qu’il étoit originaire de Collatie, ou qu’il y avoit demeuré. La porte Collatine étoit une des portes de l’ancienne Rome. Collatina porta. La porte Collatine étoit la porte par laquelle on sortoit de Rome pour aller à Collatie, & c’est de-là que lui venoit son nom ; c’est ainsi qu’en plusieurs de nos villes nous appelons la porte de Paris, celle qui est du côté de Paris ; & de même la porte de Lyon, &c. à Rouen, la porte Beauvaisine, par où l’on va dans le Beauvaisis ; à Bourges, la porte Bourbonnois, celle par où l’on va dans le Bourbonnois ; à Paris, la porte de S. Denys, &c.

COLLATINE, s. f. Collatina. On croit que c’est une faute, & qu’il faut lire Collina dans S. Augustin. Voyez ce mot.

COLLATINE, s. f. nom que M. Baillet donne mal-à-propos aux Oblates de sainte Françoise. Collatina. L’an 1433, sainte Françoise assembla le jour de l’Annonciation de la sainte Vierge plusieurs filles & plusieurs veuves dans une maisons qu’on appelle encore la Torre de Specchi, ou la Tour des miroirs, dans la rue des Cordiers, au pié du Capitole, & au quartier de Campitelli. Ainsi le nom de Collatine que M. Baillet donne à ces Oblates, & qu’elles ne connoissent point, ne peut venir ni du quartier, ni de la rue où leur maison est située, comme cet Auteur le croit. P. Hél. T. VI, p. 210.

COLLATION, s. f. terme de matière bénéficiale. Prononcez les deux ll dans ce mot, & dans les deux qui suivent. Collatio. Titre, provision d’un Bénéfice ; acte par lequel le collateur confère un bénéfice. Si un Chanoine a eu la Collation du Pape, & sa partie la collation de l’Evêque, la question est de savoir quelle est la meilleure collation. En France la collation de l’Evêque est la plus favorable, & la plus conforme au droit commun. Par l’usage la collation, ou provision, qui est la première en date, l’emporte, parce qu’on prétend que le Pape a la prévention sur l’Ordinaire, du jour même de la vacance du Bénéfice pour la collation.

Collation signifie encore le droit de conférer un bénéfice vacant. Jus beneficii Ecclesiastici conferendi. Les Abbayes de Marmoutier, Cluni, S. Jouin-sur-Marne, sont les Bénéfices qui ont les plus belles collations. La collation du Pape est reconnue par toute l’Eglise Catholique. Il y a deux sortes de collations nécessaires. Les collations volontaires, sont celles qui dépendent de la seule volonté du Collateur, qui peut choisir qui bon lui semble pour remplir le Bénéfice vacant. Les nécessaires, sont celles que le Collateur ne confère point librement. Par exemple, si le Bénéfice a été résigné, ou permuté, & si la résignation, ou permutation a été admise par le Pape, alors le Collateur est obligé d’accorder des provisions au résignataire, ou au copermutant. De même si le Bénéfice est requis par un Indultaire ou par un Gradué, ou rempli par le Patron, en ce cas encore la collation devient nécessaire & involontaire. La collation nécessaire entre deux Patrons qui conferent alternativement, remplit le tour de celui qui est forcé à conférer. La collation des Bénéfices fait partie des fruits de l’Evêché vacant en Régale ; & elle appartient au Roi, qui les confére de plein droit, de même que l’Evêque auroit fait. Voyez Fleury.

Collation, en termes de Palais, signifie la représentation & confrontation d’une copie à son original, pour voir si elle est conforme, & l’acte qui en rend témoignage, que donne la personne publique qui a pouvoir de le faire. Collatio exscriptorum cum archetypis. Ainsi on met au bas d’une copie, collation a été faite de cette copie à son original, par moi Notaire soussigné ; ce fait, rendu. Quand le Notaire déclare qu’il a en la minute entre les mains, la collation vaut un original, pourvû que toutes les parties intéressées aient été appelées à la collation.

Collation est aussi le repas qu’on fait les jours de jeûne, au lieu de souper, & où l’on ne doit manger que des fruits. Cænula. Le P. Lobineau remarque, dans son Hist. de Bret. L. XXII, p. 847, qu’autrefois on ne mangeoit point de pain à la collation en Carême ; mais seulement quelques confitures & des fruits desséchés, & que cette coutume duroit encore en 1513. Le Cardinal Humbert, dans sa réponse à Nicetas, au milieu du onzième siècle, dit que les Latins observoient exactement le jeûne du Carême, & ne souffroient pas que personne le rompît, s’il n’étoit grièvement malade. Il ajoute qu’il n’étoit pas même permis, comme chez les Grecs, de prendre des fruits & des herbes les jours de jeûne après le repas unique que l’on faisoit ; ce qui montre que les collations ont commencé chez les Grecs vers le onzième siècle.

Collation est encore le repas qu’on fait entre le dîner et le souper, que les enfans appellent goûter, Merenda, ou un petit repas qu’on fait en passant à la hâte. Voulez-vous faire une petite collation ? En Languedoc & en Poitou, collation signifie le déjeûner.

Collation est pareillement un ample repas qu’on fait au milieu de l’après-dinée ou la nuit. Il y aura chez le Roi bal, ballet, & collation ; lautæ epulæ. On a servi une collation où il y avoit de la viande & des fruits, qu’on appelle autrement un ambigu. La nuit on l’appelle à la ville réveillon, à la Cour un médianoche.

Remarquez que quand ce mot est employé dans la signification d’un léger repas, on ne prononce les deux ll que comme une seule.

Ce mot vient de collatio, dont les Latins ont usé en cette signification, en parlant des sobres repas ecclésiastiques faits aux jours de jeûne, à l’issue des conférences qu’on faisoit dans les Monastères après Vêpres, avec des harangues à l’honneur du Saint dont on solemnisoit la Fête. Pasquier. Par la même raison du Cange le dérive de collocutio, ou conférence : car on prétend qu’originairement la collation n’étoit qu’une conférence de piété qui se faisoit dans les Monastères : dans la suite on introduisit la coutume de faire apporter quelques rafraichissemens ; & par l’excès où l’on porta ces sobres repas, le nom de l’abus est demeuré, & celui de la chose même s’est perdu. Ce mot s’est depuis étendu à tous les autres repas qu’on fait depuis dîner.

Collation lustrale. Impôt qui se levoit dans l’Empire Romain sur les marchandises. Collatio lustralis. Gratien exempta les Clercs marchands de la Collation lustrale. Fleury. On dit aussi, contribution lustrale.

☞ COLLATIONNER, v. a. ne se dit point dans le sens de conférer un bénéfice, si ce n’est dans cette phrase, où par une mauvaise allusion, on dit que l’ordre de Citeaux dîne bien, mais collationne mal, pour faire entendre que les Abbayes de cet ordre ont de gros revenus, mais n’ont pas la collation des bénéfices qui en dépendent.

☞ COLLATIONNER, signifie conférer un écrit avec l’original, comparer deux écrits ensemble, pour vérifier s’ils sont semblables, s’il n’y a rien de plus ou de moins dans l’un que dans l’autre. Collationner à l’original, sur l’original, sur les registres. Exscripta exempla ex archetypo recognoscere, scripti fidem as rationem archetypi expendere. Plusieurs anciens titres ne sont que des vidimus, & des copies collationnées. Maintenant on n’ajoute point de foi aux copies qu’on n’a pas collationnées, parties présentes ou appelées.

Collationner, en fait de Librairie, est, vérifier s’il ne manque point de feuilles à un livre, soit par les signatures ou la reclame à l’égard des cahiers, soit par les chiffres à l’égard des feuillets. Explorare foliorum fidem.

☞ En termes d’Imprimerie, c’est vérifier sur une seconde épreuve si toutes les fautes marquées sur la précédente épreuve ont été corrigées.

Collationner signifie aussi faire ce petit repas qu’on appelle collation. Cænulam, merendam sumere. Il est difficile de souper, quand on a bien collationné.

☞ Alors ce verbe est neutre, & s’emploie absolument sans faire sentir les deux ll.

☞ COLLATIONNÉ, ÉE. part. Il a les significations du verbe actif. Copie collationnée à, sur l’original. Écrit collationné. Collatus.

COLLAUDER, vieux v. a. Louer. Collaudare.

COLLE. s. f. Ce qui sert à joindre, à attacher du papier, du parchemin, du cuir sur du bois, sur de la pierre, ou autre matière semblable. Gluten, glutinum. La colle ordinaire se fait avec de la farine détrempée & cuite avec de l’eau. Elle sert aux Relieurs, Imagers, Selliers, Cordonniers, Vitriers.

Ce mot vient du Grec κόλλα (kolla). Nicod.

La colle de gand se fait avec des rognures de gand ou de parchemin bien trempées dans l’eau, & bouillies, qui sert particulièrement aux Doreurs sur le bois, & qui peut servir de vernis.

Colle forte, est celle qui se fait avec des piés, des peaux, des nerfs, des cartilages de bœuf, qu’on fait macérer quelque temps, puis bouillir fort long temps jusqu’à ce que le tout devienne liquide. Taurinum glutinum. On la passe au travers d’un gros linge, & on la jette sur une pierre platte où elle se congèle ; & on la coupe par morceaux. On l’appelle en quelques lieux colle de cerf ; & Mathiole dit qu’il s’en fait de cuir de toutes sortes de bêtes à quatre piés. La meilleure est celle qui vient du taureau, qui est blanche & claire, & qui se fait à l’Île de Rhodes. Elle sert aux Menuisiers pour coller & joindre leur bois, ou les ornemens de gros carton. Il est défendu par plusieurs statuts d’Artisans, d’employer de la colle forte faite avec des rognures ou parures de cuir.

Il y a aussi de la Colle à miel, dont se servent les Doreurs, qu’ils appellent bature. On la prépare en mêlant du miel dans de l’eau de colle avec un peu de vinaigre.

Colle à Pierre. Les Marbriers appellent ainsi une espèce de mastic, dont ils se servent pour rejoindre les marbres, qui se sont cassés, ou écornés. Ils la composent ordinairement de poudre de marbre bien broyé, de colle forte, & de poix, en y ajoutant quelque couleur, qui la rende semblable aux marbres qu’on veut rejoindre.

Colle de Poisson, est une colle de couleur blanche qui se fait d’une sorte de poisson qui est des plus gros, cartilagineux, & qui n’a point d’os, excepté à la tête : il est de la longueur de vingt-quatre piés, & du poids de quatre cens livres. Icthyocolla. On en prend la peau, l’estomac, les intestins, les aîles & la queue ; on les fait cuire ensuite sur un petit feu jusqu’à la consistance de bouillie ; après quoi on laisse refroidir le tout. La colle de poisson dessèche & ramollit en quelque manière. On s’en sert dans les emplâtres glutinatifs. Les Cabarretiers mettent de la colle de poisson dans le vin pour le clarifier.

On dit d’un homme enrhumé, qui crache beaucoup, qu’il crache de la colle.

Colle pour le papier. Elle se fait principalement de rognures de parchemin, de ce qu’on retranche des peaux de parchemin, des piés principalement, que l’on fait bouillir dans un mêlange d’alun, quand les feuilles de papier sont bien seches, on les enduit de cette colle, afin de les mettre en état de recevoir l’écriture. Cette opération s’appelle collage.

☞ COLLE. (LA) Rivière de France dans la Champagne, qui a sa source près de Vitri, & se perd dans la Marne près de Chalons.

☞ COLLE, petite ville d’Italie dans la Toscane, avec un évêché suffragant de Florence, elle est sur les confins du Siénois.

☞ COLLE se dit aussi, parmi la populace, pour bourde, menterie, chose controuvée. Commentum, nugæ. C’est ainsi qu’on dit : Voilà une bonne colle. Il m’a donné une colle.

COLLECTAIRE. s. m. Livre qui comprenoit autrefois toutes les oraisons appelées collectes. Collectarum Liber, Collectarium, dans la vie de sainte Colète, Act. SS. Mart. T. I, p. 552. D. 553. F. Comme il y avoit un Livre des Evangiles ; un autre des Epitres, il y en avoit aussi un des Collectes, & on l’appeloit Collectaire, comme il paroît par cette vie. Les Bollandistes prétendent qu’il se prend pour ce que nous appelons un Diurnal, Act. SS. Mart. T. III, p. 756. E.

Collectaire. Terme du cérémonial ecclésiastique. Collectarius. C’est celui qui porte le livre où sont contenues les Collectes, c’est-à-dire les Oraisons, ou comme l’on dit communément, les Oremus.

COLLECTE. s. f. Levée des tailles, ou autres impositions qui se font par assiette dans une paroisse. Collecta. Ce Paysan a fait la collecte des tailles de cette année, on lui a volé sa collecte, les deniers de sa collecte. La collecte des tailles est censée un emploi inférieur ; à Rome elle étoit honorable. Ce soin appartenoit aux Décurions. Loyseau.

Ce mot vient du verbe colligere, ramasser.

Collecte est aussi une quête de deniers qui se payent volontairement, ou qu’on donne par aumône. Collecta. Les Dames de la Paroisse ont fait la collecte des aumônes qu’on donne pour les pauvres honteux. En 1093, le Pape Urbain II, voulant chasser de Rome les Partisans de l’Antipape Guibert, sans effusion de sang, écrivit pour lever des collectes sur l’Eglise, comme il paroît par sa lettre aux Evêques d’Aquitaine. Fleury. Quelques-uns disent que ces quêtes ont été appelées collectes, parce qu’elles se faisoient les jours de collectes, & dans les collectes, c’est-à-dire, dans les assemblées des Chrétiens. Il est plus vraisemblable que comme les assemblées ont été ainsi appelées du mot latin colligo, parce que le peuple s’assemble, colligitur, de même on a appelé ces quêtes collectes, quia colligitur pecunia, parce qu’on ramassoit l’argent, les aumônes des Fidèles.

Quelques-uns disent aussi ce nom collecte, pour les levées que font les Princes sur leur peuple pour quelque dessein pieux. Le Roi d’Angleterre vint en Normandie l’an 1166, où il ordonna une collecte de deniers pour le secours de la Terre-Sainte, à la prière, & suivant l’exemple du Roi de France, en exécution de ce que le Pape Alexandre III avoit ordonné en un Concile qu’il tint à Reims en 1174. Cette collecte comprenoit tout le monde, le Clergé, la Noblesse, le peuple, & devoit durer cinq ans : c’est le premier exemple, que je sache de ces levées pour la Terre-Sainte. Id. Levée se dit plus ordinairement que collecte, & est plus françois, je doute que ceux qui parlent bien voulussent se servir de collecte en ce sens.

Collecte, nom d’une Oraison de la Messe, que le Prêtre dit immédiatement avant l’Epitre, eò quòd colligantur oblationes, Collecta. En général toutes les Oraisons qu’on dit à la Messe, ou à l’Office, s’appellent collectes, soit parce que le Prêtre parle au nom de tout le peuple, dont il ramasse les sentimens & les desirs par ce mot Oremus, prions, comme le remarque le Pape Innocent III, soit parce que ces prières se font lorsque le peuple est assemblé, comme dit Pamelius sur Tertullien.

On a aussi appelé autrefois collecte, le Sacrifice de la Messe, à cause que le peuple étoit assemblé pour l’entendre. On tient que les Papes Gélase & Grégoire ont établi les collectes. Claude Despense, Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, a fait un traité des collectes ; il y parle de leur origine dans l’Eglise Latine, de leur antiquité, de ceux qui en sont les Auteurs, &c.

Quelques-uns dérivent ce mot, pris en dernier sens, de colligere, signifiant assembler, parce que cette oraison se disoit sur tout le peuple & au nom du peuple assemblé, ou parce que l’on rassembloit dans cette oraison les prières de tout le peuple, ou parce qu’on avoit coutume de ramasser les aumônes au temps de cette oraison. Les Bollandistes rejettent ces étymologies, comme tirées de trop loin & sans fondement. Ils prétendent que ce mot vient de conlegere, lire ensemble, & qu’il signifie proprement l’oraison que l’on dit à la Messe, ou par ordre de l’Eglise, ou par dévotion, après l’oraison principale de la Fête, ou du jour ; & que parce que dans les endroits où l’on honore quelque Saint, il est ordinaire de dire son oraison après celle du jour : ces oraisons s’appelèrent conlectæ, qui sont lues ensemble, c’est-à-dire, avec celle du jour, d’où s’est fait collectæ. Voyez Acta. SS. T. VII, Maii, p. 124, A. Un endroit du L. II des Miracles de S. Garmains ; c. 13. Acta SS. Benedict. Sæc. III, P. II, p. 116, confirme ce sentiment ; car il y est dit qu’après l’oraison & la collecte, une femme fut guérie.

Le P. Le Brun prétend que la collecte signifie aussi recueil, sommaire. Cassien appelle le Célébrant, le Prêtre qui officie, celui qui fait le sommaire de la prière : Is qui orationem collecturus est. C’est de-là très-probablement que cette Oraison a pris le nom de collecte. Walafride Strabon, C. XXII, donne cette étymologie : Collecte, quia petitiones compendiosâ brevitate colligimus. L’Oraison qui se dit après l’Offerte, s’appelle Secrette, & celle qui se dit après la Communion, s’appelle Post-Communion. Voilà aujourd’hui l’usage, mais il ne s’ensuit pas qu’on n’ait point appelé autrefois collecte les deux dernières de ces Oraisons.

On a aussi donné ce nom à l’assemblée des Chrétiens où se célébroient les Saints mystères ; & la prière qu’on appelle Collecte, n’a ce nom que parce qu’on la lisoit pendant que le peuple s’assembloit. Collecta, de colligere, rassembler, amasser. Le Proconsul demanda au Martyr s’il avoit assisté à la Collecte ; c’est-à-dire, à l’assemblée. Il répondit ; qu’il étoit arrivé comme on la tenoit, & qu’un seul d’entre eux étoit la cause de ce qu’on avoit célébré la Collecte. Fleury.

On a aussi appelé Collecte, l’assemblée des Moines pour chanter l’Office. C’étoit le Canonarque qui frappoit sur un morceau de bois pour sonner la Collecte, & appeler les Moines à l’Office.

Collecte, dans l’Ordre de Malte, se dit quand les Frères s’assemblent pour délibérer sur quelque chose qui regarde leur langue, ou leur auberge ; c’est-à-dire, qu’il signifie assemblée, & qu’il se dit des assemblées particulières de chaque langue.

COLLECTEUR. s. m. Celui qui est nommé par les habitans d’une paroisse pour lever la taille. Tributorum coactor. Les habitans sont contraints solidairement, faute d’avoir nommé des Asséeurs & Collecteurs.

☞ On appelle Collecteur, tout homme chargé du recouvrement de quelque imposition. Ainsi il y a autant de Collecteurs, qu’il y a d’espèces d’impositions qui se lèvent par assiette.

☞ Chez les Romains, les impositions ordinaires s’appeloient Canonica, & ceux qui étoient chargés du recouvrement, Canonicarii.

COLLECTIF, IVE, adj. m. terme de Grammaire. Collectivus, Mot qui désigne une multitude, encore qu’il soit au singulier. Troupe, compagnie, armée, sont des noms collectifs.

☞ Le terme collectif est proprement celui qui présente l’idée singulière d’un tout formé par assemblage de plusieurs choses de même espèce. Armée est un nom collectif, parce que sous une expression singulière, il excite l’idée de plusieurs individus formant un tout. Il en est de même des autres noms qu’on appelle collectifs.

☞ COLLECTIF, terme de Logique, se dit, par opposition à distributif, de la totalité d’un genre ou d’une espèce, d’une multitude. Si je dis : les Pairs Ecclésiastiques sont six, cette proposition est vraie dans le sens collectif. Les Pairs Ecclésiastiques sont Ducs, Comtes. Cela n’est vrai que dans le sens distributif. Celui-ci est Duc, celui-là est Comte. Une conséquence du sens collectif au distributif est bonne, quand c’est en matière nécessaire, c’est-à-dire, quand il s’agit d’un attribut ou d’une qualité essentielle à la chose dont on parle. Elle n’est pas bonne en matière contingente, c’est-à-dire, quand il s’agit d’un attribut accidentel. Les hommes sont vivans, animaux, raisonnables ; donc Jean, Pierre, Louis, &c. donc Caius, Titius le sont. La conséquence n’est pas vraie, parce que l’antécédent ne l’est que dans le sens distributif, & non point dans le collectif, & la matière étant accidentelle & contingente.

COLLECTION, s. f. recueil de plusieurs passages sur une ou plusieurs matières tirées d’un ou de plusieurs Auteurs. Excerptio, excerpta, collectanea. Les jeunes gens doivent faire des collections. Il a fait une collection de tout ce qu’il y a de remarquable dans tel ouvrage.

Collection se dit aussi d’un recueil, d’une compilation de plusieurs choses qui ont quelque rapport ensemble. Ce Libraire a fait imprimer la Collection des Ouvrages d’Erasme, de Cardan, de Gassendi. Le spicilegium du Pere d’Achéry est une Collection de plusieurs pièces curieuses de l’antiquité. Les Collections Mathématiques de Pappus Alexandrinus. On attribue à Isidore la Collection des Décrétales, & des Epitres des Papes. La Collection des Conciles, des Canons.

Collection se dit, dans le même sens, d’un ramas de médailles, d’antiques, de tableaux, & en général de toutes les curiosités qui forment les cabinets des curieux. Un tel a fait une belle collection de médailles, d’antiques, de plantes, de coquillages, &c.

Collection, terme de Philosophie, & sur tout de Logique & de Métaphysique. C’est une multitude déterminée, le ramas, l’assemblage de toutes les parties d’un composé ; c’est toutes ces parties prises ensemble, & il est opposé à distribution, qui signifie toutes les mêmes parties prises en particulier. Collection signifie aussi universalité. Tout cela revient au même. La collection de tous les hommes, de tous les individus d’une nature, de toutes les espèces contenues sous un genre.

Collection de lumière, terme d’Astrologie. Collectio luminis. Ce terme se dit lorsque deux planètes ne sont en aucun aspect, & qu’une troisième les regarde toutes deux : alors il y a collection de lumière.

COLLECTIVEMENT. adv. D’une manière collective. Collectivè. L’homme en général se prend Collectivement, sans considérer les individus. L’homme, pris collectivement, signifie tous les hommes.

COLLÉGATAIRE, s. m. & f. terme de Jurisprudence. Celui, ou celle à qui un legs a été fait en commun, avec une, ou plusieurs personnes. Qui legatorum in partem vocatus est. Si la chose est léguée solidairement, la portion du collégataire mort, ou qui ne l’accepte point, accroît aux autres collégataires.

COLLÈGE, s. m. nom qu’on donne à un Corps ou Compagnie de personnes qui ont la même dignité ou qui sont occupés des mêmes fonctions. Collegium. Les Romains appeloient Collège tout assemblage de plusieurs personnes occupées aux mêmes fonctions, & comme liées, c’est-à-dire, unies ensemble pour y travailler de concert : & ils disoient ce mot non seulement des personnes qui travaillent aux fonctions de la Religion, du Gouvernement, ou des Arts libéraux ; mais encore de celles qui s’occupoient aux Arts méchaniques. Ainsi ce nom signifioit ce que nous nommons un Corps, une Compagnie, un Corps de métier, un métier. Il y avoit dans l’empire Romain non seulement le Collège des Augures, le Collège des Capitolains, c’est-à-dire, ceux qui avoient l’intendance des Jeux Capitolins ; mais aussi le Collège des Artisans, Collegium Artificum ; le Collège des Charpentiers, Collegium Fabrorum, ou Fabrorum Tignariorum ; le Collège des Potiers, Collegium Figulorum ; le Collège des Fondeurs, Collegium Fabrorum ærariorum ; le Collège des Serruriers, Collegium Fabrorum Serrariorum. Le Collège des Ingénieurs, ou des gens qui travailloient aux machines de guerre, c’est-à-dire des Charpentiers de l’armée, Tignariorum ; des Dendrophores, Dendrophororum ; des Centenaires, Centenariorum ; des faiseurs de casaques militaires, Sagariorum ; des faiseurs de tentes, Tabernaculariorum ; des Entrepreneurs des fourages, Fœnariorum ; le Collège des Boulangers, Collegium Pistorum ; des Joueurs d’Instruments, Tibicinum, &c. Plutarque dit que ce fut Numa qui divisa le peuple Romain en différens Corps ; qu’il appela Collèges ; il le fit afin que les particuliers songeant aux intérêts de leur Collège, qui les divisoit des citoyens qui étoient des autres Collèges, ils ne s’unissent point tous ensemble pour troubler le repos public. Les Collèges étoient distingués des autres Sociétés qui n’étoient pas établies en forme de Collège par l’autorité publique, en ce que ceux qui composoient un Collège pouvoient traiter des affaires communes de leur Collège, qu’ils faisoient un Corps dans l’Etat, en ce qu’ils avoient une bourse commune, un Agent pour faire leurs affaires, comme aujourd’hui les Syndics de nos Communautés ; qu’ils envoyoient des Députés aux Magistrats quand ils avoient à traiter avec eux, & qu’ils pouvoient faire des réglemens & des statuts pour leur Collège, pourvu qu’ils ne fussent point contraires aux loix de l’Etat. Voyez Plutarque dans la Vie de Numa, Valere Max. au chap. des établissemens. De Institutis, Pline, l. 34, c. 1, & l. 35. Ciceron, épi. 5, à son F. Quintus, l. 2. Tite-Live, l. 2. Aulu-Gelle, l. 12, C. 3, les Pandectes, le Code, les Jurisconsultes. Caïus, Paulus, Scævola, &c. & ci-dessus au mot Boulanger.

A Rome, il y a le Collège des Cardinaux, qu’on nomme autrement le Sacré Collège. Les Allemans ont le Collège des Electeurs. Il y a trois Collèges dans l’Empire, le Collège Electoral, le Collège des Princes, & le Collège des Ville Impériales. Voyez ci-après.

La Chancellerie à le Collège des Secrétaires du Roy. Il y a le grand & le petit Collège.

Dans le Clergé de la Cathédrale de Roue, il y a cinq ou six Collèges différens de Chapelains ; & ces Chapelains sont appelés Collégiaux, à la différence des non-Collégiaux, qui ne forment point de Collège entre-eux. Voyez la Description Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. tom. 2, pag. 732 & suiv.

Collège des Cardinaux, ou Sacré Collège. Sacrum Collegium. C’est le Corps des Cardinaux. Ce Collège est composé de trois ordres de Cardinaux, de l’ordre des Cardinaux Evêques, de l’ordre des Cardinaux Prêtres, & de l’ordre des Cardinaux Diacres : chaque ordre a son Doyen, ou son Chef. Le Doyen des Cardinaux Evêques est Evêque d’Ostie, & Doyen de tous les Cardinaux, quoiqu’il puisse n’être pas le plus ancien Cardinal. Collegium Cardinalium.

On disoit autrefois le Collège des Apôtres ; cette expression a vieilli, on ne s’en sert presque point aujourd’hui. Apostolorum Collegium.

Collège des Electeurs. Collegium Electorum Imperii. C’est le corps des Electeurs, ou de leurs Députés à la Diète de Ratisbonne. Autrefois le Roi de Bohême n’avoit point de Député dans le Collège des Electeurs, il en a un aujourd’hui comme les autres Electeurs.

Collège des Princes. Collegium Imperii Principum. C’est le Corps des Princes ou de leurs Députés qui se trouvent à la Diète de Ratisbonne.

Collège des Villes. Collegium Imperii Civitatum. C’est le Corps des Députés que les villes de l’Empire envoient à la Diète de Ratisbonne.

☞ Cette division du Corps Germanique fut établie dans la Diète tenue à Francfort en 1580.

☞ L’Archevêque de Mayence des Directeur du Collège Electoral. L’Archi-Duc d’Autriche & l’Archevêque de Saltzbourg, sont alternativement Directeurs du Collège des Princes ; & le premier Magistrat de la Ville Impériale où la Diète est convoquée, est Directeur du Collège des Villes.

Ce mot vient selon Papias, a Societate Collegarum, c’est-à-dire, de plusieurs personnes constituées en la même dignité.

Collège se dit aussi d’un lieu public & doté de certains revenus, où l’on enseigne les Lettres divines & humaines, dans des salles appelées classes destinées pour cela. Gymnasium Litterarum, Gymnasium, Scholæ. ☞ L’Université de Paris consiste en plus de 50 Collèges, 10 de plein exercice, & plus de 40 autres fondés pour des boursiers, aujourd’hui réunis sous une même administration dans le Collège de Louis le Grand. A Oxford il y a dix-huit Collèges dotés & rentés ; outre ceux qui ne le sont point. Il y en a seize à Cambridge, qui ont aussi leurs revenus fixes. Chamberlain. En France l’érection des Collèges appartient au Roi : les particuliers peuvent bien bâtir des Collèges, les doter, mais ils ne sauroient les ériger, il faut pour cela permission du Roi. Voyer l’Hommeau, Chaline Févret, de l’Abus, T. I.

Toutes les nations policées ont eu & ont encore des Collèges pour l’instruction de la jeunesse, qu’on a toujours regardée comme une chose des plus importantes pour le bonheur d’un Etat. Les Juifs & les Egyptiens ont eu leurs Collèges. Le Thalmud & plusieurs livres des Juifs parlent de leurs Ecoles, ou Collèges : quelques villes ont eu des noms qui marquoient que les Sciences y florissoient ; comme Nardée, dont le nom signifie Fleuve de Science, & Cariath-sepher, qui veut dire, ville de livres. Les plus célèbres Collèges des Juifs ont été ceux de Jérusalem, de Tibériade, de Nardée, de Mata-Machasia, de Pompodita, de Sura, &c. & sur tout de Babylone. On prétend que ce dernier fut établi par Ezéchiel ; qu’il subsistoit encore au temps de Mahomet ; & que cet Importeur voulut que les Collèges voisins fussent subordonnés à celui de Babylone.

Chez les Grecs, le Lycée & l’Académie étoient de célèbres collèges, dont le dernier a donné son nom aux Académies & aux Universités, qu’on appelle en latin du nom Academia. La maison de chaque philosophe & de chaque rhéteur pouvoit passer pour un Collège, ils y donnoient des leçons à leurs disciples, à moins qu’ils ne choisissent pour cela quelque lieu public, comme un portique, une galerie, &c.

Les Romains établirent en divers endroits, & sur tout dans les Gaules, des Ecoles ou Collèges : les plus célèbres étoient ceux de Marseille, de Lyon & de Besançon. Les Collèges ont presque toujours été entre les mains de ceux qui étoient consacrés au ministère de la religion. C’étoient les Mages en Perse, les Gymnosophistes aux Indes, & les Druides dans les Gaules, qui enseignoient les sciences aux jeunes gens. Voyez César, l. 6, de la guerre des Gaules. Quand la religion chrétienne fut établie en France, il y eut presque autant de Collèges, que de Monastères. Charlemagne dans ses Capitulaires, l. 1, c. 22, ordonne que dans tous les Monastères on apprit aux enfans les pseaumes, la musique, l’arithmétique, la grammaire. Mais parce que le soin de l’éducation de la jeunesse tiroit les Moines de leur solitude, partageoient trop leur temps, & les empêchoit de vaquer aux exercices de leur profession, dans la suite on a donné le soin de plusieurs Collèges à des personnes qui n’eussent point d’autres occupation que celle-là.

Collège se dit aussi d’un lieu fondé pour y entretenir quelques pauvres garçons, & leur donner moyen d’étudier, sous le nom de Boursiers. Collegium. Ils sont conduits par un Principal, sans qu’il y ait aucun exercice, ni Professeur, comme le Collège de Fortet, de Me Gervais à Paris, nous avons déjà dit que ces Collèges étoient réunis.

On dit d’un homme qui fait paroître une ignorance grossière, qu’il a bien perdu son temps au Collège. On dit aussi qu’une chose sent le Collège, quand elle est faite ou dite, d’une manière pédantesque. Les gens de Cour envoient un Savant dans le fond d’un Collège. Boil. Ces ames de Collège & d’Université sont toujours armées de syllogismes pour disputer sur tout. Pere Daniel.

Si le texte est latin, cite l’original,
Mais non pas s’il est grec, le grec sied toujours mal,
Et porte malgré nous notre esprit au Collège.

Vill.

On dit dans le Droit que trois personnes suffisent pour faire Collège, Collegium tres faciunt.

On dit, le Collège des Avocats au Conseils du Roi, & l’Ordre des Avocats au Parlement. ☞ On dit cependant Collège des Avocats en quelques endroits, à Rouen, à Lyon.

Collège se dit des Chapitres de Chanoines & de Chanoinesses. Nicolas des Ursins, Comte de Solero, fonda un Collège de Chanoinesses à Noli, dans l’Etat de Genes. P. Hélyot, T. VII, C. 48. De-là vient qu’on appelle Collégiales, les Eglises des Chapitres de Chanoines qui ne sont pas dans une Cathédrale. Voyez Collégiale.

Collège des Marchands. C’est ainsi que l’on nomme dans presque toutes les villes Anséatiques, un certains lieu, ou place publique, où s’assemblent ordinairement les Marchands & Négocians, pour traiter des affaires de leur commerce. C’est proprement ce qu’on appelle à Nantes & ailleurs, Bourse, & à Lyon, Place du Change.

COLLÉGIAL, ALE, adj. Qui sent le Collège. Quod Collegium sapit. Cette façon d’agir, de parler, est fort collégiale, c’est-à-dire, ne tient point de l’air du beau monde.

☞ Dans cette acception, le mot de Collégiale n’est pas reçu. Il n’est usité qu’au féminin dans cette phrase, Eglise Collégiale, pour désigner une Eglise où il n’y a point de Siége Episcopal, & qui est desservie par des Chanoinres. Ecclesia Collegialis, Collegiata : templum Canonicorum Collegio celebre. S. Martin de Tours n’est qu’une Eglise Collégiale. Il y a deux sortes d’Eglises Collégales : les unes de fondation Royale, comme les saintes Chapelles, dont le Roi congère les prébendes ; les autres sont de fondation Ecclésiastique. Les unes & les autres pour le Service divin se eèglent comme les Cathédrales ; il y a même de ces Eglises Collegiales qui ont des droits Episcopaux. Quelques Collégiales étoient anciennement des abbayes qui ont été sécularisées. Au pluriel masculin on dit Collégiaux. Voyez ci-dessus Collège.

Collégial, s. m. nom de dignité dans les Universités d’Espagne. Collegialis. Le Collégial de l’Université de Valladolid vient d’obtenir une place d’Alcaïde dans l’Audience de Séville. Un tel est grand Collégial dans l’Université de Seville.

Collégiale. s. f. Ce mot vient du mot latin Collegium, Société de gens établis pour la même fin, les mêmes fonctions. ☞ On appelle Collegiale, ou Eglise Collegiale, une Eglise desservie par un Chapitre sans siége épiscopal. Chapitre de Chanoines & autres Ministres établi dans une Eglise qui n’est pas Cathédrale, ou Siége d’un Evêque.

☞ COLLEGIATS. s. m. En quelques endroits on appelle collegiats les Boursiers ou Ecoliers qui ont une bourse dans un Collège. Loysel.

☞ COLLÉGIATE, s. f. ce mot se dit peu. Il est synonyme à collégiale.

Ce mot se dit à Dijon de l’Eglise Abbatiale de S. Etienne. C’étoit autrefois un célèbre Monastère de l’Ordre de S. Augustin, & le chef de cette Collégiate porte encore le nom d’Abbé, quoiqu’il ait été sécularisé, & qu’on en ait fait un Chapitre de Chanoines séculiers, & réduits les biens en canonicats. ☞ cette Abbaye, ou Eglise collégiales, dut érigée en Eglise Cathédrale en 1731.

Collégiate, s. m. nom qui a été donné aux Religieux de Grandmont. Collegiatus. Le P. Jean L’Evêque, Religieux Grandmontain, dans son Apologie pour prouver que son Ordre étoit sous la régle de S. Augustin, dit que depuis le Pape Jean XXII, les Grandmontains se sont qualifiés Chanoines Réguliers, Conventuels ; Collégiates & stables. P. Hélyot, . VII, c. 54, p. 408.

☞ COLLÉGIAUX. s. m. pl. Dans quelques Eglises on appelle Chapelains collégiaux ceux qui font Collège entr’eux, qui tiennent chapitre, à la différence de ceux qui, ne formant pas de collège entr’eux, sont appelés non-Collégiaux.

COLLÉGIEN, s. m. nom que l’on donne populairement, & dans les Provinces aux Ecoliers qui vont au Collège. Une troupe de Collégiens.

COLLÉGIENS. Collegio adscripti. C’est le nom d’une certaine Secte, ou Parti, qui s’est formé des Arminiens & des Anabaptistes dans la Hollande. Ils ont été ainsi appelés, parce qu’ils s’assemblent en particulier, & dans leurs assemblées, tous les premiers Dimanches de chaque mois, chacun a la liberté de parler, d’expliquer l’Ecriture, de prier & de chanter. Tous les Collégiens sont Sociniens, ou Ariens, autrement Unitaires. Cupperus, qui a été Ministre Arminien, les quitta pour se ranger au Collège. Ces gens-là ne communient jamais dans leur Collège, mais ils s’assemblent deux fois l’an de toute la Hollande à Risbourg, qui est un village à environ deux lieues de Léyde, où ils font la communion. Ils n’ont point de Ministres particuliers pour la donner ; mais celui qui se met le premier à la table la donne, & l’on y reçoit indifféremment tout le monde, sans examiner de quelle secte l’on est. Ces Collégiens' ont introduit parmi eux quelque chose de l’Anabaptisme, & ils ne donnent le baptême qu’en plongeant tout le corps dans l’eau.

COLLÈGUE, s. m. compagnon en dignité ou en autorité. Collega. On le dit proprement des Consuls Romains. C’étoit son collègue au Consulat.

On le dit aussi de celui qui est associé, ou commis avec un autre dans le même emploi. On envoya un tel Seigneur Plénipotentiaire pour la paix ; mais on lui donna deux collègues.

☞ Ce mot de collègue se dit de ceux qui sont en petit nombre, comme celui de confrere, de ceux qui sont d’une compagnie nombreuse. Ainsi les Présidens d’une même Chambre, les Avocats & les Procureurs du Roi en une même Juridiction, les Députés, les Commissaires envoyés pour une même affaire, &c. sont collègues.

Collègues Généraux. On appelle ainsi dans l’Ordre des Minimes, ceux qui composent le Conseil du Général, & qui l’assistent dans le gouvernement de son Ordre. Ceux qui ont droit d’assister aux Chapitres généraux de cet Ordre, sont le Général, les collègues généraux, les Provinciaux, le Zélateur ou Procureur Général, seulement quand le Chapitre se tient à Rome ou aux environs. P. Hélyot, T. VII, p. 440. Il y a aussi des collègues provinciaux, qui sont auprès des Provinciaux ce que les collègues généraux sont auprès du Général. Id. p. 441.

☞ COLLER. v. a. Unir deux choses par le moyen de la colle ; attacher, faire tenir une chose à une autre avec de la colle. Glutinare. On colle des ais, du papier. On colle deux choses ensemble. On colle des pièces de marqueterie. On colle à la muraille, sur la muraille.

Coller signifie aussi enduire de colle. Glutine, glutino illinere. On colle une toile avant que de l’imprimer. Le papier boit, quand il n’est pas bien collé. En latin charta bibula.

Coller du vin, parmi les marchands de vin, c’est y mettre de la colle de poisson, pour l’éclaircir. Voy. Clarifier.

☞ En termes de billard, coller une bille, ou simplement coller, c’est faire toucher une bille à la bande ; pousser une bille de manière qu’elle demeure près de la bande. Applicare margini. On joue plus difficilement une bille collée. Quand on ne peut pas faire la bille de son adversaire, on cherche à le coller. Ici ce verbe prend un sens figuré.

☞ On dit encore figurément se coller, être collé contre un mur, se tenir droit contre un mur, comme si on y étoit collé, attaché. Applicare se ad murum. Il est du style familier.

☞ COLLÉ, ÉE. part. Il a les significations du verbe. Chassis collé, papier collé, toile collée, vin collé. Au figuré, bille collée.

☞ On dit encore figurément d’un habit qui est juste à la mesure du corps, qu’il est collé ; qu’il paroît collé sur le corps : & d’un homme qui se tient ferme & droit à cheval, qu’il est collé sur son cheval, sur la selle.

☞ Avoir les yeux collés sur une chose, c’est la regarder attentivement & long temps. Defixis oculis intueri. Avoir la bouche ou les lèvres collées sur une chose, les y tenir long temps attachées. On dit de même d’un homme fort attaché à l’étude, qu’il est collé sur les livres. Pour marquer l’extrême tendresse de David pour Jonathas, l’Ecriture dit que son ame étoit collée à celle de Jonathas.

COLLÉRAGE. s. m. Droit de tirage & de collérage : c’est un droit sur le vin qu’on payoit pour le mettre en perce (en coule) Voyez le Livre de l’Echevinage de Paris, c. 4.

COLLERETTE. s. f. Sorte de petit collet que les femmes portent pour se couvrir la gorge, & sur-tout les paysannes & les femmes de basse condition. Cœsitium tegendo collo, linteolum, mamillare.

COLLECTINE. s. f. Collestina. Voyez Cellite. C’est la même chose.

COLLET, s. m. partie de l’habillement qui entoure le cou, qui se met autour du cou. On le dit premièrement du haut du pourpoint qui entoure le cou. Un collet de chemise. Un collet de manteau, est un morceau de drap qui regne sur le manteau le long des épaules. On ne voyoit ni fraises ni collets avant Henri II. Son pere avoit le cou nu : à remonter jusques à S. Louis, les autres Rois l’ont eu de même, hors Charles le Sage, qu’on voit par tout représenté avec un collet d’hermine. Le Gendre.

Ce mot vient du latin collum.

☞ On appelle absolument collet un petit morceau de toile fine que l’on met autour du cou par ornement. Lineus colli amictus. C’est ce qu’on appelle ordinairement rabat. Voyez ce mot. Il n’y a plus que les Ecclésiastiques & les gens de robe qui en portent : & comme celui des Ecclésiastiques est plus petit, on les appelle familièrement petits collets, gens à petit collet.

☞ Les femmes portoient autrefois des collets empesés, ou soûtenus par une carte ou du fil de fer. C’est ce qu’on appeloit collet monté. Il y a long temps que cet usage est entièrement passé. C’est pour quoi l’on dit proverbialement, du temps des collets montés ; pour dire, du vieux temps. Antiquitus. Cela étoit bon du temps des collets montés.

☞ On dit encore qu’une chose est collet monté, & est bien collet monté ; pour dire, qu’elle est antique, ou qu’elle a un air contraint & guindé. Dans les Femmes savantes de Molière, Belise trouve que le mot de sollicitude est bien collet monté.

☞ On appelle encore collet monté celui ou celle qui affecte une gravité outrée. Cet homme, cette femme est un collet monté, un vrai collet monté.

Collet se prend quelquefois improprement, & par extension, pour le cou même. Collum. Ces Archers ont pris cet homme au collet. On le dit aussi de ceux qu’on presse vivement. Je l’ai pris au collet, il ne m’a pu refuser ce que je lui demandois.

On dit aussi familièrement prêter le collet à quelqu’un, tant au propre ; pour dire, qu’on se battra contre lui corps à corps, qu’au figuré ; pour dire, qu’on lui tiendra tête en toutes sortes de disputes & de contestations. Alicui fortiter resistere. On dit quand quelqu’un a fait une bonne affaire, ce sont cent pistoles qui lui sautent au collet.

Collet de veau, de mouton, en termes de cuisine & de boucherie, c’est la partie du cou de ces animaux qui reste après qu’on en a ôté le bout le plus proche de la tête, & dessus laquelle on lève l’épaule. Vituli, vervecis jugulum.

Collet, en termes de Chasse, est un petit filet de corde, ou de crin tendu dans les haies ou passages étroits avec un nœud coulant, dans lequel les lièvres, les lapins, les oiseaux, & autre gibier, se prennent, & s’étranglent, quand ils y passent. Laqueus. Les collets sont défendus par les Ordonnances de Chasse.

Collet d’étai, en termes de Marine, c’est un tour que l’étai fait sur le ton du mât.

Collet, en termes d’Artillerie, est la partie du canon comprise entre l’astragale & le bourrelet, où le métal est le moins épais. Collum. Les Orfèvres disent aussi, le collet de pié d’une aiguière, d’un flacon, & autres vaisseaux ; c’est-à-dire, la partie par où ils sont attachés à leur pié.

On appelle aussi le collet d’une cassolette, ou d’autres ouvrages, le cordon ou autre ornement qui est quelquefois ouvragé, godronné & renversé, qu’on met en différens endroits de la pièce fabriquée.

Collet ou Colletin de bufle, est une peau de Bufle préparée, qui fait une espèce de juste au corps sans manches. Thorax è bovis feri corio, è bubali corio.

Collet de senteur. Espèce de pourpoint de peau parfumée à petites basques & sans manches, que l’on portoit autrefois.

Collet se dit aussi chez les Artisans, de l’endroit d’une penture dans lequel entre le gond. Scaporum cardinalium extrema pars qua cardinibus inseruntur ; & en plusieurs choses, de ce qui est le plus haut & le plus éminent, comme d’un chandelier, d’un violon, &c. On appelle aussi collet d’une hotte, la partie la plus haute de la hotte, & qui garantit le cou de celui qui la porte. Pars superior.

Collet de marche. C’est, en termes de Charpenterie, la partie la plus étroite d’une marche tournante, & par où elle tient au noyau de l’escalier. Graduum pars angustior, qua scapis scalarum junguntur.

Les mortoises pour poser les collets des marches auront environ trois pouces dans leurs aplombs, & un pouce, ou un pouce & demi de largeur, & autant de profondeur.

Collet de flambeau, terme de Cirier. C’est le bout de la mèche de fil blanc, long d’environ trois pouces, qui paroît à l’extrémité des flambeaux de poing, quand ils n’ont point encore été allumés.

Collet, chez les Tourneurs, se dit de la partie de l’arbre qui est la moins grosse. Collum. Collet en poulie, collet allongé.

Collet, en termes de Botanique, est la partie de l’arbre qui sépare le bas caché par la superficie de terre, d’avec la tige de l’arbre. L’endroit de l’arbre où finit la racine & où commence la tige. Collet de la racine, est le haut de la racine, d’où sortent la tige & les principaux jets. Pars racidis superior. Lorsqu’on dit que les feuilles d’une plante sont disposées en collet, on entend qu’elles sont placées sur la tige à peu près comme le collet d’un manteau est placé sur le manteau. Le collet d’un arbre doit toujours être sans racine. Liger.

Collet, en termes de Fleuriste, c’est le haut de la plante. Endommager le collet d’une plante. Morin.

Collet de forme de soulier. C’est la partie de la forme qui répond immédiatement au talon. Pars calcei quæ respondet talo, pars infima & postrema.

Collet de tombereau, se dit de la partie du devant du tombereau qui s’élève au dessus des gisans.

COLLETAGE, s. m. vieux mot qui se trouve dans Monstrelet, & signifie, Tailles, Aides, Subsides qu’on lève sur le peuple.

COLLETER. v. a. Prendre quelqu’un au collet pour le jeter par terre ; le saisir au collet, & s’efforcer de le terrasser. Injectis in fauces manibus cum aliquo luctari. Cyrus soutint l’attaque d’un ours, & l’ayant colleté, tomba avec lui. Abl. Il se dit aussi fort souvent avec le pronom personnel, pour signifier, se battre corps à corps, se prendre au collet, pour tâcher de se renverser. Ils se sont colletés & gourmés un bon quart d’heure. Scar. Ces chiens se sont colletés. Le chien a colleté avec le loup.

Colleter des chandelles, terme de Chandelier, c’est faire le collet des chandelles plongées, c’est-à-dire, laisser prendre suif à une partie de la boucle que forme la chandelle, lorsqu’on la plonge, afin qu’elle reste ouverte & qu’elle s’allume plus facilement.

Colleter, en termes de Chasse, signifie, tendre des collets pour prendre du gibier. Tendere laqueos. L’Ordonnance défend de colleter à peine d’amende. Dans ce sens il est neutre.

COLLETÉ, ÉE, part. en termes de Blason, se dit des animaux qui ont des colliers d’un émail différent. Collari insignis.

COLLETEUR, s. m. terme de chasse. Il se dit de celui qui est habile à tendre des collets.

COLLETIER, s. m. celui qui fait & qui vend des collets de Buffle.

COLLETIN. s. m. Pourpoint sans manches. Thorax sine manicis. On le dit particulièrement des colletins de Buffle. Ni le nom ni la chose ne sont plus en usage.

Colletin se dit aussi d’un grand morceau de cuir que les Pélerins de saint Jacques & autres, se mettent sur les épaules en manière de mouchoir de cou, & sur lequel on attache des coquilles. Corium Peregrini, pectus & humeros vestiens.

COLLÉTIQUES, terme de Médecine. adj. Employé substantivement. Médicamens qui réunissent ou qui collent les parties séparées d’une plaie, ou d’un ulcère, & qui les rétablissent dans leur union naturelle. Ils sont plus déssicatifs que ceux qu’on appelle Sarcotiques, mais ils ne le sont pas autant que les épulotiques. On met parmi les collétiques, la litarge, l’alouès, la myrrhe, &c.

Ce mot vient du grec κολλητικὸς, qui signifie, qui a la propriété de coller.

COLLEUR de feuilles, ou des feuillets, qu’on appelle aussi Cartonnier. C’est un ouvrier qui fabrique des cartons. Dans les manufactures de papier il y a des ouvriers appelés colleurs.

C’est aussi le nom qu’on donne dans les Manufactures de Draperie, à un Ouvrier, dont l’emploi est tant de coller ou empeser les chaînes des draps, que de les monter sur le métier.

COLLIBERT, terme de Coutumes. Serf. Servus, Collibertus. Du Launoy, p. de son Inquisitio in Privilegia Vindocinensis Monasterii, dit que les Angevins appeloient un serf Collibert. Il ajoute que ce nom n’étoit point encore en usage l’an 1040 qu’il n’a été fait que depuis. M. Ménage s’est servi de ce terme dans son Hist. de Sablé, L. III, c. 7. C’est un titre de l’Eglise d’Angers touchant un partage de colliberts, c’est-à-dire, de serfs, &c. Ce titre est de l’année 1116, & le nom de Collibertus y est employé, comme on le peut voir dans cette Histoire de Sablé, où M. Ménage le rapporter tout entier.

COLLIEGE, s. m. assemblée. Tiré du latin. Gl. sur Marot.

COLLIER, s. m. ornement que les femmes portent à leur cou, fait d’un tour de choses précieuses enfilées. Monile. Un collier de perles fines. Un collier d’ambre. Un collier de corail.

☞ On appelle aussi colliers, certains ornemens de cou, composés d’un ruban seul, ou d’un tissu de crin garni de rubans, de blonde, &c. ornemens qui changent de forme & de nom tous les jours.

Ce mot vient du latin collare.

Collier se dit aussi d’une marque naturelle en forme de cercle, qui se voit quelquefois autour du cou des animaux & des oiseaux, & est différente du reste de leur poil ou de leur plumage. Un merle au collier. Un chien noir qui a un collier blanc.

Collier, s. m. terme de Conchyliologie. C’est ce qui forme tout le contour de la coquille du limaçon. La différence de ses cribles forme les différentes couleurs de la coquille.

Collier est aussi un ornement particulier que portent les Chevaliers des Ordres militaires, qui s’étend bien avant sur leur manteau, & dont ils mettent la figure autour de leurs armes. Torques, Torquis. C’est une chaîne d’or émaillée, souvent avec plusieurs chiffres, au bout de laquelle pend une croix, ou une autre marque de leur Ordre. Le collier du S. Esprit, de S. Michel, de S. Lazare. Ordinis Equitum S. Spiritûs, S. Michaelis, S. Lazari torquis. Maximilien a été le premier des Empereurs qui ait mis un collier d’Ordre autour de ses armes, étant devenu chef de celui de la Toison : en France, c’est Louis XI qui le premier a entouré ses armoiries du collier de l’Ordre qu’il avoit institué.

Ordre du Collier. Les Chevaliers du Collier, ou de S. Marc, ou de la Médaille. Ordre de Chevalerie dans la République de Venise ; c’est le Doge & le Sénat qui le confèrent. Les Chevaliers n’ont point d’habit particulier ; ils portent seulement le Collier ou la chaîne que le Doge leur met au cou, ou une médaille, sur laquelle est représenté le lion aîlé de la République. L’abbé Justiniani en parle dans son premier tome, c. 11, p. 123 & suiv. de l’édit. in-folio.

L’Ordre du Collier. C’est le nom que porta d’abord l’Ordre des lacs-d’amour, institué en 1355, par Amédée, Comte de Savoie. Voyez Favin, Guichenon, Hist. de Savoie, le P. Hélyot, T. VIII, C. 48.

Collier céleste du Rosaire. Le P. F. Arnould, Jacobin, dans un livre qu’il a intitulé : Institution de l’Ordre du Collier céleste du saint Rosaire, imprimé à Lyon en 1645, prétend qu’à sa sollicitation la Reine Anne d’Autriche, veuve de Louis XIII, institua en 1645, un Ordre sous le nom de Collier céleste du Rosaire : ce collier devoit être composé d’un ruban bleu, enrichi de roses blanches, rouges & incarnates, entrelacées en chiffres des lettres capitales de l’Ave, A & V, & du nom de la Reine qui s’appeloit Anne ; la croix devoit être d’or, d’argent ou d’autre métal, & à huit rais ; où, d’un côté, il y auroit eu l’image de la Sainte Vierge, & de l’autre, celle de S. Dominique, chaque rayon pommeté & avec une fleur-de-lis dans chacun des angles de la croix qui devoit être attachée à un cordon de soie, & pendre sur la poitrine. L’Ordre devoit être composé de cinquante filles dévotes, sous une intendante ou supérieure. Cet Ordre n’a point eu de suite, quoique le P. Arnould prétende avoir obtenu des lettres patentes du Roi.

Collier est aussi un cercle de fer ou de cuir, ou une chaîne que portent les esclaves, les mores, les chiens pour les attacher, ou marquer leur servitude. Cet homme a été dix ans esclave, on voit encore la marque de son collier. Les Grands Seigneurs ont des mores auxquels ils mettent des colliers d’argent. Les petits chiens ont des colliers de cuir garnis de grelot, pour empêcher qu’ils ne se perdent. Les chiens qui vont à la chasse au loup, ont de gros colliers garnis de cloux, pour empêcher que le loup ne les étrangle. Collare clavis præfixum munitum.

En ce sens, on appelle au propre ; un chien au grand collier, un chien d’attache, ou un chien qui conduit les autres : figurément il se dit d’un habile homme, qui a du crédit en sa compagnie, & qui entraîne les autres en son opinion. Antesignanus. Scarron a aussi dit,

De ces Auteurs au grand collier,
Qui pensent aller à la gloire,
Et ne vont que chez l’Epicier.

On appelle aussi un collier de mores, un ustensile de table, fait en forme de collier de mores, qui sert à élever ou porter un plat ou une assiette volante.

On appelle à la boucherie, collier de bœuf, une partie de l’épaule de bœuf, qui contient le premier & le second travers, & la joue du bœuf, dont le premier morceau contient la veine grasse, qui est fort recherchée. Jugulum.

On appelle, en Architecture, colliers de perles ou d’olives, de petits ornemens qui se mettent au-dessous des oves, qu’on appelle autrement, patenostres. Monilia.

Collier, terme de charpenterie. On appelle colliers, deux pièces de bois chacune de douze pieds de long, & de dix pouces de grosseur, posées au-dessus du pan de bois du premier étage d’un moulin, l’une devant, l’autre derrière, assemblées dans les poteaux corniers. On appelle aussi du même nom, deux autres pièces de bois assemblées au haut des poteaux corniers. Elles ont chacune quinze pieds de long, & huit ou neuf pouces de grosseur.

Collier de cheval est une pièce de bois & de cuir rembourrée, qu’on passe autour du cou des chevaux de charrette, de coche, de labour, où l’on attache les traits pour tirer la charrette, le coche, la charrue. Collare. Et on appelle un cheval franc du collier, un cheval qui est prompt à tirer sans le secours du fouet. Un coup de collier, c’est une secousse, un effort que fait un cheval pour tirer. Jamais ce cheval n’a refusé un coup de collier. Si les chevaux avoient donné encore un coup de collier, la charrette étoit hors du mauvais pas. Liger.

En ce sens, on dit figurément, qu’un homme est franc du collier, lorsqu’il sert proprement ses amis, qu’il embrasse leur querelle franchement, & sans marchander, ni se faire prier. On le dit aussi d’un homme de guerre qui ne crains point de s’exposer dans l’occasion, & qui y va de bonne grace. On dit aussi figurément, donner un coup de collier ; pour dire, faire un nouvel effort pour réussir dans quelque entreprise.

On appelle proverbialement, collier de misère, le travail pénible qui est l’occupation ordinaire de quelqu’un. Pensum, opera, labor. Ainsi on dit, après s’être bien diverti, il faut aller reprendre le collier de misère ; pour dire, son travail accoutumé. Quelques-uns appellent aussi le mariage, le collier de misère. Toutes ces expressions figurées ne sont que du style familier.

Collier d’étai, en terme de Marine, est une grosse corde que l’on met en rond comme une boucle, pour y amarrer l’étai.

Collier de ton est un lien de fer en forme de demi-cercle, qui sert conjointement avec le ton, à tenir les mâts de hune & de perroquet.

Collier se dit aussi en Botanique, par comparaison, avec les colliers que les femmes portent à leur cou ; mais les Fleuristes, en parlant des anémones doubles, entendent par ce terme, un cordon d’étamines qui se trouve à quelques-unes de ces fleurs, & en diminue le mérite.

Collier. C’est aussi, en terme de Pêcheurs, la corde qui tient le bout du verveux, & qui l’arrête au pieu fiché dans l’endroit des rivières & autres eaux où l’on veut tendre.

☞ COLLIÈRES. s. f. Dans les trains de bois, sur les grandes rivières, on appelle collières, les pièces qui font le fondement du train.

COLLIGER, v. a. recueillir, extraire. Colligere, excerpere. Ce Savant a colligé bien des passages. Cet écolier a colligé tous les beaux passages de S. Augustin.

Colliger signifie aussi, en terme d’école, conclure, induire, fonder un raisonnement. Concludere, elicere. De tout ce qui a été dit, nous pouvons colliger qu’il ne se faut point fier aux promesses de ce monde.

☞ Dans cette dernière acception, le verbe colliger n’est pas usité, même dans les écoles. Pris pour, faire des collections des endroits les plus remarquables de quelque ouvrage, il peut être de quelque usage parmi les Savans qui parlent moitié françois, moitié latin ; mais il n’est certainement pas de l’usage ordinaire, quoique les Vocabulistes, d’après l’Académie, le définissent comme terme usuel.

Colligé, ée, part.

COLLINE, s. f. petite côte élevée au dessus de la plaine. ☞ La colline n’est pas assez élevée pour mériter le nom de montagne, & l’est trop pour être appelée tertre ou éminence. Collis. Les vignobles sont ordinairement sur les collines. On a fait ce bâtiment sur la colline, pour avoir l’avantage de la vue, & le moyen d’y faire des terrasses.

Ce mot vient de collina, diminutif de collis. Ménage.

Les Poëtes appellent le Parnasse, la double colline.

On dit proverbialement & figurément, qu’un homme a gagné la colline ; pour dire, qu’il a pris la fuite, qu’il s’est mis en lieu de sûreté.

Colline, s. f. nom d’une fausse divinité chez les anciens Païens. Collina. C’étoit la Déesse qui présidoit à toutes les collines. S. Augustin l’appelle, Collatine ; ☞ mais c’est une faute, & il faut lire colline. Cette Déesse étoit adorée avec un culte fort religieux, puisqu’au commencement, les collines même étoient adorées, & que leur nom, selon Varron, ne venoit que du culte qu’on leur rendoit. Postea quam superiora loca colere cæperunt, a colendo colles appellarunt.

Colline étoit le nom de l’une des quatre portes dans lesquelles la ville de Rome étoit divisée au commencement. On l’appeloit Collina regio, le quartier des Collines, parce que de sept qui étoient renfermées dans l’enceinte de Rome, il y en avoit cinq dans ce quartier-là, savoir ; la Virginale, la Quirinale, la Salutaire, la Mutiale & la Latiale.

☞ La Tribu qui demeuroit dans ce quartier, s’appeloit aussi Colline, Tribus collina. On sait que chacun de ces quartiers étoit occupé par une tribu particulière.

Colline étoit encore le nom d’une porte de Rome, située au pié du mont Quirinal. Elle s’appela dans la suite, Porte du sel, quand on donna le même nom à la rue qui y conduisoit, Via salaria. Ce changement de nom vint de ce que les Sabins, qui portoient du sel à Rome, entroient par cette porte. C’est à la porte Colline qu’on enterroit les Vestales.

Colline des jardins, petite montagne de la ville de Rome, où étoient les jardins de Saluste. Elle fut renfermée dans l’enceinte de la ville, par l’Empereur Aurélien. Le sépulchre de Néron la rendit célèbre. Il y avoit une loi qui ordonnoit à tous ceux qui aspiroient aux charges de la République, de monter sur cette colline pour être apperçu par le peuple assemblé dans le champs de Mars, pour l’élection des Magistrats. Voyez Candidat.

COLLINHOU, s. m. vin, ou plutôt verjus du pays de Caux en Normandie. Vinum Caletense. Les vins qui croissent près d’Argences, & de quelques lieux vers Avranches, sont si verts, qu’on leur préfère le colinhou que les Cauchois tirent des vignes attachées à leurs arbres.

COLLIOURE, ou plutôt COLIOURE, ville maritime de France en Roussillon. Caucoliberis, & selon quelques-uns, Illiberis ou Eliberis. Collioure fut cédée à la France par le traité des Pyrénées. On y fait la pêche du Thon.

Cette ville a de longitude 20°, 35’, 50” ; la différence de son méridien à celui de l’Observatoire de Paris étant 0°, 2’, 58”, orient. en temps & en parties de l’équateur 0°, 44’, 30”. Sa latitude 42°, 31’, 13”. Cassini.

☞ Plusieurs Géographes ont confondu assez mal-à-propos cette ville avec l’ancienne Illiberis. Illiberis étoit sur la rivière du Tec, & sur le grand chemin qui va de Gironne, par les Pyrénées, à Narbonne ; au lieu que Colioure est fort loin de cette route, située dans un lieu de très-difficile accès, au milieu des rochers. L’ancien nom de Colioure est Caucoliberis.

COLLIQUATIF, IVE, adj. terme de Médecine. Colliquativus, a, um, colliquefaciens, colliquefiens. Qui décompose les humeurs, qui opère la colliquation. Ce terme s’applique à tout ce qui fait perdre aux humeurs leur consistance naturelle, en y produisant une grande dissolution. On le dit de même des symptômes qui sont des suites de la dissolution générale des humeurs. Son corps étoit beaucoup épuisé par des déjections colliquatives fréquentes & toujours accompagnées de nausées. Acad. d’Edimb. T. I, p. 327. Le cours de ventre colliquatif a été un des accidens les plus ordinaires de la peste de Marseille. Journ. des Sav. 1721, pag. 419.

COLLIQUATION, s. m. terme de Pharmacie. Action par laquelle on mêle ensemble deux substances solides qui se peuvent rendre liquides par la fusion, ou par la dissolution, comme la cire par la chaleur, les gommes par l’humidité.

Colliquation, terme de Médecine. Dissolution générale de la masse des humeurs, décomposition de leurs parties intégrantes. Décomposition des parties fibreuses & conglutineuses du sang. Colliquatio.

Ce mot vient du verbe latin liquare, colliquare.

COLLISION, s. f. terme didactique. Choc de deux corps qui se fait avec violence. Collisus. La collision des caillous engendre le feu. La collision des nuées est cause de l’éclat du tonnerre.

☞ Quelques-uns ont hazardé ce mot au figuré. Les plus belles connoissances ne sont sorties que de la collision des esprits.

Ce mot vient du verbe collidere.

COLLITIGANT, ANTE, adj. terme de Jurisprudence. Qui plaide contre un autre. Concertator de re aliqua. Ce bénéfice est disputé par cinq ou six collitigans. Il y a souvent de la collusion entre les parties collitigantes.