Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/691-700

Fascicules du tome 2
pages 681 à 690

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 691 à 700

pages 701 à 710


☞ COLLO, ville de Barbarie au royaume d’Alger, dans la province de Constantine.

COLLOBE, s. f. sorte de tunique. Les moines d’Egypte portoient une tunique de lin, qui ne venoit guère qu’au dessous des genoux, & dont les manches ne passoient pas les coudes, afin de laisser plus de liberté pour le travail. C’est la même qu’ils nommoient collobe ou lébitone. Fleury.

☞ COLLOBRIÈRE, ville de France, dans la Provence, diocèse de Toulon.

☞ COLLOBRION, petite ville de France, en Provence, sur les confins du Dauphiné.

COLLOCATION, s. f. action par laquelle on colloque, on range les créanciers dans l’ordre suivant lequel ils doivent être payés. Collocatio, dispositio. ☞ Par exemple ; dans un ordre de créanciers, d’abord on met les privilégiés, ensuite les hypothécaires, puis les chirographaires, lesquels viennent par contribution au sou la livre, si le fonds n’est pas suffisant pour les payer en entier. On a fait la collocation de ses créanciers.

☞ On appelle collocation utile, celle pour le paiement de laquelle, il y a des deniers suffisamment.

☞ Ce mot signifie aussi l’ordre, le rang dans lequel chaque créancier est colloqué. Ainsi l’on dit qu’un créancier sera payé suivant sa collocation. Il a obtenu sentence de collocation.

COLLOCUTEURS. s. m. pl. Gens assemblés à un colloque, qui discourent ensemble. Granville proposa aux collocuteurs un écrit que l’Empereur lui avoit envoyé. Dupin.

☞ COLLOQUE. s. m. Terme du discours familier qui signifie littéralement, dialogue, entretien de deux ou plusieurs personnes. Ils ont eu plusieurs colloques ensemble à ce sujet.

☞ Ce mot est en usage dans le titre de certains livres qui sont des dialogues ou entretiens entre plusieurs interlocuteurs. Les colloques d’Erasme, de Mathurin Cordier.

☞ On se sert aussi de ce terme pour désigner la fameuse conférence de Poissi, tenue en 1561, entre les Catholiques & les gens de la religion prétendue réformée. Le Roi y assista avec la famille royale. Six Cardinaux & plusieurs Evêques y soûtinrent la cause des Catholiques. Théodore de Beze, aidé des plus fameux Ministres Protestans, défendit la cause de la Réforme. On disputa, on raisonna, on écrivit, on réfuta, mais on ne décida rien, & chacun sortit du colloque de Poissi aussi fortement attaché à son opinion qu’il l’étoit auparavant.

Le colloque, parmi les Prétendus Réformés, est une assemblée plus considérable que celle qu’on appelle consistoire, & moins que le synode provincial. Dans le livre de la discipline des Calvinistes, Chap. V, art. 3, il est dit que les débats pour la doctrine seront terminés par la parole de Dieu, s’il se peut dans le consistoire, sinon que l’affaire sera portée au colloque, & de-là au synode provincial.

COLLOQUER, v. a. placer. Collocare. Il avoit de l’argent à mettre en rente ; mais il l’a mal colloqué, il l’a donné à un insolvable. Il n’est plus guère d’usage que pour dire, mettre un rang ou un ordre entre des créanciers, pour être, suivant leur hypothèque ou leur privilège, payés de leur dû, sur le prix provenant de la vente des immeubles de leur débiteur, adjugés par décret. Dans les instances d’ordre, on colloque les créanciers suivant leur privilège. Cet homme a été colloqué utilement ; c’est-à-dire, il y a du fonds suffisant sur le prix de la chose vendue pour le payer.

On dit en ce cens ; on l’a colloqué au nombre des Saints ; pour dire, on l’a canonisé. En astronomie ; on a colloqué Saturne dans la plus haute région des planètes. En logique ; sous quelle catégorie colloquez-vous une chose ? En morale ; en quel rang colloquez-vous une telle vertu, un tel capitaine ?

Colloquer un mariage. Tout cela est d’un très-mauvais style, & ne se peut dire qu’en riant.

Colloqué, ée, part.

COLLUCIANISTE, s. m. & f. condisciple d’un disciple de Lucien. Collucianista. Arius, dans sa lettre à Eusebe de Nicomédie, l’appelle pieux Eusebe collucianiste, parce qu’ils avoient été ensemble disciples de S. Lucien, martyr, prêtre d’Antioche. Fleury.

COLLUDER, v. n. terme de Palais. S’entendre avec sa partie au préjudice d’une tierce personne. Colludere, prævaricari. Les confidentiaires colludent ensemble pour ôter le bénéfice à un légitime titulaire. Colludere cum adversario.

COLLURION, s. m. sorte d’oiseau. En latin, Lnius minor. Pomey. Voyez Pie-Grieche.

COLLUSION, s. f. intelligence d’un tiers. Collusio, prævaricatio. La collusion, en matière bénéficiale, est un genre de vacance, une incapacité pour tenir un bénéfice. Il y a un titre dans le droit de collusione detegenda.

Il se dit aussi de toute intelligence secrette dans les affaires pour tromper un tiers. Il y avoit collusion entre les chefs des partis contraires.

☞ En matière civile, si deux parties s’accordent ensemble au préjudice d’un tiers, quand le fait est prouvé, on peut revenir contre.

☞ En matière criminelle, quand il y a collusion, l’accusé, nonobstant l’absolution qu’il auroit obtenue par collusion, peut être accusé de rechef du même crime, malgré la maxime, non bis in idem, parce qu’il est de l’intérêt public que les crimes soient punis.

☞ À l’égard des contrats & autres actes faits par collusion, en fraude d’un tiers, quand le fait est prouvé, on les fait aisément déclarer nuls en Justice.

COLLUSOIRE. adj. m. & f. Ce qui se fait par collusion. Procédure collusoire. Contrat collusoire. Collusorius. Il est opposant à l’exécution de cet arrêt, parce qu’il prétend qu’il est collusoire entre les parties principales.

COLLUSOIREMENT. adv. D’une manière collusoire. Collusoriè. Ce procès a été jugé collusoirement.

COLLUTHIEN, ENNE. s. m. & f. Nom d’une secte qui s’éleva au commencement du IVe siècle. Colluthianus. Arius ayant commencé à répandre son venin à Alexandrie, le Patriarche Saint Alexandre essaya d’abord de le ramener par des avertissemens charitables & par la douceur. Cette condescendance fut une occasion de scandale pour plusieurs Fidèles. Colluthe, Prêtre d’Alexandrie, fut de ce nombre. Il prit de-là prétexte de se séparer, de tenir des assemblées à part, & même d’ordonner des Prêtres, comme s’il eût été Evêque, prétendant avoir besoin de cette autorité pour résister à Arius. Il ajouta même l’hérésie au schisme, & enseigna que Dieu n’avoit point créé les méchans, & n’étoit point auteur des maux qui affligent les hommes. Il fut condamné en 319 dans un Concile que tint Osius à Alexandrie, & S. Epiphane assûre que la secte des Colluthiens ne subsista que fort peu de temps. Ceux qui parlent des Colluthiens sont S. Epiphane, hérésie 69. Saint Aug. hér. 65 Philastr. hér. c. 8. On vit cependant encore dans la suite quelques restes de Colluthiens ; l’an 335 on les trouve encore mêlés avec les Méléciens & les Ariens, tenir des assemblées, & exciter de concert des troubles contre S. Athanase.

COLLYRE, s. m. terme de Médecine. remède externe, destiné particulièrement pour les maladies des yeux. Il y a de deux sortes de collyres, des liquides & des secs. Les collyres liquides sont composés d’eaux & de poudres ophtalmiques, comme les eaux de rose, de plantin, de fenouil, d’eufraise, dans lesquelles on dissout de la turhie préparée, du vitriol blanc, ou quelque autre poudre propre. Les secs sont les trochisques de Rhasis, le sucre candi, l’iris, la thurie préparée, &c. qu’on souffle dans l’œil avec un petit chalumeau. On a donné le même nom à des onguens employés pour le même effet, comme l’onguent de thurie, & plusieurs autres. On le donne aussi, mais improprement, à quelques remèdes liquides dont on se sert pour les ulcères vénériens. Les Arabes nomment sief les collyres.

Collyre vient du grec κολλουριον, qui est dit, selon Martinius, comme de κολλᾶν τουριουν, parce qu’il englue, il empêche la fluxion.

COLLYRIDIEN, ENNE. s. m. & f. L’hérésie des Collyridiens s’éleva à peu près en même temps que celle des Andicomarianistes, entre les années 370 & 580 de J. C. Elle prit naissance dans la Thrace & la Haute Scythie, & de-là se répandit dans l’Arabie. Voyez S. Epiphane, Hæres. 78 & 79.

Les Collyridiens, anciens hérétiques, ont pris leur nom d’un petit pain en gâteau qu’ils offroient à la Vierge, & qui s’appelle en grec Collyra. Des femmes d’Arabie, par une dévotion outrée envers la Vierge, s’assembloient en un certain jour de l’année pour célébrer cette fête solennelle, rendre des honneurs à Marie comme à une Déesse : & elles mangeoient de ce pain qu’elles avoient offert en son nom. S. Epiphane, qui a rapporté l’histoire de cette cérémonie superstitieuse, Hær. 79, la traite de ridicule & d’impertinente. Le corps de Marie, dit-il, étoit saint, mais elle n’a pas été un Dieu ; elle a été Vierge, mais elle ne nous pas été proposée pour être adorée ; c’est pourquoi il condamne cette pratique, comme un acte d’idolatrie, & parce que les femmes ne peuvent avoir part au Sacerdoce.

COLLYTE. Canton de la ville d’Athènes, où l’on dit que les enfans commençoient à parler un mois plutôt que dans les autres quartiers. Platon & Timon le Misanthrope étoient de ce quartier. Κολλυτός. Collyte étoit aussi le nom d’une Démarchie ou Intendance, selon lesquelles étoit partagé le pays de l’Attique. Elle appartenoit à la tribu Agéïde.

COLM. s. m. Voyez Colomb.

COLMAN, s. m. nom d’homme. Colomannus. S. Colman, d’Écosse ou plutôt d’Irlande, fut martyrisé en Autriche, par où il passoit pour aller à Jérusalem, au commencement du onzième siècle.

COLMAR. Ville de la haute Alsace, sur la petite rivière de Rotbach. Colmaria, Columbaria. Colmar fut bâti des ruines d’Arbrug, appelé Colonia Argentaria, sous Valentinien III. Sous Frédéric II, Colmar devint ville Impériale ; en 1633 le Duc de Weimar, avec les secours de la France, s’en rendit maître ; & après la mort de ce Duc il fut remis & enfin cédé à la France, par la paix de Westphalie.

COLMAR, s. m. sorte de poire qu’on appelle aussi poire de manne & bergamotte tardive. Elle ressemble fort au bon-chrétien, & un peu à la bergamotte. La tête en est plate, l’œil assez grand, & fort foncé, le ventre un tant soit peu plus gros que la tête, s’allongeant médiocrement du côté de la queue, qui est courte, assez grosse, & penchée. Le coloris en est vert & tiqueté, comme celui des bergamottes, & un peu teint du côté du soleil ; la poire jaunit un peu en sa maturité, qui arrive en Décembre & en Janvier, & va quelquefois jusqu’aux mois de Février & de Mars. La peau en est douce & unie, la chair tendre, & l’eau fort douce & fort sucrée. Elle est sujette à avoir la chair sablonneuse & insipide : elle craint les moindres vents d’Automne, qui sur tout en arbres de tige la font aisément tomber, & l’empêchent d’acquérir le degré de perfection qui lui convient.

COLMARS. Petite ville de France en Provence. Colmartium, Collis Martii ou Martius. C’est le siège d’une Viguerie. Colmars est située dans les Alpes, sur la Verdone, aux confins du Comté de Nice, & du Diocèse de Senez, & fait commerce de draps dans toutes les montagnes.

☞ COLMOGOROD. Petite ville de Moscovie, dans une Île que forme la Dwine, sur la rivière de même nom.

☞ COLO, COLOM. Petite ville de Pologne, au Palatinat de Kalisch.

☞ COLOCZA, COLCIA & COLOZA. Ville de la haute Hongrie, sur le Danube, avec titre d’Archevêché.

COLOCASIA ou COLOCASIE. s. f. Plante qui est une espèce de pié de veau. Voyez Pié de Veau.

☞ COLŒNA. Surnom de Diane, ainsi appelée d’un temple qu’elle avoit dans l’Asie mineure près de la partie de la mer appelée Coloum.

☞ COLŒNIS. Autre surnom de Diane sous lequel elle étoit adorée par les habitans de Mitrimante en Attique. Ce nom lui venoit, dit-on de Colænus Roi d’Athènes.

COLOFANE. Voyez Colophane.

COLOGNA. Ville de l’Etat de Venise en Italie. Colonia. Elle est de l’Evêché de Vicenze pour le spirituel, située entre Vicenze & Vérone ; mais indépendante de l’une & de l’autre, & soumise immédiatement à la Seigneurie de Venise. Elle est à l’orient de Vérone. Cette ville est ancienne ; c’est d’elle, & non de Mantoue, comme Cluvier l’a cru, que Catulle parle, dans sa XVIIe pièce qui commence O Colonia. De tous les Commentateurs anciens de Catulle, Muret est le seul qui ait vû qu’il s’agissoit de cette ville. Habitant de Cologna, en italien Colognese, en latin Colononiensis.

COLOGNE. C’est ainsi qu’il faut écrire & prononcer en françois, & non pas Coln ou Colln, qui est son nom allement. Colonia ; Colonia Agrippina ; Ubiorum Civitas. Ville du Cercle Electoral de Cologne, située sur le Rhin. Cologne s’appela d’abord ville des Ubiens, qui étoient les peuples de ce quartier-là, & qui la fondèrent, ou l’agrandirent. Ensuite Agrippine, mere de Néron y fit conduire une colonie vers l’an 48 de J. C., & elle fut appelée de son nom Colonie d’Agrippine. Quelques-uns néanmoins veulent qu’elle ait pris ce nom d’Agrippa, qui reçut les Ubiens sous la protection de Rome. C’est de ce mot Colonia que s’est fait son nom, soit allemand Coln, soit françois Cologne. Cologne est un Archevêché, dont l’Archevêque est Electeur & Archi-Chancelier de l’Empire pour l’Italie. L’Université de Cologne fut établie en 1388 par Urbain VIe. Cologne est ville Anséatique, & la plus grande de toute l’Allemagne.

La différence de son méridien à celui de Paris est 0d, 19′, orient. & en parties de l’équateur 25d 36′, 20″. Elle est donc au 24°, 35′ 20″ de longitude. Sa latitude 50d, 55′, 0″. Cassini.

L’Archevêché de Cologne, l’un des Etats qui composent le Cercle Electoral du Rhin, est borné au nord par les Duchés de Clêves & de Gueldre, au couchant par celui de Juliers, au midi par l’Archevêché de Trèves, & au levant par le Duché de Berg, dont le Rhin le sépare presqu’entièrement. On a prétendu que le premier Evêque de Cologne, & qui y porta la foi, étoit Maternus, disciple de J. C. Voyez Imhoff, Not. Imp. L. II, c. 4. & L. X, c. 1, § 11.

☞ Il y a une terre qu’on nomme terre de Cologne, brune, tendre, d’une couleur fort nette, que les Peintres emploient utilement, ainsi que les Teinturiers de Saxe.

COLOMB, s. m. nom d’homme. Columba, Columbus, & dans Bède Columbanus. Saint Colomb, appelé Colm dans son pays, & depuis Colmkil ou Columcille, à cause du grand nombre de cellule qu’il a fait bâtir, par corruption Columban, nâquit en Irlande le 7 Décembre de l’an 521 d’une des meilleurs noblesses de toute l’Île. Baillet. Il fut l’Apôtre de l’Île de Hy ou Jona, au nord d’Irlande, & ensuite des Pictes en Ecosse ; & mourut à ce que l’on prétend le 9e de Juin en 597.

L’Ordre de S. Colomb est une Congrégation de Chanoines Réguliers fort étendue autrefois en Irlande, & dont dépendoient plus de cent Abbayes ou Monastères, dans toutes les Îles Britanniques. Le principal Monastère, ou Chef d’Ordre, étoit selon quelques-uns à Dairmag ; selon d’autres à Derry ou Londonderry, & selon la plus commune opinion dans l’Île de Hu, ou de Hy ou de Jona, qui depuis a été appelée du nom de ce Saint Ycolmkil, au nord de l’Irlande, peu loin de l’Ecosse. Il y a une Règle en vers hibernois que S. Colomb avoit dictée à ces Chanoines Réguliers. Saint Colomb portoit une tunique blanche, & une tonsure en demi-cercle. Voyez l’Hist. Mon. &c. Tome II, ch. 20.

COLOMBAGE, s. m. terme de Charpenterie. Rang de colombes ou de solives, posées à plomb dans une cloison ou muraille faite de charpente. Paries intergerinus. Tout ce colombage ne vaut rien, parce qu’il a quitté la sablière qui est pourrie.

COLOMBAN, s. m. nom d’homme. Columbanus. S. Colomban nâquit dans la province de Lagénie en Irlande, l’an 560. Il fut formé aux sciences & à la piété par S. Silène. Il se fit Religieux au Monastère de Benchor sous l’Abbé Comgal ou Commogelle. Il passa ensuite en Angleterre, & de-là en Gaule, où il s’établit avec quelques compagnons dans le désert de Vauge, sous le règne de Gontran, en Bourgogne, & de Childebert en Austrasie. Comme le nombre de ses Disciples augmenta, il bâtit quelques Monastères, & entre autres Luxeuil, auquel il soumit tous les autres.

L’Ordre de S. Colomban. Quelques Auteurs Bénédictins ont prétendu que S. Colomban n’avoit point institué d’Ordre Religieux, ni fait de règle, qu’il avoit embrassé celle de S. Benoît avant qu’il sortit d’Irlande, mais cette règle n’y étoit point encore connue. Sa règle fut examinée au Concile de Mâcon en 623. Il en avoit donc fait une, & elle étoit différente de celle de S. Benoît.

Il y a eu aussi des Religieuses de S. Colomban. Voyez le P. Hélyot, T. V, c. 8.

COLOMBE, s. f. Voyez Pigeon. ☞ Ce mot est consacré à la Poësie & au style soûtenu. La tendre, la fidelle colombe. Jupiter fut nourri par des colombes. On l’emploie aussi au lieu de pigeon dans toutes les phrases tirées ou imitées de l’Ecriture. Le Saint-Esprit descendit en forme de colombe sur la tête du Sauveur, quand il fut baptisé par S. Jean. Il faut avoir la prudence du serpent, & la simplicité de la colombe. Les femmes par la Loi de Moïse donnoient une paire de colombes lors de leur purification.

Colombe, en Mythologie. C’étoit l’oiseau de Vénus, c’est pour cela qu’on l’appeloit l’oiseau de Cythère. Elle le portoit à la main, dit Apulée, elle l’attachoit à son char. Elle-même se transformoit en colombe selon Elien. Les habitans d’Ascalon avoient un souverain respect pour les colombes. Ils n’osoient ni en tuer ni en manger, de peur de se nourrir de leurs Dieux mêmes ; ils nourrissoient avec soin toutes celles qui naissoient dans leur ville.

Les Syriens & Assyriens adoroient les colombes comme les poissons, & n’en mangeoient point non plus, parce qu’ils croyoient que l’ame de leur fameuse Reine Sémiramis s’étoit envolée au ciel sous la figure d’une colombe, comme Derceto sa mere le fut en poisson. L’origine de cette fable vient de ce que Sémiramis, comme Hésychius nous l’apprend, signifie une colombe des montagnes, de ומדם, à ce que croit Vossius. De Idol. Lib. I, cap. 23. Voyez encore L. I, c. 78, 84, 91, 98. Les Juifs accusent aussi les Samaritains, qui étoient des Assyriens, d’avoir adoré une colombe sur le mont Garizim. Voyez Bartenora & Maimonide sur la Mischna, Traité de Berachot, c. 8. Les Luthériens mettent des figures de colombe dans leurs baptistères, & sur les chaires des Prédicans.

Il y a une espèce de colombe appelée en latin columba livia, qui ne se voit point en France, mais en Italie. Elle ressemble au pigeon domestique, à cela près, qu’elle est plus petite de taille. Ses piés sont rouges, son bec blanchâtre. Elle a un peu de couleur de pourpre autour des narines. Ses plumes sont la plûpart cendrées ; mais elles sont noirâtres à l’extrémité de la queue ; celles du milieu tirent un peu sur le roux ; le dessous & les côtés de sa gorge sont mêlés de couleur de pourpre & de vert, & changeantes ; le dessus du cou est d’un cendré tirant sur le pourpre. Les quatre premières grandes pennes sont noirâtres, mêlangées d’un peu de couleur roussâtre. Les petites sont cendrées, & en partie noirâtres à l’extrémité ; les dernières, c’est-à-dire, celles qui sont proches du dos, sont rousses. Cet oiseau est plus petit de cinq doigts que le pigeon ramier, & n’a pas des taches blanches autour du cou, & aux aîles, comme lui. Il fait son nid dans les tours & dans les roches qui sont dans les montagnes & est passager, ne demeurant point l’hiver en Italie. Albert dit qu’elles vont en troupe, & qu’elles vivent jusqu’à 40 ans. Elles se nourrissent de gland, & de toutes sortes de grains.

☞ Il y a aussi la colombe de Portugal, plus grosse que nos Tourterelles, & dont le plumage est fort sombre. Celle de la Chine, encore plus grosse, avec un plumage un peu bleuâtre ; & celle du Groenland, appelée assez improprement colombe, puisqu’elle n’a rien du pigeon. C’est un oiseau aquatique qui ressemble à la pie de mer.

Ce mot vient du grec Κολοῦμβαν, qui signifie, faire le plongeon. Cette espèce d’oiseau se plaît fort à être mouillé, & à plonger avant le bec dans l’eau.

Colombe. (Ordre de la) Ordre de Chevallerie, fondé en 1379 par Jean I, Roi de Castille. Il fut aboli après la mort du fondateur. Quelques Ecrivains Espagnols prétendent que ce fut Henri III, fils de Jean I qui l’institua l’an 1399. Et d’autres que ce fut Pierre. Le collier de l’Ordre étoit d’or, enchaîné de rayons du soleil ondoyés en pointe, & au bout pendoit une colombe émaillée de blanc, les yeux & le bec de gueules. Consultez Favin, L. VI, p. 1229. Ces Chevaliers s’appelèrent en Andalousie Chevaliers de la raison. Voyez la Descript. des Ord. Milit. imprimée à Paris en 1671 & l’Abbé Justiniani, T. II, c. 64.

Colombe, vieux terme de Charpenterie. C’est une solive qu’on pose à plomb dans une sabliére pour faire des cloisons, des maisons & des granges de charpente. Tignum intergerino parieti deserviens. Colombe nous a donné Colombage qui est un terme usité.

Colombe, chez les Tonneliers, est une espèce de varlope renversée, dont ils se servent pour pratiquer des joints aux bois qu’ils emploient.

Colombe, chez les Layetiers, est un instrument en forme de banc, percé à jour comme le rabot, & garni d’un fer tranchant destiné à dresser le bois. Encyclopédie.

☞ La Colombe d’Archiras étoit une machine volante, en forme de pigeon, fort vantée par les anciens.

Colombe, nom de femme. Columba. Il y a deux saintes Colombes, l’une de Cordoue en Espagne, martyrisée en 852, par les Sarrazins ; & l’autre de Sens, que l’on croit avoir aussi souffert le martyre sous Aurélien en 273.

COLOMBEAU, s. m. petit Pigeon. Columbus, columbulus. Ce mot s’est dit autrefois en différentes occasions ; par exemple, on disoit une étoffe à colombeaux, pour dire une étoffe sur laquelle il y avoit des figures d’oiseaux, de colombes, ou de pigeons.

COLOMBELLE. s. f. Diminutif de colombe. Petite colombe. Columbula.

T’éveillera la pie en son caquet
T’éveillera aussi la colombelle
Pour rechanter encore de plus belle. Marot

☞ Ces diminutifs ne sont plus usités.

COLOMBIER. s. m. Bâtiment en forme de tour, pour y nourrir des pigeons. Columbarium. Dans la plûpart des Coutumes de France, le droit de colombier n’est pas un droit féodal. Il n’est permis qu’aux Seigneurs qui ont haute Justice d’avoir des colombiers à pié. Les autres Seigneurs ne peuvent avoir de colombier, à moins qu’ils n’aient un certain nombre d’arpens de terre. En Normandie le droit de colombier est attaché au plein fief de Haubert. Il n’est pas permis de bâtir un colombier sur une roture.

Un colombier à pié, est celui qui a des boulins depuis le sommet jusqu’au rez-de-chaussée. Les autres s’appellent des volets, des fuie. Voyez ces mots.

On dit attirer les pigeons à un colombier ; ou au contraire, chasser les pigeons du colombier ; pour dire, attirer par quelque amorce, par quelque bon accueil, les chalands dans une boutique, les passans dans une hôtellerie : parce qu’au propre on attire les pigeons étrangers au colombier, quand on y met quelque saline, ou autre drogue qu’aiment les pigeons.

COLOMBIERS, en termes de Charpenterie, ce sont deux pièces de bois endentées qui servent à soûtenir un navire quand on veut le mettre à l’eau. Columbar.

Colombier, en termes d’Imprimerie, se dit par allusion quand on laisse trop d’espace entre les mots.

Colombier. On donne ce nom à une sorte de papier.

COLOMBIN, INE. adj. Espèce de couleur qui est du violet lavé, du gris de lin entre le rouge & le violet. Color violæ dilutior.

☞ Ce mot vieillit : on dit mieux gorge de pigeons.

Colombin. s. m. C’est la pierre minérale d’où l’on tire le plomb pur & sans mêlange d’aucun autre métal. On l’appelle plombacine, quand on y trouve de l’argent mêlé avec le plomb.

Colombin, terme de Fleuriste. Nom de Tulipe. Colombin & blanc à grand bord ; il y en a une printanière & une tardive.

COLOMBINE. s. f. Nom qu’on donne à une plante appelée autrement ancolie, & en Latin aquilegia. Voyez Ancolie.

On le donne aussi à la verveine mâle, parce que les pigeons, selon Dioscoride, la recherchent beaucoup. Voyez Verveine.

Colombine, s. f. terme de Fleuriste. Anémone à peluche qui est toute d’une couleur, qui tire plus à la fleur de pêcher, qu’au colombin. Ainsi elle a été mal nommée. Elle est fort vulgaire. Morin.

Colombine, s. f. terme de jardinage. Fiente de pigeon. Stercus columbinum. Prenez bien garde, disent les habiles Jardiniers, quand vous voudrez employer la colombine, que ce soit toujours fort à propos, autrement elle peut causer beaucoup de dommage. Liger. ☞ Ce fumier est trop rempli de parties volatiles : il ne convient qu’aux prés trop usés. Dans les potagers, il doit être mêlé avec d’autres engrais qui en modèrent la chaleur.

☞ COLOMBO, Ville des Indes orientales, sur la côte occidentale de l’Île de Ceylan, ainsi nommée de Christophe Colomb. Les Hollandois l’enlevèrent aux Portugais en 1556.

☞ COLOMBS ou COULOMBS. Columba. Bourg de France, avec une Abbaye de l’Ordre de S. Benoît, dans la Beausse, sur la rivière d’Eure, près de Nogent le Roi.

COLOMIERS. Petite ville de France dans la Brie inférieure, & du Diocèse de Meaux, sur le Morin. Colomeriæ, Columbaria. Colomiers est une ancienne Pairie, qui fut rétablie en son premier état par Louis XIV, en faveur d’Henri d’Orléans, Duc de Longueville.

COLON, s. m. signifie en général celui qui cultive une terre, colonus du verbe colere cultiver. Par cette raison, on appelle Colons, les peuples d’une Colonie qui défrichent, plantent & cultivent les terres. Voyez Colonie.

On le dit par extension de ceux qui cultivent des terres en quelque pays que ce soit. Dans quelques-unes de nos Provinces on manque de Colons.

Colon, (en Jurisprudence) signifie, dans quelques Provinces, Fermier, ou celui qui cultive un héritage. Le Fermier ou colon doit faire les cultures en leur temps, & selon l’usage. Domat, Loix civiles.

Colon, terme d’Anatomie. Quelques-uns écrivent Colum, selon la forme latine : Ainsi le fait toujours M. Littre dans un Mémoire qui se lit dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, 1703, p. 90.

C’est le nom du second des gros boyaux, qu’on appelle autrement boyau culier, qui est entre le cœcum & le rectum. Il va depuis le rein droit jusqu’à la cavité du foie. De là s’attachant au fond du ventricule, & portant sur la rate, il est lié au rein gauche, d’où il descend en forme d’une S jusques au dessus de l’os sacré, & va se terminer au rectum, de sorte qu’il enferme presque tous les boyaux grêles. C’est dans ces replis que s’arrêtent & se figurent les excrémens. Pour cette raison, quelques-uns font venir ce mot de κωλύειν retarder. D’autres le tirent de κοῖλον creux, à cause de cet intestin. Suivant d’autres, ce mot vient du verbe grec κολὰζεθαι qui signifie être tourmenté, parce qu’il est souvent tourmenté de tranchées & de cruelles douleurs. C’est de lui que la colique a pris son nom.

☞ COLON, en Grammaire. Quelques Grammairiens emploient ce mot pour ce que nous appelons en fait de ponctuation, les deux points : Le mot est purement grec κωλόν & signifie membre, & par extension, membre de période : car les deux points divisent les membres des périodes.

☞ COLONEL, anciennement on prononçoit Coronel, s. m. Officier qui commande un Régiment d’Infanterie Françoise. Legionis Tribunus, Chiliarchus. Colonel du Régiment de Picardie, de Champagne. Ceux qui commandent des Régimens de Cavalerie s’appellent Mestres de Camp. Voyez ce mot. On appelle pourtant Colonels ceux qui commandent des Régimens de Cavalerie Etrangère. Tribunus, Magister Equitum.

☞ On appelle aussi Colonels ceux qui commandent des Régimens de Dragons, qui sont réputés des Corps d’Infanterie. Magister Equitum quos Dracones vocant.

Le terme de Colonel est venu des Italiens & des Espagnols. Skinner croit qu’il pourroit venir du mot colonie, colonia, & que les chefs des colonies ont peut-être donné leur nom aux chefs des troupes.

Colonel se dit aussi des Chefs des Régimens de la Milice bourgeoise dans les villes. Tribunus urbanæ Militiæ. Il y a seize Colonels à Paris ; & un Colonel des Archers de ville.

Colonel Général de l’Infanterie. Officier d’armée qui commandoit autrefois toute l’Infanterie Françoise. Cette charge a été supprimée en 1661, à la mort du Duc d’Epernon. Tribunus Generalis Militiæ Gallicæ pedestris. C’étoit un grand Officier du Royaume, dont l’autorité s’étendoit sur tous les gens de pié françois, & qui avoit les Mestres de Camp pour Lieutenans-Colonels. C’est sous son nom que toutes les Ordonnances de guerre étoient publiées, & que la Justice s’exerçoit par le Prévôt des bandes. Le P. Anselme, dans son Histoire des Grands Officiers de la Couronne, a donné une liste chronologique des Colonels Généraux de l’Infanterie Françoise. Anciennement les Capitaines, encore qu’ils commandassent à de grosses troupes, n’étoient appelés simplement que Capitaines, & non Colonels. Brantôme. M. de Tais a été le premier Colonel Général des Bandes Françoises. Id. Ainsi l’on ne disoit point encore Colonel Général de l’Infanterie. ☞ Cet Office fut érigé en charge de la Couronne par Henri III, en 1684, en faveur du Duc d’Epernon. Elle fut supprimée par Louis XIV, en 1661, rétablie par Louis XV, en 1731, en faveur de Philippe d’Orléans, qui en donna sa démission en 1730. Depuis ce temps-là il n’y a pas eu de Colonel-Général de l’Infanterie. Quand il y en a un, les Colonels particuliers prennent le titre de Mestres-de-Camp. Un habile Antiquaire prétend que le Princeps Juventutis, qui se voit si souvent sur les médailles, ne signifie rien autre chose que Colonel Général de l’Infanterie.

Colonel Général de la Cavalerie, est le premier Officier de Cavalerie, qui est au dessus des Mestres de Camp, qui commandent les Régimens de Cavalerie. Tribunus Generalis Equitum armaturæ levis.

Colonel Général des Suisses & Crisons, est l’Officier qui est au dessus des Chefs des Régimens des Suisses. Tribunus Generalis Helveticæ Militiæ.

Colonel Général des Dragons, est celui qui commande tous les Dragons. Tribunus Generalis Equitum quos Dracones vocant.

Colonel-Lieutenant, est celui qui commande un Régiment dont le Roi, ou un Prince est Colonel. Vici-Tribunus.

Colonel-Lieutenant du Régiment du Roi. Ces Colonels-Lieutenans ont toujours Brévet de Colonel, & pour l’ordinaire sont Officiers Généraux.

On appelle Lieutenant-Colonel dans un Régiment d’Infanterie, le second Officier du Corps, celui qui le commande en l’absence du Colonel, & qui est à la tête des Capitaines. Legatus Tribuni legionis.

Colonel-Lieutenant de Cavalerie, est le premier Capitaine d’un Régiment de Cavalerie étrangère, ou de Dragons. Legatus Magistri Equitum.

COLONEL, ELLE, adj. terme de guerre. Qui appartient au Colonel. Primarius, a, um. Le drapeau Colonel doit se mettre à la droite, à l’exception de ceux des Régimens qui ferment la gauche des lignes, qui étant campées en colonnes renversées, doivent avoir leur drapeau Colonel' sur la gauche. Bombelles. La Lieutenante-Colonelle ; pour dire, la compagnie du Lieutenant-Colonel. Id.

La compagnie Colonelle ou la Colonelle est la première compagnie d’un Régiment d’Infanterie qui porte le drapeau blanc. Primipilum, prima cohors.

COLONIE. s. f. Transport ☞ d’un certain nombre de personnes de l’un & l’autre sexe dans un pays, pour le défricher, l’habiter ou le cultiver. Colonia. Les Romains ont envoyé des colonies en mille endroits. M. Vaillant a rempli un volume in-folio des médailles que les diverses colonies Romaines ont fait frapper à l’honneur des Empereurs qui les avoient fondées. Le symbole ordinaire que les colonies faisoient graver sur les médailles étoit, ou un aigle, quand on y distribuoit de vieilles légions : ou un laboureur conduisant une charrue atelée de bœufs, quand on y envoyoit de simples habitans. On remarque sur toutes les médailles des colonies le nom de Duumvirs, qui y tenoient le même rang, & y avoient la même autorité que les Consuls à Rome.

Il y avoit deux sortes de colonies chez les Romains, celles que le Sénat envoyoit, & les militaires. Les militaires étoient composées de vieux soldats cassés de fatigues, auxquels on donnoit des terres pour récompense de leurs services. Coloniæ militares. Celles que le Sénat envoyoit étoient Romaines, ou Latines, c’est-à-dire, composées de citoyens Romains, ou Latins. Coloniæ Romanæ, Latinæ. Les habitans des colonies Romaines avoient droit de suffrage ; mais ils n’avoient point de part aux charges, & aux honneurs de la République. Les habitans des colonies Latines n’avoient point de suffrage sans une permission expresse. Il y avoit aussi, selon Ulpien, l. 1. D. de censib. des colonies qui n’en avoient que le nom : d’autres jouissoient du droit qu’on appeloit jus Italicum, comme les colonies de Tyr, de Beryte, d’Héliopolis, d’Emèse, de Palmyre, &c. Hoffman a donné une liste des colonies Romaines dans son premier Tome, p. 924 & suiv. mais elle est peu exacte. Voyez les deux livres du P. Hardouin, sur les médailles des villes & colonies Romaines. Voyez aussi l’ouvrage de M. Vaillant sur le même sujet, & ses médailles Grecques des Empereurs à la fin. Les François ont envoyé des colonies en Canada. Les Hollandois en ont envoyé beaucoup dans les Indes. Marseille est une colonie des Phocéens, ainsi que témoigne Strabon : ils y fonderent une Université en Langue grecque.

Colonie se dit aussi du lieu où les peuples se sont établis. Cologne est une colonie des Romains ; Batavia est une colonie des Hollandois en l’Île de Java ; Québec une colonie des François à l’Amérique. Originairement le mot colonie en latin ne signifioit qu’une métairie, c’est-à-dire, une habitation de paysan avec la terre nécessaire pour nourrir sa famille : quantum colonus unus arare poterat.

Colonie se dit aussi, par extension, des détachemens qu’une Abbaye ou Maison Religieuse envoie pour en fonder, en établir, en peupler une autre. Comme le S. Anné voyoit que son désert ne seroit bientôt plus assez vaste pour contenir ses disciples, il crut qu’il étoit à propos de former des colonies. Villefort. Il choisit pour cette colonie (Clairvaux) les freres & les parens de Bernard. Id.

☞ On l’a même dit des nouveaux essains d’Abeilles qui sortent des Ruches pour aller habiter ailleurs.

COLONNADE, s. f. ☞ On ne prononce qu’une N, & l’on pourroit bien retrancher la seconde. Suite de colonnes disposées d’une façon régulière. Columnatio. Et comme on dispose les colonnes en différentes manières, il y a des colonnades de diverses formes. La magnifique colonnade du Louvre est en ligne droite. Elle forme la façade. La colonnade de S. Pierre de Rome est en ceintre ou demi-cercle. Il y a des bâtimens environnés d’une colonnade.

☞ Péristyle est le terme d’art pour les colonades droites, & colonade est le mot dont on se sert vulgairement pour ces mêmes colonnades. Peristylium. Voyez Péristyle.

Colonnades vertes des jardins. Ornemens que l’on pratique dans les jardins par le moyen des arbres que l’on taille pour former une espèce de Colonnade, comme dans les jardins de Marly. Toutes les opérations des Architectes se transportent aujourd’hui par imitation dans les jardins décorés. On y place des portiques, des Colonnades, des galeries, des Sales de Théâtre, & les arbres ne se refusent à aucune de ces décorations.

☞ COLONNAIRE, s. m. Columnarium. C’étoit un impôt établi à Rome sur les colonnes, par Jules César, dit-on, sans doute pour arrêter le luxe de l’architecture.

COLONNAISON, s. f. terme d’Architecture. C’est ainsi que Blondel appelle la façade d’un bâtiment orné de colonnes : Ædificium Prostylon Colonnaison est proprement une ordonnance de colonnes.

COLONNE. s. f. Pilier rond ou espèce de cylindre, fait pour soûtenir ou pour orner un bâtiment, un buffet, un tabernacle, une table, &c. Columna. ☞ La Colonne diffère du pilier, en ce qu’elle diminue à son extrémité supérieure, au lieu que le pilier est élevé parallelement. La colonne est composée d’une base, d’un fût, & d’un chapiteau qui sert à porter l’entablement. Basis, scapus, capitellum. On fait des colonnes de bois, de pierre, de marbre, de bronze, de jaspe, de lapis, &c. Il y a des colonnes torses, cannelées, embâtonnées, isolées, pour les faire paroître plus grosses, ou plus agréables, & détachées. C’est la diversité des colonnes qui donne le nom aux cinq Ordres d’Architecture, la Toscane, la Dorique, l’Ionique, la Corinthienne, & la Composite. Toscana, Dorica, Ionica, Corinthia, Composita. La colonne Toscane est la plus simple & la plus courte ; elle n’a que sept diamètres de hauteur. La colonne Dorique a 8 diamètres. Son chapiteau & sa base sont un peu plus riches de moulure que la Toscane. La colonne Ionique a 9 diamètres. Son chapiteau a des volutes, & sa base lui est particulière. La colonne Corinthienne a 10 diamètres. Son chapiteau est orné de deux rangs de feuilles avec des caulicoles, d’où sortent de petites volutes. La colonne Composite a aussi 10 diamètres. Son chapiteau a deux rangs de feuilles, avec les volutes angulaires de l’Ionique. On appelle colonne Gothique, un pilier tout rond dans un bâtiment Gothique, qui est trop menu pour sa hauteur, fait sans règles, & sans les proportions nécessaires. Philibert de Lorme en a voulu inventer une Françoise, dont il en reste encore quelques-unes au gros pavillon du Louvre vers les Tuilleries ; mais il n’a pas été suivi. Les grandeurs & les proportions des colonnes se tirent de leurs modules, ou diamètres. Blondel enseigne plusieurs manières de décrire géométriquement, & tout d’un trait, le contour de l’enflure, ou diminution des colonnes. On donne aux colonnes des noms différens selon leurs matières, ou selon leur figure. Ainsi on appelle colonne métallique, toute colonne frappée, ou fondue, de fer, ou de bronze. Ferrea arca. Colonne de rocaille, celle dont le noyau de tuf, de pierre, ou de moilon, est revêtu de pétrifications, & coquillages par compartimens. Stela. Colonne d’eau celle dont le fut est formé par un gros jet d’eau, qui sortant de la base avec impétuosité, va frapper dans le tambour du chapiteau qui est creux, & en retombant fait l’effet d’une colonne de cristal liquide. Aquea. Colonne en balustre, une espèce de pilier rond, tourné en balustre, ralongé à deux poires, avec base & chapiteau, qui fait l’office de colonne, d’une manière Gothique, & peu solide. Columella. Colonne cannelée, ou striée, celle qui a son fût orné de cannelures en toute sa hauteur. Striata. Colonne coloritique, celle qui est ornée de feuillages, ou de fleurs tournées en ligne spirale à l’entour de son fût, ou par couronnes, ou par festons. Foliata.

Colonnes travaillées en statues d’hommes. C’est à Lacédémone qu’elles furent inventées. On y voit encore les restes du Portique des Persans, que le Vulgaire appelle aujourd’hui Palais du Roi Ménélas. Ce fut là que les anciens Architectes employèrent, pour la première fois, ces colonnes travaillées en statues d’hommes pour soûtenir des voûtes & des ornemens d’Architecture, & faire l’effet des statutes de femmes qu’on appelle Caryatides. Voyez ce mot. Vitruve dit que cela se fit à l’occasion de la bataille que les Lacédémoniens gagnèrent contre les Perses sous la conduite de Pausanias, fils de Cléombrote ; & il ajoute que depuis, à l’imitation des Lacédémoniens, plusieurs Architectes firent soûtenir les architraves & les autres ornemens sur des statues Persiques, & ainsi enrichirent leurs ouvrages de pareilles inventions.

Colonne bandée, c’est une colonne qui, d’espace en espace, a des bandes placées horisontalement, & qui excédent le nû de son fût.

☞ On se sert de ce terme pour décrire certains fruits qui ont la figure de cette colonne. Dict. de James.

On dit colonne diaphane, fusible, hydraulique, métallique, moulée, précieuse, de rocaille, de treillage, incrustée, jumelée, par tambours, par tronçon, variée, bandée, canelée, cylindrique, colossale, composée, diminuée, feinte, feuillue, fuselée, gothique, grêle, hermétique, irrégulière, lisse, marine, massive-ovale, pastorale, renflée, rudentée, rustique, serpentine, torse, solaire, isolée, adossée, nichée, angulaire, attique, flanquée, doublée, liée, accouplée, groupée, bellique, chronologique, crucifère, creuse, funéraire, généalogique, gnomique, hébraïque, héraldique, historique, honorable, indicative, instructive, itinéraire, lactaire, légale, limitrophe, lumineuse, manubiaire, mémoriale, méniane, militaire, milliaire, phosphorique, rostrale, sépulchrale, statuaire, symbolique, triomphale, zophorique, &c. Voyez l’explication de chaque mot dans son ordre. Dans le Temple de la Diane d’Ephse il y a avoit 127 colonnes, toutes d’une pièce de 60 piés de hauteur. Elles furent toutes dressées aux dépens des Rois.

Ce mot vient de columen, qui signifie une pièce de bois posée à plomb ; qui soûtient le faîte d’un bâtiment.

On appelle un ordre, un rang de colonnes, quand il y en a plusieurs de suite dans un bâtiment.

On appelle aussi colonnes, les piliers ou les quenouilles d’un lit qui en soûtiennent le ciel. On appelle colonne de table une pièce de bois tournée qui porte le dessus d’une table.

Colonne se dit aussi d’une construction séparée d’un bâtiment, faite en forme ronde, soit d’une ou de plusieurs pierres, pour servir de quelque monument à la postérité ou à quelqu’autre usage. La colonne de Pompée, près d’Alexandrie, est d’une grosseur admirable. La colonne de Trajan est le plus bel ouvrage de sculpture qui reste de l’Antiquité. La colonne d’Antonin trouvée depuis quelques années à Rome. La colonne de S. Siméon Stylite, où ce Saint demeura quarante ans debout. La colonne de l’Hôtel de Soissons a été faite pour observer les astres : on appelle aussi ces sortes de colonnes, qui d’ordinaire sont d’une hauteur extraordinaire, des colonnes colossales : elles ne peuvent entrer dans aucune ordonnance d’Architecture.

Sur les médailles la colonne marque quelquefois l’assûrance, quelquefois la fermeté d’esprit. P. Jobert.

On appelle colonnes d’Hercule, les montagnes de Calpé & d’Abila, au détroit de Gibraltar, où l’Océan entre dans la Méditerranée, & où Hercule borna ses voyages. Columnæ Herculeæ.

Colonne Militaire. Colonne de pierre, ronde & un peu haute que les Romains érigeoient d’espace en espace sur les grands chemins, & sur laquelle ils gravoient la distance qu’il y avoit de-là aux grandes villes voisines où la route conduisoit. On l’appelle aussi Pierre milliaire. Columna milliaris, Lapis milliaris. On gravoit aussi sur ces colonnes milliaires le nom des Princes à qui les villes ou la Province étoient redevables de quelque soin & de quelque réparation. C. Gracchus fut l’Auteur d’une invention si utile au public, & si agréable aux particuliers. De-là le nom des pierres est celui des milliaires dans la façon de parler des auteurs latins. Nous en avons de fréquens exemples dans l’Itinéraire & dans la Carte de Peutinger, où nous voyons plusieurs lieux qui ne sont désignés que par le nombre des milliaires, ad vigesimum, ad septimum, ad octavum ; & de-là sont venus plusieurs noms de lieux françois. Par exemple, d’Octavus, s’est fait le nom d’Otyers, de Septimus, Septesme, de Decimus, Diesme, parce qu’en ces lieux étoit la huitième, la septième, la dixième pierre ou colonne milliaire. Chorier, Hist. de Daup. L. IV, p. 232.

Colonne, en terme d’Anatomie, est cette partie qui avance au milieu du nez, & qui sépare les deux narines.

Colonne, en termes d’Imprimerie, est la division des lignes d’une page, ☞ lorsque les lignes ne sont pas de toute la largeur de la page, & que la page est divisée de haut en bas, en deux ou plusieurs parties. Les livres qu’on traduit en d’autres langues, qu’on met à côté pour les comparer ensemble, sont imprimés par colonnes. Il y a plusieurs colonnes dans la Concordance de la Bible.

Colonne de nue, en Physique, est une quantité d’air mêlé de vapeurs & d’exhalaisons, qui sortent avec impétuosité de deux nues, dont l’une est tombée sur l’autre, & qui en sortent par la nue inférieure, parce qu’elle est moins condensée, ou moins resserrée que la nue supérieure. Une colonne d’air, est une portion d’air, d’une certaine hauteur, & de la grosseur d’un tuyau. Columna aeria. Par les diverses expériences qui ont été faites, l’on a trouvé qu’une colonne d’air de cinq cens toises de hauteur, de pareille grosseur que le tuyau où étoit le vif argent pesoit trois pouces une ligne & demie de vif argent. Ainsi une colonne de toute la hauteur de l’air, pese vingt-sept à vingt-huit pouces de vif argent, & trente-deux ou trente-trois piés d’eau, en supposant le tuyau où est l’eau, ou le vif argent, de même diamètre que la colonne d’air.

Colonne d’eau, c’est une grande quantité d’eau élevée par les ouragans qui sortent des terres, lesquelles sont dessous la mer. Les Mariniers les craignent beaucoup, & ce n’est pas sans sujet, puisqu’un navire, qui se rencontre en ces endroits, ne peut manquer de périr.

Colonne de Feu & de nuée. C’étoit un feu qui conduisoit les Israélites dans le désert pendant la nuit, & une nuée qui les conduisoit pendant le jour. Columna ignea. O Eternel ! Tu cheminois devant eux la nuit en colonne de feu, & de jour en colonne de nuée. Nombr. ch. 14, v. 14.

Colonne, en termes de l’art militaire, se dit de la division d’une armée qu’on fait marcher en même temps, sur une ou plusieurs lignes, qui ont peu de front & beaucoup de hauteur ; d’un même mouvement, vers un même endroit, en laissant assez d’intervalle entre les rangs & les files, pour éviter la confusion. Ainsi, on dit qu’une armée marche sur une ou sur plusieurs colonnes ; pour dire, qu’elle marche sur une ou sur plusieurs lignes, qui ont peu de front & beaucoup de hauteur.

☞ On le dit aussi sur Mer, en parlant des Vaisseaux qui se suivent sur une même ligne. Il est difficile d’aller par colonnes, de former des colonnes sur Mer, à moins qu’on ait le vent en poupe, en largue.

Colonne renversée. Camper en colonne renversée, c’est-à-dire que le chef de brigade fermera la gauche, & ensuite les bataillons les plus anciens de cette brigade ; mais les compagnies des bataillons ne doivent point se renverser, ni changer leur ordre naturel. Bombelles. Les lignes qui campent en colonnes renversées doivent avoir leur drapeau colonel sur la gauche. Id.

Colonnes de Seth. Josephe (Antiq. Judaïc, c. 2) dit qu’elles étoient dans la terre de Sériad. N’auroit-il pas suivi une tradition que l’on retrouve encore chez les Arabes ? Les Anciens Grecs, dit Abulpharage, croient qu’Enoch, appelé Edris par les Arabes, est le même qu’Hermès surnommé Trismégiste : car l’on suppose qu’il y a eu trois Hermès. Le plus ancien habitoit le Saïd (ou le Terrain élevé) de la haute Egypte. Il a trouvé le premier des substances supérieures, & a prédit le déluge. Dans la crainte que les Sciences ne vinssent à périr, & les Arts à s’oublier, il fit construire les pyramides, graver dessus toutes sortes d’arts & d’instrumens, & représenter les différentes classes de science : son intention étant d’en conserver la connoissance à la postérité. L’idée qu’Enoch a bâti les pyramides, est adoptée par les Sabiens qui vivent aujourd’hui en Egypte. Ils ne s’imaginent pas seulement que ces monumens sont les tombeaux de Seth & de ses deux enfans, Enoch & Sabi, qu’ils regardent comme les premiers Auteurs de leur religion, ils offrent encore de l’encens à ces mêmes monumens, & leur sacrifient un coq & un veau noir. M. d’Herbelot parle du grand respect qu’ils ont pour les pyramides d’Egypte, à cause qu’ils croient que Sabi, fils d’Edris ou d’Enoch, est enterré dans la troisième. Les Sabiens, ajoute-t-il, prétendent tenir leur Religion de Seth & d’Enoch, dont ils se persuadent d’avoir aujourd’hui les livres. Essais sur les Hiérogliph. p. 180.

Colonnes du châtelet, sont des divisions des Conseillers au Châtelet en plusieurs services différens, que chaque division ou colonne remplit alternativement & successivement de trois en trois mois. Ces autre colonnes ou services se réunissent, quand les cas le requièrent ; & alors l’assemblée se tient dans la chambre du Conseil.

Colonne se dit figurément de ce qui soûtient, qui appuie, qui affermit quelque chose. Columen, fulcrum, præsidium. La justice, la paix, la Religion, sont les colonnes de l’Etat. Les Saints Peres, les Martyrs, sont les colonnes de l’Eglise. L’Ecriture dit que la terre est fondée sur de fortes colonnes, & qu’elles ne seront point ébranlées. S. Paul dit, dans son Epître aux Galates, que Jacques, Pierre & Jean, sont regardés comme des colonnes entre les Apôtres. Les grandes colonnes de l’hérésie étoient encore trop fermes. Le P. d’Orl. Possidonius, que Cicéron appelle le plus Grand des Stoïciens, souffrit aussi impatiemment qu’un homme du Vulgaire, & cette colonne du portique fut ébranlée par une maladie. S. Evr.

COLOPHANE. s. f. Selon les règles, il faudroit dire colophone ; mais, selon l’usage, qui est plus fort que les règles, il faut dire colophane. C’est une sorte de gomme dont on se sert pour frotter les archets des instruments de musique. Colophonia. Voyez Colophone.

COLOPHON. Ville ancienne de la côte occidentale de l’Asie mineure. Colophon. C’étoit une ville d’Ionie, où il y avoit un oracle célèbre d’Apollon. Quelques-uns veulent que ce soit le lieu que l’on nomme aujourd’hui Belvédère. Harpagus prit Smyrne & Colophon. Du Loir, p. 9.

COLOPHONE. s. f. Substance de nature oléagineuse, tirant sur le jaune, aride & friable, composée des restes des résines du sapin & des pommes du sapin, épaissies par le moyen de la décoction, & endurcies par le froid. Colophonia. Pour être bonne, il faut qu’elle soit luisante, odorante, & qu’étant jetée sur les charbons ardens, elle rende une fumée presque semblable à celle de l’encens. Pline dit que la colophone a pris son nom de Colophone, ville d’Ionie, d’où elle a été apportée d’abord. On l’a appelée aussi resine espagnole & resine grecque, selon qu’on l’a apportée de ces régions-là. On appelle aussi colophone, la térébentine cuite dans l’eau jusqu’à ce qu’elle ait acquis une consistence solide. On appelle encore colophone, le marc de la térébentine distillée qui demeure au fond de la cornue. La colophone, étant les restes des résines, en a aussi les qualités, mais moins pénétrantes. Elle échauffe, desséche, ramollit & aglutine. On en mêle ordinairement dans les emplâtres. Elle sert aussi ☞ aux joueurs d’instrumens à corde de boyau pour frotter leurs archets. Les particules de colophone dont se chargent les crins de l’archet, le sont mordre davantage sur les cordes qui deviennent par-là plus sonores. On dit partout colophane & non pas colophone.

COLOPHONIEN, ENNE. s. m. & f. Qui est de Colophon. Colophonius, a. Hérodote, dans le premier Livre de son histoire, rapporte que les Colophoniens sont les premiers fondateurs de Smyrne. Du Loir, p. 13.

COLOQUINTE. s. f. Colocynthis. Plante cucurbitacée, qu’on distingue aisément par l’amertume de ses fruits. Il y a plusieurs espèces & plusieurs variétés de Coloquinte. La Coloquinte ordinaire, ou celle qu’on emploie en Médecine, pousse quelques tiges couchées par terre, rudes au toucher, cannelées & pleines de suc. Elle donne plusieurs feuilles qui sont alternes, rudes, velues, blanchâtres & découpées fort profondément, de même que dans la Citrouille, ou Anguria, mais plus petites. Des vrilles naissent auprès des queues de ces feuilles, & font un peu velues : ses fleurs sont petites à proportion des autres cucurbitacées & jaunâtres. Il succède à celles qui nouent, des fruits gros comme le poing, charnus, de même que le fruit des autres plantes de cette famille, mais fort amers : & ses semences menues sont douces, si on les lave bien, pour emporter l’amertume qui est répandue seulement sur leur surface extérieure. Cette chair désséchée devient membraneuse, blanche & très-purgative. Elle sert de base à plusieurs compositions purgatives. On a donné aux trochisque de Coloquinte, le nom de Trochisque alhandal. Ces trochisques purgent en petite dose. Après l’Aloës, rien n’est d’une amertume si insupportable. On fait ces trochisques alhandal, en coupant la coloquinte fort menu, & en la broyant dans un mortier frotté d’huile d’amandes douces ; après quoi on y ajoute la gomme tragacant & le mastic.

Ce mot vient du grec κοθοκύνδη, qui lui a été donné, parce que la coloquinte κοιλίαν κινει, c’est-à-dire, remue le ventre.

☞ COLORAN. Petite ville de la presqu’Île de l’Inde, deçà le Gange, sur la côte de Coromandel, suivant M. Baudrand, qui est probablement le créateur de cette ville. Les Géographes & les Voyageurs ne parlent que d’une rivière de Coloran, dans la presqu’Île, en deçà du Gange. Elle sort des montagnes de Gate, dans la Royaume de Visapour, & se divise en plusieurs branches, dont la plus Septentrionale conserve le nom de Coloran, sépare le royaume de Gingi de celui de Tranjaour, & se perd dans le golfe de Bengale.

COLORANT, ANTE, adj. qui colore, qui donne la couleur. Colorans. Les parties colorantes d’une plante. Les Teinturiers distinguent toutes les drogues qu’ils emploient en colorantes & non colorantes. Colorem inducens. Les drogues colorantes du grand & du bon teint, dont les pastels de l’Autagais & Albigéois, vouede, indigo, pastel & graine d’écarlate, cochenille, mestèque & tesquale pour les étoffes de prix : cochenille campessiane ou silvestre pour les petites étoffes : garence, bourre ou poil de chèvre, terra mérita ou coucoume, gaude, sarrette, genestrolle & la suie. Les drogues non colorantes sont celles qui servent à disposer les étoffes, & à tirer la couleur de l’ingrédient colorant, comme l’alun, le sel ou cristal de tartre, l’arsenic, le réalgal, le salpêtre, le sel commun, le sel armoniac, le sel gomme ou minéral, l’agaric, l’esprit de vin, le son, la farine de pois & le froment, l’amidon, la chaux, la cendre commune, ou recuite, ou gravelée.

La distribution égale des arômes colorans sur tout le sujet, dépend & de l’uniformité d’action que pourra prendre par elle-même la matiere colorante mise en mouvement, & d’une certaine justesse d’opération que l’expérience enseigne. Hist. de l’Ac. des Sc.

COLORATION. s. f. Voyez COLORISATION. C’est la même chose.

COLORBASIENS. Nom d’une branche de Gnostiques. Ils furent ainsi appelés de Colorbasus, lequel avoit enrichi par dessus les visions des Gnostiques qui l’avoient précédé. S. Epiphane a apporté & réfuté ses erreurs. Hær. 35.

COLORER, v. a. donner de la couleur. Colorare. Le soleil commençoit à colorer le sommet des montagnes. Le rôt commence à se colorer. Les Taverniers savent bien colorer leur vin. La chaleur du Soleil colore les fruits.

Colorer, terme de Marqueterie & de Menuiserie de placage. C’est donner de la couleur aux pierres & aux bois qu’on emploie dans ces sortes d’ouvrages, suivant les teintes dont l’Ouvrier a besoin, ou pour ses clairs, ou pour ses ombres.

Colorer se dit au figuré pour, donner une belle apparence à quelque chose de mauvais. Colorare. Il n’y a point de si méchante action, qu’un flatteur, qu’un Sophiste, ne sache colorer. Je ne sai pas ce que l’on peut dire pour colorer tant de violences. Pat. Si vous me trahissez, ne vous attendez pas que je sois assez bonne pour me payer des excuses dont on colore d’ordinaire ces sortes de légéretés. Vill. Valentinien I n’autorisa la polygamie par un Edit, que pour colorer son double mariage. S. Evr. Si l’on considère toutes les Comédies, l’on n’y trouvera autre chose que des passions vicieuses, embellies, & colorées d’un certain fard qui les rend agréables. Nicol. Vous nous payez ici d’excuses colorées. Mol.

Pour colorer mieux le mensonge, on marquoit le lieu, le temps, & toutes les circonstances de la bataille. Bouh. Xav. L. IV.

Colorer, v. n. terme de Jardinage. Prendre du coloris, & mieux de colorer. La Blancheur d’Andilly colore fort vif au Soleil. La Quint.

☞ COLORÉ, ÉE. part. Voyez le verbe. Il est aussi adj.

☞ En Jurisprudence, on appelle titre coloré, ou titre apparent, un titre qui paroissoit valable, & qui par l’événement ne l’est pas. Il faut avoir un titre coloré pour se mettre en possession d’un Bénéfice : autrement il y a intrusion.

On appelle du vin qui est plus rouge que paillet, du vin coloré. On dit aussi d’un homme qui est rouge de visage, qu’il a le teint coloré.

COLORIER. v. a. Employer des couleurs, les mêler agréablement pour exécuter un dessein de tableau. Colorare, colores inducere.

☞ Ce terme est particulièrement affecté à la Peinture. Ce n’est pas seulement distinguer les traits & former l’image visible des objets par les variétés de la couleur ; c’est imiter les couleurs des objets naturels, relativement à leur position ; donner aux objets qu’on peint, les lumières, les ombres & les couleurs de ceux que la nature nous présente, suivant leur position & le degré de leur éloignement. Il y a des couleurs amies, qui semblent se rechercher pour s’embellir mutuellement : & des couleurs ennemies, qui semblent se fuir, qui seroient effacées ou obscurcies les unes par les autres. Mais il n’y a point de couleurs si amies, qui, étant assemblées sur le même fonds, n’aient besoin de quelqu’autre couleur moyenne qui les sépare un peu, pour empêcher que leur union ne paroisse trop brusque : Il n’y a point de couleurs si ennemies, qu’on ne puisse les réconcilier par la médiation que quelqu’autre : deux points essentiels que les habiles Peintres ont toujours en vue, comme la perfection de leur Art.

☞ Les Peintres veulent, dit Félib. Dial. des Peint. que parmi les lumières & les ombres bien ménagées, on voie dans un tableau les vraies teintes du naturel ; qu’on apperçoive des masses de couleurs, où l’on observe soigneusement cette amitié, ou cet accord qui se doit trouver entr’elles ; qu’on assortisse habilement les chairs avec les draperies, les draperies les unes avec les autres, les personnages entr’eux, les paysages, les lointains ; en sorte que tout y paroisse à l’œil si artistement lié, que le tableau semble avoir été peint tout d’une suite, &, pour ainsi dire, d’une même palette de couleurs.

☞ Les grandes idées de colorisation parfaite que nous voyons dans les Livres des Peintres, plus que dans leurs tableaux, & qu’on peut appeler le Roman de la Peinture, nous les trouvons réalisées dans un million d’objets que la nature offre à nos regards ; dans les couleurs de l’arc-en-ciel, dans celles d’un paon qui fait la roue, dans celles d’un papillon éployé aux rayons du soleil, dans les parterres de nos jardins, souvent dans une simple fleur.

COLORIÉ, ÉE, part. Dans la description du Labyrinthe de Versailles, on dit : les Animaux de bronze colorié selon le naturel, sont si bien désignés, qu’ils semblent être dans l’action même qu’ils représentent.

COLORIS, s. m. Manière d’appliquer, de mêler, & de bien placer les couleurs d’un tableau. Colorum ratio. ☞ C’est l’art d’imiter les couleurs des objets naturels, relativement à leur position. Le coloris est ce qui donne les lumières & les ombres convenables aux parties des objets qu’on veut représenter. Il faut, pour faire un beau coloris, que le clair ne précipite pas dans le brun, ni le brun dans le clair, & que deux couleurs ennemies ne se touchent pas immédiatement. Le coloris est une partie essentielle de la Peinture, par laquelle le Peintre sait imiter les apparences des couleurs de tous les objets naturels, & distribuer aux objets artificiels la couleur qui leur est la plus avantageuse pour tromper la vue. De Piles.

Couleur & Coloris considérés dans une signification synonyme. La couleur, dit M. l’Abbé Girard, est ce qui distingue les traits, & forme l’image visible des objets par ses variétés. Le coloris est l’effet particulier qui résulte de la qualité & de la force de la couleur, par rapport à l’éclat, indépendamment de la forme & du dessein. La première a ses différences objectives divisées par espèces, & ensuite par nuances. Le second n’a que des différences qualificatives divisées par degrés de beauté & de laideur.

☞ Le bleu, le blanc, le rouge sont différentes espéces de couleur : le pâle, le clair, le foncé sont des nuances : mais rien de tout cela n’est le coloris ; parce qu’il est le tout ensemble pris en général, dans son union, par une sensation abstraite & distinguée de la sensation propre & essentielle des couleurs.

☞ Les tableaux du Titien excellent par la beauté du coloris ; & l’on dit qu’ils en sont redevables à l’art particulier que ce Peintre avoit de préparer & d’employer les couleurs.

☞ Quoique le terme de coloris s’étende sur tous les objets, il a cependant plus de rapport aux carnations qu’à toute autre chose, parce qu’on y remarque mieux les teintes, les demi-teintes, le travail de la peau, la fonte du pinceau, en un mot, tout ce qui le forme.

Un traité du coloris comprend ce qui regarde la nature des couleurs, l’union & l’amitié qu’elles ont entr’elles, la manière de les employer pour produire ces beaux effets de clair & d’obscur, qui aident à faire paroître le relief des figures & les enfoncemens dans les tableaux : ce qui regarde la perspective aérienne, qui n’est autre chose que l’affoiblissement des couleurs par l’interposition de l’air, les accidens lumineux & du diaphane qui se remarquent dans la nature, les différentes lumières, tant des corps illuminans que des corps illuminés, leurs réflexions, leurs ombres, les différentes visions ou aspects, selon la position du regardant, ou des choses regardées, les apparences des corps dans l’eau, ce qui produit cette force, cette fierté, cette douceur, & ce précieux, qui se trouvent dans les tableaux bien coloriés, les diverses manières de coloris, tant aux figures qu’aux paysages. Félib. Voyez M. De Piles, dans son Cours de Peinture, Léonard de Vinci, &c.

☞ On dit, d’un teint frais & vermeil, voilà un beau coloris. Acad. Fr. Vividus color.

Coloris se dit aussi des changemens causés sur le visage par certaines passions. Certains mouvemens du cœur répandent un coloris charmant sur le visage des Dames, & même de celles qui sont le moins partagées en couleur.

☞ On cherche à mettre ce mot à la mode, en parlant des ouvrages d’esprit. L’esprit ne paroît jamais avec plus d’avantage, que lorsqu’il reçoit la loi du cœur. Les pensées les plus ingénieuses prennent alors le coloris du sentiment. Nos Comédies modernes sont remplies de moralités, de portraits hors d’œuvre, de scènes décousues, de petits sentimens, de jolies pensées ; & tout cela est revêtu d’un coloris de jargon précieux & méthaphysique qui exerce la pointe de l’esprit, & qui fait baîller la raison.

Coloris est aussi un terme de Fleuriste. C’est la couleur vive & brillante d’une fleur. Il y a dans les fleurs plusieurs sortes de coloris ; il y a un coloris lustré, un satiné, & un velouté. Le brillant du coloris est charmant dans les fleurs. Plus le coloris des tulipes est lustré & satiné, & plus il est estimé.

Il se dit aussi des fruits, en termes de Jardinier. Ce fruit prend un beau coloris. Voilà une pêche d’un coloris admirable. Ce coloris est un petit rouge qui se fait voir sur les fruits, tant à noyau, qu’à pepin. Liger.

COLORISATION, s. f. est un terme de Pharmacie, qui se dit de divers changemens de couleur qui arrivent aux substances en diverses opérations de la nature ou de l’art, comme par les fermentations, coctions, &c. ☞ soit pour leur donner une couleur plus agréable, soit pour les déguiser & en cacher la composition. Colorum mutatio.

Colorisation, en termes de Peinture, se dit pour la manière de colorier, de distribuer, de ménager les couleurs dans un tableau. Voy. Colonne & Coloris.

COLORISTE. s. m. Peintre qui entend bien le coloris, miscendi, inducendi coloris peritus, & qui donne du coloris à ses figures.

Coloriste se dit, dans le figuré, d’un Ecrivain qui représente bien ses caractères, &c. L’Abbé de Saint-Réal essaya de peindre Charles Emmanuel., Duc de Savoie, mais, quoiqu’il fut excellent coloriste, il se défia de son pinceau ; & s’il commença le portrait de ce Prince, il n’osa l’achever. Mémoires de Trévoux. ☞ Un homme d’esprit a dit, en parlant de nos Poëtes modernes : on ne paroît chercher maintenant que les beautés de détail : une pièce n’est souvent qu’un composé de morceaux rapportés. Ils ont de l’éclat ; mais il n’en résulte pas un tout qui seul a droit de charmer. ainsi peut-être, nous avons des Coloristes, mais nous manquons de Dessinateurs.

☞ On a fait aussi un adjectif de ce mot. Les blancs particuliers & artificiels ne sont pas de vrais blancs. Ils portent tous une petite teinte qui se fait sentir à un œil coloriste. Castel.

COLORITE. s. m. Nom de Religieux. Colorita. Les Colorites sont une Congrégation d’Augustins, qui commença par les soins de Bernard de Rogliano, dans la Calabre citérieure, vers l’an 1530. Elle se soûmit, & se réunit à l’Ordre des Hermites de S. Augustin l’an 1600. Elle a pris son nom d’une petite montagne, nommée Colorito, située proche du village de Morano, au diocèse de Cassano, dans la Calabre citérieure, province du royaume de Naples. Il y avoit sur cette montagne une église dédiée à la Sainte Vierge. Bernard, qui étoit un saint Prêtre du village de Rogliano, s’y retira, & bâtit une cabanne proche de cette église ; & s’étant revêtu d’un habit d’Hermite, il donna commencement à la Congrégation des Colorites.

☞ COLORNO. Colurnium. Petite ville d’Italie, dans le Parmesan, près de la rive du Pô.

☞ COLOSSAL, ALE. adj. m. & f. Qui est d’une grandeur démesurée, fort au dessus de la naturelle. Colossoeus ou Colossicus. La figure de S. Christophe de l’Eglise de Paris est colossale. On appelle aussi colonne colossale, une colonne d’une prodigieuse grandeur, en sorte qu’elle ne peut entrer dans une ordonnance d’Architecture ; elle doit être solitaire, comme la colonne de Trajan. On ne les élevoit que pour les Dieux. Néron le premier fit ériger pour lui une statue colossale. On trouve dans le Moréry Colossique, des statues colossiques. On ne sait où l’on a pris ce mot.

COLOSSE. s. m. Statue de grandeur démesurée, de la taille d’un Géant. Colossus. Le colosse de Rhodes étoit une statue d’Apollon, si haute, que les navires passoient à pleines voiles entre ses jambes. Les Rhodiens le firent élever après que Démétrius, qui assiégeoit leur ville, eut fait la paix avec eux, & se fut retiré. C’etoit une des sept Merveilles du Monde. Il avoit soixante-dix coudées de hauteur. Ce fut l’ouvrage de Charès, disciple du fameux Lysippe. Il fut douze ans à le faire. Il y avoir peu de gens qui pussent embrasser son pouce, &c. Les Sarrasins s’étant saisis de l’Île de Rhodes en 653, trouvèrent étendu par terre ce colosse ☞ qu’un tremblement de terre avoit fait tomber. Un Juif, à qui les Sarrasins le vendirent, l’ayant fait mettre en pièces, chargea neuf cens chameaux de l’airain dont il étoit fabriqué. L’an 74 de Jesus-Christ, on dressa à Rome, dans la rue sacrée, un colosse d’airain de cent ou cent dix piés de haut. Il avoit été fait pour Néron ; mais au lieu de sa tête, on y mit une représentation du Soleil, sous la figure de Tite, selon quelques-uns. Tillem. Il y a parmi les Antiquités de Rome sept fameux colosses, deux d’Apollon, autant de Jupiter, un de Néron, un de Domitien, & un du Soleil. Il y en avoit aussi un de Mercure dans les Gaules, lequel étoit très-connu.

Les premiers Colosses tirent leur origine d’Egypte, où, suivant plusieurs Auteurs, le Roi Sésostris fit placer dans le Temple que l’on avoit bâti à Vulcain, dans la ville de Memphis, plusieurs statues de pierre, tant de lui & de sa femme, que de ses enfans, dont les unes avoient trente coudées de haut, & les autres vingt. Il y avoit à Rome une statue de cuivre, représentant Apollon, dans le temple d’Auguste, qui avoit plus de cinquante piés de haut. Le Colosse d’Auguste étoit dans la place qui portoit son nom à Rome. Domitien avoit fait dresser une statue équestre dans le milieu de la place publique, de cent piés de haut, que le Sénat fit abattre après la mort de ce tiran. Le Colosse d’Hercule, que Fabius Maximus Verrucosus enleva de Tarente, & qu’il fit placer dans le Capitole, étoit une statue de cuivre que Lysippe avoit faite. Celui de Jupiter fut fait par ordre de l’Empereur Claude, & placé proche du théâtre de Pompée, & pour cette raison, fut appelé Jupiter Pompéïen. Spurius Carvilius, après la défaite des Samnites, fit fondre toutes les armes de cuivre qu’il avoit prises sur eux, & en fit faire une statute de Jupiter, aux piés de laquelle il se fit représenter. Ce Colosse fut mis aussi dans le Capitole. Dict. de Peinture & d’Architecture.

☞ On appelle aussi Colosse, un bâtiment d’une grandeur extraordinaire, comme les pyramides d’Egypte, les amphithéâtres, &c.

Colosse est dit παρὰ τὸ κολούειν τὰ ὄστα quòd minuat & retundat oculos, parce qu’un Colosse est si grand, qu’il trouble la vue ; l’œil a de la peine à le considérer tout entier à la fois.

Colosse se dit au figuré des hommes & des animaux qui sont d’une grandeur extraordinaire, tous les soldats de cette compagnie sont de vrais Colosses.

Déja ces tirans insensés
Du haut de leurs monts entassés,
Voyoient le Ciel comme leur proie ;
Quand d’un effort impétueux,
Le carreau s’élance & foudroie
Ces Colosses présomptueux. Nouv. ch. de Vers.

Dame Fourmi trouva le citron trop petit,
Se croyant pour elle un Colosse. La Font.

COLOSSE. Ville ancienne de la Phrygie, Province de l’Asie mineure. Colosse ou Colossis. La ville de Colosse n’étoit pas fort éloignée de Laodicée. C’est une des premières qui reçut la foi. Les Grecs l’appellent aujourd’hui Chours. Elle fut ruinée vers l’an 60 par un tremblement de terre.

COLOSSIEN, ENNE. s. m. & f. Colossensis. Qui est de Colosse. Les Colossiens furent instruits en la Foi par Epaphras. Port R. Dans l’Epitre aux Colossiens S. Paul après avoir relevé la grandeur de Jesus-Christ, avertit les Colossiens de ne se point laisser séduire par les Philosophes. Id. quelques Interprêtes ont pensé que ces Colossiens, auxquels Saint Paul écrivoit, sont les Rhodiens, qu’on appeloit ainsi à cause du colosse qui étoit à l’entrée de leur port. C’est le sentiment de Suidas, de Calepin, & de Munster ; & Zanchius, aussi bien qu’Erasme, font mention de cette opinion ; mais elle a peu d’apparence, & n’est point suivie. Que quelques Poëtes aient appelé les Rhodiens Colossiens, il ne s’ensuit pas que dans l’usage ordinaire, que suivoit assûrément S. Paul, on leur donnât ce nom.

COLOSTRE, s. m. terme de Médecine. Premier lait qui se trouve dans le sein des femmes après leurs couches. Colostrum, colostra. On donne aussi ce nom à la maladie que ce lait leur cause quand il vient à se cailler. Colostratio.

☞ COLOSWAR. Claudiopolis. Ville de Transilvanie, que les Allemands appellent Clausenbourg. Elle est sur la rivière appelée le petit Samos, à 13 lieues du grand Waradin, à 6 ou à 7 de Huniad. C’est-là que s’assemblent les Etats de la Province, & que se tient le Sénat.

COLPORTAGE, s. m. emploi, fonction de celui qui est Colporteur.

COLPORTER. v. a. Porter à son cou, ou sur son dos, quelques mannes, ou balles de marchandises, pour les vendre par les rues & par la campagne. Subjectis cervicibus aliquid ferre, supposito dorso aliquid gestare. Il est permis aux Ramoneurs, & autres petits Merciers, de colporter des marchandises, mais non pas de les vendre en boutique hors des Foires. En temps de contagion la Police défend à tous Revendeurs d’habits, Colporteurs, d’exposer en vente ou de colporter par la ville, aucuns habits, linges, ou autres hardes. De la Mare.

Colporter signifie proprement porter des marchandises dans les rues, ou de maison en maison, pour les vendre. On le dit en librairie, des livres, feuilles volantes, papiers publics, &c.

COLPORTEUR, s. m. marchand qui va vendre ses marchandises par les rues, & qui les porte dans une manne ou une cassette pendue à son cou. Circumforaneus propola. Les Colporteurs vendent des images, des étuis, des ciseaux, des lacets, & autres menues marchandises. On le dit particulièrement des crieurs de Gazettes, d’Edits & autres feuilles volantes qui sont nouvelles, & d’un prompt débit. Par les statuts des Libraires, il est défendu aux Colporteurs de tenir apprentifs, magasins, ni boutiques, ni imprimerie, ni faire imprimer en leurs noms ; mais ils peuvent porter au cou une balle pour porter de petits livres qui ne passeront pas huit feuilles brochées ou reliées à la corde, & imprimées par un Libraire de Paris avec sa marque. Les Colporteurs ne doivent rien débiter sans la permission du Lieutenant Général de Police. De la Mare, Tr. de la Pol. L. I, T. XV, c. 2. Il y a des Colporteurs de hardes, c’est la même chose que Revendeurs.

Colporteur, anciennement Comporteurs, quia secum portant, parce qu’ils portent avec eux toutes leurs marchandises.

☞ COLRAINE. Ville d’Irlande, dans la province d’Ulster, au comté de même nom, faisant aujourd’hui partie de celui de Londondery.

COLTI, s. m. terme de Marine. C’est un retranchement au bout du château d’avant d’un vaisseau ; lequel descend jusques sur la platte-forme.

☞ COLUGA ou COLOUGA. Coluga. Ville de l’Empire Russien, dans le Duché de Rézan, sur la rive occidentale de l’Occa.

COLUMBAIRE, s. m. ou COLUMBARIUM, car nous retenons aussi le mot latin en notre langue, terme d’Antiquités Romaines. C’étoit un bâtiment sépulcral, qui contenoit en dedans plusieurs niches propres à recevoir des urnes mortuaires. En 1726, on trouva près de Rome le Columbarium de la maison de Livie, c’est-à-dire, des Officiers de sa maison, & de leurs femmes & enfans. Plusieurs Antiquaires d’Italie ont donné la figure de ce columbaire, & les inscriptions qui s’y trouvèrent. C’est une indignité qu’on n’ait pas conservé ce monument, & qu’on l’ait laissé se combler de terre.

Ce mot a été donné à cette espèce d’édifice, parce qu’il ressembloit à un colombier. Les niches des urnes y étoient disposées comme les trous pratiqués dans un colombier pour les nids des pigeons.

Columbaire s’est dit aussi des trous pratiqués sur les côtés des Galères, par où passoient les rames. La raison étimologique est la même.

COLUMELLA, s. f. terme de Conchiliologie. C’est le fût, la rampe, ou l’axe intérieur d’une coquille depuis le haut jusqu’en bas ; c’est autour de ce fût que les spirales de la coquille sont contournées : il ne se découvre que vers la bouche.

COLUMELLE, s. f. terme de Fleuriste. Tulipe rouge-blanche. Morin.