Cours d’agriculture (Rozier)/PLANTER

Hôtel Serpente (Tome huitièmep. 20-26).
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PLANTER. C’est mettre en terre les racines d’une plante, les recouvrir, afin que la plante reprenne, végète & croisse.

Qu’il me soit permis de répéter ce que le chevalier de Jaucour a fait imprimer dans le Dictionnaire Encyclopédique, au mot Plantation : « Quelqu’un a dit d’un citoyen industrieux & bienfaisant, qu’on peut le suivre à la trace ; ces deux mots peignent à merveille les soins d’un homme honnête qui, en cultivant des terres, y a laissé des marques de son industrie & de son amour pour ceux qui lui succéderont. Ces réflexions ne viennent que trop à propos dans un siècle où les arts les plus utiles à la conservation de la société, sont entièrement négligés, & les soins de la postérité pleinement abandonnés, si même ils ne sont pas tournés en ridicule. Nos forêts ne nous fourniroient plus de bois pour bâtir si nos ancêtres avoient pensé d’une façon si basse & si méprisable. »

» Les tartares du Dagestan, tout tartares qu’ils sont, habitans un pays stérile, ont une coutume excellente qu’ils observent soigneusement, & qui leur tient lieu de loi. Personne chez eux ne se peut marier, avant d’avoir planté en un certain endroit marqué, cent arbres fruitiers, en sorte qu’on trouve actuellement partout dans les montagnes de cette contrée d’Asie, de grandes forêts d’arbres fruitiers de toute espèce.[1] On ne trouve au contraire en France que des pays dénués de bois, dont ils étoient autrefois couverts. Le dégât & la consommation en augmentent tellement, que si l’on n’y remédie par quelque loi semblable à celle de l’ancienne patrie de Thalestris, nous manquerons bientôt de bois de charpente pour nos usages domestiques. On ne voit que de jeunes héritiers prodigues, abattre les plus glorieux monumens des travaux de leurs pères, & ruiner dans un jour la production de plusieurs siècles. En un mot, nous ne travaillons que pour nous & nos plaisirs, sans être aucunement touchés de l’intérêt de nos enfans & de la postérité. Ce n’est pas cette façon de penser que la Fontaine prête à son octogénaire qui plantoit. On sait avec quelle sagesse il parle aux trois jouvenceaux surpris de ce qu’il se charge du soin d’un avenir qui n’étoit pas fait pour lui. Le vieillard, après les avoir bien écoutés, leur répond :

Mes arrières neveux me devront cet ombrage.
Hé bien, défendez-vous au Sage
De se donner des soins pour le plaisir d’autrui ?
Cela même est un fruit que je goûte aujourd’hui,
J’en puis jouir demain, & quelques jours encore.

Que cette morale est sublime & touchante ! Pères de famille, elle s’adresse à vous ! Jeune homme, qui venez de fermer les yeux du respectable vieillard à qui vous devez le jour, hâtez-vous de suivre l’exemple qu’il vous a laissé ; que chaque année soit marquée par de nouvelles plantations, & de temps à autre, si vous conservez le goût des plaisirs purs, transportez-vous en idée vers ces jours heureux où vous aurez votre famille rassemblée autour de vous, & assise sous l’ombrage des arbres que vous aurez plantés ; oh ! combien seront doux & agréables les fruits que vous aurez cueillis pour elle ; qu’il sera pénétrant le baiser donné par le plus jeune de vos enfans ! il exprimera sa reconnoissance, & il vous sera impossible de lui refuser des larmes d’attendrissement, car je les verse en écrivant, sans espérer le même bonheur que vous.

Je n’ai cessé, dans tout le cours de cet Ouvrage, d’exhorter à planter ; j’ai plus fait, j’ai osé dire que c’étoit la meilleure spéculation qu’on pouvoit faire en agriculture. Cette assertion a paru outrée à quelques-uns de nos lecteurs, & sur-tout à M. P. D. L., qui a eu la bonté de me communiquer des observations très-judicieuses ; elles seroient ici déplacées, mais j’en ferai mention au mot Taillis. En attendant, consulter ce qui a été dit aux mots Arbres, Baliveaux, Bois, Communaux, Défrichement, &c. Je pourrois faire la même réponse que Dioclétien, lorsqu’après avoir abandonné l’empire, les calamités publiques forcèrent le peuple romain à le prier d’en reprendre les rênes : Vous ne me donneriez pas un semblable conseil si vous aviez vu le bel ordre des arbres que j’ai moi-même plantés.

La saison de planter dépend du climat, de la nature de l’arbre & du sol. Comme les climats varient, soit en raison des abris, (consultez ce mot) soit en raison de l’élévation des lieux au-dessus du niveau de la mer, ou de leur rapprochement du nord ; il n’est donc pas possible d’établir une règle générale & invariable, autrement ce seroit induire en erreur l’habitant de la campagne.

I. Du climat. Prenons les deux extrêmes pour exemple, les provinces du midi & du nord du royaume. Dans celles du midi, on doit redouter les sécheresses & la chaleur du printemps ; il est donc indispensable de se hâter de planter, dès que les feuilles sont tombées des arbres. Si on attend en février ou en mars, on court grand risque de ne pas sauver dix arbres sur cent qu’on aura plantés. Dans peu la terre de la fosse fraîchement remuée, laissera échapper le peu d’humidité qu’elle contient ; les racines se dessécheront bien vite, & la terre ne sera pas prise avec elles.

Dans celles du nord au contraire les plantations faites à la chute des feuilles, ont deux inconvéniens à surmonter, les trop grandes pluies & les froids rigoureux. Les grandes pluies pénètrent la terre nouvellement remuée, la délayent presqu’en consistance de boue, surchargée d’humidité elle se colle moins aux racines, & l’action du froid a infiniment plus de prise sur elle. L’effet de la gelée est de faire occuper à l’eau convertie en glace, un plus grand volume que celui de son état naturel comme eau, d’où il arrive nécessairement que le froid qui gèle l’eau dont la terre est imbibée jusqu’au fond de la fosse, fait renfler toutes ses parties, & elles serrent les racines comme dans un étau ; mais l’écorce & le bois de la racine étant spongieux & tendres, éprouvent des contusions, ou plutôt il n’en règne qu’une générale, sur toute leur longueur, & les racines ainsi comprimées & altérées dans leur contexture, ont beaucoup de peine à se remettre, & n’ont presque plus de moyens d’attirer la séve & de la pousser jusqu’au sommet du tronc, pour y produire de nouvelles branches. La végétation souffre, languit ; la chaleur survient, & l’arbre est perdu.

De ces assertions relatives au climat, la conséquence à tirer, est que dans les provinces du midi, ou cantons rendus tels par leur position, on doit planter aussitôt après la chute des feuilles ; 1°. parce qu’il reste dans le tronc de l’arbre un fonds de séve qui sera le premier mis en jeu au renouvellement du printemps ; 2°. parce que la végétation étant toujours en raison du degré de la chaleur ambiante, (consultez les expériences de M. Duhamel, rapportées au mot Amandier) les racines travailleront pendant l’hiver, pomperont les premiers élémens de la séve ; mais comme ce degré de chaleur n’est pas le même hors de terre, cette séve s’arrêtera au collet des racines, & se mettra en mouvement en s’unissant avec celle du tronc, dès que la chaleur atmosphérique correspondra au point nécessaire à sa végétation. Tout le monde a dû observer que le degré de chaleur qui fait épanouir les feuilles du sureau, du groseiller épineux, du pêcher, de l’amandier, &c. n’est pas le même que celui qui fait épanouir celles du chêne, du noyer, du châtaignier, du mûrier, &c.

La preuve que même, malgré les froids & les gelées d’hiver, il reste une assez grande quantité de séve dans le tronc des arbres, c’est que si en janvier, en février, ou en mars, on abat, par exemple, un peuplier blanc ou noir, un saule, &c. son tronc quoique abattu, ne laissera pas de produire quelques bourgeons dans le cours du printemps, & ces bourgeons s’allongeront tant qu’il restera un peu de séve dans le tronc. On doit cependant observer que la séve dont il est ici question, n’est pas l’unique principe de la végétation. Dès que le bourgeon a commencé à pousser, il a absorbé les principes répandus dans l’atmosphère, & il est bien prouvé que les plantes & les arbres se nourrissent autant par leurs feuilles que par leurs racines ; mais cette vie, cette existence n’a lieu qu’autant qu’il y a entre la séve & les principes répandus dans l’atmosphère, une correspondance mutuelle ; à mesure que le principe séveux diminue dans le tronc, les bourgeons cessent en proportion d’attirer les principes de l’atmosphère. Il est rare de voir ces pousses subsister jusqu’au milieu des grandes chaleurs.

Cette petite discussion n’est point étrangère à notre objet ; mais dira-t-on, que devient le surplus de la séve, accumulée dans les racines, puisqu’elle ne monte pas dans le tronc de l’arbre planté avant l’hiver ? Je vais hasarder quelques conjectures, & je ne les donne que comme telles.

L’expérience apprend (dans les climats du midi) que des arbres plantés aussitôt après la chute des feuilles, sont pendant tout l’hiver remplis de séve ; un coup d’ongle donné à l’écorce, en fournit la preuve la plus complette. La même expérience apprend encore, qu’après les pluies l’écorce est plus tendre & plus humectée ; que pendant & après quelques jours de gelée, l’écorce, l’aubier, & la partie ligneuse, font donc l’office d’éponge ; mais cette humidité extérieure qui pénètre dans les conduits séveux, doit donc, jusqu’à un certain point, se mêler avec la séve, & peut-être la vicieroit-elle sans l’évaporation, & sur-tout sans la transpiration. Pendant la gelée il n’y en a point, ou très-peu, si elle existe ; mais elle s’établit ensuite, ce qui est prouvé par l’état de l’écorce, qui devient plus molle & plus humide. Si sur une tige d’arbre, jeune & lisse, on place une ou deux feuilles de papier gris ; si on recouvre ce papier avec une toile ou taffetas ciré, dans la vue de garantir le papier de l’humidité de l’air, on le trouvera, au bout de quelques jours, bien plus humide qu’il ne l’étoit lorsqu’on l’a placé. D’où lui vient donc cette humidité, sinon de la transpiration de la tige ?

En outre, en admettant un amas de séve dans les racines, elle monte dans le tronc comme l’eau dans les tubes capillaires, tant que le froid ne resserre pas le diamètre de ses canaux, & le surplus, qui ne peut être consommé par la végétation des feuilles, puisque le peu de chaleur de l’air ambiant s’y oppose, est rejeté par la transpiration.

On voit donc par là pourquoi la reprise de l’arbre planté dans les climats du midi, aussitôt après la chute des feuilles est assurée, & combien cette plantation précoce accélère la végétation du printemps, puisqu’elle n’a, pour ainsi dire, pas cessé dans les racines, & qu’elle a presque toujours eu lieu (à sa manière) dans le tronc ; ce fait est si vrai, que si vous plantez deux arbres (en supposant toujours que ce soit dans le climat du midi) l’un après la chute des feuilles, & l’autre en février ou en mars, le premier poussera des bourgeons plus de 15 jours avant le second. C’est donc une preuve démonstrative qu’il y a eu pendant l’hiver une espèce de végétation, quoique insensible à la vue ; car la séve ne s’insinue pas tout d’un coup dans les conduits, comme l’eau d’une seringue poussée dans un boyau, ou par une injection.

La seconde conséquence pour les provinces du nord, où les froids sont très-rigoureux, & les pluies abondantes, est que l’on fera très-bien de différer les plantations jusqu’au mois de février ou de mars, chacun suivant son climat, ou, ce qui vaut encore mieux, jusqu’au moment oh l’expérience habituelle prouve que l’on n’a plus à redouter les grandes gelées.

L’évaporation, la sécheresse & les chaleurs sont si fortes dans les climats méridionaux, que si l’on plante en février, il est très-prudent de donner sur le champ une forte mouillure à l’arbre mis en terre. Il faut également l’arroser de quelque nature qu’il soit, (celui planté en terrain naturellement humide excepté) deux à trois fois dans le cours de l’été, ou au moins une, si après l’irrigation on a eu le soin de serfouir la terre de la superficie, & de la couvrir d’un à deux pouces avec des balles de froment ou d’avoine, &c. s’ils ont souffert pendant la première, on fera très-bien de les arroser encore pendant la seconde année.

II. La nature des arbres. Ils sont divisés en trois classes générales. Les uns perdent leurs feuilles à une époque donnée, c’est-à-dire, aux premières gelées qui surviennent après l’automne ; telle est la majeure partie des arbres d’Europe ; les autres conservent leurs feuilles, même au milieu des glaces & des frimats, tels sont les arbres conifères, comme les pins, les sapins, &c. ; les troisièmes enfin sont ceux qui sont toujours verts, & dont la fleuraison & la fructification se perpétuent pendant toute l’année ; l’oranger sert d’exemple, & ces arbres sont encore étrangers à l’Europe, quoiqu’on ait dans quelques-uns de ses climats, naturalisé l’oranger.

Tous ceux du premier ordre peuvent être plantés aussitôt après la chute des feuilles ; ceux du second, après la maturité des fruits ; & les troisièmes, pendant toute l’année ; mais principalement à l’entrée du printemps dans les climats d’Europe.

On doit bien concevoir que certaines espèces d’arbres peuvent faire exception à ces règles générales ; mais elles sont en petit nombre. La chute des feuilles annonce que le cours de la séve est ralenti ; la maturité des fruits des arbres toujours verts indique que les travaux de la nature sont achevés, & qu’elle a besoin de repos pour les recommencer sur de nouveaux frais. Enfin, il est censé que les arbres à fleurs & à fruit en même temps, se ressentent du relâchement de la chaleur ; que les bourgeons ne poussent plus (dans l’Europe méridionale) & par conséquent, qu’il y a une espèce de repos, & c’est le temps que l’on doit choisir pour planter. Ces époques sont-elles les mêmes pour l’Asie, l’Afrique & l’Amérique ? Je l’ignore.

III. La nature du sol. S’il est gras, humide, en un mot, s’il retient l’eau, il est clair que les racines de l’arbre planté après la chute des feuilles, seront noyées pendant l’hiver, & que si la saison rigoureuse dure pendant plusieurs mois, elles éprouveront, ainsi qu’il a été dit ci-dessus, les funestes effets des gelées. Si au contraire le temps est doux, ces racines moisiront & chanciront. Il y a plusieurs moyens propres à prévenir ces inconvéniens.

Le premier est d’ouvrir les fosses une année, ou au moins six mois d’avance, afin que les engrais météoriques, (consultez le mot Amendement) pénètrent, divisent, rendent meuble, à une certaine profondeur, la terre de la fosse, & facilite par-là un plus grand écoulement à l’eau. Le second, de donner à ces fosses le double de la profondeur ordinaire, afin qu’il y ait plus de terre remuée, & par conséquent une plus grande filtration. Par le troisième, on garnit le bas de cette fosse profonde avec du gravier, des cailloux & du sable, qui deviennent un filtre excellent. Par le quatrième, on écarte les eaux pluviales des fosses, en relevant la terre contre le pied de l’arbre, & en lui donnant un talus fort incliné qui se prolonge un peu au-delà de la partie de la terre remuée, enfin, on bat la superficie du talus, jusqu’à ce qu’il forme une espèce de croûte, & on la lisse avec le dos de la pelle, de manière que l’eau ne sauroit s’y arrêter. Après l’hiver, on régale la terre du talus dans toute la circonférence.

Si au contraire le sol est naturellement sec, sablonneux, & très perméable à l’eau, on disposera la terre, après que l’arbre aura été planté, en vaste bassin, dont la partie la plus basse sera celle qui avoisine le tronc, afin de recevoir & de concentrer une plus grande quantité d’eau pluviale.

IV. De la manière de planter. Je n’ai cessé dans tout le cours de cet Ouvrage, de dire qu’on ne devoit jamais diminuer la longueur des racines, que le pivot, (consulter ce mot) devroit être conservé en entier, & je répéterai ces maximes autant de fois que l’occasion s’en présentera, parce que l’erreur, ou l’abominable coutume de mutiler les racines, est trop générale & trop enracinée. Consultez ce qui a été dit à ce sujet aux articles Abricotiers, Amandiers, Pêchers, &c. Sous le beau prétexte de parer, de rafraîchir les racines, on prive l’arbre des seuls moyens que la nature lui a donnés pour assurer sa reprise. Laissez dire vos jardiniers, doublez la largeur & la profondeur des fosses, & plantez l’arbre avec toutes ses racines.

Les planteurs ont pour maxime d’orienter l’arbre, c’est-à-dire, de placer son tronc dans la même position qu’il avoit dans la pépinière, dans la forêt, &c. ; c’est encore une erreur. Plantez-le du côté qu’il vous plaira, pourvu qu’il s’aligne bien avec les autres, & que ses racines aient toute leur étendue.

On doit se ressouvenir en plantant, que la bonne terre fraîchement remuée, se tasse d’un pouce par pied, & la mauvaise se tasse beaucoup plus. L’arbre suit le tassement de la terre. Il se trouvera donc trop enterré après que le poids naturel de la terre, & les pluies, l’auront fait affaisser. Enfin, il doit être planté de manière que le collet des racines soit à fleur de terre, parce que son grand travail, l’objet auquel il est destiné, c’est de pomper l’air, & de le distribuer ensuite aux racines.

Si l’arbre est greffé, le bourrelet formé par la greffe doit nécessairement rester à fleur de terre, quoiqu’on pratique tout le contraire dans plusieurs de nos provinces, mais aussi on n’y voit que des arbres à feuilles jaunes & languissantes, & des arbres qui périssent bien vite. Sur la solidité de ces assertions, rien ne convaincra mieux que l’expérience ; faites-la donc en plantant, comme il a été dit, aux mots Abricotiers, Pêchers, &c. & à la manière du pays.

Dans plusieurs provinces on a la détestable coutume de piétiner la terre à mesure qu’on la place sur les racines, c’est-à-dire, qu’on en forme un mastic, sur-tout lorsqu’elle est par elle-même un peu tenace. Il convient, il est vrai, de ne laisser aucun vide ; mais l’excès de précaution est nuisible, & tout homme qui réfléchit en sent les conséquences. On doit choisir, pour entourer les racines & le pivot, la terre la plus douce, la plus meuble, afin qu’elle s’y joigne dans tous les points ; celle de la superficie, & qui a resté le plus long-temps exposée aux influences météoriques, est ordinairement la meilleure. Si la masse totale n’a pas les conditions requises, on doit s’en procurer d’ailleurs. À mesure qu’on jette de la terre sur les racines, il faut faire souffler l’arbre, c’est-à-dire, le soulever doucement, & à plusieurs reprises avec ses racines, afin que la terre fine s’insinue dans tous les vides ; enfin, quand toutes les racines sont couvertes, on achève de remplir la fosse. On voit que si l’on veut procéder avec méthode, il est très-imprudent de planter lorsque la terre est trop humide, trop gâcheuse, &c. Il est moralement impossible que, dans de pareilles circonstances, on puisse convenablement mettre un arbre en place ; il se trouvera des vides près des racines, & dans chaque endroit elles moisiront, elles chanciront, &c.

Ce que l’on vient de dire doit être pris d’une manière générale, & ne peut par conséquent s’appliquer à toutes les espèces d’arbres ; mais en parlant de chacun en particulier, j’ai désigné les soins qu’ils exigent ; consultez donc l’article dont vous aurez besoin.


  1. Cyrus fit couvrir d’arbres fruitiers toute l’Asie mineure, & c’est de ses dépouilles que notre pauvre Europe s’est enrichie. C’étoit un dogme de la religion des Guèbres qu’une des actions les plus agréables à l’Être suprême, étoit de planter un arbre. Caton dit qu’il faut réfléchir long-temps avant de bâtir, mais qu’il ne faut pas différer d’un instant de faire des plantations.