Cours d’agriculture (Rozier)/ESPALIER

Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 320-332).


ESPALIER. En jardinage, ce mot a deux acceptions différentes : il signifie ou la muraille contre laquelle on plante les arbres, ou les arbres eux-mêmes-plantés contre la muraille. Pour avoir l’idée d’un arbre taillé en espalier, voyez Planche 16, p. 460, du tome 2. On voit sur la Figure 4, la loque armée de son clou, qui sert à assujettir la branche contre le mur. M. de la Quintinie dit que les espaliers ne sont pas fort anciens, qu’il les a vu naître : il n’est donc pas surprenant que ce grand homme n’ait parfaitement connu toutes les ressources qu’ils présentent, & les règles les plus avantageuses relativement à leur conduite. Le besoin & l’observation ont peu à peu conduit les habitans de Montreuil à l’excellence de la pratique, & à devenir les premiers tailleurs d’arbres en espalier.

Des motifs multipliés ont invité à planter des arbres contre des murs. 1°. La vue d’un mur fatigue, il semble qu’on est emprisonné au milieu de ses jouissances ; mais s’il est couvert d’une belle verdure, l’œil reçoit une douce impression, & ne s’apperçoit pas du signe de la captivité. 2°. Les murs faisoient perdre un terrein précieux dans les parcs & dans les jardins. 3°. Plusieurs arbres originaires des pays méridionaux, & transportés dans le nord, avoient besoin d’abris, soit pour garantir les fleurs des intempéries des saisons, soit afin de faire acquérir à leurs fruits une maturité parfaite par une plus grande intensité de chaleur & une chaleur soutenue.

I. Des murs de l’espalier & de la manière de les couvrir d’arbres. Je comprends sous cette dénomination les murs pour soutenir des terrasses, les murs de clôture & les murs construits exprès de distance en distance, afin de multiplier les abris.

1°. Des murs de terrasse. Quelle que soit la hauteur de ces murs, il est possible de les couvrir entièrement de verdure ; le temps & une main habile suffisent. Des abricotiers & des vignes rempliront cet objet, si l’exposition n’est pas septentrionale ; dans ce cas, le cep du raisin, appelé verjus à Paris suppléera, on peut lui associer les pruniers, les poiriers d’hiver ; cependant, si le soleil ne frappe de ses rayons en aucun temps de l’année, les arbres qui doivent couvrir cet espace prodigieux, on ne peut pas s’attendre à avoir de bons fruits, on aura de la verdure, c’est beaucoup. Dans quelque exposition que soit le pêcher contre les murs de pareilles terrasses, il prospère difficilement à cause de l’humidité de la terre supérieure, qui communique sa fraîcheur au mur, & celui-ci à l’arbre. Je sais qu’il y a des exceptions à faire contre cette assertion, mais ces exceptions ne la détruisent pas.

Je propose l’abricotier, la vigne, ou tel autre arbre fruitier, dont les pousses soient vigoureuses, afin de remplir cet objet. Si le sol est maigre, graveleux, dépouillé de substance végétative, on doit s’attendre à peu de réussite, excepté tout au plus pour la vigne, & sur-tout pour le verjus, parce qu’il est chargé de larges feuilles qui servent à pomper les principes de la végétation répandus dans l’atmosphère : dans toute autre circonstance il faut faire ce terrein, c’est-à-dire, enlever le mauvais & lui en substituer un meilleur & même excellent, puisqu’il s’agit d’avoir des arbres forts & vigoureux. L’activité de la végétation dans nos provinces du nord n’égalera jamais celle des provinces du midi, attendu que la vigne même & l’abricotier, originaires des pays chauds, exigent une forte chaleur ; à cette différence près, on peut se flatter de tapisser les murs d’une terrasse de quelque longueur & hauteur qu’ils soient : l’exemple suivant en démontre la possibilité.

En 1720, le Sr. Billot, menuisier à Besançon, se promenant dans un jardin où l’on tailloit des vignes, y ramassa une branche que l’on venoit de couper sur une treille de muscat blanc, & la porta tout le jour dans sa main comme une baguette ; lorsqu’il fut rentré chez lui, il planta ce sarment dans un pot d’œillets pour en soutenir les dards.

L’année suivante, en visitant ses œillets, il s’apperçut que sa baguette avoit pris racine ; il n’hésita point à sacrifier l’œillet & à l’arracher pour laisser plus d’espace au nouvel arbrisseau, qu’il eut dès-lors envie de cultiver. Il le laissa dans le pot jusqu’au printemps, & alors il le trouva si augmenté en grosseur & en feuillages, qu’il crut le devoir mettre dans une caisse.

Au bout de deux ans, son pied de vigne crut considérablement, & lui produisit une douzaine de belles grappes de fort bons raisins. Comme la caisse ne pouvoit plus suffire, il fit un creux dans un coin de sa maison, située rue potun, exposée au midi, faisant face à une petite place, & y transplanta son pied de vigne. Comme ce cep avoit déjà besoin d’appui, il fit sur les deux faces de l’angle du mur de sa maison un petit treillage, où il attacha toutes les branches.

Il eut, dans peu de temps, le plaisir d’y cueillir du fruit en assez grande quantité pour en faire part à ses amis, qui le recevoient comme un fruit rare, parce qu’il naissoit dans une rue & au milieu d’une ville. Tout le monde s’intéressoit à une vigne si singulière, & aidoit son maître à la conserver.

En 1731, il y eut une gageure considérable sur le nombre des grappes de raisin ; elles furent comptées exactement, & il s’en trouva 4206.

Depuis ce temps-là, ce cep a augmenté si prodigieusement en largeur & en hauteur, que le Sr. Billot a été obligé, pour ne point arrêter son progrès, de pratiquer une galerie sur le milieu du toit de sa maison, suivant toute son étendue, qui est d’environ trente-six pieds de long sur neuf de large, sous laquelle il a fait passer industrieusement de-çà & de-là les branches en quantité, qui en s’élevant lui sont aujourd’hui un berceau, où l’on est à l’ombre pendant les plus grandes chaleurs.

La vendange de ce pied de vigne monstrueux auroit été embarrassante, si l’industrie du propriétaire ne lui avoit pas fourni l’expédient, de pratiquer un treillage mouvant sur un pivot, au moyen de quoi, il rapproche de lui quand il veut les branches qui s’écartent au loin, & en cueille le fruit.

Aujourd’hui que ce pied de vigne occupe toute la face & la hauteur non-seulement de sa maison, mais d’une partie des maisons voisines, le Sr. Billot, après avoir fait les présens ordinaires de ses raisins, fait du surplus un demi-muid de vin, qu’il a le plaisir de boire à l’ombre de la même treille qui l’a produit : c’est dommage qu’Anacréon ne se soit pas trouvé-là. Cet article est tiré des Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Paris, année 1737, p. 73, de l’Histoire, & il lui a été communiqué par M. Vacher, Chirurgien Major à Besançon, & correspondant de l’Académie.

On sera peut-être bien aise de savoir ce qu’est devenu ce cep monstrueux : en 1739 il avoit près d’un pied de diamètre, s’élevoit au moins à 40 pieds, & tapissoit complètement une façade de 125 pieds de longueur. La forte & inattendue gelée survenue vers la fin de septemhre de l’année 1740, détruisit la récolte, & endommagea beaucoup les vignobles du territoire de Besançon. Le cep précieux fut frappé comme les autres, il n’en mourut pas, mais il dépérit insensiblement dans les années suivantes. Sans cet accident funeste ou d’autres de ce genre, cette merveille de l’art & de la nature existeroit encore dans toute sa force ; je connois des ceps plantés dans le siècle dernier, & qui sont aujourd’hui en très-bon état.

Je cite cet exemple, afin que l’on connoisse jusqu’où s’étend la force de la végétation de la vigne, lorsqu’elle se trouve dans un sol qui lui convient. Le plant de muscat est un plant vigoureux ; celui du verjus l’est dix fois davantage, & je mets en fait qu’avec quelques pieds de ce dernier on parviendroit à tapisser jusqu’à la hauteur de cent pieds. Au mot Vigne j’indiquerai la manière de la conduire.

Si on veut garnir le bas des terrasses en arbres fruitiers, & si on fait conduire leur taille, on les plantera, à vingt-quatre pieds les uns des autres, les abricotiers sur-tout, & un pied de vigne entre deux. Voilà pour les provinces méridionales, & dans les septentrionales, de dix-huit à vingt pieds. Plus on multipliera les arbres par le rapprochement, moins on doit espérer leur réussite. Les racines se mélangeront bientôt & s’épuiseront : on veut jouir de bonne-heure en plantant près, & on se trompe, ou du moins on paie bien cher par la suite cette jouissance anticipée. Je conseille de pratiquer aux pieds de ces arbres une plate-bande de trois pieds que l’on remplira de petit jardinage. Ils profiteront merveilleusement de la culture & de l’arrosement que ces petites plantes exigent, & elles ne sauroient nuire à l’arbre, parce que leurs racines ne pénètrent pas assez avant dans la terre.

Le cep planté entre les arbres doit être bien sain, bien enraciné & coupé au-dessus de terre, à la hauteur d’un œil ou deux tout au plus ; pendant la première année il poussera librement sans contrainte, & si chaque œil a produit un sarment, on retranchera le plus foible à la taille de l’année suivante, & on rabaissera le sarment conservé, à un seul œil, afin de fortifier les racines, le tronc, & d’obtenir, dans cette seconde année, une poussée assez forte, assez longue pour surpasser la hauteur que l’on se propose de laisser prendre, dans la suite, aux arbres placés des deux côtés du cep. Que si, après cette seconde année, cette pousse n’est pas assez forte, rabaissez encore ce sarment à un œil, & le succès sera décidé ; autrement il faudroit conclure, ou que les racines sont pourries, ou que la terre ne convient nullement à la vigne, ou enfin qu’il y a eu quelque vice radical dans la plantation. Dans les provinces méridionales, on peut supposer, avec raison, qu’un abricotier bien conduit, peut en moins de dix ans étendre ses branches, & couvrir une surface de vingt-quatre pieds de largeur, sur une hauteur de douze à quinze. On doit donc se régler sur celle hauteur, afin de former la tige du cep, & les premières couchées horizontales de ses sarmens contre le mur, commenceront seulement à la hauteur de treize à seize pieds au-dessus du sol, afin de ne point étouffer ou être incommodées par les bourgeons de l’arbre, lorsque ses branches supérieures approcheront de ces premières couchées. Si on est curieux de voir une terrasse très-élevée & garnie à peu près, ainsi que je viens de l’indiquer, il faut se transporter au palais épiscopal de Blois. Je pourrois encore citer plusieurs exemples en ce genre : celui-là suffit, quoique tout cet immense espalier n’ait pas été rigoureusement bien conduit dans ses commencemens.

2°. Des murs de clôture. La perversité des hommes, souvent leurs besoins & notre amour pour la jouissance exclusive, ont fait imaginer les murs de clôture. Lorsqu’on se détermine à les construire, on ne doit pas lésiner sur les matériaux ; le grand point est de s’assurer de leur solidité, & par conséquent d’une longue existence ; c’est le seul moyen d’avoir un équivalent au capital perdu. Après ce premier soin, vient celui de retirer l’intérêt de son argent, en plantant des arbres en espalier ; enfin, le troisième est de rendre agréable & masquer l’enceinte de nos prisons, huit à neuf pieds de hauteur suffisent à ces murs.

Dans les pays où le plâtre n’est pas cher, il faut le préférer à la chaux ; quoique le mur élevé en chaux de sable subsiste beaucoup plus long-temps, mais celui en plâtre facilite infiniment mieux la direction des branches, des bourgeons au moyen des loques. Si le mur est en chaux, sable & pierres, il doit être garni d’un bout à l’autre du grillage en bois, sur lequel on palissade les branches. Si on veut éviter la dépense de ce grillage, il faudra se contenter d’élever le mur sans le recrépir, alors les interfaces d’une pierre à une autre seront apparentes, & on aura la facilité de choisir les endroits nécessaires au placement des clous, qui fixeront les loques. Si le mur est construit en briques, le grillage, par la même raison, est encore plus inutile. Ces derniers murs ont un grand avantage sur tous les autres, & il réside dans leur couleur. Un mur bien recrépi ou bien plâtré, réfléchit, par sa blancheur, les rayons du soleil ; au contraire, la couleur foncée de la brique, absorbe ces rayons & par conséquent la chaleur. Cette observation est de la plus grande importance, relativement à nos provinces septentrionales, sur-tout pour les pêchers & les abricotiers. Un anglois, lord Leicester, cultivateur instruit, & très-amateur de ses espaliers, a fait peindre ses murs en noir, & par ce moyen bien simple a augmenté l’intensité de la chaleur, (Voyez ce mot)

À quelle distance doit-on planter les arbres ? Si on veut être de bonne foi, on conviendra qu’il est impossible de la prescrire ; en effet, la distance dépend de la hauteur du mur que l’on se propose de couvrir : si ce mur a seulement sept pieds de hauteur au lieu de neuf, il faut nécessairement plus espacer les arbres que si le mur a huit ou dix pieds. La qualité de l’espèce d’arbre fait encore exception à toute loi générale ; par exemple, deux pruniers de mirabelle, placés à des distances convenues, tapisseront moins un mur, qu’un seul prunier de reine-claude ; il en est ainsi, par exemple, du poirier-rousselet de Rheims, comparé à une vilgouleuse, à un pommier de calville, &c. &c. La nature du terrein s’oppose encore à toute règle générale, ainsi que l’exposition plus ou moins au soleil de neuf heures du matin, ou du midi, ou de trois heures. Quel parti faut-il donc prendre ? Étudier la nature du sol, la qualité de l’arbre & son exposition. Règle générale, & par-conséquent soumise à des exceptions ; on ne risque rien lorsque l’on plante de vingt à vingt-quatre pieds dans les bons terreins, & à progression descendante suivant la qualité plus ou moins bonne du sol & de l’exposition.

Il n’est pas surprenant que les pepiniéristes invitent, conseillent & insistent sur la plantation rapprochée, par exemple, de six à huit pieds ; ils vendent deux cens pieds d’arbres tandis que cinquante ou soixante auroient suffit. Le jardinier ou tailleur d’arbres ignorant, tient le même langage, parce que toute sa science consiste à ébrancher & a étronçonner les malheureux arbres fournis à sa barbare ignorance. Conduisez un arbre comme il sera dit au mot Pêcher & vous verrez, avec une agréable surprise, qu’en moins de six à huit ans le mur sera tellement couvert de branches & de feuilles qu’il sera impossible d’appercevoir la pierre.

L’homme à routine objectera que plus les arbres sont multipliés & plus ils auront de fruit, & à mon tour je nierai cette assertion. Les branches de ses arbres ne pourront s’étendre à une distance convenable sur la ligne oblique, par conséquent les bois gourmands dévoreront dans peu la substance des branches, ou perpendiculaires au tronc, ou qui s’en éloignent très-peu. Il aura donc une très-grande quantité de bourgeons, (voyez ce mot) & peu de bois à fruit, au lieu qu’en étendant obliquement les branches & les bourgeons, ces derniers font dès l’année suivante de véritables branches à fruit. En supposant deux arbres plantés l’un à côté de l’autre, par exemple, à une distance de six à huit pieds, il est démontré qu’à la seconde ou à la troisième année leurs racines se touchent, s’entremêlent & s’épuisent mutuellement ; mais si ces deux arbres ne sont pas de la même force en végétation, il est clair que les racines du plus fort gagneront les autres de vîtesse, & s’empareront de l’espace, de manière que les racines foibles ne trouveront plus la nourriture dont elles ont besoin. Cette raison est majeure, & de cette différence de végétation des arbres si rapprochés dépend le dépérissement d’un espalier. Passe encore si le propriétaire avoit le bon sens d’arracher l’arbre languissant, foible ou mort, & de ne pas le replacer ; les racines des deux arbres voisins profiteroient de cet espace ; leurs branches, il est vrai, ne seroient pas en équilibre, (ce qui est un point essentiel pour la circulation de la sève) parce que la prosperité des branches suivroit celle des racines, & peu à peu ces branches & ces racines absorberoient toute la sève de celles de l’autre côté de l’arbre. On auroit, à la vérité, deux arbres un peu difformes au lieu de trois arbres rabougris.

L’arbre étant mort, le propriétaire se hâte de le remplacer par un autre ; il végète pendant un an ou deux, il périt ensuite ; un troisième lui succède & il a le même sort ; le propriétaire dit alors, le terrein est épuisé ; non il ne l’est pas, ce sont les racines des arbres voisins qui, ayant trouvé près d’elles une bonne terre bien remuée pour la nouvelle plantation, sont venues s’en emparer ; voilà le nœud de tout le mystère : somme totale, il est clairement prouvé par le bon sens & par l’expérience que l’on perd tout en plantant trop près, & que l’on paie bien cher, dans la suite une jouissance éphémère.

Pour hâter cette jouissance, on a encore la fureur de planter entre deux arbres nains, un arbre mi-tige, afin, dit-on, que le haut du mur soit garni en même temps que le bas ; c’est à mon avis de toutes les coutumes la plus pernicieuse ; un pêcher, un poirier, ou tel autre arbre doit, dans l’espace de huit à neuf ans, tapisser un mur sur une surface de dix-huit pieds de largeur, & de huit, neuf à dix pieds de hauteur, non pas en le taillant à la manière des jardiniers, mais ainsi qu’il sera dit au mot Pêcher : cet arbre servira d’exemple pour tous les autres.

Comment ne voit-on pas que les branches du nain, placées sous les branches du mi-tige sont 1°. privées de la colonne perpendiculaire de l’air & des rayons du soleil ; 2°. que toutes les impuretés que les vents portent sur les branches supérieures, en sont détachées par les pluies, tombent sur les feuilles inférieures, & si la pluie n’est pas considérable, ces ordures y forment une croûte qui empêche leur transpiration. 3°. Les excrémens & les dépouilles des insectes qui vivent sur l’arbre supérieur, occasionnent les mêmes ravages : je n’entrerai pas dans de plus grands détails, & afin d’éviter des répétitions inutiles, consultez le mot Cloque ; j’ajouterai seulement qu’on verra presque toujours les arbres mi-tiges, prospérer beaucoup plus, que les arbres nains plantés en-dessous : on aura beau faire, cette différence sera frappante, même en supposant les espèces analogues relativement à la vigueur naturelle de végétation ; que sera-ce donc si un arbre ne peut, par sa loi, végéter, par exemple, comme quatre, tandis que la loi de l’autre le forcera à végéter comme six ou comme huit.

Ce que je dis du mélange des nains & des mi-tiges n’implique aucune contradiction avec ce qui a été dit n°. 1 relativement au couronnement des arbres nains couronnés par des vignes le long des terrasses fort élevées. 1°. Tout mur élevé & de soutenement a nécessairement au moins un pouce par toise d’inclinaison, dès-lors la vigne ne porte pas perpendiculairement sur l’arbre nain. 2°. Un très-petit nombre d’insectes vit sur la vigne ; leurs dépouilles sont peu considérables ou trop grosses pour s’attacher aux feuilles inférieures. 3°. La vigne ne transsude point cette liqueur nommée miellat, (voyez ce mot) qui attire si fortement les insectes, à moins que les galles-insectes ne se soient attachés sur les sarmens. 4°. Le volume & l’ampleur des feuilles de la vigne sont assez considérables, & leur forme même ne permet pas que les dépouilles de ces animaux tombent sur les feuilles inférieures, ou si elles y tombent, c’est dans un état de si grande dessication qu’elles ne sauroient s’attacher aux feuilles ; on en trouvera les raisons au mot Galle-insecte.

3°. De la multiplication des murs pour former les arbres. Cette opération suppose un local spécialement consacré aux arbres fruitiers, & par conséquent les soins, l’œil & la main de l’amateur. On choisit à cet effet une bonne position ; le terrein est divisé par carreaux de 30, 40 à 50 pieds de largeur ; le contour de chaque carreau est élevé en murs, & vers un des angles on pratique des uns aux autres une porte de communication ; si on multiplie le nombre des carreaux en longueur plutôt qu’en largeur, la dépense sera plus considérable, puisqu’il faudra plus de murs de séparation pour avoir une égale surface de terrein divisée par carreaux. Il est donc plus avantageux de tracer un carré général parfait, & de le subdiviser en d’autres carreaux, que d’opérer cette même division sur un parallélograme plus ou moins alongé qui occuperoit la même superficie du terrein.

Si on veut avoir toutes les heures possibles du soleil, un angle du carreau regardera directement le nord, l’autre, le midi, & l’on peut encore prendre le milieu des points cardinaux, & leur faire correspondre les angles des murs, ou enfin, placer la longueur du mur sur la direction du midi, l’autre sur celle du nord, &c. alors une face de ce mur sera au plein-nord, & l’autre ou l’opposée, au plein-midi ; il est impossible de prescrire laquelle des trois constructions mérite la préférence : le choix dépend du pays que l’on habite, des abris généraux qui s’y rencontrent, (voyez les mots Abris & Agriculture) des vents qui y régnent &c. Toute circonstance particulière à part, je préférerais celle où les angles correspondent aux points cardinaux, parce qu’il n’y aura que quelques points qui ne soient pas frappés dans le courant du jour & de l’année, ou du soleil du matin, ou du midi, ou du soir, alors ayant toutes les positions à sa volonté, il ne dépend plus que de l’amateur de disposer ses arbres suivant le degré de chaleur qu’ils exigent ou suivant la saison à laquelle il desire en cueillir les fruits.

C’est d’après de semblables dispositions que les arbres de Montreuil sont placés & conduits par les mains les plus habiles & les plus exercées de l’univers.

L’espace qui se trouve compris entre ces murs n’est pas perdu. Il sert, au contraire, soit à y placer des couches & sur-tout du jardinage, mais jamais des arbres fruitiers en nain ou en contre-espaliers. (Voyez ce mot, où l’on trouve la raison physique qui s’oppose à leur réussite, à moins que le carreau ne soit très-spacieux.) Si, au contraire, le carreau est resserré, si les couches qu’on y formera ne sont elles-mêmes garnies de brise-vents particuliers, (voyez Brise-vents) elles souffriront beaucoup du courant d’air qui passe sur les murs, & se précipite en raffale sur les couches ou sur les arbres. Si les couches, (voyez ce mot,) touchent le mur, elles perdront promptement leur chaleur, & feront mourir indispensablement l’arbre dont une partie du tronc sera environnée de fumier.

J’ai vu des espaliers du genre dont on parle, ne pas avoir vingt pieds de diamètre en tout sens ; ils sont plus chauds à la vérité, mais que de maçonnerie employée en pure perte, à moins qu’on se contente de planter un seul arbre contre chaque face du mur : si on en plante deux, ils se mangeront l’un & l’autre ; je le répète : la position & le climat qu’on habite doivent prescrire à l’homme intelligent la grandeur du diamètre des carreaux.

II. Des accessoires de l’espalier. 1°. Des tablettes. Lorsque l’on se livre à la dépense de semblables constructions, c’est dans la vue de jouir d’une abondante récolte de fruits, & de se procurer des arbres d’une belle venue. Ce n’est donc pas assez de se contenter d’élever des murs, ils exigent d’être couronnés par des tablettes sur-tout dans nos provinces du nord. On entend par tablette une saillie ménagée au haut des murs, afin que l’eau qui tombe perpendiculairement sur le mur ne découle pas sur l’arbre. Les avantages qui en résultent sont très-bien décrits par le continuateur du célèbre abbé de Schabol, il s’explique ainsi : « ces tablettes servent 1°. à éloigner des pêchers & de leurs fruits, les eaux du ciel qui leur sont très-nuisibles, sur-tout lors des faux dégels. 2°. À retarder la sève du pêcher, à l’arrêter même, & à la faire refluer par le bas, à raison du défaut de circulation d’air dont ces tablettes empêchent la perpendicularité, afin que cet arbre qui se porte toujours vers le haut, se trouve également garni par-tout. 3°. À garantir de la gelée au printemps, la partie supérieure de l’arbre. On a vérifié qu’au moyen de ces tablettes, le pêcher poussoit moins vîte par le haut que par le bas. Le contraire arrive aux espaliers ordinaires. 4°. À briser, diviser, écarter ce qu’on appelle vents-roux, les brouillards malfaisans qui brouillent au printemps les feuilles, & endommagent les fleurs. 5°. À comprimer l’air, à rallentir son action sur les pêchers qui poussent vers le haut avec plus de modération. 6°. La saillie de ces tablettes brise l’ardeur des rayons du soleil, empêche que les arbres & leurs fruits n’en soient frappés aussi vivement. 7°. Elles contribuent à la durée des murailles dont elles éloignent la chute des eaux. »

Ces tablettes sont & seront complétement inutiles, tant que la taille des arbres sera livrée à des mains ignorantes. Pendant aussi long-temps que les petites branches, les lambourdes ne seront pas rapprochées du mur, & s’en écarteront souvent de dix à quinze pouces, on prendroit ces arbres pour ceux des haies ou des buissons : plus les petites branches qui donnent du fruit seront rapprochées des grosses, plus le fruit sera beau. Il est inutile d’avoir trois à quatre pêches ou poires, &c. sur une même petite branche ; cette multiplicité épuise l’arbre, & les fruits sont chétifs, il vaut donc beaucoup mieux que les fruits soient plus éloignés les uns des autres, & en même temps plus rapprochés des mères-branches ; alors les tablettes produisent un bon effet, parce que l’eau tombe en avant de l’arbre, & non pas sur lui.

Si les murs sont construits à chaux & à sable, & que dans le voisinage on puisse facilement & à peu de frais, se procurer des dales, elles feront de bonnes tablettes qui serviront pour les deux faces du mur. Il ne s’agira plus que de les charger d’un chaperon en maçonnerie, afin qu’elles ne soient pas dérangées ou culbutées par les coups de vent. La hauteur de ce chaperon doit être en raison de la saillie de la pierre taillée en dale, afin qu’il agisse & la maintienne par son poids. Au défaut des dales, ont peut se servir des longues briques, ordinairement employées aux cloisons ; de larges carreaux produiront le même effet ; le chaperon qui les couronnera les liera avec le reste de la maçonnerie. Dans les pays où la chaux & le sable sont rares ou chers, & où la nécessité oblige de lier les pierres de la maçonnerie avec de l’argile bien broyée, les tablettes d’un genre quelconque sont indispensables pour la conservation des murs & avantageuses aux arbres. On peut cependant les suppléer par un forget d’un double ou triple rang de tuiles, mais il est indispensable que ces tuiles posent sur un bain de mortier à chaux & sable, ou en plâtre, & qu’elles soient noyées & liées les unes aux autres par ce mortier. Comme la saillie des tuiles qui forment un autre genre de tablette, doit régner sur les deux faces du mur, la partie où les tuiles se réunissent sur le centre du mur, sera garnie d’une rangée de tuiles en recouvrement les unes sur les autres, sur-toute la longueur du mur, & tous les vides bouchés avec du mortier ou du plâtre suivant les facilités de se procurer l’un & l’autre. Cet assemblage de tuiles imite celui d’un toit d’une maison, & l’eau pluviale la plus abondante ne sauroit pénétrer jusqu’aux murs ; ce couronnement, cette toiture s’appliquent également aux murs si économiques & si solides, construits en pisai. (Voyez ce mot) Il est inutile de recrépir ces deux dernières espèces de murs, parce que, comme il a déjà été dit, ils absorbent & conservent plus la chaleur, & parce que l’on voit où il est facile de planter les clous qui fixent les loques.

2o . Des rayons. À quelques pouces au-dessous des tablettes quelconques, on enfoncera des rayons en bois de deux à quatre pouces d’épaisseur, & un peu moins saillans que les tablettes ; ils serviront à attacher les paillassons destinés à préserver les arbres des trop grands froids ou de gelées si pernicieuses au moment de la fleuraison ou quand le fruit aoûte. (Voyez ce mot) Ces supports empocheront que les paillassons touchent aux branches. Voilà les murs construits, il ne s’agit plus que de les garnir d’arbres, de les bien tailler ; enfin, de leur donner les soins qu’ils exigent, & ces objets seront traités particulièrement aux mots Pêcher & Plantation. Il s’agit de s’occuper des petits objets relatifs à l’espalier en général.

3°. Des contre-vents. Quelle est la meilleure sauve-garde des arbres contre les intempéries des saisons ? La coutume, plus que le raisonnement, dirige un grand nombre de cultivateurs ; ce qui nécessite la discussion de cet objet. Il faut que l’intensité du froid soit bien grande pour qu’elle fasse périr les plantes ou plutôt ce n’est pas ce froid qui les tue, mais les gelées, les dégels consécutifs. (Voyez les mots Brûlure des Arbres, Dégel, Gelée. Afin de ne pas répéter, ce qui a déjà été dit, il est essentiel de les relire. Pour prévenir ces accidens fâcheux, on tapisse les murs avec des paillassons, (voyez ce mot) avec des nates, des bourrées de pois, de fougère, &c. Ces moyens sont efficaces contre les fortes gelées, mais le sont-ils tous également, & dans toutes les circonstances ? Non, sans doute. Supposons qu’avant que le froid soit rigoureux, il ait régné dix jours pluvieux ou nébuleux ; enfin, que ces paillassons &c. soient imbibés d’eau : si le froid augmente, cette eau, disséminée dans tous les interfaces des pailles, forme une tapisserie complète de glace, de manière que l’arbre se trouve entre un mur froid & une couverture plus froide encore : que sera-ce donc si cette couverture porte directement sur les branches de l’arbre ? ces couvertures concentrent le froid, empêchent la dissipation de l’humidité contenue dans l’espace, & rendent l’action du froid plus sensible, sans compter le mal qui résulte de la soustraction du courant d’air, parce qu’en toute saison l’arbre, semblable à l’homme, ne peut vivre sans respirer.

Puisqu’il est bien prouvé que l’intensité du froid n’est pas la cause unique & même déterminante de la mort des arbres, ces énormes paillassons, ces bourrées &c. sont inutiles jusqu’à un certain point, & très-nuisibles s’ils touchent les branches de l’arbre : voilà pourquoi on a placé les rayons ou supports sous les tablettes, afin d’y attacher ces paillassons, &c. & les éloigner des arbres. Admettons leur nécessite pendant les temps rigoureux, pendant les crises violentes de la saison, & cherchons à garantir, par un autre moyen, les arbres lorsqu’ils commencent à entrer en sève, à fleurir, à pousser des feuilles, & les fruits à aoûter : ces époques sont les plus délicates ; une seule rosée blanche, ou une petite gelée, suivie d’un soleil ardent, suffisent pour la perte complète de la récolte qu’on se promettoit, & nuisent même à la récolte de l’année suivante, par la perte des premiers bourgeons qui avoient commencé à darder. Je ne vois rien de plus utile que les toiles claires & d’un bas prix ; dans l’instant elles sont tendues & détendues ; une tringle en bois léger les assujettit sur les rayons, & quelques piquets les fixent par le bas, de manière que la toile ne peut jamais toucher les branches de l’arbre.

S’il tombe de la rosée, elle se fixe contre cette toile, & ne pénètre pas au-delà, ou du moins en si petite quantité qu’on peut la compter pour rien. Si dans cette saison le contraste des vents détermine la gelée, le froid glace l’humidité sur la toile & les fleurs ou les jeunes fruits n’en souffrent pas. L’expérience prouve tous les jours que le froid étant même de deux à trois degrés, la fleuraison des arbres à plein vent n’est point dérangée, 1°. s’il règne un courant d’air qui dissipe l’humidité ; 2°. si les rayons du soleil ne frappent pas sur les fleurs & sur les fruits lorsqu’ils sont chargés d’humidité. C’est le contraste du froid & de la chaleur qui fait périr les fleurs & les feuilles presque dans un seul instant, parce que la chaleur excite subitement une plus grande évaporation, & que cette plus grande évaporation ne peut avoir lieu sans augmenter l’intensité du froid, ce qui est prouvé par une infinité d’expériences chimiques trop longues à rapporter ici. (Voyez le mot Froid)

L’arbre placé entre le mur & la toile, n’est presque chargé d’aucune humidité ; l’évaporation du peu qui y existe est lente & modérée, attendu que les rayons du soleil pénètrent jusqu’à l’arbre, seulement en très-petit nombre, & après avoir été divisés par les fils de la toile, en sorte que cet arbre est dans la même position que l’arbre à plein vent pendant la gelée, & lorsqu’il règne un grand courant d’air sans humidité.

Je regarde en outre l’usage de ces toiles comme très-avantageux dans nos provinces du nord, même quand on ne craint pas ces désastreuses gelées. La chaleur (voyez ce mot) du jour est bien supérieure à celle de la nuit ; cette alternative trop marquée s’oppose, jusqu’à un certain point, à la succession non interrompue de l’ascension de la sève, sur-tout dans les pêchers, arbres très-délicats : ces toiles retiennent en partie entr’elles & le mur la chaleur qui s’y étoit concentrée, de manière que les impressions de la fraîcheur de la nuit ne sont pas si actives, & par conséquent la continuité de l’action de la sève moins ralentie. Cette opération ne tient point à l’enthousiasme, au raffinement ou à la métaphysique de l’arbromanie : l’expérience démontre ses avantages & prouve qu’il est très-avantageux de laisser les toiles en place depuis le moment que l’arbre ouvre ses premiers boutons jusqu’à ce que le fruit soit aoûté. Que l’on répète cette expérience, & on en jugera. L’air n’est point intercepté, puisque le courant est établi entre le mur & la toile, & chaque fil croisé laisse en outre, entre lui & son voisin, un petit passage, & ces passages sont multipliés à l’infini ; la lumière, point de la plus grande importance, n’est pas interceptée, elle est modérée tout au plus, mais non pas au point de produire l’étiolement le plus léger.

Je conviens que le premier achat de semblables toiles sera dispendieux, qu’elles s’useront, &c. mais l’amateur, qui regarde la jouissance de ces arbres comme un trésor, ne plaindra pas la dépense si elle produit ce qu’il en attend : si on la fait peu à peu, on s’en appercevra moins, & chaque année on aura soin de renouveler les plus mauvaises. Dans les provinces éloignées, & dans les campagnes distantes des grandes villes la perte des pêches, des abricots, des poires, &c. n’est pas bien affligeante ; ces fruits y sont plutôt une douceur qu’une ressource sur laquelle on compte fortement ; aussi les précautions que j’indique, seront traitées de minutieuses : il n’en est pas ainsi aux portes des grandes villes, & de Paris sur-tout. Lorsqu’un arpent de terrein, garni de ses murs & de pêchers ou autres arbres fruitiers en rapport, est vendu jusqu’à dix mille livres, & que, si les fruits manquent, les propriétaires sont ruinés, parce que les impositions sont en raison de la valeur du produit de cet arpent, & par conséquent très-lourdes.

Celui dont les facultés ne lui permettent pas de faire la dépense des toiles, peut en quelque sorte les suppléer, lorsqu’il veut garantir ses arbres des gelées du printemps, par de grandes branches sèches, chargées de tous leurs rameaux & semblables à celles avec lesquelles on rame les pois. Il fichera en terre la base aiguisée de ces branches & en formera une espèce de treillis sur toute la longueur & hauteur de ces arbres, mais non point capable d’intercepter le courant d’air. S’il pleut, ces rameaux reçoivent la pluie, & elle roule jusqu’à la base de la branche, sans presque mouiller l’arbre ; si l’air est froid & qu’il y ait de la rosée, elle s’attache au premier corps qu’elle rencontre, & l’arbre y est soustrait en très-grande partie. D’ailleurs, ces branchages nécessitent un courant d’air qui dissipe l’humidité.

Plusieurs cultivateurs conservent soigneusement les fannes des pois, des haricots, & les éparpillent sur les branches des arbres qu’ils veulent conserver ; cette méthode très-économique n’est pas sans inconvénient. Si la pluie survient ou une grande humidité & le froid par-dessus, toutes ces fannes s’imbibent d’eau qui se glace, & comme elles touchent immédiatement aux fleurs ou fruits de l’arbre, elles leur nuisent : dans toute autre circonstance elles sont utiles. Tous ces moyens secondaires ne sont pas à comparer à l’usage des toiles.

4°. Des palissages. On palisse, ou en fixant contre les murs des grillages en bois peints à l’huile, & dont les points de réunion sont maintenus par des fils de fer croisés, ou en enfonçant des clous dans le mur, qui fixent des fils de fer ou d’archal, posés en lignes horizontales & à une distance égale les uns des autres, par exemple, à un pied, ou enfin, en plantant, suivant les besoins, des cloux dans ces murs auxquels les loques sont assujetties. La plus détestable de ces méthodes est la seconde ; la meilleure est la troisième, lorsque la qualité du mur permet de la mettre en usage. Les grillages en bois ont le défaut de servir de repaire à tous les insectes ; ils se cachent dans les vides qui se trouvent entre le bois & le mur ; ils passent tranquillement l’hiver, & dès que la chaleur se fait sentir, ils sortent de leurs cachettes, se répandent sur l’arbre, & y causent des dégâts sans nombre : ces insectes sont de deux espèces, les uns butinent pendant le jour, & les autres pendant la nuit, de manière que les retraites ne manquent jamais de malfaiteurs. On a beau attacher des bourgeons contre le fil de fer, on a beau les serrer avec des liens, le moindre vent dérange leur direction, parce que le lien n’a pas assez de prise sur le petit diamètre du fil de fer. Si le lien est trop serré, (chose indispensable dans ce cas) il empêche la croissance du bourgeon ou de la branche, ou plutôt l’un & l’autre croissent ; mais le lien & le fil de fer s’implantent dans l’écorce, il s’y forme un bourrelet, (Voyez ce mot) & voilà une branche ou bourgeon perdu, ou du moins très-maléficié. La loque seule prévient tous ces inconvéniens, ne donne ni aux branches ni aux bourgeons des tours forcés, des attitudes gênées, & assujettit les uns & les autres sans gêner l’ascension ou la descension de la sève.