Clitophon (trad. Souilhé)/Notice

Notice sur Clitophon
Traduction par Joseph Souilhé.
Texte établi par Joseph SouilhéLes Belles Lettres (Œuvres complètes, tome XIII, 2e  partiep. 245-263).
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NOTICE


I

LE SUJET

Parmi les œuvres de Platon, se trouve un écrit très court qui tranche avec le ton et l’allure des autres dialogues. Du reste, c’est à peine un dialogue. Socrate amorce le thème qui sera développé, puis disparaît de la scène. D’accusateur, prenant figure d’accusé, il assiste, muet, à son propre procès. Car, telle est l’étrangeté du morceau, contrairement aux autres ouvrages platoniciens, toujours respectueux du maître, et même généralement louangeurs : celui-ci est une véritable diatribe dirigée contre l’enseignement socratique. Quelques éloges viennent sans doute tempérer la critique, mais ces éloges eux-mêmes ne sont pas exempts d’ironie.


Clitophon, dans une conversation avec Lysias l’orateur, a exprimé très librement son opinion sur Socrate, et mettant en parallèle la doctrine de ce dernier avec celle de Thrasymaque, il semble avoir donné la préférence au sophiste. Socrate demande raison à son détracteur et Clitophon, en toute franchise, rapporte son entretien.

1. Il ne blâme pas tout dans l’éducation socratique, loin de là, et toute la partie parénétique de cette éducation, il la loue grandement. Il loue ces déclamations, un peu grandiloquentes, où le philosophe reproche aux hommes de rechercher des maîtres qui leur enseignent les arts et les sciences, et de négliger cela seul qui compte, la science de la vertu, d’exercer leurs corps et de laisser leurs âmes s’étioler, de se servir de cette âme de façon maladroite, en sorte que mieux vaudrait pour eux se voir réduits en servitude et confier la direction de leur vie à des gens compétents dans l’art de la politique, identique à l’art judiciaire et à la justice. Toutes ces exhortations sont parfaites ; elles peuvent réveiller des gens assoupis. Mais suffit-il d’exhorter ? Est-ce là le dernier mot de la pédagogie morale ? Clitophon s’est adressé à des disciples de Socrate, et en fin de compte à Socrate lui-même, pour apprendre quelles conséquences pratiques il fallait tirer de ces beaux discours.

2. À quel art, à quelle science faut-il donc recourir pour cultiver en soi la vertu ? — À la justice, fut-il répondu. — Oui, mais la justice en quoi consiste-t-elle, quelle est son œuvre ? Ici, les réponses furent toutes différentes. L’un affirme que la justice réalise « ce qui est profitable » ; un autre, « ce qui convient » ; un troisième, « ce qui est utile » ; un quatrième, « ce qui est avantageux ». Assertions vagues, générales, que l’on peut répéter pour chacun des arts, pour chacun des métiers. Aucune d’elles ne fait connaître ce qui caractérise cette vertu. Un esprit plus subtil la définit : le moyen d’établir l’amitié dans les cités, c’est-à-dire de provoquer l’union. Et par union, il comprenait une véritable science, non un simple accord d’opinions. L’examen de la formule révèle encore ici le même défaut que précédemment. Car, en somme, tous les arts, toutes les sciences cherchent à produire l’union des esprits, l’accord des pensées. Alors on demandera de préciser : est-ce accord d’opinions ou de pensées scientifiques ? On voudrait connaître le caractère propre de cette union dont la justice est le principe. — Enfin, Socrate lui-même donna son avis, et, pour lui, la justice consiste « à nuire à ses ennemis, à favoriser ses amis ». Mais la discussion ne tarda pas à montrer que l’homme juste ne devait nuire à personne. Aussi Clitophon, découragé par son enquête, s’en est allé avec la persuasion que Socrate est un fort habile exhortateur, mais un piètre éducateur. À moins que le philosophe n’ait voulu lui cacher son savoir. Une dernière fois, Clitophon le supplie de lui révéler ses connaissances, sans quoi il se verra forcé de se mettre à l’école de Thrasymaque. Il emportera l’impression que Socrate est très précieux pour qui a besoin d’être stimulé, mais qu’il risque ensuite d’être même un obstacle quand il s’agit de parvenir au terme de la vertu et d’y trouver le bonheur.

II

LE CLITOPHON HISTORIQUE ET LE CLITOPHON DES DIALOGUES

L’Athénien Clitophon, fils d’Aristonymos, était un homme politique et, à certaines heures graves de l’histoire d’Athènes, il joua un rôle assez important. Aristote fait deux fois mention de lui dans la Constitution d’Athènes. Une première fois, à propos du désastre de Sicile, en 411, alors que les Athéniens se virent contraints de modifier la constitution démocratique et d’établir le régime des Quatre-Cents. Le décret de réforme fut rédigé par Pythodoros et portait que le peuple élirait un certain nombre de commissaires chargés de proposer les mesures les plus sages, à leur avis, pour le salut de l’État. Clitophon intervint et demanda que les commissaires élus eussent aussi « à examiner les lois des ancêtres établies par Clisthène quand il institua la démocratie, ceci afin qu’on les prît aussi en considération et qu’on se décidât pour le mieux ». La pensée de Clitophon, ajoute Aristote, était que « la constitution de Clisthène n’était pas vraiment démocratique, mais analogue à celle de Solon »[1].

Une seconde fois, en 405, après les désastres qui amenèrent la suprématie des Lacédémoniens et préparèrent l’avènement des Trente, on le voit, à côté d’Archinos, d’Anytos, de Phormisios et sous la conduite de Théramène, constituer une sorte de parti moyen entre les démocrates qui voulaient conserver la démocratie et les fervents de l’oligarchie, un parti attaché avant tout à la constitution des ancêtres (τῶν πολιτῶν τὴν πάτριον πολιτείαν ἐζήτουν, Const. Ath. XXXIV, 3).

Ces indications nous renseignent sur l’entourage de Clitophon. Théramène joua dans la vie politique un rôle de premier plan. Chef du parti modéré après la mort de Périclès, il contribua grandement à établir les Quatre-Cents, puis, quatre mois plus tard, il fut un des principaux auteurs de leur chute[2]. Après avoir essayé de tenir la balance entre démocrates et oligarques à la fin de la guerre du Péloponnèse, il se rallie à l’oligarchie et compte parmi les Trente tyrans[3]. Puis, partisan des mesures modérées, il s’oppose et résiste à ces derniers et meurt victime de Critias[4]. Toutes ces tergiversations n’empêchent pas Aristote de porter sur lui un jugement favorable ; « Pour Théramène, écrit-il, comme la vie publique a été très agitée de son temps, les jugements portés sur lui sont divers. Cependant il semble à ceux qui n’expriment pas une opinion à la légère qu’il ne tentait pas de détruire toutes les formes de gouvernement, comme on l’en accuse faussement, mais qu’il les soutenait toutes tant qu’elles ne faisaient rien contre la loi, en homme convaincu qu’avec toutes on pouvait remplir ses devoirs civiques, ce qui est la conduite d’un bon citoyen, mais sans leur faire de concessions et les combattant au point de se faire détester quand elles agissaient contre la loi[5] ». La mort très courageuse de Théramène[6] justifie suffisamment cette appréciation. De par ailleurs, ces perpétuels changements d’attitude ne dénotent-ils pas un caractère mobile à l’excès, et les contemporains de cet homme politique faisaient-ils preuve de tant d’injustice en lui donnant le surnom de κόθορνος, chaussure, explique Xénophon, qui s’adapte pareillement à l’un ou l’autre pied[7] ? N’oublions pas également, fait passé sous silence par Aristote, que Théramène se fit l’accusateur des généraux athéniens dans l’affaire des Arginuses, et cela dans des conditions assez peu honorables[8]. On sait comment Socrate s’opposa seul au jugement illégal du peuple.

Anytos fut stratège à Pylos en 409 et semble s’être acquitté fort mal de sa charge. Accusé d’avoir perdu la ville, il acheta le tribunal qui devait le juger et fut acquitté[9]. En 404, partisan de Théramène, il se rallia après la mort de ce dernier au parti démocratique[10], prit part au renversement des Trente et jouit d’un grand crédit sous le nouveau régime[11]. Il fut un des principaux instigateurs du procès de Socrate.

Archinos, également allié à Théramène en 404 pour restaurer la πάτριος πολιτεία, se signala par son zèle démocratique après la chute des Trente. Aristote parle de lui comme d’un bon citoyen, ami de la légalité[12].

Il est intéressant de noter que ces hommes politiques sont aussi des rhéteurs et des adeptes de la sophistique contemporaine. Théramène passait pour disciple de Prodicos et composa un certain nombre de traités de rhétorique[13]. Aristophane, dans la comédie des Grenouilles, fait mention de lui, en même temps que de Clitophon, et les désigne tous deux comme d’habiles et subtils manieurs de mots[14]. Archinos se distingua dans le genre de l’oraison funèbre, au point qu’Isocrate paraît avoir utilisé ses discours[15] et Platon fait allusion à son talent dans Ménéxène (234 b).

On voit donc à quel milieu appartenait Clitophon, milieu de demi-politiciens, demi-philosophes qu’Aristophane raillait agréablement dans sa comédie des Grenouilles, et que l’Euripide aristophanesque revendiquait comme ses disciples authentiques, gens rompus dans l’art du beau langage, prompts à voir, à comprendre, à manœuvrer, à ruser, ouverts à toutes sortes de connaissances[16].

Platon ne paraît donc pas s’être écarté de la tradition, ni probablement de la réalité, en faisant de Clitophon un satellite de Thrasymaque au 1er  livre de la République, et en lui attribuant le rôle d’avocat du sophiste (340 a).

Cette même attitude d’hostilité à Socrate, mais encore plus accentuée, nous la retrouvons dans notre petit dialogue. C’est toujours à la société des rhéteurs qu’appartient Clitophon. Il a fait à Lysias ses confidences au sujet de l’éducation socratique ; il se montre sensible aux effets oratoires, aux discours soignés et bien dits (τούτοις δὴ τοῖς λόγοις καὶ ἑτέροις τοιούτοις παμπόλλοις καὶ παγκάλως λεγομένοις… 408 b), et ce n’est pas l’élégance qu’il reproche aux exhortations de Socrate, mais plutôt leur manque de conclusion pratique. À quoi tendent-elles, vers quelles techniques nous orientent-elles ? Or, n’était-ce pas la préoccupation dominante des sophistes, pour qui la formation à la vertu consistait d’abord à développer chez leurs disciples soit l’art, ou plus exactement la technique de la parole, soit la technique du gouvernement des cités ? Enfin, Clitophon menace Socrate de passer à l’adversaire, et l’adversaire, c’est Thrasymaque ; on ira chercher auprès de lui les solutions que Socrate garde jalousement et ne peut ou ne veut livrer. On dirait que ce dialogue prépare l’entrée en scène du sophiste au Ier livre de la République. Quoi qu’il en soit, le Clitophon des dialogues apparaît, comme celui de l’histoire, étroitement apparenté au cercle des sophistes. Ne pourrait-on risquer encore une conjecture ? La tradition des dialogues qui fait de Clitophon un disciple de Thrasymaque, ne s’appuierait-elle pas sur une tradition historique ? En faveur de cette hypothèse, on citerait un fragment de discours écrit par le sophiste. Ce dernier, en effet, prend prétexte de dissensions entre oligarques et démocrates pour ramener ses auditeurs à la vraie conception de la πάτριος πολιτεία, telle qu’elle a été pensée et voulue par les ancêtres ; il le fait en termes qui rappellent ces interventions politiques de Clitophon dont nous parlions plus haut[17]. Serait-ce rapprochement fortuit, ou bien ces ressemblances ont-elles suggéré au dialogiste l’idée d’une association intellectuelle entre les deux personnages ? C’est possible. Rien cependant ne contredit l’hypothèse qui fait de Clitophon un disciple de Thrasymaque, comme Théramène le fut de Prodicos. L’histoire et la tradition littéraire s’accordent, semble-t-il, pour ranger Clitophon à la fois parmi les politiciens et les rhéteurs, et pour le situer dans un parti qui, intellectuellement et politiquement, s’opposait à l’enseignement socratique.

III

L’AUTHENTICITÉ

L’antiquité ne paraît avoir jamais mis en doute l’authenticité de Clitophon. Thrasylle place le dialogue en tête de la huitième tétralogie et le fait suivre de la République, du Timée et du Critias[18]. Aristophane ne l’a point introduit dans son catalogue, mais très probablement cet écrit existait déjà vers le milieu du iiie siècle et passait pour platonicien. Plutarque rapporte, en effet, un texte de Chrysippe où le stoïcien contredit une des exhortations socratiques rapportées par Clitophon[19].


Clitophon et la
critique moderne.

Quand, au cours du xixe siècle, on fit passer au crible d’un rigoureux examen les dialogues de Platon, celui dont nous parlons fut écarté aussitôt comme apocryphe. Schleiermacher, le premier, tenait pour invraisemblable que Platon eut dirigé contre Socrate une attaque aussi violente, sans donner ensuite la contrepartie[20]. Le plus grand nombre des critiques du xixe siècle lui firent écho[21]. De nos jours,

R. Adam[22], Pavlu[23], U. von Wilamowitz-Moellendorff[24], insistent, après Zeller, sur les nombreuses imitations qu’ils croient retrouver dans ce petit écrit ; ils relèvent les formules, les pensées empruntées à Platon, voire les indices de polémique que révèlent certains passages. Pour eux, l’auteur ne peut être qu’un adversaire, probablement un disciple d’Aristote, prétend Pavlu, plutôt, affirme Wilamowitz, un disciple de Platon, incapable de suivre la voie de la science, un homme honnête à qui la loi morale positive, une règle de vie bien tracée, eût mieux convenu que la spéculation.

Les partisans de l’authenticité restent néanmoins assez nombreux. Citons parmi les principaux : Yxem[25], Grote[26], Th. Gomperz[27], Dümmler[28], K. Joël[29], Brünnecke[30]. Ces derniers essaient d’expliquer le sens d’un écrit aussi énigmatique. Plusieurs, Joël surtout et Brünnecke, comprennent le dialogue comme une critique platonicienne de la socratique antisthénienne. Le Socrate dont Clitophon fait ici le procès, n’est autre que le Socrate rhéteur et sophiste, inapte à se plier à la dialectique et se plaisant aux vagues dissertations morales, tel enfin que devaient le dépeindre les discours protreptiques d’Antisthène. Platon s’insurge contre une conception aussi pauvre de l’œuvre accomplie par son maître et le Socrate du Clitophon n’est que la caricature du personnage falot et prétentieux que voulaient accréditer des disciples inintelligents.

Dans sa dissertation de 1881, Kunert avait établi le premier une relation entre notre dialogue et la socratique antisthénienne. Mais pour lui, l’écrit est tout aussi bien dirigé contre Platon que contre Antisthène, et il refusait, pour ce motif, d’en admettre l’authenticité.

Si l’ouvrage est de Platon, comment expliquer que le fervent disciple de Socrate ait risqué, même une seule fois, de dérouter ses lecteurs, en laissant croire qu’il prenait à son compte la rude leçon infligée à son maître ? Ne devait-il pas du moins compléter son œuvre par une contre-partie, opposer au faux Socrate le vrai Socrate, qui aurait aisément triomphé de son impétueux adversaire ? Pour résoudre la difficulté, plusieurs critiques, parmi lesquels Grote et Th. Gomperz, adoptent l’hypothèse acceptée déjà par Boeckh[31] : le dialogue serait incomplet. Mais ils ajoutent : ce fragment fut sans doute publié peu après la mort de Platon. L’auteur avait formulé si âprement ses objections qu’il s’était trouvé embarrassé pour les réfuter. Aussi, substitua-t-il à cet extrait le Ier livre de la République où le problème amorcé dans le fragment serait traité plus à fond. Brünnecke pense, au contraire, que l’ouvrage est complet. Le Socrate antisthénien ne pouvait se défendre contre des attaques trop justifiées, et le ton même du morceau, pastiche évident de la littérature sophistique contemporaine, ne trompait, sans doute, aucun lecteur. La personne du vrai Socrate sortait indemne du débat. Le dialogue dut être écrit après la République. Si, en effet, Clitophon paraît convaincu de l’incapacité dialectique de Thrasymaque, c’est que déjà cette incapacité a été démontrée. Or, elle s’est manifestée aux yeux de tous dans les controverses de la République. L’étude du style confirme, du reste, cette opinion.

Les deux thèses de l’authenticité et de la non-authenticité ont donc leurs partisans résolus, et les raisons apportées de part et d’autre semblent à certains juges suffisamment plausibles pour se neutraliser. Aussi ces derniers refusent-ils de se prononcer. Raeder, par exemple, trouve plus prudent de ne pas tenir compte du Clitophon dans l’histoire du développement de la philosophie platonicienne[32] ; Ritchie considère ce dialogue soit comme une imitation, soit comme une esquisse d’introduction à la République[33] ; Taylor reconnaît combien il est difficile d’interpréter la critique apparente du rôle joué par Socrate et Thrasymaque au Ier livre de la République ; il se déclare pourtant assez porté à plaider la cause de l’authenticité, mais il ne se résout pas à prendre nettement parti[34].

Examinons encore une fois, aussi brièvement que possible, les objections soulevées par les partisans de l’inauthenticité et voyons si vraiment elles sont décisives.


Clitophon
et les dialogues
platoniciens.

On considère Clitophon, non à tort du reste, comme un pamphlet, mais comme un pamphlet dirigé aussi bien contre Platon que contre les autres socratiques. L’auteur, un sophiste sans doute, ou un rhéteur, aurait composé sa dissertation à l’aide de pensées, formules, expressions, empruntées aux ouvrages platoniciens. Dès lors, on s’efforce de relever toutes les traces d’imitation et de prouver par là qu’on aurait tort de croire authentique une œuvre ainsi construite.

La plupart des textes invoqués prouvent, en fait, une seule chose : c’est que les développements de thèmes analogues, thèmes qui étaient d’ailleurs des lieux communs de toute la littérature sophistique, présenteront toujours quelque ressemblance plus ou moins éloignée. Mais conclure immédiatement à une imitation réelle nous semble peu légitime. Il serait fastidieux de comparer ici tous ces textes. Nous indiquons en note les références pour que le lecteur soit à même de vérifier les pièces du débat[35]. Seuls, les passages du Ier livre de la République méritent de nous arrêter un instant. Ils nous permettront, du reste, d’étudier les rapports qui existent entre ce premier livre et le Clitophon.


Clitophon
et le 1er  Livre
de la République.

Pavlu fait remarquer que les trois reproches adressés à Socrate par Clitophon, se retrouvent au Ier livre de la République, soit aussi à titre d’objections, soit à titre d’exposés. Dans ce dernier cas, Socrate prend la responsabilité des idées dont Clitophon lui fait grief. Examinons les textes et voyons ce qu’on peut déduire de ces rapprochements :

1o  Clitophon, 409 b-c. — Clitophon blâme Socrate d’exhorter à la pratique de la justice, sans enseigner ce qu’est cette justice et ce qu’elle réalise. Les disciples du philosophe sont incapables de répondre à qui les interroge de façon précise. Ils se contentent d’affirmer que cette vertu nous apporte ce qui est utile, ce qui convient, etc.

République 336 d. — Thrasymaque oppose à Socrate la même objection en termes presque identiques. La similitude des passages est évidente. Remarquons toutefois que l’accusation, ici comme dans Clitophon, est portée par un sophiste, et si Platon n’a pas cru qu’elle attînt vraiment son maître Socrate, nous ne pouvons affirmer avec certitude que dans le petit dialogue, elle vise le Socrate platonicien.

2o  Clitophon, 409 d-e. — Clitophon ne se contente pas davantage d’une définition que lui apporte un des plus habiles disciples de Socrate (ὃς δὴ κομψότατα ἔδοξεν εἰπεῖν). Pour ce dernier, l’œuvre de la justice consisterait à réaliser l’amitié dans les cités (φιλίαν ἐν ταῖς πόλεσιν ποιεῖν), c’est-à-dire produire un accord (ὁμόνοια) qui est le résultat non d’une opinion, mais d’une science. — Définition encore trop imprécise et qui peut s’appliquer à n’importe quel art.

République, 351 d. — Socrate assigne comme but à la justice la concorde et l’amitié entre les hommes. C’est là une vérité évidente. Thrasymaque finit, non sans quelque mauvaise humeur, par accepter cette idée : Στάσεις γάρ που, ὦ Θρασύμαχε, ἥ γε ἀδικία καὶ μίση καὶ μάχας ἐν ἀλλήλοις παρέχει, ἡ δὲ δικαιοσύνη ὁμόνοιαν καὶ φιλίαν· ἦ γάρ ; — Ἔστω, ἦ δ’ ὅς, ἵνα σοι μὴ διαφέρωμαι.

Il semblerait que le Clitophon emprunte cette définition de la justice à la République et la combat. Dès lors, l’auteur du petit dialogue ne s’en prend-il pas au Socrate platonicien ?

Pour répondre à la question, il est nécessaire de déterminer exactement la portée de la critique faite par Clitophon. On ne nie pas la définition donnée par Socrate, mais on lui reproche sa généralité. Dire simplement que la justice est un accord est insuffisant, car on ne peut distinguer ainsi la justice des autres vertus ou même des autres arts. De tous, en effet, on dirait la même chose. Mais cet accord réalisé par la justice, quel est-il, quelle en est la nature, à quoi tend-il ? (410 a).

Or, cette assimilation entre δικαιοσύνη et ὁμόνοια est également critiquée par le Socrate platonicien dans Alcibiade I (126 c-127 d). Qu’est-ce qui rend prospère, par sa présence, une cité ? demande le philosophe à son disciple. — C’est l’amitié, répond Alcibiade. — L’amitié, continue Socrate, est un accord (ὁμόνοια) et l’accord se trouve en toutes sortes de choses. Mais précisément, cet accord qui favorise la bonne entente des citoyens, en quoi consiste-t-il, quel est son objet, par quelle τέχνη peut-on l’établir ? L’amitié, l’accord, insinue Alcibiade, c’est ce qui fait qu’un père et une mère aimant leur fils s’accordent avec lui, le frère avec son frère, la femme avec son mari. — Définition trop vague, car évidemment un mari ne s’accorde pas avec sa femme sur la manière de filer, lui qui ne sait pas, avec elle qui sait, — ni la femme ne s’accordera avec son mari sur les exercices de l’hoplite qu’elle ignore. Certaines connaissances sont propres à l’homme, d’autres à la femme, et là-dessus, il n’y a pas accord entre femmes et hommes. — Socrate insiste : puisque l’amitié est un accord, il ne se peut faire que les villes soient bien administrées quand chacun fait ce qui le regarde ? L’embarras d’Alcibiade augmente, car on ne peut affirmer, d’un côté qu’il y ait amitié là où il n’y a pas accord, et d’un autre côté, il ne peut y avoir accord sur les choses que les uns savent et que les autres ignorent. Puisqu’on agit selon la justice, quand chacun s’occupe de son affaire, la conséquence serait : là où il y a justice, il n’y a pas amitié entre citoyens. Et Socrate de conclure : « Qu’est-ce donc en somme que cette amitié ou cet accord dont tu parles et qui doivent être l’objet de notre science et de nos bons jugements, si nous voulons être des hommes de valeur ? Je n’arrive plus à comprendre ni ce qu’ils sont, ni chez qui on les trouve. Tantôt, d’après tes dires, elles m’apparaissent comme présentes, tantôt comme absentes, chez les mêmes sujets ». On voit comment dans ce dialogue, ainsi que dans Clitophon, la conception de la justice-amitié est violemment ébranlée, ici par Socrate, là par le censeur du philosophe, à cause de son imprécision et de son manque de profondeur. — Est-ce pourtant le dernier mot de Platon ? Non, car, même dans l’Alcibiade, la définition n’est pas purement et simplement rejetée. La fin du dialogue (à partir de 127 e), insinue comment il faut la compléter, en quel sens il faut la comprendre. La notion d’ὁμόνοια, œuvre propre de la justice, s’éclaire par ses rapports avec la notion voisine de σωφροσύνη, ou de connaissance de soi-même, c’est-à-dire de son âme. Seule cette connaissance nous permet de découvrir ce qu’il y a en nous de bon ou de mauvais ; elle est le fondement de la vertu d’abord, puis du vrai et juste commandement des cités. Voilà ce qu’Alcibiade, tout comme le Socrate de Clitophon, n’avait pas même entrevu.

Ces idées sont aussi celles de la République. Ici, Platon a développé sa doctrine de la justice-amitié de façon qu’elle n’offrît aucune prise aux objections inquiètes d’esprits subtils. Énoncée au Ier livre, elle est surtout approfondie au IVe. Les explications données à cet endroit s’efforcent de concilier l’antinomie d’Alcibiade : la justice est une ὁμόνοια ; la justice consiste à ce que chacun soit à sa place et remplisse exactement la fonction qui lui convient[36].

Ainsi les railleries de Clitophon n’atteignent pas le Socrate platonicien. Mais peut-être, la critique d’une pareille conception de la justice visait-elle une formule ou des formules en vogue dans d’autres milieux. Provenaient-elles du vrai Socrate ? Ce n’est pas impossible. En tout cas, reprises par Platon et interprétées par lui philosophiquement, elles n’avaient fourni, au contraire, aux sophistes et aux rhéteurs que thèmes à déclamations. Il se pourrait que l’auteur du Clitophon protestât contre l’abus de ces formules. Un passage des Mémorables (IV, 4-13 et suiv.) confirmerait notre hypothèse. On y devine, en effet, la trace de ces dissertations. Socrate discute sur la justice avec Hippias et il assimile cette vertu à la légalité. Νόμιμον et δίκαιον sont identiques. Or, rien n’est meilleur que la légalité ou la justice, c’est-à-dire l’obéissance aux lois. Par elle, les hommes sont heureux et les cités sont prospères. Pourquoi ? C’est que, grâce à l’obéissance aux lois, les États vivent dans la paix, et le plus grand des biens est l’ὁμόνοια[37]. La concorde est donc l’œuvre propre de la justice. Et pour vanter les bienfaits de cette vertu, le Socrate de Xénophon utilise des amplifications oratoires qui rappellent les discours creux et faciles du Socrate de Clitophon. Voilà bien un type de définition qui ne rappelle en rien la définition platonicienne.

3o  Clitophon (410 a b). — Interrogé, Socrate finit par répondre que la justice consiste à nuire à ses ennemis, à faire du bien à ses amis. Mais la suite de la discussion amène à conclure que l’homme juste ne nuit à personne, ni jamais, mais, au contraire, agit pour l’utilité de tous. Ainsi, la notion de justice reste finalement inexpliquée.

République I, 332 d-336. — Polémarque interprète dans le même sens que le Socrate de Clitophon un mot de Simonide, à propos de la justice. Suivant le poète, le propre de la justice est de rendre à chacun ce qu’on lui doit, c’est-à-dire du mal aux ennemis, du bien aux amis. Mais le Socrate platonicien proteste contre une semblable assertion, et, grâce à une dialectique serrée, il parvient à faire avouer à son interlocuteur que le propre de l’homme juste est de ne porter tort ni à son ennemi, ni à qui que ce soit, et que c’est là, au contraire, le fait de l’homme injuste. « Si donc quelqu’un prétend que la justice consiste à rendre à chacun ce qu’on lui doit, et si par là, il entend que l’homme juste doit nuire à son ennemi, aider au contraire ses amis, il ne parle pas le langage d’un sage, car il ne dit pas la vérité. Jamais, comme il nous a apparu, il n’est juste de nuire à qui que ce soit » (335 e).

Ce n’est donc pas une doctrine platonicienne que contredit l’auteur de Clitophon. Mais pareille théorie se retrouve au contraire dans les Mémorables (IV, 2, 13 et suiv.). Le Socrate de Xénophon, dans son entretien avec Euthydème, suppose admise comme une vérité incontestable la proposition condamnée aussi bien par le petit dialogue que par la République, et c’est lui qu’atteignent directement les critiques des deux écrits platoniciens.

De ces textes, nous croyons pouvoir dégager les conclusions suivantes : 1o  on ne peut établir une divergence de points de vue entre l’auteur du Clitophon et Platon lui-même. Tous deux blâment certaines notions de la justice que nous rencontrons dans les Mémorables et qui avaient cours, sans doute, dans des milieux socratiques étrangers ou hostiles au platonisme ; 2o  les différentes critiques sont exprimées ici et là sous des formes assez diverses pour exclure l’hypothèse d’une imitation servile. Cette dernière remarque nous amène à préciser le genre du dialogue et à montrer ses rapports avec d’autres œuvres platoniciennes.


Clitophon
et la Sophistique.

Le Clitophon, on s’en rend compte aisément, est un pamphlet. Mais il importe de remarquer que le censeur de Socrate, quand il reproduit les discours du philosophe, s’exprime dans la langue pompeuse et recherchée de la rhétorique contemporaine. On a le sentiment d’être en présence d’un pastiche, d’un délicieux pastiche du reste et même d’une charge, où l’auteur se moque agréablement d’un genre littéraire en vogue à son époque. S’il imite, c’est moins Platon que les sophistes de son temps. Brünnecke a très justement noté le gorgianisme des discours protreptiques prêtés à Socrate : antithèses, paronomases, chiasmes… tous les artifices de la rhétorique ampoulée sont accumulés ici très habilement, de façon à produire chez le lecteur cette impression d’emphase fleurie et creuse dont les développements xénophontiques ne sont pas toujours exempts[38]. Mais une aussi fine raillerie n’est-elle pas tout à fait dans la manière de Platon ? M. Rivaud écrivait récemment : « Le Protagoras, le Gorgias, le Banquet, le Phèdre contiennent des imitations de longs passages de Protagoras, d’Hippias, de Lysias, de Gorgias, où le style de ces écrivains est reproduit de telle manière, qu’on peut se demander si Platon n’a pas copié textuellement quelques morceaux de leur façon. Il a tout imité : le vocabulaire, le rythme, les artifices de style, les manières particulières de chacun. Il se peut qu’il y ait dans ces imitations une nuance de charge, insensible à notre ignorance des finesses de la prose grecque. En tout cas, la parodie est souvent discrète, à peine indiquée. Platon écrit, avec une habileté déconcertante, « à la manière » de tous ceux qu’il met en scène »[39]. Aux dialogues signalés, nous pourrions ajouter le Clitophon. L’observation du critique français convient bien exactement au joli pastiche, et sans doute des Athéniens du ve siècle, en lisant par exemple l’apostrophe Ποῖ φέρεσθε, ὤνθρωποι, n’étaient pas en peine de mettre un nom sous ces lignes et devinaient le rhéteur ou le sophiste si finement parodié. Mais à qui songeaient-ils ? À nous, critiques du xxe siècle, la chose est plus malaisée à dire.

Les discours protreptiques durent être en vogue parmi les soi-disant disciples de Socrate, puisqu’ils provoquèrent des protestations et nuisaient même à la réputation du philosophe. Xénophon, dans un chapitre des Mémorables, se crut obligé de prendre la défense de son maître et d’affirmer que Socrate n’était pas simplement un exhortateur, mais un vrai dialecticien et qu’on aurait tort par conséquent de le juger incapable de faire progresser ses disciples[40]. Xénophon, croirait-on, vise par ces termes le Clitophon. Mais comme il parle de plusieurs écrits diffamant Socrate (ὡς ἔνιοι γράφουσι), il est probable que les plaintes n’étaient pas isolées. Or, parmi ceux qui se disaient les fidèles imitateurs de Socrate, il en est un dont on mentionne les discours protreptiques, c’est Antisthène. Diogène Laërce signale trois dissertations de ce genre sur la justice et le courage (VI, 16). Ce même Antisthène fut également le disciple de Gorgias et Diogène nous dit expressément que la manière du grand sophiste fut copiée par son élève et qu’on la reconnaît notamment dans le discours de la Vérité et dans les Protreptiques[41]. Serait-il téméraire de penser que ces Exhortations composées dans le style de Gorgias servirent de type à l’auteur du Clitophon ? Quand, de par ailleurs, on songe à l’antagonisme de Platon et d’Antisthène, on est encore porté à rapprocher Platon et l’auteur du petit dialogue. Conjectures, sans doute, mais ces conjectures reposent sur des indices qui favorisent, avouons-le, la thèse de l’authenticité.


La date du
Clitophon.

Si cet ouvrage est de Platon, il resterait à se demander à quelle époque il fut écrit. Est-il complet ? Tel quel, il forme assurément un tout assez organisé. Il semblerait cependant, d’après la conclusion, qu’on doive attendre une réponse de Socrate à l’attaque de Clitophon. Ce dernier la réclame ; il indique même dans quel sens il faut l’orienter (410 d-e). Peut-être, dans ce cas, Platon ayant jugé sa critique trop impétueuse et craignant de ternir la mémoire sacrée du vrai Socrate auprès d’esprits moins avisés, renonça à terminer et à publier son œuvre et la remplaça par la République. Mais même si le dialogue est achevé et si l’auteur n’avait pas l’intention de lui donner un complément, nous pouvons encore, me semble-t-il, le considérer comme une introduction à la République. Avant d’exposer sa doctrine de la justice et d’en développer la vraie signification, Platon aurait d’abord déblayé le terrain en discréditant sous une forme humoristique les conceptions courantes et superficielles que certains milieux vulgarisaient comme conceptions socratiques. Plusieurs critiques, je le sais, ne veulent pas, dans la chronologie des dialogues, assigner cette place au Clitophon, et leur principale objection est le style de cet écrit. C. Ritter plaide même contre l’authenticité, sous prétexte que, d’une part, les idées font songer aux œuvres de jeunesse de Platon, de l’autre la langue rappelle étonnamment celle des derniers dialogues[42]. Brünnecke tient aussi pour une date plus tardive et croit que le dialogue doit être situé entre le Théétète et le Sophiste[43]. Dans le cas présent, l’argument stylistique ne me paraît pas conclure. Est-il possible, en effet, de tirer de ces quatre ou cinq pages des indices suffisamment clairs, étant donné surtout que la plus grande partie du morceau a été composée à l’aide de réminiscences étrangères et constitue un véritable pastiche ? Dès lors, le fait que l’on trouve 2 δῆλον ὡς, 2 σχεδόν, 3 ὥσπερ, 4 καθάπερ, etc…, est-il tellement significatif[44] ?


Conclusion.

Ni les idées, ni la construction du dialogue ne semblent donc s’opposer à la thèse de l’authenticité. Du reste, la présence dans le corpus platonicum d’un écrit qui, au premier aspect, pouvait paraître si scandaleux, puisque, contrairement aux autres ouvrages platoniciens, il revêtait une forme anti-socratique, — et cela, sans que jamais dans l’antiquité on n’ait soulevé contre lui quelque doute —, confirme certainement cette thèse. Alcibiade II, les Rivaux, la Lettre XII ont été tenus en suspicion ; il est à croire que le Clitophon, certainement plus énigmatique, aurait recueilli une fois ou l’autre pareille censure, si son origine n’eût été mieux établie. Pour ces motifs, nous nous rangeons de préférence avec ceux qui restituent le dialogue à Platon.

IV

LE TEXTE

L’édition présente a été établie d’après les manuscrits suivants :

Parisinus 1807 (A). Nous avons utilisé la collation faite par Burnet[45], mais nous avons entièrement vérifié celle-ci sur le manuscrit de la Bibliothèque nationale.

Vindobonensis 55 (F). La collation a été faite sur les photographies gracieusement mises à notre disposition par l’Association Guillaume Budé.

Venetus 185 (D). Ce manuscrit du xiie siècle comprend deux parties : la première renferme les quatre premières tétralogies, et la deuxième : le Clitophon et la République. Il se rattache à la première famille et dérive de la même source que le Bodleianus 89 (B). On peut le considérer comme remplaçant pour nous la partie perdue de B. S’il est donc sans intérêt pour l’établissement du texte des quatre premières tétralogies, il est, au contraire, fort précieux pour reconstituer celui du Clitophon et de la République[46]. Nous avons utilisé la collation de Burnet.

Vindobonensis 54 (W). Ce manuscrit date probablement du xiie siècle. Pourtant le Clitophon a été ajouté à une date plus récente, mais avant la fin du xive siècle[47]. Nous l’avons collationné sur les photographies qui sont la propriété de l’Association Guillaume Budé.

Venetus 189 (S). Le Venetus 189 est postérieur au xiie siècle. Il date probablement du xive siècle. Il paraît dériver du Vindobonensis 21 (Y), mais, pour le Clitophon, représente, sans doute, la même tradition que F et doit provenir du même archétype[48]. Nous avons utilisé la collation de Bekker.


  1. Constitution d’Athènes, XXIX, 2, 3, traduct. Mathieu-Haus-soullier (collect. Budé). Contre cette interprétation d’Aristote, cf. U. von Wilamowitz-Moellendorff, Aristoteles und Athen, I, 102, note 8. D’après Wilamowitz, Clitophon, par son amendement, aurait bien pu vouloir tout simplement renverser les plans des oligarques.
  2. Constit. d’Ath., XXVIII, 3 ; XXXII, 2.
  3. Xénophon, Helléniques, II, 3, 2.
  4. Constit. d’Ath., XXXVI, XXXVII.
  5. Constit. d’Ath., XXVIII, 5.
  6. Constit. d’Ath., XXXVI, XXXVII.
  7. Xénophon, Helléniques, II, 3, 31.
  8. Xénophon, Helléniques, I, 7, 4.
  9. Constit. d’Ath., XXVII, 5.
  10. Xénophon, Helléniques, II, 3, 42, 44.
  11. Isocrate, Contre Callim., 23.
  12. Const. d’Ath., XL.
  13. On cite de lui un περὶ ὁμοιώσεως λόγου, un περὶ εἰκότων, un περὶ σχημάτων. Cf. Christ, Gesch. der Griechischen Litterat. 6 1912, I, p. 546, p. 647.
  14. Grenouilles, 966-971. Voir scholie sur ce passage.
  15. Cf. Pauly-Wissowa, Real-Encyclopädie der Klassischen Altertumswissenschaft, II1, 540, 541.
  16. λεπτῶν τε κανόνων εἰσβολὰς ἐπῶν τε γωνιασμούς,
    νοεῖν, ὁρᾶν, ξυνιέναι, στρέφειν, ἐρᾶν, τεχνάζειν,
    κἀχ’ ὑποτοπεῖσθαι, περινοεῖν ἅπαντα…

    Grenouilles, 956-958.
    Euripide revendique comme disciples Clitophon et Théramène

    οὑμοὶ δὲ Κλειτοφῶν τε καὶ Θηραμένης ὁ κομψός (967).

    Théramène est aussi appelé σοφός, et δεινὸς ἐς τά πάντα (968).
  17. Diels, Die Fragmente der Vorsokratiker, II4, 78 Β 1.
  18. Diog. Laërce, III, 60.
  19. Plutarque, de Stoic. repugn. 14. 1039 d (Von Arnim, Stoic. fragm. III, 761). Cf. Clitophon, 408 a.
  20. Platoübers. II, 3, Einl.
  21. Citons spécialement : Boeckh, Comment. in Plat. qui fertur Minoëm, Halle, 1806, p. 11, 33. Plus tard, Boeckh est moins affirmatif et reconnaît que Clitophon pourrait être un fragment inachevé de Platon (Index Lectionum der Universität Berlin, 1840, p. 7). — Ast, Platons Leben und Schriften, p. 500. — Socher, Über Platons Leben und Schriften, 1820, p. 154-159. — Hermann, Gesch. und Syst. der platon. Phil., 1839, p. 426. — Susemihl, Übersetz. von Platons Werken, V, p. 507 et suiv.Bertini, Saggio sul Clitofonte, in Rivista di Filologia e d’Istruzione classica, 1873, t. I, p. 457-480. — Kunert, Quae inter Clit. dialogum et Platonis Rempubl. intercedat necessitudo, Greifswald-Dissert., 1881. — Zeller, die Phil. der Gr., II, 14 1889, p. 483, et Archiv für Gesch. der Philos., 1898, XI, p. 160-162 (critique de Dümmler, Zur Composit. des platonischen Staates).
  22. Archiv für Gesch. der Phil., 1901, XIV, p. 62.
  23. Der pseudoplatonische Kleitophon, in Jahresbericht des k. k. Gymnasiums, Znaïm, 1909.
  24. Platon, I, p. 490, note 5.
  25. Über Platos Clit., Berlin, 1846.
  26. Plato and the other companions of Sokrates, London, 1865, III, p. 13 et suiv.
  27. Sitzungsberichte der Akademie der Wissensch. phil.-hist. Kl., Wien, 1887, p. 763.
  28. Zur Composition des platonischen Staates, Basel, 1895.
  29. Der echte und xenophont. Sokrates, I, p. 481 et suiv. et Arch. für Gesch. der Phil., 1896, IX, p. 64 et suiv.
  30. Kleitophon wider Sokrates, in Arch. für Gesch. der Phil., 1913, XXVI, p. 449 et suiv.
  31. Comment. in Minoëm, p. 11 : « Nec minus falsum est, ut hoc obiter addam, quod spurium Clitophontem plerique omnes mutilatum putant : quem ex auctoribus manibus truncum excidisse inde intelligitur, quod ne uetusti quidem Platonici philosophi, quibus antiquissima exemplaria ad manum erant, habuerunt integriorem. Procl. in Tim. 1, p. 7. Πτολεμαῖος δὲ ὁ Πλατωνικὸς Κλειτοφῶντα αὐτὸν οἴεται εἶναι. τοῦτον γὰρ ἐν τῷ ὁμωνύμῳ διαλόγῳ μηδ' ἀποκρίσεως ἠξιῶσθαι παρὰ Σωκράτους ».
  32. Platons philosophische Entwickelung, Leipzig, 1905, p. 24.
  33. Plato, Edinburgh, 1902, p. 25.
  34. Plato, The man and his Work, London, 1926, p. 12.
  35. Clitophon 407 a dépendrait de Protagoras 353 a c e, 354 a e, 356 c, 357 e ; cf. également Protag. 312 a et Clit. 407 b ; Protag. 352 d et Clit. 407 d ; Alcib. I 130 a et Clit. 407 e ; Alc. I 133 d, 135 a ; Clit. 408 b et Républ. VI, 488 a et suiv., 489 c, VIII, 551 c, Euthyd. 291 c, Gorgias 414, Lois X, 905 e, Rivaux 137 d.
  36. République, IV, 433 b et suiv. — Cf. J. Souilhé, La Notion platonicienne d’Intermédiaire dans la philosophie des Dialogues, Paris, Alcan, 1919, p. 123 et suiv.
  37. Voir loc. cit. no 16.
  38. Voir des exemples de gorgianisme dans l’article cité de Brünnecke, p. 469 et suiv.
  39. Platon auteur dramatique, in Revue d’Histoire de la Philosophie, I, 1927, p. 134.
  40. I, 4, 1, Εἰ δέ τινες Σωκράτην νομίζουσιν, ὡς ἔνιοι γράφουσί τε καὶ λέγουσι περὶ αὐτοῦ τεκμαιρόμενοι προτέψασθαι μὲν ἀνθρώπους ἐπ’ ἀρετὴν κράτιστον γεγονέναι, προαγαγεῖν δ’ ἐπ’ αὐτὴν οὐχ ἱκανόν, σκεψάμενοι μὴ μόνον ἃ ἐκεῖνος κολαστηρίου ἕνεκα τοὺς παντ’ οἰομένους εἰδέναι ἐρωτῶν ἤλεγχεν, ἀλλὰ καὶ ἃ λέγων συνημέρευε τοῖς συνδιατρίβουσι, δοκιμαζόντων εἰ ἱκανὸς ἦν βελτίους ποιεῖν τοὺς συνόντας.
  41. VI, 1, Οὕτος κατ’ ἀρχὰς μὲν ἤκουσε Γοργίου τοῦ ῥήτορος· ὅθεν τὸ ῥητορικὸν εἶδος ἐν τοῖς διαλόγοις ἐπιφέρει καὶ μάλιστα ἐν τῇ Ἀληθείᾳ καὶ τοῖς Προτρεπτικοῖς.
  42. Untersuchungen über Plato, p. 93.
  43. op. cit., p. 473.
  44. Brünnecke voit aussi un indice de la date relativement tardive du Clitophon dans ce texte : πρὸς Θρασύμαχον πορεύσομαι καὶ ἄλλοσε ὅποι δύναμαι (410 c). Clitophon semblerait déjà convaincu de l’incapacité de Thrasymaque, et par conséquent cela suppose la République (l. c. p. 463, n. 38). N’est-ce pas interpréter le καὶ ἄλλοσε… avec beaucoup trop d’ingéniosité ?
  45. Platonis opera, t. IV.
  46. Cf. Alline, Histoire du texte de Platon, p. 219, 288.
  47. Cf. Alline, op. cit., p. 287.
  48. Cf. Alline, op. cit., p. 227, 243.