Traduction par Augustin Crampon.
Texte établi par Société de S. Jean l’Évagéliste, Desclée..

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ÉVANGILE SELON S. JEAN


PROLOGUE.

Le Verbe fait chair.

[I, 1 — 18.]

Préface générale : Le Verbe dans ses rapports avec Dieu, le monde créé, et les hommes (1-5) — Préface historique : Le Précurseur et la manifestation du Verbe (6-13) — L’Incarnation et ses fruits (14-18).


Au commencement[1] était le Verbe,
et le Verbe était en Dieu,
et le Verbe était Dieu.
2Il était au commencement en Dieu.
3Tout par lui a été fait,
et sans lui n’a été fait
rien de ce qui existe.[2]
4En lui était la vie,
et la vie était la lumière des hommes,
5Et la lumière luit dans les ténèbres,
et les ténèbres ne l’ont point reçue.[3]

6Il y eut un homme,
envoyé de Dieu ;
son nom était Jean.
7Celui-ci vint en témoignage,
pour rendre témoignage à la lumière,
afin que tous crussent par lui :
8non que celui-ci fût la lumière,
mais il avait à rendre témoignage à la lumière.
9La lumière, la vraie,[4]
celle qui éclaire tout homme,
venait dans le monde.
10Il (le Verbe) était dans le monde,
et le monde par lui a été fait,
et le monde ne l’a pas connu.
11Il vint chez lui,
et les siens ne l’ont pas reçu.
12Mais quant à tous ceux qui l’ont reçu,[5]
Il leur a donné le pouvoir

de devenir enfants de Dieu,
à ceux qui croient en son nom,
13Qui non du sang,
ni de la volonté de la chair,
ni de la volonté de l’homme,
mais de Dieu sont nés.[6]

14Et le Verbe s’est fait chair,
et il a habité parmi nous,
(et nous avons vu sa gloire,[7]
gloire comme celle qu’un fils unique tient de son Père)
tout plein de grâce et de vérité.
15Jean lui rend témoignage,
et s’écrie en ces termes :
« Voici celui dont je disais :
Celui qui vient après moi,
est passé devant moi,
parce qu’il était avant moi. »[8]
16Et c’est de sa plénitude,
que nous avons tous reçu,
et grâce sur grâce ;[9]
17parce que la loi a été donnée par Moïse,
la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.[10]
18Dieu, personne ne le vit jamais :
le Fils unique,
qui est dans le sein du Père,
c’est lui qui l’a fait connaître.[11]

PREMIÈRE PARTIE.

[I, 19 — XII, 50.]

MANIFESTATION DE LA GLOIRE DIVINE DE JÉSUS DURANT SA VIE PUBLIQUE.

SECTION 1 [I, 19 — IV.]

Gloire de Jésus reconnue par les hommes de bonne volonté.

I. — LES TROIS PREMIÈRES MANIFESTATIONS DE JÉSUS.

[I, 19 — II, 2.]
1. Chap. i, 19-34. Deux témoignages de S. Jean-Baptiste.

19Et voici le témoignage que rendit Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui êtes-vous ? » 20Il déclara, et ne le nia point ; il déclara : « Je ne suis point le Christ. » 21Et ils lui demandèrent : « Quoi donc ! Êtes-vous Élie ? » Il dit : « Je ne le suis point — Êtes-vous le prophète ? » Il répondit : « Non. — 22Qui êtes-vous donc, lui dirent-ils, afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dites-vous de vous-même ? » 23Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme l’a dit le prophète Isaïe. »[12] 24Or ceux qu’on lui avait envoyés étaient des Pharisiens. 25Et ils l’interrogèrent, et lui dirent : « Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n’êtes ni le Christ, ni Elie, ni le Prophète ? » 26Jean leur répondit : « Moi je baptise dans l’eau ; mais au milieu de vous il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas, 27c’est celui qui vient après moi ; je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure. »[13] 28Cela se passait à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisait.[14]

29Le lendemain, Jean vit Jésus qui venait vers lui, et il dit : « Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde.[15] 30C’est de lui que j’ai dit : un homme vient après moi, qui est passé devant moi, parce qu’il était avant moi. 31Et moi, je ne le connaissais pas, mais c’est afin qu’il fût manifesté à Israël, que je suis venu baptiser dans l’eau. »

32Et Jean rendit témoignage en disant : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il s’est reposé sur lui. 33Et moi, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit-Saint.[16] 34Et moi j’ai vu et j’ai rendu témoignage que celui-là est le Fils de Dieu. »

2. Chap. i, 35-51. Nouveau témoignage du Précurseur. Jésus et les cinq premiers disciples.

35Le lendemain, Jean se trouvait encore là, avec deux de ses disciples. 36Et ayant regardé Jésus qui passait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » 37Les deux disciples l’entendirent parler, et ils suivirent Jésus. 38Jésus s’étant retourné, et voyant qu’ils le suivaient, leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi (ce qui signifie Maître), où demeurez-vous ? »[17] 39Il leur dit : « Venez et vous verrez. » Ils allèrent, et virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. Or, c’était environ la dixième heure.[18]

40Or, André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu la parole de Jean, et qui avaient suivi Jésus. 41Il rencontra d’abord son frère Simon, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (ce qui se traduit Christ). » 42Et il l’amena à Jésus. Jésus, l’ayant regardé dit : « Toi, tu es Simon, fils de Jean ; tu seras appelé Céphas (ce qui se traduit Pierre). »[19]

43Le jour suivant, Jésus résolut d’aller en Galilée. Et il rencontra Philippe. Et Jésus lui dit : « Suis-moi. » 44Philippe était de Bethsaïde, la ville d’André et de Pierre. 45Philippe rencontra Nathanaël[20] et lui dit : « Nous avons trouvé celui dont Moïse a écrit dans la Loi, ainsi que les Prophètes : c’est Jésus, fils de Joseph de Nazareth. » 46Nathanaël lui répondit : « Peut-il sortir de Nazareth quelque chose de bon ? » Philippe lui dit : « Viens et vois. » 47Jésus vit venir vers lui Nathanaël, et dit en parlant de lui : « Voici vraiment un Israélite, en qui il n’y a nul artifice. » 48Nathanaël lui dit : « D’où me connaissez-vous ? » Jésus repartit et lui dit : « Avant que Philippe t’appelât, lorsque tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » 49Nathanaël lui répondit : « Rabbi, vous êtes le Fils de Dieu, vous êtes le Roi d’Israël. » 50Jésus lui repartit : « Parce que je t’ai dit : Je t’ai vu sous le figuier, tu crois ! Tu verras de plus grandes choses que celle-là. » 51Et il ajouta : « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez désormais le ciel ouvert, et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de l’homme. »[21]

3. Chap. ii, 1-12. Les noces de Cana.

Et le troisième jour, il se fit des noces à Cana en Galilée ; et la mère de Jésus y était. 2Jésus fut aussi convié aux noces avec ses disciples.[22] 3Le vin étant venu à manquer, la mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont point de vin. » 4Jésus lui répondit : « Femme, qu’est-ce que cela pour moi et vous ? Mon heure n’est pas encore venue. »[23] 5Sa mère dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira. » 6Or, il y avait là six urnes de pierre destinées aux ablutions des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures. 7Jésus leur dit : « Remplissez d’eau ces urnes. » Et ils les remplirent jusqu’au haut. 8Et il leur dit : « Puisez maintenant, et portez-en au maître du festin ; » et ils en portèrent. 9Dès que le maître[24] du festin eut goûté l’eau changée en vin (il ne savait pas d’où venait ce vin, mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient), il interpella l’époux, 10et lui dit : « Tout homme sert d’abord le bon vin, et, après qu’on a bu abondamment, le moins bon ; mais toi, tu as gardé le bon jusqu’à ce moment. » — 11Tel fut, à Cana de Galilée, le premier des miracles que fit Jésus, et il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. 12Après cela, il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours.

II. — PREMIÈRE MANIFESTATION DE LA GLOIRE DIVINE DE JÉSUS À JÉRUSALEM ET EN JUDÉE AU TEMPS DE LA PREMIÈRE PÂQUE.

[II, 13 — III.]

1. Chap. ii, 13-25. Les vendeurs chassés du temple. — Beaucoup de Juifs croient en Jésus, mais imparfaitement.

13Or la Pâque des Juifs était proche, et Jésus monta à Jérusalem. 14Il trouva dans le temple[25] les marchands de bœufs, de brebis, et de colombes, et les changeurs assis. 15Et ayant fait un petit fouet avec des cordes, il les chassa tous du temple, avec les brebis et les bœufs ; il jeta par terre l’argent des changeurs, et renversa leurs tables. 16Et il dit aux vendeurs de colombes : « Enlevez cela d’ici ; ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » 17Les disciples se ressouvinrent alors qu’il est écrit : « Le zèle de votre maison me dévore. »[26]

18Les Juifs prenant la parole lui dirent : « Quel signe nous montrez-vous, pour agir de la sorte ? » 19Jésus leur répondit : « Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours. » 20Les Juifs repartirent : « C’est en quarante-six ans que ce temple a été bâti, et vous, en trois jours vous le relèverez ! »[27] 21Mais lui, il parlait du temple de son corps. 22Lors donc qu’il fut ressuscité d’entre les morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.[28]

23Pendant que Jésus était à Jérusalem, à la fête de Pâque, beaucoup voyant les miracles qu’il faisait, crurent en son nom. 24Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous, 25et qu’il n’avait pas besoin qu’on lui rendit témoignage d’aucun homme ; car il savait, lui, ce qu’il y avait dans l’homme.

2. Chap. iii, 1-21. Entretien de Jésus avec Nicodème.

Or, il y avait parmi les Pharisiens un homme nommé Nicodème, un des principaux parmi les Juifs.[29] 2Il vint de nuit trouver Jésus, et lui dit : « Maître, nous savons que vous êtes venu de la part de Dieu, comme docteur, car personne ne saurait faire les miracles que vous faites, si Dieu n’est pas avec lui. » 3Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s’il ne naît de nouveau, ne peut voir le royaume de Dieu. » 4Nicodème lui dit : « Comment un homme, quand il est déjà vieux, peut-il naître ? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère, et naître de nouveau ? » 5Jésus répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu.[30] 6Car ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. 7Ne t’étonne pas de ce que je t’ai dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. 8Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va : ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » 9Nicodème lui répondit : « Comment cela se peut-il faire ? » 10Jésus lui dit : « Tu es le docteur d’Israël, et tu ignores ces choses !

11En vérité, en vérité, je te le dis, nous disons ce que nous savons, et nous attestons ce que nous avons vu, mais vous ne recevez point notre témoignage. 12Si vous ne croyez pas quand je vous parle des choses qui sont sur la terre, comment croirez-vous si je viens à vous parler de celles qui sont dans le ciel ? 13Et nul n’est monté au ciel si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. 14Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé,[31] 15Afin que tout homme qui croit en lui [ne périsse point, mais qu’il][32] ait la vie éternelle.

16En effet, Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle. 17Car Dieu n’a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.[33] 18Celui qui croit en lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. 19Or, voici quel est le jugement : c’est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. 20Car quiconque fait le mal, hait la lumière, de peur que ses œuvres ne soient blâmées. 21Mais celui qui accomplit la vérité, vient à la lumière, de sorte que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu. »

3. Chap. iii, 22-36. Nouveau témoignage de S. Jean-Baptiste.

22Après cela, Jésus se rendit avec ses disciples au pays de Judée,[34] et il y séjourna avec eux, et il baptisait. 23Jean aussi baptisait à Ennon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau, et l’on venait et l’on était baptisé, 24car Jean n’avait pas encore été jeté en prison.

25Or, il s’éleva une discussion entre les disciples de Jean et un Juif touchant la purification.[35] 26Et ils vinrent trouver Jean, et lui dirent : « Maître, celui qui était avec vous au delà du Jourdain, et à qui vous avez rendu témoignage, le voilà qui baptise, et tous vont à lui. » 27Jean répondit : « Un homme ne peut prendre que ce qui lui a été donné du ciel. 28Vous m’êtes vous-mêmes témoins que j’ai dit : « Je ne suis point le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui. » 29Celui qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui se tient là et qui l’écoute, est ravi de joie à la voix de l’époux. Or cette joie qui est la mienne, elle est pleinement réalisée. 30Il faut qu’il croisse et que je diminue.

31Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous ; celui qui est de la terre est terrestre, et son langage aussi. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous ; 32et ce qu’il a vu et entendu, il l’atteste ; mais personne ne reçoit son témoignage. 33Celui qui reçoit son témoignage, certifie que Dieu est véridique. 34Car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui donne pas l’Esprit avec mesure. 35Le Père aime le Fils, et il lui a tout remis entre les mains.[36] 36Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie ; mais la colère de Dieu demeure sur lui. »

III. — MANIFESTATION DE LA GLOIRE DIVINE DE JÉSUS EN SAMARIE.

[IV, 1 — 42.]


Jésus retourne en Galilée par la Samarie (1-4). Entretien avec la Samaritaine (5-30) ; avec ses disciples ; sa nourriture surnaturelle ; le moissonneur et la moisson (31-38). Beaucoup de Samaritains croient en lui (39-42).

Quand le Seigneur connut que les Pharisiens avaient appris que Jésus faisait plus de disciples et en baptisait plus que Jean, 2— toutefois ce n’était pas Jésus lui-même qui baptisait, mais ses disciples, — 3il quitta la Judée, et s’en alla de nouveau en Galilée. 4Or, il lui fallait passer par la Samarie.

5Il vint donc en une ville de Samarie, nommée Sichar[37], près du champ que Jacob avait donné à son fils Joseph. 6Or, là était le puits de Jacob. Jésus fatigué de la route, s’assit tout simplement[38] au bord du puits : il était environ la sixième heure. 7Une femme de Samarie vint puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donnez-moi à boire. » 8Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres. 9La femme samaritaine lui dit : « Comment vous, qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis Samaritaine ? » (les Juifs, en effet, n’ont pas de commerce avec les Samaritains). 10Jésus lui répondit : « Si vous connaissiez le don de Dieu, et qui est celui qui vous dit : Donnez-moi à boire, vous même lui en auriez fait la demande, et il vous aurait donné de l’eau vive. — 11Seigneur, lui dit la femme, vous n’avez rien pour puiser, et le puits est profond : d’où auriez-vous donc cette eau vive ? 12Êtes-vous plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ? » 13Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura plus jamais soif ;[39] 14au contraire l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant jusqu’à la vie éternelle. » 15La femme lui dit : « Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici. — 16Allez, lui dit Jésus, appelez votre mari, et venez ici. » 17La femme répondit : « Je n’ai point de mari. » Jésus lui dit : « Vous avez raison de dire : Je n’ai point de mari ; 18car vous avez eu cinq maris, et celui que vous avez maintenant n’est pas à vous ; en cela, vous avez dit vrai. » 19La femme dit : « Seigneur, je vois que vous êtes un prophète. 20Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites que c’est à Jérusalem qu’est le lieu où il faut adorer. »[40] 21Jésus dit : « Femme, croyez-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni dans Jérusalem, que vous adorerez le Père. 22Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. 23Mais l’heure approche, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; ce sont de tels adorateurs que le Père demande. 24Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, doivent l’adorer en esprit et en vérité. » 25La femme lui répondit : « Je sais que le Messie (celui qu’on appelle Christ) va venir ; lorsqu’il sera venu, il nous instruira de toutes choses. » 26Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui vous parle. »

27Et à ce moment arrivèrent ses disciples, et ils s’étonnèrent de ce qu’il parlait avec une femme ; néanmoins, aucun ne dit : « Que demandez-vous ? » ou : « Pourquoi parlez-vous avec elle ? »[41]

28La femme, alors, laissant là sa cruche, s’en alla dans la ville, et dit aux habitants : 29« Venez voir un homme qui m’a dit ce que j’ai fait ; ne serait-ce point le Christ ? » 30Ils sortirent de la ville, et vinrent à lui. 31Pendant l’intervalle, ses disciples le pressaient, en disant : « Maître, mangez. » 32Mais il leur dit : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. » 33Et les disciples se disaient les uns aux autres : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » 34Jésus leur dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. 35Ne dites-vous pas vous-mêmes : Encore quatre mois, et ce sera la moisson ? Moi, je vous dis : Levez les yeux, et voyez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson.[42] 36Le moissonneur reçoit son salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle, afin que le semeur

et le moissonneur se réjouissent ensemble. 37Car ici s’applique l’adage : Autre est le semeur et autre le moissonneur. 38Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé et vous, vous êtes entrés dans leur travail. »

39Or, beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus sur la parole de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » 40Les Samaritains étant donc venus vers lui, le prièrent de rester chez eux, et il y demeura deux jours. 41Et un plus grand nombre crurent en lui pour l’avoir entendu lui-même. 42Et ils disaient à la femme : « Maintenant ce n’est plus à cause de ce que vous avez dit que nous croyons ; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. »

IV. — MANIFESTATION DE LA GLOIRE DIVINE DE JÉSUS EN GALILÉE.

[IV, 43 — 54]


Retour de Jésus en Galilée (43-45). Guérison du fils d’un officier : celui-ci croit avec toute sa maison (46-54).

43Après ces deux jours, Jésus partit de là pour se rendre en Galilée. 44Car Jésus avait déclaré lui-même qu’un prophète n’est point honoré dans sa patrie.[43] 45Lorsqu’il fut arrivé en Galilée, les Galiléens l’accueillirent, ayant vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem pendant la fête ;[44] car eux aussi étaient allés à la fête. 46Il retourna donc à Cana en Galilée, où il avait changé l’eau en vin.

Or, il y avait un officier[45] du roi dont le fils était malade à Capharnaüm. 47Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla vers lui, et le pria de descendre, pour guérir son fils qui était à la mort. 48Jésus lui dit : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez point. » 49L’officier du roi lui dit : « Seigneur, venez avant que mon enfant meure. — 50Va, lui répondit Jésus, ton enfant est plein de vie. « Cet homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et partit. 51Comme il s’en retournait, ses serviteurs vinrent à sa rencontre, et lui apprirent que son enfant vivait. 52Il leur demanda à quelle heure il s’était trouvé mieux, et ils lui dirent : « Hier, à la septième heure, la fièvre l’a quitté. »[46] 53Le père reconnut que c’était l’heure à laquelle Jésus lui avait dit : « Ton fils est plein de vie », et il crut, lui et toute sa maison.

54Ce fut le second miracle que fit Jésus en revenant de Judée en Galilée.

SECTION 2 [V, 1 — XI, 56.]

Gloire divine de Jésus manifestée de nouveau À JÉRUSALEM ET EN GALILÉE, mais combattue par l’opposition croissante des Juifs.

I. — DÉBUTS DE L’OPPOSITION

[V, 1 — VI, 72.]
A. — Débuts de l’oppositionà Jérusalempendant la seconde Pâque.

[V.]


1. Occasion du conflit (i-18a) ; Guérison d’un paralytique à la piscine de Bethesda le jour du sabbat (1-9). Scandale des Juifs (10-18).

Après cela, il y eut une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem.[47] 2Or, à Jérusalem, près de la porte des Brebis, il y a une piscine qui s’appelle en hébreu Béthesda,[48] et qui a cinq portiques. 3Sous ces portiques étaient couchés un grand nombre de malades, d’aveugles, de boiteux et de paralytiques ; [ils attendaient


4Car un ange du Seigneur descendait à certains temps dans la piscine, et agitait l’eau : et celui qui y descendait le premier après l’agitation de l’eau, était guéri de son infirmité quelle qu’elle fût.][49]

le bouillonnement de l’eau. 5Là se trouvait un homme malade depuis trente-huit ans. 6Jésus l’ayant vu gisant, et sachant qu’il était malade depuis longtemps, lui dit : « Veux-tu être guéri ? » 7Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans la piscine dès que l’eau est agitée, et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. » 8Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton grabat et marche. » 9Et à l’instant cet homme fut guéri ; il prit son grabat et se mit à marcher. C’était un jour de sabbat.

10Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri : « C’est le sabbat, il ne t’est pas permis d’emporter ton grabat. » 11Il leur répondit : « Celui qui m’a guéri m’a dit : Prends ton grabat et marche. » 12Ils lui demandèrent : « Qui est l’homme qui t’a dit : Prends ton grabat et marche ? » 13Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c’était ; car Jésus s’était esquivé, grâce à la foule qui était en cet endroit. 14Plus tard, Jésus le trouva dans le temple et lui dit : « Te voilà guéri ; ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire. » 15Cet homme s’en alla, et annonça aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri. 16C’est pourquoi les Juifs persécutaient Jésus, parce qu’il faisait ces choses le jour du sabbat.

17Mais Jésus leur dit : « Mon Père agit jusqu’à présent, et moi aussi j’agis. » 18Sur quoi, les Juifs cherchaient encore avec plus d’ardeur à le faire mourir, parce que, non content de violer le sabbat, il disait encore que Dieu était son père, se faisant égal à Dieu.

2. Discours apologétique de Jésus (18b-47). — a) Jésus est égal à Dieu son Père (18b-30). — b) Témoignages rendus en sa faveur, par S. Jean-Baptiste (31-35), par les miracles que son Père lui a donné d’opérer (36-38), par les prophéties de l’Ancien Testament (39-47).

Jésus reprit donc la parole et leur dit : 19« En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père ; et tout ce que fait le Père, le Fils aussi le fait pareillement. 20Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait ; et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, qui vous jetteront dans l’étonnement. 21Car, comme le Père ressuscite les morts et donne la vie, aussi le Fils donne la vie à qui il veut. 22Le Père même ne juge personne, mais il a donné au Fils le jugement tout entier, 23afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé. 24En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle, et n’encourt point la condamnation, mais il est passé de la mort à la vie. 25En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. 26Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même ; 27et il lui a aussi donné le pouvoir de juger, parce qu’il est Fils de l’homme.[50] 28Ne vous en étonnez pas ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix. 29Et ils en sortiront, ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie ; ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection de condamnation. 30Je ne puis rien faire de moi-même. Selon que j’entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.

31Si c’est moi qui rends témoignage de moi-même, mon témoignage n’est pas véridique. 32Il y en a un autre qui rend témoignage de moi, et je sais que le témoignage qu’il rend de moi est véridique.[51] 33Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité.[52] 34Pour moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage ; mais je dis cela afin que vous soyez sauvés.[53] 35Jean était la lampe qui brûle et luit, mais vous n’avez voulu que vous réjouir un moment à sa lumière. 36Pour moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean ; car les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir, ces œuvres mêmes que je fais, rendent témoignage de moi, que c’est le Père qui m’a envoyé.

37Et le Père qui m’a envoyé a rendu lui-même témoignage de moi. Vous n’avez jamais entendu sa voix, ni vu sa face, 38et vous n’avez point sa parole demeurant en vous, parce que vous ne croyez pas à celui qu’il a envoyé. 39Vous scrutez les Écritures, parce que vous pensez trouver en elles la vie éternelle ; 40or, ce sont elles qui rendent témoignage de moi ; et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. 41Ce n’est point que je demande ma gloire aux hommes ; 42mais je vous connais, je sais que vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu. 43Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; qu’un autre vienne en son propre nom, vous le recevrez. 44Comment pouvez-vous croire, vous qui tirez votre gloire les uns des autres, et qui ne recherchez pas la gloire qui vient de Dieu seul ? 45Ne pensez pas que ce soit moi qui vous accuserai devant le Père ; votre accusateur, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance. 46Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit de moi.[54] 47Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ? »


B. — Débuts de l’oppositionen Galiléevers le temps de la troisième Pâque.

[VI.]


1. Occasion du conflit : deux miracles (1-21). — La multiplication des pains (1-15). Jésus marche sur les flots (16-21).

Jésus s’en alla ensuite de l’autre côté de la mer de Galilée ou de Tibériade.[55] 2Et une foule nombreuse le suivait, parce qu’elle voyait les miracles qu’il opérait sur ceux qui étaient malades. 3Jésus monta sur la montagne, et là il s’assit avec ses disciples. 4Or la Pâque, la fête des Juifs, était proche.[56] 5Jésus donc ayant levé les yeux, et voyant qu’une grande foule venait à lui, dit à Philippe : « Où achèterons-nous du pain pour que ces gens aient à manger ? » 6Il disait cela pour l’éprouver, car lui, il savait ce qu’il devait faire. 7Philippe lui répondit : « Deux cents deniers de pain ne suffiraient pas pour que chacun en reçoive un morceau. »[57] 8Un de ses disciples, André, frère de Simon-Pierre, lui dit : 9« Il y a ici un jeune homme qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » 10Jésus dit : « Faites les asseoir. » Il y avait beaucoup d’herbe en ce lieu. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille. 11Jésus prit les pains, et ayant rendu grâces, il les distribua à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des deux poissons, autant qu’ils en voulurent. 12Lorsqu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : « Recueillez les morceaux qui restent, afin que rien ne se perde. » 13Ils les recueillirent, et remplirent douze corbeilles des morceaux qui étaient restés des cinq pains d’orge, après qu’ils eurent mangé. 14Ces hommes ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : « Celui-ci est vraiment le Prophète qui doit venir dans le monde. »[58] 15Sachant donc qu’ils allaient venir l’enlever pour le faire roi, Jésus se retira de nouveau, seul, sur la montagne.

16Le soir venu, les disciples descendirent au bord de la mer ;[59] 17et étant montés dans une barque, ils traversaient la mer dans la direction de Capharnaüm. Il faisait déjà nuit, et Jésus ne les avait pas encore rejoints. 18Cependant la mer, soulevée par un grand vent, était agitée. 19Quand ils eurent ramé environ vingt-cinq à trente stades, ils virent Jésus marchant sur la mer et s’approchant de la barque ; et ils eurent peur. 20Mais il leur dit : « C’est moi, ne craignez point.  » 21Ils voulurent donc le prendre dans la barque, et aussitôt, la barque se trouva au lieu où ils allaient.

2. Chap. vi, 22-72 : Discours de Jésus à Capharnaüm. — L’occasion : la foule rejoint Jésus et l’interroge (22-25). Jésus promet un pain céleste (26-34). Il est lui-même le pain de vie (35-52) Sa chair est une nourriture et son sang un breuvage (53-59). Acte de foi de S. Pierre (60-72).

22Le jour suivant, la foule qui était restée de l’autre côté de la mer, avait remarqué qu’il n’y avait là qu’une seule barque, et que Jésus n’y était point entré avec ses disciples, mais que ceux-ci étaient partis seuls. 23— D’autres barques, cependant, étaient arrivées de Tibériade près du lieu où le Seigneur, après avoir rendu grâces, leur avait donné à manger. — 24La foule donc, ayant vu que Jésus n’était pas là, ni ses disciples non plus, entra dans ces barques et se rendit à Capharnaüm pour chercher Jésus.[60] 25Et l’ayant trouvé de l’autre côté de la mer ils lui dirent : « Maître, quand êtes-vous venu ici ? »[61] 26Jésus leur repartit et leur dit :

« En vérité, en vérité je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. 27Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui demeure pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera. Car c’est lui que le Père, Dieu, a marqué d’un sceau. »[62]

28Ils lui dirent : « Que devons-nous faire, pour faire les œuvres de Dieu ? » 29Jésus leur répondit : « Voici l’œuvre que Dieu demande, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »

30Ils lui dirent : « Quel miracle faites-vous donc afin que nous le voyions et que nous croyions en vous ? Quelles sont vos œuvres ? 31Nos pères ont mangé la manne dans le désert, ainsi qu’il est écrit : Il leur a donné à manger le pain du ciel. » 32Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel ; c’est mon Père qui donne le vrai pain du ciel. 33Car le pain de Dieu, c’est le pain qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »

34Ils lui dirent donc : « Seigneur, donnez-nous toujours de ce pain. » 35Jésus leur répondit : « Je suis le pain de vie : celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. 36Mais, je vous l’ai dit, vous m’avez vu, et vous ne croyez point. 37Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai point dehors ; 38car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. 39Or la volonté de celui qui m’a envoyé, est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. 40Car c’est la volonté de mon Père [qui m’a envoyé], que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai au dernier jour. »

41Les Juifs murmuraient à son sujet, parce qu’il avait dit : « Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel. » 42Et ils disaient : « N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment donc dit-il : Je suis descendu du ciel ? » 43Jésus leur répondit : « Ne murmurez point entre vous. 44Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.[63] 45Il est écrit dans les Prophètes : Ils seront tous enseignés par Dieu. Quiconque a entendu le Père et a reçu son enseignement, vient à moi. 46Ce n’est pas que personne ait vu le Père, sinon celui qui est de Dieu ; celui-là a vu le Père. 47En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. 48Je suis le pain de vie. 49Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. 50Voici le pain descendu du ciel, afin qu’on en mange et qu’on ne meure point. 51Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour le salut du monde. »[64]

52Là-dessus, les Juifs disputaient entre eux, disant : « Comment cet homme peut-il donner sa chair à manger ? »

53Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous-mêmes. 54Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. 55Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage.[65] 56Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui.

[66] 57Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi par moi. 58C’est là le pain qui est descendu du ciel : il n’en est point comme de vos pères qui ont mangé la manne et sont morts ; celui qui mange de ce pain vivra éternellement. »

59Jésus dit ces choses, enseignant dans la synagogue à Capharnaüm.

60Beaucoup de ses disciples, l’ayant entendu, dirent : « Cette parole est dure, et qui peut l’écouter ? » 61Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit : « Cela vous scandalise ? 62Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter où il était auparavant ?…[67] 63C’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. 64Mais il y en a parmi vous quelques-uns qui ne croient point. « Car Jésus savait, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne croyaient point, et qui était celui qui le trahirait. 65Et il ajouta : « C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par mon Père. »

66Dès ce moment, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui. 67Jésus donc dit aux Douze : « Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? » 68Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Vous avez les paroles de la vie éternelle. 69Et nous, nous avons cru et nous avons connu que vous êtes le Saint de Dieu. »[68] 70Jésus leur répondit : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les Douze ? Et l’un de vous est un démon. » 71Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote, car c’était lui qui devait le trahir, lui, l’un des Douze.[69]

II. — PROGRÈS DE L’OPPOSITION. À JÉRUSALEM LORS DE LA FÊTE DES TABERNACLES (Octobre).

[VII, 1 — X, 21.]
A. — Pendant la fête des tabernacles.

[VII.]


Incrédulité des frères de Jésus (1-10). Indécision de la foule (11-13). Deux discours de Jésus dans le temple : l’un vers le milieu de la fête (14-36), l’autre le dernier jour (37-39). On veut l’arrêter (40-44). Devant le Sanhédrin, Nicodème prend sa défense (45-53).

Après cela, Jésus parcourut la Galilée, ne voulant pas aller en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir. 2Or, la fête des Juifs, celle des Tabernacles, était proche.[70] 3Ses frères lui dirent donc : « Partez d’ici, et allez en Judée, afin que vos disciples aussi voient les œuvres que vous faites ; 4car personne ne fait une chose en secret, lorsqu’il désire qu’elle paraisse. Si vous faites ces choses, montrez-vous au monde. » 5Car ses frères mêmes ne croyaient pas en lui.[71] 6Jésus leur dit : « Mon temps n’est pas encore venu ; mais votre temps à vous est toujours prêt.[72] 7Le monde ne saurait vous haïr ; moi, il me hait, parce que je rends de lui ce témoignage, que ses œuvres sont mauvaises. 8Montez, vous, à cette fête ; pour moi, je n’y vais point, parce que mon temps n’est pas encore venu. »[73] 9Après avoir dit cela, il resta en Galilée. 10Mais lorsque ses frères furent partis, lui-même monta aussi à la fête, non publiquement, mais en secret.

11Les Juifs donc le cherchaient durant la fête, et disaient : « Où est-il ? » 12Et il y avait dans la foule une grande rumeur à son sujet. Les uns disaient : « C’est un homme de bien. — Non, disaient les autres, il trompe le peuple. » 13Cependant personne ne s’exprimait librement sur son compte, par crainte des Juifs.

14On était déjà au milieu de la fête, lorsque Jésus monta au temple, et il se mit à enseigner.[74] 15Les Juifs étonnés disaient : « Comment connaît-il les Écritures, lui qui n’a point fréquenté les écoles ? » 16Jésus leur répondit : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. 17Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il saura si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de moi-même. 18Celui qui parle de soi-même, cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, est véridique, et il n’y a point en lui d’imposture. 19Est-ce que Moïse ne vous a point donné la Loi ? Et nul de vous n’accomplit la loi. 20Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ? « La foule répondit : « Vous êtes possédé du démon ; qui est-ce qui cherche à vous faire mourir ? » 21Jésus leur dit : « J’ai fait une seule œuvre, et vous voilà tous hors de vous-mêmes ?[75] 22Moïse vous a donné la circoncision (non qu’elle vienne de Moïse, mais des Patriarches), et vous la pratiquez le jour du sabbat. 23Que si, pour ne pas violer la loi de Moïse, on circoncit le jour du sabbat, comment vous indignez-vous contre moi, parce que, le jour du sabbat, j’ai guéri un homme dans tout son corps ? 24Ne jugez point sur l’apparence, mais jugez selon la justice. »

25Alors quelques habitants de Jérusalem dirent : « N’est-ce pas là celui qu’ils cherchent à faire mourir ? 26Et le voilà qui parle publiquement sans qu’on lui dise rien. Est-ce que vraiment les chefs du peuple auraient reconnu qu’il est le Christ ? 27Celui-ci, néanmoins, nous savons d’où il est ; mais quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est. » 28Jésus, enseignant dans le temple, dit donc à haute voix : « Vous me connaissez et vous savez d’où je suis !… et pourtant ce n’est pas de moi-même que je suis venu : mais celui qui m’a envoyé est vrai : vous ne le connaissez point ; 29moi, je le connais, parce que je suis de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. » 30Ils cherchèrent donc à le saisir ; et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.

31Mais beaucoup, parmi le peuple, crurent en lui, et ils disaient : « Quand le Christ viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en a fait celui-ci ? »

32Les Pharisiens entendirent la foule murmurant ces choses au sujet de Jésus ; alors les Princes des prêtres et les Pharisiens envoyèrent des satellites pour l’arrêter. 33Jésus dit : « Je suis encore avec vous un peu de temps, puis je m’en vais à celui qui m’a envoyé. 34Vous me chercherez, et vous ne me trouverez point, et où je suis vous ne pouvez venir. » 35Sur quoi les Juifs se dirent entre eux : « Où donc ira-t-il, que nous ne le trouverons point ? Ira-t-il vers ceux qui sont dispersés parmi les Gentils, et ira-t-il les instruire ? 36Que signifie cette parole qu’il a dite : Vous me chercherez et vous ne me trouverez point, et où je suis, vous ne pouvez venir ? »

37Le dernier jour de la fête, qui en est le jour le plus solennel, Jésus debout, dit à haute voix : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive.[76] 38Celui qui croit en moi, de son sein, comme dit l’Écriture, couleront des fleuves d’eau vive. »[77] 39Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.[78] 40Parmi la foule, quelques-uns, qui avaient entendu ces paroles, disaient : « C’est vraiment le prophète. »[79] 41D’autres : « C’est le Christ. — Mais, disaient les autres, est-ce de la Galilée que doit venir le Christ ? 42L’Écriture ne dit-elle pas que c’est de la race de David, et du bourg de Bethléem, où était David, que le Christ doit venir ? » 43C’est ainsi que le peuple était partagé à son sujet. 44Quelques-uns voulaient l’arrêter ; mais personne ne mit la main sur lui.

45Les satellites étant donc revenus vers les Pontifes et les Pharisiens, ceux-ci leur dirent : « Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? » 46Les satellites répondirent : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme. »[80] 47Les Pharisiens leur répliquèrent : « Vous aussi, vous êtes-vous laissés séduire ? 48Y a-t-il quelqu’un parmi les Princes du peuple qui ait cru en lui ? Y en a-t-il parmi les Pharisiens ? 49Mais cette populace qui ne connaît pas la Loi, ce sont des maudits ! » 50Nicodème, l’un d’eux, celui qui était venu de nuit à Jésus, leur dit :[81] 51« Notre loi condamne-t-elle un homme sans qu’on l’ait d’abord entendu, et sans qu’on sache ce qu’il a fait ? » 52Ils lui répondirent : « Toi aussi, es-tu Galiléen ? Examine avec soin les Écritures,[82] et tu verras qu’il ne sort point de prophète de la Galilée. »

53Et ils s’en retournèrent chacun dans sa maison.

B. — Le lendemain et le surlendemain de la fête des tabernacles.

[VIII.]

1. Chap, viii, 1-11. Épisode de la femme adultère.

Jésus s’en alla sur la montagne des Oliviers ;[83] 2mais, dès le point du jour, il retourna dans le temple, et tout le peuple vint à lui. Et s’étant assis, il les enseignait.

3Alors les Scribes et les Pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère, et l’ayant fait avancer, 4ils dirent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. 5Or Moïse, dans la Loi, nous a ordonné de lapider de telles personnes. Vous donc, que dites-vous ? »[84] 6C’était pour l’éprouver qu’ils l’interrogeaient ainsi, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait sur la terre avec le doigt. 7Comme ils continuaient à l’interroger, il se releva et leur dit : « Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre. » 8Et s’étant baissé de nouveau, il écrivait sur la terre. 9Ayant entendu cette parole, [et se sentant[85] repris par leur conscience,] ils se retirèrent les uns après les autres, les plus âgés d’abord, [puis tous les autres,] de sorte que Jésus resta seul avec la femme qui était au milieu. 10Alors Jésus s’étant relevé, et ne voyant plus que la femme, lui dit : « Femme, où sont ceux qui vous accusaient ? Est-ce que personne ne vous a condamnée ? » 11Elle répondit : « Personne, Seigneur » ; Jésus lui dit : « Je ne vous condamne pas non plus. Allez, et ne péchez plus. »

2. Chap. viii, 12-59 : Discours divers de Jésus. — Jésus est la lumière du monde. (12-20). Prédiction des conséquences de l’incrédulité des Juifs (21-29). Discussion entre Jésus et les Juifs : ceux-ci sont fils du démon (30-51). Jésus plus ancien et plus grand qu’Abraham (52-59).

12Jésus leur parla de nouveau, disant : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » 13Sur quoi les Pharisiens lui dirent : « Vous rendez témoignage de vous-même ; votre témoignage n’est pas digne de foi. » 14Jésus leur répondit : « Quoique je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est véridique, parce que je sais d’où je suis venu et où je vais ; mais vous, vous ne savez d’où je viens, ni ou je vais. 15Vous jugez selon la chair ; moi je ne juge personne. 16Et si je juge, mon jugement est véridique, car je ne suis pas seul, mais moi, et le Père qui m’a envoyé. 17Il est écrit dans votre Loi, que le témoignage de deux hommes est digne de foi.[86] 18Or, je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m’a envoyé rend aussi témoignage de moi. » 19Ils lui dirent donc : « Où est votre Père ? »Jésus répondit : « Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père : si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. » 20Jésus parla de la sorte dans le parvis du Trésor, lorsqu’il enseignait dans le temple ; et personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.[87]

21Jésus leur dit encore : « Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Où je vais, vous ne pouvez venir. » 22Les Juifs disaient donc : « Est-ce qu’il va se tuer lui-même, puisqu’il dit : Où je vais, vous ne pouvez venir ? » 23Et il leur dit : « Vous, vous êtes d’en bas, moi, je suis d’en haut ; vous êtes de ce monde, moi, je ne suis pas de ce monde. 24C’est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans votre péché ; car si vous ne croyez pas que je suis le Messie, vous mourrez dans votre péché. »25« Qui êtes-vous ? » lui dirent-ils. Jésus leur répondit : « Absolument ce que je vous déclare.[88] 26J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à condamner en vous, mais celui qui m’a envoyé est véridique, et ce que j’ai entendu de lui, je le dis au monde. »[89] 27Ils ne comprirent point qu’il leur parlait du Père.[90] 28Jésus donc leur dit : « Lorsque vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez qui je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m’a enseigné.[91] 29Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît. » — 30Comme il disait ces choses, beaucoup crurent en lui.

31Jésus dit donc aux Juifs qui avaient cru en lui : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; 32vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » 33Il lui répondirent : « Nous sommes la race d’Abraham, et nous n’avons jamais été esclaves de personne ; comment dites-vous : Vous deviendrez libres ? » 34Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque se livre au péché est esclave du péché. 35Or, l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; mais le fils y demeure toujours. 36Si donc le Fils vous affranchit, vous serez vraiment libres. 37Je sais que vous êtes enfants d’Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne pénètre pas en vous. 38Moi je vous dis ce que j’ai vu chez mon Père ; et vous, vous faites ce que vous avez vu chez votre père. »[92] 39Ils lui répondirent : « Notre père, c’est Abraham. » Jésus leur dit : « Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham. 40Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu : ce n’est point ce qu’a fait Abraham. 41Vous faites les œuvres de votre père. » Ils lui dirent : « Nous ne sommes pas des enfants de fornication ; nous avons un seul Père, qui est Dieu. »[93] 42Jésus leur dit : « Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; et je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé. 43Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez entendre ma parole. 44Le père dont vous êtes issus, c’est le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et n’est point demeuré dans la vérité, parce qu’il n’y a point de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur, et le père du mensonge.[94] 45Et moi, parce que je vous dis la vérité, vous ne me croyez pas. 46Qui de vous me convaincra de péché ? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? 47Celui qui est de Dieu entend la parole de Dieu ; c’est parce que vous n’êtes pas de Dieu que vous ne l’entendez pas. »

48Les Juifs lui répondirent : « N’avons-nous pas raison de dire que vous êtes un Samaritain et que vous êtes possédé d’un démon ? » 49Jésus répondit : « Il n’y a point en moi de démon ; mais j’honore mon Père, et vous, vous m’outragez. 50Pour moi, je n’ai pas souci de ma gloire : il est quelqu’un qui en prend soin et qui fera justice. 51En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. » 52Les Juifs lui dirent : « Nous voyons maintenant qu’un démon est en vous. Abraham est mort, les prophètes aussi, et vous, vous dites : Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. 53Êtes-vous plus grand que notre père Abraham, qui est mort ? Les Prophètes aussi sont morts ; qui prétendez-vous être ? » 54Jésus répondit : « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites qu’il est votre Dieu ;[95] 55et pourtant vous ne le connaissez pas ; mais moi, je le connais ; et si je disais que je ne le connais pas, je serais menteur comme vous. Mais je le connais et je garde sa parole. 56Abraham votre père, a tressailli de joie de ce qu’il devait voir mon jour ; il l’a vu, et il s’est réjoui. »[96] 57Les Juifs lui dirent : « Vous n’avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham ! » 58Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis. »[97]

59Alors ils prirent des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.[98]

C. — Le Samedi après la fête des tabernacles.

[IX — X, 21.]


1. Chap. ix, 1-41 : L’aveugle-né. — Sa guérison (1-7). Effets du prodige sur la foule (8-12). Enquête et opposition des Pharisiens (13-34). Jésus se révèle comme Fils de Dieu à l’aveugle guéri (35-38). Amers reproches aux Pharisiens (39-41).

Jésus vit, en passant, un aveugle de naissance. 2« Maître, lui demandèrent ses disciples, est-ce que cet homme a péché, ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »[99] 3Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché, mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. 4Il faut, tandis qu’il est jour, que je fasse les œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, où personne ne peut travailler.[100] 5Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » — 6Ayant ainsi parlé, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, puis il l’étendit sur les yeux de l’aveugle, 7et lui dit : « Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (mot qui se traduit : Envoyé). » Il partit, se lava, et s’en retourna voyant clair.[101]

8Les voisins, et ceux qui l’avaient vu auparavant demander l’aumône, disaient : « N’est-ce pas là celui qui était assis et mendiait ? » 9Les uns répondaient : « C’est lui »  ; d’autres : « Non, mais il lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est moi. » 10Ils lui dirent donc : « Comment tes yeux ont-ils été ouverts ? » 11Il répondit : « Un homme, celui qu’on appelle Jésus, a fait de la boue, il l’a étendue sur mes yeux, et m’a dit : Va à la piscine de Siloé et lave-toi. J’y ai été, et, m’étant lavé, j’ai recouvré la vue. — 12Où est cet homme ? « lui dirent-ils. Il répondit : « Je ne sais pas. »

13Ils menèrent aux Pharisiens celui qui avait été aveugle. 14Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait ainsi fait de la boue et ouvert les yeux de l’aveugle. 15À leur tour, les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue, et il leur dit : « Il m’a mis sur les yeux de la boue, je me suis lavé, et je vois. » 16Sur cela, quelques-uns des Pharisiens disaient : « Cet homme n’est pas envoyé de Dieu, puisqu’il n’observe pas le sabbat. » D’autres disaient : « Comment un pécheur peut-il faire de tels prodiges ? » Et la division était entre eux. 17Ils dirent donc de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, de ce qu’il t’a ouvert les yeux ? » Il répondit : « C’est un prophète. »

18Les Juifs ne voulurent donc pas croire que cet homme eut été aveugle et qu’il eût recouvré la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent fait venir les parents de celui qui avait recouvré la vue. 19Ils leur demandèrent : « Est-ce là votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ? » 20Ses parents répondirent : « Nous savons que c’est bien là notre fils, et qu’il est né aveugle ; 21mais comment il voit maintenant, nous l’ignorons, et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas. Interrogez-le lui-même ; il a de l’âge, lui-même parlera de ce qui le concerne. »[102] 22Ses parents parlèrent ainsi, parce qu’ils craignaient les Juifs. Car déjà les Juifs étaient convenus que quiconque reconnaîtrait Jésus pour le Christ serait exclu de la synagogue. 23C’est pourquoi ses parents dirent : « Il a de l’âge, interrogez-le. »

24Les Pharisiens firent venir une seconde fois l’homme qui avait été aveugle, et lui dirent : « Rends gloire à Dieu. Nous savons que cet homme est un pécheur. » 25Celui-ci répondit : « S’il est un pécheur, je l’ignore ; je sais seulement que j’étais aveugle, et qu’à présent je vois. » 26Ils lui dirent : « Qu’est-ce qu’il t’a fait ? Comment t’a-t-il ouvert les yeux ? » 27Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit et vous ne l’avez pas écouté : pourquoi voulez-vous l’entendre encore ? Est-ce que, vous aussi, vous voulez devenir ses disciples ? »[103] 28Ils le chargèrent alors d’injures, et dirent : « C’est toi qui es son disciple ; pour nous, nous sommes disciples de Moïse.[104] 29Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci, nous ne savons d’où il est. » 30Cet homme leur répondit : « Il est étonnant que vous ne sachiez pas d’où il est, et cependant il m’a ouvert les yeux. 31Nous savons que Dieu n’exauce point les pécheurs ; mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce. 32Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. 33Si cet homme n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » 34Ils lui répondirent : « Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le chassèrent.

35Jésus apprit qu’ils l’avaient ainsi chassé, et l’ayant rencontré, il lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »[105] 36Il répondit : « Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ? » 37Jésus lui dit : « Tu l’as vu ; et celui qui te parle, c’est lui-même. » — 38« Je crois, Seigneur » dit-il ; et se jetant à ses pieds, il l’adora. 39Alors Jésus dit : « Je suis venu dans ce monde pour un jugement, afin que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » 40Quelques Pharisiens qui étaient avec lui, lui dirent : « Sommes-nous, nous aussi des aveugles ? » 41Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez point de péché ; mais maintenant vous dites : Nous voyons ; votre péché demeure. »

2. Chap. x, 1-21. Le bon Pasteur. Portrait du bon et du mauvais pasteur (1-6). Jésus est le bon pasteur (7-18). Nouvelle discorde entre les Juifs (19-21).

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre point par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. 2Mais celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. 3C’est à lui que le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix ; il appelle par leur nom ses brebis, et il les mène aux pâturages. 4Quand il a fait sortir toutes ses brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. 5Elles ne suivront point un étranger, mais elles le fuiront, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »[106]

6Jésus leur dit cette allégorie ;[107] mais ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait. 7Jésus donc leur dit encore : « En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. 8Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont point écoutés. 9Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages. 10Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire ; moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance. 11Je suis[108]

le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. 12Mais le mercenaire, qui n’est pas le pasteur, et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, laisse là les brebis et prend la fuite ; et le loup les ravit et les disperse. 13Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire et qu’il n’a nul souci des brebis. 14Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, 15comme mon Père me connaît, et que je connais mon Père, et je donne ma vie pour mes brebis. 16J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix, et il y aura une seule bergerie, un seul pasteur.[109] 17C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre. 18Personne ne me la ravit, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père. »

19Il s’éleva de nouveau une division parmi les Juifs à l’occasion de ce discours. 20Plusieurs d’entre eux disaient : « Il est possédé d’un démon, il a perdu le sens : Pourquoi l’écoutez-vous ? » 21D’autres disaient : « Ce ne sont pas là les paroles d’un possédé ; est-ce qu’un démon peut ouvrir les yeux des aveugles ? »

III. — L’OPPOSITION DES PHARISIENS S’ACCENTUE DAVANTAGE À L’OCCASION D’UN DISCOURS DE JÉSUS, LORS DE LA FÊTE DE LA DÉDICACE (Décembre.)
[X, 22-42.]


Occasion du discours (22-24). Jésus consubstantiel à son Père, les Juifs veulent le lapider (25-38). Jésus échappe à leurs mains et se retire au delà du Jourdain (39-42).

22On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace ; c’était l’hiver ;[110] 23et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. 24Les Juifs l’entourèrent donc et lui dirent : « Jusques à quand tiendrez-vous notre esprit en suspens ? Si vous êtes le Christ dites-le-nous franchement. » 25Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne me croyez pas : les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi ; 26mais vous ne me croyez point, parce que vous n’êtes pas de mes brebis.[111] 27Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. 28Et je leur donne une vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main ; 29mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et nul ne peut les ravir de la main de mon Père.[112] 30Mon père et moi nous sommes un. »

31Les Juifs ramassèrent de nouveau[113] des pierres pour le lapider. 32Jésus leur dit : « J’ai fait devant vous beaucoup d’œuvres bonnes qui venaient de mon Père : pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ? » 33Les Juifs lui répondirent : « Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous vous lapidons, mais pour un blasphème, et parce que, étant homme, vous vous faites Dieu. » 34Jésus leur répondit : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : vous êtes des dieux ?[114] 35Si la Loi appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l’Écriture ne peut être anéantie, 36comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié[115] et envoyé dans le monde : Vous blasphémez, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? 37Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. 38Mais si je les fais, lors même que vous ne voudriez pas me croire, croyez à mes œuvres : afin que vous sachiez et reconnaissiez[116] que le Père est en moi, et que je suis dans le Père. » 39Là-dessus, ils cherchèrent de nouveau à se saisir de lui, mais il s’échappa de leurs mains. 40Il s’en retourna au delà du Jourdain, dans le lieu où Jean avait commencé à baptiser ; et il y demeura. 41Et beaucoup venaient à lui, disant : « Jean n’a fait aucun miracle ; 42mais tout ce qu’il a dit de celui-ci était vrai. « Et il y en eut là beaucoup qui crurent en lui.


IV. — À CAUSE DE LA RÉSURRECTION DE LAZARE, PEU DE TEMPS AVANT LA DERNIÈRE PÂQUE, LA HAINE DES JUIFS VA JUSQU’À DÉCRÉTER LA MORT DE JÉSUS.

[XI]

1. La résurrection de Lazare (1-44). Jésus appelé auprès de Lazare (1-6). Déclaration de Jésus : Lazare est mort, mais il va le ressusciter (7-16). Le récit du miracle (17-44).

Il y avait un malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa sœur. 2— Marie est celle qui oignit de parfum le Seigneur, et lui essuya les pieds avec ses cheveux ; et c’était son frère Lazare qui était malade. — 3Les sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que vous aimez est malade. » 4Ce qu’ayant entendu, Jésus dit : « Cette maladie ne va pas à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. » 5Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur Marie, et Lazare.

6Ayant donc appris qu’il était malade, il resta deux jours encore au lieu où il était. 7Il dit ensuite à ses disciples : « Retournons en Judée. » 8Les disciples lui dirent : « Maître, tout à l’heure les Juifs voulaient vous lapider, et vous retournez là ? » 9Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans le jour ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne se heurte point, parce qu’il voit la lumière de ce monde. 10Mais s’il marche pendant la nuit, il se heurte, parce qu’il manque de lumière. » 11Il parla ainsi, et ajouta : « Notre ami Lazare dort, mais je me mets en route pour le réveiller. » 12Ses disciples lui dirent : « S’il dort, il guérira. » 13Mais Jésus avait parlé de sa mort, et ils pensaient que c’était du repos du sommeil. 14Alors Jésus leur dit clairement : « Lazare est mort ; 15et je me réjouis à cause de vous de n’avoir pas été là, afin que vous croyiez ; mais allons vers lui. » 16Et Thomas, appelé Didyme, dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, afin de mourir avec lui. »[117]

17Jésus vint donc et trouva Lazare depuis quatre jours dans le sépulcre. 18Or Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ. 19Beaucoup de Juifs étaient venus près de Marthe et de Marie pour les consoler au sujet de leur frère. 20Dès que Marthe eut appris que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison.[118] 21Marthe dit donc à Jésus : « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort. 22Mais maintenant encore, je sais que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l’accordera. » 23Jésus lui dit : « Votre frère ressuscitera. — 24Je sais, lui répondit Marthe, qu’il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour. » 25Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; 26et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point pour toujours. Le croyez-vous ? — 27Oui, Seigneur, lui dit-elle, je crois que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir en ce monde. »[119]

28Lorsqu’elle eut ainsi parlé, elle s’en alla, et appela en secret Marie, sa sœur, disant : « Le Maître est là, et il t’appelle. » 29Dès que celle-ci l’eut entendu, elle se leva promptement et alla vers lui. 30Car Jésus n’était pas encore entré dans le village ; il n’avait pas quitté le lieu où Marthe l’avait rencontré. 31Les Juifs qui étaient avec Marie, et la consolaient, l’ayant vue se lever en hâte et sortir, la suivirent en pensant : « Elle va au sépulcre pour y pleurer. » 32Lorsque Marie fut arrivée au lieu où était Jésus, le voyant, elle tomba à ses pieds, et lui dit : « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort. » 33Jésus la voyant pleurer, elle et les Juifs qui l’accompagnaient, frémit en son esprit, et se laissa aller à son émotion.[120] 34Et il dit : « Où l’avez-vous mis ? — Seigneur, lui répondirent-ils, venez et voyez. » 35Et Jésus pleura. 36Les Juifs dirent : « Voyez comme il l’aimait ! » 37Mais quelques-uns d’entre eux dirent : « Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux d’un aveugle-né, faire aussi que cet homme ne mourût point ? »

38Jésus donc, frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre : c’était un caveau, et une pierre était posée dessus.[121] 39« Ôtez la pierre », dit Jésus. Marthe, la sœur de celui qui était mort, lui dit : « Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu’il est là. » 40Jésus lui dit : « Ne vous ai-je pas dit que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu ? » 41Ils ôtèrent donc la pierre ; et Jésus leva les yeux en haut et dit : « Père, je vous rends grâces de ce que vous m’avez exaucé. 42Pour moi, je savais que vous m’exaucez toujours ; mais j’ai dit cela à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est vous qui m’avez envoyé. » 43Ayant parlé ainsi, il cria d’une voix forte : « Lazare, sors ! » 44Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandelettes, et le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »

2. Le Sanhédrin décrète la mort de Jésus. (45-56).

45Beaucoup d’entre les Juifs qui étaient venus près de Marie et de Marthe, et qui avaient vu ce qu’avait fait Jésus, crurent en lui. 46Mais quelques-uns d’entre eux allèrent trouver les Pharisiens, et leur racontèrent ce que Jésus avait fait. 47Les Pontifes et les Pharisiens assemblèrent donc le Sanhédrin et dirent : « Que ferons-nous ? Car cet homme opère beaucoup de miracles. 48Si nous le laissons faire, tous croiront en lui, et les Romains viendront détruire notre ville et notre nation. » 49L’un d’eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y entendez rien ; 50vous ne réfléchissez pas qu’il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que toute la nation ne périsse pas. » 51Il ne dit pas cela de lui-même ; mais étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation ; — 52et non seulement pour la nation, mais aussi afin de réunir en un seul corps les enfants de Dieu qui sont dispersés. 53Depuis ce jour, ils délibérèrent sur les moyens de le faire mourir. 54C’est pourquoi Jésus ne se montrait plus en public parmi les Juifs ; mais il se retira dans la contrée voisine du désert, dans une ville nommée Ephrem, et il y séjourna avec ses disciples.[122]

55Cependant la Pâque des Juifs était proche, et beaucoup montèrent de cette contrée à Jérusalem, avant la Pâque, pour se purifier. 56Ils cherchaient Jésus et ils se disaient les uns aux autres, se tenant dans le temple : « Que vous en semble ? Pensez-vous qu’il ne viendra pas à la fête ? » 57Or, les Pontifes et les Pharisiens avaient donné l’ordre que, si quelqu’un savait où il était, il le déclarât, afin qu’ils le fissent prendre.

SECTION 3 [XII.]

Gloire divine de Jésus manifestée dans l’entrée triomphale à Jérusalem.

1. À Béthanie, six jours avant la dernière Pâque, pendant le souper, Marie parfume les pieds du Sauveur (1-8). Beaucoup de Juifs abandonnent le parti des Pharisiens (9-11).

Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, le mort qu’il avait ressuscité.[123] 2Là, on lui fit un souper, et Marthe servait. Or, Lazare était de ceux qui se trouvaient à table avec lui.[124] 3Marie, ayant pris une livre d’un parfum de nard pur très précieux, en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. 4Alors un de ses disciples, Judas Iscariote, celui qui devait le trahir, dit : 5« Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, pour les donner aux pauvres ? »[125] 6Il dit cela, non qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était voleur, et qu’ayant la bourse, il dérobait ce qu’on y mettait. 7Jésus lui dit donc : « Laisse-la ; elle a gardé ce parfum pour le jour de ma sépulture.[126] 8Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; mais moi, vous ne m’aurez pas toujours ! »[127]

9Un grand nombre de Juifs surent que Jésus était à Béthanie, et ils vinrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare qu’il avait ressuscité des morts. 10Mais les Princes des prêtres délibérèrent de faire mourir aussi Lazare, 11parce que beaucoup de Juifs se retiraient à cause de lui, et croyaient en Jésus.

2. Entrée triomphale (12-19). Des païens eux-mêmes viennent offrir leurs hommages (20-36).

12Le lendemain, une multitude de gens qui étaient venus pour la fête, ayant appris que Jésus se rendait à Jérusalem,[128] 13prirent des rameaux de palmiers, et allèrent au-devant de lui, en criant : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le Roi d’Israël ! » 14Jésus, ayant trouvé un ânon, monta dessus, selon ce qui est écrit : 15« Ne crains point, fille de Sion, voici ton Roi qui vient, assis sur le petit d’une ânesse. »[129] 16— Ses disciples ne comprirent pas d’abord ces choses ; mais lorsque Jésus fut glorifié, ils se souvinrent qu’elles avaient été écrites de lui, et qu’il les avait accomplies en ce qui le regarde. — 17La foule donc qui était avec lui lorsqu’il appela Lazare du tombeau et le ressuscita des morts lui rendait témoignage ; 18et c’est aussi parce qu’elle avait appris qu’il avait fait ce miracle, que la multitude s’était portée à sa rencontre. 19Les Pharisiens se dirent donc entre eux : « Vous voyez bien que vous ne gagnez rien ; voilà que tout le monde court après lui. »

20Or, il y avait quelques Gentils parmi ceux qui étaient montés pour adorer, lors de la fête.[130] 21Ils s’approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Seigneur, nous voudrions bien voir Jésus. » 22Philippe alla le dire à André, puis André et Philippe allèrent le dire à Jésus. 23Jésus leur répondit : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. 24En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, 25il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie, la perdra ; et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle. 26Si quelqu’un veut être mon serviteur, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. 27Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ?… Père, délivrez-moi de cette heure… Mais c’est pour cela que je suis arrivé à cette heure.[131] 28Père, glorifiez votre nom. » Et une voix vint du ciel : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »[132]

29La foule qui était là et qui avait entendu, disait : « C’est le tonnerre » ; d’autres disaient : « Un ange lui a parlé. » 30Jésus dit : « Ce n’est pas pour moi que cette voix s’est fait entendre, mais pour vous. 31C’est maintenant le jugement de ce monde ; c’est maintenant que le Prince de ce monde va être jeté dehors. 32Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi. » 33Ce qu’il disait, pour marquer de quelle mort il devait mourir. 34La foule lui répondit :[133] « Nous avons appris par la Loi que le Christ demeure éternellement : comment donc dites-vous : il faut que le Fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce Fils de l’homme ? » 35Jésus leur dit : « La lumière n’est plus que pour un temps au milieu de vous. Marchez, pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent : celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. 36Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière. « Jésus dit ces choses, puis s’en allant il se déroba à leurs yeux.[134]

3. Fin du ministère public. Incrédulité des Juifs (xii, 37-43). — Ses conséquences (44-50).

37Quoiqu’il eût fait tant de miracles en leur présence, ils ne croyaient point en lui : 38afin que fût accompli l’oracle du prophète Isaïe, disant : « Seigneur, qui a cru à notre parole ? et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? »[135] 39Ils ne pouvaient donc croire, parce qu’Isaïe a dit encore : 40« Il a aveuglé leurs yeux et endurci leur cœur, de peur qu’ils ne voient des yeux, qu’ils ne comprennent du cœur, qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. »[136] 41Isaïe dit ces choses, lorsqu’il[137] vit la gloire du Seigneur et qu’il parla de lui. 42Beaucoup, toutefois, même parmi les membres du Sanhédrin, crurent en lui ; mais, à cause des Pharisiens, ils ne le confessaient pas, de peur d’être chassés de la synagogue. 43Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu.

44Or, Jésus éleva la voix et dit : « Celui qui croit en moi, croit, non pas en moi, mais en celui qui m’a envoyé ; 45et celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. 46Je suis venu dans le monde comme une lumière, afin que celui qui croit en moi, ne demeure pas dans les ténèbres. 47Si quelqu’un entend ma parole, et ne la garde pas, moi je ne le juge point ; car je suis venu, non pour juger le monde, mais pour sauver le monde. 48Celui qui me méprise et ne reçoit pas ma parole, il a son juge : c’est la parole même que j’ai annoncée ; elle le jugera au dernier jour. 49Car je n’ai point parlé de moi-même ; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et ce que je dois enseigner. 50Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Les choses donc que je dis, je les dis comme mon Père me les a enseignées. »

DEUXIÈME PARTIE.

[XIII — XX.]

MANIFESTATION DE LA GLOIRE DIVINE DE JÉSUS DURANT SA VIE SOUFFRANTE ET SA VIE GLORIEUSE.

SECTION 1 [XIII — XVII.]

Pendant la dernière cène et dans le discours d’adieu.

I. — PENDANT LA DERNIÈRE CÈNE.

[XIII, 1 — 30.]


Le lavement des pieds, suprême marque d’amour et d’humilité (1-17). Trahison de Judas annoncée (18-30).

Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, après avoir aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin.[138] 2Pendant le souper, lorsque déjà le diable avait mis dans le cœur de Judas, fils de Simon Iscariote, le dessein de le livrer,[139] 3Jésus, qui savait que son Père avait remis toutes choses entre ses mains, et qu’il était sorti de Dieu et s’en allait à Dieu, 4se leva de table, posa son manteau, et, ayant pris un linge, il s’en ceignit. 5Puis il versa de l’eau dans le bassin et se mit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. 6Il vint donc à Simon-Pierre ; et Pierre lui dit : « Quoi, vous Seigneur, vous me lavez les pieds ! » 7Jésus lui répondit : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt. »[140] 8Pierre lui dit : « Non, jamais vous ne me laverez les pieds. » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. » 9Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête ! » 10Jésus lui dit : « Celui qui a pris un bain n’a besoin que de laver ses pieds ; il est pur tout entier. Et vous aussi, vous êtes purs, mais non pas tous. » 11Car il savait quel était celui qui allait le livrer ; c’est pourquoi il dit : « Vous n’êtes pas tous purs. »

12Après qu’il leur eut lavé les pieds, et repris son manteau, il se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? 13Vous m’appelez le Maître et le Seigneur : et vous dites bien, car je le suis. 14Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres.[141] 15Car je vous ai donné l’exemple, afin que, comme je vous ai fait, vous fassiez aussi vous-mêmes. 16En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. 17Si vous savez ces choses vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. 18Je ne dis pas cela de vous tous ; je connais ceux que j’ai élus ; mais il faut que l’Écriture s’accomplisse : Celui qui mange le pain avec moi, a levé le talon contre moi.[142] 19Je vous le dis dès maintenant, avant que la chose arrive, afin que, lorsqu’elle sera arrivée, vous reconnaissiez qui je suis. 20En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. »

21Ayant ainsi parlé, Jésus fut troublé en son esprit ; et il affirma expressément : « En vérité, en vérité, je vous le dis, un de vous me livrera. »[143] 22Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. 23Or, l’un d’eux était couché sur le sein de Jésus ; c’était celui que Jésus aimait. 24Simon-Pierre lui fit donc signe pour lui dire : « Qui est celui dont il parle ? » 25Le disciple, s’étant penché sur le sein de Jésus, lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » 26Jésus répondit : « C’est celui à qui je présenterai le morceau trempé. » Et ayant trempé du pain, il le donna à Judas Iscariote, fils de Simon. 27Aussitôt que Judas l’eut pris, Satan entra en lui ; et Jésus lui dit : « Ce que tu fais, fais-le vite. » 28Aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela. 29Quelques-uns pensaient que, Judas ayant la bourse, Jésus voulait lui dire : « Achète ce qu’il faut pour la fête, » ou : « Donne quelque chose aux pauvres. » 30Judas ayant pris le morceau de pain, se hâta de sortir. Il était nuit.

II. — DISCOURS APRÈS LA CÈNE :

CONSOLATIONS, RECOMMANDATIONS, PRIÈRE SACERDOTALE.

[XIII, 31 — XVI I, 26.]


1. Chap, xiii, 31-35. Séparation imminente. Commandement nouveau. Prédiction du triple reniement de S. Pierre (36-38).

31Lorsque Judas fut sorti, Jésus dit : « Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui.[144] 32Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et il le glorifiera bientôt. 33Mes petits enfants, je ne suis plus avec vous que pour un peu de temps. Vous me chercherez et comme j’ai dit aux Juifs qu’ils ne pouvaient venir où je vais, je vous le dis aussi maintenant. 34Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres ; que comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres.[145] 35C’est à cela que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

36Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où allez-vous ? » Jésus répondit : « Où je vais, tu ne peux me suivre à présent ; mais tu me suivras plus tard. — 37Seigneur, lui dit Pierre, pourquoi ne puis-je vous suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour vous. » 38Jésus lui répondit : « Tu donneras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas, avant que tu ne m’aies renié trois fois. »

2. Chap. xiv. Consolations. Jésus va préparer, auprès de son Père, une place pour ses Apôtres (1-11). Il leur donnera une grande puissance et exaucera toutes leurs prières (12-14). Il leur enverra le Saint-Esprit (15-17). Il reviendra lui-même parmi eux, d’une manière mystique (18-24). Le Saint-Esprit sera toujours avec eux pour les guider et les instruire (25-26). Jésus leur laisse sa paix (27-31).

« Que votre cœur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. 2Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père ; s’il en était autrement, je vous l’aurais dit, car je vais vous y préparer une place.[146] 3Et lorsque je m’en serai allé et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi ; 4et là où je vais,[147] vous en savez le chemin. »

5Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons où vous allez ; comment donc en saurions-nous le chemin ? » 6Jésus lui dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père que par moi. 7Si vous m’aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père… dès à présent vous le connaissez, et vous l’avez vu. »[148] 8Philippe lui dit : « Seigneur, montrez-nous le Père, et cela nous suffit. » 9Jésus lui répondit : « Il y a longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu ? Philippe, celui qui m’a vu, a vu aussi le Père. Comment peux-tu dire : Montrez-nous le Père ![149] 10Ne crois-tu pas[150] que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même : le Père qui demeure en moi fait lui-même ces œuvres. 11Croyez sur ma parole que je suis dans le Père, et que le Père est en moi.[151] 12Croyez-le du moins à cause de ces œuvres.

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père, 13et que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. 14Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.

15Si vous m’aimez, gardez mes commandements. 16Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur,[152] pour qu’il demeure toujours avec vous ; 17c’est l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure au milieu de vous ; et il sera en vous. 18Je ne vous laisserai point orphelins ; je viendrai à vous. 19Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez, parce que je vis, et que vous vivrez. 20En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous.

21Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. » 22Judas, non pas l’Iscariote, lui dit : « Seigneur, comment se fait-il que vous vouliez vous manifester à nous, et non au monde ? » 23Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure.[153] 24Celui qui ne m’aime pas, ne gardera pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé.

25Je vous ai dit ces choses pendant que je demeure avec vous. 26Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint, que mon Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. 27Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; je ne la donne pas comme la donne le monde. Que votre cœur ne se trouble point et ne s’effraye point. 28Vous avez entendu que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens à vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père, car mon Père est plus grand que moi. 29Et maintenant, je vous ai dit ces choses avant qu’elles n’arrivent, afin que, quand elles seront arrivées, vous croyiez. 30Je ne m’entretiendrai plus guère avec vous, car le Prince de ce monde vient et il n’a rien en moi.[154] 31Mais afin que le monde sache que j’aime mon Père, et que j’agis selon le commandement que mon Père m’a donné, levez-vous, partons d’ici. »[155]

3. Chap, xv — xvi, 1-11 : Recommandations. — Nécessité d’une intime union avec Jésus : le cep et les sarments. Le commandement de Jésus : une parfaite charité fraternelle (12-17). La haine du monde envers les disciples de Jésus : persécutions qu’ils auront à subir (18 — vi, 5). L’œuvre du Saint-Esprit (5-15). Motifs de joie (16-24). Fermeté dans la foi. Jésus vainqueur du monde (25-33).

« Je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.[156] 2Tout sarment qui en moi ne porte pas de fruit, il le retranche ; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage. 3Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. 4Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure uni à la vigne, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. 5Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits : car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire. 6Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche ; puis on ramasse ces sarments, on les jette au feu, et ils brûlent. 7Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. 8C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruits, et que vous soyez mes disciples.

9Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés : demeurez dans mon amour. 10Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi-même j’ai gardé les commandements de mon Père, et comme je demeure dans son amour. 11Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.

12Ceci est mon commandement, que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés.[157] 13Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. 14Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. 15Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. 16Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, pour que vous alliez et que vous portiez du fruit, que votre fruit demeure, et que le Père vous accorde ce que vous lui demanderez en mon nom. 17Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.

18Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier. 19Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait en propre ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait. 20Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : Le serviteur n’est pas plus grand que le maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront, vous aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. 21Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé. 22Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse point parlé, ils seraient sans péché ; mais maintenant leur péché est sans excuse. 23Celui qui me hait, hait aussi mon Père. 24Si je n’avais pas fait au milieu d’eux des œuvres que nul autre n’a faites, ils seraient sans péché ; mais maintenant ils ont vu, et ils me haïssent, moi et mon Père. 25Mais cela est arrivé afin que s’accomplît la parole qui est écrite dans leur Loi : ils m’ont haï sans sujet.[158]

26Lorsque le Consolateur que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, sera venu, il rendra témoignage de moi. 27Et vous aussi, vous me rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement. »

« Je vous ai dit ces choses,[159] afin que vous ne soyez pas scandalisés. 2Ils vous chasseront des synagogues ; et même l’heure vient où quiconque vous fera mourir, croira faire à Dieu un sacrifice agréable. 3Et ils agiront ainsi, parce qu’ils n’ont connu ni mon Père, ni moi. 4Mais je vous l’ai dit afin que, lorsque l’heure[160] sera venue, vous vous souveniez que je vous l’ai annoncé. 5Je ne vous en ai pas parlé dès le commencement, parce que j’étais avec vous.

Et maintenant que je m’en vais à celui qui m’a envoyé, aucun de vous ne me demande : « Où allez-vous ? » 6Mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. 7Cependant je vous dis la vérité : il vous est bon que je m’en aille ; car, si je ne m’en vais pas, le Consolateur ne viendra pas en vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai.[161] 8Et quand il sera venu, il convaincra le monde au sujet du péché, de la justice et du jugement : 9au sujet du péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi ;[162] 10au sujet de la justice, parce que je vais au Père, et que vous ne me verrez plus ; 11au sujet du jugement, parce que le Prince de ce monde est [déjà] jugé.

12J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les porter à présent. 13Quand le Consolateur, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous guidera dans toute la vérité. Car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir.[163] 14Celui-ci me glorifiera, parce qu’il recevra de ce qui est à moi, et il vous l’annoncera. 15Tout ce que le Père a est à moi. C’est pourquoi j’ai dit qu’il recevra ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera.

16Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je vais à mon Père. »[164]

17Sur quoi, quelques-uns de ses disciples se dirent entre eux : « Que signifie ce qu’il nous dit : Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez, parce que je vais à mon Père ? » 18Ils disaient donc : « Que signifie cet encore un peu de temps ? Nous ne savons ce qu’il veut dire. »

19Jésus connut qu’ils voulaient l’interroger et leur dit : « Vous vous questionnez entre vous sur ce que j’ai dit : Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus ; et encore un peu de temps, et vous me verrez. 20En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous vous lamenterez, tandis que le monde se réjouira ; vous serez affligés, mais votre affliction se changera en joie. 21La femme, lorsqu’elle enfante, est dans la souffrance parce que son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de ses douleurs, dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde. 22Vous donc aussi, vous êtes maintenant dans l’affliction ; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. 23En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus sur rien. En vérité, en vérité, je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon Père, il vous le donnera en mon nom.[165] 24Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite.

25Je vous ai dit ces choses[166] en paraboles. L’heure vient où je ne vous parlerai plus en paraboles, mais je vous parlerai ouvertement du Père. 26En ce jour-là, vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai le Père pour vous. 27Car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti du Père. 28Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant je quitte le monde, et je vais au Père. »

29Ses disciples lui dirent ; « Voilà que vous parlez ouvertement et sans vous servir d’aucune figure.[167] 30Maintenant nous voyons que vous savez toutes choses, et que vous n’avez pas besoin que personne vous interroge ; c’est pourquoi nous croyons que vous êtes sorti de Dieu. » 31Jésus leur répondit : « Vous croyez à présent… » 32Voici que l’heure vient, et déjà elle est venue, où vous serez dispersés, chacun de son côté, et vous me laisserez seul ; pourtant je ne suis pas seul, parce que le Père est avec moi. 33Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous avez des tribulations dans le monde ; mais prenez confiance, j’ai vaincu le monde.[168]

4. Chap. xvii : Prière sacerdotale. — Jésus prie son Père. — a) Pour lui-même, afin que son Père le glorifie (1-5). — b) Pour ses Apôtres, afin qu’ils persévèrent dans la foi, qu’ils soient préservés du mal, et sanctifiés dans la vérité (6-19). — c) Pour son Église, afin que les fidèles soient intimement unis à leur divin chef ici-bas et à jamais (20-26).


Ayant ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue, glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie, 2puisque vous lui avez donné autorité sur toute chair, afin qu’à tous ceux que vous lui avez donnés, il donne la vie éternelle.[169] 3Or, la vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, vous, le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ. 4Je vous ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que vous m’avez donnée à faire. 5Et maintenant à vous, Père, glorifiez-moi auprès de vous, de la gloire que j’avais auprès de vous, avant que le monde fût.

6J’ai manifesté votre nom aux hommes que vous m’avez donnés du milieu du monde. Ils étaient à vous, et vous me les avez donnés : et ils ont gardé votre parole. 7Ils savent à présent que tout ce que vous m’avez donné vient de vous ; 8car les paroles que vous m’avez données, je les leur ai données ; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment reconnu que je suis

sorti de vous, et ils ont cru que c’est vous qui m’avez envoyé.

9C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que vous m’avez donnés ; parce qu’ils sont à vous : 10car tout ce qui est à moi est à vous, et tout ce qui est à vous est à moi, et que je suis glorifié en eux. 11Je ne suis plus dans le monde ; pour eux, ils sont dans le monde, et moi, je vais à vous. Père saint, gardez dans votre nom ceux que vous m’avez donnés, afin qu’ils ne fassent qu’un, comme nous. 12Lorsque j’étais avec eux, je les conservais dans votre nom. J’ai gardé ceux que vous m’avez donnés, et pas un d’eux ne s’est perdu, hormis le fils de perdition,[170] afin que l’Ecriture fût accomplie. 13Maintenant je vais à vous, et je fais cette prière, pendant que je suis dans le monde, afin qu’ils aient en eux la plénitude de ma joie. 14Je leur ai donné votre parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi-même je ne suis pas du monde. 15Je ne vous demande pas de les ôter du monde, mais de les garder du mal. 16Ils ne sont pas du monde, comme moi-même je ne suis pas du monde. 17Sanctifiez-les dans la vérité : votre parole est la vérité.[171] 18Comme vous m’avez envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. 19Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés en vérité.

20Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, par leur prédication, croiront en moi,[172] 21pour que tous ils soient un, comme vous, mon Père, vous êtes en moi, et moi en vous, — pour que, eux aussi, ils soient [un] en nous, afin que le monde croie que vous m’avez envoyé. 22Et je leur ai donné la gloire que vous m’avez donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un, 23moi en eux, et vous en moi, afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que vous m’avez envoyé, et que vous les avez aimés comme vous m’avez aimé. 24Père, ceux que vous m’avez donnés, je veux que là où je suis, ils y soient avec moi, afin qu’ils voient la gloire que vous m’avez donnée, parce que vous m’avez aimé avant la création du monde. 25Père juste, le monde ne vous a pas connu ; mais moi, je vous ai connu, et ceux-ci ont connu que c’est vous qui m’avez envoyé. 26Et je leur ai fait connaître votre nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont vous m’avez aimé soit en eux, et que je sois moi aussi en eux. »

SECTION 2 [XVIII — XIX.]

Gloire divine de Jésus manifestée dans sa Passion.


1. L’arrestation de Jésus ; il se livre en toute liberté. (xviii, 1-12).

Après avoir ainsi parlé, Jésus se rendit, accompagné de ses disciples, au delà du torrent de Cédron, où il y avait un jardin, dans lequel il entra lui et ses disciples.[173] 2Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus y était souvent allé avec ses disciples. 3Ayant donc pris la cohorte[174] et des satellites fournis par les Pontifes et les Pharisiens, Judas y vint avec des lanternes, des torches et des armes. 4Alors Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, s’avança et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » 5Ils lui répondirent : « Jésus de Nazareth. — Il leur dit : « Jésus de Nazareth, c’est moi. « Or, Judas, qui le trahissait, était là avec eux. 6Lors donc que Jésus leur eut dit : « C’est moi, » ils reculèrent et tombèrent par terre. 7Il leur demanda encore une fois : « Qui cherchez-vous ? » Et ils dirent : « Jésus de Nazareth. » 8Jésus répondit : « Je vous l’ai dit, c’est moi ; si donc c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. » 9Il dit cela, afin que fût accomplie la parole qu’il avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que vous m’avez donnés. » 10Alors Simon-Pierre, qui avait une épée, la tira, et frappant le serviteur du grand prêtre, il lui coupa l’oreille droite : ce serviteur s’appelait Malchus. 11Mais Jésus

dit à Pierre : « Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je donc pas le calice[175] que mon Père m’a donné ? »

12Alors la cohorte, le tribun et les satellites des Juifs se saisirent de Jésus et le lièrent.

2. Chez Anne et Caïphe (13-27).

13Ils l’emmenèrent d’abord chez Anne parce qu’il était beau-père de Caïphe, lequel était grand-prêtre cette année-là. 14Or, Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs : « Il est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple. »

15Cependant Simon-Pierre suivait Jésus, avec un autre disciple. Ce disciple, étant connu du grand-prêtre, entra avec Jésus dans la cour du grand-prêtre,[176] 16mais Pierre était resté près de la porte, en dehors. L’autre disciple, qui était connu du grand-prêtre sortit donc, parla à la portière, et fit entrer Pierre.[177] 17Cette servante, qui gardait la porte, dit à Pierre : « N’es-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme ? » Il dit : « Je n’en suis point. » 18Les serviteurs et les satellites étaient rangés autour d’un brasier, parce qu’il faisait froid, et ils se chauffaient ; Pierre se tenait aussi avec eux, et se chauffait.

19Le grand-prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. 20Jésus lui répondit : « J’ai parlé ouvertement au monde ; j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. 21Pourquoi m’interroges-tu ? Demande à ceux qui m’ont entendu, ce que je leur ai dit ; eux, ils savent ce que j’ai enseigné. » 22À ces mots, un des satellites qui se trouvait là, donna un soufflet à Jésus, en disant : « Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre ? » 23Jésus lui répondit : « Si j’ai mal parlé, fais voir ce que j’ai dit de mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » 24Anne avait envoyé Jésus lié à Caïphe, le grand-prêtre.

25Or, Simon-Pierre était là, se chauffant. Ils lui dirent : « N’es-tu pas, toi aussi, de ses disciples ? » Il le nia et dit : « Je n’en suis point. » 26Un des serviteurs du grand-prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, lui dit : « Ne t’ai-je pas vu avec lui dans le jardin ? » 27Pierre nia de nouveau et aussitôt le coq chanta.

3. Chez Pilate (28 — xix, 16).

28Ils conduisirent Jésus de chez Caïphe au prétoire : c’était le matin. Mais ils n’entrèrent pas eux-mêmes dans le prétoire, pour ne pas se souiller et afin de pouvoir manger la Pâque.[178] 29Pilate sortit donc vers eux, et dit : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » 30Ils lui répondirent : « Si ce n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. » 31Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi. » Les Juifs lui répondirent : « Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort » : 32afin que s’accomplît la parole que Jésus avait dite, lorsqu’il avait indiqué de quelle mort il devait mourir.[179]

33Pilate étant donc rentré dans le prétoire, appela Jésus, et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » 34Jésus répondit : « Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? » 35Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif ? Ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu fait ? » 36Jésus répondit : « Mon royaume n’est pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs, mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas. » 37Pilate lui dit : « Tu es donc roi ? » Jésus répondit : « Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité : quiconque est de la vérité écoute ma voix. » 38Pilate lui dit : « Qu’est-ce que la vérité ? » Ayant dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit : « Pour moi, je ne trouve aucun crime en lui. 39Mais c’est la coutume qu’à la fête de Pâque je vous délivre quelqu’un. Voulez-vous que je vous délivre le roi des Juifs ? » 40Alors tous crièrent de nouveau : « Non pas lui, mais Barabbas. » Or, Barabbas était un brigand.

Alors Pilate prit Jésus et le fit flageller.[180] 2Et les soldats ayant tressé une couronne d’épines, la mirent sur sa tête, et le revêtirent d’un manteau de pourpre ; 3puis, s’approchant de lui, ils disaient : « Salut, roi des Juifs ! » et ils le souffletaient. 4Pilate sortit encore une fois et dit aux Juifs : « Voici que je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime. » 5Jésus sortit donc, portant la couronne d’épines et le manteau d’écarlate ; et Pilate leur dit : « Voici l’homme. » 6Lorsque les Princes des prêtres et les satellites le virent, ils s’écrièrent : « Crucifie-le ! crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; car, pour moi, je ne trouve aucun crime en lui. » 7Les Juifs lui répondirent : « Nous avons une loi, et, d’après notre loi,[181] il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. » 8Ayant entendu ces paroles, Pilate fut encore plus effrayé. 9Et rentrant dans le prétoire, il dit à Jésus : « D’où es-tu ? » Mais Jésus ne lui fit aucune réponse. 10Pilate lui dit : « C’est à moi que tu ne parles pas ? Ignores-tu que j’ai le pouvoir de te délivrer et le pouvoir de te crucifier ? » 11Jésus répondit : « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait pas été donné d’en haut. C’est pourquoi celui qui m’a livré à toi a un plus grand péché. »

12Dès ce moment,[182] Pilate cherchait à le délivrer. Mais les Juifs criaient disant : « Si tu le délivres, tu n’es point ami de César ; quiconque se fait roi, se déclare contre César. » 13Pilate, ayant entendu ces paroles, fit conduire Jésus dehors, et il s’assit sur son tribunal, au lieu appelé Lithostrotos, et en hébreu Gabbatha.[183] 14— C’était la Préparation[184] de la Pâque, et environ la sixième heure. — Pilate dit aux Juifs : « Voici votre roi. » 15Mais ils se mirent à crier : « Qu’il meure ! Qu’il meure ! Crucifie-le. » Pilate leur dit : « Crucifierai-je votre roi ? » les Princes des prêtres répondirent : « Nous n’avons de roi que César. » 16Alors il le leur livra pour être crucifié.[185]

4. Au Calvaire (17-37).

Et ils prirent Jésus et l’emmenèrent. 17Jésus, portant sa croix, arriva hors de la ville au lieu nommé Calvaire, en Hébreu Golgotha ; 18c’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. 19Pilate fit aussi une inscription, et la fit mettre au haut de la croix ; elle portait ces mots : « Jésus de Nazareth, le roi des Juifs. » 20Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, car le lieu où Jésus avait été crucifié était près de la ville, et l’inscription était en hébreu, en grec et en latin. 21Or, les princes des prêtres des Juifs dirent à Pilate : « Ne mets pas : Le roi des Juifs ; mais que lui-même a dit : Je suis le roi des Juifs. » 22Pilate répondit : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. »

23Les soldats, après avoir crucifié Jésus, prirent ses vêtements, et ils en firent quatre parts, une pour chacun d’eux. Ils prirent aussi sa tunique : c’était une tunique sans couture, d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas. 24Ils se dirent donc entre eux : « Ne la déchirons pas, mais tirons au sort[186] à qui elle sera » : afin que s’accomplît cette parole de l’Écriture : « Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort. » C’est ce que firent les soldats.

25Près de la croix[187] de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie-Madeleine. 26Jésus, ayant vu sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voilà votre fils. » 27Ensuite il dit au disciple : « Voilà votre mère. » Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui.

28Après cela, Jésus sachant que tout était maintenant consommé, afin que l’Écriture s’accomplît, dit : « J’ai soif. »[188] 29Il y avait là un vase plein de vinaigre ; les soldats en remplirent une éponge, et l’ayant fixée au bout d’une tige d’hysope, ils l’approchèrent de sa bouche.[189] 30Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : « Tout est consommé » ; et baissant la tête, il rendit l’esprit.

31Or, comme c’était la Préparation, de peur que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, — car le jour de ce sabbat était très solennel, — les Juifs demandèrent à Pilate qu’on rompît les jambes aux crucifiés et qu’on les détachât.[190] 32Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes du premier, puis de l’autre qui avait été crucifié avec lui. 33Mais quand ils vinrent à Jésus, le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; 34mais un des soldats lui transperça le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau.[191] 35Et celui qui l’a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai ; et il sait qu’il dit vrai, afin que vous aussi, vous croyiez. 36Car ces choses sont arrivées afin que l’Écriture fut accomplie : « Aucun de ses os ne sera rompu. »[192] 37Et il est encore écrit ailleurs : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. »[193]

5. La sépulture (38-42).

38Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate d’enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et prit le corps de Jésus.[194] 39Nicodème, qui était venu la première fois trouver Jésus de nuit, vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d’aloès, d’environ cent livres.[195] 40Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent dans des linges, avec les aromates, selon la manière d’ensevelir en usage chez les Juifs.[196] 41Or, au lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne n’avait encore été mis. 42C’est là, à cause de la Préparation des Juifs, qu’ils déposèrent Jésus, parce que le sépulcre était proche.[197]

SECTION 3 [XX.]

Gloire divine de Jésus manifestée dans sa Résurrection.


Apparition à Marie-Madeleine (xx, 1-18) ; aux Apôtres réunis dans le Cénacle (19-23) ; à S. Thomas et aux Apôtres (24-29). Épilogue de l’Évangile (30-31).

Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine se rendit au sépulcre, dès le matin, avant que les ténèbres fussent dissipées, et elle vit la pierre enlevée du sépulcre.[198] 2Elle courut donc, et vint trouver Simon-Pierre et l’autre disciple[199] que Jésus aimait, et leur dit : « Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où ils l’ont mis. » 3Pierre sortit avec l’autre disciple, et ils allèrent au sépulcre. 4Ils couraient tous deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre. 5Et s’étant penché, il vit les linceuls posés à terre ; mais il n’entra pas. 6Simon-Pierre qui le suivait, arriva à son tour et entra dans le sépulcre ; il vit les linges posés à terre, 7et le suaire qui couvrait la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé dans un autre endroit. 8Alors l’autre disciple qui était arrivé le premier au sépulcre, entra aussi ; et il vit, et il crut : 9car ils ne comprenaient pas encore l’Ecriture,[200] d’après laquelle il devait ressusciter d’entre les morts. 10Les disciples s’en retournèrent donc chez eux.

11Cependant Marie se tenait près du sépulcre, en dehors, versant des larmes ; et en pleurant elle se pencha vers le sépulcre ; 12et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été mis le corps de Jésus, l’un à la tête, l’autre aux pieds. 13Et ceux-ci lui dirent : « Femme, pourquoi pleurez-vous ? » Elle leur dit : « Parce qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis. » 14Ayant dit ces mots, elle se retourna et vit Jésus debout ; et elle ne savait pas que c’était Jésus. 15Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleurez-vous ? Qui cherchez-vous ? » Elle, pensant que c’était le jardinier, lui dit : « Seigneur, si c’est vous qui l’avez emporté, dites-moi où vous l’avez mis, et j’irai le prendre. » 16Jésus lui dit : « Marie ! » Elle se retourna et lui dit en hébreu : « Rabboni ! » c’est à dire Maître. 17Jésus lui dit : « Ne me touchez point, car je ne suis pas encore remonté vers mon Père. Mais allez à mes frères, et dites-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »[201] 18Marie-Madeleine alla annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses.

19Le soir de ce même jour, le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, parce qu’ils craignaient les Juifs, Jésus vint, et se présentant au milieu d’eux, il leur dit : « Paix avec vous ! »[202] 20Ayant ainsi parlé, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. 21Il leur dit une seconde fois : « Paix avec vous ! » Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » 22Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit-Saint.[203] 23Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »

24Mais Thomas, l’un des douze, celui qu’on appelle Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. 25Les autres disciples lui dirent donc : « Nous avons vu le Seigneur. » Mais il leur dit : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous, et ma main dans son côté, je ne croirai point. »

26Huit jours après, les disciples étant encore dans le même lieu, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées, et se tenant au milieu d’eux, il leur dit : « Paix avec vous ! » 27Puis il dit à Thomas : « Mets ici ton doigt, et regarde mes mains ; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant. »[204] 28Thomas lui répondit : « Mon Seigneur, et mon Dieu ! » 29Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, [Thomas], tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. »

30Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles qui ne sont pas écrits dans ce livre.[205] 31Mais ceux-ci ont été écrits, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom.[206]

APPENDICE.

[XXI]


Apparition de Jésus près du lac de Tibériade : la pêche miraculeuse (1-14). La primauté conférée à S. Pierre (15-17). Comment s’achèvera l’apostolat de S. Pierre et de S. Jean (18-23). Conclusion définitive de l’Évangile (24-25).

Après cela, Jésus se montra de nouveau à ses disciples sur les bords de la mer de Tibériade : et il se montra ainsi :[207] 2Simon-Pierre, Thomas[208] appelé Didyme, Nathanaël, qui était de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres de ses disciples, étaient ensemble. 3Simon-Pierre leur dit : « Je vais pêcher. » Ils lui dirent : « Nous y allons nous aussi avec toi. » Ils sortirent donc et montèrent dans la barque ; mais ils ne prirent rien cette nuit-là.[209] 4Le matin venu, Jésus se trouva sur le rivage ; mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus.[210] 5Et Jésus leur dit : « Enfants, n’avez-vous rien à manger ? » — Non, répondirent-ils. 6Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils le jetèrent ; et ils ne pouvaient plus le tirer à cause de la grande quantité de poissons. 7Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Simon-Pierre, ayant entendu que c’était le Seigneur, mit son vêtement et sa ceinture, car il était nu, et se jeta dans la mer. 8Les autres disciples vinrent avec la barque (car ils n’étaient éloignés de la terre que d’environ deux cents coudées), en tirant le filet plein de poissons. 9Quand ils furent descendus à terre, ils virent là des charbons allumés, du poisson mis dessus, et du pain. 10Jésus leur dit : « Apportez de ces poissons que vous venez de prendre. » 11Simon-Pierre monta dans la barque, et tira à terre le filet qui était plein de cent cinquante-trois grands poissons ; et quoiqu’il y en eût un si grand nombre, le filet ne se rompit point. 12Jésus leur dit : « Venez et mangez. » Et aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui êtes-vous ? » parce qu’ils savaient que c’était le Seigneur. 13Jésus s’approcha, et prenant le pain, il leur en donna ; il fit de même du poisson. 14C’était déjà la troisième fois[211] que Jésus apparaissait à ses disciples, depuis qu’il était ressuscité des morts.

15Lorsqu’ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répondit : « Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. » Jésus lui dit : « Pais mes agneaux. »[212] 16Il lui dit une seconde fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre lui répondit : « Oui, Seigneur, vous savez bien que je vous aime. » Jésus lui dit : « Pais mes agneaux. » 17Il lui dit pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut contristé de ce que Jésus lui demandait pour la troisième fois : « M’aimes-tu ? » et il lui répondit : « Seigneur, vous connaissez toutes choses, vous savez bien que je vous aime. » Jésus lui dit : « Pais mes brebis.

18En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas. »[213] 19— Il dit cela, indiquant par quelle mort Pierre devait glorifier Dieu. — Et après avoir ainsi parlé, il ajouta : « Suis-moi. »

20Pierre, s’étant retourné, vit venir derrière lui, le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant la cène, s’était penché sur son sein, et lui avait dit : « Seigneur, qui est celui qui vous trahit ? » 21Pierre donc, l’ayant vu, dit à Jésus : « Seigneur, et celui-ci que deviendra-t-il ? » 22Jésus lui dit : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. »[214] 23Le bruit courut donc parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Pourtant Jésus ne lui avait pas dit qu’il ne mourrait pas ; mais : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? »

24C’est ce même disciple qui rend témoignage de ces choses et qui les a écrites ; et nous savons que son témoignage est vrai.[215]

25Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses ; si on les rapportait en détail, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qu’il faudrait écrire.

  1. I, 1. Les versets 1-18 servent de prologue ou d’introduction au quatrième Évangile. — Ce prologue n’est pas en vers, mais il est composé d’après un certain rythme dans la coupure et l’agencement des membres de phrases, qui sera rendu plus sensible par la disposition typographique.
    Au commencement (Ἐν ἀρχῇ). Cf. Gen. i, 1.
    En Dieu, plus littéralement, vers Dieu, en grec : πρὸς τὸν θεόν, construction qui paraît exprimer l’activité ad intra et les relations personnelles du Verbe.
  2. 3. Les interprètes alexandrins, et plusieurs Pères Latins, entre autres S. Augustin et S Hilaire, mettaient un point après nihil, et traduisaient ainsi : Sans lui rien n’a été fait. Ce qui a été fait en lui (le Verbe), était vie. Quelques-uns traduisent ainsi cette dernière phrase (Quant à) ce qui a été fait en cela était la vie, c.‑à-d. la vie a paru dans le monde. Ici d’après les uns la vie sous toutes ses formes, selon d’autres et mieux la vie surnaturelle, puisqu’elle est identifiée à la lumière, à la vérité révélée (S. Augustin, Bossuet, Elevat. xii)
  3. 5. Le verbe peut se rendre : ne l’ont point saisie, c.‑à-d. arrêtée, étouffée ; cf xii, 35.
  4. 9. Vraie ici n’est pas opposée à fausse ; le mot grec (ἀληθινὸν) signifie originelle, absolue, essentielle, non empruntée à une autre, par opposition à la lumière empruntée. — En rapportant à la rigueur, ἐρχόμενον à ἄνθρωπον. On aurait comme la Vulgate : Il était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde.
  5. 12. (Rom. viii, 29 ; I Jean, iii, 1).
  6. 13. Au lieu de οἳ… ἐγεννήθησαν, qui... nati sunt, leçon de tous nos mss. grecs. Tertullien, S. Irénée ont lu le singulier ος… ἐγεννήθη, qui… natus est. Avec cette leçon le sens serait : à ceux qui croient au nom de celui qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu est né. Il ne s’agirait pas de la naissance spirituelle des chrétiens, mais de l’origine céleste du Verbe incarné.
  7. 14. Sa gloire litt. une gloire, une majesté telle que doit la posséder le vrai, l’unique Fils de Dieu.
  8. 15. Vient. Vulg. doit venir.
  9. 16. L’Évangéliste reprend la parole. Et, ou car, suivant une autre leçon. — Et, savoir. — Grâce sur grâce, c’est-à-dire une grande abondance de grâces. D’autres, grâce pour grâce : la grâce de la loi nouvelle à la place (ou à la suite) de celle de la loi ancienne.
  10. 16-17. Sur les mutuelles relations de la Loi et de la Grâce, voy. Rom. iii, 20 ; vii et viii ; Gal. iii, 19 ; iv, 1-19 ; II Cor. iii, 6 ; Hébr. ix, 26-28.
  11. 18. Malgré un certain nombre de mss. et de Pères qui ont : ὁ ⸂μονογενὴς θεὸς⸃, unigenitus Deus, il est préférable de garder la leçon plus commune ; ὁ ⸂μονογενὴς υἱὸς⸃, unigenitus Filius, qui du reste s’adapte mieux.
  12. 23. Is. xl, 3.
  13. 27. Telle est la leçon des meilleurs manuscrits grecs. D’autres manuscrits et la Vulgate ajoutent quelques mots : C’est lui qui doit venir après moi, qui a été fait plus grand que moi, et te ne suis, etc.
  14. 28. Au lieu de Béthanie on lit dans plusieurs manuscrits grecs Béthabara.
  15. 29. Allusion à la prophétie d’Isaïe (liii. 7), qui représente sous ces traits le serviteur de Dieu, le Messie.
  16. 33. L’Évangéliste suppose connu ce qui est dit dans Marc, i, 10 ; Luc, iii, 22.
  17. 38. Le texte reçu et plusieurs éditions partagent en deux le vers 38 : ce qui porte le nombre des versets du chapitre à 52 au lieu de 51.
  18. 39. La dixième heure. 4 heures après midi.
  19. 42. Matth. xvi, 17. Céphas, mot syriaque (Kéfâ) qui signifie pierre ou rocher.
  20. 45. Nathanaël est un nom propre qui signifie don de Dieu. La plupart des commentateur identifient Nathanaël et l’apôtre S. Barthélémy. — Barthélémy (en araméen : fils de Tholmaï) serait le nom patronymique de Nathanaël. — Dans la Loi, Gen. xlix, 10 ; Deut. xviii, 15-18.
  21. 51. Cf Gen. xxviii, 12.
  22. II. 2. Avec ses disciples, nommés à la fin du ch. 1 ; Nathanaël était de Cana (xxi, 2).
  23. 4. Τί ἐμοὶ καὶ σοί traduction d’une locution hébraïque très usitée, Mà li vâlâk, mot à mot : quelle chose à moi et à toi ? Le sens n’en est pas : qu’y a-t-il entre moi et toi, dans le sens de : qu’y a-t-il entre nous deux, en d’autres termes, Qu’y a-t-il de commun entre moi et toi, mais bien : qu’y a-t-il et pour moi et pour toi relativement à telle chose ou qu’est-ce que cela nous retarde ? C’est l’équivalent de laisser faire avec les nuances en bonne ou mauvaise part, c’est-à-dire soyez tranquille ou laisser-moi tranquille. S. Luc, iv, 34, en donne l’équivalent grec : ⸀Ἔα, laisses. Quant au mot femme, dont Jésus se sert en parlant à Marie, on sait que les Grecs et les Orientaux l’employaient envers les personnes les plus honorables, et qu’il pouvait être chez eux l’expression du respect joint à la tendresse.
  24. 9. Le maître ou l’ordonnateur du festin remplissait les fonctions du tricliniarcha des Romains.
  25. 14. Dans le temple, le parvis des Gentils. — Les changeurs, qui fournissaient à chacun, à la place de la monnaie païenne, le demi sicle d’argent juif (un franc cinquante) qu’il devait offrir « pour prix de son âme » (Exod. xxx, 11).
  26. 17. Ps. lxix (héb). Comp. Matth. xxi, 12 ; Marc, xi, 15 ; Luc, xix, 45.
  27. 20. Selon Josèphe (Ant. xv, 11, 1) Hérode le Grand commença la reconstruction du temple la dix huitième année de son règne.
  28. 22. À l’Écriture, où la résurrection de J.-C. est annoncée, par ex. Ps. xvi (héb.) 10 ; Ps. xxi ; Is. liii, etc. Comp. Luc, xxiv, 26.
  29. III. 1. Un des principaux, un des membres du Sanhédrin, d’après vi, 45, 50.
  30. 5. Ce passage est l’un de ceux dont l’Église nous a donné l’interprétation authentique (Conc. de Trente, Sess. vii, de Bapt. can. 2). Il doit être entendu de la régénération dans le baptême dont il affirme la nécessité.
  31. 14-15. Nombr. xxi, 9.
  32. 15. Les mots ne périsse point manquent dans plusieurs excellents manuscrits grecs.
  33. 17. Vulg. avec une leçon gr. son Fils. — Juger dans le sens de condamner.
  34. 22. Le pays de Judée désigne les environs de Jérusalem, et surtout la contrée montagneuse qui s’étend au midi et à l’est.
  35. 25. La plupart des manuscrits ont Ἰουδαίου, un juif : mais avec le Sinaïticus les trois plus anciennes versions s’accordent en faveur de Ἰουδαίων, des juifs, qui irait mieux que Ἰουδαίου seul sans τινὸς. — Purification, c’est-à-dire le baptême.
  36. 35. Voy I Cor. xv, 26-28 ; Hébr. i, 2 ; ii, 8.
  37. IV, 5. Sichar, village à 2 ou 3 kilomètres de Sichem ou Naplouse.
  38. 6. Tout simplement (litt ainsi, de la sorte), sans façon : d’autres : fatigué comme il l’était. — La sixième heure, midi.
  39. 13. Is. xlix, 10 ; li, 1.
  40. 20. Nos pères. les Samaritains du temps de Néhémie qui ont bâti un temple sur le mont Garizim.
  41. 27. Arrivèrent de Sichar avec des vivres (vers. 8).
  42. 35. C’était quatre mois avant la moisson. Or la moisson s’ouvrant en Palestine vers la mi- avril. Il en résulte que l’entretien de Jésus avec la Samaritaine eut lieu vers le mois de décembre. — Les champs, etc., métaphore pour désigner les Samaritains qui accouraient en foule à Jésus.
  43. 44. S. Jean fait observer que Jésus avait commencé son ministère, non immédiatement par la Galilée, sa patrie, mais par Jérusalem et la Judée pendant près d’une année.
  44. 45. La fête par excellence, celle de Pâque. Voy. ii, 23 : iii, 2) ou même celle des Tabernacles.
  45. 46. Un officier, civil ou militaire, du roi Hérode Antipas.
  46. 52. La septième heure, une heure après midi.
  47. V, 1. Dans les manuscrits et les versions, se trouve deux leçons : la fête, ⸀ἦ ἑορτὴ, et une fête, ἑορτὴ, sans article. Avec l’article ce serait la fête par excellence, la Pâque : c’était le sentiment de S. Irénée. Avec ou sans l’article, on pourrait y voir la fête des Tabernacles. D’autres fêtes ont été proposées, comme la fête de Purim, qui ne vont pas au contexte.
  48. 2. Bethesda. La Vulg. dit : Bethsaida : les manuscrits grecs ont, les uns Bethsaida, d’autres Bethzatha, d’autres Béthesda. Ce dernier nom s’explique mieux. Il signifie « maison ou lieu de miséricorde. » — On lit dans la Vulgate : Or à Jérusalem est la piscine Probatique (des Brebis), qui est appelée Bethsaïde et a cinq portiques.
  49. 4. Le v. 4. est omis dans le Sinaïticus et le Vaticanus et aussi dans C, D, A, dans plusieurs versions (syriaque de Cureton, Copte) et qq. mss. de la Vulgate. Il se trouve dans l’Alexandrinus et la plupart des mss. onciaux, dans les versions syriaques (Peschito et Philoxénienne) et la plupart des mss. de la Vulgate. Il était lu par S. Cyrille d’Alex., S. Chrysost., Tertullien., etc.
  50. 27. Parce qu’il est le Fils de l’Homme, c’est-à-dire le Messie (voy. Dan. vii, 13-14), il a reçu le pouvoir de juger, prérogative du Messie, comme l’avaient déclaré les Prophètes (voy. Ps. lxxii (héb.) 2 ; Is. xi, 4 ; lxiii, 3, 6).
  51. 32. Un autre : mon Père ; comp. vers. 27 ; vii, 28 ; viii, 26.
  52. 33. Comp. i, 19.
  53. 34. Je vous dis cela, je vous rappelle le témoignage de Jean-Baptiste.
  54. 46. Deut. xviii, 15-19.
  55. VI, 1. Matth. xiv, 13 ; Marc, vi, 32 ; Luc, ix, 10.
  56. 4. La troisième Pâque (voy. ii, 13 ; v, 1).
  57. 7. Deux cents deniers, environ 150 francs, le denier valant 78 centimes.
  58. 14. Allusion au Deut. xviii, 15-18.
  59. 16. Matth. xiv, 22 ; Marc, vi, 45.
  60. 24. La foule des 5.000 hommes s’était dispersée. Matth. xiv, 22 ; Marc, vi, 45. Une partie cependant de la foule, celle qui était encore le lendemain demeurée près de Bethsaïde, Jean, vi, 22, passa sur des barques à Capharnaüm.
  61. 25. πέραν τῆς θαλάσσης n’a jamais signifié précisément sur le bord de la mer comme le prétendent quelques critiques qui voient ainsi une contradiction entre le vers. 25 et le vers. 59. Cette locution veut seulement dire : au delà, de l’autre côté de la mer, ici le côté occidental du lac où était située Capharnaüm.
  62. 27. Mot à mot, travaillez la nourriture, hébraïsme, cf. Prov. xxi, 6 etc., travaillez pour acquérir la nourriture. — D’un sceau. « C’est celui que Dieu le Père a accrédité auprès de vous, en imprimant sur lui son sceau et son caractère, en confirmant sa doctrine et sa mission par tant de miracles. » Bossuet.
  63. 44-45. Is. liv, 12, 13.
  64. 51. La seconde partie du vers. 51 en grec forme dans la Vulgate le vers. 52, en sorte que cette version a, dans ce chapitre, un verset de plus que le texte grec.
  65. 55. Vraiment, non en figure.
  66. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie : Mes paroles visent quelque chose de spirituel et de vivant, c’est-à-dire ma chair toute pénétrée et animée par l’esprit, la vie divine. Ou bien : mes paroles sont vraiment efficaces, elles procurent la vie éternelle.
  67. 62. Quand vous verrez le Fils de l’homme monter… au ciel avec son corps glorieux (Luc, xxiv, 51 ; Marc, xvi, 19). Cette proposition est à la fois interrogative et elliptique. Vous vous scandalisez de la nécessité de manger la chair d’un homme qui est là devant vous. Cette pensée vous paraîtra plus inacceptable encore lorsque vous verrez ce même homme remonter au ciel d’où il était descendu et sa chair ainsi disparaître à vos regards. Mais en même temps vous devez comprendre que le manger et le boire sont ici d’une nature particulière, non de la façon grossière que vous imaginez. Aussi ajoute-t-il en manière de proverbe, l’esprit seul donne la vie ; quand à la chair en elle-même, à la substance matérielle, elle est impuissante à la communiquer. Il s’agit donc d’une chair vivante.
    Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie : Mes paroles visent quelque chose de spirituel et de vivant, c’est-à-dire ma chair toute pénétrée et animée par l’esprit, la vie divine. Ou bien : mes paroles sont vraiment efficaces, elles procurent la vie éternelle.
  68. 69. Le Saint de Dieu, le Messie, celui qui a été sanctifié, consacré entre tous pour établir dans les âmes le royaume de Dieu (comp. x, 36 ; Marc, i, 24 ; Luc, iv, 34). Vulgate et plusieurs manuscrits grecs : le Christ, Fils de Dieu. Comp. Matth. xvi, 16.
  69. 71. Vulg. d’après une autre leçon grecque : Judas l’Iscariote.
  70. VII, 2. S. Jean, se contentant d’une allusion aux courses apostoliques que fit alors N.-S. aux environs de la Galilée, dans le nord de la Palestine (Matth. xv-xviii), nous transporte à la fête des Tabernacles, qui se célébrait chaque année du 15 au 22 du mois appelé Tischri (septembre-octobre) ; le premier et le dernier jours étaient très solennels.
  71. 5. Ils doutaient encore qu’il fût le Messie, ce Messie puissant et glorieux qui, dans leur opinion, comme dans celle de la plupart de leurs contemporains, devait relever avec plus d’éclat le trône de David et de Salomon. Puisqu’il semble, cependant, prétendre à cette dignité, qu’il se hâte de quitter la Galilée, de sortir de la solitude où il se complaît, pour se rendre dans la capitale de la nation, et là, qu’il inaugure sa royauté avec éclat.
  72. 6. Mon temps, le temps de me montrer au monde, à Jérusalem. — Votre temps est toujours prêt, c.‑à-d. tous les temps vous sont bons, vous pouvez aller à Jérusalem quand vous le voulez.
  73. 8. Je n’y vais point avec vous, avec la foule pour me montrer avec éclat comme vous le désirez.
  74. 14. Jésus monta au temple, εἰς τὸ ἱερὸν, il s’agit ici des galeries sacrées.
  75. 21. Allusion à la guérison d’un paralytique le jour du sabbat (v. 2 sv.).
  76. 37. Il s’agit du huitième jour, qui clôturait la fête. Voy. Lév. xxiii, 36 sv.
  77. 38. Plusieurs prophètes ont annoncé l’effusion des dons de l’Esprit-Saint dans les âmes à l’époque du Messie : p. ex. Is. xliv, 3 ; Joël, ii, 28 ; Ezéch. xxxvi, 25, etc.
  78. 39. Ce qui eut lieu à la 1re Pentecôte et depuis : le don de l’Esprit-Saint, son effusion dans les âmes par les charismes, devait être le fruit de la victoire et de la glorification de l’Homme-Dieu.
  79. 40. Le Prophète : voy. i, 21.
  80. 46. Voyez Marc, i, 22 ; Luc, iv, 22, 32.
  81. 50. Voy. iii, 2 sv. ; xix, 39.
  82. 52. Les Écritures. Ce mot qu’on lit dans la Vulgate ne se trouve pas dans le grec : cependant il est bien dans le sens.
  83. VIII, 1. Sur l’authenticité des vers. vii, 52 et viii, 1-11, voir P. Martin, Introduction à la critique textuelle du Nouveau Testament, t. IV, p. 192-516, et les Introductions au N. T.
  84. 5. Lév. xx, 10 ; Deut. xxii, 22 sv.
  85. 9. Se sentant, etc., addition de quelques manuscrits grecs.
  86. 17. Il est écrit : citation de Deut. xix, 15 d’après le sens.
  87. 20. D’après Marc, xii, 41 et Josèphe (Guerre des Juifs, V, iii, 5), le Trésor, ou Gazophylacium, se trouvait dans le parvis des femmes.
  88. 25. Ce passage, très difficile, a été interprété bien diversement. Voici le texte grec : Τὴν ἀρχὴν ⸂ὅ τι⸃ καὶ λαλῶ ὑμῖν. La Vulgate a traduit : Principium qui et loquor vobis. Moi qui vous parle, je suis le Principe, l’auteur de toutes choses. Traduction qui ne peut se justifier grammaticalement et ne va pas très bien au contexte. Je suis en principe, c’est-à-dire par essence, tout à fait, absolument ce que je vous déclare. C’est-à-dire je ne suis ni plus ni moins, tout à fait, ce que je vous dis. Ecoutez bien tout ce que je vous dis et vous saurez qui je suis. Je suis, en toute vérité, ce qu’exprime mon langage.
  89. 26. (viii, 28, 40 ; xii, 50 ; xiv, 24 etc.).
  90. 27. Vulgate, qu’il parlait de Dieu son Père.
  91. 28. Comp. iii, 14 et Luc, xxii, 48 ; Act. ii, 39. Que je suis, m. à m. que c’est moi. Deut. xxxii, 39.
  92. 38. Vous avez vu ; d’autres manuscrits lisent, vous avez appris de votre père, du démon.
  93. 41. Enfants de fornication. Parlant de Dieu comme leur père, il s’agit ici de filiation spirituelle. Ils sont nés dans les conditions théocratiques normales ; ils n’ont point de sang idolâtrique.
  94. 44. Sag. ii, 24.
  95. 54. Comp. v, 31.
  96. 56. À tressailli de joie… le jour où il a reçu la promesse que de sa race sortirait le Messie. Voy. Gen. xii, 2-3 ; xviii, 18 ; xxii, 16-18. — Mon jour, le jour de ma venue sur la terre. — Il l’a vu, durant sa vie terrestre, par la foi et la révélation ; et selon d’autres il l’a vu surtout dans les limbes, dans le séjour des âmes, où avec les pieux personnages de l’Ancien Testament, il assiste à la réalisation des promesses divines.
  97. 58. Fût… je suis : en grec il y a deux verbes différents : l’un γενέσθαι, se dit des êtres qui arrivent à l’existence dans le temps ; l’autre, εἰμί, n’indiquant aucun commencement, convient à l’existence éternelle et immuable.
  98. 59. Le texte reçu ajoute ici : Passant au milieu d’eux, et il s’en alla ainsi. Ces mots, absents des meilleurs manuscrits, proviennent d’une combinaison du commencement du chapitre suivant avec S. Luc, iv. 30.
  99. IX, 2. Comp. Exod. xx, 5 ; Luc, xiii, 1 sv. ; Jean, v, 14 et Deut. v, 9 ; II Sam. xii, 14 sv.
  100. 4. Bien que la leçon des plus anciens manuscrits porte nous fassions, celle du pronom singulier, je fasse est suffisamment appuyée et répond seule avec la suite : qui m’a envoyé.
  101. 7. Remarquez l’analogie et le symbolisme qui existe entre le nom de Siloé (en hébr. schiloâch, c’est-à-dire envoyé), et le caractère d’envoyé par excellence qu’a Jésus-Christ.
  102. 21. Il parlera. Vulg., qu’il parle.
  103. 27. Vulg. Et tous l’avez entendu.
  104. 28. C’est toi qui es… Vulg. sois son disciple, toi.
  105. 35. Au Fils de l’homme, d’après les meilleurs manuscrits, c’est-à-dire au Messie. D’autres manuscrits de la Vulgate : au Fils de Dieu.
  106. X, 5. Suivront… fuiront. Selon d’autres manuscrits, suivraient, etc. Vulg. suivent… fuient.
  107. 6. Allégorie : παροιμίαν similitude, discours allégorique. L’idée de comparaison n’est pas aussi bien marquée dans ce terme que dans celui de παρομία, parabole.
  108. 11. Les Prophètes avaient souvent décrit le Messie sous les traits d’un pasteur plein de bonté (voy. Is. xl, 11 ; Jér. xxiii, 4 ; Ezéch. xxxiv, 23 ; xxxvii, 24 ; Zach. xiii, 17). Souvent aussi ils avaient appelé le peuple de Dieu troupeau du Seigneur, brebis de son pâturage. (Ps. lxxix h. 13 ; c, 3 h. ; Ezéch. xxxiv, 3 sv. ; Mich. vii, 14 ; Zach. x, 3).
  109. 16. J’ai encore d’autres brebis, les Gentils. — Il n’y aura plus après ma mort, qu’une bergerie : le mur de séparation entre le judaïsme et le paganisme sera renversé (Eph. ii, 14 sv. ; Col. ii, 15).
  110. 22. Cette fête se célébrait le 25 du neuvième mois, appelé Casleu (milieu de décembre). (I Mach. iv, 52-59 ; ii, 1, 18 ; x, 5-8.)
  111. 26. Après de mes brebis, plusieurs manuscrits ajoutent, comme je vous l’ai dit.
  112. 29. La Vulgate et quelques manuscrits grecs : Ce que mon Père m’a donné est plus grand que toutes choses.
  113. 31. De nouveau. Voyez viii, 59. — Le lapider comme blasphémateur. Les Juifs comprenaient donc que Jésus, par ces paroles, s’attribuait la nature divine.
  114. 34. Ps. lxxxii (héb.).
  115. 36. Sanctifié doit s’entendre ici de la consécration à la dignité messianique, d’où le nom de Saint de Dieu donné à Jésus-Christ (Marc, i, 24 ; Luc, iv, 34 ; Jean, vi, 69). N.-S. argumente du moins au plus, et se hâte d’ajouter (vers. 38) qu’il est d’ailleurs le Fils de Dieu dans le sens propre du mot, c.‑à-d. un avec le Père en substance et en nature.
  116. 38. Reconnaissiez, Vulg. et une autre leçon gr. : croyiez.
  117. XI. 16. Didyme, Δίδυμος, c.‑à-d. jumeau, est la traduction du mot hébreu Thôma.
  118. 20. S. Jean nous montre les deux sœurs telles que les dépeint S. Luc (x, 38 sv.).
  119. 27. Vulgate, le Fils du Dieu vivant, qui êtes venu en ce monde.
  120. 33. Le verbe grec ἐνεβριμήσατο n’est employé que cinq fois dans le Nouveau Testament (Jean, xi, 33, 38 ; Matth. ix, 30 ; Marc, i, 43 ; xiv, 5) et exprime toujours l’indignation. Quel est ce mouvement d’indignation ? Jésus voit que ce miracle va pousser à bout ses ennemis. De ce miracle même si éclatant ils tireront contre lui un motif de condamnation. Une partie de ceux-là même dont les pleurs le pressent d’agir, seront parmi ceux qui lui feront payer de sa vie le crime d’avoir ainsi manifestement prouvé sa mission.
  121. 38. Une pierre était posée dessus, ou, y était posée, savoir, à l’entrée.
  122. 54. Il y séjourna, jusqu’à la fête de Pâque. Ephrem était situé à 4 ou 5 lieues au nord de Jérusalem, entre Béthel et le mont de la Quarantaine, dans le désert de Juda.
  123. XII. 1. Matth. xxvi, 6 ; Marc, xiv, 3. Le sixième jour avant la Pâque, dépend évidemment de la date de la Pâque. D’après S. Jean, le jour où l’on mangeait la Pâque était cette année-là le vendredi soir. Le repas de Béthanie aurait donc eu lieu le samedi soir.
  124. 2. Dans la maison de Simon le lépreux, au témoignage de S. Matthieu (xxvi, 6).
  125. 5. Trois cents deniers, environ 235 francs, le denier valant 0, 78 centimes.
  126. 7. La Vulgate, comme les manuscrits Sinaïticus, Vaticanus, lisait ⸀ἵνα ... ⸀τηρήσῃ, leçon fort obscure. D’autres manuscrits et les vers. Syr. peschito et sinaïtique ont τετήρηαεν, leçon plus simple, plus conforme au sens des Synoptiques : Laisse-la, elle a conservé ce parfum pour ma sépulture, c’est-à-dire, elle a aujourd’hui embaumé mon corps par anticipation. Jésus montre donc dans l’acte de Marie un but, une utilité, qui manquait aux yeux de l’avare Judas.
  127. 8. Aurez ; litt. avez.
  128. 12. Matth. xxi, 7 ; Marc, xi, 7 ; Luc, xix, 35.
  129. 15. Citation libre de Zach. ix, 9. — Ton Roi, le Messie promis.
  130. 20. ⸂Ἕλληνές, des Gentils, probablement des prosélytes de la porte, puisqu’ils sont venus pour s’associer à la fête de Pâque.
  131. 27. Délivrez-moi de cette heure, du temps de ma passion et de ma mort. Mais non, répond-il en se parlant à lui-même, c’est pour cela, c’est-à-dire pour souffrir et mourir, etc.
    L’analogie de ce passage avec l’agonie de N.-S. au jardin des Oliviers racontée par les Synoptiques est évidente. On voit combien est peu fondée l’assertion des critiques prétendant que le Christ de S. Jean est impassible.
  132. 28. Et une voix vint : deux fois déjà Dieu le Père avait solennellement rendu témoignage à son Fils : à l’heure de son baptême (Matth. iii. 17 sv.), et au jour de la Transfiguration (Matth. xvii, 5 sv.), c’est-à-dire au commencement et au milieu de sa vie publique. Au moment de sa Passion, alors que son ministère public va prendre fin, son Père le glorifie une troisième fois.
  133. 34. La Loi, ici comme x, 34, désigne tout l’Ancien Testament. Cf. Ps. cx (héb.), 4 ; Dan. vii, 13.
  134. 36. Se déroba à leurs yeux : comp. Matth. xxi, 17.
  135. 38. Is. liii, 1.
  136. 40. Is. vi, 9, 10. Cf. Rom. ix-xi.
  137. 41. Lorsque. D’autres manuscrits, au lieu de ὅτε, lisent ὅτι, parce que.
  138. XIII, 1. Matth. xxvi, 2 ; Marc, xiv, 1 ; Luc, xxii, 1. Ce n’est pas le lieu de rapporter les nombreux essais de conciliation entre la chronologie de S. Jean pour la Passion, et celle qui paraît résulter de la lecture des Synoptiques. Voir Vigouroux, Dict. de la Bible, Cène. Pour S. Jean la Pâque juive, le 15 Nisan, était certainement cette année là le samedi. Immolé dans les dernières heures du 14, l’agneau pascal était mangé aux premières heures du 15, à la façon juive de compter, c’est-à-dire dans la nuit du vendredi à samedi. La Cène eut lieu le jeudi au soir, donc aux premières heures du 14 Nisan à la façon juive.
    L’impression qui se dégage du récit de la passion dans les Synoptiques c’est que le vendredi, jour du jugement et de la condamnation, était un jour ouvrier, et non pas le premier jour de la Pâque, ou 15 Nisan. En cela ils s’accordent avec S. Jean. La difficulté des Synoptiques est qu’ils paraissent, Matth xxvi, 17-20 ; Marc, xiv, 12 ; Luc, xxii, 7, fixer au jeudi le 14 Nisan et par conséquent identifier le 15 ou jour de la Pâque avec le vendredi. Il en est ainsi, en effet, si l’on place au jeudi matin la question des Apôtres. Mais si on la suppose faite seulement le jeudi soir, vers les 6 heures elle coïncidera non plus avec le 13 Nisan, mais avec le commencement ou premier soir du 14 Nisan. Du jeudi vers 6 heures du soir, au vendredi à 6 heures, c’est bien le 14 Nisan, le premier jour des Azymes, le jour où on immole la Pâque. La chronologie de la Cène et de la Passion sera alors identique en S. Jean et dans les Synoptiques. Il ne restera plus qu’à déterminer si alors Jésus a célébré le vrai repas pascal, en anticipant parce que le temps pressait, ou bien s’il a simplement fait un dernier repas dans lequel il aurait institué la nouvelle Pâque sans renouveler l’ancienne.
    Jusqu’à la fin. Il leur donne alors un dernier témoignage de son amour en leur lavant les pieds.
  139. 2. Pendant le souper (gr. γινομένου), tandis que se faisait la cène pascale (Matth. xxvi, 20 sv. ; Marc, xiv, 17 sv. ; Luc, xxii, 14 sv.). La Vulgate a sans doute lu γεκομένου, après le souper. Mais cette leçon est moins autorisée ; en outre, il est peu naturel de placer le lavement des pieds après le repas, lequel d’ailleurs n’était certainement pas achevé (vers. 12-26).
  140. 7. Ce que je fais, la raison ou la signification morale de ce que je veux faire.
  141. 14. Vous laver les pieds, vous rendre les services les plus humbles.
  142. 18. Citation du Ps. xli (héb.), 10, où David figure le Messie, et Achitophel, le traître Judas.
  143. 21. Fut troublé, ressentit une vive émotion, à cause du crime de Judas.
  144. 31. Quelques mss. retranchent οὖν, donc ; aussi quelques commentateurs unissent ὅτι ἐξῆλθεν à la proposition précédente. Il était nuit, quand il sortit. Mais il est préférable avec les meilleurs mss., et pour le sens, de lire οὖν. Cette particule rattache à l’éloignement de Judas le libre épanchement des sentiments du divin Maître.
  145. 34. Il vaut mieux rattacher les mots comme je vous ai aimés, à la proposition qui suit et non à celle qui précède. Sans cela la répétition du dernier membre de phrase ne s’explique pas. Jésus commence par dire : que vous vous aimiez les uns les autres, puis il ajoute cette précision sur le mode de cet amour : Je veux dire, que comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres.
  146. XIV, 2. La préposition ὅτι « que » ou « car » se trouve dans plusieurs bons manuscrits, dans la Vulgate et quelques autres versions. Avec plusieurs interprètes nous la traduisons par « car » et nous expliquons ainsi ce verset : il y a, dans le ciel, une demeure pour chacun de vous, sinon je vous l’aurais dit, mais rassurez-vous, car voici qu’au contraire je vais vous préparer une place. — D’autres exégètes s’appuyant sur des manuscrits qui n’ont pas la particule ὅτι, laissent de côté toute conjonction et traduisent : Je vais vous y préparer une place.
  147. 4. Là où je vais : la Vulg. ajoute, vous le savez.
  148. 7. Vous le connaissez, puisque je viens de vous dire clairement ce que je suis (vers. 6). — Vous l’avez vu en moi : comp. vers. 9.
  149. 9. Vulgate, et vous ne m’avez pas connu Philippe, celui qui me voit, etc. De bons manuscrits de la Vulgate lisent cognovisti… vidit.
  150. 10. Ne crois-tu pas ? Vulg. ne croyez-vous pas ?
  151. 11. Vulgate, ne croyez-vous pas que je suis, etc.
  152. 16. Consolateur, litt. Paraclet. Dans le Nouveau Testament le mot de Paraclet n’est employé que par S. Jean. Il signifie avocat, défenseur, aide, soutien, et par là même consolateur. — Remarquez le mot « autre » : N. S. est aussi Paraclet, Consolateur.
  153. 23. Sur cette habitation de la divinité, dans les âmes justes, voy. Rom. viii, 9 ; I Cor. iii, 16 ; Gal. iv, 6 ; II Tim. i, 14.
  154. 30. Comp. xii, 31.
  155. 31. Partons d’ici : N.-S. quitta t-il immédiatement le cénacle, et les discours suivants furent ils prononcés sur la route de Gethsémani ? Plusieurs interprètes en doutent à cause de xviii, 1, où l’on trouve ces mots : « Lorsqu’il eut dit ces choses (c.‑à-d. lorsqu’il eut achevé son discours après la Cène et sa prière sacerdotale), Jésus alla avec ses disciples de l’autre côté du torrent de Cédron. » Mais on peut supposer que ces mots s’appliquent à la sortie du Sauveur de la ville, et non pas du cénacle, qu’il aurait, dans cette hypothèse, quitté après la première partie de son discours.
  156. XV, 1. Dans l’hypothèse qui fait rester le Sauveur dans le cénacle, l’occasion de cette allégorie fut sans doute la coupe consacrée que N.-S. présenta à ses disciples à la fin de la Cène. Plusieurs endroits de l’Ancien Testament annoncent le Messie sous la figure de la vigne (Is. v, 1-7 ; Ezéch. xv, 2-6 ; Eccli. xxiv, 25). Parmi ceux qui soutiennent que la suite du discours fut prononcée sur le chemin de Gethsémani, plusieurs supposent que le Sauveur voyant sous ses yeux des plants de vigne, en prit occasion pour se comparer à la vigne et ses disciples aux sarments.
  157. 12. Cf. vers. 10 ; xiii, 34.
  158. 25. Ps. xxxv (héb.) 19 ; lxix (héb.) 5.
  159. XVI, 1. Ces choses, ch. xv, 18-27.
  160. 4. L’heure. La Vulgate ajoute eorum, de ces choses.
  161. 7. Comp. vii, 39 et Matth. iii, 11.
  162. 9. Le Saint-Esprit viendra achever l’œuvre commencée par Jésus. Il convaincra le monde de péché, en manifestant avec évidence son crime d’avoir rejeté le Messie ; de justice, car après son ascension il fera éclater aux yeux de tous la justice, la sainteté et la divinité de Jésus ; de jugement, en renversant l’empire de Satan prince de ce monde. Cf. xii, 31 ; Col. ii, 4 ; Hébr. ii, 14.
  163. 13. Il vous guidera dans toute la vérité. Vulgate, il vous enseignera toute la vérité.
  164. 16. Manifestation spirituelle de sa présence à l’âme chrétienne. — Les mots « parce que je vais à mon Père » ne se trouvent pas dans plusieurs bons manuscrits.
  165. 23. Selon la Vulg. et quelques mss. : Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom.
  166. 25. Ces choses, surtout à partir du verset 16. — En paraboles (opposé à ouvertement), dans un langage obscur, voilé.
  167. 29. Figure, litt., parabole, comp. vers. 25.
  168. 33. Vous avez (ἔχετε). la Vulgate a le futur.
  169. XVII, 2. Ceux que vous m’avez donnés. Telle est la leçon de la Vulg., de quelques autres versions et de plusieurs manuscrits. L’idée qu’elle exprime paraît bien conforme à celle du chap. xviii, vers. 12. Mais la plupart des manuscrits portent une leçon moins probable : gardez-les dans votre nom que vous m’avez donné pour le manifester. Ils ont en effet et non pas οὕς. Par contre, les mêmes manuscrits ont presque tous, au vers. 12, οὕς, ceux que vous m’avez donnés, et non pas Comme nous, d’une union semblable à la nôtre : que par la foi ils soient unis à J.-C., et par J.-C. au Père.
  170. 12. Digne de perdition, celui qui est perdu, voué à la perte éternelle : hébraïsme.
  171. 17. Dans ce sens : consacre-les dans la vérité. Ἁγίασον c’est offrir la victime, et c’est aussi la sanctification, la consécration qui résulte de cette oblation. Afin d’obtenir la consécration des siens, Jésus commence par consommer la sienne propre V, 19.
  172. 20. Croiront, litt. croient, présent prophétique.
  173. XVIII, 1. Matth. xxvi, 36 ; Marc, xiv, 32 ; Luc, xxii, 39.
  174. 3. Cohorte romaine, non pas toute la cohorte de 600 hommes, mais un détachement de cette cohorte qui gardait la forteresse Antonia. Et avec les soldats romains (Matth. xxvii, 27 ; Marc, xiv, 16) des satellites envoyés par le Sanhédrin (Matth. xxvi, 47 ; Marc, xiv, 43 ; Luc, xxii, 47).
  175. 11. Ce calice, symbole des souffrances de la Passion (comp. Is. li, 16 ; Jér. xlix, 12 ; li, 7). rappelle celui de l’agonie au jardin des Oliviers (Matth. xxvi, 52 sv.).
  176. 15. Pour bon nombre d’exégètes, ce qui suit se passe chez Caïphe ; c’est de lui qu’il s’agit vers. 15, 16 et 19, et au témoignage des Synoptiques c’est dans la cour de son palais qu’eurent lieu les trois reniements de S. Pierre. S. Jean, qui n’avait pas dit un mot de ce changement du lieu de la scène, le mentionne au vers. 24, sous forme de parenthèse ou de récapitulation. Toutefois, il est assez irrégulier de traduire au v. 24 le verbe ἀπέστειλεν par un plus-que-parfait. Aussi plusieurs exégètes pensent, après S. Cyrille d’Alexandrie, que la remarque du vers. 24 devait se lire après le verset 14. Tout se suit alors naturellement. Cependant la phrase du verset 24, telle qu’elle est construite se comprend mieux après le verset 23, qu’après le 14e. Pour expliquer la difficulté de ce passage, il suffit de supposer la cour intérieure commune entre Anne et Caïphe. Et en attendant la réunion des Sanhédrites chez lui, le grand-prêtre Caïphe serait venu chez son beau-père interroger le prisonnier.
  177. 16. Matth. xxvi, 58 ; xiv, 54 ; Luc, xxii, 55.
  178. 28. Matth. xxvii, 2 ; Marc, xv, 1 ; Luc, xxiii, 1. — Quelques interprètes ont cru que la Pâque ne désignait pas ici l’agneau pascal, mais les victimes qu’on avait coutume d’immoler pendant les 7 jours que durait la fête et plus spécialement celles qu’on immolait le jour le plus solennel, le 15 Nisan (comp. Deut. xvi, 2-3 ; II Par. xxxv, 7-9). C’est à tort ; car ce n’est pas le sens de ces passages. Manger la Pâque, c’est toujours manger l’agneau pascal et jamais ces victimes ni la Hagigah.
  179. 32. Afin que s’accomplît… C’était une disposition d’en haut pour que Jésus fût crucifié, comme il l’avait prédit (Matth. xx, 19 ; Jean, iii, 14 ; viii, 28 ; xii, 32). Les Juifs n’auraient pu que le lapider comme faux prophète (Lév. xxv, 14), comme coupable d’un crime contre la divinité. Pour qu’il subît le supplice de la croix il fallait qu’il fût livré aux Romains qui punissaient ainsi les malfaiteurs insignes et spécialement la rébellion des gens du peuple contre l’État.
  180. XIX, Matth. xxvii, 24 ; Marc, xv, 15 ; Luc, xxiii, 24.
  181. 7. Notre loi : Lév. xxiv, 15-16 ; Deut. xviii, 20.
  182. 12. Dès ce moment ; le grec pourrait aussi se traduire, pour cette raison.
  183. 13. Le mot grec Lithostrotos signifie terrain pavé de pierres, et Gabbatha, en syro-chaldéen, éminence, mot qui indique la nature de l’emplacement. C’est là que Pilate avait fait dresser son tribunal.
  184. 14. La Préparation c’est le terme par lequel les Évangélistes désignent le vendredi, c’est-à-dire le jour qui précédait le sabbat et pendant lequel on préparait toutes choses, de manière à pouvoir passer le lendemain dans un repos absolu (voy. Matth. xxvii, 62 ; Marc, xv, 42 ; Luc, xxiii, 54). — La Préparation de la Pâque, c’est le jour préparatoire au repas pascal, qui devait avoir lieu après le coucher du soleil, alors que finissait le 14 Nisan, c’est-à-dire, le vendredi soir, la solennité pascale étant cette année le samedi. — Vers la sixième heure, un peu avant midi. Dans un sens large et usuel, les expressions première, troisième heure, etc. signifiaient le temps compris entre deux heures consécutives, par exemple de 6 h. à 9 h., de 9 h. à midi, etc. Voy. Marc, xv, 25. S. Jean en mettant environ nous donne l’heure approximative. S. Marc veut marquer par la troisième heure qu’on était encore dans la seconde partie du jour.
  185. 16. Matth. xxvii, 31 ; Marc, xv, 20 Luc, xxiii, 26.
  186. 24. Au sort, Ps. xxii (héb.) 19, cité d’après les Septante.
  187. 25. Près de la Croix. S. Marc (xv, 40) et S. Luc (xxiii, 49) disent de loin ; mais les moments ne sont pas les mêmes ; il y a entre les deux situations un intervalle de 3 heures, pendant lesquelles les ténèbres se répandirent sur la terre. — Μαρία ἡ τοῦ Κλωπᾶ, Marie de Clopas, exprime un degré de parenté, que l’on peut rendre par sœur de Clopas. D’autres qui identifient Clopas et Alphée vi, 15 font de Marie la femme de Clopas. En tout cas c’était la mère de Jacques le Mineur (Matth. xxvii, 56 ; Marc, xv, 40 ; xvi, 1) qui est dit frère de Jésus. Elle était probablement la belle-sœur de la Sainte Vierge ou même seulement sa parente, la langue hébraïque n’ayant pas de termes spéciaux pour indiquer les divers degrés de parenté. D’après Hégésippe, Clopas était frère de Joseph.
  188. 28. J’ai soif, Ps. lxix (héb.) 22 ; ou bien Ps. xxii (héb.) 16.
  189. 29. Il n’est pas question ici du vin mêlé de myrrhe présenté à Jésus, selon la coutume des Juifs à l’endroit des suppliciés, pour affaiblir en lui le sentiment de la douleur (Matth. xxvii, 34). Il s’agit d’un mélange d’eau et de vinaigre dont les soldats romains faisaient ordinairement leur breuvage (Matth. xxvii, 48 ; Marc, xv, 36).
  190. 31. Chez les Juifs, une loi (Deut. xxi, 22-23) ordonnait de détacher les suppliciés de la croix et de les ensevelir avant le coucher du soleil. Cette loi et l’imminence du sabbat qui allait commencer avec le coucher du soleil obligèrent les disciples à ensevelir le plus tôt possible le corps du Sauveur. — Mot à mot : grand, car ce sabbat plus solennel était le jour même de Pâque.
  191. 34. Dans l’eau et le sang qui sortirent du corps de Jésus, les SS. Pères voient une figure des sacrements de Baptême et d’Eucharistie. Ils y ont vu aussi une figure de l’Église, sortie du côté de Jésus, comme autrefois Ève fut tirée du côté d’Adam, et dont les enfants naissent à la vie surnaturelle par le baptême et grandissent dans l’union avec Jésus par l’Eucharistie.
  192. 36. (Exod. xii, 46, et Nombr. ix, 12) : ces paroles se rapportent immédiatement à l’agneau pascal. S. Jean nous enseigne donc que l’agneau pascal était une figure du Messie.
  193. 37. Transpercé : citation libre de Zach. xii, 10.
  194. 38. Matth. xxvii, 57 ; Marc, xv, 43 ; Luc, xxiii, 30.
  195. 39. Ch. iii, 2.
  196. 40. xi, 44 ; Luc, xxiv, 12.
  197. 42. Et à cause du sabbat et à cause du jour de Pâque.
  198. XX, 1. Madeleine se rendit au sépulcre, pour embaumer Jésus (Marc, xvi, 1). Elle n’était point seule, car elle dit au verset suivant : Nous ne savons, etc. Voy. Matth. xxviii, 1 ; Marc, xvi, 1.
  199. 2. L’autre disciple, le même que xviii, 15-16, S. Jean.
  200. 9. D’après l’Écriture, par exemple Ps. xxi (héb.) 10 ; Is. liii, 10 sv. N.-S. lui-même avait parlé plusieurs fois de sa résurrection à ses Apôtres ; mais leurs fausses idées sur la personne du Messie les empêchaient sans doute de prendre à la lettre ce qu’il leur disait. Ils n’eurent la complète intelligence des desseins de Dieu qu’après que le divin Ressuscité se fut montré à eux (Luc, xxiv, 27, 46 sv. Act. i, 3) et leur eut envoyé le Saint-Esprit (Act. ii, 24-27, 31 ; xiii, 33).
  201. 17. Cf. Matth. xxviii, 1-10. Ne tiens pas mes pieds embrassés ; le vrai retour que j’ai promis n’est pas celui-ci. Il faut auparavant que je sois monté vers mon Père, avant de revenir d’une façon permanente.
  202. 19. Marc, xvi, 14 ; Luc, xxiv, 36 ; I Cor. xv, 5.
  203. 22. Il souffla sur eux. Ce souffle était le symbole de la communication, partielle encore, de l’Esprit-Saint, (πνεῦμα, souffle), dont ils devaient recevoir la plénitude le jour de la Pentecôte.
  204. 27. Cf. I Jean, i, 1 : « Ce que nos mains ont touché. »
  205. 30-31. Ces versets sont l’épilogue ou la conclusion du quatrième évangile.
  206. 31. But de cet évangile. L’auteur a voulu faire entrer dans son récit les faits et les discours les plus propres à démontrer que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et que la foi en Jésus est la condition du salut.
  207. XXI, 1. Jésus se montra de nouveau à ses disciples : ils s’étaient rendus en Galilée, selon l’ordre de leur Maître (Matth. xxviii, 7).
  208. 2. Thomas, cf. xi, 16. — Nathanaël, voy. i, 45 ; Matth. x, 3.
  209. 3. Les Apôtres, rentrés en Galilée, avaient repris leur ancien métier, afin de s’assurer les ressources nécessaires à leur subsistance.
  210. 4. Cf. Luc. v, 8-10. Cette pêche miraculeuse rappelle certains détails de la vocation des apôtres avec d’autres circonstances tout à fait spéciales.
  211. 14. La troisième fois : comp. xx, 19-23 et 26-29.
  212. 15-17. Jésus confie à S. Pierre la charge de gouverner toute l’Église. Il accomplit ainsi la promesse qu’il lui avait faite (Matth. xvi, 17-19 ; comp. Jean, i, 42).
  213. 18. Autant d’images qui expriment une fin violente comme le supplice de la croix, et prédisent le genre de mort de l’apôtre. Suis moi, par ces mots Jésus invite Pierre à le suivre dans la mort, et la mort de la croix.
  214. 22. La réponse de Jésus est une fin de non-recevoir. Il ne veut pas faire connaître le sort de S. Jean. Le sic « ainsi » de la Vulgate actuelle doit être regardé comme une faute des copistes latins. Il est peu en harmonie avec le contexte et ne se trouve ni dans les écrits des Pères, ni dans plusieurs manuscrits de la Vulgate elle-même. Quant aux manuscrits grecs ils ont tous la conjonction Ἐὰν, si.
  215. 24-25. Ces versets sont un nouvel épilogue de l’Évangile de S. Jean (comp. xx, 30), devenu en quelque sorte nécessaire après l’addition du chap. xxi.
    24. Et nous savons. Les disciples de Jean protestent que le disciple bien-aimé a été le témoin des faits racontés et qu’il les a écrits.