Traduction par Augustin Crampon.
Texte établi par Société de S. Jean l’Évagéliste, Desclée..

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LE LIVRE DE LA SAGESSE[1]


PREMIÈRE PARTIE.
LA SAGESSE, SOURCE DE BONHEUR, POUR LE TEMPS ET L’ÉTERNITÉ.
[I, i — V, 23.]

1. Chap. i, 1-15 : Qui veut acquérir la sagesse doit éviter le péché.Exhortation générale (i, 1-5). Le pécheur ne peut échapper au châtiment (1, 6-11). Dieu veut la vie, et non la mort de l’homme (1, 12-15).


Aimez la justice, vous qui êtes les juges de la terre ;
que vos pensées sur le Seigneur soient selon la droiture[2],
et cherchez-le d’un cœur sincère ;
2car il se laisse trouver par ceux qui ne le tentent point,
et il se manifeste à ceux qui se confient à lui.

3En effet, les pensées perverses séparent de Dieu,
et sa puissance, quand on la met à l’épreuve, accuse les insensés.
4La sagesse n’entre pas dans une âme qui médite le mal,
et n’habite pas dans un corps esclave du péché.
5L’Esprit-Saint, éducateur des hommes,
fuit l’astuce ; il s’éloigne des pensées dépourvues d’intelligence,
et se retire quand approche l’iniquité.

6En effet, la Sagesse est un esprit[3] qui aime les hommes,
et il ne laisse pas impuni le blasphémateur pour ses discours,
car Dieu est le témoin de ses reins,
le véritable scrutateur de son cœur,
et il entend ses paroles.
7Car l’Esprit du Seigneur remplit l’univers[4],
et lui qui contient tout, sait tout ce qui se dit.
8Aussi celui qui tient des discours impies ne saurait rester caché,
et la justice vengeresse ne l’oublie pas.
9Car il y aura une enquête sur les desseins de l’impie
la rumeur de ses paroles arrivera jusqu’au Seigneur,
pour le châtiment de ses iniquités.
10Une oreille jalouse entend tout,
et le bruit des murmures ne lui échappe pas.
11Gardez-vous donc des murmures inutiles,
et préservez votre langue du blasphème[5] ; car la parole la plus secrète ne sort pas impunie,
et la bouche qui ment donne la mort à l’âme.

12Ne courez pas après la mort par les égarements de votre vie ;
et n’attirez pas sur vous la perdition par les œuvres de vos mains.
13Car Dieu n’a pas fait la mort[6],
et il n’éprouve pas de joie de la perte des vivants.
14Il a créé toutes choses pour la vie ;
les créatures du monde sont salutaires ;
il n’y a en elles aucun principe de destruction
, et la mort[7] n’a pas d’empire sur la terre.
15Car la justice est immortelle[8].

2. Chap, i, 16 — ii, 25 : Les méchants méritent la mort.Les impies appellent la mort (i, 16). Ce qu’ils pensent de la vie (ii, 1-5) ; course après le plaisir (ii, 6-9) ; haine des justes (ii, 10-20). Leur ignorance ; la mort est l’œuvre, non de Dieu mais du diable (ii, 21-25).

16Mais les impies appellent la mort du geste et de la voix ;
la regardant comme une amie, ils se passionnent pour elle,
ils font alliance avec elle, et ils sont dignes, en effet, de lui appartenir.[9]


Ils se sont dit, raisonnant de travers :
« Il est court et triste le temps de notre vie,
et, quand vient la fin d’un homme[10], il n’y a point de remède ;
on ne connaît personne qui délivre du séjour des morts.
2Le hasard nous a amenés à l’existence,
et, après cette vie, nous serons comme si nous n’avions jamais été ;
le souffle, dans nos narines, est une fumée,
et la pensée, une étincelle qui jaillit au battement de notre cœur.
3Qu’elle s’éteigne, notre corps tombera en cendres,
et l’esprit se dissipera comme l’air léger.
4Notre nom tombera dans l’oubli avec le temps,
et personne ne se souviendra de nos œuvres.
Notre vie passera comme une trace de nuée ;
elle se dissipera comme un brouillard,
que chassent les rayons du soleil,
et que la chaleur condense en pluie.
5Notre vie est le passage d’une ombre ;
sa fin est sans retour
, le sceau est apposé[11] et nul ne revient.

6« Venez donc, jouissons des biens présents ;
usons des créatures avec l’ardeur de la jeunesse,
7enivrons-nous de vin précieux et de parfums,
et ne laissons point passer la fleur du printemps[12].
8Couronnons-nous de boutons de roses avant qu’ils se flétrissent[13].
9Qu’aucun de nous ne manque à nos orgies, laissons partout des traces de nos réjouissances ;
car c’est là notre part, c’est là notre destinée.

10« Opprimons le juste qui est pauvre ;
n’épargnons pas la veuve,
et n’ayons nul égard pour les cheveux blancs du vieillard chargé d’années.
11Que notre force soit la loi de la justice ;
ce qui est faible est jugé bon à rien.

12Traquons donc le juste, puisqu’il nous incommode,
qu’il est contraire à notre manière d’agir,
qu’il nous reproche de violer la loi, et nous accuse de démentir notre éducation.[14]
13Il prétend posséder la connaissance de Dieu,
et se nomme fils du Seigneur.
14Il est pour nous la condamnation de nos pensées,
sa vue seule nous est insupportable ;
15car sa vie ne ressemble pas à celle des autres,
et ses voies sont étranges.
16Dans sa pensée, nous sommes d’impures scories,
il évite notre manière de vivre comme une souillure ;
il proclame heureux le sort final des justes,
et se vante d’avoir Dieu pour père.
17Voyons donc si ce qu’il dit est vrai, et examinons ce qui lui arrivera au sortir de cette vie[15].
18Car si le juste est fils de Dieu, Dieu prendra sa défense,
et le délivrera de la main de ses adversaires.
19Soumettons-le aux outrages et aux tourments,
afin de connaître sa résignation,
et de juger sa patience.
20Condamnons-le à une mort honteuse,
car, selon qu’il le dit, Dieu aura souci de lui. »

21Telles sont leurs pensées, mais ils se trompent ;
leur malice les a aveuglés.
22Ignorant les desseins secrets de Dieu,
ils n’espèrent pas de rémunération pour la sainteté,
et ils ne croient pas à la récompense des âmes pures.
23Car Dieu a créé l’homme pour l’immortalité,
et il l’a fait à l’image de sa propre nature.
24C’est par l’envie du diable que la mort est venue dans le monde ;
25ils en feront l’expérience, ceux qui lui appartiennent.

3. Chap. iii, 1-12 : Espérances des justes et confusion des méchants.La paix des justes (iii, 1-3). Après les épreuves d’ici-bas (iii, 4-5), ils auront une glorieuse récompense (iii, 7-9). Châtiment des impies, surtout dans la vie présente (iii, 10-12).

Les âmes des justes sont dans la main de Dieu,
et le tourment[16] ne les atteindra pas.
2Aux yeux des insensés, ils paraissent être morts,
et leur sortie de ce monde semble un malheur,
3et leur départ du milieu de nous un anéantissement ;
mais ils sont dans la paix.

4Alors même que, devant les hommes, ils ont subi des châtiments,
leur espérance est pleine d’immortalité.
5Après une légère peine, ils recevront une grande récompense ;
car Dieu les a éprouvés,
et les a trouvés dignes de lui.
6Il les a essayés comme l’or dans la fournaise,
et les a agréés comme un parfait holocauste[17].

7Au temps de leur récompense[18], ils brilleront ;
comme des étincelles, ils courront à travers le chaume.
8Ils jugeront les nations et domineront sur les peuples,
et le Seigneur régnera sur eux à jamais.
9Eux qui ont mis en lui leur confiance, ils comprendront la vérité ;
ses fidèles habiteront avec lui dans l’amour ;
car la grâce et la miséricorde[19] sont pour ses élus.

10Mais les impies auront le châtiment
mérité par[20] leurs pensées perverses,
eux qui ont méprisé le juste,
et se sont éloignés du Seigneur.
11Car qui rejette la sagesse et la correction est voué au malheur ;
leur espérance est vaine, leurs efforts sont infructueux,
et leurs œuvres sans profit.
12Leurs femmes sont insensées,
leurs enfants pleins de malice,
et leur postérité est maudite.

4. Chap, iii, 13 — iv, 6 : Mieux vaut n’avoir pas d’enfants que d’en avoir d’impies.Compensation assurée dans l’autre vie à la stérilité vertueuse (iii, 13-15). Maux réservés aux enfants de l’adultère (iii, 16-19). Honneurs rendus à la stérilité vertueuse (iv, 1, 2). Instabilité de la postérité des impies (iv, 3-6).

13C’est pourquoi heureuse la femme stérile et sans tache,
dont la couche ne connaît pas la souillure !
Elle aura son fruit à la visite des âmes[21].
14Heureux encore l’eunuque qui de sa main n’a pas fait l’iniquité
et qui n’a pas conçu de pensées criminelles contre le Seigneur[22] !
Il recevra une récompense de choix pour sa fidélité,
et il aura dans le temple du Seigneur le sort le plus désirable.
15Car du travail des bonnes œuvres le fruit est glorieux,
et la racine de la prudence ne périt pas.

16Mais les enfants des adultères n’atteindront pas leur fin,
et la race sortie d’une couche criminelle disparaîtra.
17Si leur vie est longue, ils seront comptés pour rien,
et leur vieillesse à la fin sera sans honneur.
18S’ils meurent promptement, ils n’auront pas d’espérance,
ni de consolation au jour du jugement.
19Car la race injuste a toujours une fin funeste.


Mieux vaut la stérilité avec la vertu[23] ;
sa mémoire est immortelle, car elle est connue de Dieu et des hommes.
2Quand on l’a sous les yeux, on l’imite ;
quand elle n’est plus là, on la regrette ;
couronnée dans l’éternité, elle triomphe,
ayant remporté la victoire dans des combats sans souillure.

3Mais la nombreuse postérité des impies est sans utilité ;
issue de rejetons bâtards, elle ne jettera pas de racines profondes,
et ne s’établira pas sur un fondement assuré.
4Alors même qu’ils se couvriraient pour un temps de verts rameaux,
fixés au sol sans solidité, ils seront ébranlés par le vent,
et déracinés par la violence de l’ouragan.
5Leurs rameaux seront brisés encore tendres,
leurs fruits sont inutiles, trop verts, pour être mangés,
et impropres à tout usage.
6Car les enfants nés de sommeils impurs
sont témoins du crime contre leurs parents quand on les interroge.

5. Chap, iv, 7-19 : La mort prématurée du juste et la longue vie de l’impie.Ce n’est pas l’âge, mais la vertu qui fait la vieillesse (iv, 7-9). Le juste soustrait tout jeune aux dangers du monde (iv, 10-14). Les impies n’y comprennent rien (iv, 15-18) ; leur fin horrible (iv, 19).

7Mais le juste, lors même qu’il meurt avant l’âge,
trouve le repos.
8Une vieillesse honorable n’est pas celle que donne une longue vie ;
ni celle qui se mesure au nombre des années.
9Mais la prudence tient lieu pour l’homme de cheveux blancs ;
et l’âge de la vieillesse, c’est une vie sans tache.
10Étant agréable à Dieu, il était aimé de lui,
et, comme il vivait parmi les pécheurs, il a été transféré[24].
11Il a été enlevé de peur que la malice n’altérât son intelligence,
ou que la ruse ne pervertît son âme.
12Car l’enchantement du vice obscurcit le bien,
et le vertige de la passion pervertit un esprit sans malice.
13Arrivé en peu de temps à la perfection,
il a fourni une longue carrière.
14Car son âme était agréable au Seigneur ;
c’est pourquoi le Seigneur s’est hâté de le retirer du milieu de l’iniquité.
15Les peuples le voient sans y rien comprendre,
ne se mettant pas ceci dans l’esprit
que la grâce de Dieu et sa miséricorde sont avec ses élus,
et qu’il a souci de ses saints.
16Mais le juste qui meurt condamne
les impies qui survivent,
et la jeunesse arrivée si vite à la perfection condamne
la longue vieillesse de l’homme injuste.
17Ils verront la fin du sage,
mais sans comprendre les desseins de Dieu sur lui,
ni pourquoi le Seigneur l’a mis en sûreté.
18Ils verront et se moqueront,
mais le Seigneur se rira d’eux ;
19et après cela ils seront un cadavre sans honneur,
ils seront parmi les morts dans l’opprobre pour toujours.
Le Seigneur les brisera, et, réduits au silence, les précipitera ;
il les ébranlera de leurs fondements,
et ils seront détruits jusqu’au dernier ;
ils seront dans la douleur,
et leur mémoire périra.

6. Chap, iv, 20 — v, 23 : Le jugement final.Terreur des impies et confiance des justes (iv, 20 ; v, 1). Les aveux des méchants : ils se sont trompés sur le sort des justes (v, 2-5), sur leur propre conduite (v, 6-8), sur l’instabilité de la vie (v, 9-14). Récompense des justes (v, 15, 16) et châtiment des impies (v, 17-23).


20Ils viendront pleins d’effroi à la pensée de leurs péchés,
et leurs crimes, se dressant devant eux, les accuseront.[25]

Alors le juste sera debout en grande assurance,
en face de ceux qui l’ont persécuté,
et qui méprisaient ses labeurs[26].
2À cette vue, ils seront agités d’une horrible épouvante,
ils seront dans la stupeur devant la révélation du salut[27].
3Ils se diront, pleins de regret,
et gémissant dans le serrement de leur cœur :

« Voilà donc celui qui était autrefois l’objet de nos moqueries,
et le but de nos outrages !
4Insensés, nous regardions sa vie comme une folie,
et sa fin comme un opprobre.
5Comment est-il compté parmi les enfants de Dieu,
et sa part est-elle parmi les saints ?
6Nous avons donc erré, loin du chemin de la vérité ;
la lumière de la justice n’a pas brillé sur nous,
et sur nous ne s’est pas levé le soleil.
7Nous nous sommes rassasiés dans la voie de l’iniquité et de la perdition,
nous avons marché dans des déserts sans chemin,
et nous n’avons pas connu la voie du Seigneur.
8À quoi nous a servi l’orgueil,
et que nous a rapporté la richesse avec la jactance ?
9Toutes ces choses ont passé comme l’ombre,
comme une rumeur qui s’enfuit ;
10comme le navire qui fend l’onde agitée,
sans qu’on puisse découvrir la trace de son passage,
ni la marque de sa quille au milieu des flots ;
11ou comme l’oiseau traversant les airs,
sans qu’on relève aucun vestige de sa route ;
mais il bat[28] à coups de plumes l’air léger,
d’un puissant élan il le déchire,
s’y fait un chemin en agitant ses ailes ;
puis, on n’y voit pas aucun indice de son passage ;
12ou comme, lorsque la flèche a été lancée vers son but,
l’air qu’elle a fendu revient aussitôt sur lui-même,
et l’on ne sait plus par où elle a passé :
13Ainsi nous-mêmes, nous sommes nés et nous avons cessé d’être,
et nous n’avons à montrer aucune trace de vertu ;
et dans notre iniquité, nous avons été retranchés. »[29]

14En effet, l’espoir de l’impie est comme le duvet que le vent emporte,
comme le givre léger que disperse l’ouragan,
comme la fumée qu’un souffle dissipe,
comme le souvenir de l’hôte d’un jour qui s’évanouit.

15Mais les justes vivent éternellement ;
leur récompense est auprès du Seigneur,
et le Tout-Puissant a souci d’eux.
16C’est pourquoi ils recevront de la main du Seigneur
le magnifique royaume et le splendide diadème ;
car il les protégera de sa droite, de son bras,
il les couvrira comme d’un bouclier.

17Il saisira[30] son zèle comme armure,
et il armera la création pour se venger de ses ennemis.

18Il revêtira comme cuirasse la justice,
et prendra pour casque un jugement sincère.
19Il prendra la sainteté comme un bouclier inexpugnable.
20De son inexorable colère il fera un glaive aigu,
et l’univers combattra avec lui contre les insensés.
21Les traits de la foudre bien dirigés partiront,
et, du sein des nuages, comme d’un arc bien tendu,
voleront au but marqué.
22Sa colère, comme une baliste[31], lancera une masse de grêle ;
l’eau de la mer se soulèvera contre eux,
et les fleuves se précipiteront avec furie.
23Le souffle de la puissance divine s’élèvera contre eux,
et les dispersera comme un tourbillon :
et ainsi l’iniquité fera de toute la terre un désert,
et la malice renversera les trônes des puissants.


DEUXIÈME PARTIE.
[VI, i — IX, 18.]
ORIGINE, ESSENCE ET ACTIVITÉ DE LA SAGESSE. MOYENS DE L’ACQUÉRIR.

Chap, vi, 1-11 : Que les rois s’attachent à la sagesse.C’est Dieu qui leur a donné la puissance, et il leur en demandera compte (vi, 1-3). Leur jugement sera terrible (vi, 4-8). Qu’ils soient dociles aux discours de la sagesse (vi, 9-11) !


Écoutez donc, ô rois, et comprenez ;
écoutez l’instruction, vous qui jugez les extrémités de la terre[32].
2Prêtez l’oreille, vous qui dominez sur la multitude,
qui êtes fiers de commander à des foules de peuples.
3Sachez que la force vous a été donnée par le Seigneur,
et la puissance par le Très-Haut,
qui examinera vos œuvres et sondera vos pensées.

4Parce que, étant les ministres de sa royauté,
vous n’avez pas jugé avec droiture,
ni observé la loi[33], ni marché selon la volonté de Dieu ;
5terrible et soudain, il fondra sur vous,
car un jugement sévère s’exerce sur ceux qui commandent.
6Aux petits, on pardonne par pitié[34] ;
mais les puissants sont puissamment châtiés.
7Le souverain de tous ne reculera devant personne,
il ne s’arrêtera par respect devant aucune grandeur ;
car il a fait les grands et les petits,
et il prend soin des uns comme des autres.
8Mais les puissants seront soumis à une épreuve plus rigoureuse.

9C’est donc à vous, ô rois, que s’adressent mes discours,
afin que vous appreniez la sagesse et que vous ne tombiez point.
10Ceux qui observent saintement les saintes lois[35] seront sanctifiés,
et ceux qui les auront apprises auront de quoi répondre.
11Mettez donc vos complaisances dans mes paroles,
désirez-les, et vous aurez l’instruction.

2. Chap, vi, 12-21 : La sagesse est facile à trouver et assure l’empire aux rois.

12La sagesse est brillante, et son éclat ne se ternit pas ;
facilement on l’aperçoit quand on l’aime,
facilement on la trouve quand on la cherche.
13Elle prévient ceux qui la cherchent,
et se montre à eux la première.
14Celui qui se lève le matin pour la chercher n’a pas de peine :
il la trouve assise à sa porte.
15Car penser à elle, c’est la perfection de la prudence,
et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt libre de soucis ;
16elle-même va de tous côtés chercher ceux qui sont dignes d’elle,
elle se montre amicalement à eux dans leurs voies,
et les assiste dans tous leurs desseins.

17En effet, son commencement le plus assuré est le désir de l’instruction.
18Or le soin de l’instruction conduit à l’amour,
l’amour fait qu’on obéit à ses lois,
l’obéissance à ses lois assure l’immortalité,
19et l’immortalité donne une place près de Dieu.
20Ainsi le désir de la sagesse conduit à la royauté.
21Si donc, ô rois des peuples,
vous mettez votre plaisir dans les trônes et le sceptre,
honorez la sagesse, afin de régner éternellement[36].

3. Chap. vi, 22-25.Salomon va se faire le docteur de la sagesse.

22Mais ce qu’est la sagesse et son origine, je vais l’exposer,
sans vous cacher les mystères de Dieu.
Je remonterai jusqu’au début de la création,
je mettrai au grand jour ce qui la concerne,
et je ne m’écarterai pas de la vérité.
23Loin de moi de faire route avec l’envie dévorante !
Elle n’a rien de commun avec la sagesse.
24Le grand nombre des sages fait le salut de la terre,
et un roi sage la prospérité de son peuple.
25Recevez donc l’instruction par mes paroles,
et vous vous en trouverez bien.

4. Chap. vii, 1-14 : Comment Salomon a acquis la sagesse.Salomon a eu la même origine et la même entrée dans le monde que le reste des hommes (vii, 1-6). Il a prié et a préféré la sagesse à tout (vii, 7-10). Biens qu’il en a reçus (vii, 11, 12). Désir qu’il a de la communiquer (vii, 13, 14).

Je suis moi-même un mortel, semblable à tous
et descendant du premier qui fut formé de terre.
2J’ai été formé quant à la chair dans le sein de ma mère,
pendant dix mois[37] prenant consistance dans le sang, par la semence de l’homme, durant le repos du sommeil.
3Moi aussi, à ma naissance, j’ai respiré l’air commun à tous,
je suis tombé sur la même terre,
et, comme celui de tous, mon premier cri fut un gémissement.
4J’ai été élevé dans des langes et avec des soins infinis.
5Aucun roi n’a eu un autre commencement d’existence.
6Il n’y a pour tous qu’une seule manière
d’entrer dans la vie et d’en sortir.

7C’est pourquoi j’ai prié, et la prudence m’a été donnée ;
j’ai invoqué, et l’esprit de sagesse est venu en moi.
8Je l’ai préférée aux sceptres et aux couronnes,
et j’ai estimé de nul prix les richesses auprès d’elle.

9Je ne lui ai pas égalé les pierres les plus précieuses,
car tout l’or du monde n’est auprès d’elle qu’un peu de sable,
et l’argent, à côté d’elle, doit être estimé comme de la boue.
10Je l’ai aimée plus que la santé et la beauté ;
j’ai préféré la posséder plutôt que la lumière[38],
car son flambeau ne s’éteint jamais.
11Avec elle me sont venus tous les biens,
et des richesses innombrables sont dans ses mains.
12Et je me suis réjoui de tous ces biens,
car la sagesse les amène avec elle[39] ;
j’ignorais pourtant qu’elle en était la mère.
13Je l’ai apprise sans arrière-pensée,
je la communique sans envie, et je ne cache point ses trésors.
14Car elle est pour les hommes un trésor inépuisable ;
ceux qui en usent ont part à l’amitié de Dieu,
à qui les recommandent les dons acquis par l’instruction.

5. Chap. vii, 15 — viii, 1 : La sagesse divine, mère de la sagesse humaine.Salomon demande à Dieu de lui accorder de bien parler de la sagesse (vii, 15, 16), qui l’a instruit lui-même de toutes sciences (vii, 17-22a). La sagesse divine, ses attributs (vii, 22b-24), ce qu’elle est par rapport à Dieu (vii, 25, 26), son activité (vii, 27, 28), son éclat (vii, 29 — viii, 1).

15Que Dieu me donne[40] d’en parler comme je le voudrais,
et de concevoir des pensées dignes des dons que j’ai reçus !
Car c’est lui qui conduit la sagesse,
et qui dirige les sages.
16Nous sommes dans sa main, nous et nos discours,
et toute la prudence et le savoir-faire.
17C’est lui qui m’a donné la véritable science des êtres,
pour me faire connaître la structure de l’univers
et les propriétés des éléments[41],
18le commencement, la fin et le milieu des temps,
les retours périodiques du soleil, les vicissitudes des temps,
19les cycles des années et la position des étoiles,
20la nature des animaux et les instincts des bêtes,
la puissance des esprits et les raisonnements des hommes,
les différentes espèces des plantes et la vertu des racines.
21Tout ce qui est caché et à découvert[42], je l’ai appris ;
22car la sagesse[43], ouvrière de toutes choses, me l’a enseigné.

En elle, en effet, il y a un esprit intelligent, saint,
unique, multiple, immatériel,
actif, pénétrant, sans souillure,
infaillible, impassible, aimant le bien, sagace,
ne connaissant pas d’obstacle, bienfaisant,
23bon pour les hommes, immuable, assuré, tranquille,
tout-puissant, surveillant tout,
pénétrant tous les esprits,
les intelligents, les purs et les plus subtils[44].

24Car la sagesse est plus agile que tout mouvement ;
elle pénètre et s’introduit partout, à cause de sa pureté.

25Elle est le souffle de la puissance de Dieu,
une pure émanation de la gloire du Tout-puissant ;
aussi rien de souillé ne peut tomber sur elle.[45]
26Elle est le resplendissement de la lumière éternelle,
le miroir sans tache de l’activité de Dieu,
et l’image de sa bonté[46].

27Étant unique, elle peut tout ;
restant la même, elle renouvelle tout ;
se répandant, à travers les âges, dans les âmes saintes,
elle en fait des amis de Dieu et des prophètes[47].
28Dieu, en effet, n’aime que celui qui habite avec la sagesse[48].

29Car elle est plus belle que le soleil,
et que l’arrangement harmonieux des étoiles.
Comparée à la lumière, elle l’emporte sur elle ;
30car la lumière fait place à la nuit,
mais le mal ne prévaut pas contre la sagesse.


La sagesse atteint avec force d’un bout du monde à l’autre,
et dispose tout avec douceur[49].

6. Chap, viii, 2-18 : Raisons pour lesquelles Salomon s’est efforcé d’acquérir la sagesse.Séduction exercée par la beauté de la sagesse (viii, 2, 3) ; ses fruits (vi 11, 4 —8). Salomon résout de la prendre pour conseillère de sa vie ce qu’il en attend (viii, 9-16) ; efforts en vue de l’acquérir (viii, 17, 18).

2Je l’aimai et la recherchai dès ma jeunesse ;
je cherchai à l’avoir pour épouse,
et j’étais épris de sa beauté.
3Elle fait voir la gloire de son origine
en ce qu’elle habite avec Dieu,
et le maître de toutes choses l’aime.

4Car c’est elle qui initie[50] à la science de Dieu,
et qui choisit parmi ses œuvres.
5Si la richesse est un bien désirable en cette vie,
quoi de plus riche que la sagesse, qui opère toutes choses ?
6Si la prudence préside au travail,
qui mieux que la sagesse est l’ouvrière de tout ce qui existe ?
7Aime-t-on la justice ?
Les labeurs de la sagesse produisent les vertus ;
elle enseigne la tempérance et la prudence,
la justice et la force,
ce qu’il y a de plus utile aux hommes pendant la vie.
8Désire-t-on une science étendue ?
Elle connaît le passé et conjecture l’avenir ;
elle pénètre les discours subtils et résout les énigmes ;
elle connaît à l’avance les signes et les prodiges ;
elle sait les événements[51] des temps et des époques.

9Aussi ai-je résolu de la prendre pour compagne de ma vie,
sachant qu’elle serait pour moi une conseillère de tout bien,
et une consolation dans mes soucis et mes peines.

10Par elle, me disais-je, j’aurai de la gloire dans les assemblées,
et, jeune encore, de l’honneur auprès des vieillards.
11On reconnaîtra ma pénétration dans les jugements,
et devant moi les grands seront dans l’admiration[52].
12Si je me tais, ils attendront que je prenne la parole ;
si je parle, ils tiendront les yeux fixés sur moi,
et si je prolonge mon discours, ils mettront la main sur leur bouche.
13Par elle, j’obtiendrai l’immortalité,
et je laisserai à la postérité un souvenir éternel.
14Je gouvernerai des peuples,
et les nations étrangères me seront soumises.
15En entendant parler de moi, des rois redoutables me craindront ;
je me montrerai bon au milieu du peuple, et vaillant à la guerre.
16À mon retour dans ma maison, je me reposerai auprès d’elle ;
car sa société ne cause aucune amertume,
ni son commerce aucun ennui,
mais le contentement et la joie.

17Méditant ces pensées en moi-même,
et réfléchissant en mon cœur
que l’immortalité est le fruit de l’union avec la sagesse,
18qu’il y a dans son amitié une noble jouissance,
et dans les œuvres de ses mains des richesses inépuisables,
qu’on acquiert la prudence dans un commerce assidu avec elle,
et la gloire à prendre part à sa conversation :
j’allai de tous côtés, cherchant le moyen de l’avoir avec moi.

7. Chap, viii, 19 — ix, 18 : Prière de Salomon.Motifs qui Vont amené à la faire (viii, 19-21). Au Dieu de qui tout dépend ici-bas, il s’adresse (ix, 1-4) dans la conviction de son inaptitude à la mission qui lui est échue (ix, 5-8) ; il demande une communication de la sagesse divine afin qu’elle le dirige en ses œuvres (ix, 9-12). Impuissance de l’esprit appesanti par le corps, en dehors de la sagesse (ix, 13-18).

19J’étais un enfant d’un bon naturel,
et j’avais reçu en partage une bonne âme ;[53]
20ou plutôt, étant bon, je vins à un corps sans souillure.
21Mais, sachant que je ne pourrais obtenir la sagesse[54] si Dieu ne me la donnait,
— et c’était déjà de la prudence que de savoir de qui vient ce don, —
je m’adressai au Seigneur, et je l’invoquai,
et je lui dis du fond de mon cœur :


« Dieu des pères, Seigneur de miséricorde,
qui avez fait l’univers par votre parole,
2et qui, par votre sagesse, avez établi l’homme
pour dominer sur toutes les créatures que vous avez faites,
3pour régir le monde dans la sainteté et la justice,
et exercer l’empire dans la droiture du cœur,
4donnez-moi la Sagesse qui est assise près de votre trône,
et ne me rejetez pas du nombre de vos enfants.

5Car je suis votre serviteur et le fils de votre servante,
un homme faible, à la vie courte,
et peu capable de comprendre le jugement et les lois.
6Quelqu’un serait-il parfait parmi les enfants des hommes,
s’il manque de la sagesse qui vient de vous, il sera compté pour rien.

7Vous m’avez choisi pour régner sur votre peuple,
et juger vos fils et vos filles.
8Et vous m’avez dit de bâtir un temple sur votre montagne sainte[55],
et un autel dans la cité où vous demeurez,
sur le modèle du saint tabernacle que vous avez préparé dès l’origine.

9Avec vous est la Sagesse qui connaît vos œuvres,
qui était là quand vous faisiez l’univers,
et qui sait ce qui est agréable à vos yeux,
et ce qui est juste selon vos commandements.
10Envoyez-la de vos cieux très saints, envoyez-la du trône de votre gloire,
afin qu’elle m’assiste dans mes labeurs,
et que je connaisse ce qui vous est agréable.
11Car elle connaît et comprend toutes choses,
et elle me conduira avec prudence dans mes œuvres,
et me gardera par sa gloire.
12Et ainsi mes œuvres vous seront agréables,
je gouvernerai votre peuple avec justice,
et je serai digne du trône de mon père.

13Quel homme, en effet, peut connaître le conseil de Dieu,
ou bien qui peut pénétrer ce que veut le Seigneur ?
14Les pensées des hommes sont incertaines,
et nos opinions sont hasardées.
15Car le corps, sujet à la corruption, appesantit l’âme[56],
et sa demeure terrestre accable l’esprit aux pensées multiples.
16Nous avons peine à deviner ce qui est sur la terre,
et nous trouvons avec difficulté ce qui est sous notre main :
qui donc a pénétré ce qui est dans le ciel ?
17Qui a connu votre volonté, si vous ne lui avez pas donné la Sagesse,
et si vous n’avez pas envoyé d’en haut votre Esprit saint ?
18Ainsi ont été rendues droites les voies de ceux qui sont sur la terre,
et les hommes ont appris ce qui vous est agréable,
et ils ont été sauvés par la Sagesse[57]. »

TROISIÈME PARTIE.
[X, 1 — XIX, 22.]
LE RÔLE DE LA SAGESSE DANS L’HISTOIRE.



I. — LA SAGESSE SAUVE LES BONS ET CHÂTIE LES MÉCHANTS[58].
[X, 1 — XII, 27.]
1. Chap, x, 1-14 : À l’origine et au temps des patriarches.Adam (x, 1, 2). Caïn (x, 3). Noé (x, 4). Abraham (x, 5). Lot (x, 6-9). Jacob (x, 10-12). Joseph (x, 13, 14).


C’est la sagesse qui garda le premier homme formé par Dieu,
pour être le père du genre humain, le seul créé ;
2elle le tira de son péché,
et lui donna le pouvoir de gouverner toutes les créatures.[59]

3S’étant éloigné d’elle dans sa colère,
l’injuste périt avec sa fureur fratricide[60].

4Quand, à cause de lui, la terre fut submergée, la sagesse la sauva,
dirigeant le juste sur un bois sans valeur[61].

5Lorsque les nations étaient confondues dans leur commune iniquité,
la sagesse connut le juste et le conserva sans reproche devant Dieu,
et le garda invincible contre sa tendresse pour son fils[62].

6Ce fut elle qui, au milieu de la ruine des méchants, sauva le juste,
qui s’enfuit loin du feu descendu sur les cinq villes[63].
7En témoignage de leur perversité,
cette terre désolée continue de fumer,
les arbres portent leurs fruits hors de saison ;
monument d’une âme incrédule, une colonne de sel reste debout.
8Ayant négligé la sagesse,
non seulement ils ont été privés de la connaissance du bien,
mais ils ont laissé aux vivants un monument de leur folie,
afin que leurs crimes ne puissent tomber dans l’oubli.
9Mais la sagesse a délivré du malheur ses fidèles.

10C’est elle qui conduisit par des voies droites
le juste fuyant la colère de son frère[64],
qui lui montra le royaume de Dieu,
et lui donna la science des choses saintes ;
elle l’enrichit dans ses pénibles labeurs,
et fit fructifier ses travaux.
11Elle l’assista contre d’avares oppresseurs,
et lui fit acquérir des richesses.
12Elle le garda contre ses ennemis,
et le protégea contre ceux qui lui dressaient des embûches ;
elle lui donna la victoire dans un rude combat[65],
pour lui apprendre que la piété est plus puissante que tout.

13Elle n’abandonna pas le juste vendu,
mais le préserva du péché[66] ;
14elle descendit avec lui dans la fosse,
et ne le quitta pas dans les chaînes,
jusqu’à ce qu’elle lui eut procuré le sceptre royal[67],
et la puissance sur ses oppresseurs ;
elle convainquit de mensonge ceux qui l’avaient accusé,
et lui donna une gloire éternelle.

2. Chap, x, 15-xi, 4 : Lors de l’entrée dans la Terre Promise.Délivrance (x, 15-17) ; mer Rouge (x, 18-21) ; désert (xi, 1-4).


15Elle délivra des nations qui l’opprimaient
le peuple saint et la race sans reproche[68].
16Elle entra dans l’âme du serviteur de Dieu[69],
et, par des signes et des prodiges,
elle tint tête à des rois redoutables.
17Elle rendit aux saints le salaire de leurs travaux,
elle les conduisit par une route semée de merveilles,
et fut pour eux un ombrage[70] pendant le jour,
et comme la lumière des étoiles pendant la nuit.

18Elle leur fit traverser la mer Rouge,
et les conduisit à travers les grandes eaux.
19Elle submergea leurs ennemis,
puis des profondeurs de l’abîme elle les rejeta.
20C’est pourquoi les justes enlevèrent les dépouilles des impies,
et chantèrent votre saint nom, Seigneur,
et louèrent de concert votre main qui combattait pour eux.
21Car la sagesse ouvrit la bouche des muets
et rendit éloquente la langue des enfants.


Elle fit réussir leurs œuvres par la main d’un saint prophète.
2Ils firent route à travers un désert inhabité,
et dressèrent leurs tentes dans des régions sans chemin.
3Ils résistèrent à leurs ennemis,
et tirèrent vengeance de leurs adversaires[71].
4Ils éprouvèrent la soif et vous invoquèrent,
et l’eau leur fut donnée d’un rocher escarpé,
et d’une pierre, l’apaisement de leur soif[72].

3. Chap, xi, 5 — xii, 2 : Châtiment juste, mais mitigé, des Égyptiens.Les Égyptiens doublement punis de la mort des enfants israélites par le contraste entre la manière dont Dieu avait provoqué leur soif et la façon dont il avait calmé celle de ses serviteurs (xi, 5-14). Châtiment approprié de l’idolâtrie par l’invasion des animaux qu’ils adoraient (xi, 15-203). La souveraine puissance tempérée, dans le châtiment, par la miséricorde (xi, 20b-xii, 2).


5Ce qui avait fait le châtiment de leurs ennemis
devint pour eux une bénédiction dans leur détresse[73].
6En effet, tandis que les eaux d’un fleuve intarissable
étaient troublées par un sang impur,[74]
7en punition du décret qui frappait de mort les enfants,
vous donniez à vos fidèles, contre tout espoir, une eau abondante,[75]
8leur montrant ainsi, par la soif qu’ils ressentirent alors,
de quel châtiment vous frappiez vos adversaires[76].
9Après cette épreuve, quoique punis avec miséricorde,
ils surent comment étaient tourmentés les impies jugés dans la colère.
10Vous avez éprouvé les uns comme un père qui avertit,
et vous avez châtié les autres comme un roi sévère qui condamne.
11Absents ou présents[77], ils furent également tourmentés.
12Un double chagrin les saisit, et ils gémissaient au souvenir de ce qui était arrivé.
13Car en apprenant que leurs propres tourments
tournaient à l’avantage des fugitifs, ils reconnurent la main du Seigneur[78].

14Celui qu’ils avaient autrefois exposé et rejeté avec mépris,
ils l’admirèrent à la fin des événements,
lorsqu’ils eurent souffert une soif bien différente de celle des justes.

15En punition des pensées extravagantes de leur perversité,
qui les égaraient et leur faisaient adorer
des reptiles sans raison et de vils animaux,
vous leur envoyâtes en châtiment une multitude de bêtes stupides :
16pour leur apprendre que l’on est puni par où l’on a péché.
17Il n’était pas difficile à votre main toute-puissante,
qui a fait le monde d’une matière informe[79],
d’envoyer contre eux une multitude d’ours ou de lions féroces,
18ou des bêtes nouvellement créées, pleines de fureur et inconnues,
respirant une vapeur enflammée, exhalant une fumée infecte,
ou lançant par les yeux de terribles éclairs,
19capables, non seulement de donner la mort par une blessure,
mais de foudroyer de peur par leur seul aspect.
20Et, sans cela même, ils pouvaient périr par un simple souffle,
poursuivis par la justice[80],
et dispersés par le souffle de votre puissance.

Mais vous avez tout réglé avec mesure,
avec nombre et avec poids.
21Car la souveraine puissance est toujours à vos ordres,
et qui donc résisterait à la force de votre bras ?
22Le monde entier est devant vous comme l’atome qui fait pencher la balance,
comme la goutte de rosée matinale qui tombe sur la terre.
23Mais, parce que vous pouvez tout, vous avez pitié de tous,
et vous fermez les yeux sur les péchés des hommes pour qu’ils se repentent.
24Car vous aimez toutes les créatures,
et vous ne haïssez rien de ce que vous avez fait ;
si vous aviez haï une chose, vous ne l’auriez pas faite.
25Et comment un être subsisterait-il, si vous ne le vouliez,
se conserverait-il, si vous ne l’aviez appelé à l’existence ?
26Mais vous pardonnez à tous, parce que tout est à vous,
Seigneur, qui aimez les âmes[81].


Car votre esprit incorruptible est dans tous les êtres[82].
2C’est pourquoi vous châtiez avec modération ceux qui tombent,
et, quand ils pèchent, vous les avertissez et vous les reprenez,
afin que, renonçant à leur malice, ils croient en vous, Seigneur.

4. Chap, xii, 3-27 : Les Chananéens, comme les Égyptiens, sont châtiés avec indulgence.Bien qu’il voulût les exterminer à cause de leurs crimes, Dieu fournit aux Chananéens occasion de se repentir (xii, 3-8) ; car ce n’est ni par impuissance (xii, 9-11), ni par crainte qu’il les épargna (xii, 12-15). La raison de son indulgence est sa puissance même (xii, 16-18), et le désir de donner aux siens de salutaires leçons (xii, 19-22). Retour sur le châtiment des Égyptiens (xii, 23-27).

3Vous aviez en haine les anciens habitants de votre terre sainte,
4parce qu’ils se livraient à des œuvres détestables de magie,
à des cérémonies impies,
5et à des meurtres cruels d’enfants,
dévorant[83] des chairs humaines et s’abreuvant de sang.
Ces initiés à d’abominables mystères,
6ces parents meurtriers d’êtres sans défense,
vous vouliez les détruire par la main de nos pères,

7afin que cette terre que vous honorez entre toutes
reçût une digne colonie d’enfants de Dieu.
8Cependant, comme ils étaient hommes, vous avez usé de clémence,
et vous avez envoyé, comme avant-coureurs de votre armée,
des frelons pour les faire périr peu à peu.

9Non qu’il vous fût impossible de faire tomber ces impies,
dans une bataille rangée, sous la main des justes,
ou de les exterminer d’un seul coup par des bêtes féroces,
ou par un ordre rigoureux ;
10mais, en exerçant vos jugements par degré,
vous leur donniez lieu de faire pénitence,
quoique vous sussiez bien qu’ils étaient une race perverse,
que leur malice était innée, et que leurs pensées ne changeraient jamais ;
11car c’était une race maudite dès l’origine.

Ce n’est pas non plus par crainte de personne
que vous vous êtes montré indulgent pour leurs péchés.
12Qui en effet pourrait vous dire : « Qu’avez-vous fait ? »
Qui pourrait s’opposer à votre jugement ?
Qui vous accuserait de faire périr les nations que vous avez faites ?
Qui viendrait plaider contre vous la cause d’hommes impies ?
13Car il n’y a pas d’autre Dieu que vous,
qui prenez soin de toutes choses,
afin de montrer que vous ne jugez pas injustement.
14Il n’y a ni roi ni tyran qui puisse se lever contre vous,
pour la défense de ceux que vous avez châtiés.
15Mais, comme vous êtes juste, vous réglez tout avec justice,
et vous regardez comme une chose contraire à votre puissance
de condamner aussi celui qui ne mérite pas de châtiment.

16Car votre puissance est le fondement de la justice,
et c’est parce que vous êtes le Seigneur[84] de tous
que vous usez d’indulgence envers tous.
17C’est à ceux qui ne croient pas à votre toute-puissance
que vous montrez votre force[85],
et vous confondez l’audace de ceux qui la connaissent.
18Maître de votre force, vous jugez avec douceur,
et vous nous gouvernez avec une grande indulgence,
car la puissance est avec vous quand vous le voulez.

19En agissant ainsi, vous avez appris à votre peuple
que le juste doit être humain,
et vous avez inspiré à vos enfants la joyeuse espérance
que, s’ils pèchent, vous leur accordez le temps du repentir.
20Si, en effet, vous avez puni, avec tant de ménagement et d’indulgence,
les ennemis de vos serviteurs, bien qu’ils fussent dignes de mort,
leur donnant le temps et l’occasion de se convertir de leur malice,
21avec quelle circonspection jugez-vous vos enfants,
dont les pères ont reçu de vous des serments et des alliances,
jointes à de magnifiques promesses !
22Quand vous nous corrigez, vous flagellez nos ennemis mille fois[86] plus fort,
pour nous apprendre, quand nous jugeons, à songer à votre bonté,
et, quand nous sommes jugés, à espérer en votre miséricorde.

23Voilà pourquoi vous avez tourmenté par leurs propres abominations[87],
les injustes qui passaient leur vie dans la folie.

24Car ils s’étaient enfoncés si loin dans les voies de l’erreur,
qu’ils regardaient comme des dieux les plus vils des animaux[88],
s’étant laissé tromper comme des enfants sans raison.
25Aussi comme à des enfants sans raison,
leur avez-vous envoyé d’abord un châtiment dérisoire.
26Mais ceux qu’une correction dérisoire n’a pas amendés, subiront un châtiment[89] digne de Dieu.
27Châtiés par ceux qu’ils prenaient pour des dieux,
ils furent exaspérés de leurs souffrances,
et, voyant Celui qu’ils avaient autrefois refusé de connaître,
ils le reconnurent[90] pour le Dieu véritable ; c’est pourquoi la suprême condamnation tomba sur eux.

II. — LA SAGESSE CONTRE L’IDOLATRIE
[XIII, 1 — XIX, 22.]
FORMES DIVERSES DE L’IDOLATRIE.
1. Chap. xiii, 1-9 : Le culte des éléments.Erreur initiale (xiii, 1, 2) ; des créatures on peut s’élever au Créateur (xiii, 3-5). Gravité atténuée de cette forme d’idolâtrie (xiii, 6-9).


Insensés par nature tous les hommes qui ont ignoré Dieu,
et qui n’ont pas su, par les biens visibles, voir Celui qui est,
ni, par la considération de ses œuvres, reconnaître l’Ouvrier.
2Mais ils ont regardé le feu, le vent, l’air mobile,
le cercle des étoiles, l’eau impétueuse, les flambeaux du ciel[91],
comme des dieux gouvernant l’univers.

3Si, charmés de leur beauté, ils ont pris ces créatures pour des dieux,
qu’ils sachent combien le Maître l’emporte sur elles ;
car c’est l’Auteur même de la beauté qui les a faites.
4Et s’ils en admiraient la puissance et les effets,
qu’ils en concluent combien est plus puissant celui qui les a faites.
5Car la grandeur et la beauté des créatures
font connaître par analogie[92] Celui qui en est le Créateur.

6Ceux-ci pourtant encourent un moindre reproche[93] ;
car ils s’égarent peut-être
en cherchant Dieu et en voulant le trouver.
7Occupés de ses œuvres, ils en font l’objet de leurs recherches,
et s’en rapportent à l’apparence, tant ce qu’ils voient est beau !
8D’autre part, ils ne sont pas non plus excusables ;
9car, s’ils ont acquis assez de science
pour arriver à connaître le monde,
comment n’en ont-ils pas connu plus facilement le Maître ?

2. Chap, xiii, 10 — xiv, 11 : Folie et impiété du culte des statues.Thèse (xiii, 10). Description ironique de la fabrication de l’idole (xiii, 11-16). Sottise du culte qui lui est rendu (xiii, 17-19) ; en particulier, folie de celui qui l’implore pour un voyage en mer (xiv, 1-7). Châtiment des idoles et de leurs adorateurs (xiv, 8-11).

10Mais ils sont bien malheureux,
et ils mettent leur espérance en des objets sans vie,
ceux qui ont appelé Dieu des ouvrages de la main des hommes,
de l’or et de l’argent travaillés avec art,
des figures d’animaux ou une pierre inutile,

ouvrage d’une main antique.
11Voici qu’un artisan a coupé un arbre facile à travailler[94] ;
il en ôte adroitement toute l’écorce,
et, le façonnant avec habileté,
il en fabrique un meuble utile pour l’usage de la vie.
12Son travail achevé, il emploie ce qui reste
à faire cuire ses aliments, et satisfait sa faim.
13Quant aux derniers débris, qui ne sont plus d’aucun usage,
au bois tordu et plein de nœuds,
il le prend, le taille pour occuper ses loisirs,
et, par un travail habile, lui donne une figure :
il le fait ressembler à un homme.
14Ou bien il en fait l’image de quelque vil animal,
le peint de vermillon, en recouvre la surface d’une couleur rouge,
et fait disparaître sous un enduit toutes les taches.
15Puis, lui ayant disposé une habitation convenable,
il le place contre la muraille et le fixe avec du fer.
16Il prend bien garde qu’il ne tombe,
sachant que le dieu ne peut s’aider lui-même,
car ce n’est qu’une statue qui a besoin d’appui.

17Cependant il le prie au sujet de ses biens,
de ses mariages et de ses enfants,
et il ne rougit pas de parler à ce qui n’a point d’âme.
Il demande la santé à ce qui est sans force,
18la vie à ce qui est mort,
le secours à ce qui ne peut rendre aucun service,
un heureux voyage à ce qui ne peut se servir de ses pieds.
19Pour assurer ses profits, ses entreprises, le succès de son travail,
il demande l’énergie à ce qui a les mains les plus débiles.


En voici un autre qui pense à prendre la mer,
et se dispose à voyager sur les flots en fureur :
il invoque un bois[95] plus fragile encore que le vaisseau qui le porte ;
2car, ce vaisseau, c’est la passion du lucre qui l’a inventé,
et c’est l’habileté de l’ouvrier qui l’a construit.
3Mais, ô Père, c’est votre providence qui le gouverne,
vous qui avez même ouvert un chemin dans la mer,
et une route sûre au milieu des flots,
4montrant par là que vous pouvez délivrer de tout péril,
afin que, même sans la science de la navigation, on puisse se mettre en mer.
Vous ne voulez pas que les œuvres de votre sagesse restent inutiles ;
c’est pourquoi les hommes, confiant leur vie à un bois fragile,
5traversent les vagues sur un radeau, et échappent à la mort[96].
6Et jadis, alors que les géants orgueilleux périssaient,
l’espérance de l’univers[97] échappa sur une barque,
et, gouvernée par votre main, laissa au monde la semence d’une postérité.
7Car béni est le bois qui sert à un juste usage[98].

8Mais l’idole, œuvre de la main des hommes[99],
est maudite, elle et son auteur :
celui-ci parce qu’il l’a faite,
celle-là parce qu’étant périssable, elle est appelée dieu ;
9car Dieu hait également l’impie et son impiété,
10et l’œuvre et l’ouvrier seront pareillement châtiés.

11C’est pourquoi les idoles des nations seront visitées[100],
parce que, créatures de Dieu, elles sont devenues une abomination,
un scandale pour les âmes des hommes,
un piège pour les pieds des insensés.

3. Chap, xiv, 12-20 : Origines du culte des statues.Elles ont été introduites par les hommes (xiv, 12-14), par le deuil de ceux qui, pleurant un fils, voulaient se le représenter (xiv, 15, 16), par la volonté d’un prince (xiv, 17-20).

12L’idée de faire des idoles fut le principe de la fornication[101],
et leur invention a amené la perte de la vie.
13Il n’y en avait pas à l’origine et il n’y en aura pas toujours.
14C’est la vanité des hommes qui les a introduites dans le monde ;
aussi leur fin prochaine est-elle arrêtée dans la pensée divine.

15Un père accablé par une douleur prématurée
a façonné l’image d’un fils qui lui a été trop tôt enlevé ;
et cet enfant qui était mort, il s’est mis à l’honorer comme un dieu,
et il a institué parmi les gens de sa maison
des rites pieux et des cérémonies.
16Puis, cette coutume impie, s’affermissant avec le temps,
fut observée comme une loi,
et, sur l’ordre des princes, on adora les statues.

17Quand on ne pouvait les honorer en face,
parce qu’ils habitaient trop loin,
on se représentait leur lointaine figure[102],
et l’on façonnait une image visible du roi vénéré,
afin de rendre à l’absent des hommages
aussi empressés que s’il eût été présent.
18Et, pour le succès de la superstition, ceux qui ne le connaissaient pas
y furent amenés par l’ambition de l’artiste.
19Celui-ci, en effet, désireux de plaire au maître puissant,
épuisa tout son art à embellir le portrait.
20Et la foule des hommes, séduite par l’élégance de l’œuvre,
regarda comme un dieu celui qui naguère était honoré comme un homme.

4. Chap, xiv, 21-31 : Conséquences morales et châtiment de l’idolâtrie.Immoralités du culte (xiv, 21-23) et de la vie ordinaire (xiv, 24-29). Le juste châtiment (xiv, 30, 31).

21Ce fut un piège pour les vivants que les hommes,
sous l’influence de l’infortune ou de la tyrannie,
eussent donné à la pierre ou au bois le nom incommunicable.
22Bientôt ce ne fut pas assez pour eux d’errer dans la notion de Dieu ;
vivant dans un état de lutte violente, par suite de leur ignorance,
ils appelaient du nom de paix de tels maux[103].

23Célébrant des cérémonies homicides[104] de leurs enfants
ou des mystères clandestins,
et se livrant aux débauches effrénées de rites étranges,
24ils n’ont plus gardé de pudeur ni dans leur vie, ni dans leurs mariages.
L’un tue l’autre par la trahison, ou l’outrage par l’adultère.
25C’est partout un mélange de sang et de meurtre, de vol et de tromperie[105],

de corruption et d’infidélité, de révolte et de parjure,
26de persécution des gens de bien, d’oubli des bienfaits[106],
de souillure des âmes, de crimes contre nature,
d’instabilité dans les unions, d’adultère et d’impudicité.
27Car le culte des idoles sans nom
est le principe, la cause et la fin de tout mal.
28Leurs divertissements sont de folles joies,
et leurs oracles, des mensonges ;
ils vivent dans l’injustice et se parjurent sans scrupule.
29Comme ils mettent leur confiance en des idoles sans vie, ils n’attendent aucun préjudice de leurs parjures.

30Mais un juste châtiment les frappera pour ce double crime :
parce que, s’attachant aux idoles,
ils ont eu sur Dieu des pensées perverses,
et parce qu’ils ont fait par fourberie des serments contre la justice,
au mépris[107] des plus saintes lois.
31Ce n’est pas la puissance des idoles par lesquelles ils ont juré,
c’est le châtiment dû aux pécheurs
qui atteint toujours la prévarication des impies.

5. Chap, xv, 1-6 : Israël a eu le bonheur de ne pas subir la séduction des idoles.

Mais vous, ô notre Dieu, vous êtes bon, fidèle et patient,
et vous gouvernez tout avec miséricorde.
2Lors même que nous péchons, nous sommes à vous,
connaissant votre puissance ;
mais nous ne voulons pas pécher,
car nous savons que nous sommes comptés parmi les vôtres.
3Vous connaître est la justice parfaite,
et connaître votre puissance[108] est la racine de l’immortalité.
4Nous n’avons pas été égarés par l’invention d’un art funeste,
ni par une figure barbouillée de diverses couleurs,
vain travail d’un peintre :
5objets dont l’aspect excite la passion[109] de l’insensé,
qui s’éprend pour la figure inanimée d’une image sans vie.
6Affectionnant le mal, ils sont dignes de telles espérances,
aussi bien ceux qui les font que ceux qui les aiment ou les adorent.

6. Chap, xv, 7-13 : Culpabilité de celui qui se livre à la fabrication et au commerce des statues.

7En effet, voici un potier qui pétrit laborieusement la terre molle ;
il façonne chaque vase pour notre usage,
et de la même argile il fait
des vases qui sont destinés à de nobles emplois,
et d’autres à des emplois tout contraires,
sans distinguer[110] nullement à quel usage chacun d’eux devra servir :
c’est le potier qui en est juge.
8Ensuite, par un travail impie, de la même argile,
il façonne une vaine divinité,
lui qui, naguère fait de terre,
retournera bientôt au lieu d’où il a été tiré,
quand on lui redemandera son âme[111] qui lui avait été prêtée.

9Pourtant il ne s’inquiète pas de ce que ses forces s’épuisent,
ni de ce que sa vie est courte ;
mais il rivalise avec ceux qui travaillent l’or et l’argent,
il imite ceux qui travaillent l’airain,
et met sa gloire à exécuter des figures trompeuses.
10Son cœur est comme de la cendre,
son espérance est plus vile que la terre[112],
et sa vie est de moindre valeur que l’argile.
11Car il méconnaît celui qui l’a fait,
qui lui a inspiré une âme agissante,
et a mis en lui un souffle de vie.
12Il regarde notre existence comme un amusement,
la vie comme un marché où l’on se rassemble pour le gain[113] ;
car, disent-ils, « il faut acquérir par tous les moyens, même par le crime. »
13Car celui-là sait bien qu’il est plus coupable que tous les autres,
qui, de la même terre, façonne des vases fragiles et des idoles.

7. Chap, xv, 14-19 : Folie des païens qui rendent un culte aux idoles des nations et aux animaux.

14Mais ils sont tous très insensés,
et plus malheureux que l’âme d’un enfant,
les ennemis de votre peuple qui le tiennent dans l’oppression ![114]

15Car ils ont regardé comme des dieux toutes les idoles des nations,
qui ne peuvent user de leurs yeux pour voir
, ni de leurs narines pour respirer l’air,
ni de leurs oreilles pour entendre,
ni des doigts de leurs mains pour toucher,
et dont les pieds sont incapables de marcher.
16C’est un homme qui les a faites,
et c’est celui à qui on a prêté le souffle qui les a façonnées.
Il n’est pas d’homme qui puisse faire un dieu semblable à lui,
17car, étant mortel, il ne fait de ses mains impies qu’une œuvre morte ;
il vaut mieux que les objets qu’il adore,
car au moins il a la vie, et eux ne l’ont jamais eue.

18Ils rendent un culte aux animaux les plus odieux[115],
lesquels, jugés d’après la stupidité, sont pires que les autres.
19Il n’y a rien de bon[116] en eux qui fasse naître l’affection,
comme à l’aspect d’autres animaux ;
ils échappent à la louange de Dieu et à sa bénédiction.

INTERVENTIONS DE LA SAGESSE EN FAVEUR DES ISRAÉLITES ET CONTRE LES ÉGYPTIENS IDOLÂTRES.
1. Chap, xvi, 1-14 : Premier parallèle : les bêtes envoyées pour châtier les Egyptiens, et les bêtes envoyées pour soulager les Israélites.Contraste entre la plaie des animaux et le bienfait des cailles (xvi, 1-3). Leçon pour les Israélites (xvi, 4-7). Leçon pour les Égyptiens (xvi, 8-14).

C’est pourquoi ils ont été justement châtiés par des créatures semblables
et tourmentés par une multitude de bêtes.

2À la place de ces fléaux, vous avez accordé des bienfaits à votre peuple,
et, pour satisfaire son ardent désir, vous lui avez préparé un aliment merveilleux,
des cailles[117] en nourriture :
3de sorte que les uns, malgré leur désir de manger,
à l’aspect répugnant des insectes envoyés contre eux,
prirent en aversion même leur appétit naturel,
tandis que les autres, après une légère privation,
goûtèrent une nourriture nouvelle.

4Car il fallait qu’une disette inévitable
affligeât les premiers, les oppresseurs,
et qu’il fût seulement montré aux autres
comment leurs ennemis étaient tourmentés.
5En effet, lorsque ceux-ci souffraient de la fureur de bêtes cruelles,
et qu’ils périssaient sous la morsure de serpents tortueux[118],
votre colère ne dura pas jusqu’à la fin ;
6ils furent troublés un moment, en vue de leur correction,
et ils eurent un signe[119] de salut,
pour leur rappeler les préceptes de votre loi.
7Car celui qui se tournait de son côté était guéri,
non par l’objet[120] qu’il avait sous les yeux,
mais par vous, qui êtes le sauveur de tous.

8Mais par là, vous avez aussi appris à nos ennemis
que c’est vous qui délivrez de tout mal.
9En effet, la morsure des sauterelles et des moucherons les fit périr,
et il ne se trouva aucun moyen de sauver leur vie,
parce qu’ils méritaient d’être châtiés de la sorte.
10Vos enfants ne furent pas vaincus par la dent des serpents venimeux,
car votre miséricorde vint à leur secours et les guérit.
11C’est pour que vos paroles leur revinssent en mémoire
qu’ils étaient blessés, et promptement guéris,
de peur que, venant à les oublier entièrement,
ils ne fussent exclus de vos bienfaits.
12Ce ne fut ni une herbe, ni un médicament qui les guérit,
mais votre parole, Seigneur, qui guérit tout.
13Car vous avez puissance sur la vie et sur la mort ;
vous menez aux portes du séjour des morts et vous en ramenez.
14L’homme, dans sa méchanceté, peut bien donner la mort,
mais non ramener l’esprit une fois sorti[121],
ni délivrer l’âme que le schéol a reçue.

2. Chap. xvi, 15-29 : Deuxième parallèle : plaie de la grêle et manne.Fléau des Égyptiens, description et leçon (xvi, 15-19). La manne, sa description (xvi, 20, 21). Leçon touchant la toute puissance de Dieu et sa bonté pour son peuple (xvi, 22-29).

15Mais il est impossible d’échapper à votre main.

16Les impies qui prétendaient ne pas vous connaître
ont été flagellés par la force de votre bras ;
des eaux extraordinaires, la grêle
et des pluies inexorables les ont tourmentés,
et le feu les a consumés[122].
17Ce qui était le plus étrange c’est que, dans l’eau qui éteint tout,
le feu n’était que plus ardent,
car l’univers combat pour les justes.

18Tantôt la flamme s’adoucissait,
afin que les animaux envoyés contre les impies ne fussent pas consumés,
et que ceux-ci, à cette vue, reconnussent
qu’un jugement de Dieu les poursuivait.
19Tantôt elle brûlait au sein même de l’eau,
avec plus de force que n’en comporte la nature du feu,
afin de détruire tous les produits d’une nation impie.

20Au lieu de cela, vous avez rassasié votre peuple de la nourriture des anges[123],
et vous leur avez donné du ciel, sans travail, un pain tout préparé,
procurant toute jouissance et approprié à tous les goûts.
21Cette substance, envoyée par vous, montrait la douceur
que vous avez envers vos enfants,
et ce pain, s’accommodant au désir de celui qui le mangeait,
se changeait en ce qu’il voulait.
22La neige[124] et la glace soutenaient la violence du feu sans se fondre,
afin qu’ils sussent que le feu,qui brûlait dans la grêle
et étincelait dans la pluie,
détruisait les récoltes de leurs ennemis,
23et qu’il oubliait ensuite sa vertu propre,
pour l’entretien des justes.
24Car la créature, soumis à vous, son Créateur,
déploie son énergie pour tourmenter les méchants,
et se relâche pour procurer le bien de ceux qui se confient en vous.
25C’est pourquoi, se pliant alors à tous ces changements,
elle était aux ordres de votre grâce, qui nourrit tout,
selon la volonté de ceux qui étaient dans le besoin[125] ;
26afin que vos enfants que vous aimez, Seigneur, apprissent
que ce ne sont pas les différentes espèces de fruits qui nourrissent les hommes,
mais que c’est votre parole qui conserve ceux qui croient en vous.
27Car ce qui résistait à l’action destructive du feu
se fondait aisément, échauffé par le moindre rayon de soleil :
28afin d’apprendre à tous qu’il faut devancer le soleil pour vous rendre grâces,
et vous adorer dès le lever du jour.
29Quant à l’ingrat, son espérance fondra comme la glace d’hiver,
et s’écoulera comme une eau inutile.

3. Chap, xvii, 1 — xviii, 4 : Troisième parallèle : plaie des ténèbres et colonne de feu.Description de la plaie des ténèbres (xvii, 1-9, 13-18) ; réflexions sur la crainte (xvii, 10-12) ; les Égyptiens seuls privés de lumière au milieu du monde (xvii, 19, 20). La colonne de nuée (xvii, 1-4).

Car vos jugements sont grands et difficiles à expliquer[126] ;
aussi les âmes sans instruction se sont-elles égarées.

2Alors que les méchants s’étaient persuadés
qu’ils pouvaient opprimer la nation sainte,
enchaînés par les ténèbres[127] et prisonniers d’une longue nuit,
enfermés sous leur toit, ils gisaient ,
fuyant eux-mêmes votre incessante providence.
3Alors qu’ils imaginaient rester cachés avec leurs péchés secrets,
sous le voile épais de l’oubli,
ils furent dispersés, saisis d’une horrible épouvante,
et effrayés par des fantômes[128].

4Les réduits où ils se renfermaient ne les préservaient pas de la crainte :
des bruits effrayants retentissaient autour d’eux,
et des spectres leur apparaissaient avec des visages lugubres.[129]
5Il n’y avait pas de feu capable de donner de la lumière[130],
et les flammes brillantes des astres
ne pouvaient éclairer cette horrible nuit.
6Parfois seulement, leur apparaissait
une masse de feu, allumée d’elle-même, effrayante,
et, épouvantés de cette vision dont ils n’apercevaient pas la cause[131],
ils jugeaient ces apparitions plus terribles encore.
7L’art dérisoire des magiciens était à bout,
et leur prétention à la sagesse honteusement convaincue de fausseté.
8Eux qui se faisaient forts de chasser
des âmes malades la terreur et le trouble,
ils étaient malades eux-mêmes d’une peur ridicule.
9Car, quoiqu’il n’y eût rien de terrible pour les effrayer,
le passage des animaux[132] et le sifflement des serpents les terrifiaient ;
10et ils mouraient de frayeur,
se refusant à voir cet air auquel nul ne peut échapper.[133]

11— Car la perversité est craintive,
condamnée qu’elle est par son propre témoignage ;
pressée par sa conscience,
elle s’exagère toujours le mal.[134]
12La crainte, en effet, n’est pas autre chose
que l’abandon des secours qu’apporterait la réflexion.
13L’espérance étant moindre au fond du cœur,
on s’effraie[135] d’autant plus d’ignorer la cause de ses tourments. —

14Eux, pendant cette nuit d’impuissance,
sortie des profondeurs du schéol impuissant,
endormis du même sommeil,
15étaient tantôt agités par des spectres terrifiants,
tantôt abattus par la défaillance de leur âme ;
car une épouvante subite et inattendue s’était répandue sur eux.
16De même tous les autres, quels qu’ils fussent, tombant là sans force,
étaient retenus comme enfermés dans une prison sans verrous.
17Le laboureur, le berger,
l’ouvrier occupé aux rudes travaux de la campagne,
surpris par le fléau, étaient soumis à l’inévitable nécessité ;
18car tous étaient liés par la même chaîne de ténèbres.
Le vent qui sifflait,
le chant mélodieux des oiseaux dans les rameaux épais, le bruit des eaux précipitant leur cours,
19le fracas des pierres qui roulaient,
la course invisible des animaux bondissants,
les hurlements des bêtes féroces,
l’écho se répercutant dans les cavités des montagnes,
tout les faisait pâmer d’effroi.

20Car tandis que tout l’univers était éclairé d’une lumière brillante,
et se livrait sans obstacle à ses travaux,
21sur eux seuls s’étendait une nuit pesante,
image des ténèbres[136] qui devaient les recevoir ;
mais ils étaient encore plus à charge à eux-mêmes que les ténèbres.

Cependant une grande lumière brillait pour vos saints ;
les Égyptiens entendaient leur voix sans voir leur visage,
et, malgré leurs souffrances[137] passées, les proclamaient heureux.
2Et parce que, après avoir été maltraités,
ils ne se vengeaient pas, ils leur rendaient grâces,
et leur demandaient pardon de les avoir traités en ennemis.[138]
3À la place de ces ténèbres, vous avez donné à vos saints
une colonne de feu, guide dans une route inconnue,
soleil inoffensif[139] pour leur glorieux pèlerinage.
4Ils méritaient bien d’être privés de lumière,
et d’être emprisonnés dans les ténèbres,
ceux qui tenaient enfermés vos enfants,
par qui la lumière incorruptible de votre loi
devait être donnée au monde[140].

4. Chap, xviii, 5-25 : Quatrième parallèle : à propos de la mort des premiers-nés.Les Égyptiens punis pour l’extermination des premiers-nés d’Israël (xviii, 5). Les Israélites, avertis, se préparent à éviter les coups de l’Exterminateur (xviii, 6-9) ; douleur des Égyptiens (xviii, 10-13) ; l’œuvre de l’Exterminateur (xviii, 14-19). Miséricorde divine dans le châtiment mortel de la révolte de Coré, Dathan, et Abiron (xviii, 20-25).

5Ils avaient résolu de faire périr les enfants des saints,
et, l’un de ces derniers[141] ayant été exposé et délivré,
vous leur avez, pour leur châtiment, enlevé la multitude de leurs fils,
et vous les avez engloutis tous ensemble dans les flots impétueux.

6Cette nuit avait été connue d’avance par nos pères,
afin que, sachant bien à quelles promesses ils avaient cru,
ils eussent meilleur courage.
7Et ainsi votre peuple attendit
la délivrance des justes et l’extermination de ses ennemis.
8De même que vous avez châtié nos adversaires,
du même coup vous nous avez glorifiés en nous appelant à vous.[142]
9En effet, les pieux enfants des saints[143] offraient leur sacrifice en secret,
et faisaient d’un commun accord ce pacte divin ;
que les saints participeraient
aux mêmes biens et aux mêmes dangers ; —
chantant déjà d’avance les hymnes de leurs pères.
10Pour leur faire écho, retentissaient les cris discordants des ennemis,
et l’on entendait des lamentations sur les enfants qu’on pleurait.
11L’esclave et le maître étaient punis de la même peine,
et l’homme du peuple souffrait la même chose que le roi.
12Ils avaient tous pareillement, dans un seul genre de mort,
des morts sans nombre,
et les vivants ne suffisaient pas aux funérailles[144], car leurs plus nobles rejetons avaient été exterminés en un instant.

13Ils avaient refusé de croire[145] à cause de leurs sortilèges ;
quand arriva l’extermination des premiers-nés,
ils reconnurent que ce peuple était fils de Dieu.

14Pendant qu’un profond silence enveloppait tout le pays
, et que la nuit était arrivée au milieu de sa course rapide,
15votre Parole[146] toute-puissante s’élança du haut du ciel,
de son trône royal, comme un guerrier impitoyable,
au milieu d’une terre vouée à l’extermination,
16portant comme un glaive aigu[147] votre irrévocable décret ;
elle était là, remplissant tout de mort ;
elle touchait au ciel et se tenait sur la terre.
17Aussitôt des visions de songes effrayants les troublèrent,
et des terreurs inattendues tombèrent sur eux.
18Jetés par terre çà et là à demi-morts,
ils révélaient la cause pour laquelle ils mouraient.
19Car les songes qui les troublaient la leur avaient révélée,
afin qu’ils ne mourussent pas sans savoir
pourquoi ils étaient si rudement frappés.

20L’épreuve de la mort atteignit aussi les justes,
et il y eut dans le désert une destruction de la multitude ;
mais votre colère ne dura pas longtemps.
21Car un homme sans reproche[148] se hâta de combattre pour les coupables ;
prenant les armes de son ministère,
la prière et l’encens expiatoire,
il résista à la colère divine et mit un terme au fléau,
montrant qu’il était votre serviteur.
22Il vint à bout de cette sédition, non par la force corporelle,
ni par la puissance des armes ;
mais il dompta par la parole celui qui les châtiait,
en rappelant les serments faits aux pères et les alliances.
23Lorsque déjà les morts étaient tombés en tas les uns sur les autres,
s’interposant, il arrêta la colère,
et ferma à l’Exterminateur le chemin des survivants.
24Car sur la robe qui tombait jusqu’à terre était tout l’univers ;
les noms glorieux des pères étaient gravés sur les quatre rangées de pierres précieuses,
et votre majesté sur le diadème de sa tête[149].
25Devant ces symboles, l’Exterminateur se retira, il en fut effrayé ;
car la seule expérience de votre colère était suffisante.

5. Chap. xix, 1-17 : Cinquième parallèle : à propos du passage de la mer Rouge.En vue de les châtier, Dieu permet que les Égyptiens se mettent à la poursuite des Hébreux (xix, 1-5). Merveilles opérées dans la mer Rouge en faveur des Hébreux (ix, 6-10) ; digression à propos des cailles (xix, 11, 12). Raisons du châtiment des Égyptiens (xix, 13-17).

Mais une colère sans miséricorde
poursuit les impies jusqu’à la fin.

Car Dieu savait d’avance quelle serait leur conduite :
2Qu’après avoir permis aux justes de s’en aller,
et pressé leur départ avec grande instance,
ils en auraient du regret et se mettraient à leur poursuite.
3En effet, ils n’avaient pas encore achevé leurs deuils[150],
et ils se lamentaient encore aux tombeaux de leurs morts,
qu’ils s’engagèrent dans un autre dessein de folie,
et poursuivirent comme des fugitifs
ceux qu’ils avaient conjurés de s’éloigner.
4Une juste nécessité les entraînait à cette fin,
et leur faisait oublier ce qui venait de leur arriver,
afin qu’ils subissent dans la pleine mesure le châtiment
qui manquait encore à leurs précédents supplices,
5et que, tandis que votre peuple bénéficiait d’un glorieux passage,
ils trouvassent une mort étrange.

6Car la création tout entière fut transformée dans sa nature,
obéissant aux commandements particuliers qui lui étaient donnés,
afin que vos enfants fussent conservés à l’abri de tout mal.
7Ainsi on vit une nuée couvrir le camp de son ombre ;
là où il y avait auparavant de l’eau, apparut la terre ferme ;
la mer Rouge ouvrit un libre passage,
et les flots impétueux se changèrent en un champ de verdure[151].
8Ils y passèrent, — toute une nation, — protégés par ta main,
ayant sous les yeux de merveilleux prodiges.
9Comme des chevaux en pâturage,
comme des agneaux bondissants,
ils vous glorifiaient, Seigneur, vous, leur libérateur[152].
10Car ils se rappelaient encore ce qui s’était passé
en leur séjour au pays étranger :
comment, à la place des autres animaux,
la terre avait produit des moustiques,
et le fleuve, au lieu de poissons, une multitude de grenouilles.

11Plus tard, ils virent encore une étrange production d’oiseaux,
lorsque, poussés par la convoitise,
ils demandèrent une nourriture délicate :[153]
12pour les satisfaire, des cailles[154] montèrent du côté de la mer.

13Mais le châtiment tomba sur les pécheurs,
non sans être signalé d’avance par de violents éclairs[155].
Il souffrirent justement pour leurs crimes,
14car ils avaient montré pour l’étranger la haine la plus odieuse.
D’autres n’avaient pas voulu recevoir des gens
qui ne les connaissaient pas ;
ceux-là avaient réduit en esclavage des étrangers qui leur avaient fait du bien.[156]

15Il y a plus, — car voici une autre considération en faveur des premiers :
C’est en ennemis qu’ils recevaient ces étrangers ;
16ceux-là[157], au contraire, accueillirent votre peuple avec des fêtes ;
et, après l’avoir admis à la jouissance de leurs droits,
l’accablèrent de cruelles souffrances.
17Aussi furent-ils frappés d’aveuglement,
comme ceux qui assiégeaient la porte du juste,
lorsque, enveloppés de ténèbres profondes[158],
ils cherchaient chacun l’entrée de la porte.

6. Chap, xix, 18-22 : Conclusion : Pour glorifier son peuple, Dieu n’a pas hésité à changer l’ordre des éléments.

18Car les éléments échangeaient leurs propriétés,
comme dans le psaltérion les sons changent de rythme,
tout en conservant le même ton[159].
C’est ce qu’on peut voir clairement
par les faits qui se sont passés.
19Les animaux terrestres devenaient aquatiques[160] ;
et ceux qui nagent passaient sur la terre.
20Le feu dépassait dans l’eau sa vertu naturelle,
et l’eau oubliait sa propriété d’éteindre.[161]
21D’autre part, la flamme n’atteignait pas la chair
des frêles animaux[162] répandus tout autour,
et ne fondait pas cet aliment céleste,
semblable au givre et fusible comme lui.

22En toutes choses, Seigneur, vous avez glorifié votre peuple,
vous l’avez honoré et vous ne l’avez pas méprisé ;
en tout temps et en tout lieu vous l’avez assisté.[163]

  1. La traduction du Livre de la Sagesse est faite sur la Bible grecque officiellement publiée sous le pape Sixte V, d’après le Cod. Vaticanus (1586).
  2. I, 1. Que vos pensées sur le Seigneur soient selon la droiture. M. à m., Pensez au sujet du Seigneur dans la droiture.
  3. 6. La sagesse est un esprit. D’autres manuscrits portent : L’esprit de sagesse aime les hommes. — Pour ses discours, litt. pour ses lèvres.
  4. 7. L’Esprit du Seigneur remplit l’univers : la même chose est dite aussi de la Sagesse vii, 24 ; viii, 1. Dans tout ce passage, les deux noms semblent mis l’un pour l’autre et expriment la même idée. — Qui contient tout, qui fait que tous les éléments du cosmos se tiennent et ne retournent pas à la confusion du chaos primitif. Le traducteur latin a conservé le neutre du grec (πνεῦμα), hoc quod cominet ; il aurait fallu hic (spiritus) qui continet.
  5. 11. Du blasphème (καταλαλιᾶς). D’autres, la médisance.
  6. 13. La mort n’entrait pas dans le plan primitif du Créateur (ii, 23.)
  7. 14. La mort, litt., l’Hadès ; en hébr. on dirait le schéol.
  8. 15. La justice est immortelle. La Vulgate ajoute, perpétuelle. Quelques manuscrits latins ajoutent encore : mais l’injustice s’acquiert la mort.
  9. 16. Ironie : comp. vers. 12. À considérer les actions et les paroles criminelles des impies, on dirait qu’ils désirent leur perte éternelle.
  10. II, 1. Et, quand vient etc. D’autres, plus simplement : Il n’y a aucun remède à la mort de l’homme.
  11. 5. Le sceau est apposé ; litt. le retour est scellé, c.-à-d. fermé, impossible ; les anciens scellaient ce que nous fermons ; comp. Job, xiv, 17 ; Dan. vi, 17 ; Apoc. xx, 3.
  12. 7. La fleur du printemps, litt. la fleur de l’air.
  13. 8. Avant qu’ils se flétrissent. La Vulg. ajoute : qu’il n’y ait pas de prairie qui ne soit le théâtre de nos plaisirs.
  14. 12. Traquons donc le juste puisqu’il nous est inutile. Ce 1er membre est emprunté à Isaïe (iii, 10), selon le grec des Septante.

    Un grand nombre de Pères ont vu dans ce verset et ceux qui suivent une véritable prophétie de la Passion de Notre-Seigneur. Il y a surtout une coïncidence frappante de pensées et d’expressions avec les récits évangéliques : comp. notamment Matth. xxvii, 43 ; Jean, xix, 7. Mais l’auteur parle de l’impie et du juste en général.
  15. 17. Cette vie. Vulg. ajoute, et nous saurons quelle sera sa fin.
  16. III, 1. Le tourment. Vulg. ajoute : de la mort.
  17. 6. Un parfait holocauste ; m. à m., Un holocauste de sacrifice. Vulg. une victime d’holocauste.
  18. 7. Vulg. rattache Au temps de leur récompense au vers. précédent et traduit Et au temps voulu sera leur récompense.
  19. 9. La fin du verset prend cette forme dans le Sinaiticus et l’Alexandrinus : Car la grâce et la miséricorde sont pour ses saints, et il prend soin de ses élus.
  20. 10. Mérité par, m. à m. selon.
  21. 13. À la visite des âmes, c’est-à dire le jour où le Seigneur visitera les âmes. La Vulg. ajoute le mot saintes. La loi mosaïque avait promis que Dieu récompenserait les justes par de nombreux rejetons, et que les impies n’auraient pas de postérité (Exod. xxiii, 26 ; Lév. xx, 20 sv ; Deut. vii, 14 ; Ps. lxxvii, 3 sv. ; Osée, ix, 14). La stérilité était donc, dans la pensée des Hébreux, un malheur et un opprobre (comp. Gen. xxx, 23 ; Is. iv, 1 ; Luc, i, 25). Toutefois l’auteur déclare que la piété et la vertu avec la privation d’enfants valent mieux que le vice et l’impiété avec une postérité nombreuse.
  22. 14. Les eunuques proprement dits n’étaient pas réputés faire partie de la communauté d’Israël (Deut. xxiii, 1) ; ils étaient écartés du service du temple (Lév. xxi, 20) Or, si leur vie est sainte, ils auront une place glorieuse dans le temple de Dieu. Comp Is. lvi, 3-5.
  23. IV, 1 Mieux vaut la stérilité avec la vertu. Vulg. : Qu’elle est belle avec éclat la race chaste !
  24. 10. Le portrait de ce juste est influencé par Gen. v, 24 : « Hénoch plut à Dieu, et on ne le trouva plus, parce que Dieu l’avait transféré » : comp. Eccli. xliv, 16 ; Hébr. xi, 5.
  25. 20. Ce verset appartient au chapitre suivant.
  26. V, 1. Et qui méprisaient ses labeurs. Vulg. et qui ont enlevé le fruit de ses labeurs.
  27. 2. Devant la révélation du salut, litt., sur le paradoxe du salut, sur l’étrange changement de destinée qui va s’opérer : les méchants se regardaient comme les seuls heureux, et ils vont être livrés aux tourments ; le juste leur semblait malheureux et digne de mépris, et il va entrer dans l’éternelle félicité.
  28. 11. Mais il bat etc. Vulg. relie ce stique au précédent : sans qu’on relève aucun vestige de sa route, mais seulement le bruit de ses ailes frappant l’air léger.
  29. 13. À ce verset la Vulg. ajoute : Ainsi parlent les pécheurs dans le séjour des morts. Ces paroles forment un verset 14, et, jusqu’à la fin du chap., la Vulg. est en avant d’un vers, sur le grec.
  30. 17. Il saisira etc. Vulg. Son zèle saisira une armure.
  31. 22. Sa colère comme une baliste. Vulg. une colère dure comme la pierre.
  32. VI, 1. Ce chap, débute ainsi dans la Vulg. : La sagesse vaut mieux que la force, et l’homme prudent que l’homme robuste. Ces paroles constituent un premier vers., et la Vulg. jusqu’au vers. 21 de ce chap., se trouve en avant d’un verset sur le grec.
  33. 4. Ni observé la loi. La Vulg ajoute : de la justice.
  34. 6. Aux petits on pardonne par pitié. M à m., le petit est susceptible du pardon de ta miséricorde.
  35. 10. Les saintes lois, litt., les saintes choses.
  36. 21. La Vulg. ajoute : Aimez la lumière de la sagesse, vous tous qui commandez aux peuples. C’est un nouveau verset, si bien que, jusqu’à la fin du chap, elle est en avant de deux versets sur le grec.
  37. VII, 2. Pendant dix mois lunaires, de vingt-neuf et trente jours alternativement.
  38. 10. J’ai préféré la posséder plutôt que la lumière. Vulg. Je me suis proposé de l’avoir pour lumière. — Ne s’éteint jamais. litt. est sans sommeil.
  39. 12. Car la sagesse les amène avec elle. Vulg. Car cette sagesse me précédait.
  40. 15. Que Dieu me donne. Vulg., Dieu m’a donné.
  41. 17-21. L’auteur attribue à Salomon des connaissances plus ou moins étendues en cosmologie, en astronomie, en logique et psychologie, en zoologie, en botanique, en pharmacie. Comp. I Rois, iv, 33. Dans la Vulg. le premier membre du vers. 22 est rattaché au vers. 21.
  42. 21. À découvert. Vulg. inconnu.
  43. 22. En elle il y a un esprit : le manuscrit d’Alexandrie litt. : elle est un esprit, ce qui identifierait la sagesse et l’Esprit : comp. i, 6 ; ix, 17. — Unique, seul de son espèce : comp. Jean, i, 14, 18, où cette épithète est appliquée au Fils de Dieu. — Multiple dans ses attributs et ses opérations : comp. I Cor. xii, 11. — Impassible, étendant son influence et son action sur toutes choses, sans subir lui-même l’influence d’aucune. La Vulg. ajoute suavis.
  44. 23. Pénétrant les esprits, les intelligents, les purs et les plus subtils. La Vulg. attribue à tort ces trois dernières qualifications à l’Esprit lui-même.
  45. 25, 26. La personnalité de la Sagesse est enseignée dans ces deux versets avec une force et une clarté que n’atteint peut-être aucun passage des Proverbes ou de l’Ecclésiastique.
  46. 26. L’auteur de l’Épître aux Hébreux (i, 3) applique ce passage au Fils de Dieu.
  47. 27. Elle peut tout, elle peut produire au dehors cette infinie variété d’effets que nous avons sous les yeux.Elle renouvelle tout, elle est l’auteur de tous les changements et renouvellements, aussi bien dans l’ordre moral que dans l’ordre physique.
  48. 28. Habiter avec la sagesse, c’est être en relation habituelle et intime avec elle.
  49. viii, 1. Dispose toutes choses avec douceur (Vulg.). litt. bien, utilement, en grec χρηστῶς.
  50. 4. Qui initie. D’autres : qui est initiée. La sagesse participe à la science de Dieu ; elle participe aussi à sa volonté et choisit les œuvres qu’il doit réaliser.
  51. 8. Les événements, litt. les issues.
  52. 11. La Vulg. ajoute : et le visage des princes sera dans l’étonnement.
  53. 19, 20. L’auteur veut exprimer cette pensée, qu’il a reçu de Dieu une bonne âme, c.-à-d. douée d’heureuses dispositions naturelles, et un corps pur, c.-à-d. sans défaut ni vice héréditaire.
  54. 21. Obtenir la sagesse. C’est le sens naturel du grec et même de la Vulgate (continens, scil. sapientiœ), et c’est le sens qui s’impose dans le prologue d’une prière en vue de demander la sagesse. Néanmoins la plupart traduisent le latin et quelques-uns le grec : sachant que je ne pouvais être continent, chaste.
  55. IX, 8. Le saint tabernacle préparé dès le commencement : allusion au sanctuaire céleste montré à Moïse sur la montagne (Exod. xxv, 9 ; xxvi, 30. Comp. Hébr. viii, 2 ; ix, 11 ; Apoc. xiii, 6 ; xv, 5).
  56. 15. Appesantit l’âme, ou pèse sur l’âme. — Sa demeure, litt. sa tente.
  57. 18. La Vulg. ajoute : tous ceux, ô Seigneur, qui vous ont plu dès le commencement. Ce mots, avec la dernière ligne du vers. 18, forment un vers. 19.
  58. X. Sur ce morceau, comp. Hébr. xi, où S. Paul attribue à la foi ce qui est dit ici de la sagesse.
  59. 2. Voy. Gen. i, 26, 28 ; ii, 20.
  60. 3. Voy. Gen. iv.
  61. 4. Voy. Gen. vi-viii.
  62. 5. Voy. Gen. xii ; xxii.
  63. 6. Voy. Gen. xix.
  64. 10. Le juste fuyant etc., Jacob. Voy. Gen. xxvii, 42 sv. Comp. xxviii, 5, 10. — Qui lui montra le royaume de Dieu, allusion au songe de l’échelle mystérieuse (Gen. xxviii, 12 sv.). — Elle l’enrichit. Voy. Gen. xxx, 31-43.
  65. 12. Dans un rude combat. Voy. Gen. xxxii, 24-32 ; Osée, xii, 4.
  66. 13. Voy. Gen. xxxix. — Du péché. Vulg. des pécheurs.
  67. 14. Le sceptre du royaume : expression figurée de l’autorité quasi-souveraine dont fut investi Joseph en Égypte. Voy. Gen. xxxix-xli.
  68. 15. Elle délivra de la servitude d’Égypte.
  69. 16. Du serviteur de Dieu, Moïse (Exod. iv, 12 ; xiv, 31 ; Nombr. xii, 7. Comp. Hébr. iii, 5).
  70. 17. Un ombrage etc. : allusion à la colonne de nuée, obscure pendant le jour et brillante pendant la nuit (Exod. xiii, 21 sv., Deut. viii, 2.)
  71. XI, 3. Allusion aux différents combats des Hébreux contre les Amalécites (Exod. xvii, 8), contre les Chananéens et leur roi Arad (Nombr. xxi, 1), contre les Amorrhéens (Nombr. xxi, 21), etc.
  72. 4. Voy. Exod. xvii, 4-6 ; Nombr. xx, 8-11. Les versets suiv. établissent un parallèle entre le miracle qui fit jaillir l’eau du rocher en faveur des Israélites, et celui qui avait changé en sang les eaux du Nil pour punir les Egyptiens : le premier fut un bienfait pour les Hébreux, le second un châtiment pour les Égyptiens.
  73. 5. Vulg. Ce qui avait fait le châtiment de leurs ennemis — le défaut de boisson — cela même fut cause de joie pour les fils d’Israël, lorsqu’ils eurent de l’eau en abondance ; au sujet de la boisson, lorsqu’elle leur manquait, Dieu a agi pour eux avec bienveillance. Ce dernier membre de phrase devient le vers. 6 de la Vulg., qui, jusqu’à la fin du chapitre. se trouve en avant d’un vers, sur le grec.
  74. 6. 7. Vulg. (7, 8). Car, à la place de l’onde du fleuve intarissable, vous avez donné aux impies du sang humain ; et, pendant qu’ils étaient décimés en punition du meurtre des enfants vous donniez à vos fidèles etc.
  75. 7. D’un décret qui ordonnait de noyer dans le fleuve les enfants mâles des Hébreux (Exod. i, 15-18, 22).
  76. 8. Avant de quel châtiment, etc., la Vulg. insère ce membre de phrase : comment vous saviez glorifier vos fidèles et…
  77. 11. Absents ou présents. Ces mots paraissent se rapporter aux Égyptiens considérés par rapport aux Israélites : absents du milieu des Israélites, alors que ceux-ci avaient passé la mer Rouge, mais auparavant présents au milieu de ces mêmes Israélites. Termes obscurs, susceptibles de plusieurs interprétations.
  78. 13. La Vulg. ajoute : Et ils admirèrent l’issue des événements.
  79. 17. Matière informe : la Genèse nous montre au commencement les éléments à l’état de tohu vâbôhu, c.-à-d. de confusion, en attendant que la main de Dieu y mette de l’ordre et en façonne le monde actuel et tous les êtres qui l’habitent.
  80. 20. Poursuivis par la justice Vulg. : par leurs propres actes.
  81. 26. Qui aimez les âmes, litt. ami de la vie.
  82. XII, 1. Vulg. Qu’il est bon et suave, Seigneur, votre esprit qui est dans tous les êtres.
  83. 5. Dévorant etc. Texte très obscur. — Ces initiés à d’abominables mystères. D’autres (reliant à ce qui précède) : dans un cercle d’initiés. — Vulg. Et s’abreuvant de sang au mépris de vos lois essentielles.
  84. 16. Et parce que vous êtes le Seigneur etc. M. à m., Et être le Seigneur de tous vous les fait ménager tous.
  85. 17. Verset difficile, sens incertain. Vulg. Tu montres la puissance, alors qu’on ne te croit pas tout-puissant, et tu réprimes l’audace de ceux qui t’ignorent.
  86. 22. Mille fois plus. Vulg. bien des fois.
  87. 23. Par leurs propres abominations, faisant servir à leur tourment les créatures qu’ils adoraient : les animaux, le Nil, honoré comme un dieu, etc. Allusion aux plaies d’Égypte.
  88. 24. Les plus vils des animaux (Vulg.) ; m. à m. du grec : ceux d’entre les animaux qui sont vils aux yeux des ennemis.
  89. 26. Subiront plus tard, dans le sens de ont subi (Vulg.) : l’auteur donne à sa pensée une forme générale, mais il a en vue la mort des premiers-nés des Égyptiens et le passage de la mer Rouge.
  90. 27. Ils le reconnurent pour le Dieu véritable (comp. Exod. viii, 4, 24 ; ix, 27 ; x, 7, 16 sv. ; xii, 31), mais sans vouloir pour cela lui obéir.
  91. XIII, 2. Les flambeaux du ciel. Vulg. le soleil et la lune.
  92. 5. Par analogie. (Comp. Rom. i, 20 ; Act. xiv, 14.)
  93. 6. Un moindre reproche, si on les compare aux adorateurs d’idoles dont il va être parlé (vers. 10 sv.).
  94. 11. Facile à travailler. Vulg. droit.
  95. XIV, 1. Un bois, des dieux de bois : les divinités tutélaires des navigateurs, dont les images étaient peintes ou sculptées à l’avant du vaisseau.
  96. 5. Les centres de votre sagesse, les articles du commerce. — Un bois fragile, litt. le plus petit morceau de bois.
  97. 6. L’espérance de l’univers, Noé et sa famille.
  98. 7. Qui sert à un usage juste et légitime, tel que la construction d’un vaisseau, par opposition au bois dont on fait des idoles.
  99. 8. L’idole, œuvre de la main des hommes, litt. ce qui est fait par la main.
  100. 11. C’est pourquoi les idoles des nations seront visitées, m. à m., il y aura visite pour les idoles des nations. Vulg. Il n’y a pas d’égard pour les idoles des nations.
  101. 12. La fornication dont il s’agit ici est la prévarication religieuse.
  102. 17. On se représentait leur lointaine figure vulg. leur image était apportée de loin.
  103. 22-33. Conséquences morales de l’idolâtrie. Comp. Rom. i, 24 sv.
  104. 23. Cérémonies homicides : allusion aux sacrifices offerts à Moloch : voy. xii, 5. — Des mystères clandestins, qui s’accomplissent dans les ténèbres de la nuit : initiation aux mystères de Cybèle, de Priape, etc. — Aux débauches effrénées, banquets en l’honneur de Bacchus, à la suite desquels on se livrait à toutes sortes d’impudicités. La Vulg. traduit le dernier membre : Remplissant les nuits de folie.
  105. 25. Sur ce verset et le suivant comp. Rom, i, 29 sv. ; Gal. v, 19-21 ; II Cor. xii, 20 ; I Tim. i, 9 sv.
  106. 26. Oubli des bienfaits. Vulg. oubli de Dieu.
  107. 30. Au mépris des plus saintes lois, litt. de la sainteté.
  108. XV, 3. Votre puissance. Vulg la justice et votre puissance.
  109. 5. La passion, le désir, en lisant ὄρεξιν (Cod. Alex.) de préférence à la leçon ὄνειδος ;  : dont l’aspect tourne à la honte pour l’insensé.
  110. 7. Sans distinguer etc. Vulg. C’est le potier qui est juge de l’usage qui sera attribué à ces vases.
  111. 8. Quand on lui redemandera etc. M à m., quand il sera requis quant au prêt de son âme.
  112. 10. Son espérance est plus vile que la terre. Vulg. Son espérance est une terre vile.
  113. 12. La vie comme un marché où l’on se rassemble pour le gain. Vulg. et l’organisation de la vie dirigée vers le gain.
  114. 14. Vulg. Tous insensés et malheureux au delà de toute limite, orgueilleux d’esprit, sont les ennemis de ton peuple et ceux qui le dominent.
  115. 18. Les plus odieux, les plus nuisibles : serpents, crocodiles, certains oiseaux. — Lesquels etc. Vulg. Ces objets dépourvus de sens ( ?), comparés à ceux-ci (aux animaux ?), sont pires qu’eux. Les animaux auxquels on rend un culte sont plus stupides que nombre d’autres bêtes. Le vers. 19 favorise cette interprétation d’un texte qui prête à amphibologie.
  116. 19. Il n’y a rien de bon etc. Vulg. Parmi ces animaux, nul n’en peut voir de bons, même pour l’aspect.
  117. XVI, 2. Des cailles : voy. Nombr. xi, 31 sv.
  118. 5. Sur les serpents venimeux, voyez Nombr. xxi, 6.
  119. 6. Un signe, le serpent d’airain.
  120. 7. Non par l’objet etc. : l’auteur rejette ici l’idée d’un pouvoir magique qui paraît avoir été attribué par plusieurs au serpent d’airain, ce qui amena sa destruction par le roi Ezéchias (II Rois, xviii, 4).
  121. 14. Mais non ramener l’esprit une fois sorti, Vulg. quand l’esprit est sorti, il ne revient pas.
  122. 16. Ce verset se rapporte à la septième plaie (Exod. ix, 22 sv.).
  123. 20. Nourriture des anges, la manne (Exod. xvi ; Nombr. xi).
  124. 22. La neige, etc. la manne, qui offrait cet aspect. — Du feu du foyer, non du soleil (Exod. xvi, 21) : on pouvait la cuire et en faire des gâteaux (Exod. xvi, 23 ; Nombr. xi, 8).
  125. 25. Qui étaient dans le besoin. Vulg., qui vous priaient.
  126. XVII, 1. Et difficiles à expliquer. Vulg. et vos paroles son difficiles à expliquer.
  127. 2. Les ténèbres, la plaie de ce nom (Exod. x, 21-23), qui dura trois jours.
  128. 3. Ayant cherché les ténèbres pour pécher, ils furent punis par la plaie des ténèbres : allusion probable aux mystères que les païens célébraient pendant la nuit. — Ils furent dispersés. Alexandrinus : ils furent plongés dans les ténèbres. — Et effrayés par des fantômes. Vulg. troublés par un extrême étonnement.
  129. 4. Ici et plus loin, l’auteur ajoute diverses circonstances au récit biblique.
  130. 5. Il n’y avait pas etc. M. à m., Et aucune force de feu n’était assez Puissante pour les éclairer.
  131. 6. Dont ils n’apercevaient pas la cause. D’autres, plus simplement : qu’ils n’avaient jamais vue. D’autres : qu’ils ne voyaient plus, qui avait disparu.
  132. 9. Le passage des animaux qui s’enfuyaient effrayés.
  133. 10. Ce verset constitue la fin du vers. 9 de la Vulg. qui, jusqu’à la fin du chap., se trouve en retard d’un vers. sur le grec.
  134. 11-13. Réflexion de l’auteur sur le remords et la crainte.
  135. 13. On s’effraie etc. M. à m. on estime l’ignorance plus grande que la cause produisant le tourment.
  136. 21. Des ténèbres du schéol, où les victime des plaies d’Égypte allaient être précipitées.
  137. XVIII, i. Et, malgré leurs souffrances (des Hébreux) etc. Vulg. Et, parce qu’ils (les Hébreux) n’étaient plus persécutés, ils vous glorifiaient.
  138. 2. Vulg. : Et eux (les Hébreux), qui avaient été autrefois tourmentés, n’étant plus maltraités, vous rendaient grâces, et vous demandaient que leur sort soit toujours différent de celui des Égyptiens.
  139. 3. Soleil inoffensif. Au lieu de mettre ces mots en apposition à la colonne de feu, d’aucuns les en séparent par la conjonction ; ils voient dans ce membre de phrase une allusion à un adoucissement de l’ardeur du soleil.
  140. 4. Au monde : les révélations faites au peuple hébreu n’étaient pas seulement pour lui, mais pour le monde entier. Cette vérité, proclamée par les prophètes (Ps. xxii, 28 ; Is. ii, 2 sv. Mich, iv, 1 sv.), est exprimée plus clairement encore dans les livres postérieurs (Tob. xiii, 13 sv. ; xiv, 8 sv.).
  141. 5. L’un de ces derniers, Moïse, exposé sur le Nil.
  142. 8. La mort des premiers-nés des Égyptiens, étroitement liée à l’institution de la Pâque, fut le moyen dont Dieu se servit pour délivrer les Israélites et se les attacher comme son peuple particulier.
  143. 9. Les pieux enfants des saints, c’est-à-dire des patriarches, héritiers des bénédictions et des promesses que ceux-ci avaient reçues.
  144. 12. Ne suffisaient pas… : comp. Nombr. xxxiii, 4. L’embaumement des morts chez les Égyptiens demandait plusieurs semaines, et les cérémonies funèbres étaient fort longues.
  145. 13. De croire aux avertissements et aux menaces que Dieu leur adressait par la bouche de Moïse et d’Aaron. — Fils de Dieu : Israël est ainsi appelé par le Seigneur lui-même. Exod. iv, 22 sv. Comp. Jér. xxxi, 9, 20 ; Osée, xi, 1 ; Matth. ii, 15.
  146. 15. Votre parole, expression de la puissance divine personnifiée : comp. Osée, vi, 5 et surtout Ps. cxlvii, 15. L’auteur avait sans doute en vue 1 Par. xxi, 16, sur l’ange exterminateur.
  147. 16. Portant comme un glaive aigu. Dans la Vulg. glaive aigu est en apposition à la parole.
  148. 21. Un homme sans reproches, le grand prêtre Aaron.
  149. 24. La robe du grand prêtre : voy. Exod. xxviii, 4, 31 ; comp. Apoc. i, 13. — Tout l’univers était figuré par cette robe, ce que Philon explique ainsi : Par sa couleur bleue, qui est celle de l’air, elle figure le ciel ; les fleurs qui sont au bas sont le symbole de la terre, les grenades celui de l’eau, et les sonnettes représentent l’harmonie et la symphonie de toutes ces choses. — Sur les pierres précieuses du rational ou pectoral du grand prêtre voy. Exod. xxviii, 17-21. — Sur le diadème de sa tête. Sur la lame d’or servant de diadème au grand prêtre étaient gravés ces mots : Saint du Seigneur (Exod. xxviii, 36 ; xxxix, 30).
  150. XIX, 3. Achevé leurs deuils : litt., ils avaient encore les deuils dans leurs mains.
  151. 7. Le camp des Hébreux : voy. Exod. xiii, 21 sv. ; xiv, 19 sv. — Un champ de verdure : amplification poétique.
  152. 9. M. à m., ils paissaient comme des chevaux, bondissaient comme des agneaux, tous glorifiant etc.
  153. 11. Voy. Exod. xvi, 13 ; Nombr. xi, 13. CoMp. Ps. lxxviii, 26 sv.
  154. 12. Des cailles, apportées par le vent qui soufflait du côté de la mer (Nombr. xi, 31).
  155. 13. De violents éclairs : Josèphe (Antiq. II, xvi, 3) rapporte que le jugement sur les Égyptiens fut précédé d’une tempête violente accompagnée de pluies, de grêles et de tonnerre. Le Psalmiste y fait allusion Ps. lxxviii, 13, 14. Comp. Exod. xiv, 24 sv. — Dans la Vulg., le vers. 13 est rattaché au vers. 12, en sorte que, jusqu’au vers. 21, la Vulg. est en retard d’un vers, sur le grec.
  156. 14. sv. Dans ce passage l’auteur pallie la conduite infâme des habitants de Sodome à l’égard des deux anges qui vinrent visiter Lot (Gen. xix). — D’autres, les habitants de Sodome. — Qui ne les connaissaient pas, avec qui ils n’avaient jamais eu de rapport et envers qui ils n’étaient obligés en rien. — Des étrangers etc., les Hébreux qui avaient sauvé l’Égypte au temps de Joseph. Comp. Exod. i, 7. La conduite des Égyptiens est donc, sous ce rapport, plus coupable que celle des Sodomites.
  157. 16. Ceux-là, les Égyptiens : Comp. Exod. i, 10-14.
  158. 17. Frappés d’aveuglement, dans la plaie des ténèbres. — Comme ceux etc. ; les Sodomites, furent frappés de cécité par les anges (Gen. xix, xi) lorsqu’ils assiégeaient la porte du juste, Lot. — Ténèbres profondes, Vulg. subites.
  159. 18. Dans le miracle, les éléments restent les mêmes quant à leur nature, quoique les opérations soient changées.
  160. 19. Devenaient aquatiques : allusion au passage des Hébreux avec leurs troupeaux à travers la mer Rouge. — Ceux qui nagent, les grenouilles, dans la plaie de ce nom, passaient sur la terre et remplissaient les maisons (Exod. viii, 2 ; Ps. cv, 30).
  161. 20. Voir xvi, 17-25.
  162. 21. Frêles animaux, tels que les sauterelles envoyées pour châtier les égyptiens.
  163. 22. est uni dans la Vulg. au vers, précédent (20).