Bible Crampon 1923/2 Corinthiens

Traduction par Augustin Crampon.
Texte établi par Société de S. Jean l’Évagéliste, Desclée..

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2ème ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

PRÉAMBULE.

[I, 1 — 11.]

Adresse et salutation. Exorde : Consolations de l’Apôtre au milieu de ses souffrances (i, 1-11).


Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et Timothée son frère, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, et à tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe : 2grâce et paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ ! 3Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, 4qui nous console dans toutes nos tribulations, afin que, par la consolation que nous recevons nous-mêmes de lui, nous puissions consoler les autres dans toutes leurs afflictions ! 5Car de même que les souffrances du Christ abondent en nous, de même aussi par le Christ abonde notre consolation. 6Si nous sommes affligés, c’est pour votre consolation et pour votre salut ; si nous sommes consolés, c’est pour votre consolation, qui vous fait supporter avec patience les mêmes souffrances que nous endurons aussi.[1] 7Et notre espérance à votre égard est ferme, parce que nous savons que, comme vous avez part aux souffrances, vous avez part aussi à la consolation. 8Nous ne voulons pas, en effet, vous laisser ignorer, frères, au sujet de la tribulation qui nous est survenue en Asie, que nous avons été accablés au delà de toute mesure, au delà de nos forces, à tel point que nous désespérions même de la vie ;[2] 9mais nous avions en nous-mêmes l’arrêt de notre mort, afin de ne pas mettre notre confiance en nous-mêmes, mais de la mettre en Dieu, qui ressuscite les morts.[3] 10C’est lui qui nous a délivrés de cette mort si imminente, qui nous en délivre, et qui, nous l’espérons, nous délivrera dans la suite, 11surtout si vous-mêmes vous nous assistez aussi de vos prières, afin que ce bienfait, nous étant accordé en considération de beaucoup de personnes, soit aussi pour un grand nombre l’occasion de rendre grâces à notre sujet.

PREMIÈRE PARTIE.

[I, 12 — VII, 16.]

APOLOGIE DU MINISTÈRE CHRÉTIEN


1. Chap. i, 12 — ii, 17.Sa sincérité (i, 12-14). Il ne mérite pas le reproche d’inconstance et de légèreté. Sa loyauté et sa droiture (15-22). Pourquoi, ayant annoncé sa visite, il a changé d’itinéraire (23 — ii, 13). Dieu l’a justifié par les fruits de son apostolat (14-17).

12Car ce qui fait notre gloire, c’est ce témoignage de notre conscience que nous avec simplicité[4] et sincérité devant Dieu, non avec une sagesse charnelle, mais avec la grâce de Dieu. 13Nous ne vous écrivons pas autre chose que ce que vous lisez et ce que vous connaissez bien ; et ce que, je l’espère, vous reconnaîtrez jusqu’à la fin,[5] 14— comme une partie d’entre vous nous connaissent, — que nous sommes votre gloire, de même que vous serez aussi la nôtre au jour du Seigneur Jésus. 15Dans cette persuasion, je m’étais proposé d’aller d’abord chez vous, afin que vous eussiez une double grâce : 16je voulais passer par chez vous pour aller en Macédoine, puis revenir de la Macédoine chez vous, et vous m’auriez fait accompagner en Judée.[6] 17Est-ce donc qu’en formant ce dessein j’aurais agi avec légèreté ? Ou bien est-ce que les projets que je fais, je les fais selon la chair, de sorte qu’il y ait en moi le oui et le non ? 18Aussi vrai que Dieu est fidèle, la parole que nous vous avons adressée n’est pas[7] oui et non. 19Car le Fils de Dieu, Jésus-Christ, que nous avons prêché au milieu de vous, Silvain,[8] Timothée et moi, n’a pas été oui et non ; il n’y eu que oui en lui. 20Car, pour autant qu’il y a de promesses de Dieu, elles sont oui en Jésus ; c’est pourquoi aussi, grâce à lui, l’amen est prononcé, à la gloire de Dieu, par notre ministère.[9] 21Et celui qui nous affermit avec vous dans le Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu, 22lequel nous a aussi marqués d’un sceau et nous a donné à titre d’arrhes, le Saint-Esprit dans nos cœurs. 23Pour moi, je prends Dieu à témoin sur mon âme que c’est pour vous épargner que je ne suis point allé de nouveau à Corinthe ; 24non que nous prétendions dominer sur votre foi, mais nous contribuons à votre joie ; car dans la foi vous êtes fermes.

Je me suis donc promis à moi-même de ne pas retourner chez vous dans la tristesse.[10] 2Car si moi-même je vous attriste, de qui puis-je attendre de la joie ? N’est-ce pas de celui même que j’aurais affligé ? 3Je vous ai écrit comme je l’ai fait, pour ne pas éprouver, à mon arrivée, de la tristesse de la part de ceux qui devaient me donner de la joie, ayant en vous tous cette confiance, que vous faites tous votre joie de la mienne. 4Car c’est dans une grande affliction, dans l’angoisse de mon cœur, et avec beaucoup de larmes, que je vous ai écrit, non dans le dessein de vous attrister, mais pour vous faire connaître l’amour que j’ai pour vous. 5Si quelqu’un a été une cause de tristesse, ce n’est pas moi qu’il a attristé, mais c’est vous tous en quelque sorte, pour ne pas trop le charger.[11] 6C’est assez pour cet homme du châtiment qui lui a été infligé par le plus grand nombre, 7en sorte que vous devez bien plutôt lui faire grâce et le consoler, de peur qu’il ne soit absorbé par une tristesse excessive. 8Je vous invite donc à prendre envers lui une décision charitable. 9Car, en vous écrivant, mon but était aussi de connaître, à l’épreuve, si vous m’obéiriez en toutes choses. 10À qui vous pardonnez, je pardonne également ; car, pour moi si j’ai pardonné, si tant est que je pardonne quelque chose, c’est à cause de vous, et à la face du Christ,[12] 11afin de ne pas laisser à Satan l’avantage sur nous ; car nous n’ignorons pas ses desseins. 12Lorsque je fus arrivé à Troas pour l’Évangile du Christ, quoiqu’une porte m’y fût ouverte dans le Seigneur,[13] 13je n’eus point l’esprit en repos, parce que je n’y trouvais pas Tite, mon frère ; c’est pourquoi, ayant pris congé des frères, je partis pour la Macédoine. 14Mais grâces soient rendues à Dieu qui nous fait triompher en tout temps dans le Christ, et par nous répand en tout lieu le parfum de sa connaissance ! 15En effet, nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui se perdent : 16aux uns, une odeur de mort, qui donne la mort ; aux autres, une odeur de vie, qui donne la vie. — Et qui donc est capable d’un tel ministère ? 17Car nous ne sommes pas comme la plupart, nous ne frelatons pas la parole de Dieu ; mais c’est dans sa pureté, telle qu’elle vient de Dieu, que nous la prêchons devant Dieu en Jésus-Christ.

2. Chap. iii, 1 — iv, 6 : Il ne mérite pas davantage le reproche d’arrogance et d’orgueil. — Succès rapportés à Dieu (1-6). Supériorité du ministère de la Loi nouvelle sur celui de la Loi mosaïque (7-11). L’Apôtre, étant sous l’action de l’Esprit, a le droit de parler avec autorité ( 12-18). Sa sincérité et sa franchise dans l’exercice du ministère évangélique (iv, 1-6).

Recommençons-nous à nous recommander nous-mêmes ? Ou bien avons-nous besoin, comme certains, de lettres de recommandation auprès de vous ou de votre part ? 2C’est vous-mêmes qui êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs, connue et lue de tous les hommes. 3Oui, manifestement, vous êtes une lettre du Christ, écrite par notre ministère, non avec de l’encre, mais par l’Esprit du Dieu vivant ; non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs. 4Cette assurance, nous l’avons par le Christ en vue de Dieu. 5Ce n’est pas que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes ; mais notre aptitude vient de Dieu. 6C’est lui également qui nous a rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’esprit vivifie. 7Or, si le ministère de la mort, gravé en lettres sur des pierres, a été entouré de gloire au point que les fils d’Israël ne pouvaient fixer leurs regards sur la face de Moïse à cause de l’éclat de son visage, tout passager qu’il fût, 8combien plus le ministère de l’esprit ne sera-t-il pas entouré de gloire ?[14] 9C’est qu’en effet, si le ministère de la condamnation a été glorieux, le ministère qui confère la justice le surpasse de beaucoup. 10Et même, sous ce rapport, ce qui a été glorifié autrefois ne l’a pas été, en comparaison de cette gloire infiniment supérieure. 11Car, si ce qui était passager a été donné dans la gloire, à plus forte raison ce qui est permanent sera-t-il glorieux. 12Ayant donc une telle espérance, nous usons d’une grande liberté, 13et nous ne faisons pas comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage pour que les fils d’Israël ne vissent point la fin de ce qui était passager.[15] 14Mais leurs esprits se sont aveuglés. Car jusqu’à ce jour quand ils font la lecture de l’Ancien Testament, le même voile demeure sans être ôté, parce que c’est dans le Christ qu’il est levé.[16] 15Aujourd’hui encore, quand on lit Moïse, un voile est étendu sur leurs cœurs ; 16mais dès que leurs cœurs se seront tournés vers le Seigneur, le voile sera ôté.[17] 17Or le Seigneur, c’est l’esprit, et là où est l’esprit du Seigneur, là est la liberté.[18] 18Pour nous tous, le visage découvert, réfléchissant comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de plus en plus resplendissante, comme par le Seigneur, qui est esprit.

C’est pourquoi, revêtus de ce ministère selon la miséricorde qui nous a été faite, nous ne perdons pas courage. 2Nous rejetons loin de nous les choses honteuses qui se font en secret, ne nous conduisant pas avec astuce et ne faussant pas la parole de Dieu ; mais, en manifestant franchement la vérité, nous nous recommandons à la conscience de tous les hommes devant Dieu. 3Si notre Évangile est encore voilé, c’est pour ceux qui se perdent qu’il reste voilé, pour ces incrédules 4dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne voient point briller la splendeur de l’Évangile, où reluit la gloire du Christ, qui est l’image de Dieu. 5Car ce n’est pas nous-mêmes que nous prêchons, c’est le Christ Jésus, comme Seigneur. Pour nous, nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus. 6Car Dieu, qui a dit : Que la lumière brille du sein des ténèbres, c’est lui qui a fait luire sa clarté dans nos cœurs, pour que nous fassions briller la connaissance de la gloire de Dieu, laquelle resplendit sur la face du Christ.

3. Chap. iv, 7 — vi, 10 : Les Apôtres dans l’exercice de leur ministère. — Vie dure et souffrante (iv, 7-12). Espérance de la résurrection glorieuse et de la récompense éternelle (13 — v, 10). Leur zèle stimulé par l’amour de Jésus-Christ pour tous (11-21). Dévouement dont S. Paul a fait preuve dans son ministère (vi, 1-10).

7Mais nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin qu’il paraisse que cette souveraine puissance de l’Évangile vient de Dieu et non pas de nous. 8Nous sommes opprimés de toute manière, mais non écrasés ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; 9persécutés, mais non délaissés ; abattus, mais non perdus ; 10portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. 11Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. 12Ainsi la mort agit en nous, et la vie en vous. 13Animés du même Esprit de foi, selon ce qui est écrit : “J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé,” nous aussi nous croyons, et c’est pourquoi nous parlons,[19] 14sachant que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi avec Jésus, et nous présentera à lui avec vous. 15Car tout cela se fait à cause de vous, afin que la grâce, en se répandant avec abondance, fasse abonder l’action de grâces d’un plus grand nombre, à la gloire de Dieu. 16C’est pourquoi nous ne perdons pas courage ; au contraire, alors même que notre homme extérieur dépérit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. 17Car notre légère affliction du moment présent produit pour nous, au delà de toute mesure, un poids éternel de gloire,[20] 18nos regards ne s’attachant point aux choses visibles, mais aux invisibles ; car les choses visibles ne sont que pour un temps, les invisibles sont éternelles.

Nous savons, en effet, que, si cette tente,[21] notre demeure terrestre, vient à être détruite, nous avons une maison qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’est pas faite de main d’homme, dans le ciel. 2Aussi gémissons-nous, dans cette tente, dans l’ardent désir que nous avons d’être revêtus de notre demeure céleste,[22] 3si du moins nous sommes[23] trouvés vêtus, et non pas nus. 4Car tant que nous sommes dans cette tente, nous gémissons accablés, parce que nous voulons, non pas ôter notre vêtement, mais revêtir l’autre par-dessus, afin que ce qu’il y a de mortel soit englouti par la vie.[24] 5Et celui qui nous a formés[25] pour cela, c’est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l’Esprit. 6Étant donc toujours pleins d’assurance, et sachant que, aussi longtemps que nous habitons dans ce corps, nous sommes loin du Seigneur, 7— car nous marchons par la foi, et non par la vue, — 8dans cette assurance, nous aimons mieux déloger de ce corps et habiter auprès du Seigneur. 9C’est pour cela aussi que nous nous efforçons d’être agréable à Dieu, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions. 10Car nous tous, il nous faut comparaître devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive[26] ce qu’il a mérité étant dans son corps, selon ses œuvres, soit bien, soit mal. 11Étant donc pénétrés de la crainte du Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes ; quant à Dieu, il nous connaît intimement, et j’espère que dans vos consciences vous nous connaissez aussi. 12Car nous ne venons pas nous recommander encore nous-mêmes auprès de vous ; mais vous fournir l’occasion de vous glorifier à notre sujet, afin que vous puissiez répondre à ceux qui tirent gloire de l’apparence, et non de ce qui est dans le cœur. 13En effet, si nous sommes hors de sens, c’est pour Dieu ; si nous sommes de sens rassis, c’est pour vous. 14Car l’amour du Christ nous presse, persuadés, comme nous le sommes, que si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; 15et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. 16Aussi, désormais, nous ne connaissons plus personne selon la chair ; et si nous avons connu le Christ selon la chair, à présent nous ne le connaissons plus de cette manière. 17Aussi bien, quiconque est en Jésus-Christ est une nouvelle créature ;[27] les choses anciennes sont passées, voyez, tout est devenu nouveau. 18Tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Jésus-Christ, et qui nous a confié le ministère de la réconciliation. 19Car Dieu réconciliait le monde avec lui-même dans le Christ, n’imputant pas aux hommes leurs offenses, et mettant sur nos lèvres la parole de la réconciliation. 20C’est donc pour le Christ que nous faisons les fonctions d’ambassadeurs, Dieu lui-même exhortant par nous : nous vous en conjurons pour le Christ, réconciliez-vous avec Dieu ! 21Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu.

Or donc, étant ses coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. 2Car il dit : “Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai porté secours.” Voici maintenant le temps favorable, voici le jour du salut.[28] 3Nous ne donnons aucun sujet de scandale en quoi que ce soit, afin que notre ministère ne soit pas un objet de blâme. 4Mais nous nous rendons recommandables de toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une grande constance, dans les tribulations, dans les nécessités, dans les détresses, 5sous les coups, dans les prisons, au travers des émeutes, dans les travaux, les veilles, les jeûnes ;[29] 6par la pureté, par la science, par la longanimité, par la bonté, par l’Esprit-Saint, par une charité sincère, 7par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives[30] et défensives de la justice ; 8parmi l’honneur et l’ignominie, parmi la mauvaise et la bonne réputation ; traités d’imposteurs, et pourtant véridiques ; d’inconnus, et pourtant bien connus ; 9regardés comme mourants, et voici que nous vivons ; comme châtiés, et nous ne sommes pas mis à mort ; 10comme attristés, nous qui sommes toujours joyeux ; comme pauvres, nous qui en enrichissons un grand nombre ; comme n’ayant rien, nous qui possédons tout.

4. Chap. vi, 11 — vii, 16 : Conclusion. — Que les Corinthiens lui rendent amour pour amour ; pas de société avec les infidèles (11 — vii, 1). Affection qu’il a toujours eue et qu’il a pour eux (2-7). Sa joie, à cause des heureux effets produits par sa lettre précédente (8-12), et parce que le bon témoignage qu’il avait rendu d’eux s’est trouvé conforme à la vérité (13-16).

11Notre bouche s’est ouverte pour vous, ô Corinthiens, notre cœur s’est élargi. 12Vous n’êtes point à l’étroit dans nos entrailles, mais les vôtres se sont rétrécies. 13Rendez-nous la pareille, — je vous parle comme à mes enfants, — vous aussi, élargissez vos cœurs. 14Ne vous attachez pas à un même joug, avec les infidèles. Car quelle société y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou qu’a de commun la lumière avec les ténèbres ? 15Quel accord y a-t-il entre le Christ et Bélial ?[31] ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? 16Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et des idoles ? Car nous sommes, nous, le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu lui-même a dit : “J’habiterai au milieu d’eux et j’y marcherai ;[32] je serai leur Dieu, et eux seront mon

peuple.” 17“C’est pourquoi sortez du milieu d’eux et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur et moi je vous accueillerai.[33] 18Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant.”

Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, et achevons l’œuvre de notre sainteté dans la crainte de Dieu.[34] 2Recevez-nous. Nous n’avons fait de tort à personne, nous n’avons ruiné personne, nous n’avons exploité personne. 3Ce n’est pas pour vous condamner que je dis cela, car je viens de le dire : vous êtes dans nos cœurs à la mort et à la vie. 4Je vous parle en toute franchise, j’ai grand sujet de me glorifier de vous ; je suis rempli de consolation, je surabonde de joie au milieu de toutes nos tribulations. 5Car, depuis notre arrivée en Macédoine[35], notre chair n’eut aucun repos ; nous étions affligés de toute manière : au dehors des combats, au dedans des craintes. 6Mais celui qui console les humbles, Dieu, nous a consolés par l’arrivée de Tite ; 7non seulement par son arrivée, mais encore par la consolation que Tite lui-même avait éprouvée à votre sujet : il nous a raconté votre ardent désir, vos larmes, votre amour jaloux pour moi, de sorte que ma joie en a été plus grande. 8Ainsi, quoique je vous aie attristés par ma lettre, je ne le regrette plus, bien que je l’aie d’abord regretté, — car je vois que cette lettre vous a attristés, ne fût-ce que pour un moment, — 9je me réjouis à cette heure, non pas de ce que vous avez été attristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à la pénitence ; car vous avez été attristés selon Dieu, de manière à n’éprouver aucun préjudice de notre part. 10En effet, la tristesse selon Dieu produit un repentir salutaire, qu’on ne regrette jamais,[36] au lieu que la tristesse du monde produit la mort. 11Et quel empressement n’a-t-elle pas produit en vous, cette tristesse selon Dieu ! Que dis-je ? quelle justification ! quelle indignation ! quelle crainte ! quel désir ardent ! quel zèle ! quelle sévérité ! Vous avez montré à tous égards que vous étiez innocents dans cette affaire. 12Aussi bien, si je vous ai écrit, ce n’est ni à cause de celui qui a fait l’injure, ni à cause de celui qui l’a reçue, mais pour que votre dévouement pour nous éclatât parmi vous devant Dieu. 13Voilà ce qui nous a consolés. Mais à cette consolation, s’est ajoutée une joie beaucoup plus vive, celle que nous a fait éprouver la joie de Tite, dont vous avez tranquillisé l’esprit. 14Et si devant lui je me suis un peu glorifié à votre sujet, je n’en ai point eu de confusion ; mais de même que nous vous avons toujours parlé selon la vérité, de même l’éloge que j’ai fait de vous à Tite s’est trouvé être la vérité. 15Son cœur ressent pour vous un redoublement d’affection, au souvenir de votre obéissance à tous, de la crainte, du tremblement avec lequel vous l’avez accueilli. 16Je suis heureux de pouvoir en toutes choses compter sur vous.

DEUXIÈME PARTIE.

[VIII, 1 — IX, 15.]

LA COLLECTE POUR LES CHRÉTIENS DE JÉRUSALEM

1. Chap. viii, 1-5).Éloge des Églises de Macédoine (1-6). Imiter leur générosité (7-15).

Nous vous faisons connaître, frères, la grâce que Dieu a faite aux fidèles des Églises de Macédoine. 2Au milieu de beaucoup de tribulations qui les ont éprouvés, leur joie a été pleine, et leur profonde pauvreté a produit les abondantes largesses de leur simplicité. 3Je l’atteste, ils ont donné volontairement selon leurs moyens, et même au delà de leurs moyens, 4nous demandant avec de grandes instances la grâce de prendre part à ce ministère en faveur des saints.[37] 5Et non seulement ils ont rempli notre espérance, mais ils se sont donnés eux-mêmes, d’abord[38] au Seigneur, puis à nous, sous l’impulsion de Dieu. 6Nous avons donc prié Tite d’aller aussi chez vous achever cette œuvre de charité, comme il l’avait commencée. 7De même que vous excellez en toutes choses, en foi, en parole, en connaissance, en zèle à tous égards et en affection pour nous, faites en sorte d’exceller aussi dans cette œuvre de bienfaisance. 8Je ne dis pas cela pour donner un ordre, mais je profite du zèle des autres pour mettre aussi à l’épreuve la sincérité de votre propre charité. 9Car vous savez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin de vous faire riches par sa pauvreté. 10C’est un avis que je donne ici, car vous n’avez pas besoin d’autre chose, vous qui, les premiers, avez commencé dès l’an passé non seulement à exécuter, mais aussi à former le dessein. 11Maintenant donc achevez aussi l’œuvre elle-même, afin que l’exécution selon vos moyens réponde chez vous à l’empressement de la volonté. 12Quand la bonne volonté existe, elle est agréable, à raison de ce que l’on a, et non de ce que l’on n’a pas. 13Car il ne faut pas qu’il y ait soulagement pour les autres, et détresse pour vous, mais égalité : 14dans la circonstance présente, votre superflu supplée à ce qui leur manque, afin que pareillement leur superflu[39] pourvoie à vos besoins, en sorte qu’il y ait égalité, 15selon qu’il est écrit : “Celui qui avait recueilli beaucoup n’avait rien de trop, et celui qui avait peu recueilli ne manquait de rien.”

2. Chap. viii, 16 — ix, 15.Tite et deux autres disciples chargés de recueillir leurs aumônes (viii, 16-24). Pourquoi il les envoie dès maintenant (ix, 1-5). Donner abondamment et avec joie (6-9). Récompense réservée à leur charité (10-15).

16Grâces soient rendues à Dieu de ce qu’il a mis le même zèle pour vous dans le cœur de Tite ; 17non seulement il a bien accueilli notre prière, mais il se montre actuellement plus empressé et c’est de son plein gré qu’il part pour aller chez vous. 18Nous envoyons avec lui le frère[40] dont toutes les Églises font l’éloge pour sa prédication de l’Évangile, 19et qui, de plus, a été désigné par le suffrage des Églises pour être notre compagnon de voyage, dans cette œuvre de charité que nous accomplissons à la gloire du Seigneur même, et en preuve de notre bonne volonté. 20Nous prenons cette mesure, afin que personne ne puisse nous blâmer au sujet de cette abondante collecte à laquelle nous donnons nos soins ; 21car nous nous préoccupons de ce qui est bien, non seulement devant Dieu, mais aussi devant les hommes. 22Avec eux nous envoyons [aussi] notre frère, dont nous avons souvent éprouvé le zèle en mainte occasion, et qui en montre encore plus cette fois à cause de sa grande confiance en vous. 23Ainsi, pour Tite, il est mon compagnon et mon collaborateur auprès de vous ; et quant à nos frères, ils sont les envoyés des Églises, la gloire du Christ. 24Donnez-leur donc, à la face des Églises, des preuves de votre charité, et ne démentez pas le juste orgueil que nous leur avons témoigné à votre sujet.

Pour ce qui est de l’assistance destinée aux saints, il est superflu de vous en écrire ; 2car je connais votre bonne volonté, et je m’en fais gloire pour vous auprès des Macédoniens, leur disant que, dès l’année passée, l’Achaïe est prête. Ce zèle dont vous donnez l’exemple en a stimulé un grand nombre. 3Toutefois, je vous ai envoyé les frères, afin que l’éloge que j’ai fait de vous ne soit pas démenti sur ce point, et que vous soyez prêts, comme j’ai affirmé que vous le seriez. 4Prenez-y garde : si des Macédoniens venaient avec moi et ne vous trouvaient pas prêts, quelle confusion pour moi, — pour ne pas dire pour vous, — dans une telle assurance ! 5J’ai donc jugé nécessaire de prier nos frères[41] de nous devancer chez vous, et d’organiser à temps votre libéralité déjà promise,

afin qu’elle soit prête, mais comme une libéralité, et non comme une lésinerie. 6Je vous le dis, celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment. 7Que chacun donne, comme il l’a résolu en son cœur, non avec regret ni par contrainte ; car “Dieu aime[42] celui qui donne avec joie.” 8Il est puissant pour vous combler de toutes sortes de grâces,[43] afin que, ayant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, il vous en reste encore abondamment pour toute espèce de bonnes œuvres, 9selon qu’il est écrit[44] : “Avec largesse, il a donné aux pauvres ; sa justice subsiste à jamais.” 10Celui qui fournit la semence au semeur et du pain pour sa nourriture, vous fournira la semence à vous aussi, et la multipliera, et il fera croître les fruits de votre justice ; 11et vous serez ainsi enrichis à tous égards, pour donner d’un cœur simple ce qui, recueilli par nous, fera offrir à Dieu des actions de grâces. 12Car la dispensation de cette libéralité ne pourvoit pas seulement en abondance aux besoins des saints, mais elle est encore une riche source de nombreuses actions de grâces envers Dieu. 13À cause de la vertu éprouvée que cette offrande montre en vous, ils glorifient Dieu de votre obéissance dans la profession de l’Évangile du Christ, et de la simplicité avec laquelle vous faites part de vos dons à eux et à tous. 14Ils prient aussi pour vous, vous aimant d’un tendre amour, à cause de la grâce éminente que Dieu a mise en vous. 15Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable !

TROISIÈME PARTIE.

[X — XIII, 10.]

APOLOGIE PERSONNELLE CONTRE SES ADVERSAIRES

1. Chap. x.Saint Paul défend son ministère. Il a reçu de Dieu le pouvoir de punir tous ceux qui désobéissent à Jésus-Christ en sa personne (1-6). Il en usera hardiment et sans crainte, même en leur présence (7-11). Son pouvoir n’est pas, comme celui dont ils se glorifient, un pouvoir usurpé (12-18).

Moi, Paul, je vous invite par la douceur et la bonté du Christ, — moi « qui ai l’air humble quand je suis au milieu de vous, mais qui suis hardi avec vous quand je suis absent ! » — 2je vous en prie, que je n’aie pas, quand je serai présent, à user de cette hardiesse, avec l’assurance que je me propose de montrer contre certaines gens qui se figurent que nous marchons selon la chair. 3Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. 4Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles ; elles sont puissantes devant Dieu pour renverser des forteresses.[45] 5Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la science de Dieu, et nous assujettissons tout pensée à l’obéissance du Christ. 6Nous sommes prêts aussi à punir toute désobéissance, lorsque, de votre côté, votre obéissance sera complète. 7Vous regardez à l’air ! Eh bien, si quelqu’un se persuade qu’il est au Christ, qu’il se dise de lui-même, à son tour, que, s’il appartient au Christ, nous aussi nous lui appartenons. 8Si même je me glorifiais encore un peu plus de l’autorité que le Seigneur m’a donnée pour votre édification, et non pour votre destruction, je n’en aurais pas de confusion, 9afin de ne pas paraître vouloir vous intimider par mes lettres. 10Car « ses lettres, dit-on, sont sévères et fortes ; mais, quand il est présent, c’est un homme faible et sa parole est méprisable. » — 11Que celui qui parle de la sorte se dise bien que tels nous sommes de loin en paroles dans nos lettres, tels nous sommes en effet devant vous. 12Nous n’avons pas la hardiesse de nous égaler ou de nous comparer à certaines[46] gens qui se recommandent eux-mêmes. Mais, en se mesurant à leur propre mesure et en se comparant eux-mêmes à eux-mêmes, ils manquent d’intelligence. 13Pour nous, nous ne nous glorifions pas hors de mesure, mais selon la mesure du champ d’action que Dieu nous a assigné, pour nous faire arriver jusqu’à vous : 14— car nous ne dépassons pas nos limites, comme si nous n’étions pas parvenus jusqu’à vous, et nous sommes réellement venus jusqu’à vous avec l’Évangile du Christ. — 15Ce n’est pas outre mesure, pour les travaux d’autrui que nous nous glorifions ; et nous avons l’espérance que, lorsque votre foi aura fait des progrès, nous grandirons de plus en plus parmi vous, en suivant les limites qui nous sont assignées, 16de manière à prêcher l’Évangile dans les pays qui sont au delà du vôtre, sans entrer dans le partage d’autrui, pour nous glorifier des travaux faits par d’autres. 17Toutefois “que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur.”[47] 18Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est un homme éprouvé ; c’est celui que le Seigneur recommande.

2. Chap. xi, 1 — xii, 18 : Ses titres de gloire. — Excuses de modestie (xi, 1-6) : a). Son désintéressement (7-15). — b) Égal en tout le reste à ses adversaires (16-21), il s’est montré bien plus qu’eux Apôtre de Jésus-Christ par les souffrances qu’il a endurées (22-33). — c). Il pourrait encore tirer gloire des dons qu’il a reçus de Dieu (xii, 1-4) ; mais il ne veut se glorifier que de ses faiblesses (5-10). Nouvelles excuses (11-18).

Oh ! si vous pouviez supporter de ma part un peu de folie ! Mais oui, vous me supportez. 2J’ai conçu pour vous une jalousie de Dieu ;[48] car je vous ai fiancés à un époux unique, pour vous présenter au Christ comme une vierge pure. 3Mais je crains bien que, comme Ève fut séduite par l’astuce du serpent, ainsi vos pensées ne se corrompent et ne perdent leur simplicité à l’égard du Christ. 4Car si quelqu’un vient vous prêcher un autre Jésus que celui que nous vous avons prêché, ou si vous recevez un autre esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre évangile que celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien. 5Certes, j’estime que je ne suis inférieur en rien à ces apôtres par excellence ! 6Si je suis étranger à l’art de la parole, je ne le suis point à la science ; à tous égards et en tout, nous l’avons fait voir parmi vous. 7Ou bien ai-je commis une faute, parce qu’en m’abaissant moi-même pour vous élever, je vous ai annoncé gratuitement l’Évangile de Dieu ? 8J’ai dépouillé[49] d’autres Églises, en recevant d’elles un salaire, pour pouvoir vous servir. 9Me trouvant au milieu de vous et dans le besoin, je n’ai été à charge à personne : des frères venus de Macédoine ont pourvu à ce qui me manquait. Je me suis gardé de vous être à charge en quoi que ce soit, et je m’en garderai. 10Aussi vrai que la vérité du Christ est en moi, je proteste que cette gloire-là ne me sera pas enlevée dans les contrées de l’Achaïe. 11Pourquoi ? Parce que je ne vous aime pas ? Ah ! Dieu le sait ! 12Mais ce que je fais, je le ferai encore, pour ôter ce prétexte à ceux qui en cherchent un, afin d’être reconnus semblables à nous dans la conduite dont ils se vantent. 13Ces gens-là sont de faux apôtres, des ouvriers astucieux, qui se déguisent en apôtres du Christ. 14Et ne vous en étonnez pas ; car Satan lui-même se déguise en ange de lumière. 15Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres. 16Je le répète, que personne ne me regarde comme un insensé ; si non, acceptez-moi comme tel, afin que moi aussi je me glorifie un peu. 17Ce que je vais dire, avec cette assurance d’avoir sujet de me glorifier, je ne le dis pas selon le Seigneur, mais comme si j’étais en état de folie. 18Puisque tant de gens se glorifient selon la chair, je me glorifierai aussi. 19Et vous qui êtes sensés, vous supportez volontiers les insensés. 20Vous supportez bien qu’on vous asservisse, qu’on vous dévore, qu’on vous pille, qu’on vous traite avec arrogance, qu’on vous frappe au visage. 21Je le dis à ma honte, nous avons été bien faibles !

Cependant, de quoi que ce soit qu’on ose se vanter, — je parle en insensé, moi aussi je l’ose.[50] 22Sont-ils Hébreux ?[51] Moi aussi, je le suis. Sont-ils Israélites ? Moi aussi. Sont-ils de la postérité d’Abraham ? Moi aussi. 23Sont-ils ministres du Christ ? — Ah ! je vais parler en homme hors de sens : — je le suis plus qu’eux : bien plus qu’eux par les travaux, bien plus par les coups, infiniment plus par les emprisonnements ; souvent j’ai vu de près la mort ; 24cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups de fouet moins un ;[52] 25trois fois, j’ai été battu de verges ;[53] une fois j’ai été lapidé ; trois fois j’ai fait naufrage ; j’ai passé un jour et une nuit dans l’abîme. 26Et mes voyages sans nombre, les périls sur les fleuves, les périls de la part des brigands, les périls de la part de ceux de ma nation, les périls de la part des Gentils, les périls dans les villes, les périls dans les déserts, les périls sur la mer, les périls de la part des faux frères, 27les labeurs et les peines, les nombreuses veilles, la faim, la soif, les jeûnes multipliés, le froid, la nudité ! 28Et sans parler de tant d’autres choses,[54] rappellerai-je mes soucis de chaque jour, la sollicitude de toutes les Églises ? 29Qui est faible que je ne sois faible aussi ? Qui vient à tomber sans qu’un feu me dévore ? 30S’il faut se glorifier, c’est de ma faiblesse que je me glorifierai. 31Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et qui est béni éternellement, sait que je ne mens point. 32À Damas, l’ethnarque du roi Arétas faisait garder la ville pour se saisir de moi ; 33mais on me descendit par une fenêtre, dans une corbeille, le long de la muraille, et j’échappai ainsi de ses mains.

Faut-il se glorifier ? Cela n’est pas utile ; j’en viendrai néanmoins à des visions et à des révélations du Seigneur. 2Je connais un homme[55] dans le Christ qui, il y a quatorze ans, fut ravi jusqu’au troisième ciel (si ce fut dans son corps, je ne sais ; si ce fut hors de son corps, je ne sais : Dieu le sait). 3Et je sais que cet homme (si ce fut dans son corps ou sans son corps, je ne sais, Dieu le sait) 4fut enlevé dans le paradis, et qu’il a entendu des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à un homme de révéler. 5C’est pour cet homme-là que je me glorifierai ; mais pour ce qui est de ma personne, je ne me ferai gloire que de mes faiblesses. 6Certes, si je voulais me glorifier, je ne serais pas un insensé, car je dirais la vérité ; mais je m’en abstiens afin que personne ne se fasse de moi une idée supérieure à ce qu’il voit en moi ou à ce qu’il entend de moi. 7Et de crainte que l’excellence de ces révélations ne vînt à m’enfler d’orgueil, il m’a été mis[56] une écharde dans ma chair, un ange de Satan pour me souffleter, [afin que je ne m’enorgueillisse point]. 8À son sujet, trois fois j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi,[57] 9et il m’a dit : « Ma grâce te suffit, car c’est dans la faiblesse que ma puissance se montre tout entière. » Je préfère donc bien volontiers me glorifier de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. 10C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les opprobres, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses, pour le Christ ; car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. 11Je viens de faire l’insensé : vous m’y avez contraint. C’était à vous de me recommander, car je n’ai été inférieur en rien à ceux qui sont les Apôtres, quoique je ne sois rien. 12Les preuves de mon apostolat ont paru au milieu de vous par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles. 13Qu’avez-vous à envier aux autres Églises, si ce n’est que je ne vous ai pas été à charge ? Pardonnez-moi ce tort. 14Voici que pour la troisième fois je suis prêt à aller chez vous, et je ne vous serai point à charge ;[58]

car ce ne sont pas vos biens que je cherche, c’est vous-mêmes. Ce n’est pas, en effet, aux enfants à amasser pour leurs parents, mais aux parents pour leurs enfants. 15Pour moi, bien volontiers je dépenserai et je me dépenserai moi-même tout entier pour vos âmes, dussé-je, en vous aimant davantage, être moins aimé de vous. 16Soit ! je ne vous ai point été à charge ; mais, en homme astucieux, j’ai usé d’artifice pour vous surprendre. — 17Ai-je donc, par quelqu’un de ceux que je vous ai envoyés, tiré de vous du profit ? 18J’ai engagé Tite à aller chez vous, et avec lui j’ai envoyé le frère que vous savez : est-ce que Tite à rien tiré de vous ? N’avons-nous pas marché dans le même esprit, suivi les mêmes traces ?[59]

3. Chap. xii, 19 — xiii, 13.Conclusion. Craintes et inquiétudes au sujet de leurs dispositions actuelles (19-21). Ceux qui refusent de se corriger trouveront en lui un juge sévère (xiii, 1-6) ; Il souhaite de n’être pas réduit à cette dure nécessité (7-10). Dernières recommandations et salutations (11-13).

19Vous croyez toujours que nous nous justifions auprès de vous. C’est devant Dieu, dans le Christ, que nous parlons, et tout cela, bien-aimés, nous le disons pour votre édification. 20Ma crainte, c’est qu’à mon arrivée je ne vous trouve pas tels que je voudrais, et que par suite vous ne me trouviez tel que vous ne voudriez pas. Je crains de trouver parmi vous des querelles, des rivalités, des animosités, des contestations, des médisances, des faux rapports, de l’enflure, des troubles. 21Je crains que, lorsque je serai de retour chez vous, mon Dieu ne m’humilie de nouveau à votre sujet, et que je n’aie à pleurer sur plusieurs pécheurs qui n’auront pas fait pénitence de l’impureté, des fornications et des dissolutions auxquelles ils se sont livrés.

C’est maintenant pour la troisième fois que je vais chez vous. « Toute affaire se décidera sur la déclaration de deux ou trois témoins. » 2Je l’ai déjà dit et je le répète à l’avance ; aujourd’hui que je suis absent comme lorsque j’étais présent pour la seconde fois, je déclare à ceux qui ont déjà péché et à tous les autres que, si je retourne chez vous, je n’userai d’aucun ménagement, 3puisque vous cherchez une preuve que le Christ parle en moi, lui qui n’est pas faible à votre égard, mais reste puissant parmi vous.[60] 4Car, s’il a été crucifié en raison de sa faiblesse, il vit par la puissance de Dieu ; or nous aussi, nous sommes faibles en lui, mais nous vivrons avec lui par la puissance de Dieu, pour sévir parmi vous. 5Examinez-vous vous-mêmes, voyez si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous ? À moins peut-être que vous ne soyez pas des chrétiens éprouvés. 6Mais j’espère que vous reconnaîtrez que nous, nous sommes éprouvés. 7Cependant nous prions Dieu que vous ne fassiez rien de mal, non pour paraître nous-mêmes éprouvés, mais afin que vous pratiquiez ce qui est bien, dussions-nous passer pour non éprouvés. 8Car nous n’avons pas de puissance contre la vérité ; nous n’en avons que pour la vérité. 9C’est un bonheur pour nous lorsque nous sommes faibles, et que vous êtes forts, et même c’est là ce que nous demandons dans nos prières que vous soyez consommés en perfection. 10C’est pourquoi je vous écris ces choses pendant que je suis loin de vous, afin de n’avoir pas, arrivé chez vous, à user de sévérité, selon le pouvoir que le Seigneur m’a donné pour édifier et non pour détruire.

ÉPILOGUE.

[XIII, 11 — 13.]

11Du reste mes frères, soyez dans la joie, rendez-vous parfaits, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. 12Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Tous les saints vous saluent. 13Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communication du Saint-Esprit soient avec vous tous !

  1. I, 6. Vulg. Si nous sommes consolés c’est aussi pour votre consolation, et si nous sommes encouragés, c’est encore pour votre encouragement et votre salut, qui nous détermine à souffrir, etc. — Dans l’exorde et la première partie, S. Paul emploie surtout le pluriel nous, parce qu’il parle en son nom et au nom de ses collaborateurs. Dans la troisième partie son apologie est plus personnelle.
  2. 8. S’agit-il d’une grave maladie, ou du tumulte d’Éphèse (Act. xix, 23 sv.), ou de quelque autre fait non raconté ailleurs (comp. I Cor. xvi, 9) ? On ne peut le décider. — Vulg. en sorte que la vie même nous était à charge.
  3. 9. L’arrêt, Vulg. la réponse de notre mort.
  4. 12. Simplicité, ou, selon d’autres manuscrits, sainteté. La Vulgate lit simplicité et ajoute à tort, du cœur (Eph. v, 5). — Sincérité devant Dieu, c.-à-d. véritable. — Sagesse charnelle, comp. I Cor. i, 20 ; ii, 4.
  5. 13. Nous ne dissimulons rien. — Comme une partie d’entre vous nous connaissent, ou bien comme vous l’avez déjà reconnu en partie.
  6. 15-16. Double, litt., seconde : la 1re lorsque Paul passerait à Corinthe pour aller en Macédoine ; la 2e, lorsqu’il reviendrait de Macédoine à Corinthe.
  7. 18. N’est pas, ou, comme la Vulgate, n’a pas été.
  8. 19. Silvain ou Silas (forme abrégée). Voyez Act. xv, 27, 40.
  9. 20. Pensée : toutes les promesses de Dieu relatives au salut se sont accomplies en J.-C. ; il a, en quelque sorte, répondu oui à l’humanité, et en tous lieux on a dit amen (allusion à l’usage où étaient déjà les fidèles de répondre amen à la fin des prières, comp. I Cor. xiv, 16), c.-à-d., on a cru d’une foi joyeuse et ferme à l’accomplissement de ces promesses, et cela, pour la gloire de Dieu, par notre ministère (litt. par nous), notre prédication étant le moyen par lequel Dieu vous a amenés à la foi. La Vulgate dit à tort, pour notre gloire.
  10. II, 1. Vulg. En moi-même.
  11. 5. Si quelqu’un : d’après l’opinion la plus générale et qui s’appuie sur le sentiment des Pères (Tertullien excepté. De pudic. 13), il s’agirait de l’incestueux, dont il est parlé dans l’épître précédente, chap. v, 1 sv. De nos jours de nombreux critiques pensent que l’Apôtre vise peut-être plutôt quelqu’autre personnage, qui l’aurait personnellement offensé.
  12. 10-11. D’autres, avec la Vulg. dans a personne du Christ.
  13. 12-13. Une porte, une occasion favorable (comp. I Cor. xvi, 9).
  14. III, 7-8. Le ministère que Moïse remplit en apportant au peuple les tables de la loi, laquelle donnait la mort, a été entouré de gloire : le visage de Moïse descendant du Sinaï était resplendissant de lumière (Ex. xxxiv, 29 sv.).
  15. 13. Comme Moïse qui, au sortir de ses communications avec Dieu, se couvrait la tête d’un voile (Ex. xxxiv, 34 sv.), pour que les Israélites ne vissent pas l’éclat de son visage. Comme cet éclat passager symbolise le ministère mosaïque qui devait un jour faire place au ministère évangélique, Paul l’appelle la fin de ce qui est passager.
    Vulgate : Afin que les enfants d’Israël ne vissent pas sur sa face une clarté passagère ; mais faciem paraît une faute de copiste pour finem.
  16. 14. D’autres : le voile demeure parce qu’ils n’ont pas compris que l’Ancien Testament a pris fin dans le Christ.
  17. 16. À la pensée que tant de prédicateurs remplissent mal une si haute fonction, S. Paul s’écrie : Qui est capable, etc. Vulgate : Qui est si capable que nous de bien remplir, etc. On soupçonne qu’un copiste aura mis quis tam pour quisnam.
  18. 17. Le Seigneur est l’esprit même, c’est-à dire l’esprit dont il est parlé vers. 6 et 8, l’esprit opposé à la lettre. Voir J. Prat, La théologie de S. Paul, t. II, page 221.
  19. IV, 13. Ps. cxvi (115), 1.
  20. 17. Comp. Rom. viii, 18.
  21. V, 1. Cette tente, le corps. — Un édifice, le corps glorieux des élus après la résurrection. Comp. I Cor. xv, 44 sv.
  22. 2. La Vulg. a mis in hoc (au neutre en grec, comme se rapportant à σκήνους du vers. 1), au lieu de in hac, scil. habitatione.
  23. 3. Si nous sommes, au jour de la parousie, au nombre de ceux qui seront trouvés vêtus, c.-à-d. non dépouillés par la mort de notre corps actuel (I Cor. xv, 50 sv. ; I Thess. iv, 14 sv.).
  24. 4. Explication du vers. 2. Accablés, par l’horreur instinctive de la mort, en ce que nous voudrions, non pas nous dépouiller de notre corps, mourir, mais, sans passer par la mort, nous revêtir, être revêtus d’un corps glorieux et immortel.
  25. 5. Nous a formés (Vulg. nous forme) pour cela.
  26. 10. Reçoive, sous la forme de récompense ou de châtiment, litt. les choses faites par le corps. le produit de son activité corporelle, le corps étant considéré comme l’organe de l’âme dans ses actes moraux, par conséquent pendant sa vie. Au lieu de τὰ διὰ, la Vulg. a lu τὰ ἴδιὰ, les choses propres du corps, ce qui est dû au corps.
  27. 17. Nouvelle créature : comp. Rom. vi, 6 : Eph. ii, 10, 15 ; Col. iii, 9 sv.
  28. VI, 2. Is. xlix, 8.
  29. 5. Comp. Act. xiii, 50 ; xiv, 18 ; xvi, 18, 19 sv. ; xix, 23 sv.
  30. 7. Par les armes offensives, litt. qu’on porte de la main droite, comme la lance et l’épée, et défensives, litt. qu’on porte de la main gauche, comme le bouclier ; de la justice, que la justice fournit.
  31. 15. Bélial, (en gr. Béliar) c’est-à-dire vaurien, nom du démon.
  32. 16. Lév. xxvi, 11, 12, cité librement.
  33. 17-18. S. Paul cite et combine librement plusieurs passages de l’Ancien Testament, dont il a en vue la signification typique : Is. lii, 11 ; Jér. xxxi, 9. Comp. II Sam. vii, 14 ; Is. xliii, 6.
  34. VII. Le vers. 1, conclusion de vi, 14-18, appartient au chapitre précédent.
  35. 5. En Macédoine : comp. ii, 12-13 ; Act. xx, 1 sv.
  36. 10. Qu’on ne regrette jamais : litote pour : qui procure un éternel contentement : La Vulg. paraît avoir lu, ἀμεταβλητον stabilem, qui ne finit pas, au lieu de ἀμεταμέλητον qui est la leçon commune.
  37. VIII, 4. Aux saints, aux chrétiens pauvres de Jérusalem (Rom. xv, 26 ; I Cor. xvi, 1).
  38. 5. D’abord et puis (ce dernier mot ne se trouve que dans la Vulgate) marquent un ordre, non de succession, mais de dignité.
  39. 14. Leur superflu doit s’entendre ici surtout des biens spirituels que les prières des fervents chrétiens de Jérusalem obtiendront du Seigneur pour les Corinthiens (Rom. xv, 27). — Écrit, Ex. xvi, 18, où il est question de la manne.
  40. 18-19. Le frère, peut-être Silas, ou S. Luc. Ce dernier (Act. xx, 1-5) cesse de parler à la première personne au moment où notre épître fut écrite : il aurait donc été choisi pour porter à Jérusalem, en compagnie de S. Paul, la collecte qu’il avait aidé à recueillir. — Le mot destinatam de la Vulgate n’est pas dans le grec.
  41. IX, 5. Nos frères dont il est parlé au chap. viii, 17 sv. Au lieu de libéralité, il y a en gr. bénédiction, l’aumône étant de fait une bénédiction, émanant du bienfaiteur, pour celui qui la reçoit.
  42. 7. Dieu aime… Prov. xxii, 8 d’après les LXX ἄνδρα ἱλαρὸν καὶ δότην εὐλογεῖ ὁ θεός. Comp. Eccli. xxxv, 11 ; Rom. xii, 8.
  43. 8. De grâces, dons temporels.
  44. 9. Écrit, Ps. cxii (111), 9 : il a fait des largesses, litt. il a épandu ; image empruntée au semeur.
  45. X, 4. Comp. I Thess. v, 8 ; I Tim. i, 18, etc. — Puissantes devant Dieu, réellement puissantes : hébraïsme.
  46. 12. Vulgate : Mais nous nous mesurons à notre mesure et nous nous comparons à nous-mêmes.
  47. 17. Citation de Jérémie (ix, 23 ; comp. I Cor. i, 31.)
  48. XI, 2. Une jalousie de Dieu, une sainte jalousie, inspirée par le plus pur amour, et semblable à celle que Yahweh ressentait à l’égard de la nation Israélite, à laquelle il était uni comme par le lien d’un mystique mariage (Is. liv, 5 ; lxii, 5 al.).
  49. 8. Dépouillé : hyperbole ; d’autres Églises, par ex. celle de Macédoine (Phil. iv, 15).
  50. 21. La Vulgate ajoute, sur ce point.
  51. 22. Hébreux indique la nationalité ; Israélites désigne le peuple de Dieu, le peuple théocratique (comp. Rom. ix, 4 sv.) ; la postérité d’Abraham, le peuple messianique, héritier des promesses du salut par le Messie : il y a gradation. Comp. Gal. iii, 16.
  52. 24. La loi mosaïque autorisait le juge à faire donner au coupable un nombre de coups proportionné à la gravité de la faute, mais sans jamais dépasser quarante (Deut. xxv, 3). Dans la pratique, on réduisait ce nombre à trente-neuf.
  53. 25. Battu de verges, supplice romain, dont nous voyons un exemple Act. xvi, 22. — Lapidé, voy. Act. xiv, 18. — Dans l’abîme, non pas au fond, mais sur l’abîme de la mer, ballotté peut-être sur quelques débris du vaisseau naufragé.
  54. 28. Autres choses. Vulg. Outre ces choses, qui sont du dehors, de souffrances extérieures.
  55. XII, 2. Un homme, S. Paul lui-même. — Peut-être le ravissement mentionné Act. xxii, 17 sv.Troisième ciel : les Hébreux distinguaient le ciel de l’air (atmosphère), le ciel des astres (éther) et le ciel spirituel où Dieu habite (empyrée).
  56. 7. Mis dans (litt. donné pour) ma chair par Dieu. — Une écharde, un éclat de bois, (comp. Nombr. xxxiii, 55) une épine : figure de quelque souffrance corporelle : interprétation donnée par les Pères grecs et la plupart des anciens exégètes. — Un ange de Satan : apposition à ce qui précède ; l’écharde personnifiée devient un ministre de Satan.
  57. 8-9. La Vulgate commence le vers. 8 par c’est pourquoi. Le sens littéral du grec est, au sujet duquel, de l’ange de Satan. — Se montre tout entière litt. donne toute sa mesure lorsqu’elle fait triompher la faiblesse de l’homme.
  58. 14. Troisième fois : les Actes passent sous silence l’un des deux premiers voyages.
  59. 18. viii, 6, 17, 22.
  60. XIII, 3. Puisque d’autres, avec la Vulg., vers. 3 : Est-ce que vous cherches une preuve, etc. ?