Traduction par Augustin Crampon.
Texte établi par Société de S. Jean l’Évagéliste, Desclée..

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ÉVANGILE SELON S. LUC


PRÉFACE.

[I, 1-4.]

Après que plusieurs ont entrepris de composer une relation des choses dont on a parmi nous pleine conviction[1], 2conformément à ce que nous ont transmis[2] ceux qui ont été dès le commencement, témoins oculaires et ministres de la parole ; 3j’ai résolu moi aussi, après m’être appliqué à connaître exactement toutes choses depuis l’origine, de t’en écrire le récit suivi[3], excellent Théophile, 4afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus.


PREMIÈRE PARTIE.

[I, 5 — II, 52.]

NAISSANCE ET VIE CACHÉE DE JÉSUS.

1. L’Ange Gabriel vient annoncer la naissance du Précurseur et celle du Messie (i, 5-38).

5Aux jours d’Hérode, roi de Judée, il y avait un prêtre, nommé Zacharie, de la classe d’Abia[4] ; et sa femme, qui était une des filles d’Aaron, s’appelait Élisabeth. 6Tous deux étaient justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements et ordonnances du Seigneur, d’une manière irréprochable. 7Ils n’avaient point d’enfants, parce qu’Élisabeth était stérile, et ils étaient l’un et l’autre avancés en âge.

8Or, pendant que Zacharie s’acquittait devant Dieu des fonctions sacerdotales, dans l’ordre de sa classe, 9il fut désigné par le sort, selon la coutume observée par les prêtres, pour entrer dans le sanctuaire du Seigneur et y offrir l’encens. 10Et toute la multitude du peuple était dehors en prière à l’heure de l’encens. 11Mais un ange du Seigneur lui apparut, debout à droite de l’autel de l’encens. 12Zacharie, en le voyant, fut troublé, et la crainte le saisit. 13Mais l’ange lui dit : « Ne crains point, Zacharie, car ta prière a été exaucée ; ta femme Élisabeth te donnera un fils que tu appelleras Jean[5]. 14Il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance ; 15car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni rien qui enivre, car il sera rempli de l’Esprit-Saint dès le sein de sa mère. 16Il convertira beaucoup d’enfants d’Israël au Seigneur leur Dieu ; 17et lui-même marchera devant lui, dans l’esprit et la puissance d’Élie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les indociles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple parfait. »

18Zacharie dit à l’ange : « À quoi reconnaîtrai-je que cela sera ? Car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge. » 19L’ange lui répondit : « Je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu ; j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer cette heureuse nouvelle.[6] 20Et voici que tu seras muet et ne pourras parler jusqu’au jour où ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps. » 21Cependant le peuple attendait Zacharie, et il s’étonnait qu’il demeurât si longtemps dans le sanctuaire. 22Mais étant sorti, il ne pouvait leur parler, et ils comprirent qu’il avait eu une vision dans le sanctuaire, ce qu’il leur faisait entendre par signes ; et il resta muet.[7]

23Quand les jours de son ministère furent accomplis, il s’en alla en sa maison. 24Quelque temps après, Élisabeth, sa femme, conçut, et elle se tint cachée pendant cinq mois, disant : 25« C’est une grâce que le Seigneur m’a faite, au jour où il m’a regardée pour ôter mon opprobre parmi les hommes. »

26Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, 27auprès d’une vierge qui était fiancée[8] à un homme de la maison de David, nommé Joseph, et le nom de la vierge était Marie. 28L’ange étant entré où elle était, lui dit : « Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes. »[9] 29Marie l’ayant aperçu, fut troublée de ses paroles, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.[10] 30L’ange lui dit : « Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. 31Voici que vous concevrez en votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus.[11] 32Il sera grand, on l’appellera le Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père[12] ; il régnera éternellement sur la maison de Jacob, 33et son règne n’aura point de fin. » 34Marie dit à l’ange : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? »

35L’ange lui répondit : « L’Esprit-Saint viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre[13]. C’est pourquoi l’être saint qui naîtra (de vous) sera appelé Fils de Dieu. 36Déjà Élisabeth, votre parente, a conçu elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et c’est actuellement son sixième mois, à elle que l’on appelle stérile : 37car rien ne sera impossible à Dieu. » 38Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. » Et l’ange la quitta.

2. Marie visite Élisabeth ; naissance de Jean-Baptiste ; cantique de Zacharie (39-80).

39En ces jours-là, Marie se levant, s’en alla en hâte au pays des montagnes, en une ville de Juda[14]. 40Et elle entra dans la maison de Zacharie, et salua Élisabeth. 41Or, dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit. 42Et élevant la voix, elle s’écria : « Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. 43Et d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? 44Car votre voix, lorsque vous m’avez saluée, n’a pas plus tôt frappé mes oreilles, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein. 45Heureuse celle qui a cru[15] ! car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur ! »

46Et Marie dit[16] :

« Mon âme glorifie le Seigneur[17].
47Et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur,
48Parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante.
Voici, en effet, que désormais toutes les générations m’appelleront bienheureuse,

49Parce qu’il a fait en moi de grandes choses, Celui qui est puissant,
Et dont le nom est saint,
50Et dont la miséricorde s’étend d’âge en âge,
Sur ceux qui le craignent.

51Il a déployé la force de son bras ;
Il a dissipé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur ;
52Il a renversé de leur trône les potentats,
Et il a élevé les petits ;
53Il a comblé de biens les affamés,
Et les riches, il les a renvoyés les mains vides.

54Il a pris soin d’Israël son serviteur,
Se ressouvenant de sa miséricorde,
55(Ainsi qu’il l’avait promis à nos pères)
Envers Abraham et sa race, pour toujours. »

56Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, et s’en retourna chez elle.

57Cependant, le temps s’accomplit où Élisabeth devait enfanter, et elle mit au monde un fils. 58Ses voisins et ses parents, ayant appris que le Seigneur avait signalé en elle sa miséricorde, se réjouissaient avec elle.

59Le huitième jour[18], ils vinrent pour circoncire l’enfant, et ils le nommaient Zacharie d’après le nom de son père. 60Mais sa mère, prenant la parole : « Non, dit-elle, mais il s’appellera Jean. » 61Ils lui dirent : « Il n’y a personne dans votre famille qui soit appelé de ce nom. » 62Et ils demandaient par signe à son père comment il voulait qu’on le nommât. 63S’étant fait apporter une tablette, il écrivit : « Jean est son nom « ; et tous furent dans l’étonnement. 64Au même instant sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia ; et il parlait, bénissant Dieu. 65La crainte s’empara de tous les habitants d’alentour, et partout dans les montagnes de la Judée, on racontait toutes ces merveilles. 66Tous ceux qui en entendirent parler les recueillirent dans leur cœur, et ils disaient : « Que sera donc cet enfant ? Car la main du Seigneur était avec lui. »

67Et Zacharie, son père, fut rempli de l’Esprit-Saint, et il prophétisa[19], en disant :

68« Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël,[20]
Parce qu’il a visité et racheté son peuple.
69Et qu’il a suscité une Force pour nous sauver,[21]
Dans la maison de David, son serviteur,
70(Ainsi qu’il l’a promis par la bouche de ses saints,
De ses prophètes, dès les temps anciens).
71Pour nous sauver de nos ennemis
Et du pouvoir de tous ceux qui nous haïssent.
72Afin d’exercer sa miséricorde envers nos pères.[22]
Et de se souvenir de son pacte saint ;

73Selon le serment qu’il fit à Abraham, notre père[23],
De nous accorder que, 74sans crainte,
Affranchis du pouvoir de nos ennemis,
Nous le servions, 75avec une sainteté et une justice
Dignes de ses regards, tous les jours de notre vie.

76Quant à toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut,
Car tu marcheras devant la face du Seigneur,
Pour lui préparer les voies ;
77Pour apprendre à son peuple à reconnaître le salut
Dans la rémission de leurs péchés :
78Par l’effet de la tendre miséricorde de notre Dieu,
Grâce à laquelle nous a visités, d’en haut, le Soleil levant[24],
79Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et l’ombre de la mort,
Pour diriger nos pas dans la voie de la paix. »

80Or l’enfant croissait et se fortifiait en esprit, et il demeura dans le désert[25] jusqu’au jour de sa manifestation devant Israël.

3. Naissance de Jésus-Christ ; sa Circoncision et sa Présentation au temple (II, 1-39).

En ces jours-là fut publié un édit de César Auguste, pour le recensement de toute la terre. 2Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius commandait la Syrie.[26] 3Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. 4Joseph monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, appelée Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, 5pour être recensé avec Marie son épouse[27], qui était enceinte.

6Or, pendant qu’ils étaient en ce lieu, le temps où elle devait enfanter s’accomplit. 7Et elle mit au monde son fils premier-né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie.

8Il y avait aux environs des bergers qui passaient la nuit aux champs, veillant à la garde de leur troupeau. 9Tout à coup un ange du Seigneur parut auprès d’eux et le rayonnement de la gloire du Seigneur les environna, et ils furent saisis d’une grande crainte. 10Mais l’ange leur dit : « Ne craignez point, car je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple une grande joie. 11Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ Seigneur. 12Et voici ce qui vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. » 13Au même instant, se joignit à l’ange une troupe de la milice céleste, louant Dieu et disant :

14« Gloire, dans les hauteurs, à Dieu !
Et, sur la terre, paix aux hommes,
Objet de la bienveillance divine ! »[28]

15Lorsque les anges, remontant au ciel, les eurent quittés, les bergers se dirent les uns aux autres : « Passons jusqu’à Bethléem, et voyons cet événement qui est arrivé, et que le Seigneur nous a fait savoir. »

16Ils s’y rendirent en toute hâte, et trouvèrent Marie, Joseph, et le nouveau-né couché dans la crèche. 17Après l’avoir vu, ils publièrent la révélation qui leur avait été faite au sujet de cet Enfant.[29] 18Et tous ceux qui les entendirent furent dans l’admiration de ce que leur disaient les bergers. 19Or Marie conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur. 20Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu’ils avaient vu et entendu, selon ce qui leur avait été annoncé.

21Les huit jours étant accomplis, pour la circoncision de l’Enfant, il fut appelé Jésus, nom que l’ange lui avait donné avant qu’il eût été conçu dans le sein maternel.

22Puis, lorsque les jours de leur purification[30] furent accomplis, selon la loi de Moïse, Marie et Joseph portèrent l’Enfant à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, 23suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur : « Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur » ;[31] 24et pour offrir en sacrifice, ainsi que le prescrit la loi du Seigneur, une paire de tourterelles, ou deux petites colombes.

25Or, il y avait à Jérusalem un homme nommé Siméon ; c’était un homme juste et craignant Dieu, qui attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit-Saint était sur lui. 26L’Esprit-Saint lui avait révélé qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. 27Il vint donc dans le temple, poussé par l’Esprit. Et comme les parents apportaient le petit Enfant Jésus, pour observer les coutumes légales à son égard, 28lui aussi, il le reçut entre ses bras, et bénit Dieu en disant :

29« Maintenant, ô Maître, vous laissez partir[32] votre serviteur
En paix, selon votre parole ;
30Puisque mes yeux ont vu votre salut,
31Que vous avez préparé à la face de tous les peuples :
32Lumière qui doit dissiper les ténèbres des Nations
Et gloire d’Israël, votre peuple. »

33Le père[33] et la mère de l’Enfant étaient dans l’admiration des choses que l’on disait de lui. 34Et Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère : « Cet Enfant est au monde pour la chute et la résurrection d’un grand nombre en Israël, et pour être un signe en butte à la contradiction ; —[34] 35vous-même, un glaive transpercera votre âme ; — et ainsi seront révélées les pensées cachées dans le cœur d’un grand nombre. »

36Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser ; elle était fort avancée en âge, ayant vécu, depuis sa virginité, sept ans avec son mari. 37Restée veuve, et parvenue à quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait point le temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et dans la prière. 38Elle aussi, survenant à cette heure, se mit à louer le Seigneur et à parler de l’Enfant à tous ceux qui, à Jérusalem[35], attendaient la rédemption.

39Lorsqu’ils eurent tout accompli selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville.

4. Jésus-Enfant à Nazareth et parmi les Docteurs (40-52).

40Cependant l’Enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

41Or ses parents allaient tous les ans à Jérusalem, à la fête de Pâque. 42Quand il eut atteint sa douzième année[36], ils y montèrent, selon la coutume de cette fête ; 43et lorsqu’ils s’en retournèrent, les jours de la fête étant passés, l’Enfant Jésus resta dans la ville, sans que ses parents s’en fussent aperçus. 44Pensant qu’il était avec leurs compagnons de voyage, ils marchèrent tout un jour, puis ils le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. 45Ne l’ayant point trouvé, ils retournèrent à Jérusalem pour le chercher. 46Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. 47Et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses. 48En le voyant, ils furent étonnés ; et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Votre père et moi, nous vous cherchions tout affligés. » 49Et il leur répondit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois aux choses de mon Père ? »[37] 50Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait[38]. 51Alors il descendit avec eux, et vint à Nazareth, et il leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces choses dans son cœur.

52Et Jésus progressait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes.


DEUXIÈME PARTIE.

[III — XXI.]

VIE PUBLIQUE DE JÉSUS.

I. — PÉRIODE DE PRÉPARATION.

[III, 1 — IV, 13.]

I. Chap. iii, 1-20. Le Précurseur : Sa prédication ; son témoignage ; son incarcération.

La quinzième année[39] du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée ; Hérode, tétrarque de la Galilée ; Philippe, son frère, tétrarque de l’Iturée et du pays de la Trachonite, et Lysanias, tétrarque de l’Abilène ; 2au temps des grands prêtres Anne et Caïphe, la parole du Seigneur se fit entendre à Jean, fils de Zacharie, dans le désert.[40] 3Et il vint dans toute la contrée du Jourdain, prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés, 4ainsi qu’il est écrit au livre des oracles du prophète Isaïe : « Une voix a retenti au désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers.[41] 5Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les chemins tortueux deviendront droits, et les raboteux unis. 6Et toute chair verra le salut de Dieu. »

7Il disait à ceux qui accouraient en foule, pour être baptisés par lui : « Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? 8Faites donc de dignes fruits de repentir, et n’essayez pas de dire en vous-mêmes : Abraham est notre père ; car je vous dis que de ces pierres mêmes Dieu peut susciter des enfants à Abraham. 9Déjà la cognée est à la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne porte pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu. » 10Et le peuple lui demanda : « Que faut-il donc faire ? » 11Il leur répondit : « Que celui qui a deux tuniques en donne une à qui n’en a point, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. » 12Il vint aussi des publicains pour être baptisés, et ils lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » 13Il leur dit : « N’exigez rien au delà de ce qui vous est ordonné. » 14Des gens de guerre l’interrogèrent aussi, disant : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Abstenez-vous de toute violence et de toute fraude, et contentez-vous de votre solde. »

15Comme le peuple était dans l’attente, et que tous se demandaient dans leurs cœurs, à l’égard de Jean, s’il ne serait pas le Christ, 16Jean leur dit à tous : « Moi, je vous baptise dans l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et dont je ne suis pas digne de délier la courroie de la chaussure ; lui, il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. 17Sa main tient le van, et il nettoiera son aire, et il amassera le froment dans son grenier, et il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point. »

18Par ces exhortations, et beaucoup d’autres semblables, il annonçait donc au peuple la bonne nouvelle. 19Mais Hérode le tétrarque, étant repris par lui au sujet d’Hérodiade, femme de son frère, et de tout le mal qu’il avait fait,[42] 20il ajouta ce crime à tous les autres, et enferma Jean en prison.

2. Chap. iii, 21 — iv, 13. Jésus-Christ : Son baptême, sa généalogie ; son jeûne et ses tentations.

21Or, dans le temps que tout le peuple venait de recevoir le baptême, Jésus fut aussi baptisé, et pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit,[43] 22et l’Esprit-Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe, et du ciel une voix se fit entendre, disant : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mes complaisances. »

23Jésus avait environ trente ans lorsqu’il commença son ministère ; il était, comme on le croyait, fils de Joseph, fils d’Héli,[44] 24fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Janné, fils de Joseph, 25fils de Mattathias, fils d’Amos, fils de Nahum, fils d’Hesli, fils de Naggé, 26fils de Maath, fils de Mattathias, fils de Séméï, fils de Josech, fils de Juda, 27fils de Joanan, fils de Résa, fils de Zorobabel, fils de Salathiel, fils de Néri, 28fils de Melchi, fils d’Addi, fils de Cosam, fils d’Elmadam, fils de Her, 29fils de Jésus, fils d’Eliézer, fils de Jorim, fils de Matthat, fils de Lévi, 30fils de Siméon, fils de Juda, fils de Joseph, fils de Jonan, fils d’Eliakim, 31fils de Méléa, fils de Menna, fils de Mattatha, fils de Nathan, fils de David, 32fils de Jessé, fils d’Obed, fils de Booz, fils de Salmon, fils de Naasson, 33fils d’Aminadab, fils d’Aram, fils d’Esron, fils de Pharès, fils de Judas, 34fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham, fils de Tharé, fils de Nachor, 35fils de Sarug, fils de Réü, fils de Phaleg, fils d’Héber, fils de Salé, 36fils de Caïnan, fils d’Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de Lamech, 37fils de Mathusalé, fils d’Enoch, fils de Jared, fils de Malaléel, fils de Caïnan, 38fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu.[45]

Jésus, rempli de l’Esprit-Saint, revint du Jourdain, et il fut poussé par l’Esprit dans le désert,[46] 2pendant quarante jours, en butte aux tentations[47] du diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et quand ils furent passés, il eut faim. 3Alors le diable lui dit : « Si vous êtes Fils de Dieu, commandez à cette pierre de se changer en pain. » 4Jésus lui répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole de Dieu. » 5Et le diable l’ayant emmené sur une haute montagne, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre, 6et lui dit : « Je vous donnerai toute cette puissance et toute la gloire de ces royaumes ; car elle m’a été livrée, et je la donne à qui je veux. 7Si donc vous vous prosternez devant moi, elle sera toute à vous. » 8Jésus lui répondit : « Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul. » 9Le démon le conduisit encore à Jérusalem, et l’ayant placé sur le pinacle du temple, il lui dit : « Si vous êtes Fils de Dieu, jetez-vous d’ici en bas. 10Car il est écrit : Il a été donné pour vous l’ordre à ses anges de vous garder, 11et ils vous prendront entre leurs mains, de peur que votre pied ne heurte contre la pierre. » 12Jésus lui répondit : « Il a été écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu. » 13Après l’avoir ainsi tenté de toutes manières, le diable se retira de lui pour un temps.[48]

II. — MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE.

[IV, 14 — VI, 12]

A. — Les débuts, jusqu’à l’élection des Apôtres.

[IV, 14 — VI, 12.]

1. À Nazareth et à Capharnaüm : Le Messie d’après Isaïe ; Jésus mal reçu par ses compatriotes (iv, 16-30). Possédé délivré. La belle-mère de Pierre. Guérisons nombreuses. Jésus veut aller prêcher (31-43).

14Alors Jésus retourna en Galilée, dans la puissance de l’Esprit, et sa renommée se répandit dans tout le pays d’alentour.[49] 15Il enseignait dans leurs synagogues, et tous publiaient ses louanges.

16Étant venu à Nazareth, où il avait été élevé, il entra, selon sa coutume, le jour du sabbat dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture.[50] 17On lui remit le livre du prophète Isaïe ; et l’ayant déroulé, il trouva l’endroit où il était écrit : 18« L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par son onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, et il m’a envoyé guérir ceux qui ont le cœur brisé, 19annoncer aux captifs la délivrance, aux aveugles le retour à la vue, pour rendre libres les opprimés, publier l’année favorable du Seigneur. »[51] 20Ayant roulé le livre, il le rendit au ministre et s’assit ; et tous, dans la synagogue, avaient les yeux attachés sur lui. 21Alors, il commença à leur dire : « Aujourd’hui vos oreilles ont entendu l’accomplissement de cet oracle. » 22Et tous lui rendaient témoignage, et admirant les paroles de grâce qui sortaient de sa bouche, ils disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » 23Et il leur dit : « Sans doute, vous m’alléguerez cet adage : Médecin, guéris-toi toi-même ; et vous me direz : Les grandes choses que nous avons ouï dire que vous avez faites à Capharnaüm, faites-les ici dans votre patrie. » 24Et il ajouta : « En vérité, je vous le dis, aucun prophète n’est bien reçu dans sa patrie. 25Je vous le dis, en vérité, il y avait beaucoup de veuves en Israël aux jours d’Élie, lorsque le ciel fut fermé pendant trois ans et six mois, et qu’il y eut une grande famine dans toute la terre ; 26et pourtant Élie ne fut envoyé à aucune d’elles, mais à une veuve de Sarepta, dans le pays de Sidon. 27Il y avait de même beaucoup de lépreux en Israël au jours du prophète Élisée ; et pourtant aucun d’eux ne fut guéri, mais bien Naaman le Syrien. » 28En entendant cela, ils furent tous remplis de colère dans la synagogue. 29Et s’étant levés, ils le poussèrent hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie pour le précipiter en bas. 30Mais lui, passant au milieu d’eux, s’en alla.

31Il descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et là il enseignait les jours de sabbat.[52] 32Et sa doctrine les frappait d’étonnement, parce qu’il parlait avec autorité.

33Il y avait dans la synagogue un homme possédé d’un démon impur, lequel jeta un grand cri, 34disant : « Laissez-moi[53], qu’avons-nous à faire avec vous, Jésus de Nazareth ? Êtes-vous venu pour nous perdre ? Je sais qui vous êtes : le Saint de Dieu. » 35Mais Jésus lui dit d’un ton sévère : « Tais-toi, et sors de cet homme. » Et le démon l’ayant jeté par terre au milieu de l’assemblée, sortit de lui sans lui avoir fait aucun mal. 36Et tous, saisis de stupeur, se disaient entre eux : « Quelle est cette parole ? Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortent ! » 37Et sa renommée se répandait de tous côtés dans le pays. 38S’étant alors levé, Jésus quitta la synagogue, et entra dans la maison de Simon. Or, la belle-mère de Simon était atteinte d’une grosse fièvre, et ils le prièrent pour elle.[54] 39Se penchant sur la malade, il commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta ; et s’étant levée aussitôt, elle se mit à les servir.

40Lorsque le soleil fut couché, tous ceux qui avaient chez eux des malades, quel que fût leur mal, les lui amenèrent ; et Jésus, imposant la main à chacun d’eux, les guérit. 41Des démons aussi sortaient de plusieurs, criant et disant : « Tu es le Fils de Dieu » ; et il les réprimandait pour leur imposer silence, parce qu’ils savaient qu’il était le Christ. 42Dès que le jour parut, il sortit et s’en alla en un lieu désert. Une foule de gens se mirent à sa recherche, et étant arrivés jusqu’à lui, ils voulaient le retenir, pour qu’il ne les quittât point. 43Mais il leur dit : « Il faut que j’annonce aussi aux autres villes le royaume de Dieu, car je suis envoyé pour cela. »

2. Première tournée en Galilée : Pêche miraculeuse (v, 1-11). Le lépreux. Retraite et prière de Jésus (12-16). Le paralytique absous et guéri (17-26).

44Et Jésus prêchait dans les synagogues de la Galilée.

Or, un jour que pressé par la foule qui voulait entendre la parole de Dieu, il se tenait sur le bord du lac de Génésareth,[55] 2il vit deux barques qui stationnaient près du rivage ; les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. 3Il monta donc dans une de ces barques, qui était à Simon, et le pria de s’éloigner un peu de terre ; puis, s’étant assis, il enseigna le peuple de dessus la barque. 4Lorsqu’il eut cessé de parler, il dit à Simon : « Avance en pleine mer, et vous jetterez vos filets pour pêcher. » 5Simon lui répondit : « Maître, toute la nuit nous avons travaillé sans rien prendre ; mais, sur votre parole, je jetterai le filet. » 6L’ayant jeté, ils prirent une si grande quantité de poissons, que leur filet se rompait. 7Et ils firent signe à leurs compagnons, qui étaient dans l’autre barque, de venir à leur aide. Ils y vinrent, et ils remplirent les deux barques, au point qu’elles enfonçaient. 8Ce que voyant Simon Pierre tomba aux pieds de Jésus en disant : « Éloignez-vous de moi, Seigneur, parce que je suis un pécheur. » 9Car l’effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui l’accompagnaient, à cause de la capture de poissons qu’ils avaient faite ; 10il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Et Jésus dit à Simon : « Ne crains point, car désormais ce sont des hommes que tu prendras. » 11Aussitôt, ramenant leurs barques à terre, ils quittèrent tout et le suivirent.

12Comme il était dans une ville, voici qu’un homme tout couvert de lèpre, apercevant Jésus, se prosterna la face contre terre, et le pria en disant : « Seigneur, si vous le voulez, vous pouvez me guérir. » 13Jésus, étendant la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois guéri » ; et à l’instant sa lèpre disparut. 14Et il lui défendit d’en parler à personne ; mais : « Va, dit-il, te montrer au prêtre, et offre pour ta guérison ce qu’a prescrit Moïse, pour l’attester au peuple. » 15Sa renommée se répandait de plus en plus, et l’on venait par troupes nombreuses pour l’entendre et pour être guéri de ses maladies. 16Pour lui, il se retirait dans les déserts et priait.

17Un jour qu’il enseignait[56], il y avait là, assis autour de lui, des Pharisiens et des docteurs de la Loi, venus de tous les villages de la Galilée, ainsi que de la Judée et de Jérusalem, et la puissance du Seigneur se manifestait par des guérisons. 18Et voilà que des gens, portant sur un lit un homme paralysé, cherchaient à le faire entrer et à le mettre devant lui. 19Et n’en trouvant pas le moyen à cause de la foule, ils montèrent sur le toit et, à travers les tuiles, descendirent le malade avec sa couchette au milieu de tous, devant Jésus. 20Voyant leur foi, il dit : « Homme, tes péchés te sont remis. » 21Alors les Scribes et les Pharisiens se mirent à raisonner et à dire : « Qui est celui-ci qui profère des blasphèmes ? Qui peut remettre les péchés, si ce n’est Dieu seul ? » 22Jésus, connaissant leurs pensées, prit la parole et leur dit : « Quelles pensées avez-vous en vos cœurs ? 23Lequel est le plus facile de dire : Tes péchés te sont remis, ou de dire : Lève-toi et marche ? 24Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés : Je te le commande, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ta couchette et va dans ta maison. » 25À l’instant, celui-ci se leva devant eux, prit le lit sur lequel il était couché, et s’en alla dans sa maison en glorifiant Dieu. 26Et tous étaient frappés de stupeur ; ils glorifiaient Dieu, et, remplis de crainte, ils disaient : « Nous avons vu aujourd’hui des choses merveilleuses. »

3. Les controverses : Vocation de Lévi, le Publicain. Le jeûne (v, 27-39). Le sabbat : les épis, la main sèche (vi, 1-11).

27Après cela, Jésus sortit, et ayant vu un publicain nommé Lévi, assis au bureau[57] du péage, il lui dit : « Suis-moi. » 28Et lui, quittant tout, se leva et le suivit.

29Lévi lui donna un grand festin dans sa maison ; et une foule nombreuse de publicains et d’autres personnes étaient à table avec eux. 30Les Pharisiens et leurs Scribes murmuraient et disaient à ses disciples : « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs ? » 31Jésus leur répondit : « Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. 32Je ne suis pas venu appeler les justes à la pénitence, mais les pécheurs. »

33Alors ils lui dirent : « Pourquoi, tandis que les disciples de Jean et ceux des Pharisiens jeûnent et prient souvent, les vôtres mangent-ils et boivent-ils ? » 34Il leur répondit : « Pouvez-vous faire jeûner les amis de l’Époux, pendant que l’Époux est avec eux ? 35Viendront des jours où l’Époux leur sera enlevé : ils jeûneront ces jours-là. » 36Il leur proposa encore cette comparaison : « Personne ne met à un vieux vêtement un morceau pris à un vêtement neuf : autrement on déchire le neuf, et le morceau du neuf convient mal au vêtement vieux. 37Personne non plus ne met du vin nouveau dans de vieilles outres : autrement, le vin nouveau rompant les outres, il se répandra, et les outres seront perdues. 38Mais il faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves, et tous les deux se conservent. 39Et personne après avoir bu du vieux vin, ne veut aussitôt du nouveau ; car on dit : Le vieux vin est meilleur. »

Un jour de sabbat, dit le second-premier, comme Jésus traversait des champs de blé, ses disciples cueillaient des épis, et, les froissant dans leurs mains, les mangeaient.[58] 2Quelques Pharisiens leur dirent : « Pourquoi faites-vous ce qui n’est pas permis le jour du sabbat ? » 3Jésus leur répondit : « Vous n’avez donc pas lu ce que fit David, lorsqu’il eut faim, lui et ceux qui l’accompagnaient : 4comment il entra dans la maison de Dieu, et prit les pains de proposition, en mangea et en donna à ceux qui étaient avec lui, bien qu’il ne soit permis d’en manger qu’aux prêtres seuls ? » 5Et il ajouta : « Le Fils de l’homme est maître même du sabbat. »

6Un autre jour de sabbat, Jésus entra dans la synagogue et il enseignait. Et il y avait là un homme dont la main droite était desséchée. 7Or, les Scribes et les Pharisiens l’observaient, pour voir s’il faisait des guérisons le jour du sabbat, afin d’avoir un prétexte pour l’accuser. 8Mais lui, pénétrant leurs pensées, dit à l’homme qui avait la main desséchée : « Lève-toi, et tiens-toi au milieu » ; et lui, s’étant levé, se tint debout. 9Alors Jésus leur dit : « Je vous le demande, est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du mal, de sauver la vie ou de l’ôter ? » 10Puis, promenant son regard sur eux tous, il dit à cet homme : « Étends ta main. » Il l’étendit et sa main redevint saine. 11Mais eux, remplis de démence, se consultaient sur ce qu’ils feraient à Jésus.

B. — De l’élection des Apôtres à la multiplication des pains.
[VI, 12 — IX, 9.]
1. Élection des Apôtres ; (vi, 12-16). les foules se pressent autour de Jésus, dont l’attouchement guérit tous les maux (17-19). Sermon sur la montagne : a) Béatitudes et malédictions (20-26). b) — Amour des ennemis, douceur, charité (27-38). — c) Le guide aveugle ; la paille et la poutre ; l’arbre reconnu par ses fruits (39-45). — d) Exhortation à mettre en pratique les enseignements du Sauveur (46-49).

12En ces jours-là, il se retira sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu.[59] 13Quand il fut jour, il appela ses disciples, et choisit douze d’entre eux, qu’il nomma apôtres[60] : 14Simon, auquel il donna le nom de Pierre, et André son frère, Jacques et Jean, Philippe et Barthélemy, 15Matthieu et Thomas, Jacques, fils d’Alphée, et Simon, appelé le Zélé, 16Jude, frère de Jacques, et Judas Iscariote, qui devint traître.

17Étant descendu avec eux, il s’arrêta sur un plateau[61], où se trouvaient une foule de ses disciples et une grande multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem et de toute la région maritime de Tyr et de Sidon. 18Ils étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies. Ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. 19Et toute cette foule cherchait à le toucher, parce qu’il sortait de lui une vertu qui les guérissait tous. 20Alors, levant les yeux vers ses disciples, il leur dit[62] :

« Heureux, vous qui êtes pauvres, car le royaume des cieux est à vous ! 21Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés ! Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie !

22Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, vous repousseront de leur société, vous chargeront d’opprobre, et rejetteront votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme. 23Réjouissez-vous en ce jour-là, et tressaillez de joie, car voici que votre récompense est grande dans le ciel : c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.

24Mais malheur à vous, riches, car vous avez votre consolation !

25Malheur à vous, qui êtes rassasiés, car vous aurez faim ! Malheur à vous, qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et dans les larmes !

26Malheur à vous, quand tous les hommes diront du bien de vous, car c’est ce que leurs pères faisaient à l’égard des faux prophètes !

27Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent. 28Bénissez ceux qui vous maudissent, et priez pour ceux qui vous maltraitent.

29Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui encore l’autre ; et si quelqu’un t’enlève ton manteau, ne l’empêche pas de prendre aussi ta tunique. 30Donne à quiconque te demande, et si l’on te ravit ton bien, ne le réclame point.

31Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pareillement pour eux. 32Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment. 33Et si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi en font autant. 34Et si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? Des pécheurs aussi prêtent à des pécheurs, afin qu’on leur rende l’équivalent. 35Pour vous, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour ; et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, qui est bon aux ingrats et aux méchants. 36Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux.

37Ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; remettez et il vous sera remis. 38Donnez, et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, pressée, secouée et débordante, car on se servira, pour vous rendre, de la même mesure avec laquelle vous aurez mesuré. »

39Il leur fit encore cette comparaison : « Un aveugle peut-il conduire un aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous les deux dans la fosse ? 40Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais tout disciple, son instruction achevée, sera comme son maître.

41Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? 42Ou comment peux-tu dire à ton frère : Mon frère, laisse-moi ôter cette paille de ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et tu verras ensuite à ôter la paille qui est dans l’œil de ton frère.

43En effet, il n’y a pas de bon arbre qui porte de mauvais fruits, ni de mauvais arbre qui porte de bons fruits ; 44chaque arbre se reconnaît à son fruit. On ne cueille pas de figues sur les épines ; on ne coupe pas de raisin sur les ronces. 45L’homme bon tire le bien du bon trésor de son cœur ; et, de son mauvais trésor, l’homme méchant tire le mal ; car la bouche parle de l’abondance du cœur.

46Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? 47Tout homme qui vient à moi, qui écoute mes paroles, et les met en pratique, je vous montrerai à qui il est semblable. 48Il est semblable à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé bien avant, et en a posé les fondements sur le roc. Une inondation étant survenue, le torrent s’est jeté contre cette maison, et il n’a pu l’ébranler, parce qu’elle était fondée sur le roc.

49Mais celui qui écoute et ne met pas en pratique, est semblable à un homme qui a bâti sa maison sur la terre, sans fondements ; le torrent est venu se heurter contre elle, et elle est tombée aussitôt, et grande a été la ruine de cette maison. »
2. Seconde tournée en Galilée : Le centurion (vii, 2-10). À Naïm (11-17). Ambassade de Jean-Baptiste ; son éloge ; reproches aux Pharisiens incrédules (18-35). La pécheresse aux pieds de Jésus (36-50). De pieuses femmes le suivent (viii, 1-3). Parabole de la semence (4-18). La mère et les frères de Jésus (19-21).

Après qu’il eut achevé de faire entendre au peuple tous ses discours, Jésus entra dans Capharnaüm. 2Or, un centurion avait un serviteur malade, qui allait mourir et il l’aimait beaucoup. 3Ayant entendu parler de Jésus, il lui députa quelques anciens d’entre les Juifs, pour le prier de venir guérir son serviteur. 4Ceux-ci étant arrivés vers Jésus, le prièrent avec grande instance, en disant : « Il mérite que vous fassiez cela pour lui ; 5car il aime notre nation, et il a même bâti notre synagogue. » 6Jésus s’en alla donc avec eux. Il n’était plus loin de la maison, lorsque le centurion envoya quelques-uns de ses amis lui dire : « Seigneur, ne prenez pas tant de peine, car je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ;[63] 7aussi ne me suis-je pas même jugé digne de venir auprès de vous ; mais dites un mot, et mon serviteur sera guéri. 8Car moi, qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres, et je dis à l’un : Va, et il va ; à un autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait. » 9Ce qu’ayant entendu, Jésus admira cet homme, et, se tournant vers la foule qui le suivait, il dit : « Je vous le dis, en vérité, en Israël même je n’ai pas trouvé une si grande foi. » 10À leur retour dans la maison du centurion, les envoyés trouvèrent guéri le serviteur qui était malade.

11Quelques temps après[64], Jésus se rendait à une ville appelée Naïm ; de nombreux disciples et une grande foule faisaient route avec lui. 12Comme il arrivait près de la porte de la ville, il se trouva qu’on emportait un mort, fils unique de sa mère, et celle-ci était veuve, et beaucoup de gens de la ville l’accompagnaient. 13Le Seigneur l’ayant vue, fut touché de compassion pour elle, et lui dit : « Ne pleurez pas. » 14Et s’approchant, il toucha le cercueil, les porteurs s’étant arrêtés ; puis il dit : « Jeune homme, je te le commande, lève-toi. » 15Aussitôt le mort se leva sur son séant, et se mit à parler, et Jésus le rendit à sa mère. 16Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu en disant : « Un grand prophète a paru parmi nous, et Dieu a visité son peuple. » 17Et cette parole prononcée à son sujet se répandit dans toute la Judée et dans tout le pays d’alentour.

18Les disciples de Jean lui ayant rapporté toutes ces choses,[65] 19il en appela deux, et les envoya vers Jésus pour lui dire : « Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » 20Étant donc venus à lui : « Jean-Baptiste, lui dirent-ils, nous a envoyés vers vous pour vous demander : Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » 21— À ce moment même, Jésus guérit un grand nombre de personnes affligées par la maladie, les infirmités, ou les esprits malins, et accorda la vue à plusieurs aveugles. — 22Puis il répondit aux envoyés : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. 23Heureux celui qui ne se scandalise pas en moi ! »

24Lorsque les envoyés de Jean furent partis, Jésus se mit à dire au peuple, au sujet de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? 25Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un homme vêtu d’habits moelleux ? Mais ceux qui portent des vêtements précieux et vivent dans les délices sont dans les palais royaux. 26Enfin qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et plus qu’un prophète. 27C’est de lui qu’il est écrit : J’envoie mon messager devant votre face, pour vous précéder et vous préparer la voie. 28Je vous le dis en effet, parmi les enfants des femmes, il n’y a pas de prophète plus grand que Jean-Baptiste ; mais le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui. 29Tout le peuple qui l’a entendu, et les publicains eux-mêmes, ont justifié Dieu, en se faisant baptiser du baptême de Jean, 30tandis que les Pharisiens et les Docteurs de la Loi ont annulé le dessein de Dieu à leur égard, en ne se faisant pas baptiser par lui. »

31« À qui donc, dit encore le Seigneur, comparerai-je les hommes de cette génération ? À qui sont-ils semblables ?[66] 32Ils sont semblables à des enfants assis dans la place publique, qui s’interpellent entre eux et se disent les uns aux autres : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ; nous vous avons chanté des complaintes, et vous n’avez point pleuré. 33Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant point de pain et ne buvant point de vin, et vous dites : Il est possédé du démon. 34Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant, et vous dites : C’est un homme de bonne chère et un buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. 35Mais la Sagesse a été justifiée par tous ses enfants. »

36Un Pharisien ayant prié Jésus de manger avec lui, il entra dans sa maison et se mit à table.[67] 37Et voici qu’une femme qui menait dans la ville une vie déréglée, ayant su qu’il était à table dans la maison du Pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfum ; 38et se tenant derrière lui, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à les arroser de ses larmes et à les essuyer avec les cheveux de sa tête, et elle les baisait et les oignait de parfum. 39À cette vue, le Pharisien qui l’avait invité, dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche, et que c’est une pécheresse. » 40Alors prenant la parole, Jésus lui dit : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. » — « Maître, parlez », dit-il. — 41« Un créancier avait deux débiteurs ; l’un devait cinq cents deniers et l’autre cinquante. 42Comme ils n’avaient pas de quoi payer leur dette, il en fit grâce à tous deux. Lequel donc l’aimera davantage ? » 43Simon répondit : « Celui, je pense, auquel il a fait grâce de la plus forte somme. » Jésus lui dit : « Tu as bien jugé. » 44Et, se tournant vers la femme, il dit à Simon : « Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu n’as pas versé d’eau sur mes pieds ; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux. 45Tu ne m’as point donné de baiser ; mais elle, depuis que je suis entré, elle n’a cessé de me baiser les pieds.[68] 46Tu n’as pas oint ma tête d’huile, mais elle a oint mes pieds de parfum. 47C’est pourquoi, je te le déclare, ses nombreux péchés lui sont pardonnés, parce qu’elle a beaucoup aimé[69] ; mais celui à qui l’on pardonne peu, aime peu. » 48Puis il dit à la femme : « Tes péchés te sont pardonnés. »[70] 49Et ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est celui-ci qui remet même les péchés ? » 50Mais Jésus dit à la femme : « Ta foi t’a sauvée, va en paix. »

Ensuite Jésus cheminait par les villes et par les villages, prêchant et annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les Douze étaient avec lui, 2ainsi que quelques femmes qui avaient été guéries d’esprits malins et de maladies : Marie, dite de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons ;[71] 3Jeanne, femme de Chusa, intendant d’Hérode, Suzanne et plusieurs autres, qui l’assistaient de leurs biens.

4Une grande foule s’étant amassée, et des gens étant venus à lui de diverses villes, Jésus dit en parabole :[72] 5« Le semeur sortit pour répandre sa semence ; et pendant qu’il semait, une partie tomba le long du chemin, et elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent. 6Une autre partie tomba sur la pierre, et, aussitôt levée, elle sécha, parce qu’elle n’avait pas d’humidité. 7Une autre partie tomba parmi les épines, et les épines croissant avec elle l’étouffèrent.[73] 8Une autre partie tomba dans la bonne terre, et ayant levé, elle donna du fruit au centuple. » Parlant ainsi, il disait à haute voix : « Que celui qui a des oreilles entende bien. »

9Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole : 10« À vous, leur dit-il, il a été donné de connaître le mystère du royaume de Dieu, tandis qu’aux autres, il est annoncé en paraboles, de sorte qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils ne comprennent point. 11Voici ce que signifie cette parabole : La semence, c’est la parole de Dieu. 12Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent la parole ; mais ensuite le démon vient, et l’enlève de leur cœur, de peur qu’ils ne croient et ne soient sauvés. 13Ceux en qui on sème sur la pierre, ce sont ceux qui, entendant la parole, la reçoivent avec joie ; mais ils n’ont point de racine : ils croient pour un temps, et ils succombent à l’heure de la tentation. 14Ce qui est tombé sur les épines, représente ceux qui, ayant entendu la parole, se laissent peu à peu étouffer par les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils n’arrivent point à maturité. 15Enfin, ce qui est tombé dans la bonne terre, représente ceux qui, ayant entendu la parole avec un cœur bon et excellent, la gardent, et portent du fruit par la constance. 16Il n’est personne qui, après avoir allumé une lampe, la couvre d’un vase, ou la mette sous un lit ; mais on la met sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière. 17Car il n’y a rien de caché qui ne se découvre, rien de secret qui ne finisse par être connu et ne vienne au grand jour. 18Prenez donc garde à la manière dont vous écoutez ; car on donnera à celui qui a ; et à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il croit avoir. »

19La mère et les frères de Jésus vinrent le trouver, mais ils ne purent pénétrer jusqu’à lui à cause de la foule.[74] 20On vint lui dire : « Votre mère et vos frères sont là dehors, et ils désirent vous voir. » 21Il leur répondit : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique. »

3. Voyage à Gérasa : Tempête apaisée (viii, 22-25). Le démoniaque et les pourceaux (26-39). Au retour : l’hémorrhoïsse et la fille de Jaïre (40-56)

22Un jour, il arriva que Jésus monta dans une barque avec ses disciples, et leur dit : « Passons de l’autre côté du lac. » Et ils se mirent en mer.[75] 23Pendant qu’ils naviguaient, il s’endormit ; et un tourbillon de vent s’étant abattu sur le lac, leur barque s’emplissait d’eau, et ils étaient en péril. 24S’approchant donc, ils le réveillèrent en disant : « Maître ! Maître ! nous périssons ! » S’étant levé, il réprimanda le vent et les flots agités, et ils s’apaisèrent, et le calme se fit. 25Puis il leur dit : « Où est votre foi ? » Saisis de crainte et d’étonnement, ils se disaient les uns aux autres : « Quel est donc celui-ci, qui commande au vent et à la mer, et ils lui obéissent ? »

26Ils abordèrent ensuite au pays des Géraséniens, qui est vis-à-vis de la Galilée.[76] 27Lorsque Jésus fut descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme de la ville, qui était depuis longtemps possédé des démons, il ne portait aucun vêtement et n’avait point d’autre habitation que les sépulcres. 28Aussitôt qu’il eut aperçu Jésus, il poussa des cris et vint se prosterner à ses pieds, disant à haute voix : « Qu’avez-vous à faire avec moi, Jésus, Fils de Dieu, Très-Haut ? De grâce, ne me tourmentez point. » 29En effet, Jésus commandait à l’esprit impur de sortir de cet homme. Bien des fois en effet l’esprit s’en était emparé, et quoiqu’on le gardât lié de chaînes et de fers aux pieds, il rompait ses liens, et le démon le chassait dans les lieux déserts. 30Jésus lui demanda : « Quel est ton nom ? » Il lui dit : « Je m’appelle Légion » ; car beaucoup de démons étaient entrés en lui. 31Et ces démons priaient Jésus de ne pas leur commander d’aller dans l’abîme. 32Or, il y avait là un nombreux troupeau de porcs qui paissaient sur la montagne ; ils le prièrent de leur permettre d’y entrer, et il le leur permit. 33Sortant donc de cet homme ils entrèrent dans les pourceaux ; et le troupeau, prenant sa course, se précipita par les pentes escarpées dans le lac, et s’y noya. 34À cette vue, les gardiens s’enfuirent, et en portèrent la nouvelle dans la ville et dans la campagne. 35Les habitants sortirent pour voir ce qui était arrivé : ils vinrent à Jésus, et trouvèrent l’homme de qui les démons étaient sortis, assis à ses pieds, vêtu et sain d’esprit ; et ils furent remplis de frayeur. 36Ceux qui en avaient été témoins leur racontèrent aussi comment le démoniaque avait été délivré. 37Alors tous les habitants du pays des Géraséniens le prièrent de s’éloigner d’eux, parce qu’ils étaient saisis d’une grande crainte. Jésus monta donc dans la barque pour s’en retourner. 38Or, l’homme de qui les démons étaient sortis le priait de l’admettre à sa suite ; mais Jésus le renvoya en disant : 39« Retourne dans ta maison, et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi. » Et il s’en alla et publia par toute la ville, ce que Jésus avait fait pour lui.

40Jésus, à son retour, fut accueilli par le peuple, car tous l’attendaient.[77] 41Et voilà qu’un homme appelé Jaïre, lequel était chef de la synagogue, vint se jeter aux pieds de Jésus, le priant d’entrer dans sa maison, 42parce qu’il avait une fille unique, d’environ douze ans, qui se mourait.[78]

43une femme affligée d’un flux de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tout son bien en médecins, sans qu’aucun eût pu la guérir, 44s’approcha de lui par derrière et toucha la houppe de son manteau. À l’instant son flux de sang s’arrêta. 45Et Jésus dit : « Qui m’a touché ? » Tous s’en défendant, Pierre et ceux qui étaient avec lui dirent : « Maître, la foule vous entoure et vous presse, et vous demandez : Qui m’a touché ? » 46Mais Jésus dit : « Quelqu’un m’a touché, car j’ai senti qu’une force était sortie de moi. » 47Se voyant découverte, la femme vint toute tremblante se jeter à ses pieds, et raconta devant tout le peuple pourquoi elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant. 48Et Jésus lui dit : « Ma fille[79], ta foi t’a sauvée ; va en paix. »

49Comme il parlait encore, quelqu’un de chez le chef de la synagogue vint lui dire : « Ta fille est morte, ne fatigue pas le Maître. »[80] 50Jésus ayant entendu cette parole, répondit au père : « Ne crains pas ; crois seulement, et elle sera sauvée. » 51Arrivé à la maison, il ne laissa personne entrer avec lui, si ce n’est Pierre, Jacques et Jean, avec le père et la mère de l’enfant. 52Or tous pleuraient et se lamentaient sur elle, et Jésus dit : « Ne pleurez point ; elle n’est pas morte, mais elle dort. » 53Et ils se moquaient de lui, sachant bien qu’elle était morte. 54Mais lui, la prenant par la main, dit à haute voix : « Enfant, lève-toi » 55Et son esprit revint en elle, et elle se leva à l’instant ; et Jésus ordonna de lui donner à manger. 56Ses parents furent dans le ravissement, mais il leur recommanda de ne dire à personne ce qui était arrivé.

4. Mission des Apôtres (ix, 1-6). Soupçons d’Hérode (7-9).

Ayant assemblé les Douze, Jésus leur donna puissance et autorité sur tous les démons, et le pouvoir de guérir les maladies.[81] 2Et il les envoya prêcher le royaume de Dieu et guérir les malades, 3et il leur dit : « Ne prenez rien pour le voyage, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, et n’ayez point deux tuniques. 4Dans quelque maison que vous entriez, demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez de ce lieu. 5Si l’on refuse de vous recevoir, sortez de cette ville et secouez même la poussière de vos pieds en témoignage contre eux. »

6Les disciples étant partis allèrent de village en village, prêchant l’Évangile et opérant partout des guérisons.

7Cependant Hérode le tétrarque entendit parler de tout ce que faisait Jésus, et il ne savait que penser ;[82] 8car les uns disaient : « Jean est ressuscité des morts » ; d’autres : « Elie a paru » ; d’autres : « Un des anciens prophètes est ressuscité. » 9Hérode dit : « Quant à Jean, je l’ai fait décapiter. Quel est donc cet homme, de qui j’entends dire de telles choses ? » Et il cherchait à le voir.

C. — De la multiplication des pains jusqu’au dernier voyage vers Jérusalem.

[IX, 10 — 50.]

1. Multiplication des pains. (10-17).

10Les apôtres, étant de retour, racontèrent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait. Il les prit avec lui et se retira à l’écart dans un lieu désert, près d’une ville nommée Bethsaïde.[83] 11Lorsque le peuple l’eut appris, il le suivit ; Jésus les accueillit, et il leur parla du royaume de Dieu, et il rendit la santé à ceux qui en avaient besoin.

12Comme le jour commençait à baisser, les Douze vinrent lui dirent : « Renvoyez le peuple, afin que, se répandant dans les villages et les hameaux d’alentour, ils y trouvent un abri et de la nourriture ; car nous sommes ici dans un lieu désert. » 13Il leur répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils lui dirent : « Nous n’avons que cinq pains et deux poissons, à moins peut-être que nous n’allions nous-mêmes acheter de quoi nourrir tout ce peuple ! » 14Car il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante. » 15Ils lui obéirent et les firent asseoir. 16Alors Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il prononça une bénédiction, les rompit et les donna à ses disciples pour les servir au peuple. 17Tous mangèrent et furent rassasiés, et des morceaux qui étaient de reste, on emporta douze corbeilles.

2. Premières annonces de la Passion : Confession de S. Pierre ; nécessité de l’abnégation (ix, 18-27). Transfiguration (28-36). L’enfant possédé (37-43). Encore la Passion ; humilité, tolérance (44-50).

18Un jour qu’il priait dans un lieu solitaire[84], ayant ses disciples avec lui, il leur fit cette question : « Qui suis-je, au dire des foules ? » 19Ils répondirent : « Les uns disent Jean Baptiste ; d’autres Elie ; d’autres, qu’un des anciens prophètes est ressuscité. — 20Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis ? » Pierre répondit : « Le Christ de Dieu. » 21Mais il leur enjoignit d’un ton sévère de ne le dire à personne. 22« Il faut, ajouta-t-il, que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, par les Princes des prêtres et par les Scribes, qu’il soit mis à mort et qu’il ressuscite le troisième jour. »

23Puis, s’adressant à tous, il dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce lui-même, qu’il porte sa croix chaque jour, et me suive. 24Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi, la sauvera. 25Que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il se ruine ou se perd lui-même ? 26Et si quelqu’un rougit de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme rougira de lui, lorsqu’il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. 27Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici présents ne goûteront point la mort, qu’ils n’aient vu le royaume de Dieu. »

28Environ huit jours après qu’il eut dit ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et monta sur la montagne pour prier.[85] 29Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea, et ses vêtements devinrent éblouissants de blancheur. 30Et voilà que deux hommes conversaient avec lui : c’étaient Moïse et Elie, 31apparaissant dans la gloire ; ils s’entretenaient de sa mort qui devait s’accomplir dans Jérusalem. 32Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais s’étant tenus éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes qui étaient avec lui.[86] 33Au moment où ceux-ci s’éloignaient de lui, Pierre dit à Jésus : « Maître, il nous est bon d’être ici ; dressons trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Elie », il ne savait ce qu’il disait. 34Comme il parlait ainsi, une nuée vint les couvrir de son ombre et les disciples furent saisis de frayeur tandis qu’ils entraient dans la nuée[87]. 35Et de la nuée sortit une voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. » 36Pendant que la voix parlait, Jésus se trouva seul. Les disciples gardèrent le silence, et ils ne racontèrent à personne, en ce temps-là, rien de ce qu’ils avaient vu.

37Le jour suivant, lorsqu’ils furent descendus de la montagne, une foule nombreuse vint au-devant de Jésus. 38Et un homme s’écria du milieu de la foule : « Maître, je vous en supplie, jetez un regard sur mon fils, car c’est mon seul enfant. 39Un esprit s’empare de lui, et aussitôt il pousse des cris ; l’esprit l’agite avec violence en le faisant écumer, et à peine le quitte-t-il après l’avoir tout meurtri. 40J’ai prié vos disciples de le chasser, et ils ne l’ont pu. — 41Ô race incrédule et perverse, répondit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous et vous supporterai-je ? Amène ici ton fils. » 42Et comme l’enfant s’approchait, le démon le jeta par terre et l’agita violemment. Mais Jésus menaça l’esprit impur, guérit l’enfant et le rendit à son père. 43Et tous furent frappés de la grandeur de Dieu.

Tandis que chacun était dans l’admiration de ce que faisait Jésus, il dit à ses disciples : 44« Vous, écoutez[88] bien ceci. Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes. » 45Mais ils ne comprenaient point cette parole ; elle était voilée pour eux, de sorte qu’ils n’en avaient pas l’intelligence, et ils craignaient de l’interroger à ce sujet. 46Or, une pensée se glissa dans leur esprit, savoir lequel d’entre eux était le plus grand[89]. 47Jésus, voyant les pensées de leur cœur, prit un petit enfant, le mit près de lui, 48et leur dit : « Quiconque reçoit en mon nom ce petit enfant, me reçoit ; et quiconque me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. Car celui d’entre vous tous qui est le plus petit, c’est celui-là qui est grand. »

49Jean, prenant la parole, dit : « Maître, nous avons vu un homme qui chasse les démons en votre nom, et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne va pas avec nous. 50— Ne l’en empêchez pas, lui répondit Jésus, car celui qui n’est pas contre vous est pour vous. »

III. — LES VOYAGES À JÉRUSALEM.

[IX, 51 — XIX, 28.]

A. — Premier voyage.

[IX, 51, — X, 42.]

1. Début : Jésus n’est pas reçu par les Samaritains. L’esprit de Jésus-Christ ; conditions pour le suivre (ix, 51-62).

51Quand les jours où il devait être enlevé du monde furent près de s’accomplir, il prit la résolution d’aller à Jérusalem.[90] 52Il envoya devant lui des messagers, qui se mirent en route, et entrèrent dans un bourg des Samaritains pour préparer sa réception ; 53mais les habitants refusèrent de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. 54Ce que voyant, ses disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, voulez-vous que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume ? »[91] 55Jésus, s’étant retourné, les reprit en disant : « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes ! 56Le Fils de l’homme est venu, non pour perdre les vies d’hommes[92], mais pour les sauver. » Et ils allèrent dans une autre bourgade.

57Pendant qu’ils étaient en chemin, un homme lui dit : « Je vous suivrai partout où vous irez. » 58Jésus lui répondit : « Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. » 59Il dit à un autre : « Suis-moi. » Celui-ci répondit : « Seigneur, permettez-moi d’aller auparavant ensevelir mon père. » 60Mais Jésus lui dit : « Laisse les morts ensevelir leurs morts ; pour toi, va annoncer le royaume de Dieu. » 61Un autre lui dit : « Je vous suivrai, Seigneur, mais permettez-moi d’aller auparavant faire mes adieux à ceux de ma maison. »[93] 62Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu. »

2. Mission des 72 disciples : Leur retour ; joie de Jésus (x, 1-24).

Après cela[94], le Seigneur en désigna encore soixante-douze autres, et les envoya devant lui, deux à deux, dans toutes les villes et tous les lieux où lui-même devait aller. 2Il leur dit : « La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. 3Partez : voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.[95] 4Ne portez ni bourse, ni sac, ni souliers, et ne saluez personne en chemin. 5Dans quelque maison que vous entriez, dites d’abord : Paix à cette maison ! 6Et s’il s’y trouve un enfant de paix[96], votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra à vous. 7Demeurez dans la même maison, mangeant et buvant de ce qu’il y aura chez eux ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas d’une maison dans une autre.

8Dans quelque ville que vous entriez, si l’on vous reçoit, mangez ce qu’on vous présentera ; 9guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : Le royaume de Dieu est proche de vous. 10Mais dans quelque ville que vous entriez, si l’on ne vous reçoit pas, allez sur les places publiques et dites : 11La poussière même de votre ville, qui s’est attachée à nous, nous l’essuyons contre vous ; sachez cependant ceci, c’est que le royaume de Dieu est proche. 12Je vous le dis, il y aura, en ce jour-là, moins de rigueur pour Sodome que pour cette ville.

13Malheur à toi, Corozaïn ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, l’avaient été dans Tyr et dans Sidon, elles auraient depuis longtemps fait pénitence, assises sous le cilice et la cendre.[97] 14C’est pourquoi, il y aura, au jugement, moins de rigueur pour Tyr et pour Sidon que pour vous. 15Et toi, Capharnaüm, qui t’élèves au ciel, tu seras abaissée jusqu’aux enfers.

16Celui qui vous écoute, m’écoute, et celui qui vous méprise, me méprise ; or celui qui me méprise, méprise Celui qui m’a envoyé. »

17Les soixante-douze revinrent avec joie, disant : « Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en votre nom. » 18Il leur répondit : « Je contemplais Satan tombant du ciel comme la foudre.[98] 19Voilà que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds les serpents et les scorpions, et toute la puissance de l’ennemi, et elle ne pourra vous nuire en rien. 20Seulement ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. »

21Au même moment[99], il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit-Saint, et il dit : « Je vous bénis, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux petits enfants. Oui, je vous bénis, ô Père, de ce qu’il vous a plu ainsi. 22Toutes choses m’ont été données[100] par mon Père ; et personne ne sait ce qu’est le Fils, si ce n’est le Père, et ce qu’est le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler. » 23Et se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! 24Car, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. »

3. Jésus en Judée : Le bon Samaritain (x, 25-37). Marthe et Marie (38-42).

25Et voici qu’un docteur de la Loi, s’étant levé, lui dit pour l’éprouver : « Maître, que ferai-je pour posséder la vie éternelle ? »[101] 26Jésus lui dit : « Qu’y a-t-il d’écrit dans la Loi ? Qu’y lis-tu ? » 27Il répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout cœur, de toute ton âme, de toute tes forces et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même. » 28Jésus lui dit : « Tu as bien répondu, fais cela et tu vivras. »

29Mais cet homme, voulant se justifier[102], dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » 30Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho ; il tomba entre les mains des brigands, qui le dépouillèrent, et l’ayant chargé de coups, se retirèrent, le laissant à demi-mort. 31Or, il arriva qu’un prêtre descendait par le même chemin ; il vit cet homme et passa outre. 32De même un lévite, étant venu dans ce lieu, s’approcha, le vit et passa outre. 33Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, et, le voyant, fut touché de compassion. 34Il s’approcha, banda ses plaies, après y avoir versé de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre monture, le mena dans une hôtellerie, et prit soin de lui. 35Le lendemain, tirant deux deniers, il les donna à l’hôte et lui dit : Aie soin de cet homme, et tout ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. 36Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de l’homme qui tomba entre les mains des brigands ? » 37Le docteur répondit : « Celui qui a pratiqué la miséricorde envers lui. » Et Jésus lui dit : « Toi aussi, va et fais de même. »

38Pendant qu’ils étaient en chemin, Jésus entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison.[103] 39Elle avait une sœur, nommée Marie, qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole, 40tandis que Marthe s’empressait aux divers soins du service. S’étant donc arrêtée : « Seigneur, dit-elle, ne vous mettez-vous pas en peine que ma sœur m’ait laissée servir seule ? Dites-lui donc de m’aider. » 41Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, vous vous inquiétez et vous agitez pour beaucoup de choses. 42Une seule est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. »

B. — À Jérusalem et au retour.

[XI — XIII, 21.]

4. Chap. xi, 1-13. La prière : Oraison dominicale ; assiduité et confiance.

Un jour que Jésus était en prière en un certain lieu, lorsqu’il eut achevé, un de ses disciples lui dit : « Seigneur, apprenez-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples. »[104] 2Il leur dit : « Lorsque vous priez, dites : Père, que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive.[105] 3Donnez-nous aujourd’hui le pain nécessaire à notre subsistance, 4et remettez-nous nos offenses, car nous remettons nous-mêmes à tous ceux qui nous doivent ; et ne nous induisez pas en tentation. »

5Il leur dit encore : « Si quelqu’un de vous, ayant un ami, va le trouver au milieu de la nuit, disant : Mon ami, prête-moi trois pains, 6car un de mes ami qui voyage est arrivé chez moi, et je n’ai rien à lui offrir ; 7et que de l’intérieur de la maison, l’autre réponde : Ne m’importune point ; la porte est déjà fermée, mes enfants et moi nous sommes au lit ; je ne puis me lever pour te rien donner : 8je vous le dis[106], quand même il ne se lèverait pas pour lui donner, parce qu’il est son ami, il se lèvera à cause de son importunité, et lui donnera autant de pains qu’il en a besoin. 9Et moi je vous dis : Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. 10Car quiconque demande, reçoit ; et qui cherche, trouve, et l’on ouvrira à celui qui frappe. 11Quel est parmi vous le père qui, si son fils lui demande du pain, lui donne une pierre ? ou, si c’est un poisson, lui donnera-t-il, au lieu de poisson, un serpent ? 12ou, s’il lui demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ?[107] 13Si donc vous, tout méchants que vous êtes, vous savez donner à vos enfants de bonnes choses, combien plus votre Père céleste donnera-t-il l’Esprit-Saint[108] à ceux qui le lui demandent ? »

5. Jésus et les Pharisiens : Le démon muet ; Béelzébub ; le démon qui revient (xi, 14-26) Louanges de Marie (27-28). Le signe de Jonas ; la lampe (29-36). Reproches aux Pharisiens (37-54). Le levain des Pharisiens ; ne pas craindre les hommes ; péché contre l’Esprit-Saint (xii, 1-12).

14Jésus chassait un démon, et ce démon était muet. Lorsque le démon fut sorti, le muet parla, et le peuple était dans l’admiration.[109] 15Mais quelques-uns d’entre eux dirent : « C’est par Béelzébub, prince des démons, qu’il chasse les démons. » 16D’autres, pour l’éprouver, lui demandèrent un signe dans le ciel. 17Connaissant leurs pensées, Jésus leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même, se détruit, les maisons tombent l’une sur l’autre. 18Si donc Satan est divisé contre lui-même, comment son royaume subsistera-t-il ? Car vous dites que c’est par Béelzébub que je chasse les démons. 19Et si, moi, je chasse les démons par Béelzébub, vos fils, par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. 20Mais si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu à vous. 21Lorsqu’un homme fort et bien armé garde l’entrée de sa maison, ce qu’il possède est en sûreté. 22Mais qu’il en survienne un plus fort qui le vainque, il lui enlève toutes les armes dans lesquelles il se confiait, et il partage ses dépouilles. 23Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi, dissipe.

24Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos. N’en trouvant point, il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti. 25Et quand il arrive, il la trouve nettoyée et ornée. 26Alors il s’en va, prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui ; puis ils entrent et s’y établissent : et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. »

27Comme il parlait ainsi, une femme élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : « Heureux le sein qui vous a porté, et les mamelles que vous avez sucées ! » 28Jésus répondit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ! »

29Le peuple s’amassant en foules, il se mit à dire : « Cette génération est une génération méchante ; elle demande un signe, et il ne lui en sera point donné d’autre que celui du prophète Jonas.[110] 30Car, de même que Jonas fut un signe pour les Ninivites, ainsi le Fils de l’homme sera un signe pour cette génération. 31La reine du Midi se lèvera, au jour du jugement, avec les hommes de cette génération, et les condamnera, parce qu’elle est venue des extrémités de la terre entendre la sagesse de Salomon : et il y a ici plus que Salomon. 32Les hommes de Ninive se lèveront, au jour du jugement, avec cette génération et la condamneront, parce qu’ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas ; et il y a ici plus que Jonas.

33Personne n’allume une lampe pour la mettre dans un lieu caché ou sous le boisseau : on la met sur le chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière. 34La lampe de ton corps, c’est ton œil. Si ton œil est sain, tout ton corps sera dans la lumière ; s’il est mauvais, ton corps aussi sera dans les ténèbres.[111] 35Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit ténèbres. 36Si donc tout ton corps est dans la lumière, sans mélange de ténèbres, il sera éclairé tout entier, comme lorsque brille sur toi la clarté d’une lampe. »

37Pendant qu’il parlait, un Pharisien le pria de dîner chez lui ; Jésus entra et se mit à table. 38Or le Pharisien vit avec étonnement[112] qu’il n’avait point fait l’ablution avant le dîner. 39Le Seigneur lui dit : « Vous, Pharisiens, vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais au dedans de vous tout est plein de rapine et d’iniquité. 40Insensés ! celui qui a fait le dehors n’a-t-il pas fait aussi le dedans ? 41Toutefois, donnez l’aumône selon vos moyens, et tout sera pur pour vous.[113] 42Mais malheur à vous, Pharisiens, qui payez la dîme de la menthe, de la rue et de toute plante potagère et qui n’avez nul soucis de la justice et de l’amour de Dieu ! C’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans omettre le reste.[114] 43Malheur à vous, Pharisiens, qui aimez les premiers sièges dans les synagogues, et les salutations dans les places publiques ! 44Malheur à vous, parce que vous ressemblez à des sépulcres qu’on ne voit pas et sur lesquels on marche sans le savoir ! »

45Alors un docteurs de la Loi, prenant la parole, lui dit : « Maître, en parlant de la sorte, vous nous outragez aussi. » 46Jésus répondit : « Et à vous aussi, docteurs de la Loi, malheur ! parce que vous chargez les hommes de fardeaux difficiles à porter, et vous-mêmes, vous n’y touchez pas d’un seul de vos doigts ![115] 47Malheur à vous, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, et ce sont vos pères qui les ont tués ! 48Vous servez donc de témoins et vous applaudissez aux œuvres de vos pères ; car eux les ont tués, et vous, vous leur bâtissez des tombeaux.[116] 49C’est pourquoi la Sagesse de Dieu[117] a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; ils tueront plusieurs d’entre eux et en persécuteront d’autres : 50afin qu’il soit redemandé compte à cette génération du sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la création du monde,[118] 51depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie, tué entre l’autel et le sanctuaire. Oui, je vous le dis, il en sera redemandé compte à cette génération. 52Malheur à vous, docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clef de la science ; vous-mêmes n’êtes point entrés, et vous avez empêché ceux qui entraient ! »

53Comme Jésus leur disait ces choses, les Pharisiens et les Scribes se mirent à le presser vivement et à l’accabler de questions, 54lui tendant des pièges, et cherchant à surprendre quelque parole de sa bouche pour l’accuser.

Sur ces entrefaites, les gens s’étant rassemblés par milliers, au point de se fouler les uns les autres, Jésus se mit à dire à ses disciples :

« Gardez-vous avant tout du levain des Pharisiens, qui est l’hypocrisie. 2Il n’y a rien de caché qui ne doive être révélé, rien de secret qui ne doive être connu.[119] 3C’est pourquoi, tout ce que vous aurez dit dans les ténèbres, on l’entendra au grand jour ; et ce que vous aurez dit à l’oreille dans l’intérieur de la maison, sera publié sur les toits.

4Mais je vous dis, à vous qui êtes mes amis : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et qui après cela ne peuvent rien faire de plus. 5Je vais vous apprendre qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, je vous le dis, craignez celui-là. 6Cinq passereaux ne se vendent-ils pas deux as[120] ? Et pas un d’eux n’est en oubli devant Dieu. 7Mais les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point : vous êtes de plus de prix que beaucoup de passereaux.

8Je vous le dis encore, quiconque m’aura confessé devant les hommes, le Fils de l’homme aussi le confessera devant les anges de Dieu ; 9mais celui qui m’aura renié devant les hommes, sera renié devant les anges de Dieu.

10Et quiconque parlera contre le Fils de l’homme, obtiendra le pardon ; mais pour celui qui aura blasphémé contre l’Esprit-Saint, il n’y aura point de pardon.[121]

11Quand on vous conduira devant les synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous mettez point en peine de la manière dont vous vous défendrez, ni de ce que vous direz ;[122] 12car le Saint-Esprit vous enseignera à l’heure même ce qu’il faudra dire. »

6. Détachement et vigilance : Le riche mort subitement (xii, 13-21). Confiance en Dieu ; trésor au ciel (22-35). Le serviteur vigilant et le mauvais serviteur (36-48). Le feu et la guerre apportés par Jésus ; les signes des temps ; se réconcilier (49-59).

13Alors du milieu de la foule quelqu’un dit à Jésus : « Maître, dites à mon frère de partager avec moi notre héritage. » 14Jésus lui répondit : « Homme, qui m’a établi pour être votre juge, ou pour faire vos partages ? » 15Et il dit au peuple : « Gardez-vous avec soin de toute avarice ; car, dans l’abondance même, la vie d’un homme ne dépend pas des biens qu’il possède. »

16Puis il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche dont le domaine avait beaucoup rapporté. 17Et il s’entretenait en lui-même de ces pensées : Que ferai-je ? car je n’ai pas de place pour serrer ma récolte. 18Voici, dit-il, ce que je ferai. J’abattrai mes greniers, et j’en construirai de plus grands, et j’y amasserai la totalité de mes récoltes et de mes biens. 19Et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as de grands biens en réserve pour beaucoup d’années ; repose-toi, mange, bois, fais bonne chère. 20Mais Dieu lui dit : Insensé ! cette nuit même on te redemandera ton âme ; et ce que tu as mis en réserve, pour qui sera-t-il ? 21Il en est ainsi de l’homme qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n’est pas riche devant Dieu. »

22Jésus dit ensuite à ses disciples : « C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie, de ce que vous mangerez ; ni pour votre corps, de quoi vous le vêtirez.[123] 23La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. 24Considérez les corbeaux : ils ne sèment ni ne moissonnent ; ils n’ont ni cellier ni grenier, et Dieu les nourrit. Combien ne valez-vous pas plus que ces oiseaux ? 25Qui de vous pourrait, à force de soucis, ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? 26Si donc les moindres choses sont au-dessus de votre pouvoir, pourquoi vous inquiétez-vous des autres ? 27Considérez les lis, comment ils croissent, ils ne travaillent ni ne filent, et, je vous le dis, Salomon dans toute sa gloire n’était pas vêtu comme l’un d’eux. 28Si Dieu revêt de la sorte l’herbe, qui est aujourd’hui dans les champs et qui demain sera jetée au four, combien plus le fera-t-il pour vous, hommes de peu de foi ! 29Vous non plus, ne cherchez pas ce que vous mangerez ou ce que vous boirez, et ne soyez pas en suspens dans l’inquiétude. 30Car ce sont les gens de ce monde qui se préoccupent de toutes ces choses ; mais votre Père sait que vous en avez besoin. 31Au reste, cherchez le royaume de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît.

32Ne craignez point, petit troupeau, car il a plus à votre Père de vous donner le royaume.[124] 33Vendez ce que vous avez, et donnez l’aumône. Faites-vous des bourses que le temps n’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, où les voleurs n’ont point d’accès, et où les mites ne rongent point. 34Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.

35Ayez la ceinture[125] aux reins et vos lampes allumées ! 36Soyez semblables à des hommes qui attendent le moment où leur maître reviendra des noces, afin que, dès qu’il arrivera et frappera à la porte, ils lui ouvrent aussitôt. 37Heureux ces serviteurs que le maître, à son retour, trouvera veillant ! Je vous le dis en vérité, il se ceindra, il les fera mettre à table, et s’approchera pour les servir. 38Qu’il arrive à la deuxième veille, qu’il arrive à la troisième, s’il les trouve ainsi, heureux ces serviteurs ! 39Mais sachez bien que si le père de famille savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait point percer sa maison. 40Vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas. »[126]

41Alors Pierre lui dit : « Est-ce à nous que vous adressez cette parabole, ou bien est-ce aussi à tous ? » 42Le Seigneur répondit : « Quel est l’économe fidèle et sage que le maître établira sur ses serviteurs, pour distribuer, au temps convenable, la mesure de froment ? 43Heureux ce serviteur, que le maître, à son arrivée, trouvera agissant ainsi ! 44Je vous le dis, en vérité, il l’établira sur tous ses biens. 45Mais si ce serviteur dit en lui-même : Mon maître tarde à venir ; et qu’il se mette à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, 46le maître de ce serviteur viendra au jour où il ne s’attend pas et à l’heure qu’il ne sait pas, et il le fera déchirer de coups, et lui assignera sa part avec les infidèles.

47Ce serviteur-là qui aura connu la volonté de son maître, et qui n’aura rien tenu prêt, ni agi selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups. 48Mais celui qui ne l’aura pas connue, et qui aura fait des choses dignes de châtiment, recevra peu de coups. On exigera beaucoup de celui à qui l’on a beaucoup donné ; et plus on aura confié à quelqu’un, plus on lui demandera.

49Je suis venu jeter le feu sur la terre, et que désiré-je, si déjà il est allumé ?[127] 50Je dois encore être baptisé d’un baptême, et quelle angoisse en moi jusqu’à ce qu’il soit accompli !

51Pensez-vous que je sois venu établir la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, 52Car désormais, s’il y a cinq personnes dans une maison, elles seront divisés, trois contre deux, et deux contre trois ; 53le père sera divisé contre son fils, et le fils contre son père ; la mère contre sa fille et la fille contre sa mère ; la belle-mère contre sa belle-fille, et la belle-fille contre sa belle-mère. »

54Il disait encore au peuple : « Lorsque vous voyez la nuée se lever au couchant, vous dites aussitôt : La pluie vient ; et cela arrive ainsi. 55Et quand vous voyez souffler le vent du midi, vous dites : Il fera chaud, et cela arrive. 56Hypocrites, vous savez reconnaître les aspects du ciel et de la terre ; comment donc ne reconnaissez-vous pas le temps où nous sommes ?

57Et comment ne discernez-vous pas de vous-mêmes ce qui est juste ? 58En effet, lorsque tu te rends avec ton adversaire devant le magistrat, tâche en chemin de te dégager de sa poursuite, de peur qu’il ne te traîne devant le juge, et que le juge ne te livre à l’officier de justice, et que celui-ci ne te jette en prison.[128] 59Je te le dis, tu ne sortiras point de là que tu n’aies payé jusqu’à la dernière obole. »

7. Conversion nécessaire : Galiléens massacrés, la tour de Siloé (xiii, 1-5). Le figuier stérile (6-9). La femme courbée (10-17). Le grain de sénevé et le levain (18-21).

En ce même temps, quelques-uns vinrent raconter à Jésus ce qui était arrivé aux Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices. 2Il leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir souffert de la sorte ? 3Non, je vous le dis ; mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous comme eux. 4Ou bien ces dix-huit sur qui tomba la tour de Siloé, et qu’elle tua, pensez-vous que leur dette fût plus grande que celle de tous les autres habitants de Jérusalem ? 5Non, je vous le dis ; mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous de même. »

6Il dit aussi cette parabole : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne ; il vint pour y chercher des fruits, et n’en trouvant point, 7il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’en trouve point ; coupe-le donc : pourquoi rend-il la terre improductive ?[129] 8Le vigneron lui répondit : Seigneur, laissez-le encore cette année, jusqu’à ce que j’aie creusé et mis du fumier tout autour. 9Peut-être portera-t-il du fruit ensuite ; sinon, vous le couperez. »[130]

10Jésus enseignait dans une synagogue un jour de sabbat. 11Or, il y avait là une femme possédée depuis dix-huit ans d’un esprit qui la rendait infirme : elle était courbée, et ne pouvait absolument pas se redresser. 12L’ayant vue, Jésus l’appela et lui dit : « Femme, tu es délivrée de ton infirmité. » 13Et il lui imposa les mains ; aussitôt elle se redressa, et elle glorifiait Dieu. 14Mais le chef de synagogue, indigné de ce que Jésus avait fait cette guérison un jour de sabbat, prit la parole et dit au peuple : « Il y a six jours pour travailler, venez donc vous faire guérir ces jours-là et non pas le jour du sabbat. — 15Hypocrite, lui répondit le Seigneur, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache pas de la crèche son bœuf ou son âne, pour le mener boire ? 16Et cette fille d’Abraham, que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, il ne fallait pas la délivrer de cette chaîne le jour du sabbat ! » 17Pendant qu’il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient couverts de confusion, et tout le peuple était ravi de toutes les choses merveilleuses qu’il accomplissait.

18Il disait encore : « À quoi le royaume de Dieu est-il semblable, et à quoi le comparerai-je ?[131] 19Il est semblable à un grain de sénevé qu’un homme prit et jeta dans son jardin ; il poussa et il devint un arbre, et les oiseaux du ciel firent leur demeure dans ses rameaux. »[132]

20Il dit encore : « À quoi comparerai-je le royaume de Dieu ? 21Il est semblable au levain qu’une femme prend et mêle dans trois mesures de farine, de façon à faire lever toute la pâte. »[133]

C — Second voyage pour aller à Jérusalem.

[XIII, 22 — XVII, 10.]

1. Conditions du salut, réprobation des Juifs : Salut difficile ; les premiers derniers (xiii, 22-30). Embûches d’Hérode ; reproches à Jérusalem (31-35). L’hydropique ; les places à table ; l’aumône (xiv, 1-14). Les invités au festin (15-24). Renoncement et courage ; le sel (25-35).

22Il allait donc par les villes et les villages, enseignant et s’avançant vers Jérusalem. 23Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y aura-t-il qu’un petit nombre de sauvés ? » Il leur dit : 24« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ; car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer, et ne le pourront pas. 25Une fois que le père de famille se sera levé et aura fermé la porte, si vous êtes dehors et que vous vous mettiez à frapper, en disant : Seigneur, ouvrez-nous ! Il vous répondra : Je ne sais d’où vous êtes.[134] 26Alors vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu devant vous, et vous avez enseigné dans nos places publiques. 27Et il vous répondra : Je vous le dis, je ne sais d’où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquités. 28C’est alors qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents, lorsque vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, tandis que vous serez jetés dehors. 29Il en viendra de l’Orient et de l’Occident, de l’Aquilon et du Midi ; et ils prendront place au banquet dans le royaume de Dieu. 30Et tels sont les derniers, qui seront les premiers ; et tels sont les premiers, qui seront les derniers. »

31Le même jour, quelques Pharisiens vinrent lui dire : « Retirez-vous et partez d’ici ; car Hérode veut vous faire mourir. » 32Il leur répondit : « Allez et dites à ce renard : Je chasse les démons et guéris les malades aujourd’hui et demain[135], et le troisième jour j’aurai fini. 33Seulement il faut que je poursuive ma route aujourd’hui, et demain, et le jour suivant ; car il ne convient pas qu’un prophète meure hors de Jérusalem. 34Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et lapide ceux qui sont envoyés vers elle ! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! 35Voici que votre maison va vous être laissée. Je vous le dis, vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vienne le jour où vous direz : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

Un jour de sabbat, Jésus étant entré dans la maison d’un des principaux Pharisiens pour y prendre son repas, ceux-ci l’observaient. 2Et voici qu’un homme hydropique se trouvait devant lui. 3Jésus, prenant la parole, dit aux Docteurs de la Loi et aux Pharisiens : « Est-il permis de faire une guérison le jour du sabbat ? » 4Et ils gardèrent le silence. Lui, prenant cet homme par la main, le guérit et le renvoya. 5Puis, s’adressant à eux, il dit : « Qui de vous, si son âne ou son bœuf tombe dans un puits, ne l’en retire aussitôt le jour du sabbat ? » 6Et à cela ils ne surent que lui répondre.

7Ensuite, ayant remarqué l’empressement des conviés à choisir les premières places, Jésus leur dit cette parabole : 8« Quand tu seras invité par quelqu’un à des noces, ne prends pas la première place, de peur qu’il n’y ait un homme plus considéré que toi, 9et que celui qui vous aura invités l’un et l’autre ne vienne te dire : Cède-lui la place ; et qu’alors tu ne commences avec confusion à occuper la dernière place. 10Mais lorsque tu seras invité, va te mettre à la dernière place ; de cette façon, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : Mon ami, monte plus haut. Alors ce sera pour toi un honneur devant les autres convives. 11Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. »

12Il dit aussi à celui qui l’avait invité : « Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite ni tes amis[136], ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour, et ne te rendent ce qu’ils auront reçu de toi. 13Mais, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux et des aveugles ; 14et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent te rendre la pareille, car cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

15Un de ceux qui étaient à table avec lui, ayant entendu ces paroles, dit à Jésus : « Heureux celui qui aura part au banquet dans le royaume de Dieu ! » 16Jésus lui dit : « Un homme donna un grand repas et y convia beaucoup de gens. 17À l’heure du repas, il envoya son serviteur dire aux invités : Venez, car tout est déjà prêt. 18Et tous, unanimement, se mirent à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté une terre, et il faut que j’aille la voir ; je te prie de m’excuser. 19Le second dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; je te prie de m’excuser. 20Un autre dit : Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne puis aller. 21Le serviteur étant revenu, rapporta ces choses à son maître. Alors le père de famille irrité dit à son serviteur : Va vite dans les places et les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. 22Le serviteur dit : Seigneur, il a été fait comme vous l’avez commandé, et il y a encore de la place. 23Le maître dit au serviteur : Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, presse-les d’entrer, afin que ma maison soit remplie. 24Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon festin. »

25Comme une grande foule cheminait avec lui, il se retourna et leur dit : 26« Si quelqu’un vient à moi et ne hait[137] pas son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. 27Et quiconque ne porte pas sa croix et ne me suis pas, ne peut être mon disciple.[138]

28Qui de vous, en effet, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied pas auparavant pour calculer la dépense, et s’il a de quoi l’achever ? 29de peur qu’après avoir posé les fondements de l’édifice, il ne puisse le conduire à sa fin, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler, 30disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever. 31Ou quel roi, s’il va faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord pour délibérer s’il peut, avec dix mille hommes, faire face à un ennemi qui vient l’attaquer avec vingt mille ? 32S’il ne le peut, tandis que celui-ci est encore loin, il lui envoie une ambassade pour négocier la paix. 33Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède, ne peut être mon disciple.

34Le sel est bon ; mais si le sel s’affadit, avec quoi lui donnera-t-on de la saveur ? 35Inutile et pour la terre et pour le fumier, on le jette dehors. Que celui qui a des oreilles entende bien ! »[139]

2. Paraboles de la divine miséricorde : La brebis égarée et la drachme perdue (xv, 1-10). L’enfant prodigue (11-32).

Tous les publicains et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’entendre. 2Et les Pharisiens et les scribes murmuraient, disant : « Cet homme accueille des pécheurs et mange avec eux. » 3Sur quoi il leur dit cette parabole :[140]

4« Qui d’entre vous, ayant cent brebis, s’il en perd une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert, pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ? 5Et quand il l’a retrouvée, il la met avec joie sur ses épaules ; 6et, de retour à la maison, il assemble ses amis et ses voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, parce que j’ai trouvé ma brebis qui était perdue. 7Ainsi, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentir.

8Ou bien quelle est la femme qui, ayant dix drachmes, si elle en perd une, n’allume une lampe, ne balaie sa maison, et ne cherche avec soin jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvée ? 9Et quand elle l’a retrouvée, elle assemble ses amies et ses voisines et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, parce que j’ai retrouvé la drachme que j’avais perdue. 10Ainsi, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. »

11Il dit encore : « Un homme avait deux fils. 12Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part du bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. 13Peu de jours après, le plus jeune fils ayant rassemblé tout ce qu’il avait, partit pour un pays lointain, et il y dissipa son bien en vivant dans la débauche. 14Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à sentir le besoin. 15S’en allant donc, il se mit au service d’un habitant du pays, qui l’envoya à sa maison des champs pour garder les pourceaux. 16Il eût bien voulu se rassasier des gousses[141] que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. 17Alors, rentrant en lui-même, il dit : Combien de mercenaires de mon père ont du pain en abondance, et moi, je meurs ici de faim ! 18Je me lèverai et j’irai à mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et envers toi ; 19je ne mérite plus d’être appelé ton fils : traite-moi comme l’un de tes mercenaires.

20Et il se leva et il alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit, et, tout ému, il accourut, se jeta à son cou, et le couvrit de baisers. 21Son fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et envers toi ; je ne mérite plus d’être appelé ton fils. 22Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez la plus belle robe et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt et des souliers aux pieds. 23Amenez aussi le veau gras et tuez-le ; faisons un festin de réjouissance : 24car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils se mirent à faire fête.

25Or, le fils aîné[142] était dans les champs ; comme il revenait et approchait de la maison, il entendit de la musique et des danses. 26Appelant un des serviteurs, il lui demanda ce que c’était. 27Le serviteur lui dit : Votre frère est arrivé, et votre père a tué le veau gras, parce qu’il l’a recouvré sain et sauf. 28Mais il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Le père sortit donc, et se mit à le prier. 29Il répondit à son père : Voilà tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné, à moi, un chevreau pour festoyer avec mes amis. 30Et quand cet autre fils, qui a dévoré ton bien[143] avec des courtisanes, arrive, tu tues pour lui le veau gras ! 31Le père lui dit : Toi, mon fils, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi. 32Mais il fallait bien faire un festin et se réjouir, parce que ton frère que voilà était mort, et qu’il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. »

3. Contre l’avarice : L’économe infidèle ; Dieu et l’argent (xvi, 1-13). Reproches aux Pharisiens ; mariage indissoluble (14-18). Le mauvais riche et Lazare (19-31). Le scandale ; la correction fraternelle ; la foi ; serviteurs inutiles (xvii, 1-10).

Jésus disait aussi à ses disciples : « Un homme riche avait un économe qu’on accusa devant lui de dissiper ses biens. 2Il l’appela et lui dit : Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton administration : car désormais tu ne pourras plus gérer mes biens. 3Alors l’économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître me retire la gestion de ses biens ? Travailler la terre, je n’en ai pas la force, et j’ai honte de mendier. 4Je sais ce que je ferai, afin que, lorsqu’on m’aura ôté mon emploi, il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons. 5Faisant donc venir l’un après l’autre les débiteurs de son maître, il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ? 6Il répondit : Cent barils[144] d’huile. L’économe lui dit : Prends ton billet : assieds-toi vite, et écris cinquante. 7Ensuite il dit à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Il répondit : Cent mesures[145] de froment. L’économe lui dit : Prends ton billet, et écris quatre-vingts. 8Et le maître[146] loua l’économe infidèle d’avoir agi habilement ; car les enfants de ce siècle sont plus habiles entre eux que les enfants de la lumière. 9Moi aussi je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses d’iniquité, afin que, lorsque vous quitterez la vie, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels.

10Celui qui est fidèle dans les petites choses, est fidèle aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les petites choses, est injuste aussi dans les grandes. 11Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses d’iniquité, qui vous confiera les biens véritables ? 12Et si vous n’avez pas été fidèles dans un bien étranger, qui vous donnera votre bien propre ? 13Nul serviteur ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et la Richesse. »

14Les Pharisiens qui aimaient l’argent, écoutaient aussi tout cela, et se moquaient de lui.[147] 15Jésus leur dit : « Vous êtes ceux qui se font passer pour justes devant les hommes ; mais Dieu connaît vos cœurs ; et ce qui est élevé aux yeux des hommes est une abomination devant Dieu.[148] 16La Loi et les prophètes vont jusqu’à Jean ; depuis Jean, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun fait effort pour y entrer.[149]

17Plus facilement le ciel et la terre passeront, qu’un seul trait de la Loi périsse. 18Quiconque renvoie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère ; et quiconque épouse la femme renvoyée par son mari, commet un adultère.

19Il y avait un homme riche qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui faisait chaque jour splendide chère. 20Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d’ulcères, 21et souhaitant[150] de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; mais les chiens mêmes venaient lécher ses ulcères. 22Or, il arriva que le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on lui donna la sépulture. 23Dans l’enfer[151], il leva les yeux, et tandis qu’il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein, 24et il s’écria : Abraham, notre père, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu’il trempe dans l’eau le bout de son doigt et me rafraîchisse la langue ; car je souffre cruellement de ces flammes. 25Abraham répondit : Mon fils, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que pareillement Lazare a eu ses maux : maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres. 26De plus, entre nous et vous il y a pour toujours un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous ne le puissent, et qu’il soit impossible de passer de là-bas jusqu’à nous. 27Et le riche dit : Je te prie donc, père, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père, 28— car j’ai cinq frères, — pour leur attester ces choses de peur qu’ils ne viennent, eux aussi, dans ce lieu de tourments. 29Abraham répondit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent. — 30Non, Abraham, notre père, reprit-il ; mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront. 31Mais Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, quelqu’un des morts ressusciterait, qu’ils ne le croiraient point. »

Jésus dit encore à ses disciples : « Il est impossible qu’il n’arrive pas des scandales ; mais malheur à celui par qui ils arrivent ! 2Il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mit au cou une meule de moulin, et qu’on le jetât dans la mer, que de scandaliser un seul de ces petits. 3Prenez garde à vous-mêmes.[152]

Si ton frère a péché contre toi reprends-le, et s’il se repent, pardonne-lui. 4Et quand il pécherait contre toi sept fois le jour, s’il revient sept fois [le jour] te dire : Je me repens, tu lui pardonneras. » 5Les apôtres dirent au Seigneur : « Augmentez notre foi. » 6Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce mûrier : Déracine-toi, et te transplante dans la mer ; et il vous obéirait.

7Qui de vous, ayant un serviteur au labourage ou à la garde des troupeaux, lui dira, à son retour des champs : Viens vite, et mets-toi à table ? 8Ne lui dira-t-il pas, au contraire : Prépare-moi à souper, ceins-toi, et me sers, jusqu’à ce que j’aie mangé et bu ; après cela, toi, tu mangeras et boiras ? 9A-t-il de la reconnaissance à ce serviteur, parce qu’il a fait ce qui lui était ordonné ? 10Je ne le pense pas. De même vous, quand vous aurez fait ce qui vous était commandé, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles ; nous avons fait ce que nous devions faire. »

D. — Troisième et dernier voyage à Jérusalem.

[XVII, 11 — XIX, 28.]

1. En Samarie et en Galilée : Les dix lépreux (xvii, 12-19). Le second avènement du Fils de l’homme (20-37). Persévérance dans la prière (xviii, 1-8). Le Pharisien et le publicain (9-14).

11En se rendant à Jérusalem, Jésus côtoyait la frontière de la Samarie et de la Galilée. 12Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre, et se tenant à distance, 13ils élevèrent la voix en disant : « Jésus, Maître, ayez pitié de nous. » 14Dès qu’il les eut aperçus : « Allez, leur dit-il, montrez-vous aux prêtres. « Et en y allant, ils furent guéris. 15L’un d’eux, lorsqu’il se vit guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix, 16et tombant le visage contre terre aux pieds de Jésus, il lui rendit grâces. Or c’était un Samaritain. 17Prenant alors la parole, Jésus dit : « Est-ce que les dix n’ont pas été guéris ? Et les neuf, où sont-ils ? 18Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir et rendre gloire à Dieu ? 19Et il lui dit : Lève-toi, va ; ta foi t’a sauvé. »

20Les Pharisiens lui ayant demandé quand viendrait le royaume de Dieu, il leur répondit : « Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards.[153] 21On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là ; car voyez, le royaume de Dieu est au milieu de vous. »[154]

22Il dit encore à ses disciples : « Viendra un temps où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez point. 23On vous dira : Il est ici, et : Il est là ; gardez-vous d’y aller et de courir après. 24Car, comme la lueur de l’éclair brille d’un bout du ciel à l’autre, ainsi en sera-t-il du Fils de l’homme en son jour. 25Mais il faut auparavant qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par cette génération. 26Et comme il arriva aux jours de Noé, ainsi arrivera-t-il aux jours du Fils de l’homme. 27Les hommes mangeaient et buvaient, ils se mariaient et mariaient leur filles, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et le déluge vint qui les fit périr tous. 28Et comme il arriva aux jours de Loth : les hommes mangeaient et buvaient, ils achetaient et vendaient, ils plantaient et bâtissaient ; 29mais le jour où Loth sortit de Sodome, une pluie de feu et de soufre tomba du ciel, et les fit périr tous : 30ainsi en sera-t-il au jour où le Fils de l’homme paraîtra.

31En ce jour, que celui qui sera sur le toit, et dont les effets seront dans la maison, ne descende point pour les prendre ; et que celui qui sera aux champs ne revienne pas non plus en arrière.[155] 32Souvenez-vous de la femme de Loth. 33Quiconque cherchera à sauver sa vie, la perdra, et quiconque l’aura perdu, la régénérera.[156]

34Je vous le dis : en cette nuit-là, de deux personnes qui seront dans le même lit, l’une sera prise et l’autre laissée ; 35de deux femmes qui moudront ensemble, l’une sera prise et l’autre laissée ; [de deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé]. » 36Ils lui dirent : « Où sera-ce, Seigneur ? »[157] 37Il répondit : « Où sera le corps, là s’assembleront les aigles. »[158]

Il leur adressa encore une parabole, pour montrer qu’il faut prier toujours et sans se lasser. 2Il dit : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu, et ne se souciait pas des hommes. 3Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait à lui, disant : Fais-moi justice de mon adversaire. 4Et pendant longtemps il ne le voulut point ; mais ensuite il dit en lui-même : Encore que je ne craigne pas Dieu et ne me soucie pas des hommes, 5cependant, parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice, afin qu’elle ne vienne pas sans cesse me tourmenter[159]. — 6Entendez, ajouta le Seigneur, ce que dit ce juge inique. 7Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient à lui nuit et jour, et il tarderait à leur égard ? 8Je vous le dis, il leur fera bientôt justice. Seulement, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »

9Il dit encore cette parabole en vue de quelques gens persuadés de leur propre perfection, et pleins de mépris pour les autres : 10« Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était Pharisien, l’autre publicain. 11Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : Ô Dieu, je vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes et adultères, ni encore comme ce publicain. 12Je jeûne deux fois la semaine ; je paie la dîme de tous mes revenus. 13Le publicain, se tenant à distance, ne voulait pas même lever les yeux au ciel ; mais il frappait sa poitrine en disant : Ô Dieu, ayez pitié de moi qui suis un pécheur ! 14Je vous le dis, celui-ci descendit justifié dans sa maison, plutôt que celui-là[160] ; car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. »

2. En Pérée : Jésus et les enfants (xviii, 15-17). Le jeune homme appelé à la perfection ; récompense des conseils évangéliques (18-30). Nouvelle annonce de la Passion (31-34).

15Des personnes lui apportaient aussi leurs petits enfants pour qu’il les touchât ; ce que voyant, ses disciples les réprimandèrent.[161] 16Mais Jésus appela ces enfants et dit : « Laissez les petits enfants venir à moi, et ne les empêchez pas ; car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. 17En vérité, je vous le dis, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point. »

18Alors un chef lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? »[162] 19Jésus lui dit : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a de bon que Dieu seul. 20Tu connais les commandements : Ne commets point l’adultère ; ne tue point ; ne dérobe point ; ne porte point de faux témoignage ; honore ton père et ta mère. » 21Il répondit : « J’ai observé tout cela depuis ma jeunesse. » 22Ayant entendu cette réponse, Jésus lui dit : « Une chose te manque encore : vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, et suis-moi. » 23Mais lui, ayant entendu ces paroles, devint triste, parce qu’il était fort riche. 24Voyant qu’il était devenu triste, Jésus dit : « Qu’il est difficile à ceux qui possèdent la richesse d’entrer dans le royaume de Dieu ! 25Il est, en effet, plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » 26Ceux qui l’écoutaient dirent : « Qui peut donc être sauvé ? » 27Il répondit : « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. »

28Pierre dit alors : »Voyez, nous avons tout quitté et vous avons suivi. » 29Il leur dit : « Je vous le dis, en vérité, nul n’aura quitté sa maison, ou ses parents, ou ses frères, ou son épouse, ou ses enfants, à cause du royaume de Dieu, 30sans qu’il ne reçoive beaucoup plus en ce temps même, et dans le siècle à venir la vie éternelle. »[163]

31Ensuite Jésus prit à part les Douze, et leur dit : « Voici que nous montons à Jérusalem, et que va s’accomplir tout ce que les prophètes ont écrit du Fils de l’homme. 32Il sera livré aux Gentils, et moqué, et injurié, et couvert de crachats ; 33et après l’avoir flagellé, on le mettra à mort et il ressuscitera le troisième jour. » 34Mais ils ne comprirent rien à cela ; c’était pour eux un langage caché, dont ils ne saisissaient pas le sens.

3. À Jéricho : Aveugle guéri (xviii, 35-43). Zachée (xix, 1-10). La parabole des mines (11-27).

35Comme Jésus approchait de Jéricho, il arriva qu’un aveugle était assis sur le bord du chemin, demandant l’aumône.[164] 36Entendant passer beaucoup de gens, il demanda ce que c’était. 37On lui dit : « C’est Jésus de Nazareth qui passe. » 38Aussitôt il s’écria : « Jésus, fils de David, ayez pitié de moi ! » 39Ceux qui marchaient devant le réprimandaient pour le faire taire ; mais il criait beaucoup plus fort : « Fils de David, ayez pitié de moi ! » 40Alors Jésus s’arrêtant, commanda qu’on le lui amenât, et quand l’aveugle se fut approché, il lui demanda : 41« Que veux-tu que je te fasse ? » Il dit : « Que je voie. » 42Et Jésus lui dit : « Vois ! ta foi t’a sauvé. » 43À l’instant il vit, et il le suivait en glorifiant Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, donna louange à Dieu.

Jésus étant entré dans Jéricho, traversait la ville. 2Et voilà qu’un homme appelé Zachée, — c’était un chef de publicains et il était riche, — 3cherchait à voir qui était Jésus ; et il ne le pouvait à cause de la foule, car il était de petite taille. 4Courant donc en avant, il monta sur un sycomore pour le voir, parce qu’il devait passer par là. 5Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux, et l’ayant vu, il lui dit : « Zachée, descends vite, car il faut que je loge aujourd’hui dans ta maison. » 6Zachée se hâta de descendre et le reçut avec joie. 7Voyant cela, ils murmuraient tous en disant : « Il est allé loger chez un pécheur. » 8Mais Zachée, se présentant devant le Seigneur, lui dit : « Voici, Seigneur, que je donne aux pauvres la moitié de mes biens ; et si j’ai fait tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple. » 9Jésus lui dit : « Le salut est venu aujourd’hui pour cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d’Abraham. 10Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

11Comme ils écoutaient ce discours, il ajouta une parabole, parce qu’il était près de Jérusalem, et que le peuple pensait que le royaume de Dieu allait bientôt paraître. 12Il dit donc :

« Un homme de grande naissance s’en alla dans un pays lointain pour être investi de la royauté et revenir ensuite. 13Ayant appelé dix de ses serviteurs, il leur donna dix mines, et leur dit : Faites-les valoir, jusqu’à ce que je revienne. 14Mais ses concitoyens le haïssaient, et ils envoyèrent après lui des députés chargés de dire : Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous. 15Quand il fut de retour, après avoir été investi de la royauté, il se fit appeler les serviteurs auxquels il avait donné l’argent, pour savoir quel profit chacun en avait tiré. 16Le premier vint et dit : Seigneur, votre mine a gagné dix autres mines. 17Il lui dit : C’est bien, bon serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de chose, reçois le gouvernement de dix villes. 18Le second vint et dit : Seigneur, votre mine a produit cinq autres mines. 19Toi aussi, lui dit-il, gouverne cinq villes. 20Puis un autre vint et dit : Seigneur, voici votre mine que j’ai gardée en dépôt dans un linge. 21Car j’avais peur de vous, parce que vous êtes un homme rigide : vous retirez ce que vous n’avez pas déposé, et vous moissonnez ce que vous n’avez pas semé. 22Le roi lui répondit : Je te juge sur tes paroles, méchant serviteur. Tu savais que je suis un homme rigide, retirant ce que je n’ai pas déposé, et moissonnant ce que je n’ai pas semé ; 23pourquoi donc n’as-tu pas mis mon argent à la banque ? Et à mon retour, je l’aurais retiré avec les intérêts. 24Et il dit à ceux qui étaient là : Ôtez-lui la mine, et donnez-la à celui qui en a dix. 25— Seigneur, lui dirent-ils, il en a dix. — 26Je vous le dis, à quiconque possède, on donnera ; et à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a.[165] 27Quant à ces gens qui me haïssent et n’ont pas voulu m’avoir pour roi, amenez-les ici, et égorgez-les en ma présence. »[166]

28Après ce discours, Jésus se mit à marcher en avant, pour monter à Jérusalem.

IV. — SÉJOUR ET PRÉDICATION À JÉRUSALEM.

[XIX, 29 — XXI, 38.]

1. L’entrée triomphale ; larmes de Jésus ; le temple purifié (xix, 29-46).

29Lorsqu’il approcha de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne appelée des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,[167] 30en disant : « Allez au village qui est en face ; en y entrant, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s’est jamais assis ; détachez-le et l’amenez. 31Et si quelqu’un vous demande pourquoi vous le détachez, vous répondrez : Parce que le Seigneur en a besoin. » 32Ceux qui étaient envoyés partirent et trouvèrent les choses comme Jésus le leur avait dit.[168] 33Comme ils détachaient l’ânon, ses maîtres leur dirent : « Pourquoi détachez-vous cet ânon ? » 34Ils répondirent : « Parce que le Seigneur en a besoin. » 35Et ils l’amenèrent à Jésus ; puis, ayant jeté leurs manteaux sur l’ânon, ils y firent monter Jésus. 36À son passage les gens étendaient leurs manteaux sur la route. 37Lorsqu’il était déjà près de la descente du mont des Oliviers, toute la foule des disciples, transportés de joie, se mit à louer Dieu à haute voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus. 38« Béni soit, disaient-ils, le roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel, et gloire au plus haut des cieux ! » 39Alors quelques Pharisiens, au milieu de la foule, dirent à Jésus : « Maître, réprimandez vos disciples. » 40Il leur répondit : « Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront. »

41Et lorsque, s’étant approché, il aperçut Jérusalem, il pleura[169] sur elle, en disant : 42« Si tu connaissais, toi aussi, du moins en ce jour qui t’est donné, ce qui ferait ta paix ! Mais maintenant ces choses sont cachées à tes yeux. 43Viendront sur toi des jours où tes ennemis t’environneront de tranchées, t’investiront et te serreront de toutes parts ; 44ils te renverseront par terre, toi et tes enfants qui sont dans ton sein, et ils ne laisseront pas dans ton enceinte pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps où tu as été visitée. »

45Étant entré dans le temple, il se mit à chasser ceux qui y vendaient et y achetaient, 46leur disant : « Il est écrit : Ma maison est une maison de prière, et vous en avez fait une caverne de voleurs. »[170]

2. Controverses avec les Docteurs juifs ; le baptême de Jean (xx, 1-8). Les vignerons homicides et la pierre angulaire (9-19). Le tribut à César (20-26). La résurrection (27-40). Le Messie fils et seigneur de David (41-44). Se défier des Scribes (45-47). Offrande de la veuve (xxi, 1-4).

47Jésus passait les journées à enseigner dans le temple. Et les Princes des prêtres, les Scribes et les principaux du peuple cherchaient à le perdre ; 48mais ils ne savaient comment s’y prendre, car tout le peuple l’écoutait avec ravissement.

Un de ces jours-là, comme Jésus enseignait le peuple dans le temple, et qu’il annonçait la bonne nouvelle, les Princes des prêtres et les Scribes survinrent avec les Anciens,[171] 2et lui dirent : « Dites-nous par quelle autorité vous faites ces choses, ou qui vous a donné cette autorité ? » 3Jésus leur répondit : « Moi aussi je vous ferai une question. Répondez-moi. 4Le baptême de Jean était-il du ciel, ou des hommes ? » 5Mais ils faisaient entre eux[172] cette réflexion : « Si nous répondons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi n’avez-vous pas cru en lui ? 6Et si nous répondons : Des hommes, tout le peuple nous lapidera, car il est persuadé que Jean était un prophète. » 7Ils lui répondirent donc qu’ils ne savaient d’où il était. 8« Et Moi, leur dit Jésus, je ne vous dis pas non plus par quelle autorité je fais ces choses. »

9Alors il se mit à dire au peuple cette parabole : « Un homme planta une vigne, et la loua à des vignerons ; puis il s’en alla pour un temps assez long en pays étranger.[173] 10La saison étant venue, il envoya un serviteur aux vignerons, afin qu’ils lui donnassent du produit de la vigne. Mais eux, l’ayant battu, le renvoyèrent les mains vides. 11Il envoya encore un autre serviteur ; mais, l’ayant aussi battu et traité indignement, ils le renvoyèrent les mains vides. 12Il en envoya un troisième ; mais, lui aussi, les vignerons le blessèrent et le jetèrent dehors. 13Alors le maître de la vigne se dit : Que ferai-je ? J’enverrai mon fils bien-aimé ; peut-être qu’en le voyant ils auront pour lui du respect. 14Mais lorsque les vignerons le virent, ils se dirent entre eux : Celui-ci est l’héritier, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous. 15Et l’ayant jeté hors de la vigne, ils le tuèrent. Que leur fera donc le maître de la vigne ? 16Il viendra et exterminera ces vignerons, et donnera sa vigne à d’autres. « Ce qu’ayant entendu, ils dirent : « À Dieu ne plaise ! » 17Mais, fixant le regard sur eux, Jésus dit : « Qu’est-ce donc que cette parole de l’Écriture : La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la pierre angulaire ?[174] 18Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé ; et celui sur qui elle tombera, sera écrasé. »

19Les Princes des prêtres et les Scribes cherchèrent à se saisir de lui à l’heure même ; mais la crainte du peuple les retint, car ils comprenaient bien que c’était pour eux que Jésus avait dit cette parabole.

20Ils ne le perdirent donc pas de vue, et lui envoyèrent des gens apostés qui feignaient d’être justes, pour le surprendre dans ses paroles, afin de le livrer à l’autorité et au pouvoir du gouverneur. 21Ces gens l’interrogèrent en ces termes : « Maître, nous savons que vous parlez et enseignez avec droiture, et sans faire acception de personne, mais que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité.[175] 22Nous est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ? » 23Jésus, connaissant leur fourberie, leur dit : « Pourquoi me tentez-vous ? 24Montrez-moi un denier. De qui porte-t-il l’effigie et le nom ? « Ils lui répondirent : « De César. » 25Et il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » 26Ainsi ils ne purent le prendre en défaut sur aucune parole devant le peuple ; et admirant sa réponse, ils gardèrent le silence.

27Quelques-uns des Sadducéens, qui nient la résurrection, s’approchèrent alors et l’interrogèrent : 28« Maître, lui dirent-ils, Moïse nous a donné cette loi : Si un homme, ayant une femme, meurt sans laisser d’enfants, que son frère prenne sa femme, et suscite des enfants à son frère. 29Or, il y avait sept frères ; le premier prit une femme et mourut sans enfants. 30Le second prit sa femme, et mourut aussi sans enfants. 31Le troisième la prit ensuite, et de même tous les sept, et ils moururent sans laisser d’enfants. 32Après eux tous, la femme mourut aussi. 33Duquel donc, au temps de la résurrection, sera-t-elle la femme, car elle l’a été de tous les sept ? » 34Jésus leur dit : « Les enfants de ce siècle[176] se marient et sont donnés en mariage ; 35mais ceux qui ont été trouvés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts, ne prennent point de femme et n’ont point de mari ; 36aussi bien ne peuvent-ils plus mourir, puisqu’ils sont comme les anges, et qu’ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection.

37Mais que les morts ressuscitent, c’est ce que Moïse lui-même a fait connaître dans le passage du Buisson, lorsqu’il nomme le Seigneur : Le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob.[177] 38Or il n’est pas Dieu des morts, mais des vivants ; car tous sont vivants devant lui. »[178] 39Quelques-uns des Scribes, prenant la parole, lui dirent : « Maître, vous avez bien parlé. » 40Et ils n’osaient plus lui poser aucune question.

41Jésus leur dit : « Comment dit-on que le Christ est fils de David ?[179] 42David lui-même dit dans le livre des Psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, 43jusqu’à ce que je fasse de vos ennemis l’escabeau de vos pieds. — 44David l’appelle donc Seigneur ; comment peut-il être son fils ? »

45Tandis que tout le peuple l’écoutait, il dit à ses disciples :[180] 46« Gardez-vous des Scribes, qui se plaisent à se promener en longues robes ; qui aiment à être salués dans les places publiques, à occuper les premiers sièges dans les synagogues et les premières places dans les festins : 47ces gens qui dévorent les maisons des veuves, et font pour l’apparence de longues prières, subiront une condamnation plus sévère. »

Jésus, levant les yeux, vit les riches qui mettaient leurs offrandes dans le tronc.[181] 2Il vit aussi une veuve indigente qui y mettait deux petites pièces de monnaie, 3et il dit : « Je vous le dis, en vérité, cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres. 4Car tous ceux-là ont donné de leur superflu en offrande à Dieu ; mais cette femme a donné de son indigence tout ce qu’elle avait pour vivre. »

3. Discours sur la ruine de Jérusalem et le second avènement. Préambule (xxi, 5-7). Les signes avant-coureurs des grands événements (8-33). Vigilance (34-38).

5Quelques-uns disant que le temple était orné de belles pierres et de riches offrandes, Jésus dit :[182] 6« Des jours viendront où, de tout ce que vous regardez-là, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée. » 7Alors ils lui demandèrent : « Maître, quand ces choses arriveront-elles, et à quel signe connaîtra-t-on qu’elles sont près de s’accomplir ? »

8Jésus répondit :

« Prenez garde qu’on ne vous séduise ; car plusieurs viendront sous mon nom, disant : Je suis le Christ, et le temps est proche. Ne les suivez donc point. 9Et quand vous entendrez parler de guerres et de séditions, ne soyez pas effrayés ; il faut que ces choses arrivent d’abord ; mais la fin ne viendra pas sitôt. » 10Il leur dit alors : « Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume. 11Il y aura de grands tremblements de terre, des pestes et des famines en divers lieux, et dans le ciel d’effrayantes apparitions et des signes extraordinaires.

12Mais, avant tout cela[183], on mettra les main sur vous, et l’on vous persécutera ; on vous traînera dans les synagogues et dans les prisons, on vous traduira devant les rois et les gouverneurs, à cause de mon nom. 13Cela vous arrivera, afin que vous me rendiez témoignage. 14Mettez donc dans vos cœurs de ne point songer d’avance à votre défense ; 15car je vous donnerai moi-même une bouche et une sagesse à laquelle tous vos ennemis ne pourront ni répondre, ni résister. 16Vous serez livrés même par vos parents, par vos frères, par vos proches et par vos amis, et ils feront mourir plusieurs d’entre vous. 17Vous serez en haine à tous à cause de mon nom. 18Cependant pas un cheveu de votre tête ne se perdra ; 19par votre constance, vous sauverez vos âmes.[184] 20Mais lorsque vous verrez des armées investir Jérusalem, sachez alors que sa désolation est proche.[185] 21Alors que ceux qui seront dans la Judée s’enfuient dans les montagnes, que ceux qui seront dans la ville en sortent, et que ceux qui seront dans les campagnes n’entrent pas dans la ville. 22Car ce seront des jours de châtiment, pour l’accomplissement de tout ce qui est écrit. 23Malheur aux femmes qui seront enceintes ou qui allaiteront en ces jours-là, car la détresse sera grande sur la terre, grande la colère contre ce peuple. 24Ils tomberont sous le tranchant du glaive ; ils seront emmenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les Gentils, jusqu’à ce que les temps des Gentils soient accomplis.[186]

25Et il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles, et, sur la terre, les nations seront dans l’angoisse et la consternation, au bruit de la mer et des flots ; 26les hommes séchant de frayeur dans l’attente de ce qui doit arriver à la terre entière ; car les puissances des cieux seront ébranlées. 27Alors on verra le Fils de l’homme venant dans une nuée avec une grande puissance et une grande gloire.

28Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et relevez la tête, parce que votre délivrance approche. »[187] 29Et il leur dit cette comparaison : « Voyez le figuier et tous les arbres : 30dès qu’ils se sont mis à pousser[188], vous savez de vous-mêmes, en les voyant, que l’été est proche. 31De même, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche.[189] 32Je vous le dis, en vérité, cette génération ne passera point, que tout ne soit accompli. 33Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.

34Prenez garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent par l’excès du manger et du boire, et par les soucis de la vie, et que ce jour ne fonde sur vous à l’improviste ; 35car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent la face de la terre entière. 36Veillez donc et priez sans cesse, afin que vous soyez trouvés dignes d’échapper à tous ces maux qui doivent arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme. »[190]

37Pendant le jour, Jésus enseignait dans le temple, et il en sortait pour aller passer la nuit sur la montagne qu’on appelle des Oliviers.

38Et tout le peuple, dès le matin, venait à lui pour l’écouter dans le temple.

TROISIÈME PARTIE.

[XXII — XXIV.]

VIE SOUFFRANTE ET GLORIEUSE DE JÉSUS.

I. — LA PASSION.

[XXII — XXIII, 54.]

1. Le complot (xxii, 1-6).

La fête des Azymes, qu’on appelle la Pâque, approchait ;[191] 2et les Princes des prêtres et les Scribes cherchaient comment ils feraient mourir Jésus ; car ils craignaient le peuple. 3Or, Satan entra dans Judas, surnommé Iscariote, du nombre des Douze ; 4et celui-ci alla s’entendre avec les Princes des prêtres et les magistrats, sur la manière de le leur livrer. 5Eux, pleins de joie, promirent de lui donner de l’argent. 6Il s’engagea de son côté, et il cherchait une occasion favorable de leur livrer Jésus à l’insu de la foule.

2. La Sainte Cène ; derniers avis (7-38).

7Arriva le jour des Azymes, où l’on devait immoler la Pâque. 8Jésus envoya Pierre et Jean : « Allez, leur dit-il, nous préparer le repas pascal. » 9Ils lui dirent : « Où voulez-vous que nous le préparions ? » 10Il leur répondit : « En entrant dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le dans la maison où il entrera, 11et vous direz au maître de cette maison : Le Maître te fait dire : Où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? 12Et il vous montrera un grand cénacle meublé : préparez-y ce qu’il faut. » 13Ils partirent, et trouvèrent les choses comme il le leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.

14L’heure étant venue, Jésus se mit à table, et les douze Apôtres avec lui ; 15et il leur dit : « J’ai désiré d’un grand désir de manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. 16Car, je vous le dis, je ne la mangerai plus jusqu’à la Pâque parfaite, célébrée dans le royaume de Dieu. » 17Et prenant une coupe, il rendit grâces et dit : « Prenez et partagez entre vous. 18Car, je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. » 19Puis il prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, qui est donné pour vous : faites ceci en mémoire de moi. » 20Il fit de même pour la coupe, après le souper, disant : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang[192], lequel est versé pour vous.

21Cependant voici que la main de celui qui me trahit est avec moi à cette table.[193] 22Quant au Fils de l’homme, il va selon ce qui a été décrété ; mais malheur à l’homme par qui il est trahi ! » 23Et les disciples se mirent à se demander les uns aux autres quel était celui d’entre eux qui devait faire cela.

24Il s’éleva aussi parmi eux une dispute, pour savoir lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand. 25Jésus leur dit : « Les rois des nations dominent sur elles, et ceux qui leur commandent sont appelés Bienfaiteurs. 26Pour vous, ne faites pas ainsi ; mais que le plus grand parmi vous soit comme le dernier, et celui qui gouverne comme celui qui sert. 27Car quel est le plus grand, de celui qui est à table, ou de celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. 28Vous, vous êtes demeurés avec moi dans mes épreuves ; 29et moi, je vous prépare un royaume, comme mon Père me l’a préparé, 30afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, pour juger les douze tribus d’Israël. »

31Et le Seigneur dit : « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment ; 32mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères.[194]33Seigneur, lui dit Pierre, je suis prêt à aller avec vous et en prison et à la mort. » 34Jésus lui répondit : « Je te le dis, Pierre, le coq ne chantera pas aujourd’hui, que tu n’aies nié trois fois de me connaître. »

35Il dit encore à ses disciples : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni chaussures, avez-vous manqué de quelque chose ? — 36De rien, « lui dirent-ils. Il ajouta : « Mais maintenant, que celui qui a une bourse la prenne, et de même celui qui a un sac ; et que celui qui n’a point d’épée vende son manteau[195], et en achète une. 37Car, je vous le dis, il faut encore que cette parole de l’Écriture s’accomplisse en moi : Il a été mis au rang des malfaiteurs. En effet, ce qui me concerne touche à sa fin. »[196] 38Ils lui dirent : « Seigneur, il y a ici deux épées. » Il leur répondit : « C’est assez. »[197]

3. À Gethsémani (39-53).

39Étant sorti, il s’en alla, selon sa coutume, vers le mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. 40Lorsqu’il fut arrivé dans ce lieu, il leur dit : « Priez, afin de ne point tomber en tentation. » 41Puis il s’éloigna d’eux à la distance d’un jet de pierre ; et s’étant mis à genoux, il priait, 42disant : « Père, si vous voulez, éloignez de moi ce calice ! Cependant que ce ne soit pas ma volonté, mais la vôtre qui se fasse. » 43Alors lui apparut du ciel un ange qui le fortifiait. 44Et se trouvant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des gouttes de sang découlant jusqu’à terre.[198] 45Après avoir prié, il se leva et vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse. 46Et il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, afin de ne point entrer en tentation. »

47Comme il parlait encore, voici qu’une troupe de gens parut ; celui qu’on appelait Judas, l’un des Douze, marchait en tête. Il s’approcha de Jésus pour le baiser. 48Et Jésus lui dit : « Judas, tu livres le Fils de l’homme par un baiser ! » 49Ceux qui étaient avec Jésus, voyant ce qui allait arriver, lui dirent : « Seigneur, si nous frappions de l’épée ? » 50Et l’un d’eux[199] frappa le serviteur du grand prêtre, et lui emporta l’oreille droite. 51Mais Jésus dit : « Restez-en là. »[200] Et, ayant touché l’oreille de cet homme, il le guérit. 52Puis, s’adressant aux Princes des prêtres, aux officiers du temple et aux Anciens qui étaient venus pour le prendre, il leur dit : « Vous êtes venus comme après un brigand, avec des épées et des bâtons. 53J’étais tous les jours avec vous dans le temple, et vous n’avez mis pas la main sur moi. Mais voici votre heure et la puissance des ténèbres. »

4. Chez Caïphe (54-71).

54S’étant saisis de lui, ils l’emmenèrent et le conduisirent dans la maison du grand prêtre ; Pierre suivait de loin. 55Ayant allumé du feu au milieu de la cour, ils s’assirent autour, et Pierre s’assit parmi eux. 56Une servante, qui le vit assis devant le feu, l’ayant regardé fixement, dit : « Cet homme était aussi avec lui. » 57Mais Pierre renia Jésus, en disant : « Femme, je ne le connais point. » 58Peu après, un autre l’ayant vu, dit : « Tu es aussi de ces gens-là. » Pierre répondit : « Mon ami, je n’en suis point. » 59Une heure s’était écoulée, lorsqu’un autre se mit à dire avec assurance : « Certainement cet homme était aussi avec lui, car il est de la Galilée. » 60Pierre répondit : « Mon ami, je ne sais ce que tu veux dire. » Et aussitôt, comme il parlait encore, le coq chanta. 61Et le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre, et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. »

62Et étant sorti de la maison, Pierre pleura amèrement. 63Or, ceux qui tenaient Jésus se moquaient de lui et le frappaient. 64Ils lui bandèrent les yeux, et, le frappant au visage, ils l’interrogeaient, disant : « Devine qui t’a frappé. » 65Et ils proféraient contre lui beaucoup d’autres injures.

66Dès qu’il fit jour, les Anciens du peuple, les Princes des prêtres et les Scribes se réunirent, et amenèrent Jésus dans leur assemblée. Ils dirent : « Si tu es le Christ, dis-le-nous. »[201] 67Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne le croirez pas ; 68et si je vous interroge, vous ne me répondrez pas et ne me relâcherez pas. 69Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. » 70Alors ils dirent tous : « Tu es donc le Fils de Dieu ? « Il leur répondit : « Vous le dites, je le suis. » 71Et ils dirent : « Qu’avons-nous encore besoin de témoignage[202] ? Nous l’avons nous-mêmes entendu de sa bouche. »

5. Devant Pilate et Hérode (xxiii, 1-25).

Alors toute l’assemblée s’étant levée, ils menèrent Jésus devant Pilate, 2et ils se mirent à l’accuser, en disant : « Nous avons trouvé cet homme qui poussait notre nation à la révolte, et défendait de payer[203] les tributs à César, se disant lui-même le Christ roi. » 3Pilate l’interrogea, disant : « Es-tu le roi des Juifs ? « Jésus lui répondit : « Tu le dis. »

4Pilate dit aux Princes des prêtres et au peuple : « Je ne trouve rien de criminel en cet homme. » 5Mais redoublant leurs instances, ils dirent : « Il soulève le peuple, répandant sa doctrine dans toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu’ici. » 6Quand Pilate entendit nommer la Galilée, il demanda si cet homme était Galiléen ; 7et ayant appris qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode, qui se trouvait aussi à Jérusalem, en ces jours-là.

8Hérode eut une grande joie de voir Jésus ; car depuis longtemps[204] il en avait le désir, parce qu’il avait entendu beaucoup parler de lui, et il espérait lui voir opérer quelque prodige. 9Il lui adressa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. 10Or, les Princes des prêtres et les Scribes se trouvaient là, l’accusant avec opiniâtreté. 11Mais Hérode, avec ses gardes, le traita avec mépris ; après s’être moqué de lui et l’avoir revêtu d’une robe éclatante[205], il le renvoya à Pilate. 12Le jour même, Hérode et Pilate devinrent amis, d’ennemis qu’ils étaient auparavant.

13Pilate, ayant assemblé les Princes des prêtres, les magistrats[206] et le peuple, 14leur dit : « Vous m’avez amené cet homme comme excitant le peuple à la révolte ; je l’ai interrogé devant vous, et je n’ai trouvé en lui aucun des crimes dont vous l’accusez ; 15ni Hérode non plus, car je vous ai renvoyés à lui, et, vous le voyez, rien qui mérite la mort n’a été prouvé[207] contre lui. 16Je le relâcherai donc après l’avoir fait châtier. »

17[Pilate était obligé, au jour de la fête, de leur accorder la délivrance d’un prisonnier].[208] 18Mais la foule tout entière s’écria : « Fais mourir celui-ci, et relâche-nous Barabbas : » — 19lequel avait été mis en prison à cause d’une sédition qui avait eu lieu dans la ville, et d’un meurtre. 20Pilate, qui désirait relâcher Jésus, les harangua de nouveau ; 21mais ils répondirent par ce cri : « Crucifie-le ! crucifie-le ! » 22Pour la troisième fois, Pilate leur dit : « Qu’a-t-il donc fait de mal ? Je n’ai rien trouvé en lui qui mérite la mort. Ainsi je le ferai châtier et je le renverrai. » 23Mais ils insistèrent, demandant à grands cris qu’il fût crucifié, et leurs clameurs allaient grandissant.[209] 24Pilate prononça donc qu’il serait fait comme ils demandaient. 25Il relâcha celui qu’ils réclamaient, et qui avait été mis en prison pour sédition et meurtre, et il livra Jésus à leur volonté.

6. Au Calvaire (26-49).

26Comme ils l’emmenaient, ils arrêtèrent un nommé Simon, de Cyrène, qui revenait de la campagne, et ils le chargèrent de la croix ; pour qu’il la portât[210] derrière Jésus. 27Or, il était suivi d’une grande foule de peuple et de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. 28Se tournant vers elles, Jésus dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ; 29car voici que des jours[211] viennent où l’on dira : Heureuses les stériles, et les entrailles qui n’ont point enfanté et les mamelles qui n’ont point allaité ! 30Alors les hommes commenceront à dire aux montagnes : Tombez sur nous, et aux collines : Couvrez-nous.[212] 31Car, si l’on traite ainsi le bois vert, que fera-t-on du bois sec ? »

32Et l’on conduisait en outre deux malfaiteurs, pour les mettre à mort avec Jésus. 33Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Calvaire, ils l’y crucifièrent, ainsi que les malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à gauche. 34Mais Jésus disait : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Se partageant ensuite ses vêtements, ils les tirèrent au sort.

35Le peuple se tenait là et regardait. Les magistrats[213] se joignaient à lui pour railler Jésus en disant : « Il en a sauvé d’autres ; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ, l’élu de Dieu. » 36Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant et lui présentant du vinaigre ; 37ils disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même. » 38Il y avait encore au-dessus de sa tête une inscription portant, en caractères grecs[214], latins et hébraïques : « Celui-ci est le roi des Juifs. »

39Or, l’un des malfaiteurs pendus à la croix l’injuriait, disant : « Puisque tu es le Christ, sauve-toi toi-même et sauve-nous ! » 40Mais l’autre le reprenait, en disant : « Ne crains-tu donc pas Dieu, toi non plus, condamné que tu es au même supplice ? 41Pour nous, c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes ; mais lui, il n’a rien fait de mal. » 42Et il dit à Jésus : « Seigneur, souvenez-vous de moi, quand vous serez parvenu dans votre royaume. » 43Jésus lui répondit : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. »[215] 44Il était environ la sixième heure, quand des ténèbres couvrirent toute la terre jusqu’à la neuvième heure[216].

45Le soleil s’obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu. 46Et Jésus s’écria d’une voix forte : « Père, je remets mon esprit entre vos mains. » En disant ces mots, il expira. 47Le centurion, voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu, et dit : « Certainement, cet homme était juste. » 48Et toutes la multitude qui s’était rassemblée pour ce spectacle, considérant ce qui était arrivé, s’en retournait en se frappant la poitrine. 49Mais tous les amis de Jésus se tenaient à distance, avec les femmes qui l’avaient suivi de Galilée et contemplaient tout cela.

7. La sépulture (50-56).

50Or, il y avait un homme, appelé Joseph, membre du conseil, homme bon et juste, 51qui n’avait donné son assentiment ni au dessein des autres, ni à leurs actes ; — il était d’Arimathie, ville de Judée, et attendait, lui aussi, le royaume de Dieu. 52Cet homme alla trouver Pilate, lui demanda le corps de Jésus, 53et l’ayant descendu, il l’enveloppa d’un linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n’avait encore été mis. 54C’était le jour de la Préparation, et le sabbat allait commencer[217].

55Les femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus, ayant accompagné Joseph, considérèrent le sépulcre, et la manière dont le corps de Jésus y avait été déposé.

56S’en étant donc retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums ; et le jour du sabbat, elles demeurèrent en repos, selon le précepte.

II. — JÉSUS RESSUSCITÉ.

[XXIV, 1-53]


Les saintes femmes et Pierre au tombeau (xxiv, 1-12). Les disciples d’Emmaüs (13-35). Apparition à Jérusalem ; mission des Apôtres ; promesses du Saint-Esprit (36-49). L’ascension (50-53).

Mais, le premier jour de la semaine, de grand matin, elles se rendirent au sépulcre, avec les aromates qu’elles avaient préparés.[218] 2Elles virent que la pierre avait été roulée loin du sépulcre ; 3et, étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. 4Tandis qu’elles étaient remplies d’anxiété à ce sujet, voici que deux hommes, vêtus de robes resplendissantes, parurent debout auprès d’elles. 5Comme, dans leur épouvante, elles inclinaient le visage vers la terre, ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? 6Il n’est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous de ce qu’il vous a dit, lorsqu’il était encore en Galilée : 7Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. » 8Elles se ressouvinrent alors des paroles de Jésus, 9et, à leur retour du sépulcre, elles rapportèrent toutes ces choses aux Onze et à tous les autres. 10Celles qui dirent ces choses aux Apôtres étaient Marie-Madeleine, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et leurs autres compagnes. 11Mais ils regardèrent leurs discours comme vain racontage, et ils ne crurent pas ces femmes. 12Toutefois Pierre se leva et courut au sépulcre ; et, s’étant penché, il ne vit que les linges par terre, et il s’en alla chez lui[219], dans l’admiration de ce qui était arrivé.

13Or, ce même jour, deux disciples[220] étaient en route vers un village nommé Emmaüs, distant de Jérusalem de soixante stades, 14et ils s’entretenaient de tous ces événements. 15Pendant qu’ils discouraient, échangeant leurs pensées, Jésus lui-même les joignit et fit route avec eux ; 16mais leurs yeux étaient retenus de sorte qu’ils ne le reconnaissaient pas. 17Il leur dit : « De quoi vous entretenez-vous ainsi en marchant, que vous soyez tout tristes ? » 18L’un d’eux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger venu à Jérusalem, qui ne sache pas les choses qui y sont arrivées ces jours-ci ? — 19Quelles choses ? « leur dit-il. Ils répondirent : « Les faits concernant Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en parole devant Dieu et devant tout le peuple : 20comment les Princes des prêtres et nos magistrats l’ont livré pour être condamné à mort, et l’ont crucifié. 21Quant à nous, nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël ; mais, avec tout cela, c’est aujourd’hui le troisième jour que ces choses sont arrivées. 22À la vérité, quelques-unes des femmes qui sont avec nous, nous ont fort étonnés : étant allées avant le jour au sépulcre, 23et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges leur ont apparu et ont annoncé qu’il est vivant. 24Quelques-uns des nôtres sont allés au sépulcre, et ont trouvé toutes choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont point vu. » 25Alors Jésus leur dit : « Ô hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les Prophètes ! 26Ne fallait-il pas[221] que le Christ souffrit toutes ces choses pour entrer dans sa gloire ? » 27Puis, commençant par Moïse, et parcourant tous les prophètes, il leur expliqua, dans toutes les Écritures, ce qui le concernait.

28Lorsqu’ils se trouvèrent près du village où ils allaient, lui fit semblant d’aller plus loin. 29Mais ils le pressèrent, en disant : « Reste avec nous, car il se fait tard, et déjà le jour baisse. « Et il entra pour rester avec eux. 30Or, pendant qu’il était à table avec eux, il prit le pain, prononça une bénédiction, puis le rompit, et le leur donna.[222]

31Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent ; mais lui devint invisible à leurs yeux. 32Et ils se dirent l’un à l’autre : « N’est-il pas vrai que notre cœur était tout brûlant au dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin, et qu’il nous expliquait les Ecritures ? » 33Se levant à l’heure même, ils retournèrent à Jérusalem ; où ils trouvèrent réunis les Onze[223] et leurs compagnons, 34qui disaient : « Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon. »[224] 35Eux-mêmes, à leur tour, racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain.

36Pendant qu’ils s’entretenaient ainsi, Jésus se présenta au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! c’est moi, ne craignez point. »[225] 37Saisis de stupeur et d’effroi, ils pensaient voir un esprit. 38Mais il leur dit : « Pourquoi vous troublez-vous, et pourquoi des doutes[226] s’élèvent-ils dans vos cœurs ? 39Voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi. Touchez-moi, et considérez qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai. » 40Ayant ainsi parlé, il leur montra ses mains et ses pieds. 41Comme dans leur joie, ils hésitaient encore à croire, et ne revenaient pas de leur étonnement, il leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » 42Ils lui présentèrent un morceau de poisson rôti et un rayon de miel. 43Il les prit, et en mangea devant eux.[227]

44Puis il leur dit[228] : « C’est là ce que je vous disais, étant encore avec vous, qu’il fallait que tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les Psaumes s’accomplît. » 45Alors il leur ouvrit l’esprit, pour comprendre les Ecritures ; 46et il leur dit : « Ainsi il est écrit : et ainsi il fallait que le Christ souffrît, qu’il ressuscitât des morts le troisième jour, 47et que le repentir et la rémission des péchés soient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. 48Vous êtes témoins de ces choses. 49Moi, je vais envoyer sur vous le don promis[229] par mon Père ; et vous, restez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une force d’en haut. »

50Puis il les conduisit hors de la ville, jusque vers Béthanie[230], et, ayant levé les mains, il les bénit. 51Pendant qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il fut enlevé au ciel. 52Pour eux, après l’avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie. 53Et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu. [Amen !][231]

  1. I, 1. Dont on a… pleine conviction : c’est le sens du verbe πληροφορἰω chez les auteurs grecs : et la Vulgate elle-même, qui le traduit ici par completae sunt, ont été accomplies, l’a rendu ailleurs par plenissime sciens, pleinement convaincu (Rom. iv, 21).
  2. 2. Nous ont transmis, par tradition orale. La première source des écrits évangéliques a donc été la prédication des Apôtres, choisis par N.-S. pour être témoins oculaires de sa vie et de ses miracles (Marc, iii, 14 ; I Jean, i, 1). — Dès le commencement du ministère messianique de Jésus, inauguré par la prédication et le baptême de Jean Baptiste (Marc, i, 1, Luc, iii, 23 ; Act. i, 27 ; x, 37).
  3. 3. Le récit suivi : le mot καθεξῆς, plusieurs fois employé par S. Luc, désigne toujours la continuité, l’ordre, la suite régulière des choses (viii, 1 ; Act. xi, 4 ; xviii, 23) ; mais il faut observer qu’à défaut du lien chronologique, les choses peuvent encore être logiquement enchaînées.
  4. 5. La classe d’Abia était la huitième. I Par. xxiv, 3 ; Esdr. ii, 36.
  5. 13. Jean, c.-à-d. Yahweh a fait grâce.
  6. 19. Dan. viii, 15 sv. ; ix, 21 et Luc, i, 26.
  7. 22. Muet : le verset 62 nous donne à entendre que Zacharie était aussi sourd.
  8. 27. Fiancée. Matth. i, 18.
  9. 28. Le texte reçu porte ici comme la Vulgate : « Vous êtes bénie entre les femmes. » Mais d’excellents manuscrits et des plus anciens comme le Vaticanus et le Sinaïticus, etc. omettent ce membre de phrase que tous les manuscrits s’accordent à mettre au vers. 42.
  10. 29. L’ayant aperçu : quelques manuscrits de la Vulgate portent aussi vidisset, ayant vu, au lieu de audisset, ayant entendu.
  11. 31. Is. vii, 14.
  12. 32. David son père : l’évangile insinue ici que Marie, la mère de Jésus, descendait de David, aussi bien que Joseph son fiancé. Dieu avait promis à David que le Messie naîtrait de sa race, et assurerait ainsi la perpétuité de son trône (II Sam. vii, 12) ; aussi le Messie-Roi est-il souvent appelé, dans l’Écriture, Rejeton, Fils de David ou même David tout court. Voy. Jér. xxiii, 5 ; Ezéch. xxxiv, 24 ; Osée, iii, 5 ; Apoc. xxii, 16.
  13. 35. Ombre : Cette métaphore est empruntée à l’Ancien Testament, où plusieurs fois le Seigneur se manifesta sous forme d’une nuée qui couvrait l’arche d’alliance (Exod. xl, 34 sv.). — De vous : ces mots manquent dans un grand nombre de manuscrits grecs, et dans quelques-uns de la Vulgate.
  14. 39. En une ville de Juda : selon l’opinion plus commune, Hébron, au sud de Jérusalem. D’autres proposent de lire, en la ville de Jutta (Jos. xv, 55), un peu au sud d’Hébron.
  15. 45. Celle qui a cru : Vulgate : vous qui avez cru ; mais quelques manuscrits latins ont, comme le texte grec, la troisième personne : credidit. — Car elles seront accomplies, etc. : le grec, et même la Vulgate, pourraient aussi se traduire : qui a cru à l’accomplissement, etc.
  16. 46. Quelques rares manuscrits latins portent : Et ait Élisabeth ou et ait. (Il n’est pas exact que dans Origène, In Luc., Hom. vii, il s’agisse du Magnificat.) Mais l’autorité de l’immense majorité des manuscrits et des meilleurs : le témoignage unanime des Pères les plus anciens et les plus doctes (S. Irénée, Origène, Tertullien, S. Ambroise, S. Jérôme, S. Augustin, etc.) et le contexte s’accordent à voir en Marie l’auteur inspirée du Magnificat.
  17. Ce cantique est tissé en quelque sorte de réminiscences des Prophètes et des Psaumes et suit un certain rythme et parallélisme.

    On peut y distinguer comme trois strophes : a) 46b-50. Cf. I Sam. ii, 1 sv. ; Hab. iii, 18 ; Is. lxi, 10 ; Ps. xxxii h. 8 ; Gen. xxx, 13 ; Ps. cxxvi h. 3 ; cxi h. 9 ; ciii h. 17. — b) 51-53. Cf. Is. iii, 10 ; Ps. cxlvii h. 6 ; Job, v, 11 ; Ps. cvii h. 9 ; xxxiv h. 11. — c) 54-65. Cf. Is. xli, 8, 9 ; Ps. xcviii h. 3 ; Deut. vii, 8 ; Gen. xvii, 7, etc.
  18. 59. Le huitième jour, d’après la loi, (Gen. xxi, 4 ; Lév. xii, 3) ils le nommaient, selon l’usage alors existant, d’imposer le nom à la circoncision ; voyez ii, 21.
  19. 67. Prophétisa, parla sous l’inspiration, sous l’influence de l’Esprit de Dieu.
  20. 68. Nous divisons ce cantique en parallélisme et en strophes, comme nous avons fait pour le Magnificat.
  21. 69. Une force pour nous sauver : litt. une corne libératrice. La métaphore de la corne, symbole de force, est assez fréquente dans la Bible, et plusieurs fois elle s’applique au Roi-Messie (I Sam. ii, 20 ; Ps. cxxxii h. 17).
  22. 72. Lév. xxvi, 42 ; Mich. vii, 20.
  23. 73. Gen. xxii, 16 et Hébr. vi, 13.
  24. 78. Déjà Balaam (Nombr. xxiv, 17), Isaïe (Matth. iv, 15 sv.) et Mal. (iv, 2) avaient annoncé l’avènement du Messie comme le lever d’un astre, de l’aurore, du soleil ; comp. le Psaume xix (héb.). 6 sv.
  25. 80. Désert de Judée, voisin de la mer Morte.
  26. II, 2. Vulg., fut fait par Quirinius ; mais la préposition a (par) manque dans plusieurs manuscrits latins. D’ailleurs ἡγεμονεύοντος désigne aussi bien le procurateur de Judée (Cf. iii, 1), que le gouverneur de Syrie.
  27. 5. Son épouse : litt. la femme qui lui avait été fiancée, ou mariée, car le verbe μνηστεὐειν a aussi ce dernier sens (Matth. i, 18 note). Depuis que Marie était revenue d’Hébron S. Joseph, inquiet d’abord, puis rassuré par un ange, avait célébré le mariage et pris avec lui sa virginale épouse (Matth. i, 24).
  28. 14. La Vulgate porte : pax hominibus bonæ voluntatis ; ce que l’on traduit ordinairement par : paix aux hommes de bonne volonté. Mais le terme ⸀εὐδοκίας semble devoir s’entendre ici (comme presque partout dans l’Écriture, où il correspond à l’hébr. ratsôn, Vulg. beneplacitum, cf. Ps. v, 13 etc.) de la bienveillance divine, d’où descendent, avec Jésus-Christ, le salut et la paix, non pas seulement pour les hommes qui sont présentement de bonne volonté, mais aussi pour les pécheurs qui, par l’effet de la bienveillance divine, seront amenés au bon vouloir (voy. Phil. ii, 13). Le sens serait donc : paix aux hommes objet de la bienveillance divine. Cf. Is. xlix, 8 ; lxi, 2, etc. et Luc, i, 77 sv. Plusieurs manuscrits, au lieu du génitif ont le nominatif ⸀εὐδοκίας bienveillance : ce qui introduit un troisième membre « Et sur la terre, paix. Bienveillance pour les hommes. » Mais dans ce cas il aurait fallu répéter la conjonction devant le troisième membre.
  29. 17. Vulg. ils reconnurent la vérité de ce qui, etc. Bien que le verbe γνωρίζω ait aussi le sens de reconnaître, le contexte demande ici qu’on le rende de préférence par faire savoir, comme la Vulg. elle-même l’a fait au vers. 15.
  30. 22. De la purification : soit des Juifs en général ; soit de la mère et de l’enfant : car, en pratique, l’enfant accompagnait sa mère dans cette cérémonie, pour être, en même temps, offert au Seigneur et racheté au prix de cinq sicles (Nombr. xviii, 16). La Vulg. porte ejus, de sa purification, celle de Marie.
  31. 23. (Exod. xiii, 2-13), voy. Lév. xii, 1 et sv.
  32. 29. Vous pouvez laisser partir.
  33. 33. Le père : S. Luc a suffisamment instruit ses lecteurs de l’origine surnaturelle de Jésus, pour pouvoir employer les mots père, parents, dans un sens large et facilement intelligible. Quelques éditions d’après une leçon marginale : Or Joseph et la mère…
  34. 34. Venu pour le salut de tous, Jésus sera une occasion de chute, une pierre d’achoppement (Is. viii, 14) pour le plus grand nombre des Israélites qui, refusant de reconnaître en lui le Christ, tomberont dans l’infidélité et la ruine éternelle, comme le constate S. Paul (Rom. ix, 32 ; I Cor. i, 13 ; comp. Matth. xi, 6 ; xiii, 57).
  35. 38. À Jérusalem : d’autres manuscrits portent : la rédemption de Jérusalem, ce qui revient au sens de la Vulgate.
  36. 42. À douze ans, l’enfant juif devenait fils de la loi, c’est-à-dire soumis à ses prescriptions.
  37. 49.Ἐν τοῖς τοῦ πατρός μου δεῖ εἶναί peut signifier dans un sens local : être dans la maison de mon Père, cf. Esth. vii, 9, ou dans un sens moral : être dans les affaires de mon Père, cf. I Tim. iv, 15. D’après la première interprétation, qui se réclame de la version syrienne et des Pères, comme Origène, St Épiphane, etc., Jésus dirait : Pourquoi vous tourmenter à me chercher, ne savez-vous pas que je devais être dans la maison de mon Père ? Allusion de Jésus à sa filiation divine.
  38. 50. Marie et Joseph ne comprirent pas sur le moment les raisons pour lesquelles il avait agi avec cette indépendance.
  39. III, 1. Quinzième année de l’hégémonie de Tibère : l’an 28 à 29 de l’ère chrétienne s’il s’agit de la succession ; l’an 25 à 26 s’il s’agit de l’association à l’empire.
  40. 2. Jean, xi, 51.
  41. 4. Is. xl, 3 sv. Comp. Matth. iii, 3 et Marc, i, 2.
  42. 19. S. Luc, anticipant sur les événements, achève brièvement le récit de la carrière de Jean, avant de passer au baptême de Notre-Seigneur. Comp. Matth. iv, 12 et xiv, 3.
  43. 21. Matth. iii, 11 ; Marc, i, 6.
  44. 23. Matth. i, 1-17. — Les noms varient beaucoup selon les mss.
  45. 38. Act. xvii, 38 sv.
  46. IV, 1. Matth. iv, 1 ; Marc, i, 12.
  47. 2. En butte aux tentations : cette manière de parler, commune à S. Marc et à S. Luc, permet de supposer que Notre-Seigneur eut à subir d’autres tentations, outre celles que S. Matthieu et S. Luc représentent en trois épisodes, qui ne sont pas d’ailleurs placés dans le même ordre.
  48. 13. Pour un temps, litt. jusqu’à un temps favorable, jusqu’à une nouvelle occasion. C’est principalement au jardin de Gethsémani et au Calvaire que se renouvela le combat entre Jésus et le Prince de ce monde (Jean, xiv, 30).
  49. 14. Matth, iv, 12 ; Marc, i, 14.
  50. 16. Plusieurs exégètes ont regardé cette visite à Nazareth comme identique à celle dont parlent S. Matthieu (xiii, 54 sv.) et S. Marc (vi, 1 sv).
  51. 19. La Vulgate ajoute : et le jour de la rétribution, de la vengeance du Seigneur contre les impies. Ces mots sont la suite du texte d’Isaïe lu par N.-S.
  52. 31. Matth. iv, 13 ; Marc, i, 21.
  53. 34. Laisse-moi. C’est l’équivalent grec de l’expression tout hébraïque : Quid mihi et tibi ?
  54. 38-43. Matth. viii, 14 et Marc, i, 29 sv.
  55. V, 1. Matth. iv, 18 ; Marc, i, 16.
  56. 17. Il enseignait. la Vulgate ajoute il était assis. Matth. ix, 1. Marc,ii, 1.
  57. 27. Matth. ix, 9 ; Marc, ii, 13.
  58. VI, 1. Matth. xii, 1 : Marc, ii, 23. Second-premier : on appelait ainsi, selon l’opinion la plus probable, le premier sabbat des sept semaines que l’on devait compter à partir du second jour des Azymes, jusqu’à la Pentecôte. Voy. Lév. xxiii, 15.
  59. 12. Matth. x, 1 ; Marc, iii, 13.
  60. 13. Apôtres, c’est-à-dire envoyés.
  61. 17. Un plateau : litt. un lieu uni, capable de contenir une grande foule ; la prière de Jésus et l’élection des Apôtres avaient eu lieu sur un sommet moins accessible.
  62. 20. Ce discours n’est autre que le sermon sur la montagne (Matth. v, 2 sv.), présenté par S. Luc sous une forme abrégée. Ce qui convenait à un milieu juif en a été retranché.
  63. VII, 6. S. Matthieu (viii, 5 sv.) met ces paroles dans la bouche même du Centurion. C’est ici le cas d’appliquer la remarque de saint Jérôme, que, « dans les saintes Écritures, les Apôtres et les hommes apostoliques considèrent moins les mots que le sens, et ne cherchent pas à suivre servilement la lettre, pourvu qu’ils respectent la pensée. » On doit donc dire que S. Matthieu, condensant les faits et supprimant les personnages intermédiaires, attribue au Centurion les paroles prononcées en son nom.
  64. 11. Mot à mot dans le temps qui suivit, ἐν τῷ ἐξῆς, selon les meilleurs manuscrits. On lit en d’autres : ἐν τῇ, c’est-à-dire, dans le jour qui suivit.
  65. 18. Matth. xi, 2
  66. 31. Les mots : dit encore le Seigneur manquent dans la plupart des manuscrits.
  67. 36. Ce repas de Jésus chez Simon le Pharisien est rapporté par S. Luc sans aucune indication de temps ni de lieu. Il semble, d’après la place du récit, que ce doit être dans quelque ville de Galilée, peut-être Naïm. Ce festin ne doit pas être confondu avec celui qui eut lieu à Béthanie quelques jours avant la Passion. (Matth. xxvi, 6 ; Jean, xii, 1).
  68. 45. Vulgate : Depuis qu’elle est entrée ; la leçon du grec et de quelques manuscrits de la Vulgate porte : depuis que je suis entré. La pécheresse était donc entrée presque en même temps que le Sauveur, dont elle avait sans doute suivi, depuis quelque temps, les divins enseignements.
  69. 47. Parce qu’elle a beaucoup aimé : d’après le principe posé au vers. 43 et rappelé ici même, à la fin du verset, l’amour reconnaissant suit le bienfait et peut, par conséquent, servir à reconnaître l’existence et la grandeur de ce bienfait.
    Toutefois ce point de vue particulier n’en exclut point un autre, d’après lequel l’amour repentant est considéré comme une cause méritoire du pardon, [[Bible_Crampon_1923/Jean#16-21|Jean, xiv, 21}}. Dans le cœur même de la pécheresse, l’amour repentant et l’amour de gratitude se sont suivis de près et confondus en un seul sentiment très vif et très doux, dont les manifestations touchantes ont fait, de cette femme convertie un vivant symbole de la vraie pénitence.
  70. 48. Tes péchés te sont pardonnés : le parfait ἀφέωνται : indique un état actuel résultant d’un acte accompli depuis un temps indéterminé. Jésus lui assure en face des pharisiens le pardon dont elle est si reconnaissante.
  71. VIII. 2. Marie dite de Magdala, ou Madeleine : Le bourg de Magdala, auj. Mejdel, est situé sur le bord occidental du lac de Génésareth, à une lieue et demie au nord de Tibériade.
  72. 4. Matth. xii, 1 ; Marc, iv, 1.
  73. 7. Matth. x, 26.
  74. 19. Matth. xii, 46 ; Marc, iii, 31.
  75. 22. Matth. viii, 18 ; Marc, iv, 35.
  76. 26. Matth. viii, 28 ; Marc, v, 1.
  77. 40. Matth. ix, 18 ; Marc, v, 21.
  78. Comme Jésus y allait, et qu’il était pressé par la foule,
  79. 48. Ma fille : un grand nombre de manuscrits portent : Aie confiance, ma fille… comme en S. Matthieu, ix, 22.
  80. 49. Vulgate : Quelqu’un vint dire au chef de la synagogue.
  81. IX, 1. Matth. ix, 35 et x, 5 ; Marc, vi, 7.
  82. 7. Matth. xiv, 1 ; Marc, vi, 14.
  83. 10. Matth. xiv, 13 ; Marc, vi, 30 ; Jean, vi, 1.
  84. 18. Dans un lieu solitaire : aux environs de Césarée de Philippe. Matth. xvi, 13 ; Marc, viii, 27.
  85. 28. Matth. xvii, 1 ; Marc, ix, 1. Environ huit jours : S. Matthieu et S. Marc disent : Six jours après… ne comptant pas le jour de la confession de S. Pierre, ni celui de la Transfiguration.
  86. 32. S’étant ternis éveillé : Vulgate, s’étant réveillés, sans doute par l’éclat de la lumière divine, ils virent, etc. Beaucoup de manuscrits de la Vulgate lisent vigilantes (au lieu de evigilantes), ce qui correspond exactement au grec.
  87. 34. Tandis qu’ils entraient : le pronom ne désigne que Jésus et ses deux compagnons de gloire, si nous lisons ἐκείνους ; si, avec plusieurs manuscrits, nous lisons αὐτοὺς, les disciples y seraient aussi compris.
  88. 44. Écoutez, litt. mettez dans vos oreilles ; Vulg., dans votre cœur. — Entre les mains des hommes, litt. entre des mains d’hommes. — Cette seconde prédiction de la Passion eut lieu, d’après S. Matthieu (xvii, 21) et S. Marc (ix, 30), pendant le retour à Capharnaüm.
  89. 46. Matth. xviii, 1 ; Marc, ix, 32.
  90. 51. Matth. xix, 1 ; Marc, x, 1. Prit la résolution : litt. affermit son visage, se tournant avec courage vers cette Jérusalem où déjà sa perte était résolue (Jean, v, 18 ; vii, 30 ; viii, 40).
  91. 54. Plusieurs manuscrits grecs et latins ajoutent : comme fit Élie (II Rois, i, 10-12) ; les deux Apôtres venaient de voir Élie sur la montagne de la transfiguration.
  92. 56. Des vies d’hommes ; Vulg. des âmes. — Ces paroles de N.-S. manquent dans plusieurs anciens manuscrits ; mais elles sont suffisamment garanties par les anciennes versions, par le témoignage des Pères et des manuscrits en usage dans les églises.
  93. 61. Vulgate, permettez-moi de renoncer auparavant aux biens qui sont dans ma maison. Plusieurs manuscrits lisent conformément au grec, his qui (au lieu de quœ) domi sunt, et nous voyons ailleurs que N.-S. conseilla même au jeune homme d’aller vendre ses biens avant de se mettre à sa suite (Matth. xix, 21).
  94. X, 1. Après cela… encore 70 autres. Cf. ix, 1. Il y a partage entre les manuscrits et les versions, entre le chiffre 72 et 70. Le chiffre de la Vulgate 72 est appuyé par plusieurs manuscrits grecs, en particulier le Vaticanus et les syriaques.
  95. Les douze apôtres correspondent aux douze tribus d’Israël, et les soixante-dix disciples, semblant rappeler les soixante-dix nations énumérées dans la table ethnographique de la Genèse, (chap. x), préfigureraient l’évangélisation de tous les peuples de la terre. Pour le chiffre 72, il proviendrait des deux nombres 12 et 6 usités dans la symbolique sacrée.
  96. 6. Un fils de paix ou de salut (hébraïsme), c’est-à-dire un homme digne de recevoir les biens spirituels que vous apportez.
  97. 13. Matth. ix, 20.
  98. 18. La foudre est le symbole de la rapidité, et tomber du ciel figure la perte de la domination (comp. Is. xiv, 12). Le chap. xii, 7-9 de l’Apocalypse décrit la chute complète que Jésus contemple ici dans son commencement.
  99. 21. Au même moment : cette indication chronologique, qui se lit aussi en S. Matthieu (xi, 25), doit s’entendre du moment où Jésus fit, aux villes de Galilée, les reproches rapportés aux vers. 13 sv. et Matth. xi, 21 sv. Alors, en effet, comme pour consoler le Sauveur de l’incrédulité orgueilleuse de ces villes, le Saint-Esprit lui inspira un sentiment de joie et de reconnaissance pour son Père qui avait accordé abondamment le don de la foi aux cœurs humbles.
  100. 22. Toutes choses m'ont été données, littér. livrées, mises en mains, par mon Père ; ce verset contient, comme en germe, les doctrines théologiques que Jésus a développées devant les docteurs de Jérusalem dans les discours qui remplissent l’évangile de S. Jean. Comp. Jean, v, 17-43 ; vi, 37-47 ; viii, 16-29 ; xiii, 3.
  101. 25. L’épisode de Marthe et de Marie s’est certainement passé à Béthanie (Jean, xi, 1), et comme, dans l’entretien qui le précède, il est question du chemin de Jérusalem à Jéricho, nous pouvons légitimement supposer que cet entretien a eu lieu près de cette dernière ville, la veille de l’arrivée à Béthanie.
  102. 29. Se justifier d’avoir posé une question dont il connaissait si bien la réponse.
  103. 38. Il s’agit du village de Béthanie, près de Jérusalem, la demeure de Marie et de Marthe, sœurs de Lazare. Jean, viii, 1 ; xi, 5.
  104. XI, 1. En un certain lieu : peut-être sur le mont des Oliviers, près de Béthanie.
  105. 2. Un certain nombre de manuscrits grecs donnent ici l’oraison dominicale dans les mêmes termes qu’en S. Matthieu, vi, 9 sv., tandis que d’autres plus anciens et des meilleurs comme le Vaticanus et le Sinaiticus suivis par la Vulgate, nous en offrent une rédaction abrégée, qui représente certainement le texte primitif de S. Luc. En effet, on conçoit fort bien que les copistes, habitués à réciter le Pater sous sa forme plus complète, aient inséré dans le texte de S. Luc les membres qui leur paraissaient y manquer ; tandis qu’il est inadmissible que ces membres de phrase aient jamais été supprimés de ce texte, s’ils en faisaient primitivement partie.
  106. 8. Avant je vous le dis, la Vulg. ajoute : Si le solliciteur continue de frapper.
  107. 12. Le gros scorpion blanc, dont la queue porte un dard chargé de venin, lorsqu’il s’enroule sur lui-même, ressemble assez à un œuf.
  108. 13. L’Esprit-Saint ; Vulg. l’Esprit bon.
  109. 14. Cf. Matth. xii, 22-30.
  110. 29. Matth. xii, 39.
  111. 34. Matth. vi, 22.
  112. 38. Vit avec étonnement, etc. ; Vulg., réfléchissant, se mit à demander pourquoi, etc.
  113. 41. Selon vos moyens : c’est le sens usuel de la locution grecque τὰ ἐνόντα, que la Vulg. a rendu équivalemment par de votre superflu.
  114. 42. Matth. xxiii, 23.
  115. 46. Matth. xxiii, 4 ; Act. xv, 10.
  116. 48. Matth. xxiii, 31.
  117. 49. La sagesse de Dieu, c’est-à-dire la divine Providence qui, dans sa sagesse infinie, a ordonné ou permis les événements dont parle le Sauveur. Comp. vii, 35.
  118. 50. Matth. xxiii, 35.
  119. XII, 2. Matth. xvi, 6 ; Marc, viii, 15. Mes amis, Jean, xi, 11 ; xv, 13 sv.
  120. 6. Deux as, environ 12 centimes.
  121. 10. Matth. xii, 31.
  122. 11. Matth. x, 19 ; xxi, 14.
  123. 22-31. Matth. vi, 25-34. Cf. 27 note.
  124. 32. Jean, x, 11 sv.
  125. 35. La ceinture : les Orientaux doivent relever, au moyen d’une ceinture, leur longue robe flottante, avant de se mettre au travail ou en route. Avoir aux reins la ceinture est donc un signe d’activité, comme la lampe allumée figure la vigilance. La Vulgate ajoute : in manibus vestris.
  126. 40. Matth. xxiv, 44.
  127. 49 et 50. Que désiré-je, si déjà il est allumé ? Par la prédication évangélique le Sauveur a jeté un brandon de discorde, a suscité un antagonisme entre le bien et le mal. Cette lutte servira à étendre son royaume. Notre-Seigneur voit déjà son désir accompli, partiellement du moins, parce que ce feu a déjà commencé à brûler. Comme un conquérant qui brûle de voir commencer la bataille, dont le gain lui est assuré (Dom Calmet), ainsi Jésus désire passer le premier par l’épreuve. La Vulgate : Que désiré-je, sinon qu’il s’allume ? Elle a lu εἰ μη au lieu de εἰ ἤδη.
  128. 58. Matth. v, 25.
  129. XIII, 7. Rend-il la terre improductive, en l’occupant (Vulg.) sans porter de fruits. L’ancienne version latine portait impedit, qui correspondait mieux au grec καταργεϊ.
  130. 9. Le maître de la vigne, c’est Dieu ; le figuier, c’est le peuple d’Israël, qui n’a guère porté d’autre fruit que des pratiques extérieures, semblables à un vain feuillage. Les Juifs ne se convertissant pas, Jérusalem fut détruite et tout le peuple dispersé parmi les nations. C’est ce châtiment final que figure la malédiction du figuier stérile en S. Matthieu (xxi, 19) et en S. Marc (xi, 13 sv.).
  131. 18. Matth. xiii, 31.
  132. 19. Le texte reçu ajoute μέγα, grand.
  133. 21. Matth. xiii, 33.
  134. 25. Vulg. sera entré.
  135. 32. Aujourd’hui, demain, etc., expressions figurées marquant un temps peu considérable, mais dont la durée est laissée dans le vague, pour faire entendre que le troisième jour dépend, non de la volonté d’Hérode, mais des décrets divins. — J’aurai fini, ce sera ma fin, je serai consommé (Vulg.) par la mort.
  136. XIV, 12. N’invite ni tes amis, etc. D’après le génie de la langue hébraïque, cette phrase signifie : n’invite pas uniquement tes amis, etc., mais aussi des pauvres, etc. Comp. Matth. ix, 13.
  137. 26. Haïr est mis ici pour aimer moins, comme N.-S. l’explique lui-même (Matth. x, 37.)
  138. 27. ix, 23 et Matth. x, 38.
  139. 35. Voir Marc, iv, 9.
  140. XV, 3. Matth. xviii, 12.
  141. 16. Les caroubes ou gousses du caroubier.
  142. 25. Le fils aîné : de même que l’enfant prodigue représente les publicains et les pécheurs convertis qui se pressaient en foule autour de Jésus (vers. 1), ainsi son frère aîné figure les Pharisiens et les Scribes, ces orgueilleux adversaires du Sauveur, que scandalisait (v. 2.) sa miséricordieuse bienveillance pour ces pécheurs qu’ils méprisaient (xviii, 9 sv.)
  143. 30. Ton bien. Vulg. son bien.
  144. XVI, 6. Barils, propr. bats ou baths. Le bath hébreu contenait près de 40 litres.
  145. 7. Mesures, propr. cors. Le cor contenait 10 éphis ou baths, soit environ 390 litres.
  146. 8. Le maître : le propriétaire lésé loua, non les actes frauduleux, mais l’habileté de l’économe, en disant p. ex. : Voilà un habile homme !
  147. 14. Matth. xix, 3 ; Marc, x, 2.
  148. 15. Matth. xxiii, 25-28.
  149. 16. Effort pour y entrer. L’intention du divin Maître semble être de reprocher aux Pharisiens leur orgueilleuse abstention, en lui opposant l’empressement des âmes de bonne volonté à venir entendre, soit le Précurseur (Matth. iii, 5), soit le Messie lui-même (Luc, xii, 1 ; Jean, ii, 19). Comp. Matth. xi, 10. — D’autres : tous y sont poussés comme de force.
  150. 21. Souhaitant etc. ; la Vulg. ajoute : et nul ne lui donnait rien.
  151. 23. Dans l’enfer : la Vulgate rattache ce mot au verset précédent : et il fut enseveli dans l’enfer. Le terme ᾅδης, employé par S. Luc, signifie, comme l’hébreu scheôl et le latin infernus (sous-entendu mundus), le monde souterrain, le séjour des morts.
  152. XVII, 3. Matth. xviii, 6, sv.
  153. 20. Le Royaume de Dieu ne vient pas de la façon éclatante que s’imaginaient les Pharisiens.
  154. 21. Au milieu de vous : Dans le sens de xi, 20. Le règne de Dieu est donc venu à vous dans la personne de Jésus et de ses disciples. — D’autres traduisent : Il est au dedans de vous, dans votre cœur, indiquant par là la nature intérieure et spirituelle de ce royaume.
  155. 31. Matth. xxiv, 17.
  156. 33. Sauver sa vie, littér. son âme. Voy. Matth. x, 39. Cependant, en tenant compte d’un aramaïsme, qui exprime le pronom réfléchi soi-même par sa propre âme (comp. Eccli. xxiv, 1), on pourrait traduire : Quiconque cherchera à se sauver se perdra, etc. — La régénérera, litt. l’engendrera à la vie. ζωογονήσει, Comp. Jean, xii, 25.
  157. 36. Ce vers, du texte reçu est tiré de Matth. xxiv, 40.
  158. 37. À la question curieuse de ses disciples, N.-S. répond par un proverbe connu : Où est le corps, le cadavre, la proie, là se rassembleront les aigles, plutôt les vautours. Matth. xxiv, 28.
  159. XVIII, 5. Afin qu’elle, etc. ; litt., de peur qu’elle ne me meurtrisse le visage, ce qu’il faut entendre au figuré, comme nous dirions : De peur qu’elle ne me rompe la tête.
  160. 14. Plutôt que celui-là, qui n’était justifié que dans sa propre pensée.
  161. 15. Matth. xix, 13 ; Marc, x, 13.
  162. 18. Un des chefs de synagogue ou des principaux de la ville.
  163. 30. Beaucoup plus, en S. Matthieu et en S. Marc : le centuple.
  164. 35. Jésus, en sortant de Jéricho, guérit deux aveugles, d’après S. Matthieu (xx, 34 sv.), tandis que S. Marc (x, 46 sv.) n’en mentionne qu’un, appelé Bartimée. S. Luc ne parle aussi que d’un aveugle guéri par Jésus aux approches de la ville. Plusieurs solutions ont été données de ces divergences. Maldonat, Comment. Matth. xx, 30.
    D’ailleurs, ces divergences mêmes deviennent une preuve de l’indépendance, au moins relative, des différents récits évangéliques, comme aussi du respect religieux avec lequel l’antiquité chrétienne nous a transmis leur texte primitif, malgré l’embarras que certaines nuances pouvaient causer aux interprètes.
    Il faut se rappeler la destination éminemment religieuse et morale des évangiles, et le caractère des synoptiques, qui sont avant tout le relevé d’une prédication de témoins dans laquelle l’important était de transmettre sûrement ce que le Christ avait dit ou fait, mais souvent sans préoccupation des menus détails de lieu et de temps, qui n’ont point de valeur appréciable à ce point de vue. Aussi arrive-t-il parfois, que leur manque de précision, le lien plutôt logique que réel qui préside à leur narration dans le groupement de certains faits, présentent un récit qui parait contradictoire dans les détails à ceux qui cherchent une précision minutieuse que les évangélistes n’ont pas prétendu mettre.
  165. XIX, 26. La Vulg. ajoute : et il sera dans l’abondance. Sens du verset : Celui qui est riche en bonnes œuvres, recevra de Dieu de précieuses faveurs et une riche récompense ; mais celui qui a négligé de s’enrichir devant Dieu (xii, 21), perdra encore les biens temporels dont il avait joui pendant cette vie. Comp. Matth. xiii, 12 et xxv, 29.
  166. 27. L’homme de haute naissance est donc J.-C. lui-même, qui va remonter au ciel, pour y recevoir en quelque sorte l’investiture de son royaume ; les serviteurs sont les disciples, qui doivent se préparer au second avènement du Sauveur. Le retour du roi et le châtiment de ses ennemis aura lieu à la ruine de Jérusalem.
  167. 29. Matth. xxi, 1 ; Marc, xi, 1 ; Jean, xii, 12.
  168. 32. Les mots stantem pullum de la Vulgate n’ont rien qui leur réponde dans les mss. grecs.
  169. 41. Il pleura à haute voix et sanglota (en gr. ἔκλαυσιν).
  170. 46. Is. lvi, 7 ; Jér. vii, 11.
  171. XX, 1. xxi, 23 ; Marc, xi, 27.
  172. 5. Entre eux : Vulgate, en eux-mêmes.
  173. 9. Matth. xxi, 33 ; Marc, xii, 1.
  174. 17. Mot à mot : la tête d’angle, Ps. cxviii (héb.) 22.
  175. 21. Matth. xxii, 16, Marc, xli, 13.
  176. 34. Les enfants de ce siècle : cette locution désigne ordinairement la partie dépravée de l’humanité (xvi, 8) ; ici elle embrasse, sans aucune distinction morale, tous les hommes appartenant à la période actuelle du monde, avant le second avènement du Messie et la résurrection des morts.
  177. 37. Passage du Buisson, savoir Exod. iii, 6. Voy. Matth. xxii, 32.
  178. 38. Cf. Matth. xxii, 32, note.
  179. 41. Matth. xxii, 41 ; Marc, xii, 35.
  180. 45. Matth. xxiii, 1 ; Marc, xii, 38.
  181. XXI, 1. Marc, xii, 41-44.
  182. 5. Matth. xxiv, 1 ; Marc, xiii, 1.
  183. 12. Ces avis se lisent en S. Matthieu au chapitre x, 17-22 ; S. Marc, comme S. Luc, les joint à ce discours sur la ruine de Jérusalem.
  184. 19. Vous sauverez (litt. vous gagnerez, vous éviterez la perte de) vos âmes, aramaïsme signifiant vous vous sauverez. Comp. xvii, 33. C’est, en d’autres termes, la promesse que nous lisons en S. Matthieu (x, 22 etc.) : Celui qui persévérera (demeurera constant) jusqu’à la fin, sera sauvé.
  185. 20. Les armées de Vespasien, commandées par son fils Titus, vinrent assiéger Jérusalem l’an 70 de notre ère. Dès 67 la communauté chrétienne avait quitté la ville et s’était retirée principalement à Pella, dans les montagnes de Galaad. Matth. xxiv, 15.
  186. 24. Rom. xi, 25 sv.
  187. 28. Rom. viii, 19-23 ; Phil. iii, 20 ; I Thess. i, 10 ; Tit. ii, 13 ; Hébr. ix, 28 ; Jacq. v, 7.
  188. 30. À pousser, à produire des bourgeons et des feuilles (Matth. xxiv, 32) ; Vulg. moins exactement : du fruit.
  189. 31. Cet avènement du royaume, du règne messianique qui doit avoir lieu avant la fin de la génération présente (31-32), répond à la manifestation de la justice divine sur Jérusalem, qui dans le style des prophètes est un avènement de Dieu, du Messie, qui y fait fonction de juge souverain dans la ruine de la cité sainte. C’est dans ce même sens que s’expliquent quelques autres paroles de Notre-Seigneur, Matth. x, 23, xvi, 28 avec les textes parallèles, Marc, viii, 39 ; Luc, ix, 27.
  190. 36. Matth. xxiv, 40 ; I Thess. iv, 16.
  191. XXII, 1. Matth. xxvi, 1 ; Marc, xiv, 1.
  192. 20. Cette coupe est la nouvelle alliance, etc. S. Luc rapporte ici les paroles de N.-S. dans les mêmes termes que S. Paul (I Cor. xi, 25), et la formule qu’ils emploient revient à ceci : Le contenu de cette coupe est mon sang, dans ou par lequel est conclue la nouvelle alliance. L’ancienne alliance avait été scellée par le sang des victimes (Gen. xv, 8 sv. ; Exod. xii, 22 sv. ; xxiv, 8), la nouvelle alliance doit l’être par le sang de l’Homme-Dieu.
  193. 21. Il paraît certain, d’après le récit des autres évangélistes, et d’après la nature même des choses, que N.-S. n’attendit pas jusqu’après le souper (vers. 20) pour dénoncer la trahison d’un Apôtre. Par conséquent, ce verset de S. Luc ne peut être invoqué contre le sentiment d’un grand nombre de Pères et d’exégètes modernes, qui pensent que Judas était sorti (Jean, xiii, 30) avant l’institution de la Sainte Eucharistie. Après avoir exposé cette institution, S. Luc réunit ensemble les défaillances apostoliques.
  194. 32. Quand tu seras converti. C’est ainsi que plus généralement on traduit, conversus, ἐπιστρέψας, c’est-à-dire après la chute passagère que le Sauveur va bientôt lui prédire. Mais d’autres avec Maldonat, etc. prennent ce mot pour un hébraïsme, la traduction du verbe schoub, avec le sens : de nouveau, à son tour Cf. II Par. xxxiii, 3 ; Jér. xii, 15 ; Ps. xxv, 7 etc. « Moi, je prierai pour toi : toi à ton tour (de ton côté) confirme tes frères.
  195. 36. Son manteau : Vulgate, sa tunique. Ces paroles ne devaient pas être prises à la lettre, comme le firent les Apôtres (vers. 38) Ce sont des images sous lesquelles N.-S. décrit le dénuement, les dangers, la haine et les persécutions qu’ils vont bientôt rencontrer dans la prédication de l’Évangile.
  196. 37. Is. liii, 12. — Ce qui me concerne, ma vie. etc. D’autres : ce qui est écrit de moi va s’accomplir entièrement.
  197. 38. Assez là-dessus, il suffit, n’en parlons plus. En voyant leur Maître se livrer volontairement à la mort, les Apôtres apprendront bientôt le véritable sens de ces paroles.
  198. 44. Les vers. 43-44 manquent dans quelques bons manuscrits, comme le Vaticanus et l’Alexandrinus, mais ils se lisent dans le Sinaïticus et le Cantabrigiensis, etc. et dans les deux plus anciennes versions, l’Itala et la Syriaque. Leur omission, du reste, s’explique mieux que leur interpolation.
  199. 50. Pierre, d’après Jean, xviii, 10.
  200. 51. Restez-en là : litt. Laissez faire, jusqu’ici vous m’avez assez défendu. Ou bien : Laissez faire jusque-là, jusqu’à permettre mon arrestation.
  201. 66. Matth. xxvii, 1, note.
  202. 71. De témoignage, de témoin attestant qu’il se donne pour le Messie : il l’avoue lui-même.
  203. XXIII, 2. Défendait de payer, etc. : C’était précisément le contraire qui était vrai (Luc, xx, 25).
  204. 8. Depuis longtemps : depuis plus d’un an au moins. Voy. Matth. xiv, 1 sv.
  205. 11. Éclatante : de couleur rouge ou blanche (Vulg.).
  206. 13. Les magistrats, c’est-à-dire les Anciens, chefs du peuple.
  207. 15. N’a été prouvé, litt. n’est résulté de l’action intentée contre lui.
  208. 17. Ce verset manque dans plusieurs manuscrits grecs.
  209. 23. Plusieurs manuscrits grecs ajoutent ainsi que celles des Princes des prêtres.
  210. 26. Pour qu’il la portât seul, et non pas comme quelques peintres l’ont supposé, concurremment avec Jésus.
  211. 29. Des jours : le siège de Jérusalem par Titus. Cf. Matth. xxiv, 19.
  212. 30. Osée, x, 8.
  213. 35. Magistrats ou Chefs du peuple.
  214. 38. En caractères et en idiomes grecs, latins, hébreux. (Jean, xix, 20). Plusieurs manuscrits n’ont pas cette mention des diverses langues de l’inscription.
  215. 43. Dans le Paradis, dans le séjour où les justes de l’ancienne Loi attendaient la venue du Sauveur.
  216. 44. Sixième… neuvième heure : midi… 3 h. après-midi.
  217. 54. Le sabbat allait commencer : c’était le soir du vendredi, et les sabbats se comptaient d’un coucher du soleil à l’autre. Il y a en latin et en grec, le sabbat commençait à luire, ce qui pourrait s’entendre de l’apparition de la lune et des étoiles ; mais il semble plus juste de dire que l’expression usitée pour désigner le commencement du jour naturel, s’employait également, en dépit de sa signification étymologique, pour exprimer le commencement du jour légal.
  218. XXIV, 1. Matth. 28, 1 ; Marc, 16, 2 ; Jean, 20, 1.
  219. 12. Chez lui : ou bien — admirant en lui-même ce qui était arrivé. S. Jean (xx, 2 sv.) raconte plus au long la visite de S. Pierre au sépulcre.
  220. 13. Deux disciples : de ceux qui sont mentionnés au vers. 9 comme tenant compagnie aux Apôtres ; voy. vers. 22 sv.
  221. 26. Ne fallait-il pas, selon les décrets divins ; comp Is. liii, 10-12 ; Phil. ii, 8 ; Héb. ii, 10 sv.Pour entrer ainsi, ajoute la Vulg.
  222. 30-35. L’expression fraction du pain désignait, chez les premiers fidèles, le pain eucharistique (Act. ii, 42) À la vérité, cette opinion ne peut pas s’appuyer sur le terme εὐ­λό­γη­σε car les Juifs, et N.-S. en particulier, avaient coutume de prononcer une bénédiction avant de prendre leur nourriture. Voy. Matth. xiv, 19 etc. Mais l’ensemble des circonstances porte plusieurs Pères et interprètes à croire que N. S. donna réellement à ses hôtes le pain eucharistique.
  223. 33. Les Onze : telle était, depuis la mort de Judas, la désignation officielle du collège apostolique. Elle est employée ici dans son sens collectif, car d’après S. Jean (xx, 24) les Apôtres n’étaient que dix, lors de la première apparition de Jésus.
  224. 34. À Simon Pierre (I Cor. xv, 5).
  225. 36. Marc, xvi, 14 ; Jean, xx. 19.
  226. 38. Des doutes : des réflexions en sens divers, διαλογισμοὶ.
  227. 43. Vulgate : Lorsqu’il eut mangé devant eux, prenant ce qui restait, il le leur donna.
  228. 44. Puis il leur dit : après cette vague indication chronologique, S. Luc semble résumer l’ensemble des instructions que le Sauveur donna à ses Apôtres, pendant les 40 jours qui séparèrent la Résurrection de l’Ascension.
  229. 49. Le don promis, le Saint-Esprit (Jean, xiv, 16-26). — D’une force d’en haut, de l’Esprit-Saint (comp. Luc, i, 35).
  230. 50. Jusque vers Béthanie : sur le mont des Oliviers (Act. i, 12).
    Nous avons dans ces derniers versets, un récit anticipé de ce que S. Luc nous racontera avec plus de détails, au début du livre des Actes.
  231. 53. Amen est une addition liturgique.