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SECONDE PARTIE


MORPHOLOGIE


§ 34. Généralités.

a La racine est l’élément le plus simple d’un mot. On dégage la racine en éliminant tous les éléments de dérivation et de flexion, à savoir, non seulement toutes les voyelles, mais encore certaines consonnes, principalement les sept consonnes ה א מ נ ת י ו, dites héʾémantiques (du mot mnémonique[1] הֶֽאֱמַנְתִּיו). Ainsi dans le mot הִתְקַדְּשׁוּ « ils se sont sanctifiés » la racine est constituée par le groupe consonantique קדשׁ qui exprime l’idée de sainteté ; n’appartiennent donc pas à la racine : les voyelles, le redoublement du דּ (qui indique que l’action est intensive ou causative, § 52 d), le groupe הִת (qui indique l’idée réfléchie, § 53 a), le וּ final (qui marque la 3e p. du pl.)[2].

Pour la commodité on énonce généralement la racine sous la forme de la 3e p. sg. m. du parfait, p. ex. קָטַל il a tué, qui, dans le verbe régulier et dans une partie des verbes irréguliers, représente les consonnes de la racine, n’y ajoutant que les deux voyelles.

La plupart des racines actuelles de l’hébreu sont trilittères. La trilittéralité est un trait si propre de la langue que, dans certains cas où elle n’existait pas ou n’existait plus, on l’a rétablie secondairement.

Cependant l’hébreu a quelques racines quadrilittères, dont plusieurs du reste sont d’origine secondaire (cf. §§ 60 et 88 K).

D’autre part, certaines racines sont bilittères, du moins dans un certain sens (cf. verbes ע״ע, ע״ו).

b Pour la plupart des mots on peut indiquer la racine avec certitude. Mais il y a des cas assez nombreux où la racine n’apparaît pas

  1. Signifierait : « je l’ai cru » ; mais הֶֽאֱמִין se construit toujours avec une préposition.
  2. Voir les préformantes des formes nominales § 88 L, les afformantes § 88 M.