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21 i — 22 c
Ḥaṭef auxiliaire après gutturale

ḥaṭef est légèrement renforcé pour contrebalancer le ton (cf. Mélanges Beyrouth, 51, p. 374).

j Sur le changement de ◌ַ en ◌ֶ devant gutturale suivie de qameṣ, cf. § 29 f.

§ 22. Du ḥaṭef auxiliaire après gutturale.

a Une gutturale, peut être suivie du shewa quiescent, tout comme une non-gutturale ; p. ex. au futur qal on trouve יֶחְזַק i̯e̦ḥ-za̦q, comme on a יִכְבַּד i̯iḵ-ba̦ḏ. Mais très souvent au lieu du shewa on a une voyelle auxiliaire très brève, normalement un ḥaṭef, de la même couleur que la voyelle pleine ; ainsi, au lieu du très rare יֶחְזַק on a ordinairement יֶֽחֱזַק i̯e̦ḥ-za̦q. Ce ḥaṭef auxiliaire a pour but de faciliter le passage de la gutturale à la consonne suivante. Cette voyelle très brève est partagée entre les deux syllabes, de sorte que la division syllabique est impossible (cf. § 27 a), comme dans le cas du shewa moyen (§ 8 d) ; ainsi יַֽעֲמֹד peut s’exprimer graphiquement par i̯a̦ʿ  mọḏ. En réalité ce ḥaṭef est un shewa moyen coloré.

b L’emploi du ḥaṭef n’est pas régi par des lois strictes ; il y a beaucoup de variations et d’incohérences. On remarquera les points suivants :

  1. 1) Le ḥaṭef auxiliaire ne se trouve qu’après voyelle atone.
  2. 2) Le ḥaṭef auxiliaire est plus fréquent que le shewa quiescent.
  3. 3) א et ע prennent volontiers le ḥaṭef ; ה et ח s’en passent volontiers.
  4. 4) La consonne suivante peut favoriser ou non l’emploi du ḥaṭef ; en effet, la difficulté du passage de la gutturale à une consonne suivante dépend de la nature de cette consonne.

Les applications se trouvent dans la flexion du verbe à 1re gutturale (§ 68) et du nom segolé à 2e gutturale, p. ex. נַֽעֲרוֹ son garçon, mais לַחְמִי mon pain (§ 96 A i), פָּֽעֳלוֹ son œuvre (§ 96 A j).

c Changement du ḥaṭef en voyelle pleine. Quand, dans la flexion, par suite de l’allongement du mot, la voyelle qui vient après le ḥaṭef doit devenir shewa (prononcé) le ḥaṭef devient voyelle pleine, p. ex. יַֽעֲמֹד, mais יַֽעַמְדוּ. Le shewa en cette position est moyen (opp. יִקְטְלוּ où le second shewa est mobile). Dans une forme comme יַֽעַמְדוּ la division syllabique est impossible (§ 27 a) ; elle l’est même deux fois :