Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
16 eg
Massore — Qeré perpétuel — Lectiones mixtae

qeré ne prétend pas toujours donner la leçon meilleure en soi, mais meilleure d’après les manuscrits. Souvent le ketîb conserve des formes archaïques.

f Qeré perpétuel. Pour quelques mots fréquents, qui doivent être lus autrement que ne l’indique le texte consonantique, on a, par économie, omis la note marginale indiquant les consonnes du qeré. Voici ces mots :

  1. 1) Le nom divin יְהֹוָה : le qeré est אֲדֹנָי « le Seigneur », le ketīb est probablement[1] יַהְוֶה (d’après des témoignages anciens). [On remarquera que dans יְהֹוָה on a étrangement shewa simple au lieu du ḥaṭef pataḥ de אֲדֹנָי]. Si le nom יהוה est déjà précédé du mot אֲדֹנָי, on écrit יֱהֹוִה : le qeré est אֱלֹהִים. Naturellement la vocalisation des particules etc. devant יְהֹוָה suppose la prononciation du qeré אָדֹנָי : ainsi la préposition מִן devient מֵ׳ devant la gutturale : מֵֽיְהֹוָה = מֵֽאֲדֹנָי (§ 103 d). De même, p. ex., au lieu de לָ֫מָּה on dit לָמָ֫ה יְהֹוָה, à savoir לָמָ֫ה אֲדֹנָי (§ 37 d).
  2. 2) Le pronom de la 3e p. sg. f. הִוא dans le Pentateuque : le qeré est הִיא, le ketīb הוּא (§ 39 c).
  3. 3) Le substantif féminin נַֽעֲרָ fille dans le Pentateuque (au lieu du normal נַֽעֲרָה qu’on a seulement Dt 22, 19). C’est probablement une bizarrerie graphique (comme הִוא) : elle ne se trouve pas dans le Pentateuque samaritain. Il semble peu probable que נַ֫עַר ait été employé au sens de fille, car on attendrait au pluriel נְעָרִים ; or on a נְעָרוֹת (cf. Gn 24, 61 ; Ex 2, 5).
  4. 4) Pour יְרוּשָׁלִַ֫ם le qeré est יְרוּשָׁלַ֫יִם, le ketīb יְרוּשָׁלֵם Jérusalem.
  5. 5) Le nom propre Yiśśåḵår est écrit יִשָּׂשכָר pour qu’on prononce יִשָּׂכָר (Gn 30, 18 etc.).
  6. 6) Pour שְׁנֵים, שְׁתֵּים deux cf. §§ 100 c et g.

g Lectiones mixtae. Certaines formes ont une vocalisation étrange qui fait supposer que les vocalisateurs ont voulu par là indiquer deux vocalisations possibles[2]. Ainsi la vocalisation de יִֽרַדֹּף Ps 7, 6 indique

  1. Dans nos traductions, au lieu de la forme (hypothétique) Ya̦hwe̦h, nous avons employé la forme Jéhovah (d’après יְהֺוָה lu à tort ehọ̄u̯åh) qui est la forme littéraire et usuelle du français.
  2. Cf. Kautzsch, Hebr. Gramm., 27e éd. (p. V ; cette observation importante a disparu dans la 28e éd.) ; König, 1, p. 160 ; Bergsträsser, § 4 b.