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39 ac
Pronom personnel

2e Pers. Pl. masc. La forme primitive *ʾantumu n’est pas restée : l’u a été supplanté par l’i du féminin, d’où *ʾantim devenu אַתֶּם (avec segol !) (cf. Brockelmann, 1, 302).

2e Pers. Pl. fém. La forme primitive *ʾantinna se retrouve dans la forme unique (et suspecte) אַתֵּ֫נָּה Éz 13, 20. Ailleurs on a (3 f.) אַתֵּ֫נָה, sans dagesh dans le נ. Enfin la voyelle posttonique peut tomber, et l’on a אַתֵּן Éz 34, 31 † (var. אַתֶּן).

3e Pers. Sing. masc. : Forme primitive *hūʾa ; héb. הוּא.

3e Pers. Sing. fém. : Forme primitive *šīʾa ; h. הִיא. Le š au fém. se trouve en akkadien, en minéen, en mehri (Brockelmann, 1, 303). En hébreu le š a été supplanté par le h du masculin.

3e Pers. Plur. masc. : Forme primitive *humu ; h. הֵם, הֵ֫מָּה. La forme la plus fréquente est הֵ֫מָּה, mais avec l’article c’est הָהֵם. Les deux voyelles du fém. primitif *šinna ont passé au masculin hébreu הֵ֫מָּה.

3e Pers. Plur. fém. : Forme primitive *šinna ; h. הֵ֫נָּה[1]. Le ה est à l’analogie du masculin.

Remarque. On remarquera que la finale ◌ָה se trouve au pluriel dans trois formes : 3e f. הֵ֫נָּה (forme unique) ; 3e m. הֵ֫מָּה (forme plus fréquente) ; 2e f. אַתֵּ֫נָה (forme plus fréquente).

b Sur les pronoms de la 3e p. précédés de l’article הַהוּא, הַהִיא ; הָהֵם, הָהֵ֫מָּה, הָהֵ֫נָּה voir § 36 d.

c Du ketīb הוא féminin dans le Pentateuque. Dans le texte consonantique du Pentateuque (mais non dans le Pent. samaritain) on a la graphie הוא non seulement pour le masculin, mais encore presque toujours (11 exceptions) pour le féminin, et alors les Naqdanim écrivent הִוא (qeré perpétuel, § 16 f 2), p. ex. הָאָ֫רֶץ הַהִוא Gn 2, 12. Cette particularité vraiment étrange peut, semble-t-il, s’expliquer d’une façon assez vraisemblable de la façon suivante. Elle proviendrait d’une certaine recension postérieure du Pentateuque. Avec plusieurs auteurs on peut supposer que la graphie primitive était הא et pour le masc. qui était probablement alors hūʾa, et pour le fém. qui était probablement alors hīʾa[2]. Quand ces formes devinrent en hébreu , , la graphie

  1. À distinguer de l’adverbe הֵ֫נָּה ici (avec mouvement, lat. huc).
  2. On trouve הא dans l’inscription moabite de Mēšaʿ (IXe s.) pour le masculin, dans l’inscription phénicienne d’Eshmunazar (IIIe s.) pour le féminin.