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Infinitif construit

e La négation employée avec l’inf. cst. est לְבִלְתִּי, littéralement en déficience de, en non-existence de, en néant de (§ 93 q). Cette négation, d’origine nominale, a été préférée pour l’inf. cst. à cause du caractère nominal de celui-ci. Le ל peut avoir des valeurs diverses, selon le contexte, parfois une valeur très faible. Exemples : Gn 3, 1 צִוִּיתִ֫יךָ לְבִלְתִּי אֲכָל־מִמֶּ֫נּוּ je t’ai ordonné de ne pas en manger (cf. § 160 l).

f B) Emplois verbaux. Comme les formes finies, l’inf. cst. peut régir un nom ou un pronom à l’accusatif, p. ex. Dt 10, 15 לְאַֽהֲבָה אוֹתָם pour les aimer (cf. § 49 d) ; il peut régir deux accusatifs, p. ex. Gn 41, 39 ; Dt 26, 19 ; Jos 10, 20. — Sur l’objet de l’action, cf. § i.

Pour l’inf. avec ל continuant une autre forme, cf. § p.

Le caractère verbal de l’inf. cst. apparaît encore parle fait que le sujet de l’action est normalement au nominatif (§ g).

g Le sujet de l’action exprimée par l’inf. cst. peut être au nominatif (et alors l’infinitif montre son caractère verbal) ou au génitif (et alors l’infinitif montre son caractère nominal). Dans beaucoup de cas il est impossible de décider s’il y a nominatif ou génitif. En principe le sujet de l’action doit être considéré comme étant au nominatif : c’est la construction du sémitique primitif, et la vocalisation, dans certains cas, suppose le nominatif.

Le sujet de l’action est évidemment au nominatif quand l’infinitif est séparé du substantif : Nb 35, 6 לָנֻס שָׁ֫מָּה הָֽרֹצֵחַ pour que le meurtrier s’y réfugie ; Gn 4, 15 לְבִלְתִּי הַכּוֹת־אֹתוֹ כָּל־מֹצְאוֹ afin que personne, le rencontrant, ne le tuât ; Ps 56, 1.

Le nominatif est supposé par la vocalisation dans des cas comme Dt 25, 19 בְּהָנִיחַ יְהֹוָה (non בַּֽהֲנִיחַ ; cf. הֲנִיחִי Éz 24, 13). En fait le type de l’inf. hifil הָקִים n’est jamais modifié devant substantif. De même la vocalisation forte לָ (§ 103 c) suppose le nominatif : 2 S 19, 20 לָשׂוּם הַמֶּ֫לֶךְ אֶל־לִבּוֹ. Au contraire la vocalisation exceptionnelle לְ suppose le génitif dans לְצֵאת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל מֵאֶ֫רֶץ מִצְרָ֫יִם au sortir des Israélites du pays d’Égypte (Ex 19, 1 ; Nb 33, 38 ; 1 R 6, 1) ; לְשֶׁ֫בֶת אַבְרָם בְּאֶ֫רֶץ כְּנָ֑עַן au séjour d’Abraham dans le pays de Canaan (Gn 16, 3).

Il y a génitif dans le cas du pronom suffixe, p. ex. בְּמָלְכוֹ (1 S 13, 1 et souvent) ; dans les infinitifs en ◌ָה à l’état cst., p. ex. Dt 1, 27 בְּשִׂנְאַת יְהֹוָה אֹתָ֫נוּ (§ 49 d).