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Voyelles paragogiques

n’a plus qu’une valeur rythmique : אֹהַ֣בְתִּי לָדוּשׁ aimant à fouler (le blé) Os 10, 11 ; — Ps 113, 5, 6 ; 114, 8 ; 123, 1.

o La forme archaïque en ◌ִי a été, dans quelques cas, corrigée par le qeré : Jér 10, 17 : K. יוֹשַׁבְתִּי, Q. יוֹשֶׁ֫בֶת ; Lam 4, 21 ; Éz 27, 3. Dans Jér 22, 23 le qeré demande étrangement יוֹשַׁבְתְּ (§ 89 j) et semblablement (ibid.) מְקֻנַּנְתְּ ; 51, 13 שֹׁכַנְתְּ. Dans tous ces exemples la forme en ◌ִי est justifiée et peut être considérée comme authentique. Au contraire, dans 2 R 4, 23, K. הֹלַכְתּי est probablement fautif dans ce texte de prose très simple ; le ◌ִי sera dû à l’influence de אַתִּי.

On trouve un exemple probable de participe passif[1] dans Gn 31, 39 גְּנֻֽבְתִי יוֹם וּגְנֻֽבְתִי לָ֑יְלָה volée de jour et volée de nuit : ce serait l’unique exemple probable de ◌ִי paragogique en prose.

p Le ◌ִי est purement fautif dans Ps 113, 8 לְהֽוֹשִׁיבִי (◌ִי amené par les ◌ִי paragogiques qui précèdent et suivent) ; il est suspect dans Ps 116, 1 קוֹלִי תַּחֲנוּנָ֑י, car ailleurs on a toujours (5 f.) קוֹל תּ׳.

q Le ◌ִי paragogique se trouve toujours dans la particule négative בִּלְתִּי (§ 160 m), לְבִלְתִּי (§ 160 l), qui suppose une forme בֵּלֶת* ou בֶּלֶת* (rac. בלה) usure, consomption, d’où déficience, non-existence ; toujours (6 fois) dans זֽוּלָתִי à l’exception de (donc l’unique זוּלַת 2 R 24, 14 est suspect). On a assez souvent la forme poétique מִנִּי pour מִן § 103 d. Dans la locution אֲנִי וְאַפְסִי עוֹד moi, et moi exclusivement ◌ִי est plutôt le suffixe de la 1re personne que le ◌ִי paragogique (§ 160 n).

r Voyelle paragogique וֹ. Cette voyelle se trouve seulement dans quelques noms à l’état construit, notamment חַיָּה animal. De même que le ◌ִי de l’état cst. provient du ◌ִי du type אֲבִי (lequel provient lui-même du génitif sémitique ʾabī § l), le וֹ provient probablement du ā de l’accusatif du type ʾabā § b. On l’a affecté à l’état cst., dans quelques cas, au lieu de ◌ִי, pour des raisons qui nous échappent. Au lieu de בְּנִי Gn 49, 11 (§ m) on a בְּנוֹ צִפֹּר fils de Ṣ. Nb 23, 18, בְּנוֹ בְעֹר fils de B. 24, 3, 15 (textes poétiques et archaïques). Au lieu de לְמַעְיְנוֹ־מָ֑יִם Ps 114, 8 il faut p.-ê. lire le pluriel לְמַעְיְנֵי (cf. LXX, Pesh., Jér.). Enfin on a 7 fois חַיְתוֹ (dont 1 f. en prose).

  1. Cependant la forme pourrait être un qatāl > קָטוֹל avec abrègement de ọ̄ (comp. שָׁלשׁ, שְׁלָשְׁתָּם) ; Brockelmann, 2, 251 traduit Diebstahl.