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Voyelles paragogiques

parenté bilittères אֲבִי, אֲחִי, חֲמִי* (§ 98 b)[1]. Ce ◌ִי a été employé en poésie, avec le nom, l’adjectif et surtout le participe, d’abord pour exprimer l’état construit, au sens strict ou au sens large ; puis, comme voyelle purement rythmique. Dans quelques particules il est devenu partie intégrante du mot (§ q).

m Avec substantifs. Dans certains noms propres composés, dont le premier substantif est construit sur le second : מַלְכִּי־צֶ֫דֶק roi de justice, גַּבְרִיאֵל homme de Dieu, עַבְדִּיאֵל serviteur de Dieu, חַנִּיאֵל grâce de Dieu (comp. le phénicien Hannibal = חַנִּיבַ֫עַל). De plus בְּנִי אֲתֹנוֹ son ânon (son fils-d’ânesse) Gn 49, 11 ; עַל־דִּבְרָתִי מַלְכִּי־צֶ֫דֶק à la manière de M. Ps 110, 4 ; devant préposition רַבָּ֫תִי בַגּוֹיִם la Grande parmi les nations et שָׂרָ֫תִי בַּמְּדִינוֹת la Princesse parmi les provinces Lam 1, 1[2].

Avec adjectifs : רַבָּ֫תִי עָם populeuse (nombreuse de peuple) Lam 1, 1 ; מְלֵֽאֲתִי מִשְׁפָּט pleine de justice Is 1, 21.

n Avec le participe le ◌ִי de l’état construit est assez fréquent. Ce fait tient d’une part à ce qu’un participe précédant un substantif se met volontiers à l’état construit (§ 121 l), d’autre part à ce qu’un participe, comme p. ex. קֹטֵל, garde ordinairement ◌ֵ à l’état cst. : une forme telle que קֹֽטְלִי avait donc l’avantage d’exprimer clairement l’état construit.

Avec génitif : עֹֽזְבִי הַצֹּאן abandonnant le troupeau (abandonneur du troupeau) Zach 11, 17 (רֹעִי הָֽאֱלִיל pasteur de néant pour רֹעֵה est étrange ; p.-ê. pour l’assonance) ; שֹֽׁכְנִי סְנֶה habitant du buisson Dt 33, 16.

Par extension, dans des constructions, où il y a état construit (devant préposition) : שֹֽׁכְנִי בְּחַגְוֵי הַסֶּ֫לַע habitant dans les refuges du rocher Jér 49, 16[3]). Puis, par extension de cette construction : חֹֽצְבִי מָרוֹם קִבְרוֹ taillant dans la hauteur son tombeau Is 22, 16 ; שֹֽׁכְנִי לְבָדָד יַ֫עַר habitant solitairement une forêt Mich 7, 14 ; — Ps 101, 5 ; 113, 7 ; Gn 49, 11.

Enfin il y a des cas sans aucune idée, même lointaine, d’état construit. La voyelle ◌ִי, de même qu’il est arrivé pour ◌ָה (§§ i-k),

  1. L’ī du type אֲבִי, spécial à l’hébreu, semble être l’ancien ī du génitif *ʾabī (§ b) affecté à une nouvelle fonction, après la perte des cas (cf. § 98 b).
  2. Le ton mileʿel dans ces deux exemples est peut-être dû à רַבָּ֫תִי עָם qui précède (où il y a nesīgah).
  3. Comp. la construction du type יֹֽשְׁבֵי בְּאֶ֫רֶץ צַלְמָ֫וֶת Is 9, 1 (§ 129 m).