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Préposition

Devant les suffixes lourds *ʾāt s’est abrégé en *ʾat[1], devenu par un nouvel affaiblissement ʾe̦t, p. ex. אֶתְכֶם[2]. On a cette même forme avec maqqef, à savoir en liaison très étroite : אֶת־. En liaison moins étroite la particule devient tonique, et en conséquence אֶת־ devient אֵת[3]. La voyelle e (◌ֵ, ◌ֶ) a pu être favorisée par la préposition אֵת, אֶת־ avec.

À la 3e pl. on a plutôt אֹתָם que אֶתְהֶם[4], mais אֶתְהֶן est plus fréquent que אֹתָן. Les formes de l’exposant de l’accusatif se trouvent souvent avec le sens de la préposition אֵת avec (cf. § j). Par contre, Aquila, identifiant les deux particules, traduit l’exposant de l’accusatif par σύν !

Remarque. L’origine et le sens de la particule *ʾāt sont discutés. C’est probablement un ancien substantif à sens vague. On pourrait admettre le sens de chose, et rapporter le mot à la racine אוה désirer. Dans les langues sémitiques plusieurs mots pour volonté, désir aboutissent au sens de chose, p. ex. arabe šai̯ʾ, syriaque eḇūṯå. Le mot *ʾāt, vidé de son sens[5], a été affecté à une fonction grammaticale[6].

l Flexion des prépositions qui prennent les suffixes comme le nom pluriel. Quelques prépositions prennent les suffixes comme fait le nom pluriel, soit que la préposition soit un vrai pluriel comme סְבִיבוֹת, בֵּינוֹת, soit qu’il y ait seulement apparence de pluriel comme pour תַּ֫חַת, תַּחְתֵּי, soit enfin que le י appartienne à la racine (עַל, עַד, אֶל). Parmi ces prépositions, qui sont au nombre de sept, בֵּין n’est traité comme nom pluriel qu’avec les suffixes du pluriel. La flexion de ces prépositions n’offrant pas de difficulté, on s’est contenté de donner dans le paradigme la flexion de עַל, עַד (semblable à עַל), אֶל, dont la voyelle est variable, et de בֵּין.

m A. Prépositions à racine ל״י : עַל, עַד, אֶל (Paradigme 20).

עַל־ sur (presque toujours avec maqqef § 13 b). Le י radical est

  1. Comparer l’alternance ā (ọ̄) et a dans רֹאשׁ, רָאשִׁים § 98 f ; שְׂמֹאל, שְׂמָאלִי.
  2. Comparer l’affaiblissement de a en dans יֶדְכֶם § 29 e.
  3. Ce ◌ֵ se trouve donc provenir indirectement d’un a !
  4. Comparer p. ex. אֲבוֹתָם plutôt que אבֹֽתֵיהֶם § 94 g.
  5. L’emploi de אֹתִי etc. avec le sens réfléchi (§ 146 k) indique cependant que le sens premier n’était pas entièrement effacé.
  6. On peut comparer l’emploi souvent pléonastique de šān « chose », (= شَأْن) dans le dialecte arabe d’Égypte, p. ex. ʿalā šān ke « à cause de cela, c’est pourquoi » (comp. עַל־כֵן), ʿalā šān inno « afin qu’il… ».