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Voyelles paragogiques

à l’autel, surtout avec הִקְטִיר faire fumer (Ex 29, 13, 25 etc.), aussi avec הֶֽעֱלָה faire monter (Lév 14, 20), זָרַק asperger (2 Ch 29, 22). Or, avec tous ces verbes, on a aussi עַל הַמִּזְבֵּחַ ; les deux expressions sont donc pratiquement synonymes. Dans Jér 29, 15 בָּבֶ֫לָה (si authentique) signifierait dans Babylone (sans mouvement).

C’est sans doute à l’analogie du nom avec ◌ָה ou sans ◌ָה qu’on emploie שָׁ֫מָּה surtout quand il y a mouvement, et שָׁם surtout quand il n’y a pas mouvement, § 102 h.

f Le ◌ָה de direction se trouve parfois après des prépositions exprimant déjà l’idée de mouvement vers ; il fait alors double emploi avec la préposition : אֶל־הַצָּפ֫וֹנָה vers le nord Éz 8, 14 † (comme צָפ֫וֹנָה 40, 40), לִשְׁא֑וֹלָה Ps 9, 18 † vers le sheol (comme l’usuel שְׁאֹ֫לָה). Le ◌ָה peut perdre sa valeur première au point d’être employé avec des prépositions sans idée de mouvement : לְמַ֫עְלָה[1] au dessus, en haut (avec ou sans mouvement), מִלְמַ֫עְלָה d’en haut, au dessus (sans mouvt) ; לְמַ֫טָּה en bas (avec ou sans mouvt), מִלְּמַ֫טָּה d’en bas, en bas (sans mouvt) ; בַּנֶּ֫גְבָּה dans le sud Jos 15, 21 (probablement parce que נֶ֫גְבָּה est assez fréquent) ; מִצָּפ֫וֹנָה du nord Jos 15, 10 ; cf. Jug 21, 19 † (probt parce que צָפ֫וֹנָה est assez fréquent). Avec les noms de villes, le ◌ָה a fini quelquefois par faire partie intégrante du mot. Ainsi à côté de תִּמְנָה on a עַד־כַּרְמֵי תִמְנָ֫תָה jusqu’aux vignes de Timna Jug 14, 5, בְּתִמְנָ֫תָה v. 2 ; on a toujours אֶפְרָ֫תָה (7 f. ; 1 f. אֶפְרָת, Gn 48, 7 b, probt fautif : haplographie, § 89 n) ; voir encore הַגֻּדְגֹּ֫דָה Dt 10, 7 b, קְהֵלָ֫תָה Nb 33, 23 ; יָטְבָ֫תָה v. 33. La cause de ce phénomène est sans doute qu’avec les noms de villes on avait souvent l’occasion d’employer l’accusatif de direction, p. ex. : « Je vais à Ephrata »[2].

g On a probablement l’a de l’accusatif dans le substantif masc. לַ֫יְלָה nuit[3]. Le mot est resté figé à l’accusatif déterminé de temps,

  1. Remarquer l’absence de ḥaṭef auxiliaire, après voyelle tonique ; opposer מַֽעֲלָה, מַֽעֲלֶה (cf. § 22 b 1).
  2. C’est ainsi que Stamboul vient de εἰς τὴν πόλιν, Isnik de εἰς Νίκαια, Stanco de εἰς τὴν Κῶ, etc.
  3. 3 fois seulement לַ֫יִל, cst. לֵיל ; pl. לֵילוֹת. La forme primitive lai̯lai̯ a été, en hébreu (et en arabe), abrégée en lai̯l ; cf. Brockelmann, 1, p. 260, 464. Dans לַ֫יְלָה la contraction de ai̯ en ẹ̄ n’a pas lieu (cf. § 26 c N ; tendance à changer le moins possible la vocalisation, § 93 c) ; opposer לֵילוֹת.