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91 dh
Duel

quand il s’agit d’objets artificiels : עֲיָנוֹת sources, כַּפּוֹת poignées, palmes, coupes, כְּנָפוֹת coins, extrémités, קְרָנוֹת cornes (de l’autel), יָדוֹת tenons, essieux et même au sens de bras (du trône de Salomon 1 R 10, 19), רְגָלִים (fém.) fois. On remarquera que la plupart de ces pluriels féminins sont en וֹת (cf. § 134 q).

e Plusieurs noms employés au duel n’ont pas de forme plurielle, soit absolument, soit pour le sens propre ; on emploie alors le duel pour le pluriel : אַרְבַּע רַגְלַ֫יִם 4 pattes Lév 11, 23 ; שֵׁשׁ כְּנָפַ֫יִם 6 ailes Is 6, 2 ; Éz 1,6 ; שִׁבְעָה עֵינַ֫יִם 7 yeux (d’une pierre, Zach 3, 9 ; ici עַ֫יִן masc. § 134 a N) ; שְׁלשׁ שִׁנַּ֫יִם 3 dents (d’une fourchette, 1 S 2, 13) ; כָּל־בִּרְכַּ֫יִם tous les genoux Éz 7, 17 ; כָּל־יָדַ֫יִם toutes les mains 21, 12 ; מְצִלְתַּ֫יִם (plusieurs) cymbales Néh 12, 27 ; שְׁפַתַּ֫יִם (plusieurs) crochets doubles Éz 40, 43.

f Finales apparentes du duel. Dans מַ֫יִם eau, eaux et שָׁמַ֫יִם ciel, cieux (§ 98 e) on a un pluriel anormal, non un duel. Dans ces deux mots la finale du pluriel īm a été réduite à ĭm sous l’influence du ton. On peut comparer en aram. biblique le participe pluriel du type בָּנַ֫יִן bâtissant (pour bå̄nai̯ + īn) des verbes ל״י. De même en arabe un nom tel que *muṣṭafa(i̯) fait au pluriel (du génitif-accus.) muṣṭafái̯na avec abrègement de la finale īna ; le futur *i̯arḍa(i̯) fait à la 2e p. sg. f. tarḍái̯na, avec abrègement de la finale īna.

g Le mot עַרְבַּ֫יִם dans la locution בֵּין הָֽעַרְבַּיִם ne peut être qu’un duel : entre les deux soirs[1]. Il s’agit probablement des deux parties extrêmes du temps appelé עֶ֫רֶב[2]. Dans צָֽהֳרַ֫יִם midi le duel pourrait p.-ê. s’expliquer en considérant le point de midi comme le sommet de deux lignes qui se rencontrent ; mais il semble plus probable que *a̦i̯m est ici la dissociation d’une finale *ām (le lieu ou le temps[3] de midi). La finale de נַהֲרַ֫יִם Mésopotamie (?) est diversement expliquée, ainsi que celle de מִצְרַ֫יִם Égypte.

h Les finales ◌ַ֫יִם, ◌ָם; ◌ַ֫יִן, ◌ָן de localités peuvent dans certains cas représenter le duel. Mais dans le cas où l’idée du duel n’est pas justifiée, il y a finale locale ; ai̯ est alors dissocié de ā.

  1. Cf. Nöldeke, Zeitschrift für Assyriologie, 30 (1916), p. 168.
  2. Comparer § 136 b.
  3. Comp. p.-ê. יוֹמָם § 102 b.