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135 d — 136 b
Pluriel
  1. Esth 1, 8 ; דּוֹר וָדוֹר chaque siècle Dt 32, 7 ; יוֹם וָיוֹם chaque jour Esth 3, 4.
  2. Idée de divers, de diverses espèces : אֶ֫בֶן וָאֶ֫בֶן diversa pondera Dt 25, 13 (cf. Pr 20, 10) ; לֵב וָלֵב cœurs divers = cor duplex Ps 12, 3 ; 1 Ch 12, 33.

e La répétition d’un nom singulier ou pluriel est un procédé de style pour exprimer certaines nuances. Singulier : Dt 2, 27 בַּדֶּ֫רֶךְ בַּדֶּ֫רֶךְ אֵלֵךְ je marcherai constamment par la route ; 2 R 25, 15 אֲשֶׁר זָהָב זָהָב tout ce qu’il y avait en or (cf. Thenius, in h. l.). — Pluriel : Ex 8, 10 חֳמָרִים חֳמָרִים des tas très nombreux ; Gn 14, 10 puits de bitume très nombreux (cf. § 129 r) ; Joël 4, 14 multitudes innombrables.

§ 136. Pluriel.

a Le pluriel s’emploie surtout pour désigner une pluralité d’êtres distincts. Il s’emploie aussi, assez largement, pour désigner des choses qui, tout en ayant une véritable unité, éveillent cependant, de quelque façon, une certaine idée de pluralité. Ainsi dans un objet composé on peut considérer les éléments composants, dans un objet étendu les diverses parties, dans un être particulièrement parfait la multiplicité ou l’intensité de l’être, et même dans un abstrait la multiplicité des manifestations. On peut ainsi distinguer en hébreu les pluriels de composition, d’extension, d’excellence ou de majesté, d’intensité, d’abstraction.

Beaucoup de ces pluriels sont des pluralia tantum (§ 90 f). De plus un bon nombre de ces pluriels ne se rencontrent qu’en poésie.

b Pluriel de composition : חִטִּים le blé en tant que collection de grains ou de tiges, p. ex. toujours קְצִיר חטּים moisson du blé Gn 30, 14 (חִטָּה désigne le blé en tant qu’espèce : Ex 9, 32 ; Dt 8, 8) ; même distinction entre שְׂעֹרָה et שְׂעֹרִים orge, פִּשְׁתָּה et פִּשְׁתִּים lin ; כֻּסֶּ֫מֶת et כֻּסְּמִים épeautre. De כֶּ֫סֶף on a כְּסָפִים Gn 42, 25 pièces d’argent ; de עֵץ on a עֵצִים pièces ou morceaux de bois ; de בְּדִיל on a בְּדִלִים parcelles de plomb Is 1, 25. En poésie לֵילוֹת semble signifier parfois parties de la nuit, heures nocturnes Is 21, 8 (cf. LXX) ; Ct 3, 1, 8 ; Ps 16, 7 ; 92, 3 ; 134, 1. — Le pluriel דָּמִים désigne le sang à l’état de dispersion (taches, flaques de sang) et donc le sang versé dans un meurtre Gn 4, 10, et par suite le meurtre Éz 22, 2.

Comparer, avec le duel de composition, נְחֻשְׁתַּ֫יִם deux pièces d’airain = chaînes (d’un prisonnier ; comp. fr. les fers), עַרְבַּ֫יִם § 91 g.