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48 d — 49 a
Impératif — Infinitif

rarement קִטְלָה, p. ex. מִכְרָה Gn 25, 31 (avec gutturale, p. ex. עֶרְכָֿה Job 33, 5 ; אֶסְפָֿה Nb 11, 16). Dans le type כְּבַד on a naturellement כִּבְדָה, p. ex. שִׁכְבָה, שִׁמְעָה ; exception קָרְבָֿה Ps 69, 19 malgré קְרַב[1].

Cette afformante ◌ָה est traitée comme les afformantes ◌ִי, וּ (§§ b, c) ; ainsi les formes pausales sont קְטֹ֑לָה, כְּבָ֑דָה, לֵ֑כָה.

La raison qui fait souvent préférer la forme en ◌ָה semble d’ordinaire purement euphonique. L’usage est du reste très variable ; ainsi on a תְּנָה 23 fois et תֵּן 16 fois ; au contraire לֵךְ est beaucoup plus fréquent que לְכָה (écrit 3 fois לְךָ). On a toujours ח֫וּשָׁה hâte-toi (8 f., dont 7 dans Ps), הַגִּ֫ישָׁה fais approcher (5 f.), ע֫וּרָה éveille-toi (6 f., dans Ps), הִשָּֽׁבְעָה jure (5 f.), הַקְשִׁ֫יבָה prête l’oreille, écoute (9 f. ; 1 f. הַקְשֵׁב Job 33, 31).

La nuance ajoutée par ◌ָה étant pratiquement insensible, pour avoir un sens plus fort, on ajoute la particule de sentiment נָא (cf. § 45 b), p. ex. לֶךְ־נָא Gn 27, 9 ; לְכָה־נָּא Nb 23, 27 va donc ; va, je te prie (cf. § 105 c).

§ 49. Infinitif.

a L’infinitif (§ 40 b) est dit absolu ou construit[2] d’après sa forme et d’après son emploi syntaxique (§§ 123−124).

Dans la conjugaison qal, les deux infinitifs sont rigoureusement distingués : inf. abs. קָטוֹל, inf. cst. קְטֹל[3]. Ces deux formes, qui ont actuellement une certaine ressemblance, n’ont originairement aucun rapport. L’inf. abs. est une forme nominale *qatāl, devenue normalement קָטוֹל (avec ọ̄ long ; très souvent[4] graphie défective קָטֹל). L’inf. cst. קְטֹל, comme l’impératif קְטֹל, vient de *qetul (l’ọ̄ est moyen ; la

  1. Ici encore le shewa est moyen (cf. § c N).
  2. Quand on dit (p. ex. dans cette grammaire) l’infinitif, sans épithète, il s’agit de l’infinitif construit, lequel est l’infinitif ordinaire, l’infinitif absolu ne s’employant que dans des cas très spéciaux.
  3. Dans les paradigmes, afin de mieux distinguer les deux infinitifs, nous faisons précéder l’infinitif construit de la préposition (לְ), p. ex. (לִ)קְטֹל, (לָ)קוּם.
  4. L’usage est très variable ; ainsi on a הָלוֹךְ 34 fois, הָלֹךְ 12 f. ; par contre יָדוֹעַf., יָדֹעַ 11 f. — Kautzsch (§ 45 a) dit à tort que la graphie קָטֹל se trouve seulement « quelquefois » (de même Bauer-Leander, 1, 317).