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122 c — 123 a
Infinitif absolu
  1. chacune des trois sphères temporelles. Les formes expriment donc le temps d’une façon moins parfaite que nos langues. Après une première forme situant l’action dans une sphère temporelle, il y a assez souvent une certaine liberté pour la forme du verbe suivant, laquelle semble parfois être employée d’une façon atemporelle et prendre la valeur de la forme précédente.
  2. 2) On ne peut pas exprimer à la fois la nuance de succession et le volitif. Ainsi on ne peut pas rendre exactement : « Je veux aller et je veux (ensuite) glaner » ; il faut sacrifier l’expression de la succession ou celle de la volonté, et dire ou : « Je veux aller et glaner » (Ruth 2, 2) ou « Je veux aller et (ensuite) je glanerai » (cf. Ruth 2, 7).
  3. 3) Quand une seconde action est négative on ne peut exprimer ni la succession, ni la finalité-consécution, puisque la négation est généralement וְלֹא (pour la finalité, parfois וְאַל ; cf. § 116 j).
  4. 4) Les formes volitives avec וְ sont équivoques. Le waw peut être purement coordinatif (volitif direct) ou modal (volitif indirect : finalité-consécution).
  5. 5) Signalons enfin le déficit morphologique. Dans beaucoup de cas la forme est équivoque. Ainsi אֶגְלֶה peut être employé comme cohortatif aussi bien que comme indicatif, יִקְטֹל, יָשִׁ֫יבוּ comme jussif aussi bien que comme indicatif. Et de même pour les formes avec suffixes. Enfin la forme du cohortatif (§ 114 b N) et du jussif (§ 114 g N) est parfois négligée.
§ 123. Infinitif absolu.

a L’infinitif absolu (§ 49) est un nom verbal d’action (dans les verbes actifs) ou d’état (dans les verbes statifs). Ainsi s’explique qu’il a certains emplois semblables à ceux du nom, et certains autres semblables à ceux du verbe. Ainsi un infin. abs. tel que רָפוֹא répond à la fois à lat. sanatio et à sanare[1]. Nous distinguerons les emplois A) nominaux et B) les emplois verbaux (§ t).

  1. Originairement plutôt à sanatio. Ce serait un substantif sanatio capable de régir un accusatif. Comp. curatio avec l’acc. dans Plaute (Amph., 519) : Quid tibi hanc curatio est rem ? (= Quid curas hanc rem ?) ; Quid tibi hanc digito tactio est ? (Poen. 5, 5, 29).