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Loteries des Romains, (Hist. rom.) en latin pittacia, n. pl. dans Pétrone.

Les Romains imaginerent pendant les saturnales des especes de loteries, dont tous les billets qu’on distribuoit gratis aux conviés, gagnoient quelque prix ; & ce qui étoit écrit sur les billets se nommoit apophoreta. Cette invention étoit une adresse galante de marquer sa libéralité & de rendre la fête plus vive & plus intéressante, en mettant d’abord tout le monde de bonne humeur.

Auguste goûta beaucoup cette idée ; & quoique les billets des loteries qu’il faisoit consistassent quelquefois en de pures bagatelles, ils étoient imaginés pour donner matiere à s’amuser encore davantage ; mais Néron, dans les jeux que l’on célébroit pour l’éternité de l’empire, étala la plus grande magnificence en ce genre. Il créa des loteries publiques en faveur du peuple de mille billets par jour, dont quelques-uns suffisoient pour faire la fortune des personnes entre les mains desquels le hasard les distribuoit.

L’empereur Héliogabale trouva plaisant de composer des loteries moitié de billets utiles & moitié de billets qui gagnoient des choses risibles & de nulle valeur. Il y avoit, par exemple, un billet de six esclaves, un autre de six mouches, un billet d’un vase de grand prix, & un autre d’un vase de terre commune, ainsi du reste.

Enfin en 1685 Louis XIV. renouvella dans ce royaume la mémoire des anciennes loteries romaines : il en fit une fort brillante au sujet du mariage de sa fille avec M. le Duc. Il établit dans le salon de Marly quatre boutiques remplies de ce que l’industrie des ouvriers de Paris avoit produit de plus riche & de plus recherché. Les dames & les hommes nommés du voyage, tirerent au sort les bijoux dont ces boutiques étoient garnies. La fête de ce prince étoit sans doute très-galante, & même à ce que prétend M. de Voltaire, supérieure en ce genre à celle des empereurs romains. Mais si cette ingénieuse galanterie du monarque, si cette somptuosité, si les plaisirs magnifiques de sa cour eussent insulté à la misere du peuple, de quel œil les regarderions-nous ? (D. J.)

LOTH, s. m. (Commerce.) poids usité en Allemagne, & qui fait une demi-once ou la trente-deuxieme partie d’une livre commune.

LOTHIANE, (Géogr.) en latin Laudamia, province maritime de l’Ecosse méridionale, sur le golfe de Forth. C’est la plus belle, la plus fertile & la plus peuplée de toute l’Ecosse. On la divise en trois parties, l’une orientale, l’autre occidentale, & une troisieme qui est celle du milieu, nommée par cette raison mid-Lothian ; c’est dans cette derniere partie qu’est Edimbourg, capitale de l’Ecosse. (D. J.)

LOTIER, lotus, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur légumineuse ; il sort du calice un pistil qui devient dans la suite une silique divisée dans quelques especes en cellules par des cloisons transversales ; cette silique renferme des semences ordinairement arrondies. Ajoutez à ces caracteres qu’il y a trois feuilles sur un même pédicule, dont la base est encore garnie de deux autres feuilles. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Lotier odorant, (Botan.) ou trefle odoriférant, ou trefle musqué. C’est une des especes de mélilot, c’est le melilotus major, odorata, violacca de Tournefort, hist. 407, lotus hortensis, odora de C. B. P. 330. Trisolium odoratum de Gérard, de Parkinson & de Ray, histor. I. 950.

Sa racine est menue, simple, blanche, ligneuse, garnie de quelques fibres. Sa tige est au-moins haute d’une coudée, droite, grêle, cannelée, un peu anguleuse, lisse, creuse & branchue des le bas. Ses feuilles naissent alternativement portées trois ensemble sur une longue queue ; elles sont d’un verd pâle,

lisses, dentelées tout au tour : celles du bas des tiges sont obtuses, plus courtes & plus arrondies : celles du haut sont plus longues & plus pointues. Des aisselles des feuilles supérieures sortent de longs pédicules qui portent des épics ou des bouquets de petites fleurs légumineuses d’un bleu clair, répandant une odeur aromatique un peu forte, mais agréable, & qui dure même lorsque la plante est arrachée & sechée. Il s’éleve du calice de chaque fleur un pistil qui se change en une capsule dure, nue, c’est à-dire qui n’est pas cachée dans le calice comme dans le trefle, & qui renferme deux ou trois graines jaunes odorantes & arrondies. Cette plante est annuelle : on la cultive dans les jardins pour sa bonne odeur. (D. J.)

Lotier odorant, (Mat. med.) trefle musqué, ou faux baume du Pérou.

Les feuilles & les fleurs de cette plante sont d’usage en Medecine.

Cette plante déterge, digere, calme les douleurs, résout le sang épanché & grumelé, & consolide les plaies. Quelques-uns même la mettent au nombre des alexipharmaques : on la mêle dans les potions vulnéraires avec les autres plantes vulnéraires. Les sommités fleuries prises à la dose d’un gros en décoction dans du vin ou dans de l’hydromel, guérissent la pleurésie en procurant la sueur. Cette même décoction excite les regles & les urines : on dit qu’on la donne encore utilement, ou la graine pilée à la dose d’un gros dans du vin, contre le poison, quand on croit avoir été empoisonné.

On l’emploie extérieurement dans les décoctions & les fomentations vulnéraires. On fait avec les sommités fleuries, macerées dans l’huile commune, une huile qui est très-recommandée pour réunir les plaies & les défendre de l’inflammation, pour guérir les hernies des enfans, pour amollir & faire aboutir les tumeurs.

On met dans les habits la plante quand elle est séche, & l’on croit qu’elle empêche qu’ils ne soient mangés des vers. L’eau distillée passe pour vulnéraire & ophtalmique. Geoffroi, mat. med.

LOTION, s. f. (Chimie.) l’action de laver. Ce mot n’est usité, & même peu usité, que dans la Chimie pharmaceutique ; il s’emploie dans le même sens que celui d’édulcoration, & ce dernier est beaucoup plus en usage. Voyez Edulcoration. L’action de laver, dans les travaux de la Métallurgie, s’appelle lavage, voyez Lavage. (b)

Lotion, (Med. thérap.) l’action de laver différentes parties du corps, comme la tête, les mains & les piés : c’est là une espece de bain, voyez Bain. La lotion des piés, qui est la plus usitée des lotions medicinales & celle dont les effets sont les mieux observés, est connue dans l’art sous le nom de pédiluve, voyez Pédiluve.

C’est un usage établi chez plusieurs peuples, & principalement chez ceux qui habitent les pays du Nord, de se laver habituellement la tête, les piés & les mains avec de l’eau froide : cette pratique est recommandée par plusieurs medecins, tant anciens que modernes, & Loke la recommande beaucoup dans son traité de l’éducation des enfans. Nous sommes assez portés à la croire salutaire, sur-tout lorsqu’on s’y est accoutumé dès la plus tendre enfance. Nous en avons parlé à l’article Eau, Matiere médicale. Voyez cet article. (b)

LOTISSAGE. s. m. (Commerce.) c’est la division que l’on fait de quelque chose en diverses parts, pour être tirées au sort entre plusieurs personnes.

Ce terme n’est guere usité que dans les communautés de Paris, qui font lotir les marchandises foraines qui arrivent dans leurs bureaux. Voyez Lotissement.