des trous percés à l’extrémité inférieure de la laniere, qui dans la plus grande portion de son étendue est simple, & non à deux doubles. Dans cet état on accroche les étrivieres aux porte-étriers, avec d’autant plus de facilité qu’ils sont très-mobiles, & qu’en soûlevant les quartiers de la selle on les apperçoit sur le champ ; & pour que le crochet ne se dégage point de la châsse qui le contient, il est muni d’un petit ressort fixement attaché par deux rivets près de la partie supérieure de son œil, & qui s’éleve en s’éloignant du montant, pour s’appliquer à la pointe.
Par cette méthode on remédie à tous les inconvéniens qui résultent des chapelets suspendus au pommeau, ainsi que de ceux dont on se servoit autrefois, & qui embrassoient toute la batte. Si l’on a attention dans la construction de ces nouveaux porte-étrivieres, de les forger exactement d’une même longueur, & de les adapter à toutes les selles du manége, il est certain que les étrivieres décrochées aisément en appliquant un doigt contre le ressort, qui dès-lors est rapproché du montant, seront transportées d’une selle à l’autre, sans que leur longueur puisse jamais en être augmentée ou diminuée, pourvû néanmoins qu’elles ayent subi l’extension dont elles sont d’abord susceptibles, & que les platines des crochets soient toutes égales. Ici nous supprimons totalement les boutons coulans, puisqu’ils ne seroient d’aucune utilité, vû la simplicité de chaque étriviere. On comprend sans doute que cette invention peut avoir lieu indistinctement sur toutes sortes de selles ; elle a été adoptée par une foule d’étrangers que l’usage & l’habitude ne tyrannisent point, & qui ont fait sans peine céder d’un & l’autre à l’avantage d’avoir toûjours la même paire d’étrivieres, sur quelque selle qu’ils montent.
Dans les manéges où les éleves ne peuvent monter à cheval que par le secours d’un étrier (voyez Etriers), on place le chapelet au pommeau : les étrivieres & les deux étriers sont ensemble du côté gauche. Le palefrenier pese sur la batte, pour obvier à ce que la selle ne tourne ; & lorsque le cavalier est en selle, on enleve le chapelet. Quelquefois aussi ce même chapelet est inutile, en ce qu’il ne lui reste qu’un seul étrier & qu’une seule étriviere passée dans l’anneau suspendu à la chappe de cuir. Cette maniere de présenter aux disciples un appui pour qu’ils puissent s’élever jusque sur l’animal, ne seroit nullement condamnable, si l’on étoit attentif à mesurer la hauteur de l’etrier à la taille de chaque disciple ; mais le tems qu’exigeroit cette précaution, engage à passer très-legerement sur ce point d’autant plus important, qu’il est impossible qu’un cavalier monte à cheval avec grace, si l’étrier n’est point à une hauteur proportionnée, le préférerai donc toûjours à cet égard une simple courroie d’environ cinq piés, non repliée, & bredie à son extrémité insérée dans l’œil de l’étrier. Cette courroie est présentée de façon que cette même extrémité touche du côté du montoir en-arriere de la batte, tandis que le palefrenier placé au hors-montoir, maintient le reste de la laniere sur le pommeau & en-avant de cette même batte ; & peut par la simple action d’élever ou d’abaisser la main, élever ou abaisser l’étrier au gré & selon la volonté & le desir du disciple.
Les étrivieres ne sont point placées dans les selles de poste, comme dans les autres. Voyez Porte-étrivieres. Voyez aussi Selle. (e)
* ETROIT, adj. (Gramm.) terme relatif à la dimension d’un corps ; c’est le correlatif de large. Si cette dimension considérée dans un objet, relativement à ce qu’elle est dans un autre que nous prenons pour mesure, ne nous paroît pas assez grande, nous disons qu’il est étroit. Quelquefois c’est l’usage que nous-mêmes faisons de la chose, qui nous la fait dire
large ou étroite : nous sommes alors un des termes de la comparaison. Large est le correlatif d’étroit. Les termes large & étroit ne présentant rien d’absolu, non plus qu’une infinité de termes semblables, ce qui est large pour l’un, est étroit pour l’autre ; & réciproquement. Etroit s’employe au moral & au physique, & l’on dit un canal étroit & un esprit étroit.
Etroit, adj. (Jurispr.) en cette matiere signifie ce qui se prend à la lettre & en toute rigueur, comme droit étroit. Voyez ci-devant Droit étroit.
On dit aussi qu’un juge a fait d’étroites inhibitions, pour dire des défenses séveres.
Etroit conseil, ou conseil étroit, voyez au mot Conseil étroit. (A)
Etroit de boyau, (Manége, Maréchall.) expression assez impropre, par laquelle on a prétendu désigner un cheval qui manque de corps, & dont le ventre s’eleve du côté du train de derriere, à-peu-près comme celui des lévriers. L’animal qui peche ainsi dans sa conformation, étoit anciennement appellé estrac, esclame.
Ce défaut est directement opposé à celui des chevaux auxquels nous reprochons d’avoir un ventre de vache. (e)
ETRONÇONNER, (Jardinage.) est le même qu’ébotter, étêter. Voyez Etêter.
ETROPE, s. f. (Marine.) On donne ce nom en général à des bouts de cordes épissés, à l’extrémité desquels on a coûtume de mettre une cosse de fer (espece d’anneau) pour accrocher quelque chose.
Etrope, Gerseau, Herse de Poulie, (Marine.) C’est une corde qui est bandée autour d’un moufle ou arcasse de poulie, tant pour la renforcer & empêcher qu’elle n’éclate, que pour suspendre la poulie aux endroits où elle veut être amarrée.
Etropes de Marche-pié, (Marine.) Ce sont des anneaux de corde qui sont le tour de la vergue, au bout desquels & dans une cosse passent les marche-piés. Ils ont chacun un cep de mouton pour roidir ces marche-piés, les saisissant vers le bout de la vergue.
Etropes d’Affut, (Mar.) Ce sont des herses avec des cosses, qui sont passées au bout de derriere du fond de l’affut d’un canon, où l’on accroche les palens. (Z)
ETROUSSE, s. f. (Jurispr.) signifie adjudication faite en justice. Ce terme n’est plus guere usité que dans les provinces. On dit l’étrousse d’un bail judiciaire, l’étrousse des fruits, &c.
Etrousse est aussi un droit seigneurial dû à la seigneurie de Linieres en Berry, qui est d’un certain nombre de deniers plus ou moins considérable, selon l’état & facultés des habitans. Ce droit se paye pour l’étrousse & malétrousse. Voyez le gloss. de M. de Lauriere, au mot étrousse. (A)
ETRUSQUE, (Académie) Hist. mod. société de savans qui s’assemblent à Cortone ville de Toscane. Elle ne fut fondée que pendant l’automne de 1727, par quelques gentilshommes qui cultivoient les Belles-Lettres & l’étude des antiquités. Pour favoriser le même genre d’études, ils firent acquisition du beau cabinet de l’abbé Onofrio Baldelli, & y ajoûterent une ample bibliotheque. Ils ouvrirent ce double thrésor au public, dans un appartement du palais de son altesse royale, qui est à Cortone. Les académiciens ont pris le nom d’Etrusques, qui convient au but de leur établissement, puisqu’ils s’appliquent principalement à rassembler ce qu’on peut déterrer des monumens des Umbres, des Pelasges, & des Etrusques, qui habitoient l’ancienne Etrurie. Leur symbole est aussi relatif à ce but ; c’est un trépié pythique avec un serpent autour, & le mot ou la devise, obscurâ de re lucida pango, pris de Lucrece, & qui fait allusion à l’explication des antiquités, que se pro-