L’Encyclopédie/1re édition/SELLE

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SELLE, s. f. (Gramm.) petit siége de bois pour une personne, à trois ou quatre piés, sans dos.

Selle la, (Géog. mod.) riviere des Pays-bas ; elle commence dans la Thierache en Picardie, & se perd dans l’Escaut. (D. J.)

Selle, (Métallurgie.) c’est ainsi qu’on nomme dans les fonderies où l’on traite le cuivre, une piece de fer fondu encastrée dans une bâtisse de bois, qui est entrouverte dans le milieu pour recevoir un pilon armé d’un coin ; ce qui fait que cette piece de fer ressemble à une selle renversée. L’usage de cette selle est de diviser les pains ou gâteaux de cuivre pour les faire passer par de nouveaux travaux.

On donne aussi dans les fourneaux de fonderies le nom de selle, à une masse de scories qui couvre la matiere fondue ; elle forme une espece de bosse en dos d’âne, qui laisse un vuide entre elle, & la matiere fondue qui est au-dessous.

Selle, (Marine.) espece de petit coffre, fait de planches, dans lequel le calfat met ses instrumens, & qui lui sert de siége lorsqu’il calfate le pont d’un vaisseau.

Selle d’artisans, (Ustenciles de métiers.) les cordonniers, savetiers, bourreliers, & autres tels ouvriers en cuir, ont de petites selles rondes à trois piés sur lesquels ils sont assis, quand ils cousent leurs ouvrages avec l’alesne. (D. J.)

Selle, (Outil de charron.) c’est un tronc de bois plat épais de dix à douze pouces, d’environ deux piés de circonférence, au milieu duquel en-dessus est une petite cheville de fer de la longueur de quatre à cinq pouces ; ce billot est soutenu sur trois piés de bois posés en triangle & un peu de côté, de la hauteur de trois piés & demi ; cela sert aux charrons pour poser les petites roues, pour les égaliser, monter, &c. Voyez la fig. Pl. du charron.

Selle, terme de mégissier, est une espece de banc à quatre piés, sur lequel les ouvriers mettent les peaux à mesure qu’ils les ont pelées ; il a environ trois piés de longueur afin de servir à deux ouvriers en même tems en cas de besoin. Voyez les Planches du Mégissier.

Selle à poncer, (Parcheminerie.) ce mot se dit chez les Parcheminiers, d’une maniere de forme ou banquette couverte d’une toile rembourrée, sur laquelle ils poncent le parchemin après qu’il a été raturé sur le sommier. Savary. (D. J.)

Selle, (Maréchal.) espece de siége rembourré qu’on met sur le dos du cheval pour la commodité du cavalier.

L’origine de la selle n’est pas bien connue. G. Decan en attribue l’invention aux Saliens, anciens peuples de la Franconie ; c’est de-là, dit-il, qu’est venu le mot latin sella, selle.

Il est certain que les anciens Romains n’avoient, ni l’usage de la selle, ni celui des étriers ; ce qui est cause que Galien fait remarquer dans différens endroits de ses ouvrages, que la cavalerie romaine étoit sujette à plusieurs maladies des hanches & des jambes, faute d’avoir les piés soutenus à cheval. Hippocrate avoit remarqué avant lui, que les Scythes qui étoient beaucoup à cheval, étoient incommodés de fluxions aux jambes pour la même cause.

Le premier tems où nous voyons qu’il ait été question de selles chez les Romains ; c’est l’an 340, lorsque Constance qui combattoit contre son frere Constantin pour lui ôter l’empire, pénétra jusqu’à l’escadron où il étoit en personne, & le renversa de dessus sa selle, comme le rapporte Zonaras. Avant ce tems là les Romains faisoient usage de paneaux quarrés, tels que ceux qu’on voit à la statue d’Antonin au capitole.

Il y a différentes especes de selles ; savoir, à la royale, à troussequin, à piquet, rase ou demi angloise, angloise, à basque, de course, de femme, de poste, de postillon, de couriers, de males, de fourgonniers, &c.

Selle a jetter, outil de Potier d’étain ; c’est une grosse selle de bois à quatre piés, ouverte ou creuse à l’endroit où on dresse le moule de vaisselle pour jetter dedans. Voyez les fig. du métier de Potier d’étain.

Selle à apprêter ou d’établi, ou apprêtoir ; elle a quatre piés, & une planche en-travers sur le milieu qui fait une espece de croix, mais qui ne déborde guere la selle que de quatre à cinq pouces de chaque côté ; sur ce milieu on roidit une perche ou chevron de bois contre le plancher. La selle doit être de la hauteur du genou, longue & large à proportion, suivant le goût de celui qui s’en sert. Voyez Apprêter l’étain.

Selle a modeles, ou chevalet à l’usage des sculpteurs. Il y en a de petites & de grandes ; les petites servent simplement pour modeles ; les grandes servent à faire les grands modeles, les grands ouvrages, en marbre, en pierre, &c.

Ces grandes selles sont faites de fortes pieces de bois de charpente, & ont un second chassis aussi de charpente mouvant, élevé sur le corps de la selle, & qui est pratiqué par la voie d’une boule de buis, placée au point central, entre les deux chassis ; & pour faciliter le mouvement de ce second chassis, on fourre dans des trous qu’on a faits dans l’épaisseur de ses quatre faces, des pinces de fer avec lesquelles on fait tourner toute la machine à volonté. Voyez Pl. du Sculp. les figures posées sur une grande selle ; & une petite selle ou chevalet.

Selles, (Antiq. grecq.) σελλὸς, on nommoit selles ceux qui dans les commencemens rendoient les oracles ; ce nom, selon Strabon, venoit de la ville de Selles, sellæ, en Epire ; & selon Eustathius, de la riviere appellée par Homere, Selleis, Potter, Archæol. græc. l. II. c. viij. tom. I. p. 267. (D. J.)

Selle turcique, voyez Fosse pituitaire, Selle a cheval.

Selle, (Maladie.) on dit qu’une chose s’évacue par les selles, lorsqu’elle se vuide par l’anus ou le fondement. Voyez Anus.

Nous avons dans les Transactions philosophiques, des exemples de gens qui expulsoient par les selles des pierres artificielles, des bales, &c. Voyez Excrément. Voyez Déjection.