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exige que le verbe soit exprimé au moins dans la phrase précédente. Que demandez-vous ? R. ce que vous m’avez promis : l’esprit supplée aisément, je demande ce que vous m’avez promis. A l’égard des prépositions, il faut aussi qu’il y ait dans la phrase précédente quelque mot qui en réveille l’idée ; par exemple : Quand reviendrez-vous ? R. l’année prochaine, c’est-à-dire, je reviendrai dans l’année prochaine. D. Que ferez-vous ? R. ce qu’il vous plaira, c’est-à dire, ce qu’il vous plaira que je fasse. (F)

Elliptique, adj. (Géom.) se dit de ce qui appartient à l’ellipse. Voyez Ellipse.

Kepler a avancé le premier que les orbites des planetes n’étoient pas circulaires, mais elliptiques ; hypothese qui a été soûtenue ensuite par Bouillaud, Flamsteed, Newton, &c. d’autres astronomes modernes l’ont confirmé depuis, de façon que cette hypothese, qu’on appelloit autrefois par mépris l’hypothese elliptique, est maintenant universellement reçûe. Voyez Orbite & Planete.

M. Newton démontre que si un corps se meut dans un orbite elliptique, de maniere qu’il décrive autour d’un des foyers des aires proportionnelles aux tems, sa force centrifuge ou sa gravité sera en raison doublée inverse de ses distances au foyer, ou réciproquement comme les quarrés de ses distances. Voyez Centripete.

Quelques auteurs prétendent que la meilleure forme que l’on puisse donner aux arcs de voûte, est la forme elliptique. Voyez Arc, Voute, Cabinets secrets, Ellipse.

Espace elliptique, c’est l’aire renfermée par la circonférence de l’ellipse. Voyez Ellipse.

Conoïde ou sphéroïde elliptique, c’est la même chose qu’ellipsoïde. Voyez Sphéroïde, Conoïde, & Ellipsoïde.

Compas elliptique, voyez Compas. Harris & Chambers. (O)

ELLIPTOIDE, s. f. (Géométrie.) signifie une espece d’ellipse ou plûtôt de courbe désignée par l’équation générale , dans laquelle m ou n est plus grand que 1. Voyez Ellipse.

Il y en a de différens genres ou degrés, comme l’elliptoïde cubique dans laquelle .

L’elliptoïde quarrée quarrée, ou sursolide, ou du troisieme ordre, dans laquelle .

Si on appelle une autre ordonnée u, & l’abcisse correspondante z, on aura , & par conséquent , c’est-à-dire .

Elliptoïde, s. m. (Géométrie.) se dit aussi quelquefois pour ellipsoïde. Voyez Ellipsoïde. (O)

* ELLOTIDE ou ELLOTES, s. f. (Mythol.) surnom de la Minerve de Corinthe. Les Doriens ayant mis le feu à cette ville, Ellotis prêtresse de Minerve, fut brûlée dans le temple de cette déesse, où elle s’étoit refugiée. Un autre fléau donna lieu à la réédification du temple : ce fut une peste qui desoloit Corinthe, & qui ne devoit cesser, selon la réponse de l’oracle, qu’après qu’on auroit appaisé les manes de la prêtresse Ellotis, & relevé les autels de Minerve. Les autels & le temple furent relevés ; & on les consacra sous le nom de Minerve Ellotide, afin d’honorer en même tems Minerve & sa prêtresse.

* ELLOTIES, adj. pris subst. (Myth.) Les Crétois honoroient Europe sous le nom d’Ellotis, & lui avoient consacré des fêtes appellées Elloties. On portoit dans ces fêtes une couronne de vingt coudées de circonférence, qu’ils avoient appellée l’Ellotis, avec une grande châsse, qui renfermoit quelques os d’Europe.

ELMEDEN, (Géogr. mod.) ville de la province d’Escure en Afrique.

ELMOHASCAR, (Géogr. mod.) ville de la troisieme province du royaume d’Alger en Afrique.

ELNBOGEN ou LOKER, (Géog. mod.) ville de Boheme au cercle de même nom : elle est sur l’Eger. Long. 30. 26. lat. 50. 20.

ELNE, (Géog. mod.) ville du Roussillon en France ; elle est sur le Tech proche la Méditerranée. Long. 20. 40. lat. 42. 30.

ELOCUTION, s. f. (Belles-Lettres.) Ce mot qui vient du latin eloqui, parler, signifie proprement & à la rigueur le caractere du discours ; & en ce sens il ne s’employe guere qu’en parlant de la conversation, les mots style & diction étant consacrés aux ouvrages ou aux discours oratoires. On dit d’un homme qui parle bien, qu’il a une belle élocution ; & d’un écrivain ou d’un orateur, que sa diction est correcte, que son style est élégant, &c. Voyez Ecrire, Style. Voyez aussi Affectation & Conversation.

Elocution, dans un sens moins vulgaire, signifie cette partie de la Rhétorique qui traite de la diction & du style de l’orateur ; les deux autres sont l’invention & la disposition. Voyez ces deux mots. Voyez aussi Orateur, Discours.

J’ai dit que l’élocution avoit pour objet la diction & le style de l’orateur ; car il ne faut pas croire que ces deux mots soient synonymes : le dernier a une acception beaucoup plus étendue que le premier. Diction ne se dit proprement que des qualités générales & grammaticales du discours, & ces qualités sont au nombre de deux, la correction & la clarté. Elles sont indispensables dans quelqu’ouvrage que ce puisse être, soit d’éloquence, soit de tout autre genre ; l’étude de la langue & l’habitude d’écrire les donnent presqu’infailliblement, quand on cherche de bonne foi à les acquérir. Style au contraire se dit des qualités du discours, plus particulieres, plus difficiles & plus rares, qui marquent le génie & le talent de celui qui écrit ou qui parle : telles sont la propriété des termes, l’élégance, la facilité, la précision, l’élévation, la noblesse, l’harmonie, la convenance avec le sujet, &c. Nous n’ignorons pas néanmoins que les mots style & diction se prennent souvent l’un pour l’autre, sur-tout par les auteurs qui ne s’expriment pas sur ce sujet avec une exactitude rigoureuse ; mais la distinction que nous venons d’établir, ne nous paroît pas moins réelle. On parlera plus au long au mot Style, des différentes qualités que le style doit avoir en général, & pour toutes sortes de sujets : nous nous bornerons ici à ce qui regarde l’orateur. Pour fixer nos idées sur cet objet, il faut auparavant établir quelques principes.

Qu’est-ce qu’être éloquent ? Si on se borne à la force du terme, ce n’est autre chose que bien parler ; mais l’usage a donné à ce mot dans nos idées un sens plus noble & plus étendu. Être éloquent, comme je l’ai dit ailleurs, c’est faire passer avec rapidité & imprimer avec force dans l’ame des autres, le sentiment profond dont on est pénétré. Cette définition paroît d’autant plus juste, qu’elle s’applique à l’éloquence même du silence & à celle du geste. On pourroit définir autrement l’éloquence, le talent d’émouvoir ; mais la premiere définition est encore plus générale, en ce qu’elle s’applique même à l’éloquence tranquille qui n’émeut pas, & qui se borne à convaincre. La persuasion intime de la vérité qu’on veut prouver, est alors le sentiment profond dont on est rempli, & qu’on fait passer dans l’ame de l’auditeur. Il faut cependant avoüer, selon l’idée la plus généralement reçûe, que celui qui se borne à prouver & qui laisse l’auditeur convaincu, mais froid & tranquille, n’est point proprement éloquent,