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Musiciens, gens confians, & faisant comme bien d’autres, de leur propre goût la regle du bon, ne l’adopteroient jamais ; ils laisseroient le chronometre, & ne s’en rapporteroient qu’à eux-mêmes du vrai caractere & du vrai mouvement des airs : ainsi le seul bon chronometre que l’on puisse avoir, c’est un habile musicien, qui ait du goût, qui ait bien lû la Musique qu’il doit faire exécuter, & qui sache en battre la mésure. Machine pour machine, il vaut mieux s’en tenir à celle-ci. (S)

Chronometre, (Horlog.) M. Graham, excellent horloger, de la société royale de Londres, a donné ce nom à une petite pendule portative de son invention, qui marque les tierces, & qui est fort utile dans les observations astronomiques ; parce que l’on peut très-commodément la faire marcher dans l’instant précis où l’observation commence, & l’arrêter de même, à l’instant où elle finit : ce qui fait qu’on a exactement le tems juste qu’elle a duré.

Pour concevoir comment cela se fait, imaginez une piece toute semblable à un balancier à trois barrettes, dont le rayon seroit un peu plus court que le pendule du chronometre, & duquel d’un côté du centre il resteroit une barrette seulement, & de l’autre côté les deux autres barrettes & la portion de zone comprise entre elles : imaginez de plus que cette piece soit placée sur la platine de derriere de la maniere suivante ; 1° que parallele à cette platine, elle soit fixée par son centre au-dessus du point de suspension du pendule ; de façon qu’en supposant une ligne tirée du centre de cette piece au milieu de sa portion de zone, cette ligne soit parallele à la verticale du pendule, & en même tems dans un plan perpendiculaire à la platine, qu’on imagineroit passer par cette verticale ; 2° qu’elle soit mobile à charniere sur son centre, tellement qu’on puisse l’éloigner ou l’approcher à volonté de la platine. Supposez de plus, que la portion de zone a des chevilles du côté où elle regarde la platine, qui sont fixées à des distances de la verticale du pendule, telles que s’il tomboit de la hauteur de ces chevilles, il acquerreroit assez de mouvement pour continuer de se mouvoir, & pour que le chronometre aille. La barrette opposée à la portion de zone passe à-travers de la boîte, pour qu’on puisse sans l’ouvrir mettre le pendule en mouvement ; parce qu’au moyen de cette barrette ou queue, on peut éloigner ou approcher cette zone du pendule, & par conséquent le dégager de dedans ses chevilles.

Maniere de se servir de cet instrument. Le pendule étant écarté de la verticale, & reposant sur une des chevilles dont nous venons de parler, dans l’instant que l’observation commence, on le met en mouvement en le dégageant de cette cheville, au moyen de la barrette qui traverse la boîte. L’observation finie, on meut cette barrette en sens contraire ; & les chevilles rencontrant le pendule, l’arrêtent au même instant. Voyez Balancier, Pendule, &c. (T)

CHRONOSCOPE, se dit d’un pendule ou machine pour mesurer le tems. Voyez Pendule. Ce mot est formé des mots Grecs, χρόνος, tems, & σκέπτομαι, je considere. On pourroit encore se servir avec plus de justesse du mot de chronometre. Voyez Chronometre. (O)

CHRUDIM, (Géog.) petite ville de Bohème dans le cercle de même nom, & sur la riviere de Chrudimka.

CHRYSALIDE, s. f. chrysalis aurelia, (Hist. nat. Zoolog.) on donne ce nom aux insectes pendant le tems de leur métamorphose : ainsi on désigne par le mot de chrysalide un insecte qui est, pour ainsi dire, dans le travail de sa métamorphose, & dans l’état mitoyen, par exemple, entre l’état de chenille & celui de papillon. L’insecte n’a alors que très-peu de

mouvement, il ne prend aucune nourriture, & il est recouvert d’une enveloppe dure & crustacée, qui tient toutes ses parties rapprochées les unes des autres comme en une masse informe. Les enveloppes des chrysalides commencent par être molles, & alors elles renferment beaucoup de liquide : dans la suite elles prennent plus de consistance. Il y a des chrysalides dont la figure approche de celle d’une datte ; c’est pourquoi on leur donne le nom de feve ; par exemple, les chrysalides des vers à soie. Il y a d’autres chrysalides de figure fort irréguliere & quelquefois si bisarre, qu’on s’imagine voir quelque chose de ressemblant a un enfant emmaillotté & couché dans le berceau, ou un visage d’homme, une tête de chien, de chat, ou d’oiseau, &c. mais on voit réellement dans certaines chrysalides de chenilles, les parties du papillon qui sont sous l’enveloppe ; on distingue la tête, les yeux, les antennes, la trompe, le corcelet, les jambes, & le corps. Il y a de ces enveloppes qui sont si transparentes, que l’on voit à-travers l’animal qu’elles renferment. Il y a des chrysalides de plusieurs couleurs ; on en trouve de brunes, de jaunes, de vertes, de rouges, de blanches, de violettes, de noires, &c. & de toutes les nuances de la plûpart de ces couleurs, on en voit même sur lesquelles le mêlange de ces couleurs fait un très-bel effet, mais on n’en peut rien conclure pour la beauté de l’insecte qui en doit sortir. On trouve ordinairement certaines chrysalides cachées dans des endroits abrités, & la plûpart sont encore défendues par des toiles ou des coques de soie, ou d’autres matieres. Voyez Chenille. Le tems où chaque insecte se change en chrysalide, varie suivant les différentes especes, & de même la durée des chrysalides est plus ou moins longue. Il y a tel insecte qui ne reste dans cet état que douze jours, d’autres n’en sortent qu’après un plus long-tems, & même on connoit des chrysalides qui durent pendant une année entiere ; mais en général leur durée dépend beaucoup de la température de l’air : la chaleur l’abrege, & le froid la prolonge. Theol. de ins. par M. Lesser. Voy. Nymphe, Métamorphose, Insecte. (I)

CHRYSANTHEMOIDES, s. m. (Hist. nat. bot.) « genre de plante à fleur radiée, dont le disque est composé de plusieurs fleurons. La couronne est à demi-fleurons, qui portent chacun sur un embryon de graine. Le calice est ordinairement simple, & fendu jusqu’à sa base. Lorsque la fleur est passée, les embryons deviennent autant de coques, qui ont toutes l’apparence d’une baie ; mais elles se durcissent dans la suite, & renferment un noyau. » Tournefort, Mém. de l’acad. roy. des Sc. ann. 1705. Voyez Plante. (I)

CHRYSANTHEMUM, s. m. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleurs radiées, dont le disque est un amas de plusieurs fleurons. La couronne est formée par des demi-fleurons portés sur des embryons, & soûtenue par un calice qui est une espece de calotte demi-sphérique, composée de plusieurs feuilles en écailles. Lorsque les fleurs sont passées, les embryons deviennent des semences ordinairement anguleuses & cannelées, ou menues & pointues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

CHRYSARGIRE, s. m. (Hist. anc. & Jurisprud.) étoit, chez les Romains, une imposition qui se levoit tous les quatre ans, non-seulement sur la tête des personnes de quelque condition qu’elles fussent, mais même sur tous les animaux & jusque sur les chiens, pour chacun desquels on payoit six oboles. Cette imposition fut supprimée par l’empereur Anastase. Voyez l’hist. de la Jurispr. Rom. par M. Terrasson, pag. 293. (A)

* CHRYSASPIDES, (Hist. anc.) on donnoit ce nom, dans la milice Romaine, à des soldats dont les