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* BRETTESSES, s. f. pl. terme de Blason ; ce sont des rangées de crenaux, & l’on dit des pieces où l’on apperçoit ces especes de dentelures, qu’elles sont bretessées.

BRETTIN, (Géog.) petite ville de l’électorat de Saxe, sur l’Elbe.

* BRETTURE, s. f. se prend en deux sens différens, ou pour les dents mêmes pratiquées à l’instrument dont on se sert pour bretter, ou pour les traits faits à l’ouvrage à l’aide de l’instrument. Dans le premier sens, c’est un terme de Taillanderie ; dans le second, il est de Maçonnerie & de Sculpture.

BREUBERG, (Géog.) petite ville avec château dans la Franconie, sur le Mayn.

BREVE, s. f. en terme de Grammaire, se dit d’une syllabe relativement à celles qui sont longues : par exemple, l’a est bref dans place, & long dans grace ; en matin le commencement du jour, ma est bref ; au lieu que ma est long en mâtin, gros chien. L’a est bref en tache, macula, & long en tâche, ouvrage qu’on donne à faire.

Toutes nos voyelles sont ou breves, ou longues, ou communes. C’est de l’assortiment des unes avec les autres que résulte l’harmonie de la période. Le tems d’une breve est de moitié plus court que le tems d’une longue ; ou, comme on dit communément, la breve n’a qu’un tems, & la longue en a deux : c’est-à-dire, que pour prononcer la breve, on n’employe précisément que le tems qu’il faut pour la prononcer ; au lieu qu’on prononceroit deux breves dans l’intervalle de tems que l’on met à prononcer une longue.

Les Latins étoient extrèmement exacts à distinguer les longues & les breves. Cicéron dit, que si un acteur faisoit une faute sur ce point, il étoit sifflé par les spectateurs : Non solum verbis arte positis moventur omnes, verum etiam numeris ac vocibus. At in his si paulùm modò offensum est, ut aut contractione brevius fieret, aut productione longius, theatra tota reclamant. Quid ? hoc non idem fit in vocibus, ut à multitudine & populo, non modo catervæ atque conventus, sed etiam ipsi sibi singuli discrepantes, ejiciantur ? Cic. de orat. lib. III. cap. j.

La même chose arriveroit sans doute parmi nous si un acteur prononçoit par consquent au lieu de par conséquent, la mèr au lieu de la mér, &c.

Dans le latin, la breve se marque d’un ˘ & la longue d’un — ; ainsi dans àrmă la premiere est longue & la seconde breve. Breve est aussi un terme de Musique : alors on sousentend note. Voyez l’article suivant.

Breve, en Musique, est une note qui passe deux fois plus vite que celle qui la précede : ainsi la noire est breve après une blanche pointée, la croche après la noire pointée. On ne pourroit pas de même appeller breve une note qui vaudroit la moitié de la précédente : ainsi la noire n’est pas une breve après la blanche simple, ni la croche après la noire, à moins qu’il ne soit question de syncope.

C’est autre chose dans le Plain-chant. Pour répondre exactement à la quantité des syllabes, la breve y vaut la moitié juste de la longue : de plus, la longue a quelquefois une queue pour la distinguer de la breve qui n’en a point ; ce qui est précisément le contraire de la Musique, où la ronde qui n’a point de queue est double de la blanche qui en a une. Voyez Mesure, Valeur des notes.

Breve est aussi le nom que donnent les Italiens à cette ancienne figure de note que nous appellons quarrée, qui se fait ainsi   , & qui vaut trois rondes ou semi-breves dans la mesure triple, & seulement deux dans celle à deux ou à quatre tems. Anciennement, dit l’abbé Brossard, sous le signe du C barré, elle ne valoit que deux tems. De là vient que les Italiens nomment encore alla breve, la mesure à deux tems fort vîtes, dont ils se servent dans les musiques da capella. (S)

Breve, (à la Monnoie.) est la quantité de marc ou d’especes délivrées, & provenant d’une seule fonte. De trente marcs d’or, il doit revenir neuf cents loüis : or la délivrance des neuf cents loüis est une breve. Voyez Délivrance.

BREVET, s. m. (Jurisp.) est un acte expédié en parchemin par un secrétaire d’état, portant concession d’une grace ou d’un don que le roi fait à quelqu’un, comme d’un bénéfice de nomination royale, d’une pension, d’un grade dans ses armées, ou autre chose semblable ; d’une somme payable au profit du brevetaire, par celui qui sera pourvû de telle charge ou de tel gouvernement, soit par la mort de celui qui l’occupe, ou par sa démission : c’est ce qu’on appelle brevet de retenue. Voyez Retenue.

Brevet, en style de Notaires, est la minute d’un acte passé pardevant Notaires, délivrée en original à l’une des parties. (H)

Brevet, se dit encore de plusieurs actes qui s’expédient par les commis des doüanes, ou les maîtres & gardes & jurés des corps & communautés.

Brevet de contrôle, c’est une espece de récépissé ou d’attestation que donnent les commis des bureaux des douanes, traites foraines, &c. à la sortie du royaume, à la place de l’acquit de payement des droits que les conducteurs & voituriers leur remettent entre les mains. Ce brevet, qui est sur du papier timbré & imprimé, se donne sans frais, pas même pour le timbre, & sert de certificat, que les marchandises énoncées dans l’acquit ont été visitées & recensées. Voyez Acquit.

Brevet d’apprentissage, acte qui se délivre à un apprenti après qu’il a servi le tems porté par les statuts de sa communauté, ou celui dont il est convenu pardevant notaires avec un maître, qui pourtant ne peut être moindre que celui qui est reglé par les statuts. On appelle aussi brevet l’obligé de l’apprenti qui doit être enregistré par les jurés, & qu’il doit rapporter aussi-bien que les certificats de son apprentissage & de son dernier service en qualité de compagnon, avant que de pouvoir être reçû à la maitrise, & admis au chef-d’œuvre. Voyez Apprenti & Apprentissage.

Brevet : on nomme aussi quelquefois brevet de maîtrise, l’acte de réception à la maitrise ; on dit plus proprement lettres de maîtrise. Voyez Lettres.

Brevet, en termes de Marine, est ce qu’on appelle connoissement sur l’Océan, & police de chargement sur la Méditerranée ; c’est-à-dire un écrit sous seing privé, par lequel le maître d’un vaisseau reconnoit avoir chargé telles & telles marchandises dans son bord, qu’il s’oblige à porter au lieu & pour le prix convenu, sauf les risques de la mer. Voyez Connoissement & Police de chargement. (G)

* Brevet, (Teinture.) bain d’un guesde ou d’une cuve qu’on se dispose à faire rechauffer.

On dit en Teinture, manier le brevet : c’est examiner avec la main si le bain ou brevet de la cuve est bon ou assez chaud : ouvrir le brevet, c’est prendre de la liqueur soit avec la main, soit avec le rable, pour juger de la couleur du bain. V. Bain & Teinture.

BREVETAIRE, c’est l’impétrant d’un brevet. Voyez ci-dessus Brevet.

Dans le concours d’un indultaire & d’un brevetaire de joyeux avenement, le grand-conseil donne la préférence à l’indultaire, quoique sa réquisition soit postérieure à celle du brevetaire. Voyez Indult, Indultaire, & Expectative. (H)

BREVIAIRE, s. m. (Théol.) livre d’Eglise, qui contient pour chaque jour de la semaine & pour chaque fête, l’office du jour & de la nuit. V. Office.

Le breviaire est composé des prieres qu’on récite dans l’église à diverses heures du jour : savoir, l’office de la nuit, que l’on appelle matines, que l’on ré-