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les maîtres des carrosses, les fermiers des coches d’eau, les loueurs de chevaux, les maîtres des postes, & autres, qui ont des privileges & des pancartes. Voyez Messagers, Coches, Carrosses, Postes, &c.

Quant aux voituriers rouliers, quoiqu’ils soient libres à certains égards, comme sur la faculté d’entretenir autant de voitures qu’ils veulent ; de n’être fixés ni pour le prix à certaine somme invariable ; ni pour le départ ou l’arrivée, à certains jours & à certains lieux, comme les maîtres de coches ou carrosses publics y sont obligés : les rouliers cependant sont astreints à divers reglemens de police & de commerce, concernant le soin qu’ils doivent avoir des marchandises ; les frais & indemnités dont ils sont tenus en cas de perte occasionnée par leur faute ; les avis qu’ils doivent donner aux propriétaires ou commissionnaires de l’arrivée des marchandises ; la maniere dont ils doivent se comporter par rapport aux lettres de voiture. Les voituriers par eau sont aussi sujets à de semblables reglemens, qu’on peut voir en détail dans le Dictionnaire de Commerce.

VOITURIN, s. m. (Commerce.) signifie la même chose que voiturier, & est usité en ce sens dans quelques provinces de France, comme dans le Lyonnois, en Languedoc, en Dauphiné, & en Provence. Voyez Voiturier, Dict. de Com. Tom. III. lettre V. pag. 670.

VOIX, (Physiologie.) c’est le son qui se forme dans la gorge & dans la bouche d’un animal, par un méchanisme d’instrumens propres à le produire. Voyez Son.

Voix articulées sont celles qui étant réunies ensemble, forment un assemblage ou un petit système de sons : telles sont les voix qui expriment les lettres de l’alphabet, dont plusieurs, jointes ensemble, forment les mots ou les paroles. Voyez Lettre, Mot, Parole

Voix non articulée, sont celles qui ne sont point organisées ou assemblées en paroles, comme l’aboi des chiens, le sifflement des serpens, le rugissement des lions, le chant des oiseaux, &c.

La formation de la voix humaine, avec toutes ses variations, que l’on remarque dans la parole, dans la musique, &c. est un objet bien digne de notre curiosité & de nos recherches ; & le méchanisme ou l’organisation des parties qui produisent cet effet, est une chose des plus étonnantes.

Ces parties sont la trachée artere par laquelle l’air passe & repasse dans les poumons ; le larynx qui est un canal court & cylindrique à la tête de la trachée ; & la glotte qui est une petite fente ovale, entre deux membranes sémi-circulaires, étendues horisontalement du côté intérieur du larynx, lesquelles membranes laissent ordinairement entre elles un intervalle plus ou moins spatieux, qu’elles peuvent cependant fermer tout-à-fait, & qui est appellée la glotte. Voyez la description de ces trois parties aux articles Trachée, Larynx, & Glotte

Le grand canal de la trachée qui est terminé en-haut par la glotte, ressemble si bien à une flûte que les anciens ne doutoient point que la trachée ne contribuât autant à former la voix, que le corps de la flûte contribue à former le son de cet instrument. Galien lui-même tomba à cet égard dans une espece d’erreur ; il s’apperçut à la vérité que la glotte est le principal organe de la voix, mais en même-tems il attribua à la trachée artere une part considérable dans la production du son.

L’opinion de Galien a été suivie par tous les anciens qui ont traité cette matiere après lui, & même par tous les modernes qui ont écrit avant M. Dodart : mais ce dernier ayant fait attention que nous ne parlons ni ne chantons en respirant ou en at-

tirant l’air, mais en soufflant ou en expulsant l’air

que nous avons respiré, & que cet air en sortant de nos poumons, passe toujours par des vésicules qui s’élargissent à mesure qu’elles s’éloignent de ce vaisseau ; & enfin par la trachée même, qui est le plus large canal de tous, de sorte que l’air trouvant plus de liberté & d’aisance à mesure qu’il monte le long de tous ces passages, & dans la trachée plus que par-tout ailleurs, il ne peut jamais être comprimé dans ce canal avec autant de violence, ni acquérir là autant de vîtesse qu’il en faut pour la production du son ; mais comme l’ouverture de la glotte est fort étroite en comparaison de la largeur de la trachée, l’air ne peut jamais sortir de la trachée par la glotte, sans être violemment comprimée, & sans acquérir un degré considérable de vîtesse ; de sorte que l’air ainsi comprimé & poussé, communique en passant une agitation fort vive aux particules des deux levres de la glotte, leur donne une espece de secousse, & leur fait faire des vibrations qui frappent l’air à mesure qu’il passe, & forment le son. Voyez Vibration.

Ce son ainsi formé passe dans la cavité de la bouche & des narines, où il est réfléchi & où il résonne ; & où M. Dodart fait voir que c’est de cette résonnance que dépend entierement le charme de la voix. Les différentes conformations, consistences, & sinuosités des parties de la bouche, contribuent chacune de leurs côtés à la résonnance ; & c’est du mélange de tant de résonnances différentes, bien proportionnées les unes aux autres, que naît dans la voix humaine une harmonie inimitable à tous les musiciens : c’est pourquoi lorsqu’une de ces parties se trouve dérangée, comme lorsque le nés est bouché, ou que les dents sont tombées, &c. le son de la voix devient désagréable.

Il semble que cette résonnance dans la cavité de la bouche, ne consiste point dans une simple réflexion, comme celle d’une voute, &c. mais que c’est une résonnance proportionnée aux tons du son que la glotte envoie dans la bouche : c’est pour cela que cette cavité s’alonge ou se raccourcit à mesure que l’on forme les tons plus graves ou plus aigus.

Pour que la trachée artere produisît cette résonnance, comme c’étoit autrefois l’opinion commune, il faudroit que l’air modifié par la glotte au point de former un son, au-lieu de continuer sa course du dedans en dehors, retournât au-contraire du dehors en dedans, & vînt frapper les côtés de la trachée artere, ce qui ne peut jamais arriver que dans les personnes qui sont tourmentées d’une toux violente, & dans les ventriloques. A la vérité dans la plûpart des oiseaux de riviere qui ont la voix forte, la trachée artere résonne, mais c’est parce que leur glotte est placée au fond de la trachée, & non pas à la sommité, comme dans les hommes.

Aussi le canal qui a passé d’abord pour être le principal organe de la voix, n’en est pas seulement le second dans l’ordre de ceux qui produisent la résonnance : la trachée à cet égard ne seconde point la glotte autant que le corps d’une flûte douce seconde la cheville de son embouchure ; mais c’est la bouche qui seconde la glotte, comme le corps d’un certain instrument à vent, qui n’est point encore connu dans la musique, seconde son embouchure : en effet la fonction de la trachée n’est autre que celle du porte-vent dans une orgue, savoir de fournir le vent.

Pour ce qui est de la cause qui produit les différens tons de la voix, comme les organes qui forment la voix font une espece d’instrument à vent, il semble qu’on pourroit se flatter d’y trouver quelque chose qui pût répondre à ce qui produit les différences de tons dans quelques autres instrumens à vent ; mais