L’Encyclopédie/1re édition/LARYNX

LARYSIUS  ►

LARYNX, s. m. en Anatomie est la partie supérieure ou la tête de la trachée artere. Il est situé au-dessous de la racine de la langue, & devant le pharynx. Voyez Trachée artere.

Le larynx est un des organes de la respiration, & le principal instrument de la voix. Voyez Respiration, &c.

Il est presque entierement cartilagineux, & il doit être toûjours ouvert pour donner passage à l’air dans l’inspiration & l’expiration. Sa figure est circulaire, quoiqu’il s’avance un peu antérieurement ; il est légerement applati par-derriere, pour ne pas incommoder l’œsophage sur lequel il se trouve placé.

Le larynx est d’un différent diametre, suivant les divers âges. Dans les jeunes gens il est étroit : de-là vient qu’ils ont une voix aiguë. Dans un âge plus avancé, il est plus ample, ce qui rend la voix plus grosse & plus forte. Dans les hommes il est plus grand que dans les femmes ; c’est pourquoi la voix des hommes est plus grave que celle des femmes.

Il paroît moins dans les femmes, parce que les glandes situées à sa partie inférieure sont plus grosses dans les femmes que dans les hommes. V. Voix.

Le larynx se meut dans le tems de la déglutition. Lorsque l’œsophage s’abaisse pour recevoir les alimens, le larynx s’éleve pour les comprimer & les faire descendre plus aisément. Voy. Déglutition.

Le larynx est composé de cinq sortes de parties, savoir de cartilages, de muscles, de membranes, de nerfs & de glandes. Les cartilages sont le thyroïde, le cricoïde, l’aryténoïde & l’épiglotte ; par le moyen desquels il peut aisément s’élargir & se resserrer, se fermer & s’ouvrir. Ces cartilages forment tout le corps du larynx ; ils se sechent & se durcissent à mesure que l’on devient vieux ; & alors le larynx paroît quelquefois osseux.

Le plus grand des cartilages est le thyroïde ou scutiforme ; il est situé à la partie antérieure du larynx ; & il est ainsi nommé à cause de la ressemblance qu’on lui suppose avec un bouclier. Il est concave & convexe, & de figure quarrée ; sa partie concave est tournée en-dedans, & sa partie convexe en-dehors, ayant dans son milieu une petite éminence appellée pomme d’Adam, comme si un morceau du fruit défendu s’étoit arrêté dans le gosier d’Adam, & avoit causé cette élévation.

Le second cartilage s’appelle cricoïde ou annulaire, à cause de sa ressemblance avec un anneau ; il est fort étroit à sa partie antérieure qui est placée sous le cartilage cricoïde ; mais il est large, épais & fort à sa partie postérieure, étant comme la base des autres cartilages.

Le troisieme & le quatrieme se nomment aryténoïdes, parce qu’étant joints ensemble ils ressemblent à une espece d’aiguiere. À leur jonction est une petite ouverture ou fente en forme d’une petite langue, & qui à cause de cela est appellée glotte. C’est par cette fente que l’air descend dans les poumons, & que sort la pituite que l’on crache dans les rhumes en toussant. Elle sert aussi à modifier la voix, & on l’imite dans les flûtes & les tuyaux d’orgue. Voyez Glotte.

Sur la glotte est un cinquieme cartilage nommé épiglotte, qui est très-mince & très flexible, & qui dans ceux qui ne sont pas encore adultes se trouve presque membraneux ; il est concave inférieurement & convexe supérieurement ; il couvre l’entrée du larynx & empêche les liquides qui en buvant glissent par dessus pour entrer dans l’œsophage, de tomber dans la trachée artere. Voyez Épiglotte.

Le larynx a sept paires de muscles qui servent à mouvoir ses divers cartilages, & à les contracter ou les dilater selon qu’il plait à la volonté. Il y a deux paires de muscles communs & cinq de propres. Les muscles propres sont ceux qui ont leur origine & leur insertion au larynx ; les communs n’y ont que leur insertion.

Entre les muscles propres du larynx sont le crico-thyroïdien, qui fait mouvoir le cartilage thyroïde, le crico-aryténoïdien postérieur, qui en se contractant écarte les cartilages aryténoïdes & ouvre la glotte, l’aryténoïdien, qui sert à joindre ensemble les deux cartilages aryténoïdes & à fermer la glotte, le crico-aryténoïdien latéral, le thyro-ariténoïdien, qui ferme le larynx.

Les muscles communs du larynx sont les sternothyroïdiens qui tirent en bas le cartilage thyroïde, & les hyo-thyroïdiens qui le tirent en haut. Voyez-en la description à leur article particulier.

Le larynx n’a que deux membranes, une externe, qui est une continuation de celle de la trachée artere, l’autre interne, qui est une continuation de celle qui tapisse toute la bouche.

Le larynx reçoit deux branches de nerfs des recurrens, & il est humecté par quatre grosses glandes, deux situées en haut, appellées amygdales, & deux en bas, appellées thyroïdes. Voy. Amygdales, &c.

Le larynx est fort utile non-seulement pour former & modifier la voix par les diverses ouvertures de la glotte, mais encore pour comprimer plus ou moins les poumons au moyen de l’air. En effet, si le diametre interne du larynx avoit été égal à celui de la trachée artere, les poumons n’auroient souffert que peu ou point du tout de compression, & par conséquent sans le larynx nous n’aurions retiré aucun avantage de l’inspiration, parce que l’air n’auroit pû resister à la force avec laquelle il est chassé dehors dans l’expiration, & en conséquence les poumons n’auroient pu être comprimés ; ce qui est néanmoins nécessaire pour briser les globules du sang, & pour produire le mélange de l’air avec ce liquide. Voyez Respiration.

Quant à l’action du larynx dans la formation des sons, voyez Glotte & Son. Voy. aussi Epiglotte, Trachée artere, &c.