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depuis qu’on imprime ; & en même tems la plus commode pour l’usage.

Quand Rabbi Nathan eut une fois montré sa maniere de compter des versets, & de les citer, on vit d’abord que cette méthode valoit mieux que celle des lettres à la marge, dont on s’étoit servi jusques là. Aussi Vatable ayant fait imprimer une bible latine, avec les chapitres ainsi divisés en versets, & ces versets marqués par des nombres ; son exemple a été suivi dans toutes les éditions postérieures, sans aucune exception : & tous ceux qui ont fait des concordances, & en général tous les auteurs qui citent l’Ecriture, l’ont citée depuis ce tems-là par chapitres & par versets.

Les juifs donc ont emprunté des chrétiens la division des chapitres, & les chrétiens ont emprunté d’eux dans la suite celle des versets : ainsi les uns & les autres ont contribué à rendre les éditions du vieux Testament beaucoup plus commodes pour l’usage ordinaire qu’elles ne l’étoient autrefois.

Robert Etienne, dans la suite, divisa aussi les chapitres du nouveau Testament en versets, pour la même raison que R. Nathan l’avoit fait au vieux, c’est-à-dire, pour faire une concordance greque à laquelle il travailloit, & qui fut ensuite imprimée par Henri son fils ; c’est ce dernier qui nous apprend cette particularité dans la préface.

Depuis ce tems-là on s’est si bien accoutumé à mettre ces chapitres & ces versets à toutes les bibles, & à ne citer point autrement dans tout l’occident ; que non-seulement les bibles latines, mais les greques, & celles de toutes nos langues modernes, ne s’impriment pas autrement. La grande utilité de ces divisions, dès qu’elles ont paru, a emporté tous les suffrages. Voilà les époques de la division reçue de l’Ecriture sainte en chapitres & en versets, établie avec quelque exactitude en faveur de ceux qui desirent d’en être instruits. (Le chevalier de Jaucourt.)

VERSIFICATION, (Belles lettres.) l’art ou la maniere de construire des vers : ce mot signifie aussi le ton & la cadence des vers. Voyez Vers.

On entend ordinairement par versification ce que le poëte fait par son travail, par art & par regle, plutôt que par son invention, par génie & par enthousiasme. La matiere de la versification consiste en syllabes longues & breves, & dans les piés que composent ces syllabes. Sa forme est l’arrangement de ces piés en vers corrects, nombreux & harmonieux. Mais ce n’est encore là que le mérite d’un simple traducteur, ou d’un homme qui auroit mis en vers la guerre de Catilina écrite par Salluste ; on ne lui donneroit pas pour cela le nom de poëte. Voyez Poete, Cadence, Quantité, Rythme, &c.

C’est donc avec raison qu’on distingue ces simples matieres d’avec la haute poésie, & qu’on les appelle versification. Voyez Poésie.

En effet il y a presque autant de différence entre la grammaire & la rhétorique, qu’il s’en trouve entre l’art de faire des vers & celui d’inventer des poëmes ; ainsi l’on ne doit confondre la versification ni avec ce qu’on nomme la poésie des choses, ni avec ce qu’on appelle la poésie du style.

On pourroit n’ignorer rien des regles concernant la construction des vers, sçavoir exactement les noms, les définitions & les qualités propres à chaque genre de poésie, sans mériter pour cela le nom de poëte, toutes ces connoissances n’étant que l’extérieur & l’écorce de la poésie, comme il ne suffit pas pour être éloquent de sçavoir les préceptes de la rhétorique. C’est le génie qui distingue le poëte du versificateur. Princip. pour la lect. des poëtes, tom. I. pag. 1 & 2.

Les regles de la versification greque & latine sont contenues dans les méthodes appellées prosodies,

nous avons sur la poésie françoise plusieurs ouvrages, entre autres le traité du P. Mourgues, & celui de l’abbé de Chalons.

VERSINE, s. f. (Com.) mesure des grains dont on se sert en quelques lieux de la Savoie. La versine d’Aiguebelle pese quarante-deux livres, poids de marc. Dictionn. de comm.

VERSION, s. f. (Gram.) interprétation littérale de quelque ouvrage.

Versions de l’Ecriture, (Critiq. sacrée.) on peut distinguer les versions de l’écriture en langues mortes & vivantes.

Quant aux langues mortes, on a dejà parlé dans cet ouvrage au mot Bible, des versions arabes, arméniennes, chaldaïques, éthiopiennes, gothiques, hébraïques & persanes. On a indiqué sous le même mot les éditions greques & latines.

On a parlé des polyglottes au mot Polyglotte ; quant à ce qui concerne le travail d’Origene, on en a traité au mot Origene Héxaples, & de celui de S. Jérôme au mot Vulgate.

Pour les versions greques en particulier, voyez Versions greques & Septante.

Pour la version syriaque, voyez Version syriaque.

Pour la version samaritaine, voyez Pentateuque samaritain, & Samaritains Caracteres .

Pour les paraphrases chaldaïques, voyez Targum.

Quant aux traductions de l’Ecriture en langues vivantes, elles ne doivent pas beaucoup nous arrêter, parce qu’elles changent perpétuellement avec le langage.

Luther est le premier qui ait fait une version de l’Ecriture en allemand sur l’hébreu ; ensuite Gaspard Ulenberg en mit au jour une nouvelle pour les catholiques, à Cologne en 1630.

Les Anglois avoient une version de l’Ecriture en anglo-saxon, dès le commencement du huitieme siecle. Wicles en fit une seconde, ensuite Tindal & Coverdal, en 1526 & 1536.

La plus ancienne traduction françoise de la bible est celle de Guiars de Moulins, chanoine ; elle est de l’an 1294, & a été imprimée en 1498.

La premiere version italienne est de Nicolas Malhermi, faite sur la vulgate, & mise au jour en 1471.

Les Danois ont une version de l’Ecriture dans leur langue en 1524. Celle des Suédois fut faite par Laurent Petri, archevêque d’Upsal, & parut à Holm en 1646.

Mais-ceux qui voudront connoître à fond tout ce qui concerne les versions de l’Ecriture, ne manqueront pas de secours.

Ils peuvent donc consulter R. Elias Levita ; épiphanes de ponder. & mensur. Hieronimi commentaria : Antonius. Carassa ; Kortholdus de variis bibliot. edit. & Lambert Roi. Parmi les françois, le P. Morin, exercit. biblicæ ; Dupin, bibliotheq. des aut. eccles. Simon, hist. du vieux & du nouveau Testament ; Calmet, dict. de la bible ; & Lelong, bible sacrée ; enfin on trouvera à puiser chez les Anglois des instructions encore plus profondes, en lisant Usserius, Pocock, Péarson, Prideaux, Grabe, Wower, de græc. & latin. bibliot. interpret. Mill. in N. T. Waltoni prolegomena, Hodius de textib. biblior. Origen. &c. (D. J.)

Versions greques du v. T. (Critiq. sacrée.) on en distingue quatre : celle des septante, d’Aquila, de Théodotion & de Symmaque. Pour ce qui regarde celle des septante, la meilleure de toutes & la plus ancienne, nous en avons fait un article à part. Voyez Septante.

Nous remarquerons seulement ici, qu’à mesure que cette version gagnoit du crédit parmi les chrétiens, elle en perdoit parmi les juifs, qui songerent à en faire une nouvelle qui leur fût plus favorable.