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s’empara de plusieurs villes de ce duché. Robert, roi de France, neveu d’Henri, & son héritier légitime, entra peu de tems après dans la Bourgogne, prit la ville d’Auxerre, mit le siege devant Avalon. Cette ville résista pendant trois mois ; & soit qu’il ne s’en rendît maître que par la famine, comme le disent quelques historiens, soit qu’il l’ait prise par assaut, comme d’autres l’assurent, il est probable que ce prince, pendant un si long siege, perdit beaucoup de soldats, & on pouvoit, dit-on, avoir fait pour les enterrer, ce grand amas de tombeaux.

Mais il se présente une difficulté fort embarassante : c’est que presque tous ces tombeaux paroissent n’avoir jamais servi. M. de Mautour répond que peut-être la qualité de la pierre étoit propre à consumer les cadavres en peu de tems. Il seroit aisé d’en faire l’expérience, pour voir si cette idée a quelque fondement. Du moins est-il sûr que Pline parle d’une sorte de pierre qu’on trouvoit dans la Troade, aux environs de la ville d’Assus, & qui en quarante jours réduisoit les corps en poudre.

Cependant malgré ces raisons, il est plus sensé de croire que Quarrées étoit autrefois un magasin, un entrepôt où l’on avoit conduit de la carriere de Champ-Rotard, des cercueils tout faits, pour être de-là transportés dans des lieux, où l’on en auroit besoin ; & de-là vient qu’ils n’ont ni caractere ni gravure, ni aucune autre marque qui prouve qu’ils ayent servi. Ce qui confirme cette opinion, c’est la lecture d’un ancien manuscrit de la bibliotheque de M. de Savigny, président à mortier du parlement de Dijon, où M. de Mautour a trouvé que dans le XIII. siecle, il y avoit dans Quarrées & aux environs, une multitude considérable de tombeaux de pierre, qui n’avoient jamais été employés, & qui étoient devenus inutiles depuis que l’usage s’étoit rétabli d’enterrer les fideles dans l’église.

Abrégeons ; l’amas de cercueils qui a donné le nom au lieu, n’est autre chose qu’un reste du magasin, que de riches marchands des anciens tems du christianisme avoient tiré de la carriere de Champ-Rotard, afin d’en pourvoir les autres villages du Morwant, dont la pierre ne peut être mise en œuvre ; & comme l’usage des sépulcres de pierre a cessé peu-à-peu, le magasin est resté inutile. (D. J.)

QUARREMENT, adv. (Architect.) signifie à angle droit, à l’équerre.

QUARRER, v. act. (Mathém.) On dit quarrer un nombre, pour marquer qu’on le multiplie, ou qu’il faut le multiplier par lui-même. Ainsi quarrer le nombre 3, c’est multiplier 3 par 3, pour avoir le produit 9, qui est le quarré de 3.

Quarrer un triangle ou une figure plane quelconque, c’est trouver un quarré dont la surface soit égale à l’aire des plans proposés. Jusqu’à présent on n’a pu encore quarrer le cercle à la rigueur. Voyez Quadrature. (E)

Quarrer, v. act. (Architect.) c’est réduire en quarré quelque chose que ce soit ; quand on dit, quarrer une poutre, c’est l’équarrir. (D. J.)

QUARRY, s. m (Comm.) mesure des salines. Le quarry contient 60 pintes, mesure de salin, qui font 90 pintes, mesure de Paris.

QUART, s. m. (Mathémat.) est la quatrieme partie d’un tout, laquelle est plus ou moins grande, selon la quantité du total dont elle fait partie. Ainsi l’on dit un quart d’heure, un quart de boisseau, un quart de muid. Voyez, Heure, Boisseau, Muid. Voyez aussi Mesure.

Un quart dans les fractions s’exprime par , & les trois quarts par . Voyez Fraction. (E)

Quart de cercle, en Géométrie, est un arc de cercle de 90 degrés, ou la quatrieme partie de toute la circonférence. Voyez Arc & Cercle. Voyez aussi Degré.

Quart de cercle, signifie aussi un instrument d’un grand usage dans la navigation & dans l’Astronomie, pour prendre des hauteurs, des angles, &c. Voyez Hauteur & Angle.

Il y a plusieurs especes de quarts de cercle, qui sont tous différens selon leurs différens usages ; mais tous ont cela de commun, qu’ils consistent en un quart de cercle, dont le limbe est divisé en 90 degrés ; qu’ils ont un plomb suspendu à leur centre, & qu’ils sont armés de pinnules ou de lunettes pour observer. Voyez Pinnules, &c.

Les principaux quarts de cercle les plus ordinaires & les plus utiles, sont le quart de cercle d’arpenteur, le quart de cercle astronomique, & le quart de cercle mural.

Le quart de cercle simple, (représenté Pl. d’arpent.) se fait de cuivre, de bois, ou d’autre matiere. Son rayon est ordinairement de 12 ou 15 pouces ; son limbe circulaire est divisé en 90 degrés, & chacun de ces degrés est divisé en autant de parties égales, que l’espace peut le permettre, diagonalement ou autrement. Sur un demi-diametre sont attachées deux pinnules immobiles ; & au centre est suspendu un fil avec un plomb. On attache aussi quelquefois au centre une regle mobile, qui porte deux autres pinnules semblable à l’index d’un télescope ; & au lieu des pinnules immobiles, on y met quelquefois un télescope, quoique cet appareil appartienne plus particulierement au quart de cercle astronomique.

Sous la surface inférieure de l’instrument, est un genou, au moyen duquel on peut lui donner toutes les situations dont on a besoin. Voyez Genou.

Outre les parties essentielles du quart de cercle, on met fort souvent sur la face, proche le centre, une espece de compartiment, que l’on appelle quarré géométrique, comme on le voit dans la figure. Ce quarré fait en quelque sorte un instrument séparé. Voyez sa description & son usage à l’article Quarré géométrique.

On conçoit facilement qu’il faut donner au quart de cercle différentes positions, selon les différentes situations des objets que l’on observe ; ainsi que pour mesurer des hauteurs ou profondeurs, il faut que son plan soit situé perpendiculairement à l’horison, & que pour prendre des distances horisontales, il y soit parallele.

De plus, on peut prendre de deux manieres les hauteurs & les distances, c’est-à-dire par le moyen des pinnules fixes & du plomb, & par le moyen de l’index mobile.

Usage de ce quart de cercle ; pour mesurer la hauteur d’un objet, ou sa profondeur avec les pinnules fixes & le fil à plomb. Si vous voulez prendre, par exemple, la hauteur d’une tour, placez verticalement le quart de cercle, & regardez par la pinnule qui est près de la circonférence, en dirigeant l’instrument, jusqu’à ce que l’œil apperçoive le sommet de la tour au travers des pinnules. Alors la portion de l’arc, interceptée entre le fil & le demi-diametre, où sont fixées les pinnules, fait voir le complément de la hauteur de la tour au-dessus de l’horison, ou sa distance au zénith. & l’autre portion de l’arc interceptée entre le fil & l’autre demi-diametre, montre sa hauteur même au-dessus de l’horison.

Le même arc donne pareillement la quantité de l’angle formé par le rayon visuel, & par une ligne horisontale parallele à la base de la tour.

Pour mesurer les profondeurs, il faut remarquer que l’œil doit être placé au-dessus de cette pinnule, qui est proche le centre du quart de cercle.

La hauteur ou la profondeur de l’objet, étant ainsi déterminée en degrés (que nous supposerons ici 35°. 35′), & la distance du pié de l’objet au lieu de l’observation, étant mesurée avec un très-grand