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ber deux pendules égaux d’égale hauteur & dans le même plan, de façon qu’ils se choquent, ces deux pendules, s’ils sont de plomb ou d’argille molle, perdront si-non tout, au moins une partie de leur mouvement ; & s’ils sont de quelque matiere élastique, ils ne retiendront de leur mouvement qu’autant qu’ils en reçoivent de leur force élastique. V. Elastique.

Si l’on demande comment il arrive que le mouvement qui se perd à tout moment se renouvelle continuellement, le même auteur ajoute qu’il est renouvellé par quelque principe actif, tel que la cause de la gravité par laquelle les planetes & les cometes conservent leur mouvement dans leur orbite, par laquelle aussi tous les corps acquierent dans la chute un degré de mouvement considérable, & par la cause de la fermentation qui fait conserver au cœur & au sang des animaux, une chaleur & un mouvement continuel, qui entretient continuellement dans la chaleur les parties intérieures de la terre, qui met en feu plusieurs corps, & le soleil lui-même ; comme aussi par l’élasticité au moyen de laquelle les corps se remettent dans leur premiere figure ; car nous ne trouvons guere d’autre mouvement dans le monde que celui qui dérive ou de ces principes actifs, ou du commandement de la volonté : Voyez Gravité, Fermentation, Elasticité, &c.

Quant à la continuation du mouvement, ou la cause qui fait qu’un corps une fois en mouvement persévere dans cet état, les Physiciens ont été fort partagés là-dessus, comme nous l’avons déja remarqué. C’est cependant un effet qui découle évidemment de l’une des grandes lois de la nature, savoir que tous les corps perséverent dans leur état de repos ou de mouvement, à moins qu’ils n’en soient empêchés par des forces étrangeres ; d’où il s’ensuit qu’un mouvement une fois commencé continueroit à l’infini, s’il n’étoit interrompu par différentes causes, comme la force de la gravité, la résistance du milieu, &c. de sorte que le principe d’Aristote, toute substance en mouvement affecte le repos, est sans fondement. Voyez Force d’inertie.

On n’a pas moins disputé sur la communication du mouvement, ou sur la maniere dont les corps mus viennent en affecter d’autres en repos, ou enfin sur la quantité de mouvement que les premiers communiquent aux autres ; on en peut voir les lois aux mots Percussion & Communication.

Nous avons observé que le mouvement est l’objet des méchaniques, & que les méchaniques sont la base de toute la philosophie naturelle, laquelle ne s’appelle méchanique que par cette raison. Voyez Méchanique.

En effet, tous les phénomenes de la nature, tous les changemens qui arrivent dans le système des corps, doivent s’attribuer au mouvement, & sont réglés par ses lois.

C’est ce qui a fait que les philosophes modernes se sont appliqués avec beaucoup de soin à cette science, & qu’ils ont cherché à découvrir les propriétés & les lois du mouvement, soit par l’expérience, soit en y employant la Géométrie. C’est à leur travail que nous sommes redevables des grands avantages que la Philosophie moderne a sur celle des anciens. Ceux-ci négligeoient fort le mouvement, quoiqu’ils parussent d’un autre côté en avoir si bien senti l’importance, qu’ils définissoient la nature, le premier principe du mouvement & du repos des substances. Voyez Nature.

Il n’y a rien sur le mouvement dans les livres des anciens, si l’on en excepte le peu que l’on trouve dans les livres d’Archimede, de æcquiponderantibus. On doit en grande partie la science du mouvement à Galilée ; c’est lui qui a découvert les regles générales du mouvement, & en particulier celle de la des-

cente des graves qui tombent verticalement ou sur

des plans inclinés ; celles du mouvement des projectiles, des vibrations des pendules, objets dont les anciens n’avoient que fort peu de connoissance. Voyez Descente, Pendule, Projectile, &c.

Torricelli son disciple, a perfectionné & augmenté les découvertes de son maître, & y a ajouté diverses expériences sur la force de percussion & l’équilibre des fluides. Voyez Percussion & Fluide. M. Huyghens a beaucoup perfectionné de son côté la science des pendules & la théorie de la percussion ; enfin Newton, Leibnitz, Varignon, Mariotte, &c. ont porté de plus en plus la science du mouvement à sa perfection. Voyez Méchanique, &c.

Le mouvement peut être regarde comme uniforme & comme varié, c’est-à-dire accéléré ou retardé ; de plus le mouvement uniforme peut être considéré comme simple ou comme composé, le composé comme rectiligne ou comme curviligne.

On peut encore considérer tous ces mouvemens ou en eux-mêmes, ou eu égard à leur production & à leur communication par le choc, &c.

Le mouvement uniforme est celui par lequel le corps se meut continuellement avec une même vitesse invariable. Voyez Uniforme.

Voici les lois du mouvement uniforme. Le lecteur doit observer d’abord que nous allons exprimer la masse ou la quantité de matiere par M, le moment ou la quantité de mouvement ou l’effort par E, le tems ou la durée du mouvement par T, la vitesse ou la rapidité du mouvement par V, & l’espace ou la ligne que le corps décrit, par S. Voyez Moment, Masse, Vitesse, &c.

De même l’espace étant = s & le tems = t, la vitesse sera exprimée par , & si la vitesse = u, & la masse = m, le moment sera pareillement = um.

Lois du mouvement uniforme. 1°. Les vitesse V & u de deux corps qui se meuvent uniformément sont en raison composée de la directe des espaces S & s & de l’inverse des tems T & t,

car , & ,

donc ,

donc .

C. Q. F. D.

Ce théoreme & les suivans peuvent être rendus sensibles en nombre de cette sorte : supposons qu’un corps A dont la masse est comme 7, c’est-à-dire de 7 livres, décrive dans 3″ de tems un espace de 12 piés, & qu’un autre corps B dont la masse est comme 5, décrive en 8″ un espace de 16 piés, nous aurons donc M = 7, T = 3, S = 12, m = 5, t = 8, s = 16, & par conséquent V = 4, u = 2 ; ce qui réduira notre formule

en cette forme
,


par conséquent si V = u on aura St = sT, & ainsi

,


c’est-à-dire que si deux corps se meuvent uniformément & avec la même vitesse, les espaces seront entr’eux comme les tems. On peut donner en nombre des exemples des corollaire, comme du théoreme, ainsi supposant S = 12, T = 6, s = 8, t = 4, on aura , &

par conséquent, puisque V = u,
,
.


Si V = u & t = T, on aura S = s, ainsi les corps qui se meuvent uniformément & avec la même vitesse, doivent décrire en tems égaux des espaces égaux.

2°. Les espaces S & s que les corps décrivent sont en