Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 1.djvu/664

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dessous. Voyez Croisée bombée & Voûte bombée.

On appelle aussi de ce nom des ornemens de sculpture en maniere de trefle. (P)

Arceau, sur les rivieres, c’est la voûte ou la petite arche d’un ponceau.

Arceau, en Chirurgie, demi-caisse de tambour dont on fait un logement à la jambe ou au pié dans les fractures ou autres maladies, afin que le membre soit à l’abri de la pesanteur du drap & des couvertures du lit. Voyez Pl. X. de Chirurgie, fig. 2.

ARCHANGE, s. m. (Théol.) substance intellectuelle ou ange du second ordre de la hiérarchie céleste. Voyez Ange & Hiérarchie. On appelle ces esprits archanges, parce qu’ils sont au-dessus des anges du dernier ordre ; du Grec ἀρχὴ, principauté, & d’ἄγγελος, ange. S. Michel est considéré comme le prince des anges, & on l’appelle ordinairement l’archange S. Michel. (G)

* ARCHANGEL, (Géog.) ville de la Russie septentrionale, capitale de la province de Dowina sur la Dowina. Long. 57. 20. lat. 54. 26.

Le commerce d’Archangel comprend celui d’une partie de la Moscovie. Les Anglois & les Hollandois s’en sont presqu’entierement emparés. Cependant les François, les Suédois, les Danois & ceux de Hambourg & de Breme, ont des correspondans à Archangel.

La foire s’ouvre le 20 Août & dure dix jours : mais le commerce peut commencer une quinzaine plûtôt. Il se fait ou en échange, & c’est le plus ordinaire, ou partie en échange & partie au comptant, ou tout au comptant. Il faut y envoyer de France les vins de Bordeaux & d’Anjou ; des toiles, des futaines, des drap, des lainages, des rubans, des chapeaux, quelques riches étoffes, des bagues, des bijoux, des ustenciles de ménage, des outils d’artisans, du papier, des épices, &c. on en tire des pelleteries, des cuirs, des cires, des martes, &c.

ARCHE, en Architecture, est l’espace qui est entre les deux piles d’un pont, & fermé par le haut d’une partie de cercle. On appelle maîtresse arche celle qui est au milieu d’un pont, parce qu’elle est plus large & plus haute que les autres pour la facilité de la navigation ; & aussi pour élever le milieu du pont, & former une pente à chaque bout, pour l’écoulement des eaux de pluie sur le pavé. Les arches reçoivent différentes expressions, par rapport à la forme du cercle ou de l’arc qui les ferme par le haut. Voyez Arc.

Arche d’assemblage, est un cintre de charpente bombé & tracé d’une portion de cercle pour faire un pont d’une seule arche, comme il s’en voit dans Palladio, & comme il avoit été propose d’en faire un à Seve près Paris, par M. Perault. Voyez M. Blondel, cours d’Architecture, part. V. liv. I. &c. (P)

Arche extradossée, est celle dont les voussoirs sont égaux en longueur, paralleles à leurs doüelles, & qui ne font aucune liaison entr’eux, ni avec les assises des reins. Voyez celle de Notre-Dame.

Arche, s. f. (en Marine.) c’est la boîte de menuiserie qui couvre la pompe, pour qu’elle ne soit point endommagée. On se sert aussi pour le même effet des cordes dont la pompe est surliée. (Z)

Arche, s. f. en Verrerie, c’est une partie du four. Il y en a six, quatre grandes & deux petites ; elles sont faites de brique, & forment l’extérieur du four, à l’intérieur duquel elles communiquent chacune par une lunette, d’environ un pied de diametre. C’est dans ces arches que l’on met recuire les matieres propres à faire le verre, avant que de les mettre dans les pots ; elles servent aussi à attremper les pots, avant que de passer pour la premiere fois dans l’intérieur du four. Les arches sont échauffées par la cha-

leur du four qui s’y porte par les lunettes. Voyez

Four, Lunettes & Attremper.

Arche d’Alliance, (Théol.) dans l’Ecriture-sainte signifie une sorte de coffre, dans lequel étoient renfermées les deux tables de pierre sur lesquelles étoient gravés les dix commandemens de la loi donnée à Moyse sur le mont Sinaï ; ainsi que l’avoit ordonné Dieu lui-même. Exod. c. xxv. v. 16.

Cette arche étoit en singuliere vénération parmi les Hébreux, qui l’avoient placée dans la partie la plus sainte du tabernacle. On la portoit dans les expéditions militaires, comme un gage sensible de la protection divine : mais Dieu irrité contre son peuple, permit qu’elle fût prise par les Philistins, au pouvoir desquels elle demeura vingt ans, selon quelques-uns, & selon d’autres quarante. Les fléaux dont à leur tour les Philistins furent frappés, les obligerent de restituer l’arche aux Israélites, qui la déposerent à Cariathiarim dans la maison d’un Lévite nommé Abinadab, chez lequel elle demeura encore vingt ans. David fit transporter l’arche avec beaucoup de solennité à Jérusalem, & la plaça sous un tabernacle qu’il avoit fait construire ; & enfin Salomon la fit mettre dans le temple. Quoique l’Ecriture semble dire en plusieurs endroits, qu’il n’y avoit dans l’arche que les deux tables de pierre ; elle marque expressément ailleurs, qu’elle renfermoit une urne pleine de la manne qu’avoient mangé les Israélites dans le desert, & la verge ou baguette d’Aaron qui avoit fleuri. Hébr. j. c. v. 4.

On peut voir dans l’Ecriture la description de l’arche. Voici celle qu’en donne Josephe. L’arche, dit-il, avoit cinq palmes de longueur, trois de largeur, & autant de hauteur. Le bois de l’un & de l’autre côté étoit revêtu de lames d’or, & attaché avec des clous dorés ; à quoi il faut ajoûter qu’elle avoit à ses deux plus longs côtés de gros anneaux d’or, qui traversoient le bois, dans lesquels on mettoit de gros bâtons dorés pour la porter selon le besoin, ce que faisoient les sacrificateurs (& les Lévites.) La couverture de l’arche s’appelloit le propitiatoire, sur lequel étoient placées deux figures appellées Chérubins, selon la forme qu’en avoit prescrit Moyse, qui les avoit vûs devant le throne de Dieu. Voyez Chérubin. Quelques critiques prennent ce mot chérubé כדכד pour une transposition de celui-ci דכרכ réchub, qui signifie chariot, & prétendent que par les chérubins qui étoient placés sur l’arche d’alliance, on doit entendre que l’arche étoit comme une sorte de char sur lequel on supposoit que Dieu étoit assis. Voyez Propitiatoire & Chérubin.

Les Juifs modernes ont une espece d’arche dans leurs synagogues, c’est un coffre ou une armoire dans laquelle ils mettent leurs livres sacrés, & qu’ils regardent comme une figure de l’arche d’alliance construite sur les desseins de Moyse. Ils la nomment aron. Les Juifs, dit Léon de Modene, dans le détail qu’il a donné des coûtumes & des cérémonies de ceux de sa nation, ont au côté oriental de leurs synagogues une armoire qui représente l’arche d’alliance, dans laquelle ils conservent le Pentateuque écrit sur du vélin, avec une encre particuliere. Cet usage n’est pas nouveau, puisque Tertullien appelle cette arche armarium Judaïcum ; d’où est venue cette façon de parler, être dans l’armoire de la synagogue, pour dire être au nombre des écrits canoniques. Voyez Canonique & Apocryphe.

Quant à l’arche d’alliance qui étoit dans le temple, on lit dans le second livre des Machabées, chap. ij. que peu de tems avant la prise de Jérusalem, Jérémie ayant fait cacher le feu sacré, l’autel des parfums, & l’arche, dans un soûterrain par les Prêtres & les Lévites, l’en retira après le départ des Chaldéens, & les fit porter à sa suite jusqu’au-de là du Jourdain, à la