L’Encyclopédie/1re édition/TIERCE

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TIERCE, s. f. (Théolog.) nom d’une des petites heures canoniales, composée suivant l’usage présent de l’église romaine, du Deus in adjutorium, d’un hymne, de trois pseaumes sous une seule antienne, d’un capitule avec son répons bref, d’un verset, & d’une oraison.

Des auteurs ecclésiastiques très-anciens, tels que S. Basile dans ses grandes regles, quæst. 37. & l’auteur des constitutions apostoliques, l. VIII. c. xxxiv. attestent que de leur tems, tierce faisoit partie de la priere publique : on la nommoit ainsi tertia, parce qu’on la faisoit à la troisieme heure du jour, selon la maniere de compter des anciens, laquelle répondoit à neuf heures du matin ; & cela en mémoire de ce qu’à cette heure le S. Esprit étoit descendu sur les apôtres. C’est la raison qu’en donne S. Basile. L’auteur des constitutions apostoliques dit que c’étoit en mémoire de la sentence de mort prononcée par Pilate à pareille heure, contre Jesus-Christ. C’est aussi ce que dit la glose dat causam tertia mortis : on ne sait pas précisément de quelles prieres, ni de quel nombre de pseaumes l’heure de tierce étoit composée dans les premiers tems ; mais on conjecture qu’il n’y avoit que trois pseaumes, parce que, dit Cassien, chaque heure canoniale étoit composée de trois pseaumes avec les prieres ; Bingham prétend, mais sans alléguer aucune autorité, qu’on ne récitoit point tierce les jours de dimanche & de fête, parce que c’étoit à cette heure que commençoit la célébration de l’eucharistie : comme si l’on n’eût pas pu anticiper tierce, ou du moins en chanter les pseaumes tandis que le peuple s’assembloit. Voyez Bingham, orig. eccles. t. V. l. XIII. c. ix. §. 2.

Tierce, fievre, (Médec.) fievre qui revient tous les deux jours, accompagnée de froid & de frisson, d’un pouls prompt & fréquent, que suit une chaleur incommode & brulante ; c’est l’espece de fievre la plus commune ; elle attaque indistinctement les personnes de tout âge, de tout sexe, & de tout tempérament.

Symptomes. Lorsque cette fievre est réguliere & vraie, voici ses symptomes les plus ordinaires.

Les articulations sont foibles : on a mal à la tête : on sent aux environs des premieres vertebres du dos, une douleur de reins : il y a constipation & tension douloureuse aux hypocondres. Ajoutez à cela le refroidissement des parties extérieures, sur-tout des narines & des oreilles, des bâillemens, un frisson accompagné quelquefois de tremblement dans tous les membres, un pouls petit, foible, serré, & quelquefois une soif insatiable.

Ces symptomes sont suivis de nausées & de vomissemens ; ensuite il survient une chaleur brulante & seche, qui s’empare de tout le corps ; les joues s’affaissent, le visage devient pâle, la peau retirée, les vaisseaux des piés & des mains paroissent rouges & gonflés, le pouls devient plus grand, plus plein, plus prompt, & la respiration plus pénible ; le malade tient aussi quelquefois des discours sans ordre & sans suite.

Ces symptomes diminuent peu-à-peu, la chaleur se calme, la peau se relâche & s’humecte ; les urines sont hautes en couleur, & sans sédiment, le pouls s’amollit, la sueur succede, & le paroxisme cesse.

Quant à sa durée, elle varie selon la différence des tempéramens & des causes morbifiques ; chez la plûpart des malades, elle est de onze ou douze heures, & dans d’autres davantage ; il y a le jour suivant intermission ; le corps est languissant ; le pouls qui étoit prompt & véhément dans le paroxisme, est alors lent, foible, & ondoyant ; les urines sont plus épaisses, déposent un sédiment, ou portent une espece de nuage ; ce qui marque de la disposition à précipiter un sédiment.

Personnes sujettes à la fievre tierce. Tout le monde y est sujet, mais les jeunes gens plus que les vieillards, les hommes plus que les femmes ; les personnes d’une vie active, plus que celles qui menent une vie sédentaire ; les personnes d’un tempérament délicat & bilieux ; celles qui font un usage excessif de liqueurs froides ; celles qui vivent sous un atmosphere malsain ; celles qui ont souvent des nausées, &c. sont aussi plus fréquemment attaquées de fievre tierce que les autres, &c.

Division des différentes fievres tierces. La fievre tierce est vraie ou bâtarde : la premiere est accompagnée de symptomes violens, mais sa terminaison se fait quelquefois promptement. Dans la fievre tierce bâtarde, les symptomes sont plus doux.

La fievre tierce se distingue aussi en réguliere & irréguliere. La premiere conserve la même forme, soit dans son accès, soit dans sa terminaison. L’irréguliere varie à ces deux égards : les fievres tierces irrégulieres, sont communément épidémiques, & proviennent de la constitution bizarre des saisons.

La fievre tierce est quelquefois simple, quelquefois double. Dans la simple, les paroxismes reviennent tous les seconds jours, ou deux fois par jour, avec un jour d’intermission. Il faut toutefois distinguer la fievre double-tierce, de la fievre quotidienne qui prend tous les jours dans le même tems, au-lieu que les paroxismes de la double tierce reviennent tous les deux jours.

Causes des fievres tierces. Ces fievres naissent comme les autres, d’une infinité de causes différentes ; mais pour l’ordinaire, de la corruption de la bile & des humeurs, après de grands exercices, d’agitations d’esprit, d’une saison chaude, humide, des veilles, de l’abus des liqueurs échauffantes, des alimens gras, épicés, de difficile digestion, des crudités, &c.

Prognostiques. Les fievres tierces qui n’ont pas été mal traitées, sont plus favorables que contraires à la santé : car ceux qui en ont été attaqués, se portent communément après qu’ils sont guéris, mieux qu’ils ne le faisoient auparavant.

Souvent la fievre tierce cesse d’elle-même, par le simple régime, sans aucun remede, & par une légere crise au bout de quelques accès. Ces sortes de fievres ne sont jamais nuisibles ; mais les fievres tierces mal conduites par le médecin, sur-tout lorsqu’il a mis en usage de violens sudorifiques ou astringens, laissent après elles un délabrement de santé cent fois pire que n’étoit la fievre.

Les fievres tierces sont plus opiniâtres en automne & en hiver, que dans les autres saisons. Elles sont sujettes à revenir, sur-tout lorsqu’elles ont été arrêtées mal-à-propos, & que le malade, après leur guérison, a péché inconsidéremment dans le régime diaphorétique, ou diététique.

Méthode curative. C’est 1°. de corriger l’acrimonie qui est la cause prochaine de cette fievre. 2°. De dissiper doucement, sur-tout par la transpiration, la matiere peccante. 3°. De calmer la violence des spasmes & des symptomes. 4°. D’expulser & d’évacuer les humeurs viciées, qui sont logées principalement dans le duodenum. 5°. De rétablir les forces après le paroxisme, & de tenir les excrétions en bon état. 6°. D’empêcher le retour de la fievre, accident commun, & qui demande plus de précautions qu’on n’en prend d’ordinaire.

Pour remplir la premiere indication curative, on corrige l’acrimonie bilieuse, par le nitre commun, bien épuré, & par des liqueurs humectantes & délayantes, comme des tisanes d’orge, de l’eau de gruau, du petit lait, des boissons de racines de gramen, du suc & d’ecorce de citron, &c.

On satisfait à la seconde indication par des diaphorétiques doux, les infusions de scordium, de chardon béni, & d’écorce de citron.

La troisieme indication est remplie, en employant des substances nitreuses, rafraîchissantes, modéremment diaphorétiques & délayantes ; tel est l’esprit dulcifié de nitre bien préparé, & donné dans des eaux sédatives, comme celles de fleurs de surau, de tilleul, de primevere, de camomille commune, &c.

On corrige & on évacue les humeurs viciées, par de doux vomitifs, des purgatifs, des savonneux acescens, & autres remedes semblables. Quand les sucs viciés sont visqueux & tenaces, les sels neutres, comme le tartre vitriolé, le sel d’Epsom, les sels des eaux de Sedlitz & d’Egra, sont très-bienfaisans : on délaye ces sels dans une quantité suffisante de quelques véhicules aqueux. Si les sucs viciés sont acides & salins, on peut user de manne, avec une demi-drachme de terre-foliée de tartre, & quelques gouttes d’huile de cédre. Lorsque le duodenum, ou l’estomac, sont engorgés de sucs corrompus, on doit tenter l’évacuation par les émétiques convenables.

Après l’évacuation des humeurs peccantes, on rétablit le ton des solides par les fébrifuges resserrans, & en particulier par le quinquina, donné dans le tems d’intermission, en poudre, en décoction, infusion, essence ou extrait.

Le mal étant guéri, on en prévient le retour par le régime, les alimens faciles à digérer, l’exercice moderé, les frictions, & quelques stomachiques en petite dose.

Observation de pratique. Les émétiques, les échauffans, & les sels purgatifs, ne conviennent point aux hypochondriaques : on substitue à ces remedes, des balsamiques en petite dose, & des clysteres préparés de substances émollientes & laxatives.

On n’entreprend rien dans l’accès, & sur tout pendant les frissons ; mais à mesure que la chaleur augmente, on use d’une boisson agréable, propre à éteindre la soif, & à petits coups ; lorsque la chaleur diminue, on facilite l’éruption de la moiteur ; & après la cessation de la fievre, on continue d’entretenir la transpiration.

Quoique le quinquina soit un excellent fébrifuge, il ne convient pas aux personnes mélancholiques, aux femmes dont les regles sont supprimées, & dans plusieurs autres cas : on ne doit point l’employer avant que la matiere morbifique soit corrigée & suffisamment évacuée.

La saignée ne convient qu’aux gens robustes, pléthoriques, jeunes, & dans la vigueur de l’âge.

Les opiats & les anodins diminuent les forces, dérangent les périodes de la maladie, & troublent la crise.

L’écorce de cascarille qui est balsamique, sulphureuse, terreuse & astringente, est un excellent remede pour les personnes languissantes & flegmatiques ; on mêle fort bien cette écorce avec le quinquina.

Les femmes que la suppression des regles a rendu cachectiques, doivent être traitées avec beaucoup de circonspection dans la fievre tierce.

Les enfans de huit ou dix ans, attaqués de fievre tierce, se guérissent à merveille par un léger émétique, suivi de clysteres fébrifuges, ou de sirop de quinquina.

Les sudorifiques, & les remedes échauffans font souvent dégénérer la fievre tierce en continue, ou en fievre inflammatoire, ce qui suffit pour bannir à jamais de la médecine cette méthode qui n’a que trop long-tems regné.

Quand la fievre tierce produit un nouvel accès dans les jours d’intervalle, on les nomme double tierce ; si elles ont trois accès, triple tierce ; ainsi de la quarte.

La cause prochaine de ce phénomène est 1°. l’augmentation de la matiere fébrile, assez considérable pour produire un nouvel accès. 2°. Le manque de forces qui n’a pas pu soumettre & expulser toute la matiere fébrile dans l’accès précédent. 3°. La reproduction d’une nouvelle matiere fébrile dans l’intervalle. Le danger est toujours plus grand à proportion que les accès se touchent & se multiplient ; cependant la méthode curative ne change pas : on peut seulement augmenter avec prudence, la dose du fébrifuge, & s’y tenir un peu plus long-tems, pour prévenir la récidive. (Le chevalier de Jaucourt.)

Tierce, s. f. en Musique, est la premiere des deux consonnances imparfaites. Voyez Consonnance. Comme les Grecs ne la reconnoissoient pas pour telle, elle n’avoit point parmi eux de nom générique. Nous l’appellons tierce, parce que son intervalle est formé de trois sons, ou de deux degrés diatoniques. A ne considérer les tierces que dans ce dernier sens, c’est-à-dire par leur degré, on en trouve de quatre sortes, deux consonnantes, & deux dissonnantes.

Les consonnantes sont 1°. la tierce majeure, que les Grecs appelloient diton, composée de deux tons comme d’ut à mi ; son rapport est de 4 à 5. 2°. La tierce mineure appellée par les Grecs hemi-diton, est composée d’un ton & demi, comme mi sol ; son rapport est de 5 à 6.

Les tierces dissonnantes sont, 1°. la tierce diminuée, composée de deux semi-tons majeurs, comme si, ré bémol, dont le rapport est de 125 à 144. 2°. La tierce superflue, composée de deux tons & demi, comme fa, la dieze ; son rapport est de 96 à 125.

Ce dernier intervalle ne s’emploie jamais ni dans l’harmonie, ni dans la mélodie. Les Italiens pratiquent assez souvent dans le chant la tierce diminuée ; pour dans l’harmonie, elle n’y sauroit jamais faire qu’un très-mauvais effet.

Les tierces consonnantes sont l’ame de l’harmonie, sur-tout la tierce majeure, qui est sonore & brillante. La tierce mineure a quelque chose de plus triste ; cependant elle ne laisse pas d’avoir beaucoup de douceur, sur-tout quand elle est redoublée.

Nos anciens musiciens avoient sur les tierces des lois presque aussi séveres que sur les quintes ; il n’étoit pas permis d’en faire deux de suite de la même espece, sur-tout par mouvement semblable. Aujourd’hui on fait autant de tierces majeures ou mineures de suite, que la modulation en peut comporter ; & nous avons des duo fort agréables qui, du commencement à la fin, ne procedent que par tierces.

Quoique la tierce entre dans la plupart des accords, elle ne donne son nom à aucun, si ce n’est à celui que quelques-uns appellent accord de tierce quarte, & que nous connoissons plus généralement sous le nom de petite-sixte. Voyez Accord, Sixte. (S)

Tierce de Picardie, les Musiciens appellent ainsi par plaisanterie, la tierce majeure donnée à la finale d’un morceau de musique composé en mode mineur. Comme l’accord parfait majeur est plus harmonieux que le mineur, on se faisoit autrefois une loi de finir toujours sur ce premier : mais cette finale avoit quelque chose de niais & de mal chantant qui l’a fait abandonner, & l’on finit toujours aujourd’hui par l’accord qui convient au mode de la piece, si ce n’est lorsqu’on passe du mineur au majeur ; car alors la finale du premier mode porte élégament la tierce majeure.

Tierce de Picardie, parce que l’usage de cette tierce est resté plus long-tems dans la musique d’église, & par conséquent en Picardie où il y a un grand nombre de cathédrales & autres églises, où l’on fait musique. (S)

Tierce, terme d’Imprimeur, c’est la troisieme épreuve, ou la premiere feuille que l’on tire immédiatement après que la forme a été mise en train, avant que d’imprimer tout le nombre que l’on s’est proposé de tirer sur un ouvrage. Quoiqu’il arrive que l’on donne trois ou quatre épreuves d’un ouvrage, c’est toujours la derniere qui s’appelle tierce. Le prote doit collationner avec grande attention, sur la tierce, si les fautes marquées sur la derniere épreuve ont été exactement corrigées. La tierce doit ressembler à une premiere bonne feuille, & être exempte de tout défaut, sans quoi on en exige une autre. Voyez Mettre en train.

Tierce, (Lainage.) en terme de commerce de laines d’Espagne, on appelle laine tierce, la troisieme sorte de laine qui vient de ce royaume ; c’est la moindre de toutes. Savary. (D. J.)

Tierce, (Jeu d’orgue.) est faite en plomb, & a tous ses tuyaux ouverts. Voyez la fig. 41. jeu d’Orgue. Ce jeu sonne l’octave au-dessus de la double tierce, qui sonne l’octave au-dessus du prestant. Voyez la table du rapport & de l’étendue des jeux d’Orgue.

Tierce double, (Jeu d’orgue.) sonne la tierce au-dessus du prestant ou du quatre piés. Ce jeu a quatre octaves, & est fait comme le nazared, en ce cas il a des oreilles, ou est fait comme la tierce qui n’en a point : sa matiere est le plomb. Voyez l’article Orgue, & la table du rapport & de l’étendue des jeux de l’orgue.

Tierces plumes, en Plumacerie, ce sont des plumes d’autruche qui à force d’être sur l’oiseau, sont usées au point qu’il ne reste presque plus de franges sur la tige.

Tierce, (Comm.) en Angleterre est une mesure pour des choses liquides, comme du vin, de l’huile, &c. elle contient le tiers d’une pipe, ou 42 gallons ; un gallon contient environ 4 pintes de Paris. Voyez Mesure, Gallon.

Tierce, estocade de, (Escrime.) est un coup d’épée qu’on alonge à l’ennemi dehors, & sur les armes. Voyez Tirer dehors les armes, & sur les armes.

Pour exécuter cette estocade, il faut 1°. faire du bras droit & de la main droite, tout ce qui a été enseigné pour parer en tierce, & effacer de même : 2°. étendre subitement le jarret gauche pour chasser le corps en avant : 3°. avancer le pié droit vers l’ennemi, à quatre longueurs de pié de distance d’un talon à l’autre : 4°. le genou droit plié, le gauche bien étendu, & le tibia perpendiculaire à l’horison : 5°. développer le bras gauche avec action la main ouverte, & avancer le corps jusqu’à ce que le bout des doigts soit sur l’à-plomb du talon gauche : 6°. le dedans de la main gauche tourné de même côté que le dedans de la droite, le pouce du côté de la terre & à hauteur de la ceinture : 7°. regarder l’ennemi par le dedans du bras droit : 8°. faire tout le reste comme à l’estocade de quarte. Voyez Estocade de quarte.

Tierce, parer en, (Escrime.) c’est détourner du vrai tranchant de son épée, celle de son ennemi sur une estocade qu’il porte dehors, & sur les armes. Voyez Tirer hors les armes, & sur les armes.

Pour exécuter cette parade, il faut 1°. sans varier la pointe d’aucun côté, élever le poignet à la hauteur du nœud de l’épaule : 2°. avancer un peu le haut du corps vers l’ennemi, en tournant l’axe des épaules à droite. (Voyez Effacer.) 3°. tourner la main droite de façon que le vrai tranchant soit sur l’alignement du coude, & mettre le plat de la lame parallele à l’horison : 4°. porter le talon du vrai tranchant du côté de l’épée ennemie, jusqu’à ce que la garde ait passé l’alignement du corps : 5°. regarder l’ennemi par le dedans du bras : 6°. serrer la poignée de l’épée avec toute la main, dans l’instant qu’on la tourne. Nota, qu’on fait tous ces mouvemens d’un seul tems & avec action.

Tierces ou Tierches, terme de Blason, ce sont fasces en devise qui se mettent trois à trois, comme les jumelles deux à deux, les trois fasces n’étant comptées que pour une, & toutes les trois n’occupant que la largeur de la fasce ordinaire, ou de la bande, si elles y sont posées, pourvu qu’il n’y en ait qu’une dans un écu. P. Menestrier. (D. J.)

Tierce au piquet, c’est trois cartes de la même couleur qui se suivent en nombre, comme l’as, le roi, la dame, que l’on appelle tierce-majeure ; les autres s’appellent du nom de la plus haute carte qui la forme ; comme dans celle où le roi est la premiere, se nomme tierce au roi, ainsi des autres : la plus haute annullant toujours la plus foible.

Tierce-feuille, terme de Blason, figure dont on charge les écus des armoiries ; elle a une queue par laquelle elle est distinguée des trefles qui n’en ont point. (D. J.)

Tierce foi, (Jurisprud.) c’est la troisieme foi & hommage qui est rendue pour un fief, depuis la premiere acquisition dans les coutumes d’Anjou & Maine, Lodunois, Tours, & quelques autres ; un fief ou héritage noble ou tenu à franc devoir, se partage noblement entre rôturiers, lorsqu’il tombe en tierce-foi. Voyez le gloss. de M. de Lauriere, & les mots Foi, Hommage, Tierce-main.

Tierce-main ou Main-tierce, est la main d’un tiers. Ce terme est usité en matiere de saisie ; un particulier qui est en même tems créancier & débiteur de quelqu’un, saisit en ses propres mains, comme en main-tierce, ce qu’il peut devoir à son créancier qui est en même tems son débiteur.

Tierce-main signifie aussi quelquefois la troisieme main ou le troisieme possesseur d’un héritage noble dont la foi n’est plus due, parce qu’elle a été convertie en franc-devoir, quand ces héritages passent en tierce-main ou au troisieme possesseur : depuis l’affranchissement de l’héritage, il se partage noblement entre roturiers, dans les coutumes d’Anjou & Maine ou autres, où la qualité des personnes regle la maniere de partager les biens. Voyez le gloss. de M. de Lauriere au mot tierce-foi ou main. (A)

Tierce opposition, est celle qui est formée à l’exécution d’un jugement par un tiers qui n’a point été partie dans la contestation décidée par le jugement.

On la forme devant le même juge qui a rendu le jugement contre les parties avec lesquelles il a été rendu.

Si la tierce opposition est bien fondée, le jugement est retracté à l’égard du tiers-opposant seulement ; s’il succombe, il est condamné aux dépens & en l’amende.

Cette opposition est recevable en tout tems, même contre une sentence, après que le tems d’en appeller est expiré, parce qu’une sentence ne passe en force de chose jugée que contre ceux avec qui elle a été rendue. Voyez l’ordonnance de 1667, tit. XXVII. art. x. & tit. XXXV. art. ij. & les mots Appel, Arrêt, Jugement, Opposition, Requête civile, Sentence. (A)