L’Encyclopédie/1re édition/EFFACER

EFFACER, RATURER, RAYER, BIFFER, syn. (Gram.) Ces mots signifient l’action de faire disparoître de dessus un papier ce qui est adhérent à sa surface. Les trois derniers ne s’appliquent qu’à ce qui est écrit ou imprimé : le premier peut se dire d’autre chose, comme des taches d’encre, &c. Rayer est moins fort qu’effacer ; & effacer, que raturer. On raye un mot en passant simplement une ligne dessus ; on l’efface lorsque la ligne passée dessus est assez forte pour empêcher qu’on ne lise ce mot aisément ; on le rature, lorsqu’on l’efface si absolument qu’on ne peut plus lire, ou même lorsqu’on se sert d’un autre moyen que la plume, comme d’un canif, grattoir, &c. On se sert plus souvent du mot rayer, que du mot effacer, lorsqu’il est question de plusieurs lignes ; on dit aussi qu’un écrit est fort raturé, pour dire qu’il est plein de ratures, c’est-à-dire de mots effacés. Le mot rayer s’employe en parlant des mots supprimés dans un acte, ou du nom de quelqu’un qu’on a ôté d’une liste, d’un tableau, &c. Le mot biffer est absolument de style d’arrêt ; on ordonne, en parlant d’un accusé, que son écrou soit biffé, &c. Lorsque la partie ôtée d’un écrit est considérable, on se sert du mot de supprimer ou ôter, & non d’aucun des quatre qui font le sujet de cet article. Enfin effacer est du style noble, & s’employe en ce cas au figuré : effacer le souvenir, &c. (O)

Effacer, v. act. & neut. (Escrime.) c’est déplacer par un mouvement de corps le point que l’ennemi ajuste.

Pour effacer, on tourne l’axe des épaules à gauche dans l’instant qu’on pare au-dedans des armes, & à droite, dans l’instant qu’on pare au-dehors. Voyez Parer quarte et tierce, &c.

On ne doit pas entendre par effacer, cacher une partie de son corps à l’ennemi, mais bien une partie de son corps à la direction de son estocade ; c’est pourquoi il faut indispensablement effacer sur tous les coups qu’il porte.