L’Encyclopédie/1re édition/MENSTRUE (chimie)
Menstrue & action menstruelle, ou dissolvant & dissolution, (Chimie.) le mot menstrue a été emprunté par les Chimistes du langage alchimique. Il est du nombre de ceux auxquels les philosophes hermétiques ont attaché un sens absolument arbitraire, ou du moins qu’on ne peut rapprocher des significations connues de ce mot que par des allusions bisarres & forcées.
On entend communément par dissolution chimique la liquéfaction, ou ce qu’on appelle dans le langage ordinaire la fonte de certains corps concrets par l’application de quelques liqueurs particulieres ; tel est le phénomene que présente le sel, le sucre, la gomme, &c. dissous ou fondus dans l’eau.
Cette idée de la dissolution est inexacte & fausse à la rigueur, comme nous l’avons déja remarqué à l’article Chimie, voyez cet article p. 317. col. 2. parce qu’elle est incomplette & trop particuliere. Nous l’avons crue cependant propre à représenter ce grand phénomene chimique de la maniere la plus sensible, parce que dans les cas auxquels elle convient, les agens chimiques de la dissolution operent avec toute leur énergie, & que leurs effets sont aussi manifestes qu’il est possible. Mais, pour rectifier cette notion sur les vérités & les observations que fournit la saine Chimie, il faut se rappeller ;
1°. Que les corps que nous avons appellés aggrégés, voyez article Chimie, p. 410. col. 2, sont des amas des particules continues, arrêtées dans leur position respective, leur assemblage, leur système par un lien ou une force quelconque, que j’ai appellé rapport de masse, & que les Chimistes appellent aussi union aggrégative ou d’aggrégation.
2°. Que cet état d’aggrégation subsiste sous la consistance liquide & même sous la vaporeuse, & qu’un même corps en passant de l’état concret à l’état liquide, & même à celui de vapeur n’est altéré, tout étant d’ailleurs égal, que dans le degré de vicinité de ses parties intégrantes, & dans le plus ou le moins de laxité de son lien aggrégatif.
3°. Il faut savoir que dans toute dissolution les parties intégrantes du corps dissous s’unissent chimiquement aux particules du menstrue, & constituent ensemble de nouveaux composés stables, constans, que l’art sait manifester de diverses manieres, & qu’il est un terme appellé point de saturation, voyez Saturation, au-delà duquel il n’y a plus de mixtion, voyez Mixtion, ni par conséquent de dissolution, circonstance qui constitue l’essence de la dissolution parfaite : c’est ainsi que de la dissolution ou de l’union en proportion convenable de l’alkali fixe & de l’acide nitreux résulte le sel neutre, appellé nitre. Il faut se rappeller encore à ce propos que les divers principes qui constituent les composés chimiques, sont retenus dans leur union par un lien ou une force, que les Chimistes appellent union mixtive ou de mixtion, & qui, quoique dépendant très-vraissemblablement du même principe que l’union aggrégative, s’exerce pourtant très-diversement, comme il est prouvé dans toute la partie dogmatique de l’article Chimie, voyez cet article.
4°. De quelque maniere qu’on retourne l’application mutuelle, le mélange, l’intromission de deux corps naturellement immiscibles, jamais la dissolution n’aura lieu entre de tels corps : c’est ainsi que de l’huile d’olive qu’on versera sur du sel marin qu’on fera bouillir sur ce sel, qu’on battra avec ce sel, dans laquelle on broyera ce sel, dans laquelle on introduira ce sel aussi divisé qu’il est possible précédemment dissous sous forme liquide, c’est ainsi, dis-je, que l’huile d’olive ne dissoudra jamais le sel marin.
5°. On doit remarquer que la dissolution, c’est-à-dire l’union intime de deux corps a lieu de la même maniere & produit un nouvel être exactement le même, soit lorsque le corps appellé a dissoudre est concret, soit lorsqu’il est en liqueur, soit lorsqu’il est dans l’état de vapeur ; ainsi de l’eau ou un certain acide seront convertis chacun dans un corps exactement le même, lorsqu’ils seront imprégnés de la même quantité de sel alkali volatil, soit qu’on l’introduise dans le menstrue sous la forme d’un corps solide, ou bien sous celle d’une liqueur, ou enfin sous celle d’une vapeur. Il faut savoir cependant que l’union de deux liqueurs miscibles, dont l’une est l’eau pure, a un caractere distinctif bien essentiel, savoir que cette union a lieu dans toutes les proportions possibles des quantités respectives des deux liqueurs, ou, ce qui est la même chose, que cette union n’est bornée par aucun terme, aucun point de saturation. Aussi n’est-ce pas là une vraie dissolution, l’eau ne dissout point proprement un liquide aqueux, composé tel qu’est tout liquide, composé miscible à l’eau ; elle ne fait que l’étendre, c’est-à-dire entrer en aggrégation avec l’eau liquéfiante du liquide aqueux composé. Ceci recevra un nouveau jour de ce qui est dit de la liquidité empruntée au mot Liquidité (Chimie), voyez cet article, & de l’état des mixtes artificiels dans la formation desquels entre l’eau à l’article Mixtion, voyez cet article.
6°. Il est indifférent à l’essence de la dissolution que le corps dissous demeure suspendu dans le sein de la liqueur dissolvante, ou, ce qui est la même chose, soit réduit dans l’état de liquidité. Il y a tout aussi bien dissolution réelle dans la production d’un amalgame solide, dans celle du tartre vitriolé formé par l’effusion de l’huile de vitriol ordinaire sur l’alkali fixe concret, ou sur l’huile de tartre ordinaire, dans l’offa de Vanhelmont, dans la préparation du précipité blanc, &c. quoique les produits de ces dissolutions soient des corps concrets, que dans la préparation d’un sirop, d’un bouillon, &c. quoique ces dernieres dissolutions restent sous forme liquide.
Enfin il est des corps qui ne peuvent être dissous tant qu’ils sont en masse solide, & même d’autres que leur dissolvant propre n’attaque point, encore qu’ils soient dans l’état de liquidité, & qui ont besoin pour obéir à l’action d’un menstrue d’avoir été déja divisés jusques dans leurs corpuscules primitifs par une dissolution précédente. C’est ainsi que le mercure crud ou en masse n’est point dissout par l’acide du sel marin, qui exerce facilement sa vertu menstruelle sur ce corps lorsqu’il a été précédemment dissout par l’acide nitreux. Voyez Mercure, Chimie. Il est facile de déduire de ces principes l’idée vraie & générale de la dissolution, de reconnoître qu’elle n’est autre chose qu’une mixtion artificielle, c’est-à-dire que l’union mixtive déterminée par l’apposition artificielle de deux substances diverses & appropriées ou miscibles.
Il est encore aisé d’en conclure que les explications méchaniques que certains Physiciens ont donné de ce phénomene, & dont le précis est exposé, article Chimie, page 415, col. 2, tombent d’elles-mêmes par ces seules observations ; car enfin ces explications ne portant que sur la disgrégation & la liquefaction des corps concrets, & ces changemens étant purement accidentels & très-secondaires lors même qu’ils ont lieu, il est évident que ces explications ne peuvent être qu’insuffisantes. D’ailleurs la nécessité de l’appropriation ou rapport des sujets de la dissolution & l’union intime, ou la mixtion qui en est la suite, dérangent absolument toutes ces spéculations méchaniques ; il n’est pas possible à quelque torture qu’on se mette pour imaginer des proportions de molécules, d’interstices, de figures, &c. d’attribuer aux instrumens méchaniques un choix pareil à celui qu’on observe dans les dissolutions ; & il est tout aussi difficile de résoudre cette objection victorieuse, savoir l’union de l’instrument avec le sujet sur lequel il a agi, car les instrumens méchaniques se séparent dès que leur action a cessé des corps qu’ils ont divisés, selon que leur diverse pesanteur, ou telle autre cause méchanique agit diversement sur ces différens corps. C’est une des raisons par laquelle Boerhaave qui a d’ailleurs beaucoup trop donné aux causes méchaniques dans sa théorie de l’action menstruelle, voyez elementa chemiæ, pars altera, de menstruis, infirme les explications purement méchaniques. Cet auteur observe aussi avec raison qu’un instrument méchanique, un coin, par exemple, ne peut point agir en se promenant doucement (sola levi circumnatatione) autour du corps à diviser, qu’il doit être chassé à coups redoublés, & que certainement on ne trouve point cette cause impulsive dans des particules nageant paisiblement dans un fluide, in particulis molli fluido placidè circumfusis omni causâ adigente carentibus, &c.
La cause de la dissolution est donc évidemment l’exercice de la propriété générale des corps que les Chimistes appellent miscibilité, affinité, rapport, &c. voyez Rapport, ou, ce qui revient au même, la tendance à l’union mixtive, voyez encore Mixtion.
Si cette tendance est telle que l’union aggrégative des sujets de la dissolution en puisse être vaincue, la dissolution aura lieu, quoique ces sujets ou du moins l’un d’eux soit dans l’état de l’aggrégation la plus stable, c’est-à-dire qu’il soit concret ou solide. Il arrivera au contraire quelquefois que la force du lien aggrégatif sera supérieure à la force de miscibilité ; & alors la dissolution ne pourra avoir lieu, qu’on n’ait vaincu d’avance la résistance opposée par l’union aggrégative, en détruisant cette union par divers moyens. Ces moyens les voici : 1°. Il y en a un qui est de nécessité absolue ; savoir, que l’un des sujets de la dissolution soit au-moins sous la forme liquide ; car on voit bien, & il est confirmé par l’expérience, que des corps concrets, quand même ils seroient réduits dans l’état d’une poudre très-subtile, ne sauroient se toucher assez immédiatement pour que leurs corpuscules respectifs se trouvassent dans la sphere d’activité de la force mixtive. Cette force qui est à cet égard la même que celle que les Physiciens appellent attraction de cohésion, ne s’exerce, comme il est assez généralement connu, que dans ce qu’on appelle le contact, & qu’il ne faut appeller qu’une grande vicinité. Voyez l’article Chimie.
C’est cette condition dans le menstrue que les Chimistes ont entendue, lorsqu’ils ont fait leur axiome, corpora, ou plûtôt menstrua non agunt nisi sint soluta.
La liquidité sert d’ailleurs à éloigner du voisinage du corps ; à dissoudre les parties du menstrue, à mesure qu’elles se sont chargées & saturées d’une partie de ce corps, & en approcher successivement les autres parties du menstrue : car il ne faut pas croire que la liquidité consiste dans une simple oscillation, c’est-à-dire dans des éloignemens & des rapprochemens alternatifs & uniformes de ces parties. Tout liquide est agité par une espece de bouillonnement ; le feu produit dans son sein des tourbillons, des courans, comme nous l’avons déjà insinué à l’article Chimie ; & quand même cette assertion ne seroit point prouvée d’ailleurs, elle seroit toujours démontrée par les phenomenes de la dissolution. Au reste la liquidité contribue de la même maniere à la dissolution ; elle est une condition parfaitement semblable, soit qu’elle reside dans un corps naturellement liquide sous la température ordinaire de notre atmosphere, ou qu’elle soit procurée par un degré très-fort de feu artificiel, ou, pour s’exprimer plus chimiquement, que cette liquidité soit aqueuse, mercurielle ou ignée. Il faut remarquer seulement que les menstrues qui jouissent de la liquidité aqueuse, sont tous, excepté l’eau pure, composés de l’eau liquéfiante & d’un autre corps, lequel est proprement celui dont on considere l’action menstruelle : en sorte que dans l’emploi de ces menstrues aqueux composés, il faut distinguer une double dissolution ; celle du corps à dissoudre par le principe spécifique du menstrue aqueux composé, les corpuscules acides, par exemple, répandus dans la liqueur aqueuse composée, appellée acide vitriolique, & la dissolution par l’eau du nouveau corps résultante de la premiere dissolution. Voyez Liquidité, Chimie.
Lorsque les Chimistes emploient des menstrues doués de la liquidité aqueuse, ils appellent de tels procédés, procédés par la voie humide ; & ils nomment procédés par la voie seche, ceux dans lesquels le menstrue employé éprouve la liquidité ignée ou la fusion. Voyez l’article Voie seche & Voie humide.
C’est l’état ordinaire de liquidité propre à certaines substances chimiques qui leur a fait donner spécialement le nom de menstrue ou de dissolvant ; car on voit bien par la doctrine que nous venons d’exposer, que cette qualité ne peut pas convenir à un certain nombre d’aggrégés seulement, qu’au contraire tous les aggrégés de la nature sont capables d’exercer l’action menstruelle, puisqu’il n’en est point qui ne soient miscibles à d’autres corps, & que d’ailleurs l’action menstruelle est absolument réciproque, que l’eau ne dissout pas plus le sucre que le sucre ne dissout l’eau. Cette distinction entre le corps à dissoudre & le dissolvant, que les Chimistes ont conservée, n’a donc rien de réel, mais elle est aussi sans inconvénient, & elle est très-commode dans la pratique, en ce qu’elle sert à énoncer d’une façon très abrégée l’état de la liquidité de l’un des réactifs, & l’état ordinairement concret de l’autre. Sous ce dernier point de vûe, l’acception commune du mot menstrue ne signifie donc autre chose qu’une liqueur capable de s’unir ou de subir la mixtion avec un sujet chimique quelconque ; & les liqueurs étant en effet naturellement disposées à s’associer à un grand nombre de corps, méritent de porter par préférence le titre de dissolvant.
On a grossi pourtant la liste des menstrues de quelques corps qu’on a aussi assez communément sous la forme concrete ; tels sont l’un & l’autre alkali, quelques acides, comme la crême de tartre & le sel de succin, le soufre, quelques verres métalliques, le plomb, la litharge, le foie de soufre, &c. mais outre que ces corps sont très-facilement ou liquefiables ou fusibles, ils ont d’ailleurs mérité le titre de dissolvant par l’étendue de leur emploi. On trouvera aux articles particuliers les propriétés & les rapports divers de tous ces différens menstrues, que nous croyons très inutile de classer, & sur l’histoire particuliere desquels on doit consulter aussi la savante dissertation que le célebre M. Pott a publiée sur cette matiere, sous le titre de historia partic. corporum solutionis. Voyez, par exemple, Eau, Huile, Sel, Soufre, &c.
La seconde condition, sinon essentielle, du-moins le plus souvent très-utile pour faciliter la dissolution, c’est que le menstrue soit plus ou moins échauffé par une chaleur artificielle : cette chaleur augmente la liquidité, c’est-à-dire la rapidité des courans & la laxité de l’aggrégation du menstrue. Il est nécessaire dans quelques cas particuliers que cette liquidité soit portée jusqu’à son degré extrème, c’est-à-dire l’ébullition, & quelquefois même que l’un & l’autre sujet de la dissolution soit réduit en vapeurs. Le mercure n’est point dissous, par exemple, par l’acide vitriolique, à-moins que cette liqueur acide ne soit bouillante ; & l’acide marin qui ne dissout point le mercure tant que l’un & l’autre corps demeurent sous forme de liqueur, s’unit facilement à ce corps, & forme avec lui le sublimé corrosif, s’ils se rencontrent étant réduits l’un & l’autre en vapeurs. Au reste le feu n’agit absolument dans l’affaire de la dissolution que de la maniere que nous venons d’exposer ; il ne faut point lui prêter la propriété de produire des chocs, des collisions, des ébranlemens par l’agitation qu’il produit dans les parties du liquide. Cette prétention seroit un reste puérile & routinier des miseres physiques que nous avons réfutées plus haut. Encore un coup, l’effet de cette agitation se borne à amener mollement les parties du liquide dans le voisinage de celles du corps concret. Tout ceci est déja insinué à l’article Chimie, pag. 417 col. 2.
Un troisieme moyen de favoriser les dissolutions, est quelquefois de lâcher le lien aggrégatif des liquides salins, en faisant ce qu’on appelle communément les affoiblir, c’est-à-dire en les étendant dans une plus grande quantité de la liqueur à laquelle ils doivent leur liquidité, savoir l’eau. Voyez Liquidité, Chimie. C’est ainsi que l’acide nitreux concentré n’agit point sur l’argent, & que l’acide nitreux foible, c’est-à-dire plus aqueux, dissout ce métal.
Quatriemement, on supplée au mouvement de liquidité, ou on accélere ses effets en secouant, roulant, battant, agitant avec une spatule, un moussoir, quelques brins de paille, &c. le liquide dissolvant.
Cinquiemement enfin, on dispose les corps concrets à la dissolution de la maniere la plus avantageuse, en rompant d’avance leur aggrégation par les divers moyens méchaniques ou chimiques, en les pulvérisant, les rapant, les laminant, grenaillant, &c. les pulvérisant philosophiquement, les calcinant, les réduisant en fleurs, & quelquefois même en les fondant ou les divisant autant qu’il est possible par une dissolution préliminaire. Il est nécessaire, par exemple, de fondre le succin pour le rendre dissoluble, dans une huile par expression même bouillante ; & l’acide marin n’attaque l’argent que lorsque ce métal a été préalablement dissout par l’acide nitreux.
Les Chimistes admettent ou du-moins distinguent trois especes de dissolutions : celle qu’ils appellent radicale, la dissolution entiere ou absolue, & la dissolution partiale.
La dissolution radicale est celle qui divise un corps jusque dans ses premiers principes, & qui laisse tous ces divers principes libres ou à nud véritablement séparés les uns des autres & du menstrue qui a opéré leur séparation. Une pareille dissolution n’a été jusqu’à-présent qu’une vaine prétention, & on peut légitimement soupçonner qu’elle sera fondée encore long-tems sur un espoir chimérique. L’agent merveilleux de cette prétendue dissolution, est ce que les Chimistes ont appellé alkahest ou dissolvant universel. Voyez Alkahest. On trouvera une idée très-claire & très-précise de cette prétendue propriété de l’alkahest dans la physique souterraine de Becher, liv. I. sect. 3. ch. iv. n°. 10 & 11.
La dissolution entiere ou absolue est celle que subissent des sujets dont la substance entiere inaltérée, indivise, est dissoute, mêlée, unie : c’est celle qui a lieu entre le sucre & l’eau, l’acide & l’alkali, l’esprit-de-vin & une résine pure, &c.
Enfin, la dissolution partiale est celle dans laquelle le menstrue, appliqué à un certain corps composé ou à un simple mélange par confusion (voyez Confusion Chimie), ne dissout qu’un des principes de ce composé ; ou l’un des matériaux de ce mélange. La dissolution de l’acide vitriolique, qui est un des principes de l’alun par l’alkali fixe, tandis que ce menstrue ne touche point à la terre, qui est un autre principe de l’alun, fournit un exemple d’une dissolution partiale de la premiere espece, & cette opération est connue dans l’art sous le nom de précipitation, voyez Précipitation, Chimie. La dissolution d’une résine répandue dans un bois par l’esprit-de-vin qui ne touche point au corps propre du bois, fournit un exemple d’une dissolution partiale de la seconde espece, & cette opération est connue dans l’art sous le nom d’extraction, voyez Extraction. L’effervescence est un accident qui accompagne plusieurs dissolutions, & qui étant évalué avec précision, doit être rapporté à la classe des précipitations. Voyez Effervescence & Précipitation.
Les usages, tant philosophiques que pharmaceutiques, diététiques, économiques, &c. de la dissolution chimique, sont extrémement étendus : c’est cette opération qui produit les lessives ou liqueurs salines de toutes les especes, les sels neutres, les sirops, les baumes artificiels, les foies de soufre, soit simples, soit métalliques ; les amalgames, les métaux soufrés par art, le savon, les pierres précieuses artificielles, le verre commun, les vernis, &c. Les usages & les effets du même ordre de la dissolution partiale, ne sont pas moins étendus, mais celle-ci offre de plus le grand moyen, le moyen principal fondemental des recherches chimiques : en un mot, l’emploi de ce moyen constitue l’analyse menstruelle. Voyez Menstruelle, analyse.
On emploie quelquefois dans le langage chimique le mot de dissolution, comme synonyme à celui de diacrese ou séparation (voyez Séparation, Chimie) ; mais son usage dans ce sens, qui est beaucoup plus étendu que celui que nous lui avons donné dans cet article, est peu reçu.
Nous avons déja dit ailleurs (voyez Dissolution, Chimie) qu’on donnoit aussi le nom de dissolution aux liqueurs composées produites par la dissolution. (b)