L’Encyclopédie/1re édition/MENSTRUELLE, analyse
Menstruelle, analyse, Chimie, ou analyse par combinaison, par précipitation, par extraction, par intermede : c’est ainsi que les chimistes modernes appellent la voie de procéder à l’examen chimique des corps, en séparant par ordre leurs principes constitutifs par le moyen de la dissolution partiale & successive. Voyez Menstrue, Chimie. On trouvera un exemple plus propre à donner une idée de cette analyse, que toutes les généralités que nous pourrions en exposer ici, à l’art. Végétal, Chimie.
Après avoir considéré le tableau de ce travail particulier, on s’appercevra facilement qu’il peut servir de modele à l’examen de tous les corps naturels, & principalement de ceux qui sont très-composés, tels que les végétaux & les animaux, sujets sur lesquels on emploie cette analyse avec le plus de succès, & l’on se convaincra sans peine des avantages qu’a cette méthode moderne sur l’emploi du feu seul que l’ancienne chimie mettoit en œuvre pour l’examen des mêmes corps ; car on retire par le secours de cette analyse des principes réellement hypostatiques ou préexistens ; & évidemment inaltérés : ces principes sont en grand nombre ou très variés en comparaison des produits de l’analyse à feu seul. Ces avantages suffiroient pour mériter la préférence à l’analyse menstruelle, puisque les défauts tant reprochés à l’ancienne analyse se réduisoient précisément à l’altération ou même à la création des produits ou principes qu’elle manifestoit, au petit nombre & à l’uniformité de ses produits. Mais un titre de prééminence plus essentiel encore pour l’analyse menstruelle, c’est la régularité de sa marche, de sa méthode : elle attaque par rang, comme nous l’avons déja insinué, les différens ordres de combinaison du corps qu’elle se propose d’examiner, en commençant par les matériaux les plus grossiers, les plus sensibles ; au lieu que l’analyse par la violence du feu atteint tout d’un coup les derniers ordres de combinaison. Cette différence peut être représentée par la comparaison d’un mur formé de pierres & de mortier, & recrépit ou enduit d’une couche de plâtre, dont on sépareroit les matériaux en enlevant d’abord la couche de plâtre, dont il seroit recouvert, détachant ensuite les pierres une à une, & les séparant du mortier ; prenant ensuite successivement chacun de ces matériaux, séparant, par exemple la pierre que je suppose coquilliere, en coquilles & en matiere qui leur servoit de mastic naturel ; le mortier en chaux & en sable, &c. & voilà l’image de la marche de l’analyse menstruelle. Celle de l’analyse par la violence du feu seul, seroit à-peu-près représentée par la destruction soudaine & confuse de ce mur, le broyement d’un pan entier du plâtre, de la pierre, du mortier pêle-mêle, &c. (b)