L’Encyclopédie/1re édition/CONFUSION

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CONFUSION, (Jurispr.) d’actions & de droits, est lorsqu’une même personne réunit en elle les droits actifs & passifs qui concernent un même objet. Cette confusion opere l’extinction des droits & actions ; elle a lieu lorsque l’héritier pur & simple, le légataire ou donataire universel, se trouvent créanciers ou débiteurs du défunt auquel ils succedent : mais l’héritier bénéficiaire a le privilége de ne pas confondre ses créances.

Il y a aussi confusion de droits, lorsque le propriétaire du fonds dominant devient propriétaire du fonds servant. Voy. leg. debitori, ff. de fide juss. l. licet cod. ad leg. falcid. Belordeau, let. A. art. 22. & let. C. art. 33. Despeisses, tom. I. part. IV. tit. vij. Brodeau sur Louet, let. F. somm. v. (A)

Confusion, (Chimie.) Les Chimistes modernes désignent par ce mot le mêlange de plusieurs différentes substances qui ne contractent point d’union chimique ; tel que celui qui constitue les poudres pharmaceutiques composées, les potions troubles, &c.

Les corps mêlés par confusion peuvent être séparés par des moyens méchaniques ; les ingrédiens d’une potion trouble, par exemple, par la résidence ou repos ; ceux d’une poudre composée, par le lavage, &c.

Les différentes substances mêlées par confusion, joüissent chacune de toutes leurs qualités spécifiques, soit physiques, soit chimiques, soit médicinales.

C’est par ces deux propriétés que la confusion differe de la mixtion, qui n’est pas dissoluble par les moyens méchaniques, & qui ne laisse subsister aucune des propriétés spécifiques des corps mixtionnés. Voyez Mixtion.

Quelques chimistes employent le mot de confusion pour exprimer la façon d’être de différentes substances très-analogues entre elles, & si intimement mêlées, qu’elles ne sauroient être séparées ni par les moyens méchaniques, ni par les moyens chimiques : l’eau & le vin, deux diverses huiles essentielles, deux liqueurs vineuses différentes, comme le vin & la biere, &c. constituent par leur mêlange une confusion de cette classe.

Cette confusion consiste évidemment dans une distribution exacte & uniforme des parties d’un des corps confondues parmi les parties de l’autre. Or cette distribution uniforme dépendant de l’extrème analogie des divers corps confondus, il est clair que la confusion dont nous parlons peut être regardée comme une espece d’aggrégation, puisque le formel de ce dernier genre d’union consiste dans l’homogénéite des parties. Voyez la nature & les propriétés de l’aggrégé au mot Chimie, page 402. & suiv.

M. Henckel, qui a compté la confusion parmi les especes de la conjonction chimique, regarde comme des confusions l’union de diverses substances métalliques entre elles, celles des diverses terres vitrifiées ensemble, celles des huiles essentielles avec les huiles par expression, &c. (voyez son appropriatio, sect. III.) mais la plûpart de ces unions pouvant être détruites par des précipitans, elles rentrent dans la classe des mixtions. Voyez Mixtion.

Quelques anciens chimistes ont employé fort improprement le mot de confusion dans le même sens que nous prenons aujourd’hui ceux de solution, dissolution, combinaison ; mais c’est la vraie dissolution chimique qu’ils ont prétendu exprimer par le nom de confusion, ainsi ce n’est que le mot qu’on peut leur reprocher. Les Physiciens expliquent la dissolution par la confusion ; ils ont assûré que l’union des corps solubles n’étoit qu’une confusion, en prenant cette expression dans le premier sens que nous lui avons donné dans cet article : c’est la chose qu’on a droit de reprocher à ceux-ci. (b)