L’Encyclopédie/1re édition/CHIEN

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CHIEN, canis, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) animal quadrupede, le plus familier de tous les animaux domestiques ; aussi a-t-on donné son nom à un genre d’animaux, genus caninum. On a compris dans ce genre, le loup, le renard, la civette, le blaireau, la loutre, &c. afin de donner une idée des principaux caracteres distinctifs de ces animaux par un objet de comparaison bien connu. Les animaux du genre des chiens different de ceux du genre des chats, en ce qu’ils ont le museau plus allongé ; leurs dents sont en plus grand nombre, & situées différemment ; il y en a quarante, seize molaires, six incisives, entre lesquelles deux canines qui sont allongées ; ces dents ont aussi été appellées canines dans les autres animaux où elles se trouvent comme dans le chien, parce qu’elles sont ordinairement pointues & plus longues que les autres. Les chiens n’ont point de clavicules, ils ont un os dans la verge, &c. M. Linneus donne pour caracteres génériques les mammelles, qui sont au nombre de dix ; quatre sur la poitrine, & six sur le ventre ; & les doigts des piés, il y en a cinq à ceux de devant, & quatre à ceux de derriere. Cet auteur ne met que le loup, le renard & l’hyene avec le chien.

Les chiens sont peut-être de tous les animaux ceux qui ont le plus d’instinct, qui s’attachent le plus à l’homme, & qui se prêtent avec la plus grande docilité à tout ce qu’on exige d’eux. Leur naturel les porte à chasser les animaux sauvages ; & il y a lieu de croire que si on les avoit laissés dans les forêts sans les apprivoiser, leurs mœurs ne seroient guere différentes de celles des loups & des renards, auxquels ils ressemblent beaucoup à l’extérieur, & encore plus à l’intérieur : mais en les élevant dans les maisons & en en faisant des animaux domestiques, on les a mis à portée de montrer toutes leurs bonnes qualités. Celles que nous admirons le plus, parce que notre amour propre en est le plus flatté, c’est la fidélité avec laquelle un chien reste attaché à son maître ; il le suit par-tout ; il le défend de toutes ses forces ; il le cherche opiniatrément s’il l’a perdu de vûe, & il n’abandonne pas ses traces, qu’il ne l’ait retrouvé. On en voit souvent qui restent sur le tombeau de leur maître, & qui ne peuvent pas vivre sans lui. Il y a quantité de faits très-surprenans & très-avérés sur la fidélité des chiens. La personne qui en est l’objet, ne pourroit se défaire de la compagnie de son chien, qu’en le faisant mourir ; il sait la retrouver malgré toutes les précautions qu’elle peut employer ; l’organe de l’odorat que les chiens paroissent avoir plus fin & plus parfait qu’aucun autre animal, les sert merveilleusement dans cette sorte de recherche, & leur fait reconnoître les traces de leur maître dans un chemin, plusieurs jours après qu’il y a passé, de même qu’ils distinguent celles d’un cerf, malgré la légereté & la rapidité de sa course, quelque part qu’il aille, à moins qu’il ne passe dans l’eau, ou qu’il ne saute d’un rocher à l’autre, comme on prétend qu’il arrive à quelques-uns de le faire, pour rompre les chiens. Voyez Cerf.

L’odorat du chien est un don de la nature : mais il a d’autres qualités qui semblent venir de l’éducation, & qui prouvent combien il a d’instinct, même pour des choses qui paroissent être hors de sa portée ; c’est par exemple, de connoître à la façon dont on le regarde, si on est irrité contre lui, & d’obéir au signal d’un simple coup d’œil, &c. Enfin l’instinct des chiens est si sûr qu’on leur confie la conduite & la garde de plusieurs autres animaux. Ils les maîtrisent, comme si cet empire leur étoit dû, & ils les défendent avec une ardeur & un courage qui leur fait affronter les loups les plus terribles. L’homme s’associe les chiens dans la poursuite des bêtes les plus féroces ; & même il les commet à la garde de sa propre personne.

Ces mêmes animaux qui montrent tant de courage, & qui employent tant de ruses lorsqu’ils chassent, sont de la plus grande docilité pour leurs maîtres, & savent faire mille gentillesses, lorsque nous daignons les faire servir à nos amusemens. Tant & de si bonnes qualités ont, pour ainsi dire, rendu les chiens dignes de la compagnie des hommes ; ils vivent des restes de nos tables ; ils partagent avec nous nos logemens ; ils nous accompagnent lorsque nous en sortons ; enfin ils savent plaire au point qu’il y a bien des gens qui en portent avec eux, & qui les font coucher dans le même lit.

Les mâles s’accouplent en tout tems ; les femelles sont en chaleur pendant environ quatorze jours ; elles portent pendant soixante ou soixante & trois jours, & elles rentrent en chaleur deux fois par an. Le mâle & la femelle sont liés & retenus dans l’accouplement par un effet de leur conformation ; ils se séparent d’eux-mêmes après un certain tems ; mais on ne peut pas les séparer de force sans les blesser, sur-tout la femelle ; ils sont féconds jusqu’à l’âge de douze ans ; mais il y en a beaucoup qui deviennent stériles à neuf ans. On ne doit pas leur permettre de s’accoupler avant l’âge d’un an, si on veut en avoir des chiens qui ne dégénerent point ; & ce n’est qu’à quatre ans qu’ils produisent les meilleurs. Les chiennes portent cinq ou six petits à la fois. Il y en a qui en ont jusqu’à douze, & même jusqu’à dix-huit & dix-neuf, &c. Il y a certains petits chiens qui n’en font qu’un à la fois, ou deux & cinq au plus. Les chiens naissent les yeux fermés, & ils ne les ouvrent qu’après neuf jours. La durée de leur vie est pour l’ordinaire d’environ quatorze ans ; cependant on en a vû qui ont vécu jusqu’à vingt-deux ans. On reconnoît l’âge à la couleur des dents & au son de la voix. Les dents jaunissent à mesure que les chiens vieillissent, & leur voix devient rauque. On prétend qu’il y en a eu qui se sont accouplés avec des loups, des renards, des lions, & des castors : ce qu’il y a de certain, c’est que toutes les différentes races de chiens appartiennent à une seule & même espece, & se perpétuent dans leurs différens mélanges. Elles se mêlent ensemble de façon, qu’il en résulte des variétés presque à l’infini. Ces variétés dépendent du hasard pour l’origine, & de la mode pour leur durée. Il y a des chiens qui sont très-recherchés pendant un certain tems ; on les multiplie le plus qu’on peut ; ils deviennent un objet de commerce. Il en vient d’autres qui font négliger les premiers, & ainsi de suite, sur-tout pour les chiens d’amusement ; car pour ceux qui ont des qualités réelles, qui servent à la chasse, ils sont constamment perpétués ; & on a grand soin d’empêcher qu’ils ne se mêlent avec d’autres, & qu’ils ne dégénerent. Voici les principales différences que les gens qui se mêlent d’élever des chiens pour en faire commerce, reconnoissent entre leurs diverses races. Ils en font trois classes ; ils mettent dans la premiere, les chiens à poil ras ; dans la seconde, les chiens à poil long ; & dans la troisieme, ceux qui n’ont point de poil.

Chiens à poil ras. Le dogue d’Angleterre ou le bouledogue, est un chien de la plus grande espece, car il faut se permettre ce mot, quoiqu’impropre, pour se conformer à l’usage ordinaire. Le dogue d’Angleterre a la tête extrèmement grosse, le masque noir, joufflu, & ridé sur les lévres ; il porte bien sa queue sur le dos ; ses os sont gros ; ses muscles bien apparens ; il est le plus hardi & le plus vigoureux de tous les chiens.

Le doguin d’Allemagne est une sorte de bouledogue de la moyenne espece ; il n’est pas de moitié si haut que le dogue : il n’est ni si fort ni si dangereux ; il a le masque plus noir que le dogue, & le nez encore plus camus, le poil blanc ou ventre de biche ; on coupe les oreilles à toutes les especes de dogues ou doguins pour leur rendre la tête plus ronde ; ils ne sont que d’une seule couleur qui varie dans les différens individus ; il s’en trouve de couleur de ventre de biche, de noisette, de soupe de lait, &c. Il y en a quelques-uns qui ont une raie noire ou noirâtre le long du dos.

Le doguin de la petite espece a la même figure que le moyen ; mais il n’est pas plus gros que le poing ; il porte la queue tout-à-fait recoquillée sur le dos ; plus ces sortes de chiens sont petits, camus, joufflus, masqués d’un beau noir velouté, plus ils sont recherchés pour l’amusement.

Le Danois de carrosse, ou le Danois de la plus grande espece, est de la hauteur du dogue d’Angleterre, & lui ressemble en quelque chose, mais il a le museau plus long, & un peu effilé : son poil est ordinairement de couleur de noisette ou ventre de biche ; mais il s’en trouve aussi d’arlequins ou pommelés, & même de tout noirs marqués de feu. Il a le front large & élevé, & porte sa queue à demi recoquillée. Cette espece de chiens est très-belle & très-recherchée. Les plus gros sont les plus estimés. On leur coupe les oreilles ainsi qu’aux doguins, pour leur rendre la tête plus belle. En général on ôte les oreilles à tous les chiens à poil ras, excepté les chiens de chasse.

Le Danois de la petite espece a le nez un peu pointu & effilé, la tête ronde, les yeux gros, les pattes fines & seches, le corps court & bien pris ; il porte bien sa queue. Les petits Danois sont fort amusans, faciles à instruire & à dresser.

L’arlequin est une variété du petit Danois ; mais au lieu que les Danois sont presque d’une seule couleur, les arlequins sont mouchetés, les uns blancs & noirs, les autres blancs & cannelés, les autres d’autre couleur.

Le roquet est une espece de Danois ou d’arlequin, qui a le nez court & retroussé.

L’Artois ou le quatre-vingt a le nez camard & refrogné, de gros yeux, des oreilles longues & pendantes comme le braque : son poil est de toute sorte de couleurs, mais plus souvent brun & blanc. On pourroit dresser cette espece de chiens.

Le grand levrier à poil ras est presque aussi grand que le Danois de carrosse ; il a les os menus, le dos voûté, le ventre creusé, les pattes seches, le museau très-allongé, les oreilles longues & étroites, couchées sur le cou lorsqu’il court, & relevées au moindre bruit. On le dresse pour la chasse : il a très-bon œil, mais il n’a point de sentiment.

Le grand levrier à poil long est un metis provenu d’un grand levrier à poil ras & d’une épagneule de la grande espece. Il a à-peu-près les mêmes qualités que le levrier à poil ras, mais il a un peu plus de sentiment.

Le levrier de la moyenne espece a la même figure & les mêmes qualités que le grand.

Le levrier de la petite espece ne sert que d’amusement. Il est extrèmement rare, & le plus cher de tous les chiens. On ne le recherche que pour sa figure ; car il n’a pas seulement l’instinct de s’attacher à son maître.

Le braque ou chien couchant est ordinairement à fond blanc taché de brun ou de noir ; la tête est presque toujours marquée symmétriquement ; il a l’œil de perdrix, les oreilles plates, larges, longues, & pendantes, & le museau un peu gros & un peu long.

Le limier est plus grand que le braque ; il a la tête plus grosse, les oreilles plus épaisses, & la queue courte.

Le basset est un chien courant ; il est long & bas sur ses pattes ; ses oreilles sont longues, plates, & pendantes.

Chiens à poil long. L’épagneul de la grande espece a le poil lisse & de moyenne longueur, les oreilles longues & garnies de belle soie, de même que la culote & le derriere des pattes ; la tête est marquée symmétriquement, c’est-à-dire que le museau & le milieu du front sont blancs, & le reste de la tête d’une autre couleur.

L’épagneul de la petite espece a le nez plus court que le grand à proportion de la grosseur du corps : les yeux sont gros & à fleur de tête, & la cravate est garnie de soie blanche. C’est de tous les chiens celui qui a la plus belle tête : plus il a les soies des oreilles & de la queue longues & douces, plus il est estimé : il est fidele & caressant. Les épagneuls noirs & blancs sont ordinairement marqués de feu sur les yeux.

L’épagneul noir ou gredin est tout noir, & à-peu-près de même service que l’autre épagneul, mais il est beaucoup moins docile.

On appelle pyrames les gredins qui ont les sourcils marqués de feu. On a observé que les chiens qui ont ces sortes de marques ne valent pas les autres.

Le bichon boussé, ou chien-lion, tient du barbet & de l’épagneul ; il a le nez court, de gros yeux, de grandes foies lisses ; sa queue forme un beau panache, le poitrail est garni de soie comme le derriere des pattes, & les oreilles sont petites.

Le chien-loup, ou chien de Sibérie, est de tous les chiens celui dont la figure est la plus singuliere : il y en a de trois sortes de couleurs, mais uniformes ; ils sont ou tout blancs, ou tout noirs, ou tout gris : leur grosseur est médiocre ; ils ont les yeux assez petits, la tête longue, le museau pointu, les oreilles courtes, pointues, & dressées en cornet ; le poil court sur les oreilles, sur toute la tête, & aux quatre pattes ; le reste du corps est garni d’un poil lisse, doux, soyeux, long d’environ un demi-pié. Ils sont extrèmement doux & caressans.

Le barbet de la grande espece a le poil long, cotonneux, & frisé ; les oreilles charnues, & couvertes d’un poil moins frisé & plus long que celui du reste du corps. Il a la tête ronde, les yeux beaux, le museau court, & le corps trapu. Les barbets sont ordinairement très-aisés à dresser : ils vont à l’eau : on leur coupe le bout de la queue, & on les tond symmétriquement pour les rendre plus beaux & plus propres : ce sont de tous les chiens ceux qui demandent le plus de soin.

Le barbet de la petite espece ressemble au grand, mais on ne le dresse pas ; il ne va pas à l’eau : il est très-attaché à son maître. Les barbets en général sont les plus attachés de tous les chiens : on a des exemples surprenans de leur fidélité & de leur instinct.

Chiens sans poil. Le chien Turc est le seul que nous connoissions qui n’ait point de poil : il ressemble beaucoup au petit Danois ; sa peau est huileuse.

Il y a des chiens qui n’ont le poil ni ras ni long ; ce sont ceux qu’on appelle chiens de forte race : ils sont de moyenne grosseur ; ils ont la tête grosse, les levres larges, le corps un peu allongé, les oreilles courtes & pendantes. Ces chiens, qui sont les plus communs à la campagne, n’ont rien de beau, mais ils sont excellens pour l’usage, pour garder les cours, les maisons, les écuries, & pour défendre du loup les chevaux, les bœufs, &c. on leur met des colliers de fer garnis de pointes pour les défendre du loup.

Enfin on appelle mâtins ou chiens des rues, tous les chiens qui proviennent de deux especes différentes, sans qu’on ait pris soin de les métiser exprès : on ne les recherche pas pour leur beauté ; mais ils sont excellens pour garder, & quelquefois même pour la chasse ; d’autres pour les troupeaux de moutons, selon le mêlange dont ils proviennent. Voyez Quadrupede. (I)

* Chiens, (Œconom. rustiq.) On peut encore distribuer les chiens relativement à leur usage, & l’on aura les chiens de basse-cour, les chiens de chasse, & les chiens de berger.

Chiens de basse-cour. Ce sont ceux qu’on employe à la garde des maisons, sur-tout à la campagne : on leur pratique une loge dans un coin d’une cour d’entrée ; on les y tient enchaînés le jour, la nuit on les lâche. Il faut que ces chiens soient grands, vigoureux, & hardis ; qu’ils ayent le poil noir, & l’abboi effrayant ; & qu’ils soient médiocrement cruels.

Chiens de chasse. On employe à la chasse des bassets, des braques, des chiens couchans, des épagneuls, des chiens courans, des limiers, des barbets, des levriers, &c.

Les bassets viennent de Flandre & d’Artois ; ils chassent le lievre & le lapin, mais sur-tout les animaux qui s’enterrent, comme les blaireaux, les renards, les putois, les foüines, &c. ils sont ordinairement noirs ou roux, & à demi-poil ; ils ont la queue en trompe, les pattes de devant concaves en-dedans : on les appelle aussi chiens de terre. Ils donnent de la voix, & quêtent bien. Ils sont longs de corsage, très-bas, & assez bien coeffés.

Les braques sont de toute taille, bien coupés, vigoureux, legers, hardis, infatigables, & ras de poil : ils ont le nez excellent : ils chassent le lievre sans donner de la voix, & arrêtent fort bien la perdrix, la caille, &c.

Les chiens couchans chassent de haut nez, & arrêtent tout, à moins qu’ils n’ayent été autrement élevés. Ils sont grands, forts, legers : les meilleurs viennent d’Espagne. Ils sont tous sujets à courir après l’oiseau, ce qu’on appelle piquer la sonnette.

Les épagneuls sont plus fournis de poil que les braques, & conviennent mieux dans les pays couverts. Ils donnent de la voix ; ils chassent le lievre & le lapin, & arrêtent aussi quelquefois la plume. Ils sont assez ordinairement foibles. Ils ont le nez excellent, & beaucoup d’ardeur & de courage. On range dans cette classe une espece de chiens qui vient d’Italie & de Piémont, à poil hérissé droit, assez haut, & chassant tout, & qu’on appelle chien grison.

Les barbets sont fort vigoureux, intelligens, hardis, ont le poil frisé, & vont à l’eau.

Les limiers sont hauts, vigoureux, & muets ; ils servent à quêter & à détourner le cerf.

Les dogues servent quelquefois à assaillir les bêtes dangereuses. On met les mâtins dans le vautrait pour le sanglier.

Les levriers sont hauts de jambes, chassent de vîtesse & à l’œil, le lievre, le loup, le sanglier, le renard, &c. mais sur-tout le lievre. On donne le nom de charnaigres à ceux qui vont en bondissant, soit qu’ils soient francs soit qu’ils soient métifs ; de harpés, à ceux qui ont les côtes ovales & peu de ventre ; de gigotés, à ceux qui ont les gigots courts & gros, & les os éloignés ; de nobles, à ceux qui ont la tête petite & longue, l’encolure longue & déliée, le rable large & bien fait ; d’œuvrés, à ceux qui ont le palais noir, &c.

Les chiens courans chassent le cerf, le chevreuil, le lievre, &c. On dit que ceux qui chassent la grande bête sont de race royale ; ceux qui chassent le chevreuil, le loup, le sanglier, sont de race commune ; & que ceux qui chassent le lievre, le renard, le lapin, le sanglier, sont chiens baubis ou bigles.

On a quelque égard au poil pour les chiens : on estime les blancs pour le cerf ; après eux les noirs ; on néglige les gris & les fauves : au reste de quelque poil qu’on les prenne, il faut qu’il soit doux, délié, & touffu.

Quant à la forme, il faut que les chiens courans ayent les naseaux ouverts ; le corps long de la tête à la queue ; la tête legere & nerveuse ; le museau pointu ; l’œil grand, élevé, net, luisant, plein de feu ; l’oreille grande, souple, pendante, & comme digitée ; le cou long, rond, & flexible ; la poitrine large ; les épaules éloignées ; la jambe ronde, droite, & bien formée ; les côtés forts ; le rein large, nerveux, peu charnu ; le ventre avalé ; la cuisse détachée ; le flanc sec & écharné ; la queue forte à son origine, mobile, sans poil à l’extrémité, velue ; le dessous du ventre rude ; la patte seche, & l’ongle gros.

Pour avoir de bons chiens, il faut choisir des lices de bonne race, & les faire couvrir par des chiens beaux, bons, & jeunes. Quand les lices sont pleines, il ne faut plus les mener à la chasse, & leur donner de la soupe au moins une fois le jour. On ne châtrera que celles qui n’ont point encore porté, ou l’on attendra qu’elles ne soient plus en amour, & que les petits commencent à se former. On fera couvrir les lices en Décembre & Janvier, afin que les petits viennent en bonne saison. Quand les lices ne sont pas alors en chaleur, on les y mettra par la compagnie d’une chienne chaude, & on les y laissera trois jours avant que de les faire couvrir. On tient sur la paille dans un endroit chaud ceux qui viennent en hyver ; on nourrit bien la mere : on coupe le bout de la queue aux petits au bout de quinze jours, & le tendon qui est en-dessous de l’oreille, pour qu’elle tombe bien, & au bout d’un mois le filet. On les laisse avec la mere jusqu’à trois mois ; on les sevre alors ; on ne les met au chenil qu’à dix : alors on les rendra dociles ; on les accouplera les uns avec les autres ; on les promenera ; on leur sonnera du cors ; on leur apprendra la langue de la chasse : on ne les menera au cerf qu’à seize ou dix-huit mois, & l’on observera de leur faire distinguer le cerf de la biche, de ne les point instruire dans les toiles, & de ne les point faire courir le matin.

Le jour choisi pour la leçon des jeunes chiens, on place les relais ; on met à la tête de la jeune meute quelques vieux chiens bien instruits, & cette harde se place au dernier relais ; quand le cerf en est là, on découple les vieux pour dresser aux jeunes les voies ; on lâche les jeunes, & les piqueurs armés de foüets les dirigent, foüettant les paresseux, les indociles, les vagabonds : lorsque le cerf est tué, on leur en donne la curée comme aux autres. Les essais se réiterent autant qu’il le faut. Cette éducation a aussi sa difficulté.

Il faut qu’un chenil soit proportionné à la meute, que les chiens y soient bien tenus & bien pansés : il est bon qu’il y ait un ruisseau d’eau vive. Les valets de chiens doivent être logés dans le voisinage. Il y aura une cheminée dans chaque chambrée de chiens ; car ces animaux ont besoin de feu pour les sécher quand ils ont chassé dans des tems froids & humides, & pour les délasser. Il ne faut pas que l’exposition du chenil soit chaude ; la chaleur est dangereuse pour les chiens ; il faut qu’il soit bien airé.

L’éducation du chien couchant consiste à bien quêter, à obéir, à arrêter ferme. On commence à lui faire connoître son gibier : quand il le connoît, on le lui fait chercher ; quand il le sait trouver, on l’empêche de le poursuivre ; quand il a cette docilité, on lui forme tel arrêt qu’on veut ; quand il sait cela, il est élevé, car il a appris la langue de la chasse en faisant ces exercices. La docilité, la sagacité, l’attachement, & les autres qualités de ces animaux, sont surprenantes.

On leur montre encore à rapporter, ce qu’ils exécutent très-facilement ; on les accoûtume à aller en trousse, & on les enhardit à l’eau.

Leurs allures & leurs défauts leur ont fait donner différens noms. On nomme chiens allans, de gros chiens employés à détourner le gibier ; chiens trouvans, ceux d’un odorat singulier, sur-tout pour le renard, dont ils reconnoissent la piste au bout d’un long tems ; chiens batteurs, ceux qui parcourent beaucoup de terrein en peu de tems ; ils sont bons pour le chevreuil ; chiens babillards, ceux qui crient hors la voie ; chiens menteurs, ceux qui celent la voie pour gagner le devant ; chiens vicieux, ceux qui s’écartent en chassant tout ; chiens sages, ceux qui vont juste ; chiens de tête & d’entreprise, ceux qui sont vigoureux & hardis ; chiens corneaux, les métifs d’un chien courant & d’une mâtine, ou d’un mâtin & d’une lice courante ; clabauds, ceux à qui les oreilles passent le nez de beaucoup ; chiens de change, celui qui maintient & garde le change ; d’aigail, qui chassent bien le matin seulement ; étouffé, qui boite d’une cuisse, qui ne se nourrit plus ; épointé, qui a les os des cuisses rompus ; allongé, qui a les doigts du pié distendus par quelque blessure ; armé, qui est couvert pour attaquer le sanglier ; à belle gorge, qui a la voix belle ; butté, qui a des nodus aux jointures des jambes.

Les chiens sont sujets à la galle, au flux de sang, aux vers, à des maux d’oreilles, sur-tout à la rage, &c. Voy. dans les auteurs de chasse la maniere de les traiter.

Chien de berger. Cet animal est quelquefois plus précieux que celui dont il est le gardien. Il faut le choisir hardi, vif, vigoureux, velu ; l’armer d’un collier, & l’attacher à sa personne & aux bestiaux par les carresses & par le pain.

Les Grecs & les Romains dressoient leurs chiens avec soin. Xénophon n’a pas dédaigné d’entrer dans quelque détail sur la connoissance & l’éducation de ces animaux. Les Grecs faisoient cas des chiens Indiens, Locriens, & Spartiates. Les Romains regardoient les Molosses comme les plus hardis ; les Pannoniens, les Bretons, les Gaulois, les Acarnaniens, &c. comme les plus vigoureux ; les Crétois, les Etoliens, les Toscans, &c. comme les plus intelligens ; les Belges, les Sicambres, &c. comme les plus vîtes.

On immoloit le chien à Hécate, à Mars, & à Mercure. Les Egyptiens l’ont révéré jusqu’au tems où il se jetta sur le cadavre d’Apis tué par Cambise. Les Romains en sacrifioient un tous les ans, parce que cet animal n’avoit pas fait son devoir lorsque les Gaulois s’approcherent du capitole. Il est fait mention d’un peuple d’Ethiopie gouverné par un chien, dont on étudioit l’abboiement & les mouvemens dans les affaires importantes. Le chien de Xantipe pere de Périclès, fut un héros de la race : son maître s’étant embarqué sans lui pour Salamine, l’animal se précipita dans les eaux, & suivit le vaisseau à la nage. Le chien est le symbole de la fidélité. L’attachement que quelques-uns ont pour cet animal va jusqu’à la folie. Henri III. aima les chiens mieux que son peuple. Je me souviendrai toûjours, dit M. de Sully, de l’attitude & de l’attirail bisarre où je trouvai ce prince un jour dans son cabinet : il avoit l’épée au côte, une cape sur les épaules, une petite toque sur la tête, un panier plein de petits chiens pendu à son cou par un large ruban ; & il se tenoit si immobile, qu’en nous parlant il ne remua ni tête, ni pié, ni main. Les Mahométans ont dans leurs bonnes villes des hôpitaux pour ces animaux ; & M. de Tournefort assûre qu’on leur laisse des pensions en mourant, & qu’on paye des gens pour exécuter les intentions du testateur. M. Leibnitz (Hist. acad. 1715.) a fait mention d’un chien qui parloit ; & l’histoire de ces animaux fourniroit des anecdotes très honorables pour l’espece.

Chiens. (Jurisprud.) Ceux qui ont des chiens dangereux doivent les tenir à l’attache. L. 51. enim ff. de adilit. edict. l. 1. ff. si quadrup. paup. Le maître est tenu de payer des dommages & intérêts pour la morsure faite par son chien. Arrêt du 18 Juin 1688. Journ. des aud.

Celui qui les anime est tenu du dommage. Leg. item Melaff. ad leg. Aquil.

Celui qui a été mordu d’un chien n’a aucune action contre le maître, si l’on prouve qu’il l’a provoqué. Bouvot, tom. I. verbo bétail, quæst. ij. Voyez l’art. Chasse. (A)

Chien, (Matiere médicale & Pharmacie.) Le petit chien ouvert & appliqué tout chaud sur la tête, est recommandé par d’excellens praticiens dans les douleurs violentes de cette partie, dans celles même qui sont censées dépendre de l’affection des parties intérieures ; savoir du cerveau, & de ses membranes. On l’applique de la même façon sur le côté affecté dans la pleurésie. Ce remede de bonne femme, peut-être trop négligé aujourd’hui, ainsi que la plûpart des applications extérieures, a produit quelquefois de bons effets dans l’un & dans l’autre de ces deux cas.

La graisse de chien passe pour plus atténuante, plus détersive, & plus vulnéraire que la plûpart des autres graisses ; elle est recommandée extérieurement dans les douleurs de la goutte, & dans celles des oreilles ; dans la galle & la gratelle ; dans la dureté d’oreille, &c. Quelques auteurs l’ont recommandée aussi intérieurement dans les ulceres du poûmon.

Les gants de peau de chien passent pour dissiper les contractions des mains, pour adoucir la peau de cette partie, & pour en soulager les demangeaisons. On se sert aussi de bas de peau de chien, dans les mêmes vûes, & dans celles de fortifier les jambes, & d’en prévenir l’enflure, l’engorgement, & les varices, &c. Voyez Varice.

La crotte ou l’excrément de chien, connu plus communément dans les boutiques des Apoticaires, sous le nom de album græcum, album canis, se prépare, selon la Pharmacopée de Paris, de la maniere suivante.

Prenez de la crotte d’un chien nourri d’os, autant que vous voudrez, faites-la secher, & la réduisez en poudre fine sur le porphyre, avec l’eau distillée de bursa pastoralis, & formez-en de petits trochisques.

La prescription de cette eau distillée peut être regardée comme une double inutilité ; car premierement cette eau ne possede aucune vertu particuliere ; elle est exactement dans la classe des eaux distillées parfaitement insipides & inodores. Secondement, l’eau employée à la préparation de l’album canis, doit en être ensuite absolument chassée par la dessication. De bonne eau pure y est par conséquent aussi propre que l’eau distillée la plus riche en parties actives.

Plusieurs auteurs, & entr’autres Etmuller, ont donné beaucoup de propriétés à l’album græcum ; ils l’ont célebré comme étant sudorifique, atténuant, fébrifuge, vulnéraire, émollient, hydragogue, spécifique dans les écroüelles, l’angine, & toutes les maladies du gosier, employé tant extérieurement qu’intérieurement, &c. On ne s’en sert guere parmi nous que dans les angines ; on le mêle dans ce cas à la dose d’un demi-gros ou d’un gros, dans un gargarisme approprié.

L’album græcum n’est proprement qu’une terre animale, & par conséquent absorbante, analogue à l’ivoire préparé, à la corne de cerf philosophiquement préparée, &c. Les humeurs digestives du chien & l’eau employée aux lotions de cet excrément dans sa préparation, ont épuisé les os machés & avalés par le chien, ou en ont dissous la substance lymphatique, à-peu-près de la même façon que l’eau bouillante a épuisé la corne de cerf dans sa préparation philosophique. On ne voit donc pas quel avantage il pourroit avoir au-dessus des autres substances absorbantes de la même classe.

Les petits chiens entrent dans une composition pharmaceutique, très-connue sous le nom d’huile de petits chiens ; en voici la dispensation tirée de la Pharmacopée de Paris.

Prenez trois petits chiens nouvellement nés ; jettez-les tous vivans dans trois livres d’huile d’olive bien chaude, & faites les cuire dans cette huile jusqu’à ce que leurs os paroissent presque dissous. Alors passez cette huile à-travers une toile, en exprimant fortement ; après quoi vous y ajoûterez, pendant qu’elle est encore toute chaude, des sommités d’origan, de serpolet, de poüiilot, de millepertuis, de marjolaine, de chacune deux onces ; mettant le tout dans une cruche bien fermée, que vous exposerez au soleil pendant quinze jours, au bout desquels vous passerez le mêlange, le laisserez reposer pour le clarifier, & garderez l’huile pour l’usage. Cette préparation est recommandée dans toutes les douleurs, les tensions, & les contractions des membres, particulierement dans la sciatique & les rhumatismes. Mais ces vertus lui sont communes avec toutes les huiles grasses, chargées de parties aromatiques.

Les petits chiens ne donnent dans cette composition que leur graisse, qui est de toutes leurs parties la seule qui soit soluble dans l’huile. Ainsi l’huile de petits chiens n’est proprement qu’un mêlange d’huile d’olive & de graisse, chargé par l’insolation de l’huile aromatique des plantes qui entrent dans sa composition.

On doit rapporter aussi aux propriétés médicinales des petits chiens, l’usage qu’on en fait dans les maladies aigues des nourrices, que l’on fait teter dans ces cas par de petits chiens, & principalement dans les fievres malignes qui surviennent à la suite des couches, qui empêchent qu’on ne puisse abandonner à la nature le soin d’évacuer le lait par les couloirs de la matrice. Voyez les maladies des femmes, au mot Femme, Medecine. Dans les pays où les femmes ne sont pas encore instruites de la possibilité de cette évacuation, & de la sûreté de la méthode qui prescrit d’attendre tranquillement que le cours du lait prenne cette direction dans les cas ordinaires, ou après les accouchemens naturels ; ces femmes, dis-je, se font teter par des petits chiens, lorsqu’elles ne se destinent point à être nourrices. (b)

Chien. (Comm.) Les Fourreurs font usage de la peau du chien ; on en met en mégie, & les Gantiers passent pour en apprêter en gras.

Chien de mer, s. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) galeus, acanthias, five spinax, Ald. Poisson cartilagineux, dont le corps est allongé & arrondi sur sa longueur ; il n’a point d’écailles ; mais il est couvert d’une peau rude. Le dos du chien de mer est d’une couleur brune cendrée ; le ventre est blanchâtre, & moins rude que le reste du corps. Le bec est plus long que celui de l’émissole, il est arrondi à l’extrémité ; les yeux sont recouverts d’une double membrane ; chacune des narines est partagée par une petite appendice. La bouche est à-peu-près dans le milieu du bec, & en-dessous ; elle est faite en demi-lune, & toûjours ouverte. Les dents sont petites, pointues, rangées en deux files, & recourbées ; il y a une petite ouverture de chaque côté derriere les yeux. Ce poisson a deux nageoires sur le dos ; l’antérieure est un peu plus près de la tête que de la queue, l’autre est à une petite distance de la queue. Ces deux nageoires ont un aiguillon à leur partie antérieure ; celui de la premiere est plus long, plus gros, & plus fort que celui de la seconde. Il y a deux nageoires sur le ventre, auprès des oüies, & deux autres auprès de l’anus. La queue est fourchue, & la branche du dessus est beaucoup plus longue que celle du dessous. Il n’y a point de nageoire entre l’anus & la queue, comme dans les autres poissons de ce genre. On a trouvé des seiches dans l’estomac de celui sur lequel on a fait cette description. Il y avoit aussi, dans la partie inférieure de la matrice, près de l’anus, deux fœtus, un de chaque côté : car la matrice est divisée en deux parties. Ils avoient environ 9 pouces de longueur ; ils étoient bien formés & près du terme ; ils n’avoient point d’enveloppe. Rondelet rapporte qu’il a trouvé dans un de ces poissons, six petits, & plusieurs autres qui n’étoient pas encore sortis des œufs. Ce poisson n’est pas si gros que le renard de mer ; il n’y en a point qui pese jusqu’à vingt livres. On pêche des chiens de mer dans la Méditerranée, & on leur donne le nom d’aiguillat en Provence & en Languedoc. Willughbi, Rondelet Voyez Poisson. (I)

* La peau du chien de mer a le grain fort dur, mais moins rond que celui du chagrin. On en fait usage pour polir les ouvrages au tour, en menuiserie, & autres. On en couvre des boîtes ; les peaux en doivent être grandes, & d’un grain égal & fin. On les employe sans préparation ; on les empêche seulement de se retirer, en les tenant étendues sur des planches, quand elles sont fraîches.

Chien, en terme d’Astronomie, est un nom commun à deux constellations, appellées le grand & le petit chien, canis major & canis minor. Voyez ci-dessous Grand & petit Chien. (O)

Chien, (le grand) est une constellation de l’hémisphere méridional, placée sous les piés d’Orion, un peu vers l’occident. Ptolomée la fait de 18 étoiles ; Tieso de 13 ; le catalogue Britannique de 32. Sirius en est une. Voyez Sirius.

Chien, (le petit) est une constellation de l’hémisphere septentrional, entre l’Hydre & Orion : au milieu de cette constellation est une étoile fort brillante nommée Procyon. Voyez Procyon. (O)

Chiens d’avoine, (Jurisprud.) ou quienne avoine, comme qui diroit avoine des chiens, est une redevance seigneuriale commune en Artois & dans le Boulenois, qui est dûe par les habitans au seigneur du lieu. Elle consiste en une certaine quantité d’avoine dûe annuellement par les habitans, & destinée dans l’origine de son établissement pour la nourriture des chiens du seigneur, auxquels apparemment on faisoit du pain de cette avoine. On trouve dans les registres de la chambre des comptes de Lille, des preuves que depuis 1540, jusqu’en 1629, les comtes d’Artois ont été servis de ces sortes de redevances ; qu’en 1630, le roi d’Espagne, qui étoit encore propriétaire du comté d’Artois, fit pour les besoins de l’état un grand nombre d’aliénations de ces sortes de redevances, & entr’autres, que les religieux de S. Bertin se rendirent adjudicataires, par contrat du 17 Septembre 1630, de quatre parties de ces chiens d’avoine ; une partie de 28 rasieres un picotin d’avoine sur les habitans d’Herbelles ; une autre de 18 rasieres sur les habitans de Coiques ; une troisieme de 4 rasieres un tiers un quart d’avoine sur les habitans de Quindal : enfin une quatrieme partie sur le sieur de Disques en Boisenghen, de neuf rasieres ; & que ce contrat fut fait sous la condition de rachat perpétuel. Il y eut contestation au sujet de la solidité d’une de ces redevances, dûe par les habitans du hameau de Quindal ; les religieux de S. Bertin s’étant adressés au sieur Desquinemus, comme possédant une partie des héritages de ce hameau, pour le payement solidaire de leur redevance, les officiers du bureau des finances de Lille avoient déclaré les religieux de S. Bertin non recevables en leur demande, sauf à eux à se pourvoir contre les détenteurs des fonds qui en étoient chargés. Les religieux de S. Bertin ayant appellé de cette sentence au parlement, par arrêt du premier Mai 1749, cette sentence fut infirmée. Le sieur Desquinemus fut condamné solidairement comme détenteur à payer 29 années d’arrérages de la redevance, échûs au jour de la demande, ceux échûs depuis, & à la continuer à l’avenir ; sauf son recours contre qui il aviseroit, défenses au contraire. On avoit produit contre les religieux de S. Bertin des certificats du Boulenois, par lesquels il paroissoit que les habitans de cette province payent divisément les rentes des chiens d’avoine ; à quoi les religieux répondoient que l’usage d’Artois & celui du Boulenois étoient différens ; qu’apparemment en Boulenois les titres primitifs des chiens d’avoine ne les constituoient pas en solidité. Voyez ci-après Past de chiens, & Quiennes d’avoine.

Chiens, (past de) dans quelques anciennes chartres signifie la charge que les seigneurs imposoient à leurs tenanciers, de nourrir leurs chiens de chasse. Il en est parlé dans des lettres de l’an 1269, qui sont à Saint-Denis, & dans d’autres lettres de Regnaud comte de Sens, de l’an 1164, qui sont à Saint-Germain-des-prés. Quelques monasteres qui étoient chargés de ce devoir, obtinrent des seigneurs leur décharge. Voy. ce qui est dit à ce sujet dans le glossaire de M. de Lauriere, au mot chiens. (A)

Chien, s. m. (Arquebusier.) c’est dans le fusil la partie de la platine qui tient la pierre-à-fusil, laquelle tombant sur la batterie, met le feu à l’amorce du bassinet. Voyez Fusil & Platine.

Dans le mousquet le chien est appellé serpentin. Voyez Serpentin & Mousqueton. (Q)

Chien, partie du métier de l’étoffe de soie. Le chien est un fer plat d’un pouce de large, sur sept pouces d’épaisseur ; il est courbe & aigu ; il mord de ce côté dans la coche de la roue de fer, & il est attaché de l’autre au pié du métier de devant.

Chien, instrument de Tonnelier, c’est le même que les Menuisiers appellent un sergent. Cet outil est composé d’une barre de fer quarrée, qui a un crochet par en-bas, & d’un autre crochet mobile qui monte & descend le long de la barre. On l’appelle chien, parce qu’il serre & mord fortement le bois. Voyez Sergent.