L’Encyclopédie/1re édition/VARICE
VARICE, s. f. (Chirurgie.) varix ; les Médecins donnent le nom de varice, à ces tubercules inégaux, noueux, & noirâtres des veines, qui ont coutume de se former en différentes parties de l’habitude du corps, mais le plus souvent autour des chevilles, & quelquefois plus haut, comme aux jambes, aux cuisses, au scrotum, & même à la tête & au bas-ventre, ainsi que Celse l’observe, lib. VII. cap. xxxj.
Cette maladie affecte ordinairement les femmes grosses, aussi-bien que les personnes qui ont le sang épais, ou qui sont affligées de douleurs dans les hypocondres, d’une obstruction au foie, ou d’un skirrhe.
Plus les varices augmentent, plus elles deviennent douloureuses & incommodes, par la tension que les membranes souffrent ; elles s’ouvrent même quelquefois, & rendent beaucoup de sang, ou bien elles dégénerent en des ulceres extrèmement malins. Les petites varices sont rarement incommodes ; aussi n’employe-t-on guere les secours de la Chirurgie pour y remédier.
Pour empêcher cependant qu’un mal aussi peu considérable en apparence n’augmente, & ne nuise à la fin au malade, il convient de lui ouvrir la veine sans délai, de lui tirer une bonne quantité de sang, & de lui prescrire ensuite un régime convenable. Cela fait, on assurera le pié malade, le mieux qu’il sera possible, avec un bandage expulsif, en le resserrant à mesure qu’il se lâchera, & se donnant bien de garde de l’ôter, tant qu’on aura lieu de craindre que la maladie augmente.
Cela nous apprend que les anciens délivroient leurs malades des varices dont ils étoient affligés, par le cautere ou l’incision : mais les modernes se servent d’une méthode beaucoup moins cruelle. Lorsque les varices sont devenues d’une grosseur considérable, on se sert du bandage, dont on vient de parler, pour comprimer & fortifier les veines qui sont dilatées au-delà de leur juste mesure ; on a pris soin de tremper auparavant le bandage dans du vin rouge chaud, dans une décoction astringente, ou dans du vinaigre & de l’alun, & l’on applique par-dessus une plaque de plomb fort mince, en l’assurant de façon qu’elle ne puisse point tomber.
Dionis assure qu’il ne connoît point de meilleur moyen pour comprimer les varices, qu’une bottine de peau de chien, ou d’autre peau semblable, que l’on taille & proportionne à la grosseur de la jambe, en y pratiquant des œillets pour la laçer en-dehors, à l’aide d’un cordon, & la serrer autant que le malade peut le souffrir ; au moyen de quoi la jambe éprouve une compression égale, sans qu’on soit obligé de l’ôter la nuit : on peut faire aussi ces sortes de bottines avec du gros linge.
Le remede le plus efficace contre les varices, si l’on en croit Harris, Dissert. chirurg. viij. est de frotter la partie affectée le plus souvent qu’on peut, avec de la teinture de myrrhe, & de la couvrir ensuite avec l’emplâtre de soufre de Ruland. Ce remede produit beaucoup plus d’effet, lorsqu’on a soin de comprimer la partie avec un bandage, ou avec les bottines dont on vient de parler.
Les chirurgiens de l’antiquité guérissoient les varices par le cautere ou l’excision ; cette derniere opération consistoit à couper la peau qui couvre la varice, à saisir la partie viciée de la veine avec un crochet, à la retrancher entierement, & à panser ensuite la plaie avec une emplâtre. Gouey dans sa chirurgie, prétend que la maniere la plus prompte, & en même tems la plus sûre de guérir les varices, est de passer une aiguille courbe enfilée de deux fils cirés au-dessous du vaisseau variqueux, de les couper près de l’aiguille, & d’en couler un au-dessus de la varice ; de lier ces deux fils à un bon pouce l’un de l’autre ; de couper la veine entre deux, & de laisser sortir une quantité suffisante de sang ; après quoi l’on panse la plaie avec quelque digestif, & l’on fait garder le lit au malade jusqu’à ce qu’elle soit tout-à-fait consolidée ; mais cette méthode n’a point eu de partisans, & avec raison.
L’opération des anciens par le cautere, consistoit à couper la peau, à découvrir la veine, & à la cautériser avec un fer rouge, en écartant les lévres de la plaie avec des crochets pour ne point les brûler ; cela fait, on pansoit la plaie avec des remedes propres pour les brûlures. Harris regarde ces méthodes comme insensées & cruelles : il faut avouer cependant que les varices causent quelquefois des douleurs si violentes, qu’il est à craindre qu’il n’en résulte quelque rupture durant la nuit, avec danger de mort ; pour lors l’on est obligé d’avoir recours au bistouri, & à l’aiguille.
De quelque façon que l’on remédie aux varices, il faut pour empêcher qu’elles ne reviennent, s’abstenir de tout aliment grossier, manger peu, & n’user que de liqueurs légeres ; telles que l’eau, le gruau à l’angloise, & autres infusions faites avec des plantes convenables. On doit aussi faire beaucoup d’exercice, se frotter tous les jours les piés, & se faire saigner deux fois par an, dans le printems, & dans l’automne.
Ces précautions sont également nécessaires à ceux dont les varices ne font que commencer, & qui veulent se mettre à couvert des accidens qui demandent le fer & le feu. Muys parle d’une varice compliquée, dont il tiroit tous les ans une livre de sang, à dessein de prévenir l’éruption des ulceres. Heister. (D. J.)
Varice, (Maréchall.) on appelle ainsi dans le cheval une grosseur au-dedans du jarret près de l’endroit où est située la courbe. C’est la veine crurale qui se dégorge en cet endroit, & y fait une tumeur molle & indolente.