L’Encyclopédie/1re édition/BOITE

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* BOITE, s. f. se dit en général de tout assemblage de bois, de cuivre, de fer, ou de quelqu’autre matiere que ce soit, destiné, soit à contenir, soit à revêtir, soit à diriger, soit à affermir d’autres pieces. Il faut bien observer que toute boîte fait l’une de ces fonctions ; mais qu’il y a un grand nombre d’outils, d’instrumens ou d’assemblages qui ont quelqu’une ou plusieurs de ces propriétés communes avec la boîte, & auxquels on ne donne pas le même nom.

Le nombre des assemblages auxquels on donne le nom de boîte est infini : nous ne ferons mention que des principaux ; les autres se trouveront aux articles des touts dont ils font des parties.

Boîte à foret, outil d’Arquebusier, de Coutelier, de Serrurier, & autres ouvriers ; c’est une espece de bobine, ou de fer ou de bois, ou de cuivre, plus grosse que longue, qui est traversée d’une broche aussi de fer de la longueur de six pouces, dont un des bouts est pointu, pour entrer dans le plastron (Voy. Plastron), & l’autre bout est un peu plus gros par en-bas, & est percé d’un trou quarré dans lequel on met les forêts & les fraises pour percer les trous, en faisant tourner la boite avec l’archet, par le moyen de la corde de l’archet. Cette boite est tantôt de fer, tantôt de cuivre, de bois, &c.

Boîtes de réjoüissance, (Artificier.) ce sont des especes de boîtes de fer ou de fonte qui se chargent avec de la poudre & un tampon, & qu’on tire dans les réjoüissances avant le canon, ou au défaut du canon.

* Boîte, s. f. (Artillerie.) c’est le nom qu’on donne au bout de la hampe des écouvillons qui servent à nettoyer & à rafraîchir le canon. Voyez Canon,voyez Hampe. On donne le même nom à la tête d’un refouloir, ainsi qu’à l’embouchure de fer ou de fonte dans laquelle entre le bout d’un essieu d’affût ou autre, & à la partie du vilebrequin qui reçoit la meche, & la fixe au corps du vilebrequin, &c.

* Boîte à pierrier, en Artillerie, corps cylindrique & concave fondu de bronze ou forgé de fer, avec une anse & une lumiere : on remplit la boîte de poudre ; on la place ensuite dans le pierrier par la culasse, derriere le reste de la charge, qu’elle chasse en prenant feu.

Boîte, est encore un cylindre de cuivre percé selon son axe d’un trou quarré, pour pouvoir être monté sur la tige de l’alésoir : cette boîte porte les couteaux d’acier au moyen desquels on égalise l’ame des canons. Voyez Alésoir, & D fig. 3. Pl. de la Fonderie des canons, fig. de l’alésoir.

Boîtes à soudure, en terme de Bijoutier, sont de petits coffrets dans lesquels l’on renferme les paillons. Voyez Paillon. Ils sont chiffrés du titre de la soudure qu’ils contiennent.

Boîte, en terme de Boisselier, se dit de tout coffret destiné à contenir ou serrer quelque chose : il y en a de couvertes, & d’autres sans couvercle.

Les boîtes couvertes sont garnies d’un couvercle qui embrasse l’extrémité supérieure de l’ouvrage en-dehors du corps ; les autres n’ont point cette piece.

Boîte à lisser, chez les Cartiers, est un instrument de bois qui a deux manches de bois à ses deux côtés, & qui par le milieu entre dans l’entaille qui est au bout de la perche à lisser. Cette boîte reçoit par son extrémité d’en-bas qui est creuse, une pierre noire fort dure & très-polie, avec laquelle on lisse les cartes en frottant dessus. Voyez Plan. du Cartier, fig. 3. qui représente un ouvrier qui lisse une feuille de carte, & la fig. 8. de la même Plan. N est la boîte à lisser dans sa situation naturelle, o la partie inférieure de la perche, n la lissoire de verre très-polie, qu’on fait entrer dans la mortoise qui paroît à la figure M, qui est la boîte à lisser renversée. On frotte la lissoire avec du savon, pour qu’elle coule plus facilement sur les cartes.

Boîte, instrument de Chirurgie, pour contenir la jambe dans le cas de fracture compliquée. Les pansemens qu’exigent les fractures compliquées ne peuvent se faire sans des mouvemens capables d’empêcher la réunion des os, à moins que les parties une fois réduites, ne soient contenues par des machines assez industrieusement inventées, pour qu’elles ne souffrent aucun dérangement. La Chirurgie moderne, déterminée par le succès, a préféré une boîte aux fanons & aux écorces d’arbre qu’on employoit pour maintenir ces sortes de fractures. Cette boîte est composée de quatre pieces ; savoir, d’une semelle, d’un plancher, & de deux murailles. La semelle est jointe à l’extrémité du plancher par deux gonds qui entrent dans deux fiches, & les deux murailles sont jointes de même aux parties latérales du plancher ; de maniere que les unes & les autres de ces pieces peuvent se joindre & se séparer du plancher pour les utilités dont on parlera plus bas. Le plancher est couvert d’un petit matelas qui soûtient la jambe ; les murailles aussi garnies de matelas, en s’approchant, contiennent la jambe, & empêchent les mouvemens qu’elle pourroit faire sur les côtés. La semelle matelassée soûtient la plante du pié, qui par son moyen est tenu plus ou moins fléchi à la faveur de deux crochets, qui, des deux côtés de la semelle, vont s’engager dans deux crémailleres attachées au bout & à l’extérieur des murailles : ces crémailleres ont plusieurs trous pour donner plus ou moins d’élévation à la semelle dont elles reçoivent les crochets.

M. Petit a perfectionné la structure de cette boîte, & en a considérablement étendu les avantages. La machine de M. Petit differe de celle que nous venons de décrire (V. Planche IV. fig. 3.) 1°. Parce qu’au lieu de plancher, elle a une espece de lit de sangle formé par un couti cloüé sur un chassis, lequel est composé de deux jumelles cintrées à l’endroit du pli du genou, & de deux traverses, dont l’une droite & plus courte joint les deux jumelles par le bout du côté du pié ; l’autre plus longue & cintrée les joint du côté du genou. La seconde chose en quoi cette boîte differe de la premiere, est un chassis composé aussi de deux jumelles & de deux traverses ; le tout parallele au chassis de dessus, excepté que les jumelles de ce dernier chassis sont toutes droites, & que celles du chassis supérieur sont cintrées sous le jarret. Les jumelles de l’un & l’autre chassis, par le bout qui regarde la cuisse, sont jointes ensemble par deux charnieres ; ce qui permet de les écarter, & rapprocher plus ou moins ; & pour les tenir au degré de proximité, ou d’éloignement qui convient, il y a une espece de palette jointe par deux gonds de bois reçûs dans deux fiches attachées aux extrémités des jumelles du chassis supérieur : cette palette se plie contre les jumelles, & peut s’en éloigner par une suite de degrés, qui lui sont marqués par deux crans creusés sur la partie supérieure des jumelles du chassis inférieur du côté du pié ; de maniere que l’on peut lever plus ou moins, & baisser de même le chassis supérieur sur lequel se trouve la jambe. Telle est la description que M. Petit fait de cette machine dans son Traité des maladies des Os. M. de Garengeot détaille dans son Traité d’Instrumens les dimensions des différentes pieces qui entrent dans la structure de cette boîte. Nous avons fait graver toutes ces pieces en particulier ; cela suffira à tout homme intelligent pour en faire construire une pareille.

Ses avantages sont, 1°. qu’au moyen du double chassis, on peut changer l’attitude du malade, en lui baissant & relevant la jambe à son gré, sans qu’on ait à craindre que les os rompus se déplacent ; parce que ce changement ne dépend que de la flexion ou de l’extension du genou ; mouvemens qui peuvent se faire par le moyen du chassis supérieur, sans courir le risque de déplacer les os.

2°. La palette ayant des degrés de repos sur les jumelles du chassis inférieur, peut mettre la jambe en sûreté à tous les degrés de hauteur qui conviendront au malade, dans les pansemens ou dans les intervalles.

3°. On évitera par cette machine les mouvemens irréguliers auxquels le membre est exposé, lorsqu’on est obligé de lever les appareils, ou d’en appliquer de nouveaux ; parce qu’on mettra la partie au dernier degré d’élévation, & on la fera soûtenir par deux aides, pendant qu’un troisieme garnira d’un nouveau bandage le chassis qu’on aura retiré de dessous la jambe, & qu’on y remettra lorsque le pansement sera fait. On est sûr par ce moyen de trouver assez d’adresse & de force dans les aides qui soûtiennent le membre.

4°. Le couti dont le chassis supérieur est garni fait une espece de lit de sangle sur lequel la jambe se moule, & est bien plus commodément que sur le plancher de l’ancienne boîte.

5°. Le cintre des jumelles du chassis supérieur tient la jambe pliée, & relâche par conséquent le tendon d’achille, dont la tension cause des douleurs insupportables au talon, par l’extension de la jambe dans l’usage de la boîte ordinaire.

6°. Le chassis inférieur reçoit dans son quarré l’enflure du matelas pressé par le poids de la jambe, & l’empêche de glisser vers le pié du lit comme fait la boîte ordinaire, parce qu’elle est unie.

Pl. IV. fig. 3. la boîte ; les figures suivantes montrent ses différentes pieces.

Fig. 6. le lit de sangles à double chassis sur lequel on pose le membre.

Fig. 5. les murailles matelassées qui se montent par gonds & pentures, ainsi que la semelle, fig. 4. où l’on voit deux crochets qui entrent dans les trous d’une piece a, fixée à l’extérieur des murailles, figure 3.

Fig. 7. palette de bois avec ses gonds. Fig. 8. fiche qui reçoit un gond de la palette.

Fig. 9. la charniere qui unit les jumelles des deux chassis par le bout qui regarde la cuisse.

Les petites pieces qui ne sont point chiffrées sont les gonds & les pentures, dont on conçoit assez l’usage par ce que nous avons dit. (Y)

Boîte, en terme d’Epinglier, est une espece de petit coffre sans dessus, & ayant dans son milieu une lame de cuivre sur laquelle on appuie les épingles. Cette lame partage la boîte en deux parties qui sont le plus souvent de deux sortes de longueurs. Ces boîtes sont couvertes de plusieurs brins de fil de fer qui contiennent les épingles dans la capacité de la boîte, & les empêchent d’y remuer à la pression des cisailles. Voyez la figure 19. SS. Pl. de l’Epinglier.

Boîte, chez les Fontainiers, sont des coffres de fer ou de tolle, percés de trous, que l’on met à la superficie des pieces d’eau, pour arrêter les ordures, & empêcher l’engorgement d’une conduite. Voy. Crapaudine.

On appelle encore boîte ce qui fait la jonction des deux pieces d’une soupape. (K)

Boîte de montre ; cette boite est composée de la cuvette qui contient le mouvement, de la lunette dans laquelle est ajusté le crystal, de la charniere qui joint ensemble ces deux parties, & de la bâte sur laquelle répose le cadran, & qui s’étend jusqu’au bord ou filet de la cuvette. C’est à cette bâte qu’on fait la petite charniere. Voy. Charniere. Lorsque le mouvement est dans la boîte, le cadran vient se réposer sur le bord supérieur de la bâte, & la platine des piliers s’appuie aussi sur un pêtit rebord ou filet qui est dans l’intérieur de cette bâte ; il a une certaine épaisseur, & c’est par-dessous que s’avance la tête du ressort de cadran ; de cette façon le mouvement est contenu dans la boîte, sans hausser ni baisser, & n’en peut sortir qu’en degageant la tête du ressort de cadran de dessous ce filet. Voyez Ressort de cadran .

La boîte se ferme ordinairement au moyen d’un ressort situé vis-à-vis de la charniere, qu’on appelle ressort de boîte. Il est fait de façon que la lunette posant sur le bord ou filet de la cuvette, sa partie qu’on appelle la tête, s’avance sur une autre filet qui est à la partie inférieure de la lunette ; de sorte que dans cet état elle ne peut plus se lever à moins que l’on ne pousse le bouton du ressort, qui le faisant avancer, dégage la tête de-dessus ce filet. Lorsqu’il n’y a point de ressort, la lunette est retenue au moyen d’un filet tourné en drageoir, & située à la partie inférieure de la bâte proche de la cuvette : de façon que par ce filet la lunette & la cuvette tiennent ensemble à ce drageoir. A la partie supérieure de la lunette, il y a une rainure pour contenir le crystal. V. Drageoir, Charniere, &c. (T)

Boîte, partie d’une presse d’Imprimerie ; c’est un morceau de bois H, fig. 1. & 2. Pl. IV. de l’Imprimerie, taillé à quatre faces, d’un pié de long, creusé dans sa longueur, selon la grosseur & la forme de l’arbre de la vis, pris depuis le dessous du barreau, jusqu’au pivot, lequel, au moyen de cette emboîture, est contraint de tomber d’à-plomb dans la grenouille ; la boîte elle-même est maintenue perpendiculairement par une tablette KK découpée en quarré, dans laquelle elle se trouve encastrée au milieu de sa hauteur : la boîte est arrêtée un peu au-dessus du pivot, par une double clavette de fer qui traverse l’extrémité de l’arbre au-dessus du pivot ; aux quatre coins de cette boîte sont attachés quatre crochets de fer qui reçoivent les attaches de la platine. Voyez Tablette, Platine, Presse, &c.

Boîtes, pieces d’une presse d’Imprimerie en taille’douce. Voyez Presse d’Imprimerie en taille douce.

Boîtes, en terme de Layetiers ; ce sont de petits coffres faits de bois de sapin ou autre, pour servir à toutes sortes d’usages. Ils donnent à ces coffres différens noms selon leur usage & leur capacité. Exemples : ils appellent boîtes à Lingerie, une boîte qui a deux piés de long, quinze pouces de large, & dix à onze de haut, à l’usage des Lingeres ; boîte des champs, celle qui n’a qu’un pié de long, neuf de large, six à sept de haut ; boîte d’écritale, celle qui a dix-huit pouces de long, un pié de large, & neuf pouces de haut.

Boîte du crochet de l’établi, en Menuiserie, est un morceau de bois de deux pouces & demi ou environ en quarré, sur huit à neuf de long, qui entre dans une mortoise faite au bout de l’établi, & dans laquelle le crochet de fer est placé. Voyez la figure 36. Pl. de Menuiserie, fig. 4. la boîte, 3. le crochet.

Boîte de table à bracelets, en terme de Metteur en œuvre, est une lame d’or ou d’argent battu, pliée, de sorte que la partie supérieure avance moins que l’autre. Une petite languette de même matiere est soudée sur cette lame vers l’endroit où elle est pliée, & vient passer dans une ouverture faite à l’entrée de la boîte. Voyez Entrée. Cette languette se termine par un petit bouton assorti pour l’ordinaire avec la table. V. Table. C’est en appuyant sur ce bouton ou le soûlevant un peu, que l’étoffe prise entre les deux lames ci-dessus, est chassée, ou y est retenue avec force. Il se fait aussi quelquefois de ces boites simples en or ou en argent, qui servent à attacher un bracelet de perles, ou autres pierres propres à être enfilées.

Boîtes d’essai, à la Monnoie, sont des petits coffres où l’on met les monnoies qui ont été essayées pour les envoyer à la cour des Monnoies, où l’on en fait un nouvel essai. Les juges-gardes des monnoies sont chargés de faire les boites. Sur trente pieces d’or, ils doivent en mettre une sans choix ; & sur dix-huit marcs d’argent, une autre qui sert d’échantillon, sur quoi la cour des Monnoies prononce.

Boîte, en Monnoie, est encore une partie du balancier. Voyez Balancier.

Boîte à moulure, ou à bille, en terme d’Orfevre, est un instrument fait d’un chassis de fer de quatre pouces de long sur trois de haut en-dedans. Le fer est d’un pouce d’épaisseur sur dix-huit lignes de largeur en-dedans. Sur les côtés il y a une coulisse pour assujettir les billes, avec une échancrure à l’un des deux côtés pour faire entrer les billes : à la partie de-dessus, au chassis, il y a deux trous taraudés dans lesquels passent deux vis qui resserrent les billes l’une contre l’autre par le moyen d’une clef.

Boîtes, (dans les Orgues) sont des tuyaux d’étoffe ; on appelle étoffe un mêlange de deux parties de plomb & d’une d’etain de forme cylindrique A, fig. 44. Pl. d’Orgue, terminé par en bas par un pié de forme conique, par le sommet duquel le vent du sommier passe dans la boîte, dans le corps de la trompette ou autre jeu d’anche, dont la partie inférieure C entre dans la boîte ainsi nommée de son usage. Voyez Trompette & Orgue.

Boîte, (en Serrurerie) c’est une sorte de douille ronde ou quarrée, que l’on scelle ou dans un billot, ou à terre, pour recevoir l’extrémité soit d’une barre de fer, soit d’un instrument, soit d’un morceau de bois, dont l’usage est de les tenir fermes, quand ils y sont ; d’où l’on peut les tirer & où l’on peut les replacer à discrétion. On voit des boîtes pratiquées dans les sacristies : elles sont scellées dans le pavé pour recevoir les piliers qui soûtiennent les devans des tiroirs où l’on enferme les chappes, &c.

Boîte, ou Poche de Navette, (terme de Tissérand.) c’est la partie creuse pratiquée dans le milieu de la navette, où on renferme l’espoulin, ou le petit morceau de roseau sur lequel est devidée une portion du fil de la trame. Voyez Navette.

Boîte, (terme de Tourneur) c’est ainsi qu’on appelle une piece de bois de deux ou trois pouces de longueur, qui s’ajoûte à vis au mandrin, ou à l’arbre du tour, lorsqu’on veut tourner quelque ouvrage en l’air, ou lui faire des vis & des écroues, tant en dedans qu’en dehors. La boite est de figure cylindrique, plate d’un côté, & arrondie par le bout qui touche l’arbre ou le mandrin. Le côté arrondi a une écroue pour recevoir la vis de l’une ou l’autre de ces deux pieces ; & on attache sur le côté plat avec du mastic ou avec certaines petites pointes placées exprès, l’ouvrage qu’on se propose de tourner. La boite est toûjours au-dehors de la lunette. Voyez Tour.

Boîte du gouvernail, (Marine.) c’est la piece de bois percée, au travers de laquelle passe le timon ou la barre. (Z)