L’Encyclopédie/1re édition/CRAPAUDINE
CRAPAUDINE, s. f. bufonites, dent de poisson pétrifiée. On a cru que cette pétrification venoit du crapaud, comme le nom le désigne ; mais on sait à présent que c’est une vraie dent de dorade ou d’un poisson du Bresil, appellé le grondeur. Toute la surface intérieure des deux mâchoires de celui-ci, est couverte de tubercules inégaux posés les uns contre les autres, comme une sorte de pavé ; chacun est une dent : les plus grosses sont placées dans le milieu d’un bout à l’autre, & les plus petites sur les côtés. Lorsqu’on les détache de la mâchoire, on voit qu’elles sont concaves en-dedans, & assez minces ; & lorsqu’elles sont pétrifiées, on donne aux plus grosses le nom de crapaudines, & les plus petites sont appellées yeux de serpent. Voyez Yeux de serpent. Mém. de l’acad. roy. des Sc. ann. 1723.
Il y a des crapaudines rondes ; il y en a aussi de longues. Les premieres ressemblent à de petites calotes, qui ont environ un demi-pouce de diametre ; les autres sont allongées comme une petite auge, elles ont le plus souvent un pouce de longueur sur quatre ou cinq lignes de largeur. Les crapaudines sont lisses au-dehors ; leur grandeur varie de même que leurs couleurs. On en voit de grises, de brunes, de rousses, de noires, de blanches, de verdâtres, & elles ont quelquefois des taches blanchâtres, rougeâtres, roussâtres, &c. Traité univ. des drogues, &c. par M. Lémeri. Gemm. & lap. hist. Boetii de Boct. lib. II. cap. lxcjx. &c. (I)
Crapaudine, (Mat. med.) en latin bufonites ; la pierre appellée crapaudine, a passé pour une excellente amulette portée au cou ou au doigt. Mais il y a long-tems qu’on ne croit plus à ces prétendues vertus. (b)
Crapaudine, (Hist. nat. bot.) sideritis, genre de plante a fleur monopétale labiée ; la levre supérieure est relevée, & l’inférieure est découpée en trois parties. Le pistil sort du calice ; il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & il est environné de quatre embryons, qui deviennent dans la suite autant de semences oblongues renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur : ajoûtez au caractere de ce genre, que les fleurs sont disposées en anneaux dans les aisselles des feuilles, qui sont ordinairement découpées en crête de coq dans ces endroits, & qui par-là different des autres feuilles. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)
Crapaudine, (Machine.) est un morceau de fer ou de bronze creusé, qui reçoit le pivot d’une porte ou de l’arbre de quelque machine, & les fait tourner verticalement : on la nomme aussi couette ou grenouille. Voyez Couette & Grenouille. (P)
Crapaudine, en termes de Diamantaire, se dit d’une masse de fer, au milieu de laquelle est un trou dans lequel tourne un pivot : ce trou n’est point percé à jour. Voyez CCC, Pl. II. du Diamantaire.
Crapaudine, (Hydraul.) sont des especes de boîtes ou coffres de tole, de plomb, de bois, ou simplement des grilles de fil-d’archal, qui renferment les soûpapes pour les garantir des ordures inséparables des fontaines. Elles se placent encore au-devant des tuyaux de décharge, qui fournissent d’autres bassins ou qui vont se perdre dans des puisarts. On les perce de plusieurs trous, pour donner à l’eau un passage plus libre. (K)
Crapaudine, piece qui se trouve à quelques presses d’Imprimerie ; elle est de fer, de la longueur environ de dix pouces sur un pouce d’épaisseur dans son milieu, qui est la partie la moins large ; elle est percée d’un grand trou quarré pour recevoir le pié de la grenouille. La crapaudine est unie du côté par lequel elle est appliquée sur la platine, & de l’autre est en quelque façon convexe. Ses quatre extrémités se terminent en une espece d’ailes ou de jambes, auxquelles sont attachés quatre anneaux qui servent, avec les quatre crochets dépendant de la boîte, à lier la platine, & à la maintenir dans son état. Cette piece ne se trouve qu’à quelques presses dont la platine est de fer : aux presses dont la platine est de cuivre, la platine & la crapaudine ne sont qu’un seul & même morceau. Voyez Grenouille, Platine, Boîte.
Crapaudine, (Maréchall.) crevasse que le cheval se fait aux piés par les atteintes qu’il se donne sur la couronne, en croisant avec les éponges de ses fers. La crapaudine dégénere en ulcere. (V)
Crapaudine, (Cuisine.) maniere de préparer des pigeons ; fendez-les sur le dos, écartez les parties ouvertes, applatissez-les, saupoudrez-les de sel & de poivre, faites-les rôtir sur le gril, mettez dessous une sauce piquante avec verjus, vinaigre, échalotes, capres, &c. & vous aurez préparé des pigeons à la crapaudine.