L’Encyclopédie/1re édition/RESSORT

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RESSORT, s. m. en Physique, signifie l’effort que font certains corps pour se rétablir dans leur état naturel, après qu’on les en a tirés avec violence en les comprimant ou en les étendant. Les Philosophes appellent cette faculté force élastique ou élasticité. Voyez Élastique & Élasticité.

Ressort se dit aussi quelquefois du corps même qui a du ressort ; c’est dans ce sens qu’on dit un ressort d’acier, bander un ressort, &c.

M. Bernoulli a démontré, dans son discours sur les lois de la communication du mouvement, que si un corps mû avec une certaine vîtesse peut fermer ou bander un ressort, il pourra, avec une vîtesse double, fermer ou bander quatre ressorts semblables & égaux chacun en force, au premier neuf avec une vîtesse triple, seize avec une vîtesse quadruple, & ainsi de suite, selon les quarrés des vîtesses. On trouve, dans les mémoires de l’académie de 1728, un écrit de M. Camus, où il entre dans un grand détail sur le mouvement d’un corps accéleré ou retardé par des ressorts. On peut voir aussi plusieurs propositions curieuses sur les ressorts dans la piece de M. Jean Bernoulli le fils sur la lumiere, qui a remporté le prix de l’académie des Sciences de Paris 1736. (O)

Ressort de l’air, est la même chose que sa force élastique. Voyez Air & Élasticité.

Ressort, grand ressort, moule à ressort de grilles, parties du métier à bas. Voyez Bas au métier.

Ressort, (grand) terme d’Arquebusier, c’est un morceau de fer de la longueur de quatre pouces, qui est employé par en-bas de la largeur d’un pouce ; cette partie finit par une petite oreille plus plate, qui est percée d’un trou où se place une vis qui attache le grand ressort au corps de platine. La partie la plus longue est encore reployée en-dessous en demi-cercle, & forme une mâchoire qui se pose dans la noix, & qui, quand elle est tendue, fait agir fortement ce grand ressort sur la noix, & la force de revenir d’où elle est partie en faisant sortir la gachette hors le cran de tente.

Ressort de batterie, c’est un ressort fait à-peu-près comme le ressort de gachette, au lieu qu’il est reployé en-dessous, & est assujetti au corps de platine en-dehors avec une vis à tête ronde, & qui excede un peu. Ce ressort est placé derriere la batterie & un peu au dessous, de façon que le talon de la batterie appuie dessus ; ce ressort sert pour assujettir la batterie, & la faire rester sur le bassinet & pour lui donner de l’élasticité.

Ressort de gachette, c’est un petit morceau de fer assez délié, reployé en-dessus. La partie de dessus, qui est la plus courte, est plate par le bout, & percée d’un trou où se pose une vis qui assujettit ce ressort à demeure. Il est placé en-dedans du corps de platine au-dessus de la gachette, & sert pour la tenir en respect & pour la contraindre à rester engrenée dans les dents de la noix. Voyez les Pl.

Ressort, (Coutel.) c’est la partie d’acier qui est renfermée entre les deux côtés du manche du couteau, & qui fait en-haut la fonction de ressort contre le talon de la lame qu’elle tient ouverte ou fermée à discrétion.

Ressort de cadran, (Horlogerie.) nom que les Horlogers donnent à un ressort qui sert à retenir le mouvement d’une montre dans sa boîte. C’est la premiere chose qui se présente dans la plûpart des montres lorsqu’on les ouvre, il est fixé à la platine des piliers au-dessous de la roue de champ ; tantôt il est bleui, tantôt il est poli ; il retient le mouvement dans la boîte au moyen d’une partie saillante, que l’on appelle la tête, & qui s’avance dessous le filet intérieur de la bâte, sur lequel la platine des piliers vient s’appuyer lorsque le mouvement est dans sa boîte, à-peu-près comme le penne d’une serrure dans la gâche : sa queue est cette petite partie qui déborde un peu le cadran vers les six heures, & que l’on pousse un peu pour ouvrir la montre, parce que par ce moyen on dégâge la tête de dessous le filet de la bâte. Autrefois on faisoit tous les ressorts de cadran de cette façon, mais comme le mouvement étoit sujet dans les secousses à sortir de sa boîte, on en a imaginé d’une autre construction, que l’on appelle en verou ou à coulisse.

T, dans les Pl. d’Horlogerie, représente la tête de ce ressort vue en-dedans de la gâche, & T, autre fig. le même ressort va du côté du cadran, rc est un ressort qui pousse continuellement le verou cT, auquel il donne son nom de c en T. Il appuie contre la cheville c adapté à la tête T, comme on le voit fig. 46, n°. 2, par ce moyen cette tête est toujours poussée en-dehors de la platine ; & lorsque le mouvement est dans la boîte, elle va s’engager sans le filet de la bâte, comme nous l’avons dit plus haut. Les fig. 46, nos. 1, 2, 3, 4, représentent les différens développemens des parties de ce ressort ; x est ce que l’on appelle la croix, dont l’extrémité 1 déborde le cadran & forme une espece de petit bec, que l’on pousse avec le doigt pour ouvrir la montre.

Ressort, s’emploie plus ordinairement dans les arts pour signifier un morceau de métal fort élastique, qu’on emploie dans un grand nombre de différentes machines, comme montres, pendules, serrures, fusils, &c. pour réagir sur une piece & la faire mouvoir par l’effort qu’il fait pour se détendre ; pour cet effet, une des extrémités du ressort s’appuie ordinairement sur la piece à faire mouvoir, tandis que l’autre est fixément attachée à quelque partie de la machine ; ces ressorts sont quelquefois de laiton très-écroui, mais communément ils sont de fer forgé ou d’acier trempé & un peu revenu ou recuit, pour qu’ils ne cassent pas.

Les horlogers en emploient de plusieurs sortes, auxquels ils donnent ordinairement le nom de la pie ce qu’ils font mouvoir ; ainsi ressort du marteau, de la détente, du guide-chaîne, &c. signifie le ressort qui sait mouvoir le marteau, ou la détente, ou le guide-chaîne, &c.

Pour qu’un ressort soit bien fait, il faut qu’il soit trempé & revenu bleu, de façon qu’il ne soit pas assez dur pour casser, ni assez mou pour perdre facilement son élasticité ; il faut de plus que son épaisseur, sa longueur, & l’espace que lui fait parcourir, en le bandant, la piece qu’il fait mouvoir, ayent un certain rapport entre elles pour qu’il soit liant & que sa bande n’augmente pas dans une trop grande proportion : il faut de plus que son épaisseur aille en diminuant jusqu’au bout, afin que toutes ses parties travaillent également lorsqu’il est tendu.

De tous les ouvrages d’horlogerie, ceux où l’on emploie le plus de ressorts sont les répétitions de toutes especes, & les montres ou pendules à trois ou quatre parties.

Ressort ou grand ressort, se dit de celui qui est contenu dans le barillet ou tambour d’une pendule à ressort ou d’une montre, & qui sert à produire le mouvement de l’horloge ; c’est une lame d’acier trempée, polie, revenue bleue, fort longue, & courbée en ligne spirale ; sa largeur est un peu moindre que la hauteur du barillet, & il a deux fentes ou deux yeux à ses extrémités, pour qu’il puisse s’attacher aux crochets du barillet & de son arbre. On en voit le plan fig. 48. Pl. 10. de l’Horlogerie.

Ce ressort étant hors du barillet s’ouvre & se développe par sa seule élasticité, & occupe une surface beaucoup plus grande que celle du barillet, de sorte qu’il faut une certaine force pour le bander & pour l’y faire entrer, d’où il suit qu’y étant, il est déja dans un état de compression, quoiqu’il ne soit cependant pas encore bandé. L’extrémité C du ressort restant fixe, il est clair que si l’on tourne l’autre bout X, de X vers K, on le bandera ; ainsi lorsque le ressort est dans le barillet & l’arbre aussi, comme il est supposé dans la fig. 49 B, que ses deux yeux sont engagés dans les crochets du barillet & de son arbre, il est clair que celui-ci étant fixe, si l’on fait tourner le barillet, on bandera le ressort, & que la même chose arrivera si le barillet étant fixe, on tourne l’arbre.

Pour concevoir donc comment ce ressort met en mouvement toute la montre en faisant tourner le barillet, il faut remarquer que le barillet étant dans la cage, la roue de vis-sans-fin V, fig. 49, qui entre à quarré sur la tige de l’arbre du barillet, s’engage par les dents dans la vis-sans-fin C, fig. 42. de sorte que l’arbre devient fixe & ne peut tourner qu’autant qu’on fait mouvoir la roue au moyen de cette vis-sans-fin. L’arbre étant ainsi immobile, il est évident, par ce que nous avons dit plus haut, que si l’on tourne le barillet, on bandera le ressort, & c’est précisément ce qui arrive lorsque l’on monte la montre ; car la chaîne étant enveloppée sur le barillet & y tenant par une de ses extrémités, & par l’autre à la fusée, on ne peut faire tourner celle-ci ou remonter la montre, qu’on ne fasse en même-tems passer la chaîne sur la fusée, tourner le barillet, & par conséquent bander le ressort. Le ressort ainsi bandé tend à faire retourner la fusée en arriere, mais celle-ci, à cause de l’encliquetage, ne pouvant tourner en ce sens sans faire tourner aussi la grande roue avec elle, cette derniere communique son mouvement au pignon dans lequel elle engrene, & ainsi de suite. Cette action du ressort sur la fusée, comme nous venons de l’expliquer, seroit bien suffisante pour faire marcher la montre ; mais comme on a vû, article Fusée, que l’action du ressort transmise au rouage au moyen de la fusée, doit être toujours uniforme, & qu’il faut pour cet effet que son diametre, dans un point quelconque, soit en raison inverse de la force par laquelle le ressort agit dans ce même point, il s’ensuit que la force du ressort étant o, lorsqu’on commence à monter la montre, il faudroit que la base de la fusée sût infinie ; pour suppléer donc à cela, voici comme on s’y prend : la chaîne accrochée à la fusée & au barillet, étant enveloppée sur ce dernier ; au moyen de la vis-sans-fin on fait tourner l’arbre du barillet d’un tour plus ou moins ; or le barillet étant fixe, puisqu’il est retenu par la chaîne qui tient à la fusée, il s’ensuit que par-là on bandera le ressort de la même quantité dont on aura tourné l’arbre, c’est-à-dire, d’un tour plus ou moins, &c. & par conséquent que de quelque petit arc qu’on tourne la fusée, le ressort étant bandé d’un tour & du petit arc dont la chaîne aura fait tourner le barillet par ce mouvement, sa force sera assez considérable pour que la base de la fusée étant d’une certaine grandeur, son action par cette base puisse être en équilibre avec celle qu’il a dans les autres points ; cette quantité dont le ressort est ainsi bandé avant qu’on monte la montre s’appelle parmi les horlogers la bande, ainsi ils disent que la bande du ressort est de de de 1 tour, &c. pour dire qu’on a bandé le ressort de cette quantité, en tournant l’arbre de barillet, &c.

Pour peu qu’on fasse attention à la forme du ressort, fig. 48, on voit qu’à mesure qu’on le bande, en faisant mouvoir son extrémité de X vers K, les hélices ou lames X, L, &c. vont toujours en s’approchant les unes des autres & que par conséquent lorsqu’une fois elles se touchent, il est impossible de le bander davantage ; le nombre des tours que peut faire le point K, avant que les lames du ressort se touchent, s’appellent les tours du ressort, ainsi si l’arbre de barillet étant fixe l’on peut faire tourner le barillet six tours, jusqu’à ce que les lames du ressort se touchent, on dit que le ressort fait six tours, & qu’il est plus ou moins bandé selon qu’il s’en faut plus ou moins de tours qu’il ne soit dans cet état. Plus le ressort est bandé, plus toutes ses parties sont dans une grande contraction, & par conséquent plus il est sujet à casser, c’est pourquoi les habiles horlogers observent qu’il ne le soit jamais trop, l’expérience leur a appris qu’il faut pour cela que la montre étant montée jusqu’au haut, il s’en faille encore aux environs d’un tour que le ressort ne soit bandé à son dernier degré, c’est-à-dire que s’il fait par exemple six tours il ne soit bandé que de cinq, le tour qui reste s’appelle la lesse. Voici comme ils s’en assurent : monter une montre n’étant, comme nous l’avons dit à l’article Fusée, que faire passer la chaîne de dessus le barillet sur la fusée, il s’ensuit que le ressort est toujours bandé d’un nombre de tours égal à celui des tours dont la chaîne s’enveloppe sur le barillet, & par conséquent que ces tours dépendent du rapport qui est entre le diametre de la fusée & celui du barillet ; ainsi la premiere étant fort grosse, la chaîne deviendra alors beaucoup plus longue, & en conséquence fera beaucoup de tours sur le barillet : or comme ces tours de la bande du ressort sont en même quantité, il faudra donc qu’il en fasse aussi beaucoup de plus, comme le ressort doit avoir un tour de bande plus ou moins & que lorsque la montre est montée jusqu’au haut, il ne doit pas être bandé tout au haut, & que, comme on vient de le dire, il doit y avoir au moins un tour de lesse, il s’ensuit que le ressort doit faire au moins deux tours de plus que la chaîne n’en fait sur le barillet, ainsi celle-ci faisant ordinairement 3 tours, le ressort en fait 5. Au reste que ce soient là les proportions que l’on observe ordinairement dans les montres, ces proportions varient selon les tours de la fusée & plusieurs autres circonstances. Une autre raison qui empêche de bander le ressort trop haut, c’est que sa force devenant très-considérable, la fusée deviendroit trop petite par en haut, ce qui augmenteroit beaucoup le frottement sur ses pivots ; on conçoit bien que si la lame du ressort est plus épaisse, il en aura plus de force, mais aussi que le nombre de tours qu’il fera dans le barillet sera moins considérable, & qu’au contraire si la lame est plus mince, le ressort fera plus de tours, mais qu’il sera moins fort. Il arrive quelquefois cependant que le ressort étant trop long par rapport au barillet dans lequel il est contenu, il ne fait pas autant de tours qu’il en feroit s’il étoit plus court ; alors on le rogne.

Pour qu’un ressort soit bien fait, il faut que son épaisseur aille un peu en diminuant d’un bout à l’autre, que la lame n’en soit pas trop épaisse, & qu’il ne soit ni trop long ni trop court ; dans le premier cas, le ressort étant dans le barillet, ses lames sont sujettes à se toucher & à se frotter, dans le second il est sujet à se casser, parce qu’elles souffrent une trop grande tension, il est sur-tout de la plus grande conséquence que les lames ne se frottent point, parce que 1°. ces frottemens diminuent de la force du ressort ; & 2°. qu’ils empêchent qu’on puisse égaler la fusée avec la même précision, & que cette égalité ne soit de durée, parce que les frottemens de ces lames variant continuellement changent les forces du ressort dans les différens points où ces lames sont en action, & par conséquent le rapport de ces forces avec les rayons de la fusée par lesquels elles agissent.

Tout ce que nous venons de dire des qualités que doit avoir un ressort, s’applique également à ceux des pendules. Dans les pendules où nous nous servons rarement de fusées ; pour éviter que les differences des forces du ressort dans le haut & dans le bas ne soient trop sensibles, on lui fait faire un peu plus de tours qu’il ne seroit nécessaire ; & au moyen d’un remontoir, on ne se sert que de ceux qui sont les plus égaux. Voyez Remontoir.

Les Anglois sont encore aujourd’hui ceux qui font les meilleurs ressorts pour les montres.

Ressort spiral, ou simplement spiral, signifie parmi les Horlogers un petit ressort courbé en ligne spirale, & attaché par une de ses extrémités à l’arbre du balancier, & par l’autre à la platine de dessus. Voyez la figure 52. Pl. de l’Horlogerie, où ce ressort est représenté attaché en P au piton, & en V à l’arbre du balancier.

Ce ressort sert à donner aux montres une justesse infiniment supérieure à celle qu’elles tireroient du simple balancier. Cette découverte si importante pour l’Horlogerie, s’est faite dans le siecle passé ; ce fut en 1675 que les premieres montres à ressort spiral parurent pour la premiere fois à Paris & à Londres. On seroit fort embarrassé de dire précisément qui en est l’inventeur, car le docteur Hooke, M. Huyghens, l’abbé Hautefeuille, s’en disputerent tour-à-tour la gloire : il y eut même quelque chose de singulier dans cette contestation, c’est que M. Huyghens fut également attaqué par ces deux savans, comme s’il leur avoit enlevé leur découverte. Nous tâcherons en en rapportant l’histoire, d’éclaircir cette dispute, qui jusqu’ici a été fort embrouillée, & de faire voir la part que ces trois savans ont dans cette invention.

M. Huyghens au commencement de l’année 1675, publia dans le journal des Savans la découverte de sa montre à ressort spiral, & il en présenta une de cette construction à M. de Colbert ; comme il étoit fort bien en cour, il obtint bientôt un privilege pour ces sortes de montres ; mais ayant voulu le faire entériner au parlement, l’abbé de Hautefeuille s’y opposa. En vain M. Huyghens allégua-t-il plusieurs raisons pour sa défense, entr’autres qu’ayant remarqué que les vibrations des branches d’une pincette sont isochrones, il avoit pensé, en réflechissant sur cette expérience, que l’application d’un ressort au balancier en rendroit les vibrations plus justes : cet abbé fit si bien par ses représentations & par les preuves qu’il donna du droit qu’il avoit sur cette invention, que M. Huyghens fut obligé de renoncer à l’entérinement de son privilege. Une des plus fortes raisons que l’abbé de Hautefeuille allégua contre lui, c’est que plus d’un an auparavant, savoir en 1674, il avoit lu un mémoire à l’académie dont il avoit encore le certificat, où il étoit question de l’application d’un ressort au balancier des montres, pour en régler les vibrations. Il est vrai que ce ressort étoit droit, mais c’étoit avoir fait le plus grand pas que d’avoir pensé à régler les vibrations du balancier par celles d’un ressort ; voici comment cela se faisoit. Sur le plan supérieur du balancier, proche de sa circonférence, étoit fixé un petit cylindre percé d’un trou semblable à celui de la tête d’une aiguille ; à-travers ce trou passoit le ressort, qui étoit droit & fixé sur le coq à l’opposite du cylindre, de façon que le balancier par son mouvement le plioit tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; par ce moyen ses vibrations étoient réglées par celle du ressort.

En même tems que la montre de M. Huyghens paroissoit à Paris, celle du docteur Hooke, aussi a ressort spiral, faisoit grand bruit à Londres ; ce docteur ayant oui parler de ce qui se passoit ici, fit tout son possible pour s’assurer la propriété de cette découverte. Il soutint que M. Huyghens en avoit été instruit par M. Oldenbourg, secrétaire de la société royale de Londres. Ce dernier ayant appris, par une lettre du chevalier Moray, en quoi à-peu près elle consistoit, il avançoit que ce secrétaire auroit été d’autant plus porté à le faire, qu’il étoit son ennemi déclaré ; mais malgré tout ce que M. Hooke put dire, il ne put prouver que M. Huyghens eût pris de lui cette idée : & M. Oldenbourg se justifia par deux mémoires n°. 118. & 129 des Trans. philos. de ce qu’il lui imputoit, & il y ajouta même une déclaration du conseil de la société royale, qui assuroit qu’il n’avoit jamais abusé de sa correspondance. Ce qui fait beaucoup en faveur du docteur Hooke, c’est que pendant toute cette dispute on ne lui contesta pas la découverte du ressort spiral, mais seulement que M. Huyghens eût pris cette idée de lui : aussi on peut dire qu’il y avoit des droits qui semblent incontestables, car dans sa vie faite par Richard Waller, secrétaire de la société royale de Londres, on trouve, 1°. qu’immédiatement après le rétablissement de Charles II. sur le trône d’Angleterre, il communiqua à mylord Brounker, à l’illustre Boyle, & au chevalier Moray, une montre avec un ressort appliqué à l’arbre du balancier pour en regler le mouvement ; 2°. que ces MM. furent si satisfaits de cette découverte, qu’ils lui conseillerent de demander un privilege, dont le projet fut aussi-tôt formé par le chevalier Moray ; projet dans lequel on trouve la description de cette montre, écrite de la propre main de ce chevalier ; 3°. que vers ce même tems il y eut une espece de contrat dressé entre ces MM. par lequel on régloit la part que M. Hooke auroit dans le gain que l’on tireroit de cette invention, si l’on parvenoit à obtenir le privilege ; enfin, qu’en Septembre 1665, plus de dix ans auparavant que la montre de M. Huyghens parût, le chevalier Moray, comme nous l’avons dit plus haut, expliquoit dans une lettre à M. Oldenbourg, la découverte de M. Hooke, lui marquant qu’il appliquoit un ressort à l’arbre du balancier des montres.

Il paroît par tout ceci, 1°. que l’abbé Hautefeuille pensa le premier en France à régler les vibrations du balancier par celle d’un ressort droit ; idée qu’il ne tenoit que de son génie, cet abbé n’ayant aucune correspondance avec les savans d’Angleterre ; 2°. que M. Huyghens profitant de la découverte de cet abbé, changea la figure de ce ressort de droite en spirale, & qu’il l’appliqua à l’arbre du balancier ; 3°, que malgré qu’on puisse soupçonner M. Huyghens d’avoir eu quelque connoissance de ce que le docteur Hooke avoit fait en Angleterre dans ce genre, on ne peut rien prouver à ce sujet. Enfin, que ce docteur a réellement inventé le ressort spiral, ce qu’il y a d’autant plus lieu de croire, qu’il avoit de grandes vûes, qu’il étoit fort inventif, sut-tout en fait de machines, & qu’il a beaucoup travaillé à perfectionner l’Horlogerie, avant inventé des échappemens qui sont encore aujourd’hui des meilleurs que l’on emploie dans les pendules. Voyez Echappement & Machine a fendre.

C’étoit, comme nous l’avons dit, avoir fait un grand pas que d’avoir pensé à régler les vibrations du balancier par celles d’un ressort, de quelque figure qu’il soit ; mais le ressort droit de l’abbé Hautefeuille avoit un défaut essentiel, en ce que dans les différens arcs de vibration du balancier, il agissoit par des leviers plus ou moins avantageux, ce qui détruisoit leur isochronisme, les plus grandes vibrations étant toujours les plus lentes. Un autre défaut, mais beaucoup moins important, c’est que ce ressort frottoit dans le trou au-travers duquel il passoit. Par le ressort formé en ligne spirale, & appliqué à l’arbre du balancier, on évite ces deux défauts ; il n’est plus question du frottement du ressort dans son trou, & il agit toujours par un même levier : de plus, il devient plus long & sa force plus active ; on est en état de disposer les choses de maniere à régler la montre plus facilement (voyez Rosette) ; enfin on diminue extrèmement le frottement des pivots, car chaque partie des spires sollicitant le balancier à se mouvoir dans différens sens, il en nait un équilibre dans leurs forces qui fait que ses pivots sont comme flottans au milieu de leurs trous, & que lorsque par une cause quelconque ils sont portés d’un côté ou d’autre dans ces trous, le frottement est toujours moindre qu’il ne seroit s’il n’y avoit pas de ressort.

Ce qui donne aux montres à ressort spiral un si grand avantage sur celles qui n’en ont pas, c’est que sans aucune force étrangere, ce ressort joint au balancier l’entretient en vibration pendant un tems assez considérable, savoir une minute & demie au-moins, comme il est facile de l’expérimenter : par ce moyen le moteur n’étant obligé de restituer que ce qui se perd du mouvement qu’il imprime au balancier, ses inégalités & celles du rouage au moyen duquel il agit, ne se font sentir sur les vibrations du régulateur qu’en raison du peu de mouvement restitué dans chacune d’elles. Or les vibrations libres du balancier joint au ressort spiral se faisant, comme on le verra bientôt, dans des tems sensiblement égaux, soit qu’elles soient grandes, soit qu’elles soient petites, il en doit évidemment résulter une grande régularité dans la montre.

Pour rendre ceci plus sensible, supposons que dans une montre bien réglée le moteur influe comme 1 dans les vibrations du balancier, & le ressort spiral comme (on verra par la suite que ma supposition ne s’écarte pas du vrai dans les montres bien faites). Si on diminue la force motrice de moitié, le balancier qui faisoit ses vibrations à l’aide d’une force équivalente à , les fera comme s’il étoit mû par un ressort dont la force égalât  ; car la force 1 du moteur a été réduite à la moitié, le ressort spiral qui influe comme est resté le même, & les vibrations, si ce ressort agissoit tout seul, s’acheveroient toutes en des tems égaux. Ainsi l’aiguille des minutes, par exemple, dont le mouvement comme il est expliqué article Montre, dépend absolument de la vîtesse avec laquelle le balancier fait ses vibrations, au lieu de parcourir sur le cadran 60 minutes dans une heure, retardera dans l’exemple rapporté, seulement comme si la force motrice produisant seule les vibrations, avoit été diminuée d’un huitieme ou à peu-près.

Il n’en sera pas de même, si le ressort spiral est retranché ; alors la force motrice toujours à-peu-près uniforme, agissant seule, ne pourra diminuer de moitié sans que les vibrations du régulateur ne soient produites par une force une fois plus petite ; si l’on doute de la vérité de ce raisonnement, il sera facile de s’en assurer par les expériences suivantes qui ont été répétées plusieurs fois.

On prendra une montre ordinaire, bien faite & bien reglée, on la remontera tout en-haut, ensuite on débandera le ressort par la vis sans fin ou l’encliquetage (Voyez Vis sans fin & Encliquetage) destiné à cet usage, jusqu’à ce que la même force environ qui étoit au plus grand tour de la fusée, voyez Fusée, se trouve au plus petit ; il en résultera une diminution de force motrice égale à environ, & la montre retardera de trois minutes par heure.

On rebandera ensuite le grand ressort au point où il l’étoit auparavant, & on fera marcher la montre sans ressort spiral ; on trouvera alors que l’éguille des minutes, au lieu de faire le tour du cadran dans une heure, n’en fera que les , ou qu’elle ne parcourra que 27 minutes ; mais si l’on détend le grand ressort comme ci-devant, l’éguille ne parcourra que 19 minutes dans le même tems d’une heure. On voit delà que dans ce dernier cas, le ressort étant débandé de la même quantité, le mouvement de la montre en est retardé de près d’un tiers, au lieu qu’avec le ressort spiral, la même opération n’a produit un retard que d’un vingtieme.

On s’étonnera, sans doute, qu’une montre allant vingt-six ou vingt-sept minutes par heure sans le secours de son ressort spiral, & soixante dans le même tems avec ce ressort, Voyez Echappement (Description de l’échappement ordinaire) c’est-à-dire que les vibrations n’étant accélérées dans ce dernier cas que d’un peu plus de moitié, le succès soit pourtant si différent dans les deux expériences précédentes ; on ne sera peut-être pas moins surpris que j’aie dit ci-devant, que le spiral influoit plus de quatre fois davantage dans les vibrations du balancier. En effet, il semble d’abord que la promptitude des vibrations étant 26 par supposition pour la rendre égale à 60 ; la puissance totale à l’aide de laquelle le balancier se meut, devroit seulement augmenter d’une quantité égale à la différence qui regne entre 60 & 26 ; on trouve la solution de ces difficultés dans l’article Forces vives ; on y trouvera démontré par la théorie & par l’expérience, qu’une masse quelconque qui se meut ou fait des vibrations à l’aide d’une puissance accélératrice, ne peut en achever un même nombre dans un tems une fois plus court, sans être mue ou aidée par une force quadruple ; qu’enfin la promptitude des vibrations d’une masse est toujours comme la racine quarrée des forces accélératrices, par lesquelles elle est entretenue en mouvement.

Quoique la courbe spirale soit la plus simple, la plus naturelle & la meilleure qu’on puisse donner au ressort réglant des montres ; plusieurs variations auxquelles elles sont encore sujettes lui ayant été faussement attribuées, quelques personnes ont fait diverses tentatives pour changer la forme de ce ressort. M. de la Hire, conseille, Mém. de l’acad. ann. 1700. de le plier en ondes ; mais sans parler des autres défauts de cette forme du ressort, il est évident qu’elle en a un très-considérable, puisque comme dans celle de l’abbé Hautefeuille, le balancier n’est pas toujours poussé par un levier constant, effet qui ne peut avoir lieu qu’au moyen d’un ressort dont la forme soit approchante de la circulaire.

Il se présente ici une question assez intéressante sur l’attache du ressort spiral. Dans la pratique ordinaire, ou selon la méthode de M. Huyghens, son extremité intérieure est fixée sur une virole qui tient à frottement sur l’axe du balancier, & l’extérieure est adaptée à la platine au moyen d’un petit tenon ; ne seroit-il pas mieux d’attacher l’extremité extérieure du ressort à l’un des rayons du balancier, & l’intérieure sur une virole étrangere au régulateur, & tournante à frottement sur un canon au centre du coq ? Le balancier n’acquerroit-il pas par ce moyen plus de liberté, & ne lui épargneroit-on pas beaucoup de frottement sur ses pivots ? Je l’ai long-tems soupçonné, mais l’expérience m’a fait voir que toutes choses d’ailleurs égales, une montre alloit toujours le même train, qu’il n’y survenoit aucun changement, soit que l’on attachât son ressort de l’une ou de l’autre façon, & qu’enfin le régulateur n’avoit pas plus de liberté dans un cas que dans l’autre. Il faut donc s’en tenir à la méthode ordinaire.

Recherches sur l’isochronisme des vibrations du ressort spiral uni au balancier. La grande utilité du ressort spiral dans les montres étant bien constatée, nous pouvons examiner une question qui a jusqu’ici embarrassé, non-seulement d’habiles artistes, mais encore les plus illustres Physiciens & Géometres ; on demande si abstraction faite des frottemens, des résistances de l’air & de la masse du ressort, les vibrations du balancier joint au ressort spiral sont isochrones & d’égale durée, ou si elles different en tems, selon qu’elles sont plus ou moins grandes.

La raison suivante qu’on allegue assez souvent pour prouver l’isochronisme en question ne peut, selon moi, former une preuve complete. « Dans les corps sonores frappés ou pincés avec plus ou moins de force, les tons restent, dit-on, toujours les mêmes ; cependant ils haussent ou baissent sensiblement par les plus petits changemens dans la durée des vibrations qui les produisent ; la différente étendue de ces vibrations n’influe donc point sur les tems dans lesquels elles s’achevent. Or, continue-t-on, un balancier joint à un ressort est analogue à une corde de clavessin quand l’un ou l’autre vibre ; c’est toujours une masse mue à l’aide d’une force élastique : donc, conclut-on, le balancier aidé du ressort fait ses réciprocations en des tems parfaitement égaux ».

Ce raisonnement ne prouve autre chose, sinon que toutes les vibrations d’un corps à ressort sont à très-peu-près isochrones, l’oreille n’étant certainement pas assez délicate pour appercevoir les petites différences qui pourroient arriver dans les tons ; d’ailleurs, M. de Mondonville a trouvé que dans un instrument le ton d’une corde pouvoit monter d’un demi ton, lorsqu’on la tenoit fort lâche, quoique la gradation observée en renflant & adoucissant le son rende ordinairement cette différence insensible à l’oreille. Voyez la dissertation de M. Ferrein sur la formation de la voix, Mém. de l’Acad. royale des Scienc. ann. 1741. il faut donc quelque chose de plus précis pour nous convaincre de l’isochronisme en question, c’est ce qu’on trouvera dans les expériences que je vais rapporter.

Avant de passer à ces expériences, nous rapporterons les deux principes suivans, & nous demontrerons une proposition qui nous aidera à tirer des conséquences sûres de ces expériences ; ces deux principes sont, 1°. que tout corps résiste autant pour acquérir une quantité de mouvement quelconque, que pour la perdre lorsqu’il l’a acquise, voyez Inertie ; 2°. qu’un ressort ne cesse d’être comprimé par un corps en mouvement qui le surmonte, que quand la vîtesse totale de ce corps est éteinte ; pour prouver ce dernier principe, nous ferons avec M. Trabaud le raisonnement suivant.

Tant que la vîtesse avec laquelle un corps surmonte un ressort est d’une grandeur finie, quelque petite qu’elle soit, sa force est assez grande pour comprimer le ressort déja bandé, car ce ressort étant une force pressante sans mouvement, & infiniment inférieure à une force en mouvement ; il est comparable à cet égard à une force accélératrice, telle qu’est la pesanteur, laquelle ne peut donner une vîtesse finie que dans un tems fini, un ressort bandé ne peut donc pas résister à une force d’une grandeur finie qui lui est appliquée jusqu’au point de la détruire sans être comprimé.

Proposition. Deux corps égaux A & C, employeront un même tems à parcourir les différens espaces AE, CE, si les forces qui les poussent dans tous les points de la ligne sont proportionnelles aux distances du terme E où elles le font tendre.

Démonstration. Dans le premier instant du mouvement, A étant par supposition une fois plus distant de E, est selon l’hypothese poussé par une force double, & parcourt un espace une fois plus grand ; dans le second, si la force accélératrice cessoit d’agir, ce corps possedant une vîtesse uniforme, double de celle avec laquelle C se meut, il parcourroit par ce seul mouvement un espace une fois plus grand ; or la force produit encore un effet double sur ce même corps ; car s’il est une fois plus éloigné de E, les deux mobiles ayant parcouru dans le premier instant des espaces proportionels aux lignes AC, CE ; donc les vîtesses de A seront doubles dans le second instant. On verra par le même raisonnement, que recevant toujours des vîtesses proportionnelles aux distances à parcourir, & parcourant dans tous les instans des espaces qui sont comme leur éloignement de E, les deux corps arriveront en même tems à ce point, il en seroit de même si A avoit trois fois plus de chemin à faire, sa vitesse seroit toujours triple, & ainsi des autres cas.

Corollaire. Si avec leur vîtesse acquise les mobiles précédens retournent sur leurs pas en surmontant les obstacles de la force qui les a fait parvenir en E, ils arriveront en même tems aux points A & C d’où ils sont premierement partis.

Car par le premier & le second principe, le tems que chacun des corps emploiera dans ce dernier cas, sera égal à celui qu’il a mis dans le premier, vû que la force restant la même & opérant avec une action égale, leur ravira dans chaque point le degré de vîtesse qu’elle leur a communiqué dans ce même point.

Puisque les différentes excursions d’un mobile sont parfaitement isochrones quand les forces qui le poussent sont en raison de la distance du terme où elles le font tendre ; sachons présentement si l’action des ressorts spiraux augmente selon la proportion des espaces parcourus dans leurs différentes contractions ; si cela est, le balancier ne pouvant se mouvoir sans croître les forces du spiral, selon la distance du centre de repos, l’isochronisme de ses vibrations suit nécessairement.

Pour éclaircir ce point je pris le grand ressort d’une montre ordinaire, j’attachai son extrémité intérieure à un arbre soutenu par des pivots très-fins, lequel portoit une grande poulie, j’affermis ensuite le bout extérieur du ressort contre un point fixe, de façon qu’il se trouvât dans son état naturel ; cela fait j’attachai un fil à la poulie, je l’en entourai, puis je fixai à l’autre extrémité de ce fil un petit crochet où je mis successivement différens poids.

Ces poids tendant le ressort en l’ouvrant & le refermant de la quantité dont il l’auroit été s’il avoit fait vibrer un balancier, & même beaucoup plus ; j’observai les rapports dans lesquels le crochet baissoit, & je les trouvai toujours en raison exacte des poids dont je le chargeois ; si, par exemple, quatre gros descendoient d’une certaine hauteur, une once s’abaissoit du double, ainsi de suite. (T)

Ressorts, c’est dans le sommier de l’orgue, les pieces fge (fig. 6. & 9. Pl. d’Orgue), qui tiennent les soupapes fermées & appliquées contre les barres du sommier. Ces ressorts sont ordinairement de léton le plus élastique que l’on puisse trouver, & ont la forme d’un U d’Hollande couché sur le côté en cette maniere U, les deux extrémités fe de ces ressorts sont coudées en-dehors & font le crochet ; ces crochets entrent, l’un dans un trou qui est à l’extrémité antérieure du trait de scie de la soupape, & l’autre dans un trou directement opposé, qui est dans le trait de scie du guide. Voyez Sommier.

Ressorts, sont aussi les pieces (fig. 18. Pl. d’Orgue.) de cuivre semblablement courbées, qui relevent les touches du clavier de pédale, & les renvoient contre le dessus du clavier. Voyez Clavier de pédale.

Ressort du tremblant fort, c’est aussi un ressort semblable à ceux des soupapes ; son usage est de repousser la soupape intérieure du tremblant contre l’ouverture qu’elle doit fermer. Voyez Tremblant fort.

Ressort en boudin du tremblant fort, est aussi de léton, & est employé en hélicoide ou en vis ; son usage est explique à l’article tremblant fort. Voyez Tremblant fort.

Ressort, s. m. (Jurisprud.) est la subordination d’une justice inférieure envers une justice supérieure à laquelle on porte les appels des jugemens de la premiere.

On entend aussi quelquefois par le terme de ressort une certaine étendue de territoire dont les justices relevent par appel à la justice supérieure de ce territoire.

Le ressort ou voie d’appel ne commença à s’établir que du tems de saint Louis.

Quelques-uns prennent le terme de ressort pour l’étendue de pays dans laquelle un juge ou autre officier public peut exercer ses fonctions ; mais ceci est le district que l’on ne doit pas confondre avec le ressort.

Un juge peut avoir son district & son ressort. Son district est le territoire qui est soumis immédiatement à sa jurisdiction ; son ressort est le territoire qui ne lui est soumis que pour les appels. Le ressort est ordinairement plus étendu que le district, il peut cependant l’être moins, y ayant des justices assez considérables qui n’en ont point ou fort peu qui y ressortissent par appel.

Le ministere public, & même les particuliers qui se trouvent y avoir intérêt, peuvent se pourvoir en distraction de son ressort lorsque par des lettres du prince ou par le fait de quelque particulier, on a donné atteinte au ressort de la jurisdiction ; & par distraction de ressort on entend souvent dans ce cas, non seulement la diminution du ressort par appel, mais aussi celle du district ou jurisdiction immédiate.

Ressort se prend aussi quelquefois pour jurisdiction & pouvoir, comme quand on dit qu’un juge ne peut juger hors de son ressort.

Quelquefois enfin ressort est pris pour jugement, & par dernier ressort on entend un dernier jugement contre lequel il n’y a plus de voie d’appel. Les cours souveraines jugent en dernier ressort. Les présidiaux jugent aussi en dernier ressort les causes qui sont au premier chef de l’édit des présidiaux. Il y a encore d’autres juges, qui dans certains cas jugent en dernier ressort. Voyez Loyseau, tit. des seigneuries. (A)