L’Encyclopédie/1re édition/ALDERMAN

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 252).
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ALDERMAN, s. m. (Hist. mod.) terme usité en Angleterre, où il signifie un adjoint ou collegue associé au Maire ou Magistrat civil d’une ville ou cité, afin que la police y soit mieux administrée. V. Cité, Ville, &c.

Il y a des Aldermans dans toutes les cités & les villes municipales, qui en composent le conseil commun, & par l’avis desquels se font les reglemens de police. Ils prennent aussi connoissance en quelques occasions de matieres civiles & même criminelles : mais très rarement.

Leur nombre n’est point le même par-tout ; il y en a plus ou moins, selon les différentes villes : mais il n’y en a nulle-part moins de six, ou plus de vingt-six.

C’est de ce corps d’Aldermans qu’on tire tous les ans des Maire & échevins, qui après leur Mairie ou Echevinage retournent dans la classe des Aldermans, dont ils étoient comme les Commissaires. Voyez Maire.

Les vingt-six Aldermans de Londres sont supérieurs aux trente-six Quarteniers. Voyez Quartenier.

Quand un des Aldermans vient à mourir, les Quarteniers en présentent deux, entre lesquels le Lord Maire & les Aldermans en choisissent un.

Tous les Aldermans qui ont été Lords Maires, & les trois plus anciens Aldermans qui ne l’ont pas été, ont le brevet de Juges de paix.

Il y a eu autrefois des Aldermans des marchands, des Aldermans de l’hôpital, & autres. Il est parlé aussi dans les anciennes Archives des Anglois de l’Alderman du Roi, qui étoit comme un Intendant ou Juge de Province envoyé par le Roi pour rendre la justice. Il étoit joint à l’Evêque pour connoître des délits ; de sorte néanmoins que la jurisdiction du premier se renfermoit dans les lois humaines, & celle de l’autre dans les lois divines, & qu’elles ne devoient point empiéter l’une sur l’autre. Voyez Sénateur.

Les Aldermans chez les Anglois-Saxons étoient le second ou troisieme ordre de leur noblesse : Voyez Noblesse. Aussi ce mot vient-il du Saxon alder, ancien, & man, homme.

Un Auteur moderne prétend avec assez de vraissemblance que chez les anciens Allemands le chef de chaque famille ou tribu se nommoit Ealderman, non pas pour signifier qu’il fût le plus vieux, mais parce qu’il représentoit l’aîné des enfans, conformément au gouvernement paternel qui étoit usité dans cette nation.

Comme un village ne consistoit ordinairement qu’en une tribu ou branche de famille, le chef de cette branche ou tribu, qui en cette qualité avoit une sorte de jurisdiction sur le village, s’appelloit l’Ealderman du village.

Thomas Eliensis, dans la vie de S. Ethelred, rend Alderman par Prince ou Comte : Egelwinus, qui cognominatus est Alderman, quod intelligitur Princeps sive Comes. Matthieu Paris rend le mot d’Alderman par Justicier, Justiciarius ; & Spelman observe que ce furent les Rois de la Maison des Ducs de Normandie qui substituerent le mot de Justicier à celui d’Alderman.

Atheling signifioit un noble de la premiere classe ; Alderman, un noble de la seconde ; & Thane, un simple gentilhomme. Voyez Atheling & Thane.

Alderman étoit la même chose que ce que nous appellons Comte ; & ce fut après le regne d’Athelstane qu’on commença à dire Comte, au lieu d’Alderman. Voyez Comte.

Alderman, dès le tems du Roi Edgar, s’employoit aussi pour signifier un Juge ou un Justicier. Voyez Juge & Justicier.

C’est dans ce sens qu’Alwin, fils d’Athelstane, est appellé Aldermanus totius Angliæ ; ce que Spelman rend par capitalis Justiciarius Angliæ. (G)