L’Encyclopédie/1re édition/VILLE

◄  VILLARICA
VILLENA  ►

VILLE, s. f. (Architect. civil.) assemblage de plusieurs maisons disposées par rues, & fermées d’une clôture commune, qui est ordinairement de murs & de fossés. Mais pour définir une ville plus exactement, c’est une enceinte fermée de murailles, qui renferme plusieurs quartiers, des rues, des places publiques, & d’autres édifices.

Pour qu’une ville soit belle, il faut que les principales rues conduisent aux portes ; qu’elles soient perpendiculaires les unes aux autres, autant qu’il est possible, afin que les encoignures des maisons soient à angles droits ; qu’elles aient huit toises de large, & quatre pour les petites rues. Il faut encore que la distance d’une rue à celle qui lui est parallele, soit telle qu’entre l’une & l’autre il y reste un espace pour deux maisons de bourgeois, dont l’une a la vue dans une rue, & l’autre dans celle qui lui est opposée. Chacune de ces maisons doit avoir environ cinq à six toises de large, sur sept à huit d’enfoncement, avec une cour de pareille grandeur : ce qui donne la distance d’une rue à l’autre de trente-deux à trente-trois toises. Dans le concours des rues, on pratique des places dont la principale est celle où les grandes rues aboutissent ; & on décore ces places en conservant une uniformité dans la façade des hôtels ou maisons qui les entourent, & avec des statues & des fontaines. Si avec cela les maisons sont bien bâties, & leurs façades décorées, il y aura peu de choses à desirer.

M. Bélidor donne dans sa Science des ingénieurs, l. IV. c. viij. la maniere de distribuer les rues dans les villes de guerre ; distribution qui étant subordonnée à la fortification de la place, est un ouvrage d’architecture militaire que nous ne traitons point ici ; mais Vitruve mérite d’être consulté, parce qu’il donne sur l’architecture des villes d’excellens conseils. Cet habile homme, l. I. c. vj. veut qu’en les bâtissant on ait principalement égard à sept choses.

1°. Que l’on choisisse un lieu sain, qui pour cela doit être élevé, selon lui, afin qu’il soit moins sujet aux brouillards. 2°. Que l’on commence par construire les murailles & les tours ; 3°. qu’on trace ensuite les places des maisons, & qu’on prenne les alignemens des rues ; la meilleure disposition, selon lui, est que les vents n’enfilent point les rues. 4°. Qu’on choisisse la place des édifices communs à toute la ville, comme les temples, les places publiques, & qu’on ait égard en cela à l’utilité & à la commodité du public. Ainsi si la ville est un port de mer, il faut que la place publique, soit près de la mer : si la ville est éloignée de la mer, il faudra que la place soit au milieu : que sa grandeur soit proportionnée au nombre des habitans, & qu’elle ait en large les deux tiers de sa longueur. 5°. Que les temples soient disposés de telle sorte, que l’autel soit tourné à l’orient ; qu’ils ayent en largeur la moitié de leur longueur. 6°. Que le trésor public, la prison & l’hôtel-de-ville, soient sur la place. 7°. Que le théâtre soit bâti dans un lieu sain, que les fondemens en soient bien solides, que sa hauteur ne soit point excessive de peur que la voix ne se perde ; que les entrées & les sorties soient spacieuses & en grand nombre ; que chacune ait un dégagement, & qu’elles ne rentrent pas l’une dans l’autre ; toutes ces remarques sont fort judicieuses. (D. J.)

Villes, fondation des, (Antiq. grecq. & rom.) Denis d’Halicarnasse observe, que les anciens avoient plus d’attention de choisir des situations avantageuses, que de grands terreins pour fonder leurs villes. Elles ne furent pas même d’abord entourées de murailles. Ils élevoient des tours à une distance reglée ; les intervalles qui se trouvoient de l’une à l’autre tour, étoient appellés μεσοπύργιον ou μεταπύργιον ; & cet intervalle étoit retranché & défendu par des chariots, par des troncs d’arbres, & par de petites loges, pour établir les corps-de-gardes.

Festus remarque, que les Etruriens avoient des livres qui contenoient les cérémonies que l’on pratiquoit à la fondation des villes, des autels, des temples, des murailles & des portes ; & Plutarque dit, que Romulus voulant jetter les fondemens de la ville de Rome fit venir de l’Etrurie, des hommes qui lui enseignerent de point en point toutes les cérémonies qu’il devoit observer, selon les formulaires qu’ils gardoient pour cela aussi religieusement que ceux qu’ils avoient, pour les mysteres & pour les sacrifices.

Denis d’Halicarnasse rapporte encore, qu’au tems de Romulus, avant que de rien commencer qui eût rapport à la fondation d’une ville, on faisoit un sacrifice après lequel on allumoit des feux au-devant des tentes, & que pour se purifier, les hommes qui devoient remplir quelque fonction dans la cérémonie, sautoient par-dessus ces feux ; ne croyant pas que s’il leur restoit quelque souillure, ils pussent être employés à une opération à laquelle on devoit apporter des sentimens si respectueux. Après ce sacrifice, on creusoit une fosse ronde, dans laquelle on jettoit ensuite quelques poignées de la terre du pays d’où étoit venu chacun de ceux qui assistoient à la cérémonie, à dessein de s’établir dans la nouvelle ville, & on mêloit le tout ensemble.

La fosse qui se faisoit du côté de la campagne à l’endroit même où l’on commençoit à tracer l’enceinte, s’appelloit chez les Grecs ὄλυμπος, à cause de sa figure ronde, & chez les Latins mundus, pour la même raison. Les prémices & les différentes especes de terre que l’on jettoit dans cette fosse, apprenoient quel étoit le devoir de ceux qui devoient avoir le commandement dans la ville. Ils étoient engagés à donner toute leur attention à procurer aux citoyens les secours de la vie, à les maintenir en paix avec toutes les nations dont on avoit rassemblé la terre dans cette fosse, ou à n’en faire qu’un seul peuple.

On consultoit en même tems les dieux pour savoir si l’entreprise leur seroit agréable, & s’ils approuveroient le jour que l’on choisissoit pour la mettre à exécution. Après toutes ces précautions, on traçoit l’enceinte de la nouvelle ville par une traînée de terre blanche qu’ils honoroient du nom de terre pure. Nous lisons dans Strabon, qu’au défaut de cette espece de terre, Alexandre le grand traça avec de la farine, l’enceinte de la ville de son nom qu’il fit bâtir en Egypte. Cette premiere opération achevée, les Etruriens faisoient ouvrir un sillon aussi profond qu’il étoit possible avec une charrue dont le soc étoit d’airain. On atteloit à cette charrue un taureau blanc & une génisse de même poil. La génisse étoit sous la main du laboureur qui étoit lui-même à côté de la ville, afin de renverser de ce même côté les mottes de terre que le soc de la charrue tourneroit du côté de la campagne. Tout l’espace que la charrue avoit ouvert étoit inviolable, sanctum. On élevoit de terre la charrue aux endroits qui étoient destinés à mettre les portes de la ville, pour n’en point ouvrir le terrein.

Voici ce que ces cérémonies avoient de mystérieux. La profondeur du sillon marquoit avec quelle solidité on devoit travailler à la fondation des murs pour en assurer la stabilité & la durée. Le soc de la charrue étoit d’airain, pour indiquer l’abondance & la fertilité que l’on desiroit procurer à la nouvelle habitation. Ceux qui sont initiés aux mysteres de la cabale, savent à quel titre les descendans des freres de la Rose-Croix ont consacré l’airain à la déesse Vénus. On atteloit à la charrue une génisse & un taureau : la génisse étoit du côté de la ville, pour signifier que les soins du ménage étoient sur le compte des femmes, dont la fécondité contribue à l’agrandissement de la république ; & le taureau, symbole du travail & de l’abondance, qui étoit tourné du côté de la campagne, apprenoit aux hommes que c’étoit à eux de cultiver les terres, & de procurer la sureté publique par leur application à ce qui se pouvoit passer au-dehors. L’un & l’autre de ces animaux devoit être blanc, pour engager les citoyens à vivre dans l’innocence & dans la simplicité des mœurs, dont cette couleur a toujours été le symbole. Tout le terrein où le sillon étoit creusé passoit pour être inviolable, & les citoyens étoient dans l’obligation de combattre jusqu’à la mort pour défendre ce que nous appellons ses murailles ; & il n’étoit permis à personne de se faire un passage par cet endroit-là. Le prétendre, c’étoit un acte d’hostilité ; & ce fut peut-être sous le spécieux prétexte de cette profanation, que Romulus se défit de son frere, qu’il ne croyoit pas homme à lui passer la ruse dont il s’étoit servi, lorsqu’ils consulterent les dieux l’un & l’autre, pour savoir sous les auspices duquel des deux la ville seroit fondée.

Les sacrifices se renouvelloient encore en différens endroits, & l’on marquoit les lieux où ils s’étoient faits, par des pierres que l’on y élevoit, cippi ; il y a apparence que c’étoit à ces endroits-là même que l’on bâtissoit ensuite les tours. On y invoquoit les dieux sous la protection desquels on mettoit la nouvelle ville, & les dieux du pays, patrii indigetes, connus chez les Grecs sous le nom de χθόνιοι, ἐπίγειοι, ἐπιχώριοι, πάφωοι, &c. Le nom particulier de ces dieux tutélaires devoit être inconnu au vulgaire.

Ovide nous a conservé en termes magnifiques la formule de la priere que Romulus adressa aux dieux qu’il vouloit intéresser dans son entreprise :

Vox fuit hæc regis : condenti, Jupiter, urbem,
Et genitor Mavors, Vestaque mater ades.
Quosque pium est adhibere deos, advertite cuncti.
Auspicibus vobis hoc mihi surgat opus.
Longa sit huic ætas, dominæque potentia terræ :
Sitque sub hác oriens occiduusque dies.

Lorsque la charrue étoit arrivée au terrein qui étoit marqué pour les portes, on élevoit le soc, comme s’il y eût eu quelque chose de mystérieux & de sacré dans l’ouverture du sillon qui eût pu être profané. Ainsi les portes n’étoient point regardées comme saintes, parce qu’elles étoient destinées au passage des choses nécessaires à la vie, & au transport même de ce qui ne devoit pas rester dans la ville.

Les lois ne permettoient pas que les morts fussent enterrés dans l’enceinte des villes. Sulpicius écrit à Cicéron qu’il n’a pu obtenir des Athéniens que Marcellus fût inhumé dans leur ville ; & cette seule considération suffisoit alors pour faire regarder les portes comme funestes. Cet usage ayant changé, les portes de ville dans la suite furent regardées comme saintes, même dans le tems que l’on enterroit encore les morts hors des villes.

On a déja observé que l’on avoit soin de renverser du côté de la ville, les mottes que le soc de la charrue pouvoit avoir tournées du côté de la campagne : ce qui se pratiquoit pour apprendre aux nouveaux citoyens qu’ils devoient s’appliquer à faire entrer dans leur ville tout ce qu’ils trouveroient au-dehors qui pourroit contribuer à les rendre heureux, & à les faire respecter des peuples voisins, sans rien communiquer aux étrangers de ces choses, dont la privation pourroit apporter quelque dommage à leur patrie. Voyez Pomærum.

Après les cérémonies pratiquées à la fondation des murailles des villes, on tiroit dans leur enceinte toutes les rues au cordeau : ce que les Latins appelloient degrumare vias. Le milieu du terrein renfermé dans l’enceinte de la ville étoit destiné pour la place publique, & toutes les rues y aboutissoient. On marquoit les emplacemens pour les édifices publics, comme les temples, les portiques, les palais, &c.

Il faut observer encore que les Romains célébroient tous les ans la fête de la fondation de leur ville le 11 des calendes de Mai, qui est le tems auquel on célébroit la fête de Palès. C’est sous l’empereur Hadrien que nous trouvons la premiere médaille précieuse qui en fut frappée, comme la légende le prouve l’an 874 de la fondation de Rome, c’est-à-dire la 121° année de l’ere chrétienne, & qui sert d’époque aux jeux plébéiens du cirque institués en cette même année là par ce prince. On ne peut mieux orner cet article que par les vers d’Ovide, qui décrivent toute la cérémonie dont on vient de parler en prose.

Opta dies legitur, quâ mænia signet aratro.
Sacra Palis suberant : inde movetur opus.
Fossa fit ad solidum, friges jaciuntur in ima
Et de vicino terra petita solo.
Fossa repletur humo, plenæque imponitur aræ.
Et novus accenso finditur igne focus.
Indè premens stivam designat mænia sulco :
Alba jugum niveo cum bove vacca tulit.

Il y avoit enfin des expiations publiques pour purifier les villes. La plûpart avoient un jour marqué pour cette cérémonie : elle se faisoit à Rome le 5 de Février. Le sacrifice qu’on y offroit se nommoit amburbale ou amburbium, selon Servius, & les victimes que l’on y employoit amburbiales, au rapport de Festus. Outre cette fête, il y en avoit une tous les cinq ans pour expier tous les citoyens de la ville, & c’est du mot lustrare, expier, que cet espace de tems a pris le nom de lustre. Il y avoit encore d’autres occasions où ces expiations solemnelles étoient employées, comme il arriva lorsque les Tarquins furent chassés, ainsi que nous l’apprenons de Denis d’Halicarnasse. Ce n’étoit pas seulement les villes entieres qu’on soumettoit à l’expiation, on l’employoit pour des lieux particuliers lorsqu’on les croyoit souillés ; celle de carrefours se nommoit compitalia. Voyez tous ces mots.

Les Athéniens avoient poussé aussi loin que les Romains leurs cérémonies en ce genre. Outre le jour marqué pour l’expiation de la ville, ils avoient établi des expiations pour les théatres & pour les lieux où se tenoient les assemblées publiques.

L’antiquité portoit un si grand respect aux fondateurs de villes, que plusieurs furent mis au rang des dieux. Les villes étoient aussi très-jalouses de leurs époques. Celles qui étoient construites autour des temples étoient dévouées au service du dieu qui y étoit adoré.

Les villes célebres de l’antiquité qui ont fourni des monumens aux premiers historiens, furent Thèbes, Memphis, Ninive, Babylone, Sidon, Tyr, Carthage, &c.

Si les poëtes s’étoient contentés de nous apprendre le nom des grands hommes qui ont fondé ces premieres villes, & les cérémonies religieuses qui s’observoient dans ces occasions, on auroit souvent appris des traits d’histoire que les annales des peuples n’ont pas toujours conservés, & on préféreroit de simples vérités au merveilleux qu’ils ont souvent répandu sur ce sujet. Les prodiges, les oracles & les secours visibles des dieux accompagnent toujours dans leurs récits ces sortes d’entreprises. Ce ne sont point de simples ouvriers qui bâtissent la citadelle de Corinthe ; elle est, selon eux, l’ouvrage des Cyclopes, & la lyre d’Amphion met seule les pierres en mouvement pour s’arranger d’elles-mêmes autour de la ville de Thèbes. Nous avons laissé ce merveilleux qui caractérise la poésie, & nous avons cherché simplement dans les historiens quelles étoient les cérémonies que la religion & la politique avoient introduites chez les Romains lorsqu’ils jettoient les fondemens de leurs villes. La religion avoit pour objet d’entretenir l’union entre les nouveaux citoyens par le culte des dieux, & la politique travailloit à les mettre en sureté contre la jalousie des peuples voisins, à qui les nouveaux établissemens donnent toujours de l’ombrage. (D. J.)

Ville, (Jurisprud.) on distingue relativement au droit public plusieurs sortes de villes.

Villes abonnées, sont celles où la taille est fixée à une certaine somme pour chaque année. Voyez Abonnement & Taille.

Villes anséatiques d’Allemagne ou de la hanse Teutonique, sont des villes impériales libres & d’autres municipales d’Allemagne, alliées ensemble pour le commerce. Voyez Anse.

Villes d’arrêt, sont celles dont les bourgeois & habitans jouissent du privilege de faire arrêt sur la personne & les biens de leurs débiteurs forains, sans obligation, ni condamnation. Paris, par exemple, est ville d’arrêt, suivant l’article 173. de la coûtume.

Ville baptice, bastiche, batiche ou bateiche, bastélereche, bateleresche, bateilleche, c’étoit une ville qui n’avoit point de commune ni de murailles de pierre, & qui n’étoit défendue que par des tours & châteaux de bois, qu’on appelloit baldrescha & bastrecha, en françois bretesche, breteque. Quelques-uns croient que ce nom de villes bastiches vient de bastite, bastide ou bastille, qui signifioit autrefois une tour quarrée flanquée aux angles de tourelles, le tout en bois ; d’autres que ville bateilleche étoit celle qui étoit en état de batailler, c’est-à-dire de se défendre au moyen des fortifications dont elle étoit revêtue. Voyez la coûtume de Guise de l’an 1279, le glossaire de Thaumassiere, à la suite des coûtumes de Beauvaisis, & le mot Breteche.

Bonnes Villes, c’étoient celles qui avoient une commune & des magistrats jurés, & auxquelles le roi avoit accordé le droit de bourgeoisie, avec affranchissement de taille & autres impositions. Voyez Brusselles, usage des fiefs. On trouve des exemples de cette qualification donnée à plusieurs villes dès l’an 1314. Le roi la donne encore à toutes les grandes villes dans ses ordonnances, édits, déclarations & lettres-patentes.

Ville capitale, est la premiere & principale ville d’un état ou d’une province ou pays. Paris est la capitale du royaume, Lyon la capitale du Lyonnois, &c.

Ville chartrée, est celle qui a une charte de commune & affranchissement. Voyez Ville de commune & de loi.

Ville de commerce, voyez ci-après.

Ville de commune, est celle qui a droit de commune, c’est-à-dire de s’assembler. Voyez Ville de loi.

Ville épiscopale, est celle où se trouve le siege d’un évêché. Voyez Évêché.

Villes forestieres, on a donné ce nom à quatre villes d’Allemagne, à cause de leur situation vers l’entrée de la Forêt-noire, savoir Rhinfeld, Sekingen, Lauffenbourg & Waldshut.

Villes impériales, sont celles qui dépendent de l’Empire. Voyez Empire.

Ville jurée, quelques uns pensent que l’on donnoit ce nom aux villes qui avoient leurs magistrats propres élus par les bourgeois, & qui avoient ensuite prêté serment au roi ; en effet en plusieurs endroits ces officiers s’appellent jurats, jurati, à cause du serment qu’ils prêtent.

D’autres tiennent que ville jurée est celle où il y a maîtrise ou jurande pour les arts & métiers, parce qu’anciennement en France il n’y avoit que certaines bonnes villes où il y eût certains métiers jurés, c’est-à-dire ayant droit de corps & communauté, en laquelle on entroit par serment, lesquelles villes, à cette occasion, étoient appellées villes jurées ; mais par édit d’Henri III. de l’an 1581, confirmé & renouvellé par un autre édit d’Henri IV. en 1597, toutes les villes du royaume sont devenues villes jurées. Voyez Loyseau en son traité des offices, l. V. ch. vij. n. 77. & les mots Arts, Jurande, Maîtrise, Métier, Réception, Serment.

Ville libre, voyez plus haut.

Ville de loi. est celle qui a droit de commune, & ses libertés & franchises. Dans une confirmation des privileges de la ville de Lille en Flandre, du mois de Janvier 1392, on voit que le procureur des échevins, bourgeois & habitans de cette ville, observa que cette ville étoit ville de loi, & qu’ils avoient corps & commune, cloche, scel, ferme (ou authentique), lois, coutumes, libertés & franchises anciennes appartenans à corps & commune de bonne ville. Voyez le tome VII. des ordonn. de la troisieme race.

Quelquefois par ville de loi on entend une ville où il y a maîtrise pour le commerce, & les arts & métiers, ce qui suppose toujours une ville de commune.

Ville marchande, villa mercatoria, pundinaria, n’est pas simplement celle où le commerce est florissant, mais celle qui jouit du droit de foire & de marché. Voyez Fleta.

Ville de commerce, ville marchande, c’est une ville où il se fait un grand trafic & négoce de marchandises & denrées, soit par mer, soit par terre, soit par des marchands qui y sont établis, soit par ceux qui y viennent de dehors. On donne aussi le même nom aux villes où il se fait des remises d’argent & des affaires considérables par la banque & le change. Paris, Lyon, Rouen, Bordeaux, Orléans, S. Malo, Nantes, la Rochelle, Marseille sont des villes les plus marchandes de France. Londres d’Angleterre, Amsterdam & Rotterdam de Hollande, Cadix d’Espagne, Lisbonne de Portugal, Dantzik de la Pologne, Archangel de la Russie, Smyrne & le Caire du levant, &c.

Ville d’entrepôt, c’est une ville dans laquelle arrivent des marchandises pour y être déchargées, mais non pour y être vendues, & d’où elles passent sans être deballées aux lieux de leur destination, en les chargeant sur d’autres voitures par eau ou par terre. Voyez Entrepôt.

Ville franche, se dit en général d’une ville libre & déchargée de toutes sortes d’impôts ; mais par rapport au commerce, il s’entend d’une ville aux portes, ou sur les ports de laquelle toutes les marchandises, ou seulement quelques-uns ne payent aucun droit d’entrée ou de sortie, ou n’y sont sujettes seulement qu’en entrant ou seulement qu’en sortant. Voyez Port franc.

Ville, signifie quelquefois non tous les habitans, mais seulement les magistrats municipaux qui composent ce qu’on appelle le corps de ville, & qui veillent à la police, à la tranquillité & au commerce des bourgeois, comme les bourguemestres en Hollande, en Flandres & dans presque toute l’Allemagne, les maires & aldermans en Angleterre, les jurats & capitouls en quelques villes de France, les prevôts des marchands & échevins à Paris & à Lyon. Voyez tous les noms de ces dignités, & autres semblables sous leurs titres particuliers. Dict. de comm.

Villes libres ou Villes impériales, (Hist. mod.) en Allemagne, ce sont des villes qui ne sont soumises à aucun prince particulier, mais qui se gouvernent, comme les républiques, par leurs propres magistrats. Voyez Empire.

Il y avoit trois villes libres, liberæ civitates, même sous l’ancien empire romain : telles étoient les villes auxquelles l’empereur, de l’avis ou du consentement du sénat, donnoit le privilege de nommer leurs propres magistrats, & de se gouverner par leurs propres lois. Voyez Cités.

Ville sacrée, (Littérat.) les princes ou les peuples consacroient à une divinité un pays, une ville, ou quelqu’autre lieu. Cette consécration, ἀφιέρωσις, se faisoit par un decret solemnel : une ville ainsi sacrée étoit regardée comme sacrée, ἱερὰ, & on ne pouvoit sans crime en violer la consécration.

Souvent une partie du territoire d’une ville étoit destinée à l’entretien du temple de la divinité & de ses ministres, & ce territoire étoit sacré, χώρα ἰερά.

Les princes ou les peuples, pour augmenter l’honneur & le culte de la divinité, déclaroient que la ville étoit non-seulement sacrée, ἰερά, mais encore qu’elle étoit inviolable, ἄσυλος. Ils obtenoient des nations étrangeres que ce droit ou privilege, ἀσυλία, seroit exactement observé. Le roi Seleucus Callinicus écrivit aux rois, aux princes, aux villes & aux nations, & leur demanda de reconnoître le temple de Vénus Stratonicide à Smyrne comme inviolable, & la ville de Smyrne comme sacrée & inviolable.

Les monumens de la villede Téos en Ionie, publiés par Chishall, dans ses antiquités asiatiques, nous donnent des détails intéressans sur la maniere dont ce privilege, ἀσυλία, étoit reconnu par les étrangers. La ville de Téos rendoit un culte particulier à Bacchus, & la fait représenter sur un grand nombre de ses médailles. Les Téïens, vers l’an 559 de Rome, 195 avant Jesus-Christ, déclarerent par un decret solemnel que leur ville, avec son territoire, étoit sacrée & inviolable. Ils firent confirmer leur decret par les Romains, par les Etoliens & par plusieurs villes de l’île de Crete. On rapporte, d’après les inscriptions, les decrets de confirmation donnés par ces différens peuples.

Semblablement Démétrius Soter, roi de Syrie, dans sa lettre au grand-prêtre Jonathas & à la nation des juifs déclara la ville de Jérusalem, avec son territoire, sacrée, inviolable & exemte de tributs. Vaillant a donné la liste des villes sacrées de l’antiquité, on peut le consulter. (D. J.)

Ville métropolitaine, chez les Romains, c’étoit la capitale d’une province ; parmi nous, c’est une ville où est le siege d’une métropole ou église archiépiscopale. Voyez Métropole & Archevêché.

Villes municipales, municipia, étoient chez les Romains des villes originairement libres, qui, par leurs capitulations, s’étoient rendues & adjointes volontairement à la république romaine, quant à la souveraineté seulement, gardant néanmoins leur liberté en ce que le fonds de ces villes n’appartenoit point à la république, & qu’elles avoient leurs magistrats & leurs lois propres. Voyez Aulugelle & Loyseau, des seign.

Parmi nous, on entend par ville municipale celle qui a ses magistrats & ses lois propres.

Ville murée, on entend par ce terme une ville qui est fermée de murailles, ou du-moins qui l’a été autrefois : ces villes sont à certains égards distinguées des autres ; par exemple, pour posséder une cure dans une ville murée, il faut être gradué. Voyez Cure. Dans les villes & bourgs fermés, on ne peut employer aux testamens que des témoins qui sachent signer. Ordonnance des testamens.

Ville de paix, c’étoit celle où il n’étoit pas permis aux sujets d’user du droit de guerre, ni de se venger de leur adversaire. Paris jouissoit de ce privilege, & étoit une des villes de paix, comme il paroît par une commission du 26 Mai 1344. Voyez le glossaire de M. de Lauriere.

Ville de réfuge, est celle où le criminel trouve un asyle. Dieu avoit établi six villes de réfuge parmi les Israélites. Thèbes, Athènes & Rome jouissoient aussi du droit d’asyle. Il y a encore des villes en Allemagne qui ont conservé ce droit. Voyez Asyle.

Ville royale, est celle dont la seigneurie & justice appartiennent au roi, & dans laquelle il y a justice royale ordinaire.

Ville seigneuriale, est celle dont la seigneurie & justice ordinaire appartiennent à un seigneur particulier, quand même il y auroit quelque jurisdiction royale d’attribution, comme une élection, un grenier à sel.

Ville-Comtal, (Géogr. mod.) misérable bicoque, que quelques géographes nomment petite ville de France, dans le Rouergue, à quatre lieues de Rodes. (D. J.)

Ville-Dieu, (Géog. mod.) nom commun à plusieurs bourgs de France ; mais le principal est un gros bourg de ce nom en Normandie, au diocèse de Coutances, dont il est à sept lieues. Il est remarquable par une commanderie de Malthe fondée par Richard III. roi d’Angleterre, & par son commerce en poëleries, commerce ancien. Cénalis, évêque d’Avranches au xvj. siecle, écrit dans un de ses ouvrages ; habet constantia civitas, sub suâ hierarchicâ ditione. Theopolim, gallicè Ville-Dieu, municipium in fabricandis æneis vasis, fabrili arte omni ex parte addictum. Caldarios artifices vocant. (D. J.)

Ville-Fort, (Géog. mod.) bourg que nos géographes appellent ville dans le Languedoc, au diocèse d’Uzès ; ce bourg est néanmoins un grand passage & la clé des Cévennes & du Languedoc. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) ville de France, capitale du Beaujolois, entre Lyon & Mâcon, à 5 lieues de la premiere, & à 6 de la seconde ; elle est sur le Morgon, qui se perd dans la Saône, à une lieue au-dessous. Cette ville fut fondée par Humbert IV. sire de Beaujeu, vers le commencement du xij. siecle ; elle est aujourd’hui fortifiée de murailles & de fossés : c’est le chef-lieu d’une élection & d’un grenier-à-sel ; elle a une bonne collégiale érigée en 1681. Long. 22. 24. latit. 45. 58.

Morin (Jean-Baptiste) né à Ville-Franche en Beaujolois, l’an 1583, s’entêta de l’astrologie judiciaire : ce qui lui donna accès chez les grands & chez les ministres. Il obtint une chaire de professeur en mathématiques à Paris, & une pension de deux mille livres du cardinal Mazarin. Il publia plusieurs ouvrages sur la vaine science dont il étoit épris ; cependant il n’eut pas la satisfaction de voir imprimée son astrologia gallica, qui lui avoit couté trente ans de travail, & qui ne parut qu’en 1661. Il attaqua le système d’Epicure & celui de Copernic ; tout le monde se moqua de lui, & le regarda comme un fou ; c’est le jugement qu’en porte avec raison Gui Patin. On fit voir à Morin qu’il se trompoit dans ses horoscopes, & qu’il n’avoit point trouvé le problème des longitudes, comme il s’en flattoit. On avoit raison ; mais il fut trop méprisé des gens de lettres, car il ne manquoit ni de génie ni d’habileté. Il mourut l’an 1656, à 73 ans. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourgade de France, dans le Bourbonnois, élection de Montluçon, à quatre lieues de Montluçon, sur les ruisseaux de Hauterive & de Bessemoulin. Il y a un chapitre dans cette bourgade. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le haut Languedoc, au diocese d’Alby ; c’est maintenant une bourgade qui subsiste seulement par ses foires. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le Roussillon, capitale du Conflant, au pié des Pyrénées, sur la Tet, à 9 lieues au sud-ouest de Perpignan, à 10 au nord-est de Puycerda, & à 180 de Paris. Elle fut fondée en 1092 par Guillaume Raymond, comte de Cerdaigne. Sa position est entre deux montagnes très-hautes, & si voisines l’une de l’autre, qu’il n’y a entre-deux qu’un chemin pour le passage d’une charrette. La Tet y coule comme un torrent. Cette place a été cédée à la France avec tout le Roussillon en 1659, par la paix des Pyrénées. Louis XIV. y a fait élever un château où l’on tient un commandant & un état major. Long. 20. latit. 42. 23. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le Rouergue, capitale de la basse-Marche, sur l’Avéiron, à 8 lieues au couchant de Rodès, à 12 au sud-est de Cahors. Elle a été bâtie au xij. siecle, à-peu près dans le même tems que Montauban ; c’est aujourd’hui la deuxieme ville du Rouergue, le chef-lieu d’une élection, & elle contient environ cinq mille habitans ; elle a un college dirigé par les pp. de la doctrine chrétienne, un chapitre, une chartreuse & quelques couvens. Son commerce consiste en toiles de chanvre qu’on débite à Toulouse & à Narbonne. Long. 19. 47. latit. 44. 22. (D. J.)

Ville-Franche de Panat, (Geog. mod.) petite ville ou bourg de France, dans le Rouergue, sur le ruisseau de Dordon, près du Tarn, à 4 lieues au midi de Rodès, & à 5 au nord-ouest de Milhau. Long. 19. 40. latit. 44. 13. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville, ou pour mieux dire, bourgade de France, dans la Champagne, au pays d’Argonne, sur la Meuse, à une lieue au-dessus de Stenay. François I. l’avoit fortifiée comme frontiere ; mais on a rasé depuis les fortifications. (D. J.)

Ville-Franche, (Géog. mod.) petite ville du comté de Nice, sur la côte de la Méditerranée, au pié d’une montagne, & au fond d’une baie qui peut avoir deux milles de profondeur. Cette petite ville est à demi ruinée. Elle est à une lieue au nord-est de Nice, & à trois au sud-ouest de Monaco. Long. 25. 4. latit. 43. 40. & la variation de six degrés nord-ouest. (D. J.)

Ville-Maur, (Géog. mod.) petite ville de France, en Champagne, élection de Chaumont, avec un chapitre. Elle a été érigée en duché en 1650. (D. J.)

Ville-Mur, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le haut Languedoc, aux confins de l’Albigeois, sur le Tarn, à quatre lieues de Montauban. Il se livra un grand combat près de cette ville l’an 1592, entre les royalistes & le parti de la ligue. Scipion, duc de Joyeuse, y périt dans le Tarn. Long. 19. 2. latit. 44. 7. (D. J.)

Ville-Neuve, (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourg de Suisse, dans le canton de Berne, au pays Romand, dans le bailliage de Vevay, anciennement Penai-Lucus. Elle est située à la tête du lac de Geneve, & près de l’endroit ou le Rhône se jette dans ce lac. Scheuchzer cite une inscription à demi-effacée qu’on voyoit sur un marbre ; cette inscription portoit : Victori. Aug. Nitio. Gemina. Tullia. Niti. Il y a dans ce bourg un hôpital fondé par Amé V. comte de Savoie, en 1246. Les Bernois y entretiennent un hospitalier. (D. J.)

Ville-Neuve, (Géog. mod.) nom commun à plusieurs petites villes ou bourgs de France : voici les principales.

1°. Ville-neuve d’Agénois, une petite ville de France en Agénois, sur le Lot. Elle a une justice royale, & un pont qui est le seul qu’il y ait sur la riviere de Lot, dans la généralité de Bourdeaux.

2°. Ville-neuve d’Avignon, petite ville de France, dans le bas Languedoc, recette d’Uzès, au bord du Rhône, au pié du mont Saint-André, & à l’opposite de la ville d’Avignon.

3°. Ville-neuve de Bergue, petite ville de France, dans le Languedoc, recette de Viviers, sur le torrent d’Ibie. Cette petite ville est le siege d’un des bailliages & de la maîtrise particuliere du Vivarais.

4°. Ville-neuve Saint-George, bourg de l’île de France, sur la Seine, dans la Brie françoise, à quatre lieues au dessus de Paris, & à trois de Corbeille, entre l’une & l’autre ville.

5°. Ville-neuve-le-Roi, petite ville de France, dans la Champagne, élection de Sens, sur l’Yonne, à trois lieues au-dessus de Sens, & à quatre au nord de Joigny. On nomme autrement cette petite place, Villeneuve-l’Archevêque.

Sevin (François), de l’académie des Inscriptions, y prit naissance en 1682. Il entra dans l’état ecclésiastique, & fit en 1728, par ordre du roi, un voyage à Constantinople pour y rechercher des manuscrits. Il en rapporta une belle collection, & obtint la place de garde des manuscrits de la bibliotheque du roi, dont il a donné deux volumes. Il étoit depuis longtems de l’académie des Inscriptions & belles-lettres. Cette académie a fait imprimer dans ses mémoires tous les ouvrages qu’il y lisoit, & presque tous entiers ; le nombre en est considérable. Il est mort à Paris en 1741.

6°. Ville-neuve-la-Guyart, ville de France, dans la Champagne, élection de Sens, aux frontieres du Gâtinois. Cette petite ville est située sur l’Yonne, où elle a un pont.

Ville maritime, (Géog. mod.) on nomme villes maritimes, celles qui sont situées sur le bord de la mer, ou à une distance peu considérable de la mer. Platon prétend que la bonne foi ne regne pas ordinairement dans les villes maritimes, & il en apporte la raison : maris vicinitas, cum mercibus & pecuniis cauponando civitas repleatur, dolosi animi instabiles & infidos mores parit : undè parùm & ipsa ad se ipsam, & ad gentes alias fidem & amicitiam colit. Les mœurs ne sont donc plus telles que dans le siecle de Platon ; car il n’y a pas de ville où (choses d’ailleurs égales) il y ait plus de probité & de bonne foi que dans les villes où le négoce fleurit, parce que la droiture & la bonne foi sont l’ame du commerce. (D. J.)

Villes forestieres, (Géog. mod.) villes d’Allemagne, au cercle de Suabe, sur le bord du Rhin. Il y en a quatre : deux à la droite de ce fleuve, & deux à la gauche, entre le canton de Schaffouse à l’orient, le canton de Berne au midi & le canton de Bâle au couchant. Ces quatre villes forestieres sont Waldshutt, Lauffenbourg, Seckingen & Rheinfeld. (D. J.)

Villes impériales d’Allemagne, (Géog. mod.) Voyez Impériales villes.

Villes impériales du Japon, (Géog. mod.) on entend sous ce nom dans le Japon les Gokosio, c’est-à-dire les cinq villes maritimes qui sont du domaine de l’empereur, & appartiennent à la couronne.

Ces cinq villes sont Miaco, dans la province de Jamasyra, & la demeure de l’empereur ecclésiastique héréditaire : Jedo, dans la province de Musasi : Osacca, dans la province de Setz : Sakai, dans la province de Jassumi : & Nagazaki, dans celle de Fisen.

Les quatre premiere sont situées dans la grande île de Niphon, & la derniere dans l’île de Kinsju. Toutes ces villes sont considérables par leur abondance & par leurs richesses : ce qui provient de la fertilité de leur terroir, de leurs manufactures, des marchandises que l’intérieur du pays leur fournit, & de divers autres avantages considérables, comme de la résidence des deux cours impériales & de l’affluence des étrangers, entre lesquels on remarque une grande quantité de princes & de seigneurs qui s’y rendent avec une nombreuse suite.

Chacune des villes impériales a deux gouverneurs ou lieutenans généraux, que leurs inférieurs nomment tonosama, c’est-à-dire, seigneur, supérieur ou prince. Ils commandent tour-à-tour ; & tandis que l’un est au lieu de son gouvernement, l’autre fait son séjour à Jedo à la cour de l’empereur, jusqu’à ce qu’il ait ordre de s’en retourner, & d’aller relever son collegue. Ce dernier va alors à la cour d’où son successeur est parti. La seule ville de Nagasaki a trois gouverneurs. On l’a réglé ainsi depuis l’année 1688, pour la sûreté d’une place aussi importante ; & pour mieux veiller sur la conduite des nations étrangeres qui ont la permission d’y trafiquer, deux de ces gouverneurs résident à la ville, tandis que le troisieme est à la cour. Les deux gouverneurs qui sont à Nagasaki, y commandent conjointement ; mais ils président tour-à-tour de deux mois en deux mois. Kaempfer, hist. du Japon, l. IV. c.j. & ij. (D. J.)