Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Proposition/Paragraphe 157
a Une proposition nominale ou verbale forme un bloc qui peut être considéré comme un substantif et traité comme tel. Ainsi « je sais que tu es venu » équivaut à « je sais ta venue » ; la proposition que tu es venu est une proposition substantivale (équivalant au substantif ta venue), et de même que celui-ci est objet, que tu es venu est une proposition-objet.
Comme le substantif, la proposition peut être encore sujet, prédicat, apposition, complément d’une préposition, génitif. Mais c’est surtout comme objet qu’elle est fréquente (§ b).
I. Proposition-sujet. Asyndétique (très rare) : 2 S 14, 32 טוֹב לִי עֹד אֲנִי־שָׁם il serait meilleur pour moi d’être encore là-bas ; proposition relative comme sujet : Is 41, 24 תּֽוֹעֵבָה יִבְחַר בָּכֶם (il est) une abomination (celui qui) vous choisit (§ 158 d).
Syndétique (avec כִּי ou אֲשֶׁר)[1] : Gn 37, 26 מַה־בֶּ֫צַע כִּי נַֽהֲרֹג אֶת־אָחִ֫ינוּ quel avantage (à ce) que nous tuions notre frère ? ; Eccl 5, 4 טוֹב אשׁר לֹא־תִדֹּר il est mieux que tu ne voues pas ; Néh 2, 10 ; proposition relative comme sujet : Jos 10, 11 רַבִּים אשׁר מֵ֫תוּ nombreux furent ceux qui moururent (§ 158 l)[2].
II. Proposition-prédicat. Ce type, qui existe par exemple en arabe, est naturellement possible en hébreu, mais les exemples semblent manquer. Proposition relative comme prédicat : Is 63, 19 הָיִ֫ינוּ לֹא־מָשַׁ֫לְתָּ בָּם nous sommes devenus ceux sur qui tu n’as pas régné (§ 158 d).
III. Proposition-apposition. Les exemples semblent également manquer.
IV. La proposition-complément de préposition a été traitée au § 129 p-q, à l’occasion du génitif.
V. De même la proposition génitivale.
b VI. Proposition-objet.
Asyndétique : Job 32, 22 לֹא יָדַ֫עְתִּי אֲכַנֶּה je ne sais pas flatter ; Lév 9, 6 זֶה הַדָּבָר אֲשֶׁר־צִוָּה יְהֹוָה תַּֽעֲשׂוּ voici la chose que J. a ordonné (que) vous fassiez ; Is 42, 21 ; Am 5, 12 ; Ps 9, 21 ; Job 19, 25 ; avec un verbum dicendi : Gn 12, 13 אִמְרִי־נָא אֲחֹתִי אָ֑תְּ dis donc (que) tu es ma sœur. La construction n’est fréquente qu’avec un verbum dicendi ayant pour objet le discours direct : Gn 12, 12 וְאָֽמְרוּ אִשְׁתּוֹ זֹאת et ils diront : « c’est sa femme ».
c Syndétique (avec כִּי ou אֲשֶׁר, cf. § a N) : Gn 3, 6 וַתֵּ֫רֶא הָֽאִשָּׁה כִּי טוֹב הָעֵץ la femme vit que l’arbre était bon[3] ; 29, 12 ; Ex 4, 31 ; avec un verbum dicendi ayant pour objet le discours direct : Jug 6, 16 וַיֹּ֫אמֶר אֵלָיו יְהֹוָה כִּי אֶֽהְיֶה עִמָּ֑ךְ et J. lui dit : « je serai avec toi »[4] ; Gn 29, 33 ; Ex 4, 25.
Avec אֲשֶׁר : 1 S 18, 15 וַיַּרְא שָׁאוּל אשׁר־הוּא מַשְׂכִּיל Saül vit qu’il réussissait ; Ex 11, 7 ; Dt 1, 31 ; 1 R 22, 16 ; Is 38, 7 ; Jér 28, 9 ; Éz 20, 26 ; Néh 8, 14, 15 ; Esth 3, 4 ; 4, 11 ; 6, 2 ; Eccl 6, 10 ; 7, 29 ; 9, 1 ; Dn 1, 8. Devant אשׁר on peut avoir le את de l’accusatif : Jos 2, 10 שָׁמַ֫עְנוּ אֵת אֲשֶׁר־הוֹבִישׁ יְהֹוָה אֶת־מֵי יַם־סוּף ns avons appris (le fait) que J. a desséché les eaux de la mer Rouge.
d Remarques. 1) Avec les verba sentiendi[5], notamment avec רָאָה voir, יָדַע savoir, connaître, il y a souvent anticipation du sujet[6] ; Gn 1, 4 וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת־הָאוֹר כִּי־טוֹב Dieu vit que la lumière était bonne ; encore avec רָאָה : Gn 6, 2 ; 12, 14 ; 13, 10 ; 49, 15 ; Ex 2, 2 ; Eccl 2, 24 ; 8, 17 ; avec יָדַע : Ex 32, 22 ; 2 S 17, 8 ; 1 R 5, 17 ; avec הִכִּיר reconnaître : 1 R 20, 41.
e 2) C’est p.-ê. par extension de leur fonction dans la proposition-objet que כִּי et אֲשֶׁר servent à unir une proposition secondaire à une prop. principale, même quand il n’y a pas de verbe régissant un accusatif ; ainsi, après un substantif : Ex 3, 12 זֶה־לְּךָ הָאוֹת כִּי אָֽנֹכִי שְׁלַחְתִּ֫יךָ voici le signe (montrant) que je t’ai envoyé.
f 3) On trouve aussi comme objet la proposition relative : Gn 44, 1 וַיְצַו אֶת־אֲשֶׁר עַל־בֵּיתוֹ il ordonna à celui qui était à la tête de sa maison (§ 158 l).
g 4) Une action verbale comme objet d’un verbe, quand elle ne forme pas une proposition, s’exprime ordinairement par l’infinitif, le plus souvent par l’infinitif construit (sans ou avec ל, § 124 c), parfois par l’infinitif absolu (§ 123 b). Très rarement, au lieu de l’infinitif, on trouve le participe (comme en grec et souvent en araméen, en syriaque, en néo-hébreu) : Is 33, 1 כַּֽהֲתִֽימְךָ שׁוֹדֵד quand tu auras achevé de violenter (littt violentant) ; Jér 22, 30 ; 1 S 3, 2 ⸮.
5) Sur la proposition avec waw équivalant à une proposition-objet, cf. § 177 h.
- ↑ D’une façon générale אשׁר est surtout fréquent dans la langue postérieure.
- ↑ De même כי introduit une propos.-sujet après un simple אַף, גַּם, הֲ : Gn 3, 1 אַף כִּי־אָמַר (ceci est-il) aussi qu’il a dit ? = est-il donc vrai qu’il a dit ? ; Ruth 2, 21 גַּם כִּי־אָמַר (il y a) encore (ceci) qu’il a dit = de plus, il a dit ; Job 6, 22 הֲכִי־אָמַ֫רְתִּי (est-ce) que j’ai dit ? (§ 161 j).
- ↑ Pour la construction fréquente וַיַּרְא וְהִנֵּה cf. § 177 i.
- ↑ Avec אמר, outre le discours direct et indirect, avec ou sans כִּי, on trouve encore l’inf. précédé de ל : 2 Ch 6, 20 אָמַ֫רְתָּ לָשׂוּם שִׁמְךָ שָׁם (opp. parall. 1 R 8, 29 אָמַ֫רְתָּ יִֽהְיֶה שְׁמִי שָׁם).
- ↑ Rarement avec d’autres verbes, p. ex. avec הִגִּיד annoncer dans Néh 2, 18.
- ↑ Comp. le phénomène analogue du casus pendens (§ 156). Ainsi on pourrait dire avec les mots de Gn 34, 8 (§ 156 b) יְדַעְתֶּם שְׁכֶם בְּנִי כִּי חָֽשְׁקָה נַפְשׁוֹ בְּבִתְּכֶם. — On trouve un complément circonstantiel anticipé dans Dt 31, 29 je sais qu’après ma mort… ; Eccl 7, 22.